L’envers du badge, une vocation plutôt qu’une carrière :
Chris Veech a trouvé le sens de sa vie dans le domaine des services correctionnels
3 Octobre 2025

le clocher au Pénitencier de Kingston, où
des générations d’agents ont laissé leur marque.
Quand l’agent correctionnel Chris Veech parle de sa carrière, ses paroles sont empreintes de la chaleur et du respect qu’une personne démontrerait habituellement en décrivant une passion de toujours, et non pas un simple emploi. Pour lui, les services correctionnels ont toujours été plus qu’un travail; c’est l’honneur, l’histoire et les gens qui ont été à ses côtés.
Comptant 26 ans de service au SCC, Chris a été décoré de la Médaille du couronnement du roi en septembre dernier. Malgré les décennies qui se sont écoulées, il se souvient encore des débuts de sa carrière au Pénitencier de Kingston en 1999.
« Comme plusieurs prisons, elle était belle et compliquée, remplie d’histoire vivante », dit-il. « On pouvait monter dans le grenier au-dessus du dôme dans l’édifice de l’entrée nord, et voir les murs couverts des signatures des agents qui sont passés par là avant nous. »
« La plus ancienne signature que j’ai trouvée date de 1870. C’est surréel de se trouver au même endroit que quelqu’un qui exerçait mes fonctions il y a plus d’un siècle. J’y ai même signé mon propre nom, car je voulais moi aussi faire partie de cette histoire. »
Avec ses tunnels, ses hauts dômes et son passé légendaire, le Pénitencier de Kingston a énormément contribué à forger le parcours de Chris. Il se rappelle qu’il regardait la façon dont le personnel intervenait en situation d’urgence, telle une vague d’uniformes qui ne font qu’un pour foncer sur le danger. « On savait que l’aide viendrait en quelques secondes », dit-il. « Il y avait de la beauté dans cette solidarité ».
Juste avant la fermeture de la prison en 2013, il a donné la visite guidée à ses collègues en leur montrant les espaces cachés du pénitencier, et a préservé plus de 15 gigaoctets de souvenirs en photos. Un moment se distingue tel un souvenir spirituel : le corps national de cornemuses qui joue Amazing Grace à l’intérieur de la prison, sous le dôme haut de 30 mètres pendant la cérémonie de fermeture officielle. « Le son se répercutait comme une vague », dit-il.
« Il résonnait dans ma poitrine. Il était divin. Je ne l’oublierai jamais. »
Aujourd’hui, Chris travaille à l’Établissement de Millhaven, où ses fonctions s’étendent au-delà des rangées. En tant que mentor, il aide les nouveaux agents à s’acclimater. En tant que membre des équipes de la gestion du stress lié aux incidents critiques et du Programme d’aide aux employés, il aide ses collègues à traverser les moments qui laissent des cicatrices invisibles. « Parfois, ce ne sont pas les grands événements », explique-t-il. « Il pourrait s’agir d’être témoin d’une bagarre ou d’intervenir après que quelqu’un a été poignardé avec un crayon. Même s’il n’y a pas de sang, ça peut être lourd à porter. Le simple fait de se faire demander “Comment vas-tu?” peut faire toute la différence. »
Il donne également le cours sur la résilience face aux traumatismes de Wounded Warriors. Il enseigne au personnel — agents, employés chargés de la libération conditionnelle, commis et employés des services d’alimentation — les effets des traumatismes sur le corps, et leur explique comment renforcer leur résilience. « J’ai connu des collègues qui se sont enlevé la vie, car ils ne savaient pas comment composer avec leurs traumatismes, dit Chris doucement. Quand j’aide les gens à se comprendre, quand je leur donne les outils pour survivre et s’épanouir, c’est l’une des choses les plus gratifiantes de mon travail. »
Pour Chris, le service comprend également les cérémonies. Ancien membre de la Réserve de l’Armée canadienne, il est actuellement commandant de la garde d’honneur de l’Établissement de Millhaven, où il dirige une équipe d’agents qui défilent et montent la garde lors de funérailles et de commémorations. « La garde d’honneur me permet de mettre de l’avant les valeurs que j’ai acquises dans l’armée, pour rendre hommage à mes compatriotes décédés, pour montrer à leurs familles et à leurs proches que leur sacrifice compte. C’est sacré », dit-il.
Cet esprit du souvenir l’a également amené à se joindre au Comité national des monuments, au sein duquel il a passé 15 ans à travailler avec des collègues afin de créer un monument commémoratif permanent pour les employés du SCC qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions. Après deux décennies de collectes de fonds et de défense des droits, le monument sera dévoilé à Kingston cet automne. « Il deviendra un témoignage de leur dévouement et de leur sacrifice », dit Chris, la voix tremblante d’émotion. « C’est pour faire en sorte qu’ils ne soient jamais oubliés. »
En septembre cette année, Chris faisait partie d’un petit groupe de Canadiens honorés chaque année pour s’être distingués en service au-delà de leurs fonctions normales, des gens qui ont contribué de façon exceptionnelle à leur collectivité ou à la nation. Au sein du SCC, très peu d’agents et d’employés sont choisis, ce qui rend cette reconnaissance encore plus importante.
Pour Chris, l’honneur est une leçon d’humilité. « Je ne le fais pas pour la reconnaissance, dit-il. Je le fais parce que c’est gratifiant, parce que ça compte. Mais le fait de savoir que les autres y voient de la valeur me remplit de fierté. Je l’accepte au nom de ma femme, de mon fils, de mes collègues et compatriotes, et de tous ceux qui m’ont accompagné dans mon parcours.
« Les services correctionnels donnent son sens à mon service. J’adore l’endroit où m’a mené mon parcours. C’est pour l’histoire, pour les gens, pour faire partie de quelque chose de plus grand que soi, quelque chose qui nous a précédés et qui continuera d’exister bien après notre départ. »