Le jour de la mise en liberté a-t-il une incidence sur les résultats des délinquants?
Faits saillants de la recherche: Les délinquants mis en liberté tôt durant la semaine obtiennent de meilleurs résultats, mais cela peut être attribuable à des différences entre les profils de risque.
Publication
No RIB-17-14
Décembre 2017
Recherche en bref - PDF
Pourquoi nous avons effectué cette étude
Des recherches précédemment menées au Service correctionnel du Canada ont révélé que les divers types de mises en liberté ont des répercussions différentes sur les résultats postlibératoires. Cependant, on sait peu de choses sur le moment de la mise en liberté et l’influence de celui-ci sur les résultats. La présente étude porte sur l’incidence du jour de la mise en liberté et établit des liens avec les types de mise en liberté offerts aux délinquants qui relèvent du SCC.
Ce que nous avons fait
L’étude portait sur 22 229 délinquants de sexe masculin (22 % d’Autochtones) et 1 625 délinquants de sexe féminin (30 % d’Autochtones) mis en liberté entre le 1er avril 2012 et le 31 mars 2017. Pour la plupart des analyses, les jours de mise en liberté ont été répartis en deux catégories, soit le début de la semaine (du lundi au mercredi) et la fin de la semaine (les jeudi et vendredi). Les analyses portant sur la libération discrétionnaire anticipée (LDA), une option administrative qui permet la mise en liberté jusqu’à cinq jours à l’avance dans le cas des libérations non discrétionnaires, ont été limitées à des délinquants libérés d’office (11 998 hommes et 546 femmes). Nous avons examiné les suspensions de la mise en liberté et les réincarcérations (avec ou sans nouvelle infraction).
Ce que nous avons constaté
- Peu importe le sexe, un tiers des délinquants ont été libérés le jeudi ; le jour où l’on compte la plus faible proportion de délinquants mis en liberté est le vendredi (15 % pour les hommes et 9 % pour les femmes).
- Les délinquants de sexe masculin libérés plus tard dans la semaine ont été plus nombreux que ceux libérés plus tôt dans la semaine à faire l’objet d’une suspension (49 % par rapport à 38 %) et d’une réincarcération (37 % par rapport à 32 %). Cette tendance est demeurée constante quels que soient l’ascendance autochtone, la cote de sécurité à la mise en liberté, la région de surveillance et l’âge au moment de la mise en liberté, et elle s’est maintenue lorsque l’intervalle d’exposition au risque a été uniformisé à l’aide de périodes de suivi fixes de un, trois et six mois. Le moment qui suit immédiatement la mise en liberté (suivi fixe d’un mois) est logiquement la période où le jour de la semaine de la mise en liberté influencerait le plus les résultats (voir le tableau).
- De même, les délinquantes libérées à la fin de la semaine étaient plus susceptibles de faire l’objet d’une suspension que celles libérées en début de semaine (40 % par rapport à 33 %); les délinquantes plus jeunes libérées plus tard pendant la semaine affichaient un taux de suspension plus élevé que celles libérées plus tôt pendant la semaine.
- Tant les délinquants que les délinquantes qui avaient été libérés au début de la semaine sont demeurés dans la collectivité plus longtemps avant de retourner derrière les barreaux. Aucune différence n’a été constatée quant au moment de la première suspension.
- Les mises en liberté non discrétionnaires étaient davantage susceptibles d’avoir lieu plus tard dans la semaine ; ces délinquants présentaient des taux plus élevés de suspension et de réincarcération.
Période fixe d’un mois | Période fixe de trois mois | Période fixe de six mois | ||||
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Début de la sem | Fin de la sem | Début de la sem | Fin de la sem | Début de la sem | Fin de la sem | |
Hommes | 9 | 14 | 23 | 30 | 34 | 43 |
Femmes | 9 | 13 | 21 | 25 | 32 | 36 |
Hommes | 0.2 | 0.1 | 3 | 5 | 17 | 22 |
Femmes | 0 | 0 | 1 | 3 | 12 | 16 |
- On a constaté une tendance similaire en ce qui a trait au recours à la LDA. La majorité des délinquants dont la LDA avait été approuvée ont été libérés deux ou trois jours avant la date prévue de leur libération d’office. Les approbations de la LDA étaient plus susceptibles d’entraîner une mise en liberté plus tardive durant la semaine (89 % par rapport à 11 % pour les hommes et 79 % par rapport à 21 % pour les femmes). Les personnes libérées plus tard dans la semaine affichaient un taux de suspension plus élevé ; les délinquantes libérées plus tard dans le cadre d’une LDA affichaient également un taux de réincarcération plus élevé.
Ce que cela signifie
Peu importe leur sexe ou leur ascendance, les délinquants mis en liberté plus tôt dans la semaine ont obtenu de meilleurs résultats à court et à long terme, mais cela pourrait être attribuable à leur profil de risque moins élevé. Cependant, les résultats peuvent également indiquer que les délinquants libérés plus tôt dans la semaine sont mieux en mesure d’avoir accès à un agent de libération conditionnelle et à des services avant la fin de la semaine. L’effet est suffisamment systématique pour laisser supposer que la pratique consistant à libérer les délinquants plus tôt dans la semaine afin qu’ils puissent communiquer avec des services de soutien dans la collectivité devrait être encouragée.
Pour de plus amples renseignements
Veuillez communiquer avec la direction de la recherche, par courriel ou par téléphone au 613-995-3975.
Vous pouvez également visiter la page des publications de recherche pour obtenir une liste complète des rapports et sommaires de recherche.
Préparé par : S. Farrell MacDonald et K. Wardrop