Caractéristiques des délinquants sous responsabilité fédérale dans des unités d’intervention structurée, dans la population carcérale régulière et en isolement préventif

Faits saillants de la recherche: Les délinquants dans les UIS se distinguent de ceux dans la population carcérale régulière et précédemment en isolement préventif.

Pourquoi nous avons effectué cette étude

En 2019, le projet de loi C-83 a transformé les services correctionnels fédéraux pour mettre l’accent sur la réadaptation et les soins de santé mentale. Cette mesure législative a également permis d’éliminer l’isolement préventif et disciplinaire et de créer des unités d’intervention structurée (UIS) pour les détenus qui ne pouvaient être gérés dans la population carcérale régulière. La comparaison des caractéristiques de cas des détenus dans les UIS avec la population carcérale régulière ainsi qu’avec ceux qui étaient auparavant en isolement préventif produit des renseignements importants, surtout en ce qui concerne la prestation d’interventions ciblées à ces personnes.

Ce que nous avons fait

Tous les renseignements sur les délinquants sous responsabilité fédérale placés dans des UIS ont été tirés du Système de gestion des délinquant(e)s du Service correctionnel du Canada (SCC) le 28 février 2021. À cette date, on comptait 217 délinquants dans des UIS (214 hommes et 3 femmes). Les motifs du placement dans des UIS aux termes de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition [alinéas 34(1)a), b) et c)] étaient les suivants : dans 105 cas (ou 48,4 %), le détenu met en danger la sécurité d’une personne ou de l’établissement, dans 2 cas (ou 0,9 %) le détenu nuit au déroulement d’une enquête et dans 110 cas (ou 50,7 %) la sécurité du détenu est en danger. Compte tenu de la faible représentation des délinquantes dans les UIS, l’étude a porté uniquement sur les hommes. Des comparaisons ont été faites entre le groupe des UIS et la population carcérale régulière à ce moment-là et un groupe précédemment en isolement préventif. Note de bas de page 1

Ce que nous avons constaté

Deux mesures de l’évaluation initiale ont été utilisées pour obtenir des renseignements sur les antécédents criminels (Indice du risque criminel ou IRC) et la cote de sécurité initiale (cote sur l’Échelle de classement par niveau de sécurité ou ECNS). Selon les analyses, les détenus dans les UIS qui mettent en danger la sécurité d’une personne étaient plus susceptibles que les détenus dont la sécurité est en danger d’avoir un risque élevé ou très élevé de récidive (79 % et 68 %, respectivement) et presque également de recevoir une cote de sécurité maximale (80 % et 78 %, respectivement). Des différences importantes sont également ressorties pour la population des UIS par rapport à la population carcérale régulière et à celles des détenus qui étaient auparavant en isolement préventif en ce qui concerne un risque élevé ou très élevé de récidive selon l’IRC (69 %, 35 % et 67 %, respectivement) et une cote de sécurité maximale sur l’ECNS (79 %, 42 % et 59 %, respectivement).

D’autre part, en ce qui a trait à l’Instrument de définition et d’analyse des facteurs dynamiques (besoins des délinquants) utilisé à l’admission dans un établissement fédéral, d’importantes différences ont été observées entre les détenus dans les UIS et ceux dans la population carcérale régulière. Dans l’ensemble, par rapport aux groupes témoins, la population dans les UIS avait une cote de « besoin élevé » (98 %, 72 % et 92 %, respectivement). Plus précisément, les détenus dans les UIS étaient plus susceptibles d’obtenir une cote de « besoin élevé » dans le domaine de l’attitude (78 %, 47 % et 64 % respectivement), dans le domaine de la vie personnelle et affective (69 %, 60 % et 66 %, respectivement) et dans le domaine des fréquentations (50 %, 29 % et 42 %, respectivement).

Dans le domaine de l’attitude, les détenus affichaient les caractéristiques suivantes : une attitude anticonformiste à l’égard de la société (93 %, 72 % et 91 %, respectivement); une attitude négative envers le système de justice pénale (90 %, 65 % et 83 % respectivement); une attitude favorable à la violence instrumentale ou axée sur un but (89 %, 58 % et 75 %, respectivement); et une attitude négative envers le système correctionnel (78 %, 39 % et 73 %, respectivement). Dans le domaine de la vie personnelle et affective, ils affichaient les caractéristiques suivantes : impulsif (93 %, 77 % et 92 %, respectivement); capacité limitée de générer des choix (78 %, 75 % et 87 %, respectivement); difficulté à résoudre des problèmes interpersonnels (87 %, 73 % et 81 %, respectivement); faible tolérance aux frustrations (80 %, 48 % et 74 %, respectivement); et agit souvent d’une manière agressive (80 %, 45 % et 72 %, respectivement). Quant au domaine des fréquentations, il y avait des affiliations à des gangs ou au crime organisé (27 %, 17 % et 29 %, respectivement).

Ce que cela signifie

Ces analyses confirment que la population des UIS, comme celle des unités d’isolement préventif précédentes, se distingue en tant que groupe de la population carcérale régulière sur plusieurs plans cognitifs et comportementaux. De plus, la population actuelle des UIS a des besoins accrus comparativement à la population de l’isolement préventif précédente. De toute évidence, les détenus dans les UIS ont des besoins complexes et ont besoin de niveaux de service intensifs. Ce constat renforce le fait que les interventions offertes aux personnes placées dans les UIS doivent être axées sur la motivation au changement, la résolution de problèmes, la prévention de la violence et les relations interpersonnelles. De plus, ces services doivent être offerts par du personnel bien formé et qualifié.

Pour de plus amples renseignements

Vous pouvez joindre la Direction de la recherche par courriel.

Vous pouvez également visiter la page des Publications de recherche pour obtenir une liste complète des rapports et des sommaires de recherche.

Préparé par : Larry Motiuk et Leslie-Anne Keown

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