Service de prévention pour délinquants avec l’aide de pairs : Principes des pratiques exemplaires
Numéro : RIB-25-05
Date: 2025
Format alternatif :
Contexte
Le Service de prévention pour délinquants avec l’aide de pairs (SPDAP) a été créé en 2009 à l’Établissement de Stony Mountain en tant que programme de première intervention en santé mentale par les pairs. Les membres du SPDAP sont sur appel jour et nuit pour offrir du soutien, du counseling, du mentorat et des conseils aux détenus de tous les niveaux de sécurité de l’établissement (sécurité maximale, moyenne et minimale), y compris au sein de l’unité d’intervention structurée de l’établissement. Des consultations ont été menées auprès des détenus et du personnel de l’établissement pour comprendre les répercussions du programme et les ingrédients nécessaires à son succès soutenu.
Incidence
Le nombre d’interventions fournies par le SPDAP a considérablement augmenté depuis sa création (Walby et Cole, 2021). On en a compté 2 532 en 2022 et 3 239 en 2023 (fournies par jusqu’à 7 membres du SPDAP), ce qui représente en moyenne près de 9 interventions par jour. Comme le service est facilement accessible en tout temps, il est souvent utilisé par le personnel comme stratégie de première intervention pour le désamorçage et/ou l’intervention en santé mentale.
Maintien du succès
Un facteur clé du succès du programme est sa crédibilité auprès des détenus et du personnel. Les détenus qui sont membres du SPDAP ont une expérience semblable à celle des détenus qu’ils aident; ils comprennent donc les réalités de purger une peine ainsi que la dynamique du milieu carcéral. Conformément aux documents sur les programmes d’aide par les pairs dans les prisons (p. ex. Matthews, 2021), ce point de vue social commun peut favoriser l’ouverture, notamment pour les détenus qui peuvent être méfiants envers le personnel de l’établissement. Cette confiance est appuyée par la confidentialité du programme, qui permet aux détenus de communiquer leurs préoccupations sans crainte des conséquences qui pourraient être perçues comme punitives. Bien que la durée des interventions varie, les membres du SPDAP peuvent passer plusieurs heures à parler aux détenus en situation de crise (souvent plus de temps que ce que le personnel de l’établissement peut normalement offrir). Ces qualités du programme donnent une occasion unique aux membres du SPDAP d’établir une base de confiance et une dynamique relationnelle propice à une mobilisation et à une intervention efficaces.
Bien que l’expérience vécue soit au cœur de la réceptivité du programme, les membres du SPDAP reçoivent également des occasions de formation professionnelle continue en santé mentale, contribuant ainsi à la légitimité du programme en tant qu’intervention en santé. Cela comprend de la formation dans les domaines de la santé mentale, de la prévention du suicide, de l’aide à la prévention du suicide ainsi que des stratégies de désamorçage et d’intervention.
L’intégrité du programme au sein de l’établissement a été essentielle au maintien du succès et à l’adhésion du personnel. Afin de garantir que le programme ne dépend pas de l’influence ou des répercussions des politiques et de la sous-culture de l’établissement, les membres du SPDAP doivent démontrer des progrès constants et marqués dans l’atteinte de leurs objectifs correctionnels et une distance soutenue des activités criminelles et de la sous-culture des détenus. Les membres sont généralement des personnes purgeant une peine d’une durée indéterminée (à perpétuité) qui se sont engagées à rester sur le droit chemin.
Le soutien du personnel envers le programme est également influencé par l’utilité opérationnelle du programme. Étant une ressource essentielle pour le personnel en cas de crise, le programme répond à un besoin continu de prestation de services (intervention en santé mentale) et s’ajoute à la trousse des stratégies dont dispose le personnel pour gérer l’environnement de l’établissement.
Des structures de soutien font également partie intégrante du succès du programme. Il y a notamment un coordonnateur de programme qui est chargé de soutenir l’esprit, l’intention et l’intégrité du programme, et qui peut aider à établir des relations entre les détenus et le personnel. Le soutien continu de la haute direction envers le programme est également essentiel. Les structures de soutien comprennent également des stratégies intégrées, comme des séances d’information pour prévenir les effets indésirables pour les membres du SPDAP, conformément aux pratiques exemplaires établies dans la documentation sur le travail de soutien par les pairs en prison (Woodall et coll., 2015).
Bien que le SPDAP soit d’abord et avant tout destiné à offrir un soutien en santé mentale aux détenus, il favorise également les objectifs de réhabilitation dans la mesure où les détenus purgeant une peine de longue durée peuvent assumer des rôles positifs et prosociaux et apporter une contribution utile au sein de l’établissement. Cela correspond à la documentation sur la gestion des peines de longue durée, qui met l’accent sur l’utilité d’une utilisation significative et productive du temps, en particulier à des étapes ultérieures de la peine (Crewe et coll., 2017). De plus, comme le programme est axé sur un travail de soutien nécessitant empathie et compassion et sur l’adoption de rôles positifs, il favorise des attitudes propices aux expériences réussies dans le contexte de la réinsertion (voir Perrin et Blagden, 2016).
En tant que programme respecté par le personnel et les détenus, le SPDAP travaille activement à établir un lien entre le personnel et les détenus, fournit une ressource précieuse en santé mentale sur appel en tout temps au sein de l’établissement et favorise une mobilisation positive chez les détenus purgeant une peine de longue durée. Le succès du programme repose sur une approche adaptée, des stratégies pour renforcer la crédibilité et la légitimité, des membres et du personnel dévoués et des structures de soutien.
Reference
Crewe, B., Hulley, S. et Wright, S. (2017). Swimming with the tide: Adapting to long-term imprisonment. Justice Quarterly, 34(3), 517-541. https://doi.org/10.1080/07418825.2016.1190394
Matthews, E. (2021). Peer-focused prison reentry programs: Which peer characteristics matter most? Incarceration, 2(2), 1-19. https://doi.org/10.1177/2632666321101995
Walby, K. et Cole D. (2021). “I Know It’s Not Saving a Life, but I Know I’m Doing Good…”: The Peer Offender Prevention Service (POPS) at Stony Mountain Institution, Canada. Corrections: Policy, Practice and Research, 6(5), 349–365. https://doi.org/10.1080/23774657.2019.1678441
Perrin, C. et Blagden, N. (2016). Movements towards desistance via peer-support roles in prison. The Voluntary Sector in Prisons: Encouraging Personal and Institutional Change, 115-142. https://doi.org/10.1057/978-1-137-54215-1_5
Woodall, J., South, J., Dixey, R., de Viggiani, N. et Penson, W. (2015). Expert views of peer-based interventions for prisoner health. International Journal of Prisoner Health, 11(2), 87-97. https://doi.org/10.1108/IJPH-10-2014-0039
Pour de plus amples renseignements
Vous pouvez joindre la Direction de la recherche par courriel.
Vous pouvez également consulter la page des Publications de recherche pour obtenir une liste complète des rapports et des sommaires de recherche.
Préparé par : Laura McKendy, avec le soutien du personnel de l’Établissement et des membres du SPDAP.