Incidents de surdose non mortelle dans les établissements fédéraux en 2022 à 2023

Numéro: RIB-25-07

Date: 2025

Format alternatif:

Pourquoi nous avons effectué cette étude

Dans le cadre d’efforts de surveillance continus, la présente étude fournit un résumé des incidents de surdose non mortelle survenus dans les établissements fédéraux canadiens au cours de l’exercice 2022 à 2023.

Ce que nous avons fait

Nous avons examiné la base de données administratives du SCC (Système de gestion des délinquant(e)s [SGD]) afin de recenser tous les incidents de surdose non mortelle signalés en 2022 à 2023 (entre le 1er avril 2022 et le 31 mars 2023). Les incidents de surdose ont été inclus lorsque la consommation de substances a entraîné une intervention médicale (par exemple l’administration de naloxone et/ou de premiers soins) et/ou une blessure corporelle grave. Les rapports d’incident (et les rapports de situation des directeurs d’établissement, le cas échéant) ont ensuite été codés pour recueillir des renseignements sur les substances en cause et les événements ayant précédé les incidents. Les données sur les profils et les données démographiques ont été extraites du SGD.

Ce que nous avons constaté

Au cours de l’exercice 2022 à 2023, il y a eu 143 surdoses non mortelles parmi 124 personnes incarcérées dans des établissements fédéraux. Il s’agit d’une augmentation de 16,3 % par rapport à l’exercice 2021 à 2022 et de la première fois au cours des trois derniers exercices que le nombre d’incidents augmente (voir le tableau 1). Comparativement à l’exercice 2021 à 2022, le nombre d’incidents a augmenté dans les régions de l’Atlantique, de l’Ontario et du Pacifique, est demeuré relativement stable dans la région des Prairies et a diminué dans la région du Québec.

Pour vingt-deux (15,4 %) incidents de surdose, on ne disposait d’aucune information sur les substances présumées ou confirméesFootnote 1, et pour 29 autres incidents (20,3 %), on disposait d’information vague qui rendait difficile l’analyse des catégories de substances (par exemple « poudre blanche »). Par conséquent, les constatations concernant les catégories de substances sont fondées sur les 92 incidents (64,3 %) pour lesquels on disposait d’information. La catégorie de substances la plus fréquemmentFootnote 2 en cause dans les incidents de surdose est celle des opioïdes (n = 51/92; 55,4 %). Comme dans les exercices précédents, le fentanyl a été l’opioïde le plus couramment consommé (n = 25/51; 49,0 %), suivi du Suboxone (n = 19/51; 37,3 %) et/ou de la méthadone (n = 6/51; 11,8 %). La deuxième catégorie de substances la plus couramment en cause est celle des stimulants (n = 15/92; 16,3 %), suivie par les psychotropesFootnote 3 (n = 15/92; 16,3 %). Des substances de la catégorie « autres » ont été en cause dans 45,7 % des incidents (n = 42/92). Les médicaments sous ordonnanceFootnote 4 ont été en cause dans 63,0 % des incidents (n = 58/92).

De nombreux facteurs de stress/événements différents se sont produits avant les incidents de surdose, y compris, mais sans s’y limiter, (1) des problèmes généraux de santé mentale, notamment d’autres surdoses de drogue ou des tentatives de suicide récentes et des symptômes d’anxiété ou de dépression (n = 77/143; 53,8 %), (2) des problèmes interpersonnels avec la famille, les partenaires amoureux et/ou d’autres personnes incarcérées (n = 64/143; 44,8 %), et (3) des problèmes liés à la mise en liberté dans la collectivité (par exemple révocation ou refus récents de la mise en liberté, anxiété concernant une mise en liberté à venir; n = 30/143; 21,0 %).

Le profil des 124 personnes incarcéréesFootnote 5 ayant fait une surdose au cours de l’exercice 2022 à 2023 était similaire à celui des années précédentes. Plus précisément, les personnes incarcérées étaient généralement autochtones (n = 55/124; 44,4 %) ou de race blanche (n = 52/124; 41,9 %), de sexe masculin (n = 116/124; 93,5 %) et âgées entre le milieu et la fin de la trentaine (M = 37 ans). Plus de la moitié (n = 75/124; 60,5 %) étaient classées à sécurité moyenne et la majorité purgeaient une peine pour une infraction liée à un homicide (n = 41/124; 33,1 %) ou à des voies de fait (n = 29/124; 23,4 %).

Tableau 1. Incidents de surdose non mortelle dans les établissements fédéraux, de 2019 à 2020 à 2022 à 2023 inclusivement, par région.

 

Région

Exercice

2019 à 2020
n (%)
2020 à 2021
n (%)
2021 à 2022
n (%)
2022 à 2023
n (%)

Atlantique

12 (6,90)

21 (16,03)

6 (4,92)

10 (6,99)

Québec

23 (13,21)

23 (17,56)

24 (19,67)

14 (9,79)

Ontario

74 (42,53)

28 (21,37)

37 (30,33)

50 (34,67)

Prairies

29 (16,67)

34 (25,95)

27 (22,13)

29 (20,28)

Pacifique

36 (20,69)

25 (19,08)

28 (22,95)

40 (27,97)

Total

174

131

122

143

Ce que cela signifie

C’est la première fois que le nombre d’incidents de surdose non mortelle augmente sur une période de trois exercices. Toutefois, la population carcérale a augmenté de 5,9 % entre 2021 à 2022 et 2022 à 2023Footnote 6. De plus, il y a eu environ 0,01 incident de surdose par personne incarcérée au cours de l’exercice 2022 à 2023, ce qui représente également une légère augmentation par rapport à l’exercice 2021 à 2022 (0,009 incident par personne incarcérée). Par conséquent, l’augmentation du nombre d’incidents de surdose pourrait être attribuable à l’augmentation de la population carcérale. Néanmoins, les tendances relatives aux substances demeurent stables : les opioïdes — en particulier le fentanyl — demeurent la catégorie de substances la plus courante, suivie des stimulants et/ou des psychotropes. Il est essentiel de continuer à signaler les incidents de surdose non mortelle afin de réduire au minimum les méfaits liés à la consommation de substances et d’améliorer la santé des personnes incarcérées et la sécurité générale en établissement.

Pour de plus amples renseignements

Veuillez communiquer avec la Direction de la recherche par courriel. Vous pouvez également consulter la page des Publications de recherche du SCC pour une liste complète des rapports et sommaires de recherche.

Préparé par : Daniella Filoso, Myriam Girard, Marie-Pierre Gendron et Nick Chadwick

Détails de la page

2025-09-29