Mise en application des avancées technologiques dans l’évaluation et le traitement des toxicomanies dans les services correctionnels
Faits saillants de la recherche: Les évaluations et les traitements axés sur la technologie : des techniques très prometteuses qui permettraient de réduire les déficits liés à la maîtrise des impulsions et la toxicomanie chez les délinquants sous responsabilité fédérale au Canada.
Publication
No R-421
Novembre 2018
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Pourquoi nous avons effectué cette étude
Les troubles liés à l’usage d’une substance (TUS) sont très fréquents dans le système de justice pénale; ils seraient présents chez 70 % à 80 % des délinquants au Canada. Les déficits liés à la maîtrise des impulsions (y compris une difficulté à inhiber des réponses, à maîtriser son comportement, à différer la gratification et éviter de faire des choix risqués) contribuent aux TUS et au comportement criminel dans des axes de recherche indépendants, mais l’incidence de ces déficits chez les délinquants ayant un TUS n’a pas été clairement établie. Pour que les TUS soient bien évalués et traités, il faut miser sur les « pratiques exemplaires » et sur l’application des nouvelles technologies. La présente recherche visait à 1) faire une évaluation critique des écrits sur les déficits liés à la maîtrise des impulsions chez les délinquants; 2) résumer les connaissances sur le fondement cérébral de ces troubles; 3) discuter des récentes applications de la technologie pour traiter les TUS chez les délinquants.
Ce que nous avons fait
L’interrogation de multiples bases de données a permis de dégager 28 études examinées par des pairs qui portaient sur les déficits liés à la maîtrise des impulsions chez des délinquants. Les évaluations informatisées de la maîtrise des impulsions ont été regroupées en deux domaines : 1) l’inhibition et 2) la prise de décision risquée/impulsive. Des études représentatives faisant fond sur l’imagerie cérébrale (p. ex., l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) et sur les interventions axées sur la technologie (p. ex., applications mobiles, programmes sur Internet et réalité virtuelle) ont été examinées.
Ce que nous avons constaté
Les recherches incluses dans cette revue ont été effectuées dans divers pays (44 % en Amérique du Nord) et contextes (83 % dans des établissements correctionnels ou de psychiatrie légale). Dans les différentes études, les délinquants ont montré des troubles relativement constants sur le plan de l’inhibition de la réponse et de la gratification différée (p. ex., choix impulsifs). Les mesures de la prise de risques étaient moins cohérentes, certaines études montrant que les délinquants font des choix trop risqués, alors que d’autres, non.
Les recherches axées sur l’imagerie cérébrale structurelle et fonctionnelle montrent que les déficits dans les lobes frontaux (p. ex., le cortex préfrontal) sont un facteur important dans les déficits liés à la maîtrise des impulsions chez les délinquants. Plusieurs études donnent à penser que les déficits liés à la maîtrise des impulsions et les déficits cérébraux correspondants pourraient être un marqueur de risque de participation future à des activités criminelles ou de risque de récidive.
Les traitements des troubles de dépendance axés sur la technologie se sont avérés efficaces au départ en milieu carcéral; ils auraient permis de réduire considérablement l’état de manque et l’usage de substances. Des applications mobiles et des programmes sur Internet, ainsi que l’exposition à des signaux en réalité virtuelle, sont des interventions prometteuses.
En général, nous avons constaté un manque d’études sur les recoupements des déficits liés à la maîtrise des impulsions, du comportement criminel et des TUS. Une priorité en matière de recherche serait de se pencher sur les déficits liés à la maîtrise des impulsions chez les délinquants ayant des antécédents de problèmes importants de toxicomanie.
Ce que cela signifie
Les déficits liés à la maîtrise des impulsions ont des répercussions importantes sur le comportement criminel, l’usage de substances et la réussite à long terme après la mise en liberté. L’élaboration de nouvelles façons de réduire ces troubles de maîtrise des impulsions pourrait alléger le fardeau sur le système de justice pénale.
Les évaluations et les traitements axés sur la technologie pourraient s’avérer tout particulièrement utiles en milieu carcéral étant donné les obstacles aux traitements fondés sur les « pratiques exemplaires » et sur les données probantes dans cet environnement, comme la psychothérapie en personne.
Bien que les études examinées donnent à penser que les délinquants éprouvent continuellement des difficultés à maîtriser leurs impulsions, les recherches sur les déficits liés à la maîtrise des impulsions chez les délinquants ayant un TUS sont limitées et seraient donc une bonne piste de recherche.
Pour de plus amples renseignements
Amlung, M., Vedelago, L., Morris, V., Petker, T., Balodis, I., McLachlan, K., Mamak, M., Moulden, H., Chaimowitz, G., & MacKillop, J. (2018). Revue systématique de la mise en application des avancées technologiques dans l’évaluation et le traitement des toxicomanies dans les services correctionnels. (Rapport de recherche R-421). Ottawa (Ontario) : Service correctionnel du Canada.
Pour obtenir le rapport complet en version PDF, veuillez en faire la demande par courriel à la Direction de la recherche ou par téléphone au 613-995-3975.
Vous pouvez également visiter la page des Publications de recherche pour une liste complète des rapports et sommaires de recherche.