Examen des outils d’évaluation du risque élaborés pour les personnes radicalisées et de leur application en milieu correctionnel

Faits saillants de la recherche: Les outils d’évaluation du risque d’extrémisme sont prometteurs, mais il faut plus d’études empiriques en milieu correctionnel.

Pourquoi nous avons effectué cette étude

La radicalisation menant à la violence est relativement rare, mais son incidence est considérable. Bien que les délinquants radicalisés représentent moins de 1 % de la population carcérale fédérale canadienne, la recherche montre que cette population diffère de la population carcérale régulière pour un certain nombre d’indicateurs de risque et de caractéristiques relatives à l’identification, à l’intervention et à la détermination du risque futur. Par conséquent, la plupart des chercheurs dans le domaine du terrorisme et de l’extrémisme violent soutiennent que les outils d’évaluation du risque général et du risque de violence ne s’appliquent pas aux extrémistes violents radicalisés. Ils recommandent plutôt d’utiliser des outils d’évaluation du risque d’extrémisme qui reposent sur des indicateurs et des caractéristiques propres aux extrémistes violents. Le rapport a pour principal objet de regrouper la recherche menée à ce jour concernant les évaluations du risque d’extrémisme.

Ce que nous avons fait

Nous avons examiné les écrits pour évaluer la fiabilité, la validité et l’applicabilité des outils d’évaluation du risque d’extrémisme dans le contexte correctionnel canadien. Nous avons aussi relevé les indicateurs et les facteurs de risque pour la radicalisation et l’extrémisme violent.

Ce que nous avons constaté

Certains défis se posent lorsqu’il s’agit de déterminer les facteurs de risque, les indicateurs et les caractéristiques propres à l’extrémisme violent. En raison du faible taux de base de comportements associés à l’extrémisme violent, il est difficile d’obtenir des échantillons suffisamment grands pour mener des analyses statistiques. De plus, il est difficile de dresser un profil exact de l’extrémisme violent, car bien que des liens aient été établis entre le terrorisme et l’extrémisme violent, ceux-ci sont considérés comme des phénomènes hétérogènes dans la littérature. Malgré ces difficultés, on a pu relever des caractéristiques générales internes et externes de la radicalisation et de l’extrémisme violent chez des groupes (p. ex. jeune âge, haut niveau de scolarité et bons antécédents d’emploi) et chez des acteurs solitaires (p. ex. âge plus élevé, problèmes de santé mentale et antécédents criminels).

Les outils d’évaluation du risque d’extrémisme les plus courants et les plus étudiés sont l’Évaluation du risque d’extrémisme violent, les Lignes directrices sur l’évaluation du risque d’extrémisme, les Lignes directrices à niveaux multiples et le Protocole d’évaluation de la radicalisation terroriste (Terrorist Radicalization Assessment Protocol). Bien que ces outils soient les plus prometteurs, la plupart n’ont pas été élaborés ni conçus pour un contexte correctionnel.

Chaque outil d’évaluation du risque relevé est unique et offre une optique légèrement différente pour l’évaluation des extrémistes violents. Les données empiriques sur les ou+tils d’évaluation du risque d’extrémisme sont limitées et encore relativement préliminaires. La plupart des outils ont été élaborés et validés au moyen d’information du domaine public, comme des études de cas et des échantillons de terroristes connus. Des examens indépendants externes, un plus grand respect des lignes directrices en matière de production de rapports et plus de recherches à partir d’échantillons de délinquants permettront de mieux asseoir la légitimité de ces évaluations.

Ce que cela signifie

Dans l’ensemble, les extrémistes violents représentent un très faible pourcentage de la population carcérale canadienne. Les indicateurs de risque relevés dans les écrits et les outils d’évaluation du risque dont on dispose n’ont pas été soumis à des tests empiriques approfondis permettant de tirer des interprétations et des conclusions définitives sur la radicalisation et l’extrémisme violent, tout particulièrement en milieu correctionnel.

Comme ces outils sont considérés comme en étant encore à leurs balbutiements, d’autres études empiriques doivent être effectuées pour en valider l’utilité et ainsi en déduire un niveau de spécificité indispensable. En raison de ces limites, les données dont on dispose ne permettent pas de désigner un outil comme étant meilleur que tout autre lorsqu’il s’agit d’évaluer l’extrémisme violent.

Pour de plus amples renseignements

Conley, C. (2019). Examen des outils d’évaluation du risque élaborés pour les personnes radicalisées et de leur application en milieu correctionnel (Rapport de recherche R-425). Ottawa (Ontario) : Service correctionnel du Canada.

Pour obtenir le rapport complet en version PDF ou pour toute autre information, veuillez en faire la demande à la Direction de la recherche par courriel ou par téléphone au 613-995-3975.

Vous pouvez également visiter la page des Publications de recherche pour une liste complète des rapports et des sommaires de recherche.

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