Traumatisme cérébral et toxicomanie chez les délinquants
Publication
- No RR-10-01
- Juillet 2010
État de la recherche - PDF
Mots clés
Traumatisme cérébral, toxicomanie, délinquants, prison
Ce que nous avons examiné
La recherche a depuis longtemps montré qu'il existait un lien entre la toxicomanie et le comportement criminel. Cependant, les liens entre le traumatisme cérébral, la toxicomanie et la criminalité, la prévalence des traumatismes cérébraux en milieu correctionnel et les besoins particuliers des délinquants ayant subi un traumatisme cérébral sont complexes et mal compris. Nous avons approfondi les connaissances actuelles sur les traumatismes cérébraux et la consommation des substances chez les délinquants par une courte analyse documentaire.
Ce que nous avons trouvé
Les traumatismes cérébraux et la toxicomanie sont étroitement liés1. Ce lien entre les traumatismes cérébraux et la toxicomanie mène à un problème de santé publique considérable, étant donné que la toxicomanie aggrave le traumatisme. La coexistence de la toxicomanie et d'un traumatisme cérébral a été bien documentée dans le milieu correctionnel2. Pourtant, nous en savons peu sur la façon dont les traumatismes cérébraux et la toxicomanie interagissent et sur la mesure dans laquelle cette interaction pourrait avoir une incidence sur le comportement criminel3.
Des études de prévalence donnent à penser qu'il y a beaucoup plus de cas de traumatisme cérébral chez les délinquants que dans la population en général. Des études portant sur des prisons et des centres de détention américains indiquent que de 25 à 87 % des détenus ont déclaré avoir subi un traumatisme cérébral4. En tout, 23 % des détenus admis dans un programme de traitement de délinquants en Ontario avaient des antécédents bien documentés de traumatisme cérébral1. Par ailleurs, 82 % des détenus des prisons australiennes ont déclaré avoir déjà subi un traumatisme cérébral et, pour 79 % d'entre eux, s'être évanouis. Les cas de traumatismes cérébraux multiples étaient également élevés : 43 % des détenus ont déclaré avoir subi au moins quatre de ces traumatismes2.
Une fois le délinquant incarcéré, les difficultés comportementales associées au traumatisme cérébral, comme le déficit de l'attention, les troubles de la mémoire, l'irritabilité, la maîtrise de la colère et diverses difficultés liées à l'inhibition ou à l'impulsivité peuvent avoir une incidence importante sur la capacité du délinquant d'entreprendre une réinsertion sociale et de participer aux programmes6. Du fait qu'ils ont de telles difficultés émotionnelles5 et comportementales, il est extrêmement difficile pour ces personnes de s'adapter au milieu carcéral.1
Ce que cela signifie
La recherche révèle qu'il faut faire des études portant sur la prévalence des traumatismes cérébraux au sein du système correctionnel. Pour améliorer la compréhension des besoins en matière de réinsertion sociale des personnes ayant subi un traumatisme cérébral et pour garantir que les programmes destinés à ces personnes permettent réellement de réduire le taux de récidive, il est essentiel de repérer les délinquants présentant un traumatisme cérébral et de mener d'autres études concernant l'interaction complexe entre les traumatismes cérébraux, la toxicomanie et la criminalité.
Bibliographie
(1) Colantonio A., V. Stamenova, C. Abramowitz, D. Clarke et B. Christensen. « Brain injury in a forensic psychiatry population », Brain Injury, décembre 2007, vol. 21, no 13-14, p. 1353-1360.
(2) Schofield P.W., T.G. Butler, S.J. Hollis, N.E. Smith, S.J. Lee et W.M. Kelso. « Neuropsychiatric correlates of traumatic brain injury (TBI) among Australian prison entrants », Brain Injury [BI], décembre 2006, vol. 20, no 13-14, p. 1409-1418.
(3) Kolakowsky-Hayner S.A. et J.S. Kreutzer. « Pre-injury crime, substance abuse, and neurobehavioural functioning after traumatic brain injury », Brain Injury [BI], janvier 2001, vol. 15, no 1, p. 53-63.
(4) Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Traumatic Brain Injury in Prisons and Jails, 2009.
(5) Magaletta P.R. et P.M. Diamond. « The Brain Behind Bars: Perspectives on Injury and Aggression », Corrections Today, octobre 2007, vol. 69, no 5, p. 135-136.
(6) Slaughter B., J.R. Fann et D. Ehde. « Traumatic brain injury in a county jail population: prevalence, neuropsychological functioning and psychiatric disorders », Brain Injury,septembre 2003, vol. 17, no 9, p. 731.
Préparé par : Pamela Forrester et Flora I. Matheson
Pour nous joindre
Centre de recherche en toxicomanie
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recherche.toxicomanie@csc-scc.gc.ca
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