Les délinquants mententils? L’incidence des réponses socialement souhaitables sur l’évaluation des risques
Publication
- No RR-14-5
- Septembre 2014
État de la recherche - PDF
Mots clés
Autoévaluation, délinquants, réponse socialement souhaitable (désirabilité sociale des réponses)
Ce que cela signifie
Les délinquants possiblement les plus susceptibles d’être soupçonnés de réponse malhonnête (p. ex., trouble de la personnalité antisociale, intention criminelle) étaient les plus susceptibles de répondre honnêtement aux questions d’autoévaluation. De plus, même lorsqu’il y avait de la malhonnêteté, cela n’affectait pas de façon importante la précision des outils fondés sur l’autoévaluation. Par conséquent, dans un contexte médicolégal, la question de la désirabilité sociale n’est pas une grande préoccupation.
La plupart des renseignements sur les délinquants recueillis et utilisés au Service correctionnel du Canada (SCC), comme les évaluations initiales, les évaluations du risque et les données de recherche, sont fondés, du moins en partie, sur l’autoévaluation. La recherche montre que la plupart des préoccupations liées à l’incidence des réponses malhonnêtes aux questions d’autoévaluation sont sans fondement, et appuie l’utilisation continue de cette méthode efficace de collecte de renseignements par le SCC.
Ce que nous avons constaté
Plusieurs études menées auprès des délinquants sous responsabilité fédérale au Canada ont révélé que le fait de fournir des réponses socialement souhaitables n’a aucune incidence sur la validité des échelles d’autoévaluation (Kroner, Mills et Morgan, 2006; Mills et Kroner, 2005, 2006; Mills, Loza et Kroner, 2003). Autrement dit, la capacité prédictive des mesures d’évaluation du risque, comme celles utilisées pour prédire la réussite de la mise en liberté, ne présentait pas de différence significative pour les délinquants qui avaient obtenu des notes élevées aux mesures d’évaluation des réponses socialement souhaitables par rapport à ceux qui avaient obtenu des notes faibles pour ces mesures.
Les délinquants n’étaient pas plus susceptibles de répondre malhonnêtement à une question d’autoévaluation lors de l’évaluation initiale que lors du processus prélibératoire, ou lorsqu’ils étaient informés que les résultats seraient utilisés aux fins de recherche plutôt que pour la prise de décisions au sujet de leur mise en liberté dans la collectivité (Loza, Loza Fanous et Heseltine, 2007). Plus les délinquants présentaient de troubles de la personnalité antisociale et d’intentions criminelles, moins ils étaient susceptibles d’avoir recours à la gestion de l’impression (c.-à-d. plus ils étaient honnêtes) pendant l’autoévaluation (Mills et Kroner, 2005, 2006).
Ce que nous avons examiné
De nombreux instruments d’évaluation du risque s’appuient, du moins en partie, sur l’information fournie par les délinquants; pourtant, l’exactitude de ces renseignements est souvent difficile à confirmer. Nous avons examiné la recherche, menée auprès des délinquants sous responsabilité fédérale au Canada, sur les réponses socialement acceptables auxquelles on peut recourir et sur le lien entre celles-ci et la validité des outils fondés sur l’information découlant de l’autoévaluation.
Bibliographie
Kroner, D. G., Mills, J. F. et Morgan, R. D. (2006). « Social desirable responding and the measurement of violent and criminal risk: Self-report validity », Journal of Forensic Psychology Practice, 6(4), 2742.
Loza, W., Loza-Fanous, A. et Heseltine, K. (2007). « The myth of offenders’ deception on self-report measure predicting recidivism : Example form the Self-Appraisal Questionnaire (SAQ) », Journal of Interpersonal Violence, 22, 671‑683.
Mills, J. F. et Kroner, D. G. (2005). « An investigation into the relationship between socially desirable responding and offender self-report », Psychological Services, 2(1), 70-80.
Mills, J. F. et Kroner D. G. (2006). « Impression management and self-report among violent offenders », Journal of Interpersonal Violence, 21(2), 178-192.
Mills, J. F., Loza, W. et Kroner, D. G. (2003). « Predictive validity despite social desirability: Evidence for the robustness of self-report among offenders », Criminal Behaviour and Mental Health, vol. 13, 140-150.
Pour de plus amples renseignements
Vous pouvez joindre la Direction de la recherche par courriel ou par téléphone au 613-995-3975.
Vous pouvez également visiter le site Internet pour obtenir la liste complète des publications de recherche.
Préparé par : Jenelle Power et Mary B. Ritchie