La validité de la déclaration volontaire de consommation de drogues chez les délinquants de sexe masculin
Publication
- No RS-11-05
- Octobre 2011
Extrait de recherche - PDF
Mots clés
Questionnaire informatisé sur la toxicomanie, validité, mesures d'auto-évaluation, Échelle d'illusion sur soi-même de Paulhus
Contexte
Le Questionnaire informatisé sur la toxicomanie (QIT) est rempli par les délinquants de sexe masculin à leur admission dans le système correctionnel fédéral au Canada et sert à déterminer l'existence d'un problème de toxicomanie ou la gravité de celui-ci. Des chercheurs ont établi la validité des évaluations comprises dans le QIT en les comparant à d'autres mesures relatives à la toxicomanie, comme des mesures d'auto-évaluationNote de bas de page 1, des essais biologiques, des documents officiels et des témoignages d'amis ou de membres de la famille (voir Boland et coll., 1998, pour un examen). Pour chacune des mesures d'auto-évaluation, il est important d'effectuer des analyses pour démontrer l'exactitude de l'information présentée.
L'Échelle d'illusion sur soi-même de Paulhus (Paulhus, 1998) a été intégrée au QIT comme mesure de déviation systématique des réponses. D'après la note obtenue à deux sous-échelles, gestion de l'impression et illusion sur soi-même positive, l'Échelle permet de classer les répondants selon quatre profils de réponse :
- Fiable - conscient de ses problèmes;
- Peu fiable - conscient de ses problèmes;
- Peu fiable - tendance à vouloir créer une impression favorable de soi-même;
- Peu fiable - illusion sur soi-même et tendance à vouloir créer une impression favorable de soi-même.
Le cas des répondants qui fournissent des réponses peu fiables et chez qui on a décelé des problèmes de toxicomanie n'est pas aussi préoccupant que celui des répondants qui fournissent des réponses peu fiables, mais qui n'ont pas de problèmes de toxicomanie. Bien qu'il soit possible que certains répondants du premier groupe aient mal rendu compte de leurs problèmes de toxicomanie, dès qu'on détermine qu'un délinquant a de tels problèmes, il sera affecté à un certain type de traitement. Le cas des délinquants peu fiables et n'ayant pas de problèmes de toxicomanie apparents est plus préoccupant, parce que si la toxicomanie existe, mais n'est pas détectée, elle ne sera pas traitée.
Ce que nous avons fait
Nous avons examiné les associations entre les réponses à l'Échelle d'illusion sur soi-même de Paulhus et l'existence de problèmes de toxicomanie. L'échantillon était composé de 10 845 délinquants canadiens de sexe masculin sous responsabilité fédérale ayant répondu au QIT entre 2000 et 2009.
Ce que nous avons constaté
Selon les résultats, 63 % des délinquants étaient des répondants fiables (groupe 1 susmentionné), 11 % étaient conscients de leurs problèmes, mais peu fiables (groupe 2 susmentionné), 16 % avaient tendance à vouloir créer une impression favorable d'eux-mêmes et étaient peu fiables (groupe 3 susmentionné) et 10 % entretenaient des illusions sur eux-mêmes et avaient tendance à vouloir créer une impression favorable d'eux-mêmes en plus d'être peu fiables (groupe 4 susmentionné). Fait intéressant, on a déterminé que 17 % des délinquants étaient des répondants peu fiables qui n'avaient pas de problèmes de toxicomanie. On a déterminé que, globalement, 87 % des répondants fiables avaient des problèmes de toxicomanie, comparativement à 54 % des répondants peu fiables. Conformément à cette constatation, 80 % des répondants fiables chez qui on a décelé des problèmes de toxicomanie ont reconnu avoir une dépendance, comparativement à 57 % des répondants peu fiables (Tableau 1).
Ce que cela signifie
D'après les réponses obtenues à l'Échelle d'illusion sur soi-même de Paulhus, la majorité des délinquants ont fourni des réponses fiables aux évaluations du QIT (ADS, DAST et PRA), conformément aux constatations de D. Kunic et de B. A. Grant (2007). Cela semble indiquer que la plupart des délinquants ayant des problèmes de toxicomanie seront affectés à un programme de traitement approprié.
Existence de la toxicomanie | Reconnaissance de la toxicomanieNote de bas de page a | |||
---|---|---|---|---|
Profil selon l'Échelle d'illusion sur soi-même de Paulhus (n) | Non | Oui | Non | Oui |
Fiable | ||||
Conscient de la toxicomanie (6 817) | 13 % | 87 % | 20 % | 80 % |
Peu fiable | ||||
Conscient de la toxicomanie (1 150) | 48 % | 52 % | 48 % | 52 % |
Tendance à vouloir créer une impression favorable de soi-même (1 752) | 35 % | 65 % | 38 % | 62 % |
Illusion sur soi-même/ tendance à vouloir créer une impression favorable de soi-même (1 126) | 61 % | 39 % | 52 % | 48 % |
Notes de bas de page
- Note de bas de page a
-
Seulement les répondants chez qui des problèmes de toxicomanie ont été décelés ont répondu à cette question (n = 3 303).
Les délinquants considérés comme peu fiables peuvent minimiser leurs problèmes de toxicomanie, peut-être pour paraître acceptables en public et/ou parce qu'ils refusent d'admettre la réalité. Cependant, les évaluations ne sont jamais fondées que sur un seul outil, elles reposent plutôt sur de multiples sources d'information afin qu'il soit plus probable que les répondants peu fiables reçoivent un traitement de la toxicomanie approprié.
Il est recommandé que le personnel en établissement prenne en considération les renseignements relatifs aux profils de l'Échelle d'illusion sur soi-même de Paulhus lorsqu'il crée des plans de traitement. Par exemple, puisque les délinquants obtenant une note élevée à l'Échelle peuvent ne pas être conscients de leur toxicomanie, le personnel responsable des programmes devrait évaluer davantage la réceptivité au traitement et la motivation à changer de ces délinquants pour arriver à mieux déterminer leurs besoins en matière de traitement. En revanche, les délinquants qui obtiennent une note élevée à la sous-échelle gestion de l'impression pourraient tenter de dissimuler ou de minimiser leur toxicomanie. Ainsi, le personnel pourrait devoir évaluer ces délinquants sans recourir aux méthodes d'auto-évaluation, mais plutôt en se servant de témoignages d'amis ou de membres de la famille. Les délinquants qui obtiennent une note élevée aux deux sous-échelles, gestion de l'impression et illusion sur soi-même, pourraient bénéficier d'une combinaison d'interventions.
Références
Babor, T. F., Higgins-Biddle, J. C., Saunders, J. B., & Monteiro, M. G. (2001). The Alcohol Use Disorders Identification Test: Guidelines for use in primary care (2e édition). Genève : Organisation mondiale de la santé.
Boland, F. J., Henderson, K., & Baker, J. (1998). Case needs review: Substance abuse domain (R-76). Ottawa, ON : Service correctionnel du Canada.
Kunic, D., & Grant, B. A. (2007). The Computerized Assessment of Substance Abuse (CASA): Results from the demonstration project (R-173). Ottawa, ON : Service correctionnel du Canada.
Paulhus, D. L. (1998). Paulhus Deception Scales user's manual. Toronto, Ontario : Multi-Health.
Skinner, H. A. (1982). The Drug Abuse Screening Test. Addictive Behaviours, 7, 363-371.
Skinner, H. A., & Horn, J. L. (1984). Alcohol Dependence Scale (ADS): User's guide. Toronto, ON : Fondation de la recherche sur la toxicomanie.
Préparé par :
Marguerite Ternes, Sara Johnson et John Weekes
Pour un complément d'information
Centre de recherche en toxicomanie
Direction de la recherche
addictions.research@csc-scc.gc.ca
Notes de bas de page
- Note de bas de page 1
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Par exemple, le Test de détermination des troubles reliés à la consommation d'alcool (Babor et coll., 2001).
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