Profil et résultats des délinquants souffrant de TDAH (Rapport complet)
Publication
- No R-226 - Sommaire
- Novembre 2010
- Amelia Usher, Lynn Stewart, Geoff Wilton et Alard Malek
Service correctionnel du Canada
Rapport de recherche - PDF
Les auteurs tiennent à remercier Colette Cousineau pour l’aide qu’elle a apportée en ce qui concerne les données du présent rapport et Dianne Zakaria pour les conseils utiles qu’elle a prodigués tout au long de l’analyse du projet. Nous aimerions aussi remercier Jenelle Power et Brian Grant pour leurs observations judicieuses sur les versions antérieures du rapport. Nous adressons des remerciements particuliers à l’équipe du Centre régional de réception et d'évaluation (CRRE) de la région du Pacifique qui a consciencieusement recueilli les données qui ont servi de base à l’étude.
Les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH) sont des troubles neurobiologiques qui se caractérisent par la difficulté d’une personne à se concentrer et à maîtriser son hyperactivité et son impulsivité. Diagnostiqués surtout pendant l’enfance et l’adolescence, les TDAH sont de plus en plus considérés comme des troubles qui se poursuivent aussi à l’âge adulte. Les TDAH sont associés à un certain nombre de comportements négatifs, dont l’agressivité, la criminalité, la toxicomanie et un faible niveau d’instruction, et l’on estime qu’ils sont plus fréquents chez les populations judiciarisées. À l’heure actuelle, il n’y a pas de données sur le niveau de TDAH chez les délinquants sous responsabilité fédérale, et l’on suppose que des taux élevés de TDAH occasionneraient des difficultés au SCC sur le plan de la gestion du comportement des détenus et de leur réinsertion sociale. Pour étudier les rapports entre les TDAH et un certain nombre de variables liées aux résultats correctionnels, l’Échelle d'auto-évaluation des troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité de l’adulte (ASRS) a été administrée à un échantillon de détenus nouvellement admis au SCC.
Sur une période de 14 mois, 497 détenus ont rempli l’échelle ASRS au Centre régional de réception et d'évaluation (CRRE) de la région du Pacifique. Nous avons déterminé que 16,5 % répondaient aux critères cliniques des TDAH, tandis que chez 25 % de plus, ces troubles étaient modérés. Nous avons découvert un rapport important entre les TDAH et un certain nombre de variables démographiques et liées au profil. Les TDAH étaient associés à des antécédents de travail instables, à des troubles d’apprentissage, à un faible niveau d’instruction, à la toxicomanie, à des niveaux de risque et de besoin plus élevés et à d’autres problèmes de santé mentale. Nous avons aussi constaté que les TDAH permettaient de prédire l’inconduite en milieu carcéral; les détenus qui affichaient les niveaux les plus élevés de TDAH étaient 2,5 fois plus susceptibles d’être accusés de manquement à la discipline que ceux qui ne présentaient pas ces symptômes. De plus, les détenus qui enregistraient des niveaux élevés de TDAH obtenaient de piètres résultats après leur mise en liberté. Ils étaient plus susceptibles que les autres détenus d’être réincarcérés dans les six mois suivant leur libération.
La présente étude nous permet d’acquérir de nouvelles connaissances sur l’incidence des TDAH dans les populations judiciarisées. Le taux de troubles constatés dans le cadre de notre étude était beaucoup plus élevé que les taux de prévalence observés dans la population générale, mais il correspondait aux estimations d’autres administrations correctionnelles. Selon les résultats, les niveaux élevés de TDAH peuvent occasionner des difficultés au SCC sur le plan de la gestion du comportement des détenus tant en milieu carcéral et que lors de leur transition dans la collectivité. Un deuxième objectif de l’étude consistait à évaluer l’échelle ASRS comme outil de dépistage des TDAH chez les détenus. Selon les constatations, l’échelle ASRS est une brève mesure facile à administrer à l’admission pour identifier les détenus qui peuvent avoir besoin de services supplémentaires ou d’interventions adaptées en raison de ces troubles.
Table des matières
Liste des tableaux
- Tableau 1 Variables démographiques de l’échantillon de détenus du CRRE et celles des autres nouveaux détenus du SCC
- Tableau 2 Profil de l’échantillon de détenus du CRRE et celui des autres nouveaux détenus du SCC
- Tableau 3 Répartition des scores dans l’échelle ASRS (N = 497) d’après deux méthodes de cotation
- Tableau 4 Répartition des scores de l’échelle ASRS selon le statut d’Autochtone
- Tableau 5 Variables démographiques ventilées selon la cotation de l’échelle ASRS
- Tableau 6 Intercorrélations entre le score de l’échelle ASRS et les variables du profil
- Tableau 7 Proportion moyenne de programmes terminés regroupés selon le niveau de TDAH
- Tableau 8 Analyse de régression logistique des accusations d’infractions disciplinaires en fonction du niveau de TDAH
- Tableau 9 Nombre de délinquants réincarcérés pour quelque raison que ce soit
- Tableau 10 Nombre de délinquants réincarcérés par suite d’une infraction
- Tableau 11 Estimations des troubles co-occurents au moyen des résultats de l’échelle ASRS et du QIT
La gestion efficace et la réinsertion sociale des délinquants sous responsabilité fédérale constituent une priorité pour le Service correctionnel du Canada (SCC). L’évaluation exacte et la prise de mesures d’adaptation pour les détenus qui ont des besoins particuliers en raison de leurs problèmes psychologiques et d’apprentissage font partie intégrante de ce processus. On estime que les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH) sont plus fréquents chez les populations judiciarisées et sont associés à un comportement perturbateur, à l’agressivité, à la criminalité, à la toxicomanie, aux troubles de la personnalité antisociale et à d’autres troubles de la personnalité (Westmoreland et coll. [2010]; Gunter, Arndt, Riggins-Capsers, Wenman et Cadoret [2006]). Les taux élevés de TDAH chez les détenus sous responsabilité fédérale pourraient présenter des difficultés sur le plan de la gestion des comportements impulsifs et agressifs des détenus et de leur capacité réduite de participer pleinement aux programmes correctionnels et d’éducation.
Les TDAH sont des troubles neurobiologiques qui se caractérisent par la difficulté d’une personne à se concentrer et à maîtriser son hyperactivité et son impulsivité. Ils sont définis dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR) comme une tendance persistante à l’inattention et(ou) à l’hyperactivité-impulsivité qui se manifeste plus souvent et de façon plus aiguë que chez les individus d’un niveau de développement comparable (APA [2000], p. 85). Il s’agit de l’un des troubles psychiatriques diagnostiqués le plus souvent chez les enfants et les adolescents, et les symptômes continuent de se manifester à l’âge adulte chez beaucoup. Pour qu’on puisse poser un diagnostic clinique de TDAH de l’adulte, il faut que des symptômes actuels et persistants se soient manifestés pendant l’enfance (Pary et coll. [2004]; Wilens, Bierderman et Spencer [2002]). Des études récentes ont montré que même s’il doit y avoir des niveaux élevés de TDAH pour qu’un diagnostic clinique positif puisse être établi, des problèmes associés aux TDAH sont également évidents lorsque les niveaux de symptomologie sont plus bas. On peut donc en déduire que les troubles existent réellement dans un continuum, les symptômes graves se trouvant à l’extrémité supérieure du spectre (Levy, Hay, McStephen, Wood et Waldman [1997]; Lubke, Hudziak, Derks, van Bijsterveldt et Boomsa [2009]).
Même si l’on estime que les TDAH se retrouvent chez une partie importante des adultes, ce n’est que récemment qu’ils ont fait l’objet de recherches cliniques chez ce groupe (Kessler et coll. [2006]; Pary et coll. [2004]). Selon des études épidémiologiques récentes, le taux de prévalence des TDAH dans la population générale adulte varie de 2 à 5 % (Faraone, Sergeant, Gillberg et Biederman [2003]; Kessler et coll. [2006]; Rosler et coll. [2004]; Simon, Czobor, Balint, Meszaros et Bitter [2009]). Les taux sont généralement plus élevés chez les hommes que chez les femmes; on estime qu’environ 5 % de la population masculine adulte souffre des TDAH comparativement à 3 % des femmes adultes (Kessler et coll. [2006]). Il n’y a pas à l’heure actuelle de données sur la prévalence des TDAH au sein de la population de délinquants du SCC; toutefois, d’après des études sur les délinquants dans d’autres pays, les taux de TDAH s’établissent entre 17 et 40 % (Eme [2009]; Eyeston et Howell [1994]; Rassmussen, Almvik et Levander [2001]; Retz et coll. [2004]; Westmoreland et coll. [2010]).
La plus forte prévalence des TDAH chez les délinquants peut s’expliquer par un certain nombre de raisons. Un lien théorique et empirique a été établi entre une faible maîtrise de soi et le comportement criminel. Selon la théorie de Gottfredson et de Hirschi [1990], l’incapacité d’inhiber les impulsions et un faible autocontrôle général débouchent sur le comportement criminel. Des études ultérieures ont confirmé que de faibles niveaux d’autocontrôle étaient des prédicteurs de divers comportements antisociaux et criminels (Longshore [1998]; Vazsonyi, Pickering, Junger et Hessing [2001]). Selon une méta‑analyse réalisée par Pratt et Cullen [2000], un faible autocontrôle était, et cela de façon constante, l’un des corrélats les plus marqués de la criminalité, quelle que soit la méthode de mesure de l’autocontrôle. Des études mesurant spécifiquement les TDAH par rapport au comportement criminel ont produit des résultats semblables. Comme l’impulsivité et le faible niveau d’autocontrôle sont des symptômes des TDAH, il n’est pas étonnant qu’on ait établi un lien empirique avec la délinquance. Selon une méta‑analyse récente, les TDAH constituent un important facteur de risque de criminalité, et les auteurs ont conclu qu’il y a une tendance générale dans la littérature corroborant l’incidence générale des TDAH sur le comportement criminel (Pratt, Cullen, Blevins et Unnever [2002]).
L’association étroite entre les TDAH et les troubles de la personnalité antisociale a aussi fait l’objet d’études (Westmoreland et coll. [2010]; Young et coll. [2009]). Selon Collins et White [2002], des études ont montré que les taux de troubles de la personnalité antisociale étaient dix fois plus élevés chez les adultes pour lesquels les TDAH avaient été diagnostiqués pendant leur enfance que dans des groupes témoins. Une étude effectuée en Islande permis de constater que les troubles de la personnalité antisociale sont les meilleurs prédicteurs des symptômes actuels des TDAH chez des détenus (Einarsson, Sigurdsson, Gudjonsson, Newton et Bragason [2009]). De même, une étude prospective concernant 158 hommes a révélé que les sujets chez qui on avait diagnostiqué des TDAH pendant leur enfance étaient beaucoup plus susceptibles de souffrir de troubles de la personnalité antisociale à l’âge adulte (Mannuzza, Klein, Bessler, Malloy et LaPadula [1998]).
Des taux élevés de comorbidité psychiatrique ont également été relevés dans la documentation. Une étude réalisée en Allemagne auprès d’un échantillon de 70 adultes souffrant de TDAH a fait état de taux de comorbidité psychiatrique (77 %) significativement plus élevés que dans un groupe témoin. D’autres études ont confirmé ce taux élevé de comorbidité psychiatrique pendant la durée de vie (Biederman [2004]; Kessler et coll. [2006]). Des études auprès de délinquants ont également produit des résultats semblables. Ainsi, une étude concernant 319 délinquants choisis au hasard a relevé des taux de comorbidité psychiatrique plus élevés chez les délinquants souffrant de TDAH que dans un groupe témoin (Westmoreland et coll. [2010]). Les taux de comorbidité étaient les plus élevés dans le cas des troubles de l’humeur (87 %) et des troubles anxieux (68 %).
Des études ont généralement établi un lien entre les TDAH et la toxicomanie, mais il y a des constatations contradictoires. Selon Mannuzza et coll. [1998], des adultes chez qui on avait diagnostiqué des TDAH pendant leur enfance étaient plus susceptibles de souffrir de troubles liés à la consommation de substances non alcoolisées qu’un groupe témoin. De même, d’après Biederman, Wilens, Mick, Faraone et Spencer [1998], les adultes atteints de TDAH étaient deux fois plus susceptibles de souffrir de troubles liés à la consommation de substances psychoactives. Sullivan et Rudnik-Levin [2001] ont fait état du risque accru de dépendance à l’égard de la nicotine, de l’alcool et des drogues. Une étude récente menée auprès de délinquants n’a pas permis de relever de différence dans la consommation abusive de substances intoxicantes entre les délinquants atteints de TDAH et ceux qui ne l’étaient pas, même si ce résultat pourrait être attribuable au taux de prévalence généralement élevé de troubles liés à la consommation de substances intoxicantes chez les délinquants en général (Westmoreland et coll. [2010]).
Il n’y a guère de recherches sur les liens précis entre les TDAH à l’âge adulte et la récidive. Les études dans ce domaine ont surtout porté sur les jeunes délinquants et viennent généralement corroboré la conclusion selon laquelle les TDAH sont un facteur de risque de récidive chez les jeunes (Putnins [2005]). Toutefois, il y a lieu de penser que les TDAH sont un prédicteur de la récidive seulement lorsqu’il y a de trouble des conduites (Soderstrom, Sjodin, Carlstedt et Forsman [2004]). Même si peu d’études ont été réalisées auprès de délinquants adultes, il est possible que les TDAH accroissent le risque de réincarcération, en particulier s’ils s’accompagnent de troubles de la personnalité antisociale.
De plus, on ne sait pas quelle incidence les TDAH pourraient avoir sur la participation aux programmes correctionnels. Aucune étude n’a porté jusqu’à maintenant sur les relations entre les TDAH et le degré de participation ou de réussite aux programmes correctionnels. D’après la corrélation établie dans la littérature entre les TDAH et les troubles d’apprentissage ainsi que le faible niveau d’instruction (Barkley [2002]; Einat et Einat [2008]; Loe et Feldman [2007]), on peut en déduire que les délinquants atteints de TDAH sont susceptibles d’abandonner les programmes et d’avoir de moins bons résultats sur le plan des traitements en raison de leurs difficultés d’apprentissage et de maintien de l’attention. Il y a cependant des données indiquant que les individus souffrant de TDAH réagissent bien aux interventions fondées sur les principes de la thérapie cognitivo-comportementale (Safren et coll. [2004]). La majorité des programmes offerts par le SCC sont fondés sur le modèle cognitivo-comportemental.
Comme les taux de TDAH sont plus élevés chez les détenus, les TDAH pourraient présenter des difficultés pour le SCC sur le plan de la gestion et de la réadaptation des détenus. Bien qu’il ait été bien établi dans la littérature que les TDAH sont fréquents chez les populations correctionnelles, peu d’études ont porté sur l’influence des TDAH sur divers résultats correctionnels dans le cas des détenus adultes ainsi que leurs répercussions sur la gestion des établissements. Les détenus aux prises avec des TDAH peuvent avoir plus de difficulté à s’adapter aux contraintes de l’incarcération, à respecter les règles de l’établissement et à gérer leurs relations avec les autres détenus (Pratt et coll. [2002]). Selon une étude récente sur des délinquants incarcérés au R.‑U., les TDAH ont un effet significatif sur le nombre total d’incidents critiques et sur la gravité des incidents qui se produisent dans une prison de l’Écosse (Young et coll. [2009]).
La présente étude examine les relations entre les TDAH et un certain nombre de résultats correctionnels, dont l’inconduite en milieu carcéral, le rendement dans les programmes correctionnels et la réincarcération des délinquants adultes. La documentation examinée jusqu’à maintenant nous amène à formuler l’hypothèse que les détenus qui ont de forts symptômes de TDAH auront de moins bons résultats au niveau de leur participation aux programmes et de leur comportement en établissement ainsi que dans la collectivité lorsqu’ils seront remis en liberté. Il y a aussi lieu de penser que des symptômes élevés de TDAH pourraient être associés à certaines caractéristiques du profil comme l’âge (plus jeune), le niveau d’instruction (plus faible), les antécédents de travail (instables), la toxicomanie et la maladie mentale. De plus, nous présentons, dans notre rapport, les résultats de l’Échelle d'auto-évaluation des troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité de l’adulte (ASRS) comme outil de dépistage des TDAH chez les détenus. Le taux de prévalence, le profil démographique et les résultats sont présentés d’après le niveau de confirmation des symptômes des TDAH. Nous y incluons également une analyse des scores recommandés de cet instrument.
La présente étude visait à créer un profil des détenus souffrant de TDAH et à examiner l’incidence que ces troubles pourraient avoir sur leur comportement en milieu carcéral, sur leur participation aux programmes et sur leur succès après leur mise en liberté. Comme nous l’avions supposé, les résultats indiquent qu’il existe une corrélation significative entre les TDAH et un certain nombre de variables et de résultats importants ayant trait aux services correctionnels.
En ce qui concerne la prévalence, 16,5 % des membres de l’échantillon ont obtenu des scores dans l’échelle ASRS qui correspondaient aux critères cliniques des TDAH. Ce taux est beaucoup plus élevé que les taux observés dans la population adulte générale. La littérature sur la prévalence des TDAH chez les adultes incarcérés n’est pas uniforme, car on y trouve une gamme étendue de taux de prévalence, peut-être en raison des divers instruments et scores de démarcation utilisés pour mesurer la présence des troubles. Le taux constaté dans la présente étude est conforme aux estimations à l’extrémité inférieure de ce spectre (Eme [2009]; Retz et coll. [2007]). Néanmoins, il en résulte que de 1 à 6 détenus sous responsabilité fédérale environ présentent un grand nombre de symptômes de TDAH. Cela a des répercussions sur la gestion de ces détenus et leurs perspectives de succès après leur mise en liberté.
Selon le profil des détenus qui ont des niveaux élevés de symptômes de TDAH, ces détenus étaient plus susceptibles d’avoir un niveau d’instruction plus faible, des antécédents de travail plus instables et des troubles d’apprentissage plus grands que les détenus manifestant peu de symptômes de TDAH ou pas du tout. Les associations étaient ténues, mais la tendance était persistante, ce qui donne à penser que les TDAH contribuent, probablement avec d’autres facteurs, aux problèmes qui ont une incidence sur la réinsertion sociale.
L’examen des relations entre le niveau de TDAH et les infractions commises a révélé que les détenus dont les niveaux de TDAH étaient élevés étaient plus susceptibles d’être incarcérés pour vol qualifié que ceux qui ne souffraient pas de TDAH. Étant donné la nature impulsive de la plupart des vols qualifiés, ce résultat n’est pas surprenant. Les détenus ayant des niveaux élevés de TDAH étaient moins susceptibles d’être reconnus coupables d’infractions liées à la drogue. Cela tient peut-être au fait que les infractions en matière de drogue qui font l’objet d’une peine de ressort fédéral comprennent le trafic et l’exportation, infractions qui exigent un certain degré de planification. De plus, les détenus à hauts niveaux de TDAH étaient plus susceptibles d’éprouver des problèmes de toxicomanie et d’autres problèmes de santé mentale, ce qui est conforme à la littérature qui fait état d’une relation entre les TDAH et la toxicomanie ainsi que la comorbidité psychiatrique.
Comme nous l’avions supposé, les TDAH étaient associés à une probabilité accrue d’accusation d'infraction disciplinaire pendant l’incarcération, les détenus qui affichaient le niveau de TDAH le plus élevé étant 2,5 fois plus susceptibles de faire l’objet d’une accusation d'infraction disciplinaire. Même des niveaux modérés de TDAH étaient des prédicteurs significatifs. Cela signifie que la gestion du comportement est plus difficile dans le cas des détenus qui sont très impulsifs et inattentifs. Fait intéressant, ces traits de comportement n’étaient pas associés à une probabilité accrue de placement en isolement. Ces résultats donnent à penser que le personnel correctionnel peut s’attendre à une hausse possible des problèmes de gestion du comportement chez ces détenus.
Contrairement aux prévisions, les TDAH n’avaient pas d’incidence importante sur l’achèvement des programmes. Les détenus ayant des niveaux élevés de TDAH avaient autant de chances que les autres détenus de terminer avec succès leurs programmes correctionnels. Cette constatation est quelque peu contraire à notre intuition première, car nous avons constaté que ces mêmes détenus avaient des niveaux d’instruction plus bas et présentaient un risque plus élevé de troubles d’apprentissage. Le fait qu’ils réussissaient aussi bien que ceux qui ne souffraient pas de TDAH à poursuivre les programmes peut s’expliquer par les mesures d’adaptation déjà mises en place par de nombreux intervenants de programme du SCC. En fait, les TDAH ont été reconnus par le SCC comme un besoin spécial en ce qui concerne les programmes. À cette fin, les intervenants reçoivent des renseignements sur les mesures d’adaptation recommandées pour les détenus qui peuvent manifester des symptômes semblables à ceux des TDAH dans le Portail sur la réceptivité, un guide de ressources en ligne contenant des liens avec des sources de renseignements plus approfondis. Il est possible que même si aucun dépistage officiel des TDAH n’a encore eu lieu, les intervenants de programme offrent déjà des mesures d’adaptation appropriées aux détenus qui ont besoin d’un soutien supplémentaire.
Une autre constatation importante était l’incidence des TDAH sur la réincarcération. Six mois après leur mise en liberté, les délinquants ayant des niveaux élevés de TDAH avaient été réincarcérés en plus grand nombre que ceux qui avaient des niveaux plus faibles de TDAH. Cet écart est demeuré significatif un an après la mise en liberté. Cela signifie que les délinquants souffrant de TDAH sont susceptibles d’être réincarcérés et cela, plus rapidement que ceux qui ne sont pas atteints de TDAH, ce qui a été confirmé par l’analyse de survie. Étant donné que le taux de réincarcération des délinquants souffrant de TDAH est plus élevé que celui des délinquants qui n’en sont pas atteints, il serait avantageux pour le SCC de pouvoir considérer les TDAH comme un facteur de risque accru de réincarcération. Le dépistage des détenus plus susceptibles de récidiver en raison de problèmes d’impulsivité et d’inattention peut permettre aux agents de libération conditionnelle, aux éducateurs correctionnels, aux instructeurs d’atelier et aux agents de programme de faciliter le processus de réinsertion sociale grâce à des stratégies d’encadrement ciblées. Il a été montré que ces stratégies sont efficaces pour atténuer les effets les plus importants des TDAH (Solanto, Marks, Mitchell, Wasserstein et Kofman [2008]). Ces interventions portent sur la maîtrise de soi, la résolution de problèmes, l’établissement d’objectifs et le discours intérieur guidé, qui figurent tous dans les programmes correctionnels actuels du SCC et qui peuvent être incorporés dans les séances individuelles de counseling ou d’éducation.
Un deuxième objectif de l’étude consistait à déterminer l’utilité du dépistage des TDAH au moment de l’admission au SCC et à voir si l’échelle ASRS serait un instrument approprié pour ce dépistage. Selon les résultats de l’étude, les TDAH ont une incidence sur le succès de la mise en liberté et ont des répercussions sur la gestion des détenus en milieu carcéral. Bien que le rapport entre les TDAH et la délinquance et le crime ne soit pas élevé, le fait de savoir que certains détenus souffrent de ces troubles est un élément d’information supplémentaire pour le SCC à qui est dévolue la tâche complexe de gérer les cas des détenus sous sa responsabilité. Même si les détenus souffrant de niveaux élevés de TDAH réussissaient aussi bien à terminer les programmes que ceux qui avaient peu de symptômes ou pas du tout, l’étude n’a pas permis d’évaluer les progrès réels des détenus en traitement ou leurs résultats par suite de leur participation aux programmes. Nous savons que ceux qui avaient des niveaux élevés de TDAH avaient à leur dossier plus d’inconduites en établissement et étaient plus susceptibles d’être réincarcérés après leur mise en liberté. Cela donne à penser que même si les intervenants de programme peuvent actuellement répondre aux besoins des détenus qui ont des problèmes d’impulsivité et d’attention, c’est-à-dire les amener à ne pas abandonner les programmes plus que les autres détenus, les résultats obtenus par ces détenus demeurent inférieurs à ceux qui ne souffrent pas de TDAH. Selon les données, il vaudrait la peine de dépister ces troubles afin d’offrir des services d’adaptation appropriés à ceux qui ont besoin d’un soutien supplémentaire, en particulier ceux qui peuvent souffrir de TDAH combinés à d’autres problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. Si des renseignements sur le niveau des symptômes de TDAH des détenus pouvaient être fournis aux intervenants de programme, aux éducateurs et aux membres des équipes de gestion des cas au moyen des rapports du SIDTMEI, un plan correctionnel et des stratégies d’intervention plus ciblés pourraient être établis. Selon les lignes directrices actuelles sur l’utilisation des données du SIDTMEI, les résultats de celui‑ci devraient figurer dans les rapports des psychologues et être accessibles à ceux qui travaillent avec les détenus selon le principe du « besoin de savoir »Note de bas de page 1.
L’échelle ASRS est une mesure brève et facile à administrer qui a été utilisée dans des études internationales des TDAH. Il faudrait effectuer d’autres études pour en valider l’utilité dans le cas des détenus du SCC (y compris les femmes). Toutefois, comme il s’agit d’un outil de dépistage, elle pourrait enrichir la batterie du Système informatisé de dépistage des troubles mentaux à l'évaluation initiale (SIDTMEI). La facilité de son utilisation rend l’échelle ASRS utile à cette fin, d’autant plus qu’elle peut être utilisée dans sa version intégrale ou sa version réduite (6 éléments). D’après les résultats de l’étude actuelle, il y a une forte corrélation entre la version intégrale et la version réduite. De plus, les résultats de nos analyses n’ont pas varié lorsque nous avons utilisé la version réduite plutôt que la version intégrale (voir l’annexe A). Selon la situation, il pourrait être avantageux d’utiliser la version réduite si la période d’administration constitue une préoccupation.
D’un point de vue opérationnel, ces résultats indiquent que les détenus ayant des niveaux élevés de symptômes de TDAH constituent un défi en ce qui concerne leur gestion dans les établissements et leur succès après leur mise en liberté. D’un point de vue pratique, il serait avantageux d’examiner les symptômes de l’impulsivité et de l’inattention, qui sont les caractéristiques de ces troubles, afin d’aider ces détenus à s’adapter au milieu carcéral et à effectuer une transition plus réussie dans la collectivité. À l’heure actuelle, les programmes correctionnels au SCC s’appuient sur un modèle de traitement qui permet de tenir compte des symptômes de TDAH. Même s’il n’y a aucune intervention particulière pour les TDAH, le Portail sur la réceptivité conçu dans le cadre des programmes de réinsertion sociale contient une description des stratégies d’intervention fondées sur l’expérience clinique à utiliser dans le cas des individus souffrant de TDAH.
En ce qui concerne la mesure des TDAH, l’échelle ASRS est une méthode rapide qui s’est révélée être une mesure valide des troubles et qui pourrait facilement être incorporée dans le système de dépistage des troubles mentaux à l’évaluation initiale déjà en place (c.‑à‑d. SIDTMEI). Au moyen des rapports du SIDTMEI, les résultats du dépistage des TDAH pourraient être transmis à l’équipe de gestion des cas, aux professionnels de la santé mentale et aux intervenants qui travaillent avec les détenus qui sont en mesure de fournir le soutien spécialisé nécessaire.
Selon des estimations préliminaires des taux de co‑occurrence des TDAH et de la toxicomanie, il y a un lien étroit entre ces deux phénomènes, ce qui vient confirmer les constatations des recherches sur les taux élevés de comorbidité avec divers diagnostics psychiatriques. Des études futures devraient porter sur la mesure dans laquelle la co-occurrence des problèmes de toxicomanie et de santé mentale pourrait nuire à la réadaptation des détenus souffrant de TDAH, et permettre de trouver des façons d’aider ces détenus et d’atténuer l’incidence de ces troubles.
Enfin, il faut souligner que la situation des détenus atteints de symptômes importants de TDAH n’est pas entièrement négative. Même si les taux élevés de TDAH, en particulier lorsqu’ils sont combinés à un trouble des conduites et à la toxicomanie, peuvent accroître la possibilité de divers résultats négatifs, beaucoup d’adultes qui manifestent les symptômes des TDAH fonctionnent bien, sont créatifs et mènent une vie prosociale et productive (Adler [2004]; Rad, Constantinescu, Nicolae et Dobrescu [2008]). Il y a aussi certaines indications selon lesquelles les TDAH peuvent servir de facteur de protection pour certains adultes. D’après Ohan et Johnston [2002], des individus souffrant de TDAH sont susceptibles d’avoir une haute estime de soi, ce qui crée une impression positive dans les situations sociales. Ces individus ont également tendance à être trop optimistes lorsqu’ils estiment leur rendement dans les projets futurs, ce qui est un facteur lié à la persistance et à la résilience (Diener et Milich [1997]).
Les individus qui fonctionnent bien malgré leurs symptômes de TDAH ont découvert des stratégies ou reçoivent l’aide dont ils ont besoin pour canaliser leur niveau élevé d’énergie et concentrer leur attention. Il s’agit des genres de stratégies qui pourraient faire partie d’interventions qui aident à atténuer les effets des TDAH chez les détenus.
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Annexe A : Résultats des analyses effectuées au moyen de la version réduite à 6 éléments de l’échelle ASRS
Cotation de l’échelle ASRS (fourchette des scores) | Répartition % (n) |
---|---|
Aucun (0) | 33,4 (166) |
Faible (1) | 21,1 (105) |
Modéré (2-3) | 27,6 (137) |
Élevé (4-6) | 17,9 (89) |
Cotation de l’échelle ASRS | Non-Autochtone (N = 391) % (n) | Autochtone (N = 103) % (n) |
---|---|---|
Aucun | 34,3 (134) | 30,1 (31) |
Faible | 21,0 (82) | 21,4 (22) |
Modéré | 27,6 (108) | 28,2 (29) |
Élevé | 17,1 (67) | 20,4 (21) |
Variables démographiques | Cotation de l’échelle ASRS | |||
---|---|---|---|---|
Aucun N = 166 | Faible N = 105 | Modéré N = 137 | Élevé N = 89 | |
Âge moyen (en années) | 34,76 | 35,36 | 34,90 | 33,04 |
Durée de la peine moyenne¹ (en années) | 3,34 | 3,58 | 3,22 | 3,29 |
État matrimonial (%(n)) | ||||
Célibataire, séparé ou divorcé | 53,6 (89) | 50,5 (53) | 56,9 (78) | 65,2 (58) |
Marié ou en union libre | 44,6 (74) | 45,7 (48) | 40,1 (55) | 32,6 (29) |
Infraction à l’origine de la peine en cours (%(n)) | ||||
Homicide | 6,0 (10) | 10,5 (11) | 8,8 (12) | 3,4 (3) |
Infraction sexuelle | 10,2 (17) | 4,8 (5) | 5,1 (7) | 5,6 (5) |
Vol qualifié | 14,5 (24) | 19,0 (20) | 23,4 (32) | 31,5 (28) |
Voies de fait | 10,8 (18) | 12,4 (13) | 12,4 (17) | 12,4 (11) |
Infraction en matière de drogue | 27,1 (45) | 18,1 (19) | 15,3 (21) | 5,6 (5) |
Autre crime non violent | 30,7 (51) | 32,4 (34) | 34,3 (47) | 41,6 (37) |
¹Nota : Les peines d’une durée indéterminée ne figuraient pas dans cette analyse.
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1. Score de l’échelle ASRS | -- | ,15** | ,16** | −,17** | ,12* | ,11* | ,29** | ,09 | ,15** | −,25** | ,44** |
2. Antécédents professionnels instablesa | -- | ,20** | −,17** | ,06 | ,08 | ,34** | ,35** | ,43** | −,54** | ,13** | |
3. Troubles d’apprentissageb | -- | −,36** | ,08 | ,09 | ,08 | ,10* | ,21** | −,12* | ,12* | ||
4. Niveau d’instructionc | -- | −,16** | −,18** | −,12* | −,24** | −,28** | ,24** | −,07 | |||
5. Problèmes reliés à l’alcool | -- | ,75** | ,23** | ,11* | ,18** | ,01 | ,20** | ||||
6. Consommation d’alcool | -- | ,18** | ,10* | ,15** | ,04 | ,20** | |||||
7. Abus de drogues | -- | ,26** | ,35** | −,42** | ,18** | ||||||
8. Risque | -- | ,65** | −,52** | ,12* | |||||||
9. Besoin | -- | −,54** | ,15** | ||||||||
10. Groupe de l’Échelle d’ISR | -- | −,11* | |||||||||
11. Problèmes de santé mentaled | -- |
Nota : *p < ,05, **p < ,01.
ªMesurés par un indicateur du domaine des besoins en matière d’emploi. bÉvalués d’après la présence d’un indicateur de troubles d’apprentissage dans le dossier du détenu. cÉvalué d’après le niveau d’instruction à l’admission. dD’après les scores dans le SIDTMEI ≥ T65.
Cotation de l’échelle ASRS | ||||
---|---|---|---|---|
Aucun N¹ = 109 | Faible N = 80 | Modéré N = 99 | Élevé N = 76 | |
Proportion de programmes terminés avec succès | 82,1 % | 79,0 % | 82,0 % | 76,2 % |
Proportion de cas « a participé à toutes les séances » | 2,3 % | 6,3 % | 2,0 % | 3,3 % |
Proportion totale de programmes terminés | 84,6 % | 85,2 % | 84,1 % | 79,5 % |
¹Nota : N a trait au nombre de délinquants qui étaient inscrits à un programme.
Variable | F | dl | p |
---|---|---|---|
Proportion de programmes terminés avec succès | 0,54 | 3 | ,65 |
Proportion de cas « a participé à toutes les séances » | 1,22 | 3 | ,30 |
Proportion totale de programmes terminés | 0,51 | 3 | ,68 |
Intervalles de confiance de 95 % | |||||
---|---|---|---|---|---|
Variables | B | Wald χ2 | R. C. | Inférieur | Supérieur |
Période d’incarcération | 0,70 | 27,70** | 2,02 | 1,55 | 2,62 |
Cote de l’échelle ASRS Aucun c. faible | -0,01 | 0,00 | 1,00 | 0,60 | 1,67 |
Cote de l’échelle ASRS Aucun c. modéré | 0,67 | 7,07** | 1,95 | 1,19 | 3,19 |
Cote de l’échelle ASRS Aucun c. élevé | 1,05 | 11,5** | 2,85 | 1,56 | 5,23 |
Nota : *p < 0,05 **p < 0,01
Cotation de l’échelle ASRS | ||||
---|---|---|---|---|
Aucun % (n) | Faible % (n) | Modéré % (n) | Élevé % (n) | |
Réincarcération dans les 3 mois | N¹ = 159 3,8 (6) | N = 100 2,0 (2) | N = 133 6,8 (9) | N = 83 7,2 (6) |
Réincarcération dans les 6 mois | N = 157 19,2 (27) | N = 95 18,9 (18) | N = 129 25,6 (33) | N = 79 34,2 (27) |
Réincarcération dans les 12 mois | N = 141 31,9 (45) | N = 84 38,1 (32) | N = 115 33,9 (39) | N = 71 49,3 (35) |
¹ Nota : N désigne le nombre de détenus qui ont été mis en liberté au moins 3 mois, 6 mois et 1 an (respectivement) avant la date d’extraction des données.
Variable | χ² | dl | p |
---|---|---|---|
Réincarcération dans les 3 mois | 2,65 | 3 | ,45 |
Réincarcération dans les 6 mois | 13,05 | 3 | < ,01 |
Réincarcération dans les 12 mois | 6,69 | 3 | ,08 |
Cotation de l’échelle ASRS | ||||
---|---|---|---|---|
Aucun % (n) | Faible % (n) | Modéré % (n) | Élevé % (n) | |
Réincarcération dans les 3 mois | N¹ = 159 0 (0) | N = 100 0 (0) | N = 133 1,5 (2) | N = 83 4,8 (4) |
Réincarcération dans les 6 mois | N = 157 4,5 (7) | N = 95 7,4 (7) | N = 129 2,3 (3) | N = 79 12,7 (10) |
Réincarcération dans les 12 mois | N = 141 10,6 (15) | N = 84 15,5 (13) | N = 115 5,2 (6) | N = 71 16,9 (12) |
¹Nota : N désigne le nombre de détenus qui ont été mis en liberté au moins 3 mois, 6 mois et 1 an (respectivement) avant la date d’extraction des données.
Variable | χ² | dl | p |
---|---|---|---|
Réincarcération dans les 3 mois | 4,23 | 3 | ,24 |
Réincarcération dans les 6 mois | 8,22 | 3 | < ,05 |
Réincarcération dans les 12 mois | 6,16 | 3 | ,19 |
Figure A1. Proportion de délinquants demeurant dans la collectivité selon la cotation de l’échelle ASRS
description de Figure A1 :
Ce graphique linéaire simple présente des renseignements identiques à ceux de la figure 1, mais les cotes de l'échelle ASRS sont celles de la version réduite à 6 éléments plutôt que celles de la version intégrale à 18 éléments. Le groupe « aucun » affiche le taux de survie le plus élevé, la proportion approximative étant de 0,59 pour les délinquants qui demeurent dans la collectivité deux ans après leur mise en liberté. Ce groupe est suivi du groupe « modéré » (0,51), du groupe « faible » (0,45) et du groupe « élevé » (0,42).

Notes de bas de page
- Note de bas de page 1
-
Système informatisé de dépistage des troubles mentaux à l'évaluation initiale, Lignes directrices nationales, Direction de la santé mentale (non daté).