Plan d’action de la gestion

Recommandations du comité d’enquête (CE) et mesures prises par le SCC

Ce qui suit est le plan d’action du Service correctionnel du Canada (SCC) en réponse au Comité d’enquête nationale conjointe sur la mise en liberté et la surveillance d’un délinquant en semi-liberté accusé d’un incident grave survenu à Sainte-Foy, au Québec, en janvier 2020.

Le CE a formulé cinq recommandations. Le SCC accepte les cinq recommandations dans leur intégralité, et y donne suite.

Collecte et communication de renseignements :

Recommandation du CE :

Le CE recommande au SCC de réviser la Directive du commissaire 705-2, Collecte de renseignements, afin de : a) définir en quoi consiste une infraction grave, b) préciser les documents requis, y compris les transcriptions des procès comme documents sources pour les délinquants purgeant une sentence ayant des antécédents d’infractions accompagnées de violence tel qu’indiqué sous l’annexe I de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (LSCMLC), et c) assurer un mécanisme de suivi de la collecte de renseignements tout au long de la sentence.

Contexte :

Conformément aux exigences prévues par la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (LSCMLC, article 23), le SCC dispose d’une politique sur la collecte de renseignements, laquelle décrit tous les documents pertinents au cas d’une personne qu’il doit obtenir. Ces renseignements permettent d’orienter la gestion du cas du délinquant tout au long de sa peine.

Pour mettre la situation en contexte, à la suite de l’admission du délinquant dans un établissement fédéral en décembre 2006, le CE a noté que le SCC avait demandé et obtenu des documents du juge et du procureur de la Couronne, le rapport de police et le casier judiciaire décrivant de façon détaillée les antécédents d’infractions criminelles du délinquant. Cependant, des renseignements concernant une infraction grave commise antérieurement étaient manquants. Le CE a conclu que le SCC aurait dû prendre les mesures appropriées et nécessaires pour obtenir ces renseignements. Le CE a également recommandé que le SCC définisse ce qui constitue une « infraction grave » et précise les documents pertinents à obtenir concernant ces infractions dans sa politique sur la collecte de renseignements.

Le CE a conclu que la communication et l’échange de renseignements entre l’établissement de départ, le Bureau de libération conditionnelle de Québec, le Centre résidentiel communautaire (CRC) Maison Painchaud, la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) et les services de police étaient adéquats en ce qui a trait à la mise en liberté du délinquant dans la collectivité.

Mesures prises par le SCC :

Surveillance dans la collectivité :

Recommandation du CE :

Le CE recommande au SCC de réviser la Directive du commissaire 715-1, Surveillance dans la collectivité, afin d’y ajouter un mécanisme de contrôle de la qualité des contacts avec le réseau de tiers.

Le CE recommande au SCC de développer un instrument de conférences de cas comprenant des indicateurs minimaux à respecter.

Contexte :

La surveillance dans la collectivité comporte de nombreux éléments, la sécurité publique étant le critère prépondérant dans toutes les décisions prises. Le niveau de surveillance dépend du risque que présente le délinquant et de ses besoins. À titre de contexte, les objectifs de la surveillance dans la collectivité sont les suivants :

Comme c'est la pratique pour tout délinquant dont la mise en liberté sous condition est approuvée par la CLCC, une période complète de planification prélibératoire est entreprise avant que le délinquant ne soit libéré dans la collectivité. Le SCC travaille avec ses partenaires afin de mettre en place un plan de surveillance dans la collectivité qui fait état des mesures requises pour la réinsertion des délinquants dans la collectivité. La gestion du cas d’un délinquant débute au moment où sa peine est déterminée et se poursuit tout au long de son incarcération et de sa mise en liberté dans la collectivité.

La surveillance dans la collectivité comporte plusieurs éléments, dont la préparation du cas, l’identification des tiers et la liaison avec ces derniers, ainsi que la tenue de conférences de cas.

Le CE a conclu que la préparation du cas ayant mené à la mise en liberté du délinquant était structurée et fondée sur une progression d’interventions correctionnelles cohérentes et opportunes, selon les facteurs contributifs et les besoins du délinquant. La préparation du cas était conforme aux politiques et satisfaisait aux critères selon les principes généraux d’une réinsertion graduelle dans la collectivité.

Les tiers sont des personnes dans la collectivité telles que des membres de la famille, un employeur ou des ressources communautaires qui connaissent le délinquant. Ces personnes sont identifiées par l’agent de libération conditionnelle et peuvent confirmer les renseignements concernant le délinquant, comme ses activités et son comportement dans la collectivité.

Le CE a constaté des lacunes importantes en ce qui a trait aux suivis effectués par l’équipe de gestion de cas auprès des tiers pour corroborer les renseignements fournis par le délinquant. À cette fin, le CE recommande que le SCC élabore des outils et des mécanismes pour veiller à ce que des contacts soient établis avec le réseau de tiers du délinquant tout au long de sa période de surveillance afin de mieux évaluer le risque qu’il présente et de s’assurer qu’il respecte les conditions spéciales et automatiques auxquelles il est soumis.

Les conférences de cas consistent en des réunions de l’équipe de gestion de cas, qui comprend au moins la personne chargée d’assurer la surveillance du délinquant et un responsable des agents de libération conditionnelle. Elles servent à cerner les facteurs de risque liés à la surveillance du délinquant et à en discuter, puis à les réévaluer de façon continue. À l’heure actuelle, la politique du SCC sur la surveillance dans la collectivité précise que des conférences de cas doivent être tenues régulièrement pour discuter des plans de libération ou d’un changement apporté au plan de libération; réévaluer le risque que présente le délinquant et examiner ses progrès; et discuter des interventions nécessaires, telles que des aiguillages vers des programmes. Dans ce cas, le CE a conclu que la politique du SCC n’indique pas clairement les éléments précis qui doivent faire l’objet d’une discussion lors des conférences de cas et qui indiqueraient qu’il pourrait y avoir lieu d’intervenir ou de gérer le risque différemment.

De plus, le CE a indiqué que le fait que le délinquant fréquentait un salon de massage pour fins sexuelles était un facteur de risque contributif de l’incident étant donné les antécédents de violence conjugale du délinquant. Les intervenants de gestion de cas doivent s’assurer en tout temps que les stratégies de surveillance sont judicieuses, appropriées et conformes aux politiques et aux lois et qu’elles contribuent à assurer la sécurité publique. Le SCC n’approuve pas que les délinquants aient recours à des services sexuels. Ce n’est tout simplement pas quelque chose que le SCC appuie dans le cadre de la surveillance des délinquants.

Mesures prises par le SCC :

Recommandation du CE :

Le CE recommande que la composante de surveillance directe prévue par l’entente contractuelle soit retirée au CRC Maison Painchaud et remise au SCC, et que le SCC révise les modèles de services avec tous les autres CRC présentement responsables de la surveillance directe des délinquants.

Contexte :

Le SCC a un modèle de surveillance directe en place depuis plus de 40 ans au Québec, dans le cadre duquel les partenaires de la collectivité jouent un rôle actif dans la surveillance et la réhabilitation des délinquants en vertu d’un contrat. Le SCC apprécie le travail qu’accomplissent ses partenaires dans la collectivité et les CRC.

Les établissements résidentiels communautaires (ERC) sont des maisons de transition. Ces établissements permettent aux délinquants de faire la transition entre l’établissement correctionnel et la collectivité. Ils offrent un environnement structuré, un logement et du soutien aux délinquants afin de favoriser leur transition réussie dans la collectivité. Ils fonctionnent dans le cadre d’une mise en liberté graduelle et sous surveillance. De nombreux ERC offrent des programmes aux résidents, entre autres des programmes de préparation à la vie active, des programmes relatifs à la toxicomanie ou à l’emploi ainsi que des services de counseling. Les délinquants vivant dans les CRC font habituellement l’objet d’une semi-liberté, d’une libération d’office assortie d’une assignation à résidence ou sont assujettis à une ordonnance de surveillance de longue durée assortie d’une assignation à résidence.

Bien que des CRC accueillent des délinquants partout au Canada, le Québec est la seule région du SCC où les CRC assument la surveillance directe des délinquants.

Au Québec, les CRC offrent des logements aux délinquants et un petit nombre d’entre eux assurent la surveillance directe d’environ 155 délinquants (parmi les 2 000 délinquants au Québec). C’était le cas du CRC Maison Painchaud, qui était responsable d’assurer la surveillance directe et d’héberger le délinquant condamné dans cette affaire alors qu’il était en libération conditionnelle.

Le CE a conclu que le modèle de surveillance directe en place au Québec a entraîné des lacunes dans la gestion de ce cas. Malgré l’entente contractuelle officielle conclue entre le CRC Maison Painchaud et le SCC, il y avait confusion quant aux rôles, aux responsabilités, aux attentes et aux autorités, ce qui a influé sur la qualité de la surveillance dans la collectivité.

Mesures prises par le SCC :

Lorsque cet incident est survenu au début de 2020, le SCC a pris des mesures à l’égard de la supervision des CRC. Le SCC a examiné et clarifié les responsabilités et les tâches attribuées aux intervenants cliniques des CRC. Des postes de responsable des agents de libération conditionnelle ont été ajoutés dans les bureaux sectoriels du SCC afin d’assurer un meilleur contrôle de la qualité et une supervision accrue des stratégies de surveillance des cas sous surveillance directe. On a également ordonné aux directeurs de secteur de vérifier un certain nombre de stratégies communautaires chaque mois pour s’assurer qu’elles sont judicieuses et appuyer les employés dans le cadre de la gestion des délinquants dans la collectivité.

 

Formation

Recommandation du CE :

Le CE recommande au SCC qu’une formation axée sur la violence conjugale soit intégrée dans le cadre de la Formation initiale des agents de libération conditionnelle (FIALC) ainsi qu’offerte pendant le Perfectionnement continu des agents de libération conditionnelle (PCALC).

Contexte :

Avant d’entrer en fonction, les agents de libération conditionnelle suivent une formation rigoureuse en deux phases, qui représente au total 170,5 heures. Ils doivent également être titulaires d’un diplôme de premier cycle d’une université ou d’un collège reconnu dans un domaine axé sur la compréhension et l’évaluation du comportement humain.

La formation est divisée en deux phases différentes :

Mesures prises par le SCC :

Reddition de comptes, responsabilisation et transparence

La sécurité publique est notre responsabilité. Elle doit guider toutes les décisions que nous prenons relativement à la surveillance des délinquants sous responsabilité fédérale dans la collectivité. Le SCC est une grande organisation qui gère plus de 12 600 détenus en établissement et environ 9 400 délinquants sous surveillance dans la collectivité.

Il est extrêmement rare qu’un délinquant en semi-liberté commette une infraction avec violence. Nos employés et partenaires dans la collectivité sont dévoués et travaillent jour et nuit pour faire en sorte que cela demeure ainsi, mais lorsqu’une terrible tragédie comme celle-ci survient, nous devons mettre tout en œuvre pour en tirer des leçons et éviter qu’un tel incident ne se reproduise.

Ce comité d’enquête indépendant a joué un rôle important en vue d’examiner les diverses composantes de ce cas d’un point de vue administratif, conformément aux principes relatifs à la reddition de comptes, à la responsabilisation et à la transparence.

Le SCC est résolu à travailler en étroite collaboration avec ses employés, ses partenaires de la collectivité et les syndicats afin de donner suite à toutes les recommandations telles qu’elles lui ont été présentées. Cela donnera lieu à d’importants changements dans la façon dont nous surveillons les délinquants et réalisons notre mandat, qui consiste à assurer la sécurité des collectivités.

Détails de la page

Date de modification :