Chapitre 1 - Les liaisons dangereuses : al-Qaïda et l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) concluront-ils une alliance formidable?

On croyait al-Qaïda définitivement affaiblie il y a quelques années, mais elle s’est révélée extrêmement résiliente, et sa ramification, l’EIIL, est devenue une menace plus grande encore. Se pourrait-il que ces deux groupes finissent par s’unir? Bien qu’ils semblent incompatibles, leurs objectifs fondamentaux et leurs stratégies sont semblables : ils appellent tous les deux tous les musulmans à soutenir leurs frères et ils ne voient ni l’un ni l’autre de possibilité de compromis avec les États libéraux de l’Occident. Ce qui les divise, c’est l’utilisation qu’ils font de la violence, la priorité qu’ils accordent à l’heure actuelle à l’attaque contre l’ennemi lointain et le moment à choisir pour proclamer un califat. Il existe de nombreux obstacles à l’établissement de liens plus étroits, mais les trajectoires des organisations terroristes se sont révélées imprévisibles. Aucun des deux camps n’a complètement rejeté la possibilité d’une collaboration future. Les dangers inhérents à une alliance sont tellement graves qu’il nous faut en étudier les conséquences de deuxième et de troisième ordres.

Vous êtes de pauvres types, des faillis. Votre rôle est terminé. Allez donc là où est votre place, dans les poubelles de l’histoireNote de bas de page 1!

C’est ainsi qu’en 1917 Léon Trotsky a relégué les mencheviks à l’insignifiance éternelle — un sort dont ils ne se sont jamais remis. Nombreux sont ceux qui auraient soutenu il y a à peine cinq ans que la chute d’al-Qaïda était tout aussi imminente. Son fondateur et chef était décédé, ses principaux lieutenants avaient été éliminés les uns après les autresNote de bas de page 2, et les événements porteurs de changements du printemps arabe cette même année semblaient renforcer encore ce processus. Les manifestations populaires semblaient avoir réussi là où les terroristes avaient manifestement échoué. La soif de démocratie et de réforme économique l’avait donc emporté sur le terrorisme et le sectarisme — et al-Qaïda était la grande perdanteNote de bas de page 3. Tout le mouvement se trouvait, pour reprendre les termes d’une analyse contemporaine du Département d’État américain, « sur la voie d’un déclin qu’il lui sera difficile d’inverserNote de bas de page 4. » Comme l’a affirmé John O. Brennan, qui était à l’époque vice‑conseiller à la sécurité nationale et conseiller du président pour la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, lors d’une allocution devant un important groupe de réflexion de Washington, D.C., en avril 2012, « pour la première fois depuis le début de ce combat, nous pouvons envisager un monde dans lequel le cœur d’al-Qaïda n’aura plus d’importanceNote de bas de page 5. » Moins d’un mois plus tard, le jour du premier anniversaire de la mort de Ben Laden, le président des États‑Unis Barack Obama lui-même a fièrement proclamé « le but que j’ai fixé — de vaincre al-Qaïda et de l’empêcher de se reconstituer — est désormais à notre portéeNote de bas de page 6. »

La situation semble totalement différente aujourd’hui! Dans son évaluation annuelle de la menace à l’échelle mondiale du début de février 2016, le directeur du Renseignement national (DNI) des États-Unis, James R. Clapper, a brossé un tableau singulièrement sombre et mélancolique d’une al-Qaïda qui connaît depuis peu un nouvel essor aux côtés d’un État islamique en Irak et au Levant (EIIL) aux ambitieuses visées expansionnistes. Al-Qaïda et les groupes qui y sont affiliés, a déclaré M. Clapper au Comité des forces armées du Sénat des États-Unis, « se sont révélés résilients et sont bien placés pour faire des gains en 2016 [...] Ils continueront de représenter une menace pour les intérêts locaux, régionaux et peut-être même mondiaux ». Cependant, la montée d’un mouvement plus sanguinaire et radical était plus alarmante encore. « L’État islamique en Irak et au Levant », a expliqué le DNI, « est devenu la principale menace terroriste à cause de son califat autoproclamé en Syrie et en Irak, de ses branches en place et en puissance dans d’autres pays et de sa capacité croissante d’ordonner et d’inspirer des attentats contre un large éventail de cibles partout dans le mondeNote de bas de page 7. »

On dit souvent qu’une semaine est une longue période en politique. Si tel est le cas, cinq ans doivent sembler une éternité en terrorisme mondial. Il suffit de voir la tournure déprimante des événements décrite par le lieutenant-général Clapper (à la retraite). Étant donné la fixation constante sur la menace que représente l’EIIL, il est facile d’oublier qu’il y a moins de deux ans il n’existait pas encore d’« État islamique » dirigé par ce groupe et que le soi-disant califat d’Abou Bakr al‑Baghdadi n’était que de folles chimères. Les frontières établies dans le cadre de l’accord Sykes-Picot semblaient effectivement indélébiles et le président Obama comme le vice-président Biden déclaraient à qui voulait l’entendre que la stabilisation de la démocratie en Irak et le retrait concomitant des forces militaires américaines étaient la preuve que la guerre menée par les États-Unis en Irak était terminéeNote de bas de page 8.

Compte tenu de cet enchaînement d’événements incroyables en une aussi courte période, est-il vraiment inimaginable qu’al-Qaïda et l’EIIL puissent s’unir — ou à tout le moins établir une quelconque forme d’alliance ou de coopération tactique — d’ici 2021? Un tel rapprochement, bien qu’improbable à court terme, déboucherait sans aucun doute sur une monumentale organisation terroriste combinée — et un accroissement catastrophique de la menace mondiale. Une menace qui, selon un analyste américain du renseignement particulièrement bien informé que l’auteur a interrogé sur une telle possibilité, « serait un désastre absolu et sans précédent pour le gouvernementNote de bas de page 9 et ses alliésNote de bas de page 10. »

Fondements d’une possible alliance formidable

Nous semblons souvent souffrir d’amnésie collective en matière de terrorisme et de politiques de lutte contre le terrorisme. Récemment encore, on s’accordait à penser à l’intérieur du proverbial « petit monde » de Washington que la rupture sanglante entre al‑Qaïda et l’EIIL les rongerait, les neutraliserait et finirait par les détruire tous les deux. Pourtant, comme le déplorait le DNI, nous devons maintenant affronter deux redoutables mouvements terroristes mondiaux, ainsi que leurs métastases de plus en plus diffuses et dont le territoire géographique s’étend.

Comme les idées reçues sur al-Qaïda sont rarement justes de toute façon, il n’est pas étonnant que cet espoir se soit aussi révélé illusoire. En fait, en cette époque où les menaces terroristes s’intensifient et se multiplient, l’arrogance sans borne dont nous avons fait preuve à maintes reprises, mais toujours autant à tort, en criant victoire dans la guerre contre le terrorisme nous oblige maintenant au moins à examiner les raisons pour lesquelles une hypothèse aussi perturbante n’est pas aussi farfelue que certains voudraient le croire.

La plausibilité d’une telle alliance s’appuie sur au moins quatre arguments :

  • premièrement, les similitudes idéologiques entre al-Qaïda et l’EIIL sont plus importantes que leurs différences;
  • deuxièmement, les différences qui existent effectivement entre eux tiennent davantage à un affrontement titanesque d’égos, mais aussi de tons et de styles, qu’à une divergence de réalités profondes et de convictions fondamentales;
  • troisièmement, al-Qaïda et l’EIIL emploient tous les deux la même stratégie fondée sur une idéologie commune — quoiqu’appliquée plus fidèlement et plus brutalement par l’EIIL;
  • quatrièmement, des gestes de rapprochement sont régulièrement détectés dans le comportement et le discours des deux partiesNote de bas de page 11.

Symétrie idéologique

Fondamentalement, al-Qaïda et l’EIIL adhèrent tous les deux aux principes énoncés pour la première fois il y a trente ans par Abdullah Azzam, qui a élevé au rang d’obligation pour les musulmans où qu’ils soient de se porter à la défense de leurs frères partout où ils sont menacés et mis en danger. Dans l’esprit d’Azzam — comme dans ceux de Ben Laden, de Zawahiri et de Baghdadi — une guerre offensive et prédatrice est menée contre l’islam par ses ennemis. Ces derniers sont définis globalement comme les infidèles et les incroyants, notamment les démocraties libérales occidentales; les apostats locaux corrompus et répressifs, soutenus par l’Occident; ainsi que les chiites et les membres d’autres minorités musulmanes. Dans cet inévitable choc des civilisations, il incombe à tous les musulmans de se porter à la défense de l’oumma (la communauté musulmane mondiale)Note de bas de page 12. La nécessité du djihad mondial pour défaire ces ennemis fait partie intégrante de l’idéologie et de la mentalité d’al-Qaïda et de l’EIIL.

En outre, les deux mouvements partagent le point de vue selon lequel les régimes étatiques libéraux de l’Occident sont défavorables à l’instauration de la charia, ou loi islamique. Ainsi, l’EIIL invective régulièrement la démocratie qu’il qualifie d’« idéologie pernicieuseNote de bas de page 13 », ce qui correspond tout à fait à l’opinion de longue date d’al-Qaïda sur ce système politique. Comme al-Qaïda, l’EIIL fulmine contre la mainmise de l’Occident sur les ressources naturelles les plus précieuses des musulmans — leurs champs de pétrole et de gaz naturel — et contre la mise en place et le soutien par l’ordre établi de régimes apostats locaux dociles et corrompus qui facilitent la persistance de l’exploitation et de l’expropriation.

Comme al-Qaïda l’a fait il y a quelques années, l’EIIL cherche à faire intervenir militairement les pays occidentaux sur les terres des musulmans afin de saisir de nouvelles occasions d’affaiblir les économies et d’épuiser la puissance militaire. « Si vous vous battez contre nous », affirmait une proclamation de l’EIIL de 2014, « nous devenons plus forts et plus durs. Si vous nous laissez tranquilles, nous croissons et nous nous étendonsNote de bas de page 14. » L’EIIL, cependant, se comporte généralement comme s’il était une « al-Qaïda gonflée aux stéroïdes » : surtout dans son sectarisme implacable et son mépris total des chiites et de diverses minorités musulmanes, mais aussi dans son asservissement des femmes ou encore dans ses tortures et ses exécutions sadiques de prisonniers et d’otages.

Inimitié personnelle

Il est vrai que, malgré la symétrie de leurs idéologies et leurs ennemis communs, la profonde inimitié personnelle et la rivalité féroce entre Baghdadi et Zawahiri constituent le plus important obstacle à la réconciliation. Il est absolument évident qu’ils se détestent. Leur conflit semble cependant être fondé davantage sur des questions de choix du moment et de façons de procéder que sur de quelconques différences de fond. En un mot, Zawahiri soutient encore qu’il faut éliminer l’« ennemi lointain » et affranchir complètement les terres des musulmans des influences occidentales et autres influences locales corrompues avant de pouvoir instaurer le califat. De son côté, Baghdadi, comme l’ont démontré les événements de juin 2014, ne voyait aucune raison d’attendre cette éventualité et a plutôt décidé de passer immédiatement à l’offensive et d’attaquer l’ennemi proche, tant en Syrie qu’en Irak, tout en ne perdant pas de temps pour se déclarer calife.

Leurs styles respectifs diffèrent également. Baghdadi a institué un culte de la personnalité autour de lui, à un degré que l’on n’a pas réellement vu au sein d’al-Qaïda, et se livre avec délices à l’assassinat et au démembrement : il fait donc davantage penser au Pol Pot des Khmers rouges ou au Velupillai Prabhakaran des Tigres tamouls qu’à Azzam, à Ben Laden ou à Zawahiri. La mégalomanie de Baghdadi est facilitée par ses prétentions d’être issu d’une lignée qui remonte jusqu’au Prophète lui-même. Mais cette revendication complique la recherche d’un successeur crédible. Par conséquent, l’élimination de Baghdadi à la suite d’un raid aérien américain ou d’une quelconque autre opération militaire couronnée de succès pourrait semer le désarroi chez les dirigeants de l’EIIL et fournir à al-Qaïda une occasion idéale de réaliser une réunification de gré ou de force. D’ailleurs, le décès de Baghdadi ou de Zawahiri ouvrirait probablement la voie à un rapprochement, qu’il s’agisse d’une réunification consensuelle ou d’une prise de contrôle hostileNote de bas de page 15. La tentative de coup d’État perpétrée à Raqqa en décembre 2014 par des membres de l’EIIL favorables à al‑Qaïda donne toutefois à penser qu’il est plus probable qu’al-Qaïda absorbe l’EIIL que l’inverse. Quoi qu’il en soit, il en résulterait une force terroriste combinée dont l’ampleur fait froid dans le dos.

Même stratégie

Étant donné les grandes similitudes idéologiques entre l’EIIL et al-Qaïda, il n’est pas étonnant que leurs stratégies soient semblables — à tel point que l’EIIL semble s’être arrogé la stratégie adoptée par al-Qaïda depuis dix ans. En fait, c’est la fidélité de Baghdadi à cette même stratégie qui, comme il est exposé ci-après, expliquerait sans doute son empressement à proclamer la résurrection du califat et l’instauration de l’« État islamique » en juin 2014.

(…) l’élimination de Baghdadi (…) pourrait semer le désarroi chez les dirigeants de l’EIIL et fournir à al-Qaïda une occasion idéale de réaliser une réunification de gré ou de force (…)

Manifestement, l’EIIL réfléchit et agit stratégiquement, comme en témoigne son adoption évidente de la stratégie pour accéder à la victoire en sept étapes formulée par le chef opérationnel d’al-Qaïda, Saïf al‑Adel, en 2005. À l’heure actuelle, l’EIIL en est à la cinquième étapeNote de bas de page 16 de sa trajectoire, ce qui apporte un tout autre éclairage à la proclamation précipitée du califat par BaghdadiNote de bas de page 17. Il est troublant d’analyser en détail cette trajectoire stratégique qui va de 2005 à nos jours et de se rendre compte que, du point de vue de l’EIIL, le mouvement a respecté son échéancier en proclamant le califat en juin 2014.

De même, les éléments apocalyptiques de la septième et dernière étape — celle où le califat est censé triompher du reste du monde — sont très évidents dans la stratégie et l’idéologie de l’EIIL. Sa vision comporte inéluctablement un ultime affrontement épique entre l’islam et les infidèles qui, d’après les prophéties, doit se produire à Dabiq, en Syrie. C’est d’ailleurs le nom que le groupe a choisi de donner à son magazine en ligne. Tel que mentionné précédemment, à l’instar d’al-Qaïda, l’EIIL se considère, avec ses combattants, comme le défenseur de l’oumma sunnite contre une multitude de prédateurs agressifs, dont les Irakiens apostats, les chiites libanais, l’Iran, les États-Unis et le reste de l’Occident. À elle seule, cette vision garantit que les objectifs de l’EIIL ne sont pas exclusivement locaux, comme on le soutient fréquemment, mais bien d’envergure mondiale, comme ceux d’al-Qaïda, étant donné l’inévitabilité de cet affrontement imminent.

Efforts de réunification de part et d'autre

L'EIIL prétend être le représentant le plus efficace et l'incarnation la plus fidèle de la vision et des objectifs fondamentaux de Ben Laden et affirme qu'al-Qaïda, sous la direction de Zawahiri, s'est écartée de sa mission historique et des ambitions grandioses qu'elle a déjà été sur le point de réaliser. À cet égard, il n'est donc pas étonnant que la propagande de l'EIIL soit extrêmement révérencieuse envers Ben Laden et profondément respectueuse envers al Qaïda (mais pas Zawahiri) : elle parle de façon positive de ses soldats, de ses émirs et de ses cheiks et continue de glorifier les réalisations de Ben Laden.

Pour sa part, Zawahiri fait très attention dans ses déclarations publiques d'évoquer la possibilité d'une réconciliation. Le communiqué de septembre 2015 du chef d'al-Qaïda en témoigne explicitement :

Par la présente, je confirme clairement et sans équivoque qu'en cas de combat entre les croisés, les Séfévides et les laïcs, et un groupe de musulmans et de moudjahidines, y compris le groupe d'Abou Bakr al-Baghdadi et ceux qui sont avec lui, alors notre seul choix est de nous tenir avec les moudjahidines musulmans, même s'ils sont injustes envers nous et nous calomnient, s'ils ont rompu le pacte, s'ils ont volé à l'oumma et aux moudjahidines leur droit d'être consultés et de choisir leur calife et s'ils se sont soustraits au règlement des conflits conformément à la charia Note de bas de page 18.

Les sérieuses tentatives qui ont déjà été faites pour trouver un quelconque modus vivendi montrent bien que ces ouvertures ne sont pas que de belles paroles. Ainsi, au moins trois fois au cours de la deuxième moitié de 2014, les éléments nécessaires à l'établissement d'une forme d'alliance ou de coopération tactique ont presque été réunis : la tentative de rapprochement de septembre, peu après le véritable début des frappes aériennes des États Unis et de la coalition contre l'EIIL, les efforts semblables déployés en novembre après que Baghdadi se fut retrouvé incapable d'exercer ses fonctions à la suite d'un bombardement américainNote de bas de page 19, et le coup d'État raté susmentionné à Raqqa en décembre par des membres de l'EIIL partisans d'al-QaïdaNote de bas de page 20.

Conclusion

Depuis presque 15 ans, al-Qaïda et le réseau terroriste djihadiste salafiste qu’elle a engendré résistent à nos efforts pour amener cette lutte à un quelconque type de conclusion logique. Sa longévité est autant due à nos maladresses et à nos mauvaises lectures de la menace qu’à l’énorme capacité de changement, d’adaptation et de régénération de nos adversaires. Nous avons maintenant affaire à un ennemi qui a transcendé les tactiques terroristes et dispose de capacités militaires conventionnelles crédibles dans les cas de l’EIIL et du Front al‑Nosra en Syrie ainsi que d’al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) au Yémen, ce qui montre bien que la menace n’en est devenue que plus variée, diffuse et complexe — et, tout simplement, que la difficulté à la contrer croît de façon exponentielle.

La campagne de lutte contre le terrorisme menée sous la direction des États-Unis dure maintenant depuis plus longtemps que la participation militaire directe des États-Unis en Indochine il y a 50 ans. On affirme avec insistance depuis 2011 environ qu’al-Qaïda est à deux doigts de la défaite stratégique, ce qui est maintenant plus que le temps qu’il a fallu aux alliés occidentaux pour défaire l’Allemagne nazie et le Japon impérial. Il est difficile d’imaginer une pire constellation de menaces terroristes que celle que représentent à l’heure actuelle l’EIIL et al-Qaïda, ainsi que leurs collaborateurs, associés, franchises et provinces disparates. Des opérations terroristes le moindrement coordonnées ou, pire encore, l’adoption d’un modus vivendi plus officiel, seraient terriblement lourdes de conséquences pour la sécurité internationale.

Cette possibilité n’est pas moins plausible qu’un mouvement djihadiste salafiste qui exerce aujourd’hui sa souveraineté sur de vastes (mais heureusement non adjacentes) portions de territoire et de nombreuses populations, du nord au sud de l’Afrique. Elle n’est pas moins plausible non plus qu’un mouvement qui a jusqu’ici résisté aux plus implacables attaques dirigées contre un ennemi terroriste par l’armée la plus sophistiquée sur les plans de la technologie et de la doctrine de toute l’histoire de l’humanité. Le simple fait que de nouvelles tragédies, comme les attentats de novembre 2015 à Paris et ceux de mars 2016 à Bruxelles, ont jusqu’ici toujours anéanti les espoirs de triomphe dans cet affrontement suffit pour justifier une étude sérieuse tant des conséquences que des effets de deuxième et de troisième ordres d’une éventuelle alliance entre l’EIIL et al-Qaïda.

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