Chapitre 10 - Évaluation du potentiel des projets d'investissement de l'Iran dans les secteurs pétrolier, gazier et autres

La mise en œuvre de l’accord nucléaire ou Plan d’action global commun (PAGC) a permis à l’Iran de réintégrer plusieurs importants marchés mondiaux, grâce notamment aux exportations de pétrole brut, et de récupérer certains de ses actifs à l’étranger qui avaient été gelés. Toutefois, les autorités iraniennes et certains partenaires commerciaux se sont inquiétés du fait que l’accord n’avait, jusqu’à maintenant, porté que peu de fruits. Le présent document examine les secteurs dans lesquels l’Iran est susceptible d’attirer l’investissement étranger et ceux dans lesquels il pourrait jouer un rôle important. Il aborde aussi certains des points forts qui pourraient lui permettre de tirer parti des possibilités que lui offre le PAGC ainsi que des faiblesses qui risquent de l’en empêcher.

 Facteurs déterminants

Le secteur de l’énergie (pétrole et gaz et secteurs connexes tels que les produits pétrochimiques) constituera probablement la source de recettes en devises étrangères la plus facile pour l’Iran. Toutefois, d’autres secteurs tels que la fabrication joueront également un rôle dans les perspectives d’investissement. Si le gouvernement d’Iran arrive à adopter certaines des réformes mentionnées plus loin, l’économie a de bonnes chances de croître de 3 à 4 pour 100 au cours du présent exercice et de 4 à 5 pour 100 au cours des prochaines années.

Évaluons d’abord certains des points forts et des faiblesses qui, à court et à moyen terme, influeront sur la capacité de l’Iran de profiter du PAGC sur le plan économique et d’attirer l’investissement. Nous examinerons ensuite des secteurs précis.

L’Iran a plusieurs sources de résilience

  • Faible dette. La dette publique et l’endettement intérieur total de l’Iran sont inférieurs à ceux des autres pays exportateurs de pétrole et même de nombreux autres marchés émergents et frontaliers. Par ailleurs, la dette extérieure des entités iraniennes est très faible. Bien qu’elle soit attribuable en grande partie aux restrictions sur la capacité d’emprunt de l’Iran découlant des sanctions, cette situation réduit néanmoins le risque d’une correction soudaine.
  • Situation budgétaire plus résiliente. Les sanctions économiques ont obligé l’Iran à effectuer certains ajustements budgétaires plus rapidement que ses pairs parmi les pays exportateurs de pétrole, qui ne font qu’entamer le processus (p. ex. réduction des subventions intérieures pour les carburants et les denrées alimentaires, augmentation de la production intérieure de carburants destinés à la vente au détail et baisse au chapitre des habitudes de dépenses).
  • Amélioration des politiques macroéconomiques. L’Iran a déjà apporté des modifications à ses politiques budgétaires et monétaires en fonction de la baisse des prix du pétrole. Par exemple, il a permis à sa devise de s’adapter à ces prix plus bas, ce que bon nombre de ses pairs, dont l’Équateur, le Nigéria et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), ont évité de faire et ils ont donc été contraints d’écouler leurs réserves. L’Iran ne s’est toutefois pas complètement adapté. Même si les prix du pétrole se maintenaient en deçà ou autour de 50 dollars américains le baril, une dépréciation monétaire plus importante et des compressions budgétaires modestes seraient à prévoir. L’Iran abaisserait aussi probablement ses taux d’intérêt, réduisant ainsi les coûts d’emprunt dans le pays.
  • Amélioration de la qualité des représentants officiels et du processus d’élaboration des politiques. La qualité de la bureaucratie s’améliore à mesure que les bénéficiaires de nominations partisanes sont remplacés par des technocrates, notamment dans certains des ministères les plus importants comme le ministère du Pétrole, la Banque centrale et le ministère des Finances. Il y a encore toutefois beaucoup de bénéficiaires de nominations politiques. Il reste donc à voir si ces ministres technocrates arriveront à faire adopter des réformes impopulaires étant donné la ténacité de ceux qui défendent des intérêts particuliers et ne sont pas ouverts à la libéralisation des institutions politiques ou économiques.
  • L’excédent fondamental de pétrole s’estompe progressivement sur le marché mondial. Une série de récentes pénuries a freiné la croissance de l’offre de pétrole, ce qui a permis à l’Iran de réintégrer le marché mondial du pétrole sans avoir à subir d’autres importantes baisses des prix. Même si les marchés pétroliers risquent de demeurer excédentaires pendant la majeure partie de 2016, surtout si certaines de ces pénuries temporaires s’estompent, le marché devrait se resserrer en 2017, ce qui devrait contribuer à une nouvelle reprise des prix du pétrole.

Des problèmes structurels freinent l’investissement et la croissance en Iran

  • De nombreux obstacles au commerce. L’Iran se classe toujours dans le quintile inférieur sur le plan de la compétitivité mondiale et dans l’enquête Doing Business de la Banque mondiale. Il demeure particulièrement difficile pour les entreprises d’avoir accès à du crédit sans garantie. De plus, la propriété intellectuelle est mal protégée et l’environnement réglementaire est généralement peu favorable. Même si le processus de réglementation officiel pour les nouvelles entreprises qui démarrent est semblable et même supérieur en moyenne à celui des autres pays de la région, dans la pratique, les problèmes persistants au chapitre de la primauté du droit et de la corruption créent des obstacles. Cette situation est particulièrement difficile pour les petites entreprises, qui ont tendance à avoir du mal à attirer des fonds de démarrage. Ces facteurs font augmenter le risque de crédit en Iran.
  • Incertitude au sujet des risques de responsabilité associés aux sanctions. De nombreuses entreprises étrangères craignent d’enfreindre les sanctions qui restent, particulièrement dans le secteur financier. Des amendes importantes risquent de neutraliser tout avantage découlant de l’investissement en Iran. Il s’agit certes de préoccupations fondées, mais il est aussi possible que, dans certains cas, les investisseurs, inquiets des problèmes plus sérieux qui pèsent sur l’environnement des affaires, tels qu’ils ont été énoncés ci‑dessus, se servent de leurs craintes relatives aux sanctions comme excuse pour ne pas investir en Iran.
  • Les banques iraniennes sont incapables de soutenir l’économie réelle, notamment les petites entreprises. Même en faisant abstraction de l’incertitude entourant la mise en œuvre des sanctions et leur maintien dans des domaines non nucléaires, il demeure que les banques iraniennes sont vulnérables, puisqu’elles font l’objet de sanctions importantes de la part d’organismes mondiaux de lutte contre le blanchiment d’argent et que leurs bilans sont alourdis par des actifs peu rentables. Les banques surendettées, les opérations de prêt entre apparentés, le nombre important de prêts improductifs et la faible qualité des données sur les emprunteurs sont autant de facteurs qui s’ajoutent au risque de crédit. Le gouvernement d’Iran est bien conscient de ces problèmes et prend des mesures pour les régler. Toutefois, ils expliquent peut‑être pourquoi les banques mondiales hésitent à investir et pourquoi le gouvernement d’Iran devra recapitaliser ses banques afin de soutenir la croissance économique. En 2010 déjà, le Fonds monétaire international (FMI) estimait que jusqu’à 20 pour 100 des actifs des banques iraniennes étaient peu rentables, et ce, en raison en grande partie des prêts accordés à des fins politiques sous le régime d’Ahmadinejad et des pertes découlant de la crise de 2008 à 2010 provoquée par la chute des prix du pétrole et le resserrement des sanctions. Étant donné les pressions financières intérieures, ces chiffres sont probablement beaucoup plus élevés aujourd’hui. De 2012 à 2015, des intervenants gouvernementaux ont contracté d’importants emprunts auprès des banques (dont bon nombre appartenaient à l’État) au détriment du secteur privé, et les projets auxquels ces fonds étaient destinés ont sans doute été peu rentables.
  • Intérêts en place (Gardiens de la Révolution islamique [GRI] et autres). La prédominance des organismes liés au gouvernement accentue l’incertitude des investisseurs et des ressortissants étrangers qui mènent des activités en Iran. En plus des questions d’ordre politique susmentionnées, plusieurs groupes industriels influents accaparent la majeure partie de la production dans des secteurs clés (celui de l’automobile, par exemple).
  • Concurrence mondiale accrue. Étant donné la plus faible demande sur les marchés internationaux et la baisse structurelle de la demande de pétrole, l’Iran se trouve à revenir sur la scène dans un contexte mondial beaucoup plus compétitif qu’au milieu des années 2000 ou que pendant la période de 2010 à 2012, lorsque des pays comme la Chine faisaient augmenter rapidement la demande. Même si l’Iran compte une main‑d’œuvre importante et relativement peu coûteuse (selon les normes de l’Asie de l’Ouest, du Moyen‑Orient et de l’Europe) ainsi que des ressources naturelles abordables sur la courbe des coûts mondiaux, la concurrence sur les marchés de capitaux s’est intensifiée. Les entreprises locales ont subi les conséquences de l’importation de produits bon marché de l’étranger (surtout de la Chine, mais aussi d’ailleurs en Asie) et du manque d’accès aux capitaux des banques, facteurs qui risquent de nuire à leur compétitivité.
  • Inégalités importantes et absence de cohésion sociale. Les inégalités entre les régions et les classes sont relativement importantes en Iran, et les politiques gouvernementales n’ont fait que les exacerber. L’Iran fait piètre figure sur l’échelle de la privation perçue, qui mesure la différence entre la qualité des soins de santé, de l’éducation et des services connexes déterminée selon une norme internationale et la façon dont la qualité de ces services est perçue par les habitants des différents pays. Les pays où l’écart est important (par exemple, l’Argentine) ont tendance à être plus vulnérables aux changements de politiques étant donné les difficultés qu’ont leurs gouvernements à les faire appliquer. Bien que ce degré élevé de privation perçue se fonde peut‑être sur des données historiques, il menace le tissu social de l’Iran et donne à penser que le pays pourrait être plus vulnérable à des crises.
  • Faibles avoirs en devises étrangères et peu de marge de manœuvre pour adopter des programmes de relance. Bien que sa dette soit faible et qu’il compte encore des actifs étrangers nets (120 milliards de dollars américains en réserves étrangères), l’Iran enregistre quand même un déficit assez important (5 pour 100 du PIB en 2016). Par ailleurs, il a donné en garantie une bonne partie de ses avoirs en devises étrangères pour financer les importations.

Tendances sectorielles

La prochaine partie du document porte sur les perspectives dans d’importants secteurs de l’économie iranienne et sur les problèmes particuliers auxquels ils font face. Même si le secteur de l’énergie, notamment du pétrole, est susceptible d’attirer le plus d’intérêt et de permettre à l’Iran de réaliser les plus importantes transactions, le gouvernement considère d’autres éléments du complexe énergétique plus prioritaires, et les services et la fabrication seront sans doute les principales sources de création d’emplois et de développement économique en Iran.

Secteur de l’énergie

Avec plus de 100 milliards de barils en réserves mesurées de pétrole brut — chiffre qui pourrait bien augmenter lorsque les entreprises étrangères amorceront les travaux d’exploration — et 29,6 mille milliards de mètres cubes de gaz naturelNote de bas de page 22, le secteur de l’énergie sera toujours l’un des principaux éléments qui attirent les investisseurs étrangers en Iran.

  • Pétrole. Si les exportations de pétrole de l’Iran ont augmenté rapidement, environ 500 000 barils supplémentaires par jour ayant été enregistrés au cours du premier semestre de 2016, cette progression est attribuable en grande partie à la baisse des stocks mondiaux qui s’étaient accumulés jusque‑là. Cela dit, les exportations de pétrole pourraient raisonnablement atteindre les niveaux de 2012 d’ici la fin de 2016. Elles devraient atteindre 3,6 millions de barils par jour quelque temps en 2017. Toutefois, la nouvelle production ne sera possible qu’une fois que les contrats auront été signés et que les grandes sociétés pétrolières amorceront les travaux d’exploration. Ce processus a été plus lent que ce que bon nombre des représentants officiels de l’Iran avaient souhaité. Plusieurs facteurs expliquent cette lenteur. Premièrement, les grandes pétrolières attendent toujours que l’Iran leur présente un « modèle d’accord‑cadre », ce qui donne à penser que la mise en œuvre et la rentabilité suscitent beaucoup d’incertitude. Deuxièmement, la législation iranienne impose des restrictions sur la conclusion d’accords de partage de la production comme ceux en vigueur dans d’autres pays. Alors que d’autres producteurs (dont l’Irak ou les États du Golfe) ont eu peu de mal à signer des ententes de services, les détails d’éventuelles ententes du genre demeurent obscurs en Iran. Troisièmement, la politique intérieure a nui à l’investissement. Les acteurs locaux hésitent toujours à signer des ententes qui limiteront la capacité de l’Iran à tirer parti des exportations de pétrole, et le Parlement doit approuver les transactions individuelles. Ensemble, ces questions pourraient retarder pendant un certain temps la signature d’un contrat et, par conséquent, toute augmentation du volume des exportations de pétrole.
  • Gaz naturel. Dans le secteur du gaz naturel, l’exploration et les activités connexes progressent beaucoup plus rapidement que dans le secteur pétrolier et représentent peut‑être une priorité plus importante pour les décideurs iraniens. L’Iran se transforme progressivement en exportateur net de gaz naturel. Pendant bien des années, il a veillé à maintenir un équilibre délicat entre les exportations de gaz naturel et les importations : il exportait du gaz naturel à la Turquie et importait d’autres articles de consommation du Turkménistan et de l’Azerbaïdjan. Le gaz naturel n’était pas visé par le régime de sanctions pécuniaires directes en grande partie parce qu’un tel régime aurait eu une incidence disproportionnée sur un seul pays, la Turquie, soit le principal acheteur. Même si l’ambition d’atteindre les niveaux de production passés peut paraître très optimiste dans le contexte actuel, vu surtout que bon nombre d’éventuels acheteurs comme l’Irak, Oman et le Pakistan risquent d’avoir du mal à payer les prix mondiaux, une augmentation rapide des volumes de gaz naturel est quand même à prévoir. Cette hausse ne se traduira pas immédiatement en exportations, compte tenu des besoins au pays, mais elle améliorera la balance des paiements de l’Iran à compter de 2018 et contribuera à terme à fournir une source d’alimentation en électricité de remplacement en Iran. Les sociétés énergétiques internationales sont moins actives dans ce secteur.
  • Produits pétrochimiques. L’Iran a intensifié de façon marquée sa capacité de raffinage depuis 2010 lorsqu’il a augmenté les coûts des carburants au pays afin de limiter les importations. Même si la qualité de ces produits demeure faible, l’Iran a commencé à les exporter dans la région. S’il arrive à attirer l’investissement étranger, la qualité de ces produits risque d’augmenter, ce qui contribuerait à une amélioration de la qualité de vie. L’industrie des produits pétrochimiques crée de plus en plus d’emplois et constitue une source d’exportation de plus en plus importante. Il s’agit d’un secteur très prioritaire pour les dirigeants iraniens, en partie parce qu’il fait appel à plus de main‑d’œuvre et fait augmenter la valeur des exportations. Toutefois, l’Iran risque de s’attirer le mécontentement d’une industrie mondiale où l’offre est excédentaire – l’Arabie saoudite et la Chine ainsi que les États‑Unis figurent parmi les pays qui ont intensifié leur production et augmenté leurs exportations.

Secteur manufacturier et industries connexes

Historiquement, l’Iran avait une économie beaucoup plus diversifiée que d’autres pays de la région et comptait sur une industrie manufacturière assez importante. Cette industrie rebondit de façon marquée et crée de plus en plus d’emplois en Iran. Le secteur de l’automobile en est un bon exemple. L’Iran a une industrie de fabrication d’automobiles prêtes à monter assez importante. Les principales pièces sont importées d’Europe et assemblées en Iran. Ces automobiles sont ensuite vendues sur le marché intérieur et, dans la mesure du possible, dans d’autres pays du Moyen‑Orient et d’Asie centrale. Les entreprises européennes comme Renault sont d’importants acteurs dans ce marché, et d’autres fabricants pourraient suivre leurs traces. À cet égard, l’Iran pourrait se poser en important rival à la Turquie, qui a du mal à attirer de nouveaux investissements directs étrangers. Bien qu’en Turquie, la main‑d’œuvre soit, en règle générale, de meilleure qualité et que sa population ait un revenu disponible beaucoup plus élevé, les salaires y sont aussi plus élevés et les fluctuations de la devise ne sont pas négligeables. À moyen terme, si l’Iran règle certains des problèmes susmentionnés liés à l’environnement des affaires et aux banques, il pourrait devenir un réel compétiteur.

Services

La majeure partie de la main‑d’œuvre du secteur privé de l’Iran travaille dans les domaines des services, de la construction, de l’immobilier, et de plus en plus, des finances. Ces secteurs sont en passe de prendre de l’expansion pourvu que certaines des restrictions imposées à l’investissement soient levées et que la qualité de l’infrastructure de la technologie de l’information (TI) s’améliore. L’Iran affiche toujours un rendement relativement médiocre dans le domaine de l’innovation et de la technologie, malgré le niveau de scolarité élevé des Iraniens. Cette situation est peut-être attribuable à l’écart entre les exigences des universités et de l’industrie ainsi qu’à l’accès sporadique à l’internet. La qualité de l’infrastructure et de la technologie s’améliore dans l’ensemble et, depuis 2012, devance les améliorations apportées dans la plupart des autres pays de la région. Le gouvernement cherche avant tout à faire progresser le secteur des services financiers et à accroître la capacité d’absorption des marchés de capitaux locaux. Il y voit un moyen de réunir des capitaux, même si ses efforts simultanés en vue d’accroître la capacité d’absorption des marchés locaux risquent de faire augmenter la volatilité des actifs locaux.

Quels pays seront gagnants?

À l’heure actuelle, l’Europe et l’Asie constituent les principaux partenaires commerciaux de l’Iran, avec l’Allemagne, la France, la Chine, les Émirats arabes unis (EAU) et la Turquie en tête de liste. Les sanctions sévères qui lui ont été imposées de 2011 à 2015 ont obligé l’Iran à compter davantage sur la Chine comme acheteur de ses produits et comme fournisseur de produits manufacturés, de biens d’équipement et de matières de base. La Chine a ainsi supplanté effectivement d’autres producteurs et même des fournisseurs iraniens. Certains des pays qui ont continué d’acheter du pétrole à l’Iran pendant cette période — le Japon, la Corée du Sud, l’Inde, la Turquie, la Chine et Taïwan — seront bien placés pour accroître leurs échanges commerciaux. En fait, ce sont surtout les pays asiatiques qui ont profité au départ de la reprise de la production de pétrole brut iranien et de produits connexes. L’Allemagne et les EAU, quant à eux, se trouvent en tête du classement des pays exportateurs vers l’Iran, les EAU servant d’intermédiaires pour la réexportation de produits en provenance de pays qui ne veulent pas entretenir des relations commerciales directes avec l’Iran. Tous ces pays ont trouvé des moyens de faire assurer leurs marchandises destinées à l’Iran grâce en grande partie à la création de sociétés d’assurance financées par l’État.

Ces tendances semblent être en train de changer étant donné que certains des partenaires commerciaux traditionnels de l’Iran en Europe et en Asie reprennent leurs activités commerciales avec l’Iran et évaluent les débouchés dans des secteurs clés. Les grandes sociétés pétrolières prennent toujours une autoassurance sur bon nombre de leurs investissements, alors que les entreprises qui œuvrent dans d’autres secteurs sont peut‑être moins disposées à le faire.

Secteurs à surveiller pour évaluer la capacité du pays à attirer les investissements et à soutenir la croissance

  • Dynamique politique en Iran et, notamment, soutien accordé aux politiques du président Rohani au sein du Majlis et du Conseil des experts. Il reste peu de temps avant la prochaine élection présidentielle pour établir une vaste coalition favorisant un raffermissement de la croissance économique. Le rôle des GRI est tout aussi important. Reste à savoir si leurs intérêts cadrent avec ceux des investisseurs étrangers. Il y aura lieu de suivre de près les déclarations publiques relatives au budget.
  • Progrès au chapitre des contrats pétroliers ou du développement sectoriel connexe. Étant donné les sensibilités politiques susmentionnées, il faudra surveiller de près l’évolution de ces tendances.
  • Progrès au chapitre de la recapitalisation des banques ou d’autres réformes. Les autorités iraniennes ont un choix : tenter de recapitaliser les banques locales (peut‑être avec l’aide du FMI ou de partenaires étrangers, ce qui nécessiterait des réformes) ou espérer maintenir leur situation financière fragile (pour éviter d’avoir à apporter des réformes et empêcher ces banques de soutenir des acteurs iraniens).
  • Politique budgétaire à la lumière d’une hausse du prix du pétrole. La décision des autorités iraniennes d’accroître les dépenses consacrées aux transferts sociaux plutôt qu’à l’infrastructure pourrait être favorable à la demande intérieure, mais retarderait la croissance à moyen terme.
  • Activités visant les étrangers, notamment les Iraniens ayant la double citoyenneté. La décentralisation de l’application de la loi fait en sorte que les gens d’affaires et les milieux politiques ont du mal à s’y retrouver. Étant donné que de nombreux expatriés iraniens sont susceptibles de jouer un rôle de premier plan dans des entreprises commerciales, celles‑ci seront particulièrement importantes.
  • Imposition de sanctions aux sociétés d’assurance et au secteur financier. Même si les États‑Unis hésitent à inscrire les banques sur des listes blanches, les dirigeants européens pourraient effectivement assurer une couverture politique ou économique.
  • Mesures visant à faciliter les rentrées et les sorties de fonds par les étrangers. Les capitaux continuent de faire l’objet de contrôles serrés, qui contribueront, entre autres choses, à restreindre l’attrait de l’Iran aux yeux des investisseurs de portefeuille et des investisseurs privés.

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