Le rôle des forces armées de la Chine au-delà de la périphérie régionale : répercussions sur la sécurité mondiale

Pour accroître leurs capacités, les forces armées chinoises participent à davantage d’exercices combinés avec des partenaires régionaux et sont devenues un acteur de premier plan dans les opérations de maintien de la paix. La Chine n’a qu’une base militaire à l’étranger, à Djibouti, mais elle devrait en ajouter une autre au Pakistan. Un Bureau des opérations à l’étranger a été créé en 2016 pour planifier les déploiements. Comme elle a des millions de citoyens qui travaillent à l’étranger, la Chine pourrait devoir déployer son armée pour mener des opérations d’envergure d’évacuation d’endroits dangereux – ce qui pourrait avoir des répercussions imprévisibles sur la stabilité locale et mondiale.

Le désir croissant de la République populaire de Chine (RPC) de devenir un leader mondial a pris considérablement d’ampleur en 2017. La politique étrangère du pays d’« apporter sa contribution avec enthousiasme » (fenfayouwei) étend ses intérêts à la périphérie plus large et exige des efforts en amont pour réaliser les deux objectifs centenaires : la prospérité intérieure et un État socialiste fort et paisibleNote de bas de page 19  . Dans le discours sur l’état de la nation que le premier ministre Li Keqiang a prononcé au début de 2017, les mots quanqiu (mondial) ou quanqiuhua (mondialisation) sont revenus treize fois, alors qu’ils n’avaient été mentionnés que cinq fois l’année précédenteNote de bas de page 20  . Le discours de Xi Jinping à Davos en 2017 et les deux lignes directrices sont le signe que la RPC est prête à créer et à diriger un nouvel ordre mondial et à assumer sa « responsabilité » dans un nouveau rôle plus préventif qui profite au système international dans son ensembleNote de bas de page 21  . Au 19e Congrès du Parti, Xi Jinping a fait observer que la Chine « se hisse au premier rang du monde en termes de puissance globale et de rayonnement international » et il a loué l’« influence de la Chine sur le plan mondial, l’adhésion qu’elle suscite autour d’elle et son rôle dans le remodelage de la paix et du développement dans le monde Note de bas de page 22  ».

La Chine espère élargir son rôle mondial au-delà de la coopération économique pour inclure une plus grande influence dans le domaine de la sécurité et de la politiqueNote de bas de page 23  . La présente évaluation tente d’établir les répercussions sur la sécurité internationale de l’évolution du rôle mondial de la Chine en examinant les antécédents de la RPC dans quatre grands types d’activités liées à la sécurité : le maintien de la paix, les exercices interalliés, la présence militaire à l’étranger et les opérations militaires à l’étrangerNote de bas de page 24  .

Exercices et échanges militaires

La Chine a intensifié ses activités de diplomatie militaire, qu’il s’agisse d’exercices interalliés ou d’échanges à l’étranger, au cours des dernières annéesNote de bas de page 25  . Selon des spécialistes chinois, les échanges sont une forme de diplomatie militaire qui permet à la RPC « d’établir et de consolider des points stratégiques chinois » et de s’assurer que les autres « s’alignent » sur son programme « Une ceinture, une route »Note de bas de page 26  . En 2010, Dennis Blasko, ancien attaché militaire des États-Unis en Chine, avait écrit : « Les tendances générales observées comprennent un nombre croissant d’exercices de courte durée, à relativement petite échelle, menés surtout avec les forces des voisins immédiats de la Chine, dans le cadre de missions de sécurité non traditionnelles qui appuient les objectifs généraux de la politique étrangère de BeijingNote de bas de page 27  . » La Chine a cependant augmenté le nombre de ses exercices interalliés au cours des presque dix ans qui se sont écoulés depuis que Blasko a fait cette remarque : Blasko avait compté qu’elle avait participé à 24 exercices combinés entre octobre 2002 et 2009Note de bas de page 28  ; elle a effectué au moins 25 exercices bilatéraux ou multilatéraux en 2016 seulementNote de bas de page 29  . Selon un rapport du Département américain de la défense sur l’évolution des engagements militaires de la Chine à l’étranger, « bon nombre de ces exercices étaient axés sur la lutte contre le terrorisme, la sécurité frontalière, le maintien de la paix et le secours aux sinistrés, mais certains comprenaient un entraînement à la guerre conventionnelle sur terre, sur mer et dans les airs Note de bas de page 30  ».

Par ailleurs, à l’exception d’un exercice médical réalisé de concert avec l’Allemagne, tous ces exercices ont été effectués avec des partenaires régionaux. Autrement dit, la RPC n’a pas encore commencé à participer à ce type d’activité militaire à l’extérieur de la périphérie régionale de la Chine. De plus, elle a mené très peu de missions humanitaires dans cette région. Cela donne à penser, du moins pour le moment, qu’elle n’a pas vraiment envie de supplanter les États‑Unis à titre de puissance militaire mondiale assurant des services d’aide humanitaire à d’autres pays.

Maintien de la paix

Le plus souvent, c’est dans le cadre des missions de maintien de la paix des Nations Unies que la RPC a élargi ses opérations militaires à l’étranger. Au cours du Sommet des Nations Unies sur le maintien de la paix de 2015, le président Xi a promis que son pays s’engageait à maintenir la paix et a offert d’accroître les contributions de la Chine, en argent et en personnel, aux missions de maintien de la paix des Nations Unies. Au 31 janvier 2018, la Chine avait fourni un total de 2 634 Casques bleus (policiers, experts militaires des Nations Unies en mission, officiers d’état‑major et soldats)Note de bas de page 31  . En outre, les opérations de maintien de la paix figurent parmi les fonctions de base de l’Armée populaire de libération (APL) dans les documents stratégiques militaires du paysNote de bas de page 32  .

Comment la participation de la Chine aux opérations de stabilité à l’étranger pourrait-elle évoluer? Premièrement, il est important de signaler que la contribution de la Chine est relativement stable en proportion de troupes déployées, avoisinant les 2 % au cours des dix dernières années, alors que sa contribution financière a augmenté régulièrement. La RPC participe aux missions de maintien de la paix surtout pour permettre à ses troupes d’acquérir une expérience opérationnelle et pour se forger une image internationale positive. C’est précisément ce que lui permet de faire ses contributions actuelles. Ainsi, les médias chinois aiment bien publier des reportages sur les « touchantes » lettres de remerciement que les Casques bleus chinois reçoivent au Soudan et sur la reconnaissance de la valeur des soldats chinois à l’étrangerNote de bas de page 33  . D’autres études donnent à penser que les missions de maintien de la paix de la Chine au Cambodge et au Libéria étaient en fait des « offensives de charme »Note de bas de page 34  . Il est donc possible que la contribution financière de la Chine aux Nations Unies augmente, mais la proportion de troupes risque de rester relativement la même. Si la RPC commence à fournir davantage de troupes, ce sera un indice que sa stratégie à l’égard des Nations Unies a changé.

Un indice important de l’élargissement du rôle de l’APL dans la stratégie mondiale de la Chine serait que Beijing lance ses propres missions de maintien de la paix ou de reconstruction après un conflit, c’est-à-dire des missions qui ne seraient pas sous l’égide des Nations Unies. La RPC serait très vraisemblablement poussée dans cette direction si ses intérêts et ses citoyens étaient directement pris pour cibles ou mis en danger. Si la Chine s’est dans une large mesure tenue loin des conflits civils en cours et de la lutte contre le terrorisme au Moyen‑Orient, sa Loi antiterroriste de 2015 sert de fondement juridique à la participation de l’APL et de la Police armée populaire (PAP) à des opérations antiterroristes à l’étranger. L’APL n’a encore participé à aucune opération du genre, quoique des questions aient été posées au sujet de sa présence possible en AfghanistanNote de bas de page 35  .

Présence militaire de la Chine à l’étranger

La présence militaire de la Chine à l’étranger est actuellement assez limitée. Le pays n’a qu’une seule base militaire à l’extérieur du pays, à Djibouti, d’où il soutient la force opérationnelle d’escorte navale qui participe aux opérations de lutte contre la piraterie menées par rotation dans le golfe d’Aden. La force opérationnelle chinoise est composée de deux frégates lance‑missiles et d’un navire ravitailleur. D’après les statistiques du gouvernement, elle a escorté plus de 6 400 navires chinois et étrangers en 1 109 convois depuis 2008Note de bas de page 36  . Elle mène la vaste majorité de ses missions d’escorte dans le contexte de ces opérations de lutte contre la piraterie.

Djibouti n’est probablement que la première de nombreuses bases chinoises à l’étranger. La prochaine pourrait être installée à Jiwani, au Pakistan (près du port de Gwadar sur la mer d’Arabie). Malgré l’absence de confirmation officielle du gouvernement que Beijing construira une base à cet endroit, de multiples sources au sein du Parti communiste chinois (PCC) et de l’APL, ou tout près, ont soit confirmé l’emplacement de Jiwani en privé aux médias, soit publié des articles dans le Quotidien du peuple ou le conservateur Global Times dans lesquels elles soutenaient que la Chine devrait construire davantage de bases à l’étranger et qu’elle le ferait bientôtNote de bas de page 37  . Un reportage du Washington Times cite sans les nommer des représentants officiels du Pentagone qui sont préoccupés parce que les deux bases de la RPC à l’étranger « sont situées près de points de passage obligés stratégiques [pour le transport du pétrole] – Djibouti, près du détroit de Bab el‑Mandeb sur la mer Rouge, et Jiwani, près du détroit d’Hormuz dans le golfe Persique Note de bas de page 38  ». La base augmenterait aussi considérablement les capacités de la Chine de projeter sa puissance dans l’océan Indien et le golfe Persique. En outre, les analystes disent que la Chine compte construire des bases près des points stratégiques des nouvelles routes de la soieNote de bas de page 39  .

La présence de la RPC à l’étranger est susceptible de servir surtout des objectifs nationaux limités. Jusqu’ici, le pays refuse de se joindre aux trois forces qui unissent leurs efforts pour lutter contre la piraterie – la Force opérationnelle multinationale 151 (CTF-151) des Forces maritimes alliées (FMA) dirigées par les États-Unis, l’opération Ocean Shield dirigée par l’OTAN et l’opération Atalanta dirigée par l’Union européenneNote de bas de page 40  . Là encore, cela donne à penser que la RPC n’a pas vraiment envie de jouer un vaste rôle à l’échelle internationale, comme les États‑Unis le conçoivent, mais qu’elle pourrait choisir d’accroître sa présence et ses opérations militaires en fonction de ses propres impératifs économiques.

Opérations de la Chine à l’étranger

  • En 2015, la RPC a reconnu qu’elle avait besoin d’un mécanisme d’intervention institutionnalisé pour faire face aux crises à l’étranger ayant une incidence directe sur des intérêts chinois ou touchant des citoyens chinois. Le Bureau des opérations à l’étranger (BOE) de l’APL a été créé en 2016 dans le but d’essayer de répondre à ces besoins. L’objectif et les principales responsabilités du BOE sont de planifier, de préparer et de mettre en œuvre les activités hors guerre à l’étranger de l’APL et de la PAP, notamment de coordonner les opérations militaires à l’étranger, les missions internationales de maintien de la paix, d’escorte et de convoi, les missions internationales de sauvetage et les opérations d’évacuation des citoyens chinois, de participer aux échanges militaires internationaux et d’assurer une coordination avec les autorités et les organismes chinoisNote de bas de page 41   . Situé au plus haut niveau de l’APL, le BOE s’occupe uniquement des opérations internationales de cette dernière, ce qui montre bien que la RPC met de plus en plus l’accent sur ses intérêts à l’étranger et qu’elle a l’intention d’élargir ses missions à l’extérieur du paysNote de bas de page 42   .

Les opérations d’évacuation de non-combattants (NEO) sont un des types d’opérations auxquelles l’APL est le plus susceptible de participer. En 2013, plus de 40 millions de citoyens chinois vivaient et travaillaient à l’étranger dans 151 pays, le nombre des Chinois installés en Afrique et en Asie centrale ayant connu une hausse considérableNote de bas de page 43 . Ce nombre ne peut qu’augmenter étant donné que la Chine continue d’exporter des travailleurs pour le programme « Une ceinture, une route » et d’envoyer des soldats dans des zones de conflits dans le cadre de missions de maintien de la paix des Nations Unies Note de bas de page 44 . Comme davantage de citoyens chinois vont à l’étranger, Beijing est obligé de les protéger contre les « risques inhérents » à l’instabilité politique, à des conditions de travail dangereuses et à des catastrophes naturellesNote de bas de page 45  . Des sondages intérieurs ont révélé que les citoyens chinois appuient sans réserve les NEO et estiment que la protection de leurs compatriotes à l’étranger est une des fonctions de base du gouvernement. Il n’est donc pas étonnant que le plus grand succès commercial de l’histoire du cinéma chinois ait été Wolf Warrior II, un film sur un agent des Forces spéciales qui se rend dans un pays d’Afrique qui n’est pas nommé pour sauver des otages chinoisNote de bas de page 46 .

Des pressions politiques intérieures croissantes sont également exercées sur le gouvernement chinois pour qu’il utilise son armée pour protéger les ressortissants chinois à l’étrangerNote de bas de page 47  . Selon un rapport de 2012 du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), la Chine a évacué un total de 6 000 citoyens chinois lors des crises au Tchad, en Haïti, au Kirghizistan, au Liban, aux îles Salomon, en Thaïlande, au Timor-Leste et au Tonga de 2006 à 2010. En 2011 seulement, elle en a évacué 48 000 de l’Égypte, de la Libye et du Japon. La NEO libyenne a été la première à laquelle l’armée a participé et elle a marqué le plus long déploiement connu de l’histoire de la Force aérienne de l’APL (FAAPL). Étant donné l’appui de la population et leurs expériences antérieures, si un conflit mettant en danger un grand nombre de citoyens chinois devait éclater, les forces armées chinoises iraient probablement les évacuer.

Comme ce fut le cas pour la NEO libyenne en 2011, le ministère chinois des Affaires étrangères serait le principal organisateur et pourrait compter sur une forte participation de l’APLNote de bas de page 48  . D’autres organismes, comme les ministères du Commerce et de la Sécurité publique, l’Administration de l’aviation civile et l’ambassade locale, seraient aussi susceptibles d’être mis à contribution. Des auteurs militaires chinois semblent indiquer que la Marine de l’APL (MAPL) et la FAAPL pourraient toutes les deux jouer des rôles clés sous la coordination du BOE de l’APLNote de bas de page 49  . Il est difficile d’en juger, mais si l’on se fonde sur les écrits chinois, il semble que ces deux entités ne coordonnent pas leur planification et que l’APL n’offre pas un entraînement propre aux NEO. De plus, selon des sources chinoises, le pays a encore besoin d’améliorer sa capacité d’alerte rapide, de rationaliser les procédures d’échange d’informations entre les organismes chinois et de raccourcir les délais d’intervention pour réussir à mener efficacement des NEO d’envergure.

D’après Michael Chase, spécialiste de la Chine à la RAND Corporation, la Chine a un certain nombre de plateformes dont elle pourrait tirer parti dans le cadre d’une NEO. D’abord, les trois grands navires amphibies de catégorie Xuzhou et un porte-avions de la MAPL. Ensuite, le gros avion de transport de la FAAPL (la Chine compte actuellement sur un avion de transport importé Il-76, mais elle développe son propre gros avion de transport, le Y-20). Enfin, les vols nolisés pourraient aussi jouer un rôle crucial. En 2016, il y aurait eu 5 046 avions civils en Chine qui auraient pu être adaptés en cas d’urgenceNote de bas de page 50 . Selon Jane’s Intelligence, Air China à elle seule compte une soixantaine d’avions civils qui, réunis, pourraient transporter 18 622 personnes. Contrairement aux États-Unis, la RPC n’a pas besoin d’une approbation pour constituer quelque chose qui ressemble à la Flotte aérienne civile de réserve (CRAF).

Bien que les NEO effectuées par le passé aient compté presque exclusivement sur des capacités civiles, à l’exception notable de celle de la Libye, l’APL est susceptible de jouer un rôle plus important dans les futures NEO pour trois raisons. Premièrement, étant donné le nombre de citoyens qui ont besoin d’aide à la plupart des endroits, la Chine voudra utiliser tous les actifs à sa disposition. Elle a évacué le nombre impressionnant de 36 000 citoyens de la Libye en dix jours, mais elle compte plus de citoyens que cela dans au moins vingt autres paysNote de bas de page 51 . Deuxièmement, l’APL cherche à mettre à l’épreuve et à démontrer ses compétences après les réformes. Troisièmement, une NEO réussie rehausserait l’image de l’APL tant au pays qu’à l’échelle internationaleNote de bas de page 52  .

Conséquences pour l’Occident

À l’heure actuelle, les opérations à l’étranger ont tendance à être restreintes et, du moins sur le plan de la doctrine, de nature défensive, l’accent étant mis sur la protection des intérêts politiques, économiques, sécuritaires et culturels de la Chine ainsi que sur la nécessité de « favoriser la cohésion et le patriotisme chez les Chinois locaux et d’outre-mer Note de bas de page 53 ». Deux grands thèmes se dégagent du présent examen de la nature de la présence et des opérations de la Chine à l’étranger, ce qui comprend les échanges militaires, les exercices et les missions de maintien de la paix. Premièrement, le pays est surtout disposé à participer à des missions de maintien de la paix et à des activités de lutte contre la piraterie pour acquérir une expérience opérationnelle et non pour contribuer d’une manière générale à la paix et à la sécurité dans le monde. Si Beijing projetait de contribuer plus largement, il réaliserait des exercices combinés avec des pays à l’extérieur de la région, mettrait l’accent sur les missions humanitaires autant que sur les missions de maintien de la paix et collaborerait avec d’autres pays dans les activités de lutte contre la piraterie. Bref, la RPC a pour seules aspirations mondiales de mener les types d’opérations qui appuient sa prétention à l’hégémonie régionale et qui protègent ses intérêts économiques, et elle n’ambitionne pas d’assumer un plus lourd fardeau pour le moment.

Les scénarios les plus probables sont donc ceux où la Chine profite de la situation ou se fait justice. Dans ce dernier cas, elle prendrait des mesures qui ne concorderaient pas avec les normes internationales ou avec ses principes déclarés de non-ingérence. À titre d’exemple possible, citons le lancement par l’APL d’une opération dans le cadre de laquelle elle entrerait dans un pays étranger sans autorisation pour sauver des otages. Un autre exemple pourrait être d’empêcher de façon préventive la destruction imminente d’un oléoduc ou d’une autre ressource énergétique en territoire étranger pour éviter de graves conséquences pour des intérêts économiques chinois. Ce serait probablement le pire des scénarios pour les États-Unis si la Chine décidait de se faire justice, parce que cela dresserait Washington et ses partenaires contre Beijing. De plus, étant donné le peu d’occasions de consultation, la RPC serait plus susceptible d’agir d’une façon qui déstabiliserait encore davantage le pays en question, ce qui pourrait nuire à d’autres efforts internationauxNote de bas de page 54   .

Bref, la Chine n’est guère susceptible d’élargir considérablement la majorité de ses activités militaires à l’étranger au cours des prochaines années, à l’exception peut-être de la construction d’un plus grand nombre de bases à l’étranger. En fait, elle n’a pas vraiment envie d’assumer toute la gamme des activités et des responsabilités qui incombent à une puissance mondiale. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas de raisons de s’inquiéter. Lorsqu’elle disposera de plus de moyens, la Chine pourrait devenir plus susceptible d’utiliser son aile militaire pour protéger ses intérêts économiques grandissants. Faute d’expérience et de connaissances locales, elle risquerait alors de déstabiliser encore davantage le pays ou la région, obligeant les autres pays à réparer son gâchis. D’un autre côté, si ces tendances ne se maintiennent pas, et si la RPC commence à élargir ses activités à l’échelle internationale à l’égal de celles qu’elle mène dans la région, ce sera l’indice d’une réorientation importante de sa stratégie militaire.

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