Sécurité des cosmétiques : de toute beauté

Transcription

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[Son de pouls]

[Musique]

Annie J. Stewart : Bonjour, mon nom est Annie Stewart.

Bienvenue à Canadiens en santé, un endroit où nous offrons des conversations nuancées avec des experts de la santé.

Parfums, shampoings, crèmes à mains. Les cosmétiques font partie de la vie d’à peu près tout le monde au Canada. Mais, comment savoir si un produit est un cosmétique et comment savoir si on en fait un usage sécuritaire?

Pour en parler avec moi, je m'entretiens avec Magdalena Jurkiewicz qui travaille au sein de la Direction de la sécurité des produits de consommation et des produits dangereux à Santé Canada.

Mais, d'abord, bien que le balado Canadiens en santé vous soit présenté par Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada, nos discussions ne vont pas nécessairement toujours refléter les positions ou les politiques officielles du gouvernement du Canada. Ce sont des discussions informelles, pas un communiqué de presse.

[Son de pouls] 

Annie : Bonjour Magdalena.

Magdalena Jurkiewicz : Bonjour.

Annie : Ça va bien?

Magdalena : Très bien.

Annie : Excellent. Magdalena, avant de commencer, parle-nous un peu de ce que tu fais.

Magdalena : Oui, je suis conseillère principale en politiques de réglementation et gestion de risques pour Santé Canada. Je travaille dans l'unité des cosmétiques.

On fait la gestion des déclarations cosmétiques, l’interprétation des lois et le développement de procédures et de politiques pour les cosmétiques.

Annie : Donc, toi, les cosmétiques, tu baignes dedans. Oui, on parle de cosmétiques.

Moi, quand je pense au terme « cosmétique », je pense à plusieurs choses. Plein de produits me viennent en tête, je pense à du baume à lèvres, de la crème à mains.

Mais, pourrais-tu, Magdalena, m'expliquer l'étendue des produits quand on parle de cosmétiques? Ça inclut quoi cette famille-là?

Magdalena : Donc, un produit cosmétique, tel que défini dans la Loi sur les aliments et drogues, c'est un produit qui est appliqué sur la peau pour nettoyer, embellir et modifier l'apparence des cheveux, des ongles, de la peau.

En plus de ce que tu as indiqué, c'est aussi les savons, le maquillage. Les gens pensent surtout que c'est du maquillage. Mais, ça inclut aussi les shampoings. Les shampoings qui nettoient les cheveux autant que les crèmes hydratantes, les vernis à ongles aussi ou les produits qui enlèvent le vernis à ongles.

Une autre chose à laquelle les gens ne pensent pas, ce sont les produits de blanchiment des dents, par exemple, c'est aussi un cosmétique. Donc, ça rencontre un grand inventaire de type de produits qui sont utilisés par les gens tous les jours. On peut penser que depuis ce matin, t’as probablement déjà utilisé régulièrement cinq ou six produits cosmétiques dans ta journée.

Annie : Possiblement, même une douzaine, je dirais, oui facilement.

Magdalena : Exactement.

Annie : Donc, je vais revenir aux trois critères que t’as nommés : embellir, nettoyer et, tu me rappelles le troisième?

Magdalena : Modifier l'apparence.

Annie : Modifier l'apparence. Donc, quand on pense à ça, est-ce que ça inclut des choses comme les crèmes solaires, et les dentifrices aussi?

Est-ce que tous ces produits-là sont aussi inclus dans l’éventail, parce que je ne t'ai pas entendu les nommer, même si t’as parlé du blanchiment des dents?

Magdalena : Oui, le blanchiment des dents, c'est esthétique, donc c'est cosmétique.

Ainsi, ça va rencontrer la définition d’un cosmétique au sens de la loi, mais un produit qui va protéger du soleil, tel qu'un écran solaire, n'est pas considéré comme un cosmétique, parce qu'il prévient les coups de soleil.

Il modifie une fonction, donc, ce n'est pas un cosmétique. La même chose avec les shampoings. Donc, un shampoing pour nettoyer les cheveux que vous utilisez tous les jours sera un cosmétique, mais dès qu'il y a une allégation thérapeutique, par exemple qui va…

Annie : Qui va aider à faire pousser les cheveux ou renforcer la pousse des cheveux.

Magdalena : Oui exactement ou aussi les produits antipelliculaires, les shampoings, pardon, seront considérés comme allant au-delà d'un produit cosmétique, parce qu’ils préviennent une maladie. Ils ne vont pas seulement nettoyer.

Annie : Donc, ils ont une propriété, est-ce qu’on pourrait dire, médicale jusqu'à un certain point?

Magdalena : Thérapeutique, oui.

Annie : Ok, thérapeutique.

Magdalena : Oui.

Annie : Parfait, super intéressant, donc c'est vraiment une grande gamme de produits et puis on les utilise donc tous les jours.

Qu'est-ce que tu pourrais dire? Est-ce qu'il y a des effets indésirables des produits cosmétiques ou, en général, est-ce sécuritaire d'utiliser des cosmétiques au niveau et au rythme où on le fait de façon quotidienne?

Magdalena : En général, ces produits-là sont sécuritaires pour le public.

C'est une exigence pour le fabricant au sens de la loi que les produits vendus sur le marché canadien soient sécuritaires en fonction des normes d'utilisation recommandées sur l'étiquette. Donc le produit, oui, sera sécuritaire.

Annie : Ok, parfait, donc, on comprend que les cosmétiques sont sécuritaires à utiliser, mais est-ce que t’as des conseils à donner sur l'utilisation sécuritaire, parce que souvent on va faire la même analogie avec les aliments? On va dire, bien manger est une bonne chose, mais en manger trop, ce n'est pas nécessairement bon pour la santé.

Est-ce que c'est la même chose pour les cosmétiques, malgré qu'un cosmétique peut être sûr, son usage sécuritaire, est-ce que ça peut différer?

Magdalena : Oui, c'est vrai que les directives sur l'étiquette vont donner une instruction pour que le produit soit utilisé de façon sécuritaire par le consommateur ou par toi.

Puis, une des choses à penser, par exemple, si c'est un produit sous pression, il va y avoir des signes, l'étiquette va indiquer tenir loin d'une flamme pour des raisons qui sont claires. On veut protéger le consommateur d’un geste…

Annie : d'un risque d’explosion, les mises en conseils ou les...

Magdalena : Les symboles. Exactement. Ou les mots qui sont présents sur les étiquettes.

Bien, une chose aussi très importante est les mentions de risque. On encourage toujours les gens à les respecter, parce que le fabricant va avoir indiqué, par exemple, pour le produit de blanchiment des dents, un autre exemple, l'étiquette va dire appliquer sur les dents et laisser pendant 5 minutes, 3 minutes.

Dépendamment d'une concentration que le fabricant a déterminée, la directive va indiquer une utilisation qui va être conforme et sécuritaire, donc si vous laissez le produit plus longtemps, bien ça se peut qu'il y ait des risques ou bien vous allez peut-être avoir une réaction. Donc, c'est très important de suivre les directives qui sont indiquées sur l'étiquette.

Annie : Donc, non seulement les directives par rapport à l'environnement dans lequel on est, par exemple pour les aérosols, mais aussi tu parles de temps d'usage, de temps d'exposition aux produits.

Il faut les suivre ces directives-là finalement.

Magdalena : Oui.

Annie : Et puis admettons que j'utilise un produit, j'ai suivi la directive, mais j'ai tout de même une réaction. Je pense à une teinture pour les cheveux, par exemple, dans les boîtes.

Qu'est-ce que le consommateur devrait faire si jamais il a une réaction?

Magdalena : Si tu as une réaction, donc le mieux serait premièrement d'arrêter l'utilisation du produit. Et ensuite, consulter son médecin pour voir s'il y a des mesures à prendre.

On encourage bien sûr les gens à soumettre un incident à Santé Canada. Donc, rapporter, signaler qu’il y a eu une réaction indésirable qui a été expérimentée. Ça nous aide à surveiller le marché des cosmétiques au Canada.

Annie : Est-ce que ça pourrait causer un inconvénient à l'industrie ou est-ce que c'est vraiment juste de la surveillance pour protéger le consommateur?

Magdalena : C'est vraiment pour surveiller.

Tu pourrais aussi le soumettre au fabricant du produit, parce qu’il voudrait probablement savoir si c'est un lot qui était défectueux ou si c'est vraiment les directives d'utilisation qui n'ont pas été respectées ou qui ne sont peut-être pas assez claires. Donc, il va y avoir des modifications.

Pour les teintures de cheveux, une des choses qui est toujours recommandée, par exemple, c'est de faire un test cutané.

Annie : Sur la peau.

Magdalena : Donc, en premier, on nettoie la peau, ça peut être sur le bras ou des fois en arrière de l'oreille, dépendamment, c'est une des deux options, puis on applique le produit et on le laisse sécher pendant 24 heures. Après, on rince et on voit s'il y a une réaction.

Si après le délai, il y a eu une réaction, on suggère de ne pas utiliser le produit pour éviter d'avoir une réaction qui peut être plus aiguë, plus grave.

Annie : Oui, clairement, puis sur une plus grande étendue, surtout sur le cuir chevelu, ça ne serait pas nécessairement agréable, le cou, etc.

De ce que tu sais, d'après ce que la surveillance nous dit, est-ce qu'il y a des produits qui ont plus tendance à entraîner la soumission d’un plus grand nombre de formulaires à la suite d’événements qui sont survenus, d’effets indésirables? Est-ce qu'il y a des produits qui ont plus tendance à le faire?

Magdalena : Tous les produits qui sont vendus au Canada doivent être sécuritaires. On fait la surveillance, comme je le disais, on reçoit les rapports des consommateurs et l'industrie aussi nous soumet parfois des incidents.

Annie : Donc, il y a un partage entre les deux institutions.

Magdalena : Mais, bien sûr, ce n’est pas obligatoire. C'est vraiment sur une base volontaire.

On encourage toujours la soumission de ces informations pour mieux surveiller le marché.

Donc, il n’y a pas de produits qui sont plus risqués. Il n’y a pas de produits qui sont soumis plus souvent.

Annie : Quand on parle d'achat de cosmétiques, on parle de sécurité, c'est une chose, mais après, il y a le marché qui se présente à nous pour faire l'achat de ces produits-là.

Est-ce qu’il y a des endroits où le consommateur est plus protégé ou mieux protégé à la limite que d'autres?

Par exemple, j'achète énormément de choses en ligne maintenant, je vais rarement dans les magasins, mais est-ce que je peux croire à l'intégrité et à la sécurité des produits que j'achète en ligne?

Magdalena : Une des exigences du Règlement sur les cosmétiques est que le fabricant ou l'importateur soumette une déclaration à Santé Canada.

Lors de la première vente du produit, c'est une façon dont nous obtenons l'information à Santé Canada concernant les produits qui sont vendus, que ce soit les produits sur le marché, comme dans les pharmacies, etc., et si c'est un produit vendu en ligne, et bien il doit y avoir quand même une personne au Canada qui l'importe.

C'est quelque chose le marché en ligne, c'est très grand et ça peut apporter de l'insécurité, parce qu’on ne sait pas d'où vient le produit. C'est toujours recommandé de regarder le nom, la marque et de vérifier. Si c'est un produit qui est sur le marché, porter attention si la personne suggère qu'il a déjà été ouvert ou on décourage surtout…

Annie : La revente.

Magdalena : D'acheter un produit qui a été déjà ouvert ou utilisé. C’est toujours un risque, parce qu'on ne sait pas combien de temps le produit a été ouvert.

Est-ce qu’il a été contaminé, est-ce que la personne l’a touché avec des mains qui n’ont peut-être pas été nettoyées. Ça peut à ce moment-là causer des irritations par la suite.

Annie : Parlons maintenant des fameuses mentions, Magdalena.

Les étiquettes de nos jours je trouve que ça dit presque n'importe quoi, hypoallergénique, sans parabène, sans phosphate, sans agent de conservation, même des fois on va lire sans gluten.

Ça veut dire quoi tout ça? Est-ce que ça a même une once de vérité? Est-ce que le consommateur devrait y voir un produit qui est peut-être meilleur qu'un produit plus synthétique?

Magdalena : J'avoue que c'est beaucoup d'information pour le consommateur de voir toutes ces mentions sur les étiquettes.

Les produits qui indiquent sans parfum ou sans parfum ajouté veulent dire qu’il y a peu de parfum qui a été ajouté, mais ça peut quand même indiquer que le produit contient des agents masquants de parfum, donc c'est quand même important de faire la distinction.

Un produit qui indique hypoallergénique, ça veut dire que certaines personnes sont plus sensibles. Encore une fois, c'est un terme de marketing, du jargon publicitaire qui relève du fabricant. Le fabricant ajoute ces mentions. Elles ne sont pas revues par Santé Canada. Les mentions hypoallergéniques veulent dire que le produit a été formulé pour donner moins de réactions à des gens, à certaines personnes.

Même si le fabricant va faire de son mieux pour formuler un produit qui cause moins de réactions, certaines personnes peuvent quand même y réagir, donc ça ne garantit pas qu’un produit ne va pas donner de réaction allergique à quelqu'un.

Il est donc très important de lire la liste des ingrédients sur l'étiquette du produit et c'est une exigence au terme du Règlement sur les cosmétiques et tous les ingrédients doivent être indiqués sur l'étiquette.

Annie : D'après toi, si on dit des choses comme sans parabène, sans agent de conservation, sans phosphate, de mon point de vue, on essaie de dire que ces choses ne sont pas bonnes dans certains produits.

Est-ce que c'est vrai? Est-ce que si on dit que le produit n’a pas d'agent de conservation, il est de plus grande qualité ou il est meilleur?

Magdalena : Un agent de conservation est vraiment important dans un produit cosmétique, donc c'est un choix du consommateur de ne pas utiliser un produit qui indique sans agent de conservation.

Mais, il faut penser que l'agent de conservation va prévenir la contamination par des bactéries ou des micro-organismes, et donc c'est un équilibre. Le fabricant va faire en sorte que le produit soit quand même sécuritaire.

Annie : Ok, et puis justement on parle d'agent de conservation, quand sait-on si le produit n'est plus bon?

Quand on parle de cosmétiques, est-ce qu’il y a des dates de péremption sur les produits cosmétiques. Est-ce que ça fait trop longtemps que je l'ai? Ou je l’utilise jusqu'à ce que la bouteille soit finie, ensuite je le jette.

Magdalena : Il se peut qu’un produit soit contaminé par des bactéries.

Par exemple, si vous ouvrez une crème et vous la touchez avec des mains qui n’ont pas été nettoyées tous les jours, ça se peut que le produit devienne contaminé. S'il y a un changement à la texture, changement d'odeur du produit, à ce moment-là, c'est peut-être un signe qu'il y a eu une contamination.

Une des options est de choisir des produits qui ont des pompes, comme ça, on évite de les toucher directement ou parfois, les gens peuvent utiliser des petites spatules pour appliquer le produit puis éviter de le toucher directement.

Aussi, une consigne qui a du bon sens est de se laver les mains bien sûr avant d'appliquer le produit sur la peau, autour des yeux.

Annie : Souvent, on va dire de garder les cosmétiques dans un endroit sec et sombre.

Mais, la plupart des cosmétiques sont sans doute gardés dans des salles de bain, comment est-ce qu'on réconcilie justement l'entreposage et les directives?

Magdalena : Oui, c'est vrai que la salle de bain est un endroit très commun où les gens utilisent leurs cosmétiques. Je pense au maquillage, au shampoing, etc.

C'est vraiment pour une durée de vie comme la conservation du produit. On encourage un lieu qui est sec, à température ambiante. Mais, vous faites de votre mieux. 

Annie : Donc, essentiellement, ce qui pourrait être affecté, c'est la durée du produit.

Magdalena : Oui.

Annie : Ok, parfait, ça m'aide, puis ça me déculpabilise de garder mes choses dans la salle de toilette.

Magdalena : Dans le fond, porter un œil plus attentif s'il y a un changement de texture ou d'odeur ou s’il y a quelque chose qui apparaît visuellement sur le produit.

Ce n'est pas toujours le cas, mais ça se peut. Parfois, on ne le verra pas quand même.

Annie : Et puis, quand on parle de produits qui sont plus bio, qui vont avoir justement l'étiquette d'origine naturelle, est-ce qu'il y a la même étiquette de sûreté de Santé Canada que d'autres produits sans ces étiquettes-là?

Magdalena : Bien, les produits synthétiques ou naturels, donc normalement l'équivalent synthétique va être plus stable que le produit naturellement extrait d'une plante ou de la nature.

Ce qui aide c'est que probablement des fois le tonique est plus stable, ça peut augmenter ou prolonger la durée de vie du produit, mais du point de vue de sécurité, les deux sont équivalents, il n’y a pas de différence.

Annie : Je pense que c'est super intéressant de le mentionner, parce qu’il y a cette perception-là quand même par le public.

Lorsqu’on voit un produit naturel par rapport à un produit synthétique, on va se dire que ce qui vient de la nature est probablement meilleur pour moi, mais le synthétique a sa place aussi dans les cosmétiques et justement d'assurer leur sécurité peut-être plus que ceux qui n’ont pas d'agent de conservation, des agents synthétiques.

Donc, on dit qu'au Canada nos produits cosmétiques sont dans les plus sécuritaires au monde tellement ils sont revus, puis on attribue ça à une liste critique d'ingrédients. J'aimerais ça que tu me parles plus longuement de cette liste-là.

Magdalena : Oui, donc, Santé Canada maintient la liste critique des ingrédients pour les cosmétiques. C'est une liste d'ingrédients qui sont restreints, décrits comme avec une concentration limite, de concentration limitée, et aussi des ingrédients qui sont interdits, décrits comme interdits, sur la liste.

C'est un outil administratif que l'on utilise pour communiquer autant au consommateur qu’à l’industrie qu’il y a des ingrédients pour lesquels on a des inquiétudes ou qui ne devraient peut-être pas être utilisés dans les cosmétiques.

Donc, la liste a deux tableaux et les deux tableaux sont très faciles à suivre. Ça dit, par exemple, que certains ingrédients ont une mention de risque ou une limite de concentration ou sont tout simplement interdits pour être utilisés dans un cosmétique, pour des raisons de sécurité. Ça peut être aussi parce que le produit n'est pas un cosmétique, comme l'ingrédient, la présence d'un ingrédient, fait en sorte que ce n'est pas un cosmétique.

Annie : Et puis, comment est-ce que les ingrédients se voient ajouter à cette liste-là et quelle est la fréquence de révision de cette liste?

Magdalena : Donc, pour la liste critique, on utilise un processus pour la mettre à jour qui est fondé sur la science. On regarde les données autant que les autres pays. D'autres pays aussi ont des règlements sur les cosmétiques.

Annie : Donc, c’est international, les comparaisons sont internationales.

Magdalena : Oui, nous révisons la liste critique pour le Canada, mais quand on fait des mises à jour, nous sommes au courant, restons à l'affût de ce qui se passe dans d’autres pays pour qu'on soit harmonisés bien sûr. S’il y a un changement dans un autre pays, on va regarder si ça s'applique ici aussi, si on a les mêmes données probantes, les données scientifiques. On en fait la revue. On détermine, par exemple, si la concentration de l'ingrédient utilisé peut être très dangereux, mais s’il peut être utilisé dans une dose beaucoup plus faible pour un cosmétique, il va être sécuritaire.

Annie : Ça va être acceptable.

Magdalena : Donc, on va faire une évaluation toxicologique dans cet exercice puis la mise à jour. On regarde les incidents reçus, par exemple on regarde aussi les décisions d'autres pays.

On a aussi les listes de priorités à l'interne qu'on essaie d'ajouter sur les ingrédients. Une fois qu'on a déterminé la priorité, on va faire une consultation pour l'industrie. C'est un outil administratif qu'on utilise afin de communiquer à l'industrie et à nos intervenants et au public que certains ingrédients sont restreints ou interdits pour utilisation dans les cosmétiques.

La liste critique est mise à jour régulièrement. On regarde les ingrédients des revues scientifiques, ce qui se passe aussi dans les autres pays et on propose et on informe nos intervenants que nous allons mettre à jour l’analyse critique sur le site Web de Santé Canada.

On va toujours indiquer ces informations. On fait une consultation, un avis aux intervenants aussi est publié en premier. À la suite d’une consultation, la liste critique est mise à jour.

Une fois que la liste critique est publiée sur le site Web, nous faisons le suivi avec les entreprises pour les informer que, par exemple, tel ingrédient a été mis à jour et maintenant voici les nouvelles conditions, puis on les informe pour qu'elles puissent se conformer aux nouvelles conditions.

Annie : Donc, beaucoup de collaboration et beaucoup de transparence dans le processus aussi, de ce que je comprends.

Magdalena : Oui, c'est très important pour Santé Canada d'être transparent à ce niveau-là pour protéger le public canadien.

Annie : Les Canadiennes et Canadiens. Oui, exactement.

Magdalena : Le public du Canada.

Annie : Et puis, est-ce que tu veux me donner un exemple, parce que je sais que des fois soit la concentration, soit l'ingrédient a des directives spécifiques, des directives d'usage?

Est-ce que tu peux donner un exemple qui serait assez commun pour qu’on puisse s'imaginer à quoi ressemble un produit sur la liste critique?

Magdalena : Un qui me vient en tête rapidement, c'est les acides alpha-hydroxylés. Ce sont des ingrédients utilisés dans les exfoliants chimiques que les gens utilisent pour la peau.

Annie : C'est les AHA, on va lire ça sur les produits. C'est ça?

Magdalena : Exactement, les AAH, dans le fond en français, AHA en anglais. Une des propriétés d'un agent exfoliant. Donc, des AHA, AAH pardon, ça va exfolier la couche superficielle de la peau. Ainsi, ça peut rendre la peau plus susceptible aux coups de soleil, donc c'est très important.

Une des mentions par exemple qui est sur la liste critique depuis un bon moment est d'appliquer un écran solaire après avoir utilisé des crèmes ou un exfoliant qui contient des acides alpha-hydroxylés. C'est très important pour prévenir les risques de coup de soleil.

Annie : C'est un exemple très pratique, parce qu’on voit justement cette formule d'ingrédients, AAH, beaucoup récemment dans le milieu des cosmétiques. Le port de l'écran justement, c'est bien soutenu là-dedans.

Magdalena : C'est en lisant les instructions que tu vas voir ah, j'utilise ce produit, je l'ai appliqué 15 minutes, j'ai enlevé mon masque ou quoi que ce soit, puis après un rappel d’utiliser l’écran solaire.

Donc, c'est une des raisons pour laquelle il y a ces instructions et la liste critique pour protéger les gens.

Annie : On parle des fois de modification d'un cosmétique.

Moi, j'ai une crème de jour, j'ai une crème hydratante que je trouve un peu trop épaisse, je vais la diluer avec de l'eau. J'ai un vernis à ongles que je trouve peut-être un peu trop foncé, je vais le diluer. Est-ce que ce sont des pratiques recommandées? Est-ce que ça a un impact sur les recommandations que vous faites sur des produits mêmes?

Magdalena : Bien un maquillage ou un produit comme ça, on recommande de ne pas rajouter d'eau ou de salive, parce que ça peut donner lieu à une prolifération de bactéries. Donc, c'est toujours mieux…

Annie : pour éviter une contamination finalement, car le produit peut ne plus être sécuritaire.

Magdalena : Oui.

Annie : Quand on parle de soumissions, de communications lorsqu'il y a des effets indésirables à la suite de l'usage d'un cosmétique, est-ce qu'on en reçoit beaucoup par année?

Magdalena : Oui, on en reçoit, je n’ai pas le nombre en tête. Mais, oui, nous recevons des rapports d'incident du public autant que de l'industrie aussi.

Annie : Ok, et où est-ce qu'on peut trouver ce formulaire-là?

Magdalena : Il est sur le site Web de Santé Canada et est très simple à remplir.

Donc, si vous avez un effet indésirable, vous indiquez le nom du produit, ce qui s'est passé puis vous pouvez le soumettre.

Par la suite, une fois que Santé Canada le reçoit, il va évaluer quelle était la réaction, ce qui s'est passé et faire un suivi si nécessaire auprès du fabricant. Par exemple, une des choses qu’on reçoit souvent est une non-conformité concernant l'étiquetage ou ce n'est pas bilingue, etc.

C'est toujours important d'avoir la rétroaction du public si vous observez une non-conformité ou si vous avez un problème à nous signaler.

Annie : Donc, j'ai rempli un formulaire, je l'ai soumis, est-ce que ça veut dire que le produit sera retiré des tablettes?

Magdalena : Pas nécessairement.

Annie : Qu'est-ce qui se passe après qu'on a soumis un formulaire d'incident?

Magdalena : Bien, nous allons prendre l'information puis voir si c'est le seul incident par exemple pour ce produit, ou s'il y en a plusieurs autres. Ça nous donne des signaux pour déterminer après ce que nous devons faire.

Quelle est la réaction? Est-ce que c'est une réaction isolée ou est-ce que les directives n’ont pas été respectées? Est-ce que c'est une réaction allergique? Donc, on va regarder toutes ces informations pour déterminer l'action appropriée à prendre. On va enquêter.

Annie : On a parlé d'une panoplie de choses, donc si tu avais trois messages clés à transmettre au public, ce serait quoi Magdalena?

Magdalena : Premièrement, lire la liste des ingrédients sur l'étiquette du produit. C'est un élément essentiel pour prévenir ou pour éviter les ingrédients qui pourraient entraîner des effets indésirables pour toi, ou surtout si tu sais que tu es allergique à un produit ou à un ingrédient spécifique.

Aussi, suivre les directives qui sont sur le produit. Il y a une raison pour laquelle des directives sont indiquées, c'est pour un usage…

Annie : Le mode d'emploi.

Magdalena : Un usage sécuritaire. J'encouragerais, si on expérimente un effet indésirable, à le soumettre à Santé Canada. C'est une information qui est pertinente.

On peut à ce moment-là déterminer en surveillant les produits, on peut voir si on a besoin de faire le suivi. Ça nous aide à compléter le casse-tête ou à mieux comprendre ce qu’il y a sur le marché. C’est encouragé de soumettre un incident à Santé Canada dans ces cas-là.

Annie : D’excellents messages, et puis je pense que c'est toujours pertinent de se faire dire d'être vigilant lorsqu'on fait des achats en ligne, peu importe le produit.

Merci beaucoup, Magdalena.

Magdalena : Ça me fait plaisir, merci à toi.

[Son de pouls]

[Musique]

Annie : Merci d'avoir été à notre écoute.

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