Notes d’allocution pour l’honorable Marc Garneau, ministre des Transports à la Troisième conférence ministérielle conjointe des protocoles d’entente de Paris et de Tokyo sur le contrôle des navires par l’état du port pour un dîner-causerie sur le Bruit des navires Vancouver (Colombie-Britannique)

Discours

Le 3 mai 2017

La version prononcée fait foi

Mes amis, une ville comme Vancouver ne saurait exister sans son port.

Et nos ports ne sauraient exister sans une industrie du transport maritime saine.

Mais les eaux à proximité de nos ports abritent de nombreuses espèces marines qui ne sauraient exister sans un environnement sain.

Les êtres vivants de l’océan sont une ressource partagée. C’est pour cette raison que leur préservation doit être une responsabilité partagée.

Les données scientifiques sont claires, et les nations maritimes du monde entier prennent des mesures pour lutter contre les sources de pollution marine les plus manifestes, notamment les déversements de pétrole et les émissions de gaz à effet de serre.

Il existe cependant une autre source de pollution qu’il nous faut admettre : la pollution acoustique, c’est-à-dire le bruit provenant des navires.

Certaines espèces de baleines et de dauphins se servent d’ondes acoustiques pour se déplacer, communiquer entre elles et repérer leurs proies. Nous savons que le bruit émis par les bateaux et les moteurs de navire nuisent à leur capacité de s’adonner à ces activités.

Nous en avons encore beaucoup à apprendre au sujet des répercussions du bruit des navires sur les mammifères marins, mais il y a tout lieu de croire qu’il s’agit là d’un agent stressant considérable, susceptible de nuire aux chances de survie de ces mammifères. C’est pourquoi nous devons prendre des précautions dès maintenant.

Permettez-moi de vous parler de l’un de ces mammifères marins en péril : l’épaulard résident du sud, une baleine qu’on apercevait en grand nombre il n’y a pas si longtemps le long des côtes de la Colombie-Britannique.

Aujourd’hui, il ne reste que 78 de ces cétacés.

Trois grandes menaces pèsent sur l’épaulard résident du sud.

Tout d’abord, la nourriture dont il s’alimente, en l’occurrence, le saumon, n’est plus aussi disponible qu’auparavant.

La présence de contaminants dans l’eau lui nuit également.

Enfin, il est victime de la perturbation acoustique, autrement dit, le bruit.

En ce moment, nous ne nous trouvons qu’à 100 mètres de l’habitat essentiel de l’épaulard résident du sud. Par « habitat essentiel » nous entendons un secteur géographique qui possède les caractéristiques essentielles à la conservation d’une espèce.

Ces épaulards passent la majeure partie de l’année dans les eaux situées au sud et à l’est de l’île de Vancouver ainsi que dans le nord de l’État de Washington.

Or, le trafic maritime est très dense à ces endroits.

Des navires commerciaux traversent ce territoire jusqu’à une fois l’heure, 24 heures sur 24. Les traversiers locaux y font constamment la navette, les bateaux d’observation de baleines y sont omniprésents et le nombre d’embarcations de navigation de plaisance qui parcourent ces eaux ne cesse de s’accroître.

Et ainsi augmentent le bruit et le stress sur les baleines.

Nous voulons soutenir le rétablissement de ces magnifiques animaux, mais il faut pour cela une action concertée de la part d’un grand nombre de gens.

Il s’agit d’un problème complexe qui exige que des mesures soient prises tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du gouvernement.

Nous avons tous un rôle à jouer : les chercheurs, l’industrie maritime, les gens de mer, les plaisanciers et les collectivités autochtones de la Colombie-Britannique, qu’un lien spirituel et culturel établi unit à l’épaulard.

Le rétablissement de l’espèce passe indéniablement par les partenariats et la collaboration.

La communauté internationale est consciente du problème que pose le bruit des navires. Comme vous le savez tous, en 2014, l’Organisation maritime internationale a publié des lignes directrices sur la réduction du bruit des navires, et certains pays ont élaboré des stratégies connexes.

Au Canada, nous estimons qu’il est possible d’en faire plus, et qu’il faut en faire plus à l’échelle internationale. C’est pourquoi nous soulèverons cet enjeu à la prochaine réunion du Comité de la protection du milieu marin de l’OMI.

Nous demanderons à toutes les nations de se joindre à nous pour lutter contre le problème du bruit des navires.

Nous devons aller plus loin que les lignes directrices de 2014 pour protéger non seulement l’épaulard résident du sud de la Colombie-Britannique, mais aussi les autres espèces fauniques qui font face à des défis semblables dans le monde entier.

Il y a quelques mois à peine, notre gouvernement a annoncé le Plan de protection des océans, une initiative de 1,5 milliard de dollars qui prévoit l’investissement d’importantes sommes pour mettre sur pied un système de sécurité maritime de classe mondiale et pour renforcer la gérance environnementale des côtes du Canada.

Par ce plan, le gouvernement du Canada cherche à mieux comprendre l’impact qu’a le bruit sur l’épaulard résident du sud.

Nous collaborons avec la communauté scientifique au Canada et dans le monde entier pour combler les lacunes dans nos connaissances.

Il nous faut toutefois appliquer le principe de précaution. Nous ne pouvons plus attendre : il faut agir de toute urgence pour le bien des espèces en péril.

Pour réduire le bruit des navires, réduire la vitesse des navires peut être efficace dans certaines conditions au sein de l’habitat essentiel d’une espèce. La modification conceptuelle des navires peut aussi être utile.

La réduction du bruit présente un autre avantage : certaines des améliorations technologiques mises en œuvre à cette fin permettront non seulement de limiter le préjudice causé aux épaulards, mais aussi d’accroître l’efficacité énergétique des navires et de réduire les émissions connexes.

Permettez-moi de vous présenter quelques-uns des travaux que nous réalisons au Canada.

Le programme d’observation et d’amélioration de l’habitat des cétacés, aussi appelé programme ÉCHO, en est un bon exemple.

Cette initiative dirigée par l’Administration portuaire Vancouver Fraser nous aide à mieux comprendre et gérer l’incidence du transport maritime sur les cétacés en voie de disparition, dont l’épaulard résident du sud, le long du sud de la côte de la Colombie-Britannique.

Le programme ÉCHO réunit des scientifiques et des représentants de l’industrie du transport maritime, de groupes voués à la conservation et à la protection de l’environnement, de collectivités autochtones et d’organismes gouvernementaux.

Le programme ÉCHO est pour nous un précieux partenaire. Nous avons travaillé avec cette organisation à plusieurs projets déjà, et nous continuerons en ce sens.

Dans le cadre de ces projets, des microphones sous-marin, ou des réseaux d’hydrophones, ont été utilisés pour capter et analyser les sons sous l’eau dans le détroit de Georgia; une coque de navire a été nettoyée pour déterminer si cela permet de réduire le bruit sous-marin; et les effets du ralentissement des navires dans le détroit de Haro ont été étudiés.

Certains de nos partenaires mettent l’épaule à la roue et créent des incitatifs pour encourager les sociétés de transport maritime à mieux respecter l’environnement. Le programme ÉcoAction du Port de Vancouver et le programme Vague verte du Port de Prince Rupert accordent des rabais sur les droits de port aux navires écologiques. Au nombre de leurs critères figurent les efforts déployés pour minimiser le bruit des navires.

À notre connaissance, ce sont là les premiers programmes d’incitatifs du genre mis en œuvre dans le monde entier pour s’attaquer aux effets environnementaux du bruit sous-marin provenant de navires.

L’industrie mène aussi des initiatives très prometteuses.

L’Alliance verte est le fruit d’un effort volontaire déployé en 2007 par des membres de l’industrie maritime au Canada et aux États-Unis.

Au début de cette année, l’Alliance verte a intégré à son programme de certification environnementale des indicateurs de rendement en matière de réduction du bruit sous-marin provenant des navires.

L’élaboration de ces indicateurs s’est faite en collaboration avec des experts du milieu de la recherche et de la science maritimes, d’organisations environnementales et du gouvernement canadien.

À compter de l’an prochain, la certification de l’Alliance verte sera subordonnée au respect de critères liés au bruit.

Il s’agit encore une fois de la première initiative du genre dans le monde entier.

Le gouvernement du Canada porte un vif intérêt à la réussite de programmes comme Écho et l’Alliance verte. Nous poursuivrons notre collaboration avec ces organismes de même qu’avec d’autres organismes semblables.

En terminant, je sais que nous convenons tous de l’impact majeur qu’a le secteur du transport maritime sur l’environnement.

Je suis très heureux des mesures qui sont prises pour protéger l’environnement, et je veux travailler avec l’industrie et mes homologues des autres pays en vue d’encourager la poursuite de ces efforts.

Grâce à notre engagement commun, nous pouvons soutenir le commerce et l’activité économique tout en prenant soin de nos écosystèmes et des créatures qui y vivent.

Je me réjouis à la perspective de travailler avec vous tous pour donner à l’industrie maritime les connaissances, les outils et, surtout, les incitatifs nécessaires à la préservation de nos océans et de la multitude d’êtres vivants qu’ils contiennent.

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