Allocution de Jane Rooney, chef du développement de la littératie financière, à la Conférence de l’Institut C.D. Howe

Discours

Le nouveau paradigme des conseils financiers : nouvelles technologies, nouveaux règlements, nouveaux modèles d’affaires

Groupe d’experts : Que sont les conseils financiers?

L’hôtel Westin Harbour Castle, Toronto

Le texte prononcé fait foi

Bonjour. Merci, Stan (Magidson).

Je suis ravie que la littératie financière fasse partie de l’entretien d’aujourd’hui.

Nous apportons des points de vue différents à ce groupe d’experts, mais je crois que nous pouvons tous convenir de l’importance de la littératie financière et des conseils financiers.

En tant que chef du développement de la littératie financière, mon rôle consiste à renforcer le bien-être financier des Canadiens et de leur famille en les encourageant à gérer leur argent et leurs dettes judicieusement, à planifier et à épargner pour l’avenir, et à se protéger contre la fraude et l’abus financier.

La littératie financière et les conseils financiers sont complémentaires. Il est important que les consommateurs possèdent les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires pour effectuer des choix éclairés. Il est tout aussi important qu’ils cherchent à obtenir des conseils judicieux.

La littératie financière constitue une compétence essentielle depuis toujours et l’est d’autant plus aujourd’hui. Cela s’explique par diverses raisons.

Premièrement, l’industrie des services financiers évolue. Les produits et services financiers sont de plus en plus complexes. En raison de la technologie, les décisions financières sont prises plus rapidement, et souvent sans demander de conseils. Dans votre industrie, vous constatez les répercussions de la technologie, notamment l’augmentation du nombre d’utilisateurs de conseillers intelligents et d’autres ressources Web.

Deuxièmement, la situation démographique est en évolution. La génération Y est actuellement la plus importante dans le milieu de travail. Cependant, les membres de cette génération n’ont pas forcément d’emploi permanent ni d’avantages sociaux, tel un régime de retraite. Il incombe maintenant aux consommateurs de prendre plus de décisions qu’auparavant, notamment en ce qui concerne la planification de la retraite. De plus, la population est vieillissante et l’espérance de vie est prolongée. Certains Canadiens pourraient financer leur retraite pendant 20 ans, voire plus.

À l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) où je travaille, nous surveillons les principales tendances des consommateurs. Nous savons que la grande majorité de la population canadienne ne se sent pas prête à la retraite, plus particulièrement les populations vulnérables. De nombreux consommateurs ignorent combien ils doivent épargner pour maintenir leur mode de vie pendant leur retraite.

Nous savons également que de nombreux Canadiens ne disposent d’aucun fonds d’épargne d’urgence de base et que leur taux d’endettement est élevé. Nous constatons également une hausse de l’endettement chez les retraités. Plus tôt cette année, j’ai assisté à une conférence du G20, qui était axée sur l’environnement caractérisé par les faibles taux d’intérêt et le niveau d’endettement élevé de nombreux pays. Au Canada, nous avons constaté les taux d’intérêt les plus faibles de l’histoire; cependant, les ménages canadiens n’ont jamais consacré une aussi faible proportion de leur revenu disponible à l’épargne. Le ratio de la dette au revenu disponible des ménages canadiens (167 %) a atteint un nouveau sommet.

Malgré ces défis, les Canadiens n’obtiennent pas toujours les conseils financiers nécessaires. Cela est particulièrement le cas chez les consommateurs à risque élevé. Étant donné que le niveau d’endettement du pays est préoccupant, nous avons effectué des recherches sur le type d’endettement des Canadiens. Nous avons décelé des tendances, notamment une hausse du recours aux prêts sur salaire. La proportion de Canadiens qui utilisent les prêts sur salaire est faible, mais elle a plus que doublé de 2009 (1,9 %) à 2014 (4,3 %). Nous avons également constaté que 20 % des utilisateurs de prêts sur salaire ne correspondent pas au profil habituel; le revenu de leur ménage est d’au moins 80 000 $ (supérieur au revenu médian).

Selon le rapport Prêts sur salaire : tendances du marché

  • Seulement 8 % des utilisateurs de prêts sur salaire interrogés ont répondu qu’ils cherchaient « toujours » à obtenir des conseils financiers, gratuits ou pas, lorsqu’ils le jugeaient nécessaire. Quelque 18 % des répondants ont affirmé qu’ils sollicitaient « habituellement » des conseils, 45 % en demandaient « parfois », et 27 % ne recherchaient « jamais » de conseils lorsqu’ils l’estimaient nécessaire.

Ces résultats mettent en évidence la nécessité de mieux communiquer avec les consommateurs à risque élevé à propos des options disponibles.

Nos données indiquent les avantages du recours à un conseiller financier. Tous les cinq ans, le gouvernement mène l’Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF). Selon les données du plus récent sondage (2014) :

  • Les retraités qui demandaient souvent des conseils financiers (gratuits ou pas) ont déclaré un niveau de vie qui répondait à leurs attentes ou les dépassait plus souvent que les retraités qui ne sollicitaient aucun conseil.
  • Les quasi-retraités (les Canadiens d’au moins 55 ans qui travaillent encore) qui demandaient fréquemment des conseils sur des questions financières ont déclaré un niveau supérieur de REER, de CELI et de planification de la retraite.   

L’accès à des conseils est essentiel, car la plupart des consommateurs ne sont pas des experts en investissement. Cependant, nous estimons que les consommateurs ont la responsabilité d’en apprendre davantage sur les conseils qu’ils obtiennent et sur les frais qu’ils assument. La littératie financière fait partie intégrante des conseils financiers. 

Afin de déterminer la démarche optimale pour renforcer la littératie financière, l’ACFC a mené partout au pays et a collaboré avec le Comité directeur national sur la littératie financière, qui comprenait des membres des commissions des valeurs mobilières de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick et du Québec, du Financial Planning Standards Council, de l’Association des banquiers canadiens et d’autres organisations, pour élaborer notre Stratégie nationale pour la littératie financière – Compte sur moi, Canada. L’an dernier, notre stratégie a été sélectionnée pour un prix international.

En février, nous avons annoncé la création d’un nouveau comité directeur composé de 15 experts de l’ensemble du Canada. Ce comité comprend des représentants d’Advocis, de deux organismes de réglementation provinciaux (Nouveau-Brunswick et Québec) et de certaines associations du secteur des services financiers. L’un des objectifs de ce comité consiste à accroître le nombre de programmes de littératie financière en milieu de travail. Cette mesure nous permettra de communiquer avec un plus grand nombre d’adultes et d’offrir des avantages formidables aux employés et à leur famille, ainsi qu’aux employeurs, au moyen de la réduction du stress financier. Nous tenterons également de trouver des façons d’aider les populations autochtones à renforcer leur littératie financière.

Pour l’avenir, l’ACFC a établi les trois priorités suivantes :

  • l’établissement d’un budget (nous voulons qu’un nombre accru de Canadiens utilisent un budget pour renforcer leur confiance et gérer leur argent plus efficacement);
  • l’épargne (nous voulons qu’un nombre accru de Canadiens créent un fonds d’urgence et un fonds d’épargne à long terme);
  • la compréhension des responsabilités et des droits relatifs aux produits et services financiers (nous voulons favoriser la compréhension de ces droits et de ces responsabilités).

Comment pouvons-nous améliorer la littératie financière? Diverses solutions sont possibles. Nous collaborons avec des intervenants des services financiers, du gouvernement, de groupes sans but lucratif, d’organismes communautaires et avec des éducateurs. Nous élaborons aussi des programmes et des outils pédagogiques afin d’aider les consommateurs à établir un budget, à épargner et à gérer leur endettement à toutes les étapes de leur vie, que ce soit pour fonder une famille, poursuivre des études postsecondaires, acheter une maison ou de prendre leur retraite. Nous possédons les outils nécessaires pour aider les consommateurs à trouver les produits et les services financiers qui répondent le mieux à leurs besoins. Nous disposons de renseignements qui peuvent aider les Canadiens à mieux comprendre les régimes de retraite, les instruments d’épargne tels que les REEE, les REER et les CELI, et la planification de la retraite. Nous avons également des ressources qui peuvent aider les consommateurs à choisir un conseiller financier, à déterminer les questions à poser, à comprendre la procédure à suivre en cas de plainte, et à connaître leurs droits et leurs responsabilités en tant que consommateurs financiers.

Nous encourageons les professionnels qui traitent des finances des Canadiens, notamment les conseillers, les fournisseurs d’avantages sociaux et le personnel des RH d’entreprises, à partager les ressources de l’ACFC. Bien que les conseils financiers soient personnalisés en fonction des besoins individuels, certains éléments s’appliquent à tous.

Nous savons, par exemple, que tous les consommateurs peuvent adopter certaines mesures plutôt simples pour gérer leur argent. L’établissement d’un budget en fait partie. Cette mesure peut sembler évidente pour les intervenants de l’industrie, mais nos recherches démontrent que moins de la moitié des Canadiens disposent d’un budget ménager.

L’an dernier, lors du symposium de recherche de l’ACFC, il a été établi que le fait d’encourager les consommateurs à établir un budget est essentiel, car cet outil joue un rôle fondamental dans toute planification financière et aide les consommateurs à établir leurs priorités en matière de dépenses, d’épargne et d’investissement.

Nous percevons la littératie financière comme une responsabilité partagée. Par conséquent, nous voulons que les conseillers financiers, les employeurs, les décideurs politiques et les organisations de l’ensemble du pays nous aident à encourager un nombre accru de Canadiens à établir un budget, à épargner et à comprendre leurs droits et leurs responsabilités en tant que consommateurs financiers.

Merci.

 

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2017-03-30