Recommandations sur la permanence du Comité consultatif sur les solutions climatiques fondées sur la nature au Fonds pour des solutions climatiques naturelles

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Résumé des recommandations

Nous recommandons que la permanence soit établie comme un critère essentiel pour obtenir du financement du Fonds pour des solutions climatiques naturelles (FSCN). Cette recommandation s’est imposée à nous après avoir évalué les meilleures façons de réaliser les objectifs du FSCN. Si la permanence n’est pas inscrite comme l’un des principes fondamentaux du FSCN, nous sommes très peu optimistes quant à la capacité du programme à produire les résultats pour lesquels il a été créé, que ce soit en matière de carbone, de biodiversité ou d’avantages pour les Canadiennes et les Canadiens.

Par permanence, nous entendons que les activités de restauration dans le cadre du FSCN, qu'il s'agisse de la plantation d'arbres, de la restauration de zones humides et de prairies ou de la restauration d'espaces naturels sur des terres privées, permettront de protéger à long terme les réserves de carbone produites par le programme, de créer des écosystèmes résilients capables de mieux résister aux perturbations attendues et inattendues, d'inclure un éventail complet d'outils favorisant la permanence du carbone restauré et de réduire la probabilité de ne pas atteindre la permanence.

L’objectif du FSCN est de « faire appel à la puissance de la nature pour assurer la réduction des effets des changements climatiques et l’adaptation à ces changements, tout en favorisant la biodiversité » (gouvernement du Canada, 2021a) ou, comme l’explique RNCan, « [...] d’absorber et de capturer le carbone, d’augmenter la biodiversité et de favoriser le mieux-être humain » (Ressources naturelles Canada, 2021). « Adopter le pouvoir de la nature pour améliorer la santé des familles et la résilience des collectivités est l’un de cinq piliers du Plan climatique renforcé du Canada » (gouvernement du Canada, 2021b). Aucun de ces objectifs ne pourra être atteint si nous ne nous assurons pas que les activités de protection, de gestion et de restauration financées par le FSCN augmentent la résilience des écosystèmes canadiens, et ce bien au-delà de 2050, pour résister aux impacts des changements climatiques, pour fournir les services écosystémiques desquels dépend le bien-être des Canadiens et pour continuer à retirer le dioxyde de carbone de l’atmosphère après l’atteinte des objectifs d’émissions nulles.

Nous comprenons que la permanence des activités de plantation d’arbres et des autres activités de restauration n’a pas été considérée comme importante au moment de la création du FSCN. Par contre, comme des preuves irréfutables indiquent que cette permanence est essentielle à l’atteinte des objectifs du FSCN, nous avons fourni des conseils visant à faciliter la mise en œuvre de cette recommandation.

Plus spécifiquement, nous avons fourni :

  1. une définition de la permanence;
  2. une explication de l’importance de la permanence pour l’atteinte des objectifs du FSCN;
  3. les occasions qui découlent de la recherche de la permanence;
  4. des conseils sur la réduction des risques associés à la permanence; et
  5. des leçons tirées d’initiatives similaires, au Canada et à l’étranger.

Finalement, nous présentons des preuves qui témoignent du fait que la « permanence » ne constitue pas une contrainte pour le FSCN mais plutôt un atout. C'est une occasion de garantir des résultats à long terme en matière de changement climatique; une occasion de répondre à plusieurs priorités gouvernementales par un même investissement; une occasion particulièrement importante pour les efforts de réconciliation avec les peuples autochtones, puisque l’un des actes de réconciliation les plus importants consiste à permettre aux peuples autochtones de concevoir et de mettre en œuvre l’aménagement de leur territoire y compris les APCA et les approches qui équilibrent de façon efficace la prospérité humaine et la résilience des écosystèmes, en accord avec les décisions des détenteurs de droits et de titres autochtones; une occasion de développer des liens avec les communautés qui peuvent gérer les activités de restauration; et une occasion de remédier à des dommages passés en améliorant la résilience des écosystèmes sur lesquels repose l’avenir du Canada.

Du point de vue autochtone, l’horizon temporel de la planification de l'aménagement forestier est à long terme. Par exemple, dans le district 19 de Terre-Neuve-et-Labrador, l'horizon de planification est d'au moins 400 ans. C’est ce type d’horizon temporel que nous envisageons, lorsque nous parlons de permanence pour le FSCN en vue d’atténuer les changements climatiques.

Contexte

Quelle est notre tâche?

La question prioritaire de RNCan était la suivante : « Comment communiquer le message concernant les défis et la diversité des opinions associés aux multiples avantages à long terme des projets financés par le Fonds pour des solutions climatiques naturelles (FSCN), incluant, sans s’y limiter : les terres restaurées, les arbres plantés; et les autres mesures efficaces de conservation des terres, alors qu’il n’y a pas de mécanisme légal pour imposer la permanence des actions entreprises par les trois volets du programme? »

Le sous-groupe sur la permanence est arrivé à la conclusion que la permanence est non seulement nécessaire, mais qu’elle est possible. Conséquemment, nous proposons une définition de la permanence, que nous accompagnons de réflexions indiquant pourquoi la permanence est essentielle à l’atteinte des objectifs du FSCN et en fournissant des conseils pour réaliser cette permanence. Nous insistons également sur l’importance, pour l’atteinte de la permanence, de s’assurer que les écosystèmes – qu’ils soient protégés, aménagés ou restaurés – soient aussi résistants et résilients que possible aux perturbations actuelles et futures. Cette préoccupation doit être un principe primordial du FSCN.

Le sous-groupe sur la permanence souligne que les objectifs du FSCN sont définis clairement : « répondre aux changements climatiques et à la perte de biodiversité », alors que deux des trois fonds sous-jacents du programme partagent un même objectif de réduction des émissions de GES d’ici 2050 :

Une réduction supplémentaire des émissions de 13 à 16 Mt CO2 / année ne pourra être atteinte sans s’assurer que les activités de restaurations se prolongent. Planter des arbres sur de vastes zones dans le seul objectif de les récolter annulera simplement tous les gains réalisés précédemment.

Il est par ailleurs important de souligner que le Canada est l’un des seuls pays possédant de vastes superficies d’écosystèmes relativement intacts, qui stockent de grandes quantités de carbone et abritent des vertébrés qui migrent sur de longues distances. (Soto-Navarro et coll. 2020). Le FSCN offre au Canada l’occasion de faire preuve de leadership, s’il est mené correctement. Comprendre le rôle de la permanence dans la restauration s’inscrit dans cette démarche de leadership assumé.

Définition de la permanence dans le contexte du FSCN

Lorsque nous parlons de permanence, nous voulons dire que les activités de restauration du FSCN, qu’il s’agisse de plantation d’arbres, de restauration de zones humides ou de prairies ou de restauration de zones naturelles sur des terres agricoles :

L’importance de la permanence

Le FSCN est l’une des mesures prises par le Canada pour répondre à l’objectif de l’Accord de Paris de maintenir la hausse des températures au-dessous de 1,5°C, par rapport aux niveaux préindustriels. Pour atteindre cet objectif mondial, il faudra non seulement réduire radicalement et rapidement les émissions, mais aussi éliminer le CO2 de l'atmosphère après 2050. Selon le GIEC, près de 730 milliards de tonnes de CO2 devront être retirées de l’atmosphère d’ici la fin du siècle (GIEC, 2018). Il faudra des décennies, au moins, pour que des activités comme la restauration, la plantation d’arbres et l’amélioration de la gestion des terres aient une incidence significative sur les émissions de GES. La véritable valeur ajoutée des solutions climatiques naturelles, pour les changements climatiques, réside dans leur longévité : c’est-à-dire dans leur capacité à refroidir la planète après l’atteinte des objectifs de carboneutralité, et par leur capacité à continuer de séquestrer et de stocker du carbone (Girardin et coll., 2021). Ces solutions entraînent également des avantages à long terme pour la biodiversité et le mieux-être humain.

La restauration est un processus de longue haleine. Nous devons tout faire pour nous assurer que les activités de restauration, qu’il s’agisse de planter 2 milliards d’arbres ou de restaurer d’autres écosystèmes, aient une incidence qui s’inscrive dans la durée. Nous sommes bien conscients que tous les écosystèmes sont dynamiques par nature, et que la valeur d’un programme de restauration réside dans l’amélioration de la résilience de nos écosystèmes endommagés face à différents agents stressants, pour qu’ils puissent résister à des perturbations importantes et fournir des services écosystémiques précieux à la nature comme aux personnes.

La permanence est également importante, parce qu’elle est au cœur de la stratégie visant à garantir le mieux-être des générations futures. Les savoirs autochtones peuvent nous être d’un apport précieux, ici. Il nous incombe d’offrir un éventail de choix aux générations à venir, y compris le choix de faire évoluer leur rapport à la nature et d’y affirmer une multitude de valeurs. La permanence est le seul espoir de rétablir des options pour les générations qui nous suivront.  

Les auteurs d’un récent rapport parlementaire britannique soulignent leurs préoccupations par rapport aux solutions climatiques naturelles. Pour atteindre les cibles climatiques, « les crédits carbone et pour la nature doivent se traduire par des avantages supplémentaires, mesurables et permanents [les caractères gras sont notre ajout] » (Comité des sciences et de la technologie, Royaume-Uni, 2022).

La permanence et les valeurs

L’objectif du FSCN de « faire appel à la puissance de la nature pour assurer la réduction des effets des changements climatiques et l’adaptation à ces changements, tout en favorisant la biodiversité » (gouvernement du Canada, 2021a) englobe l’idée selon laquelle la gestion des écosystèmes visant à accroître leur résilience demande également d’envisager différentes valeurs, à différentes échelles. Pour être fidèles à la volonté d’inclure une pluralité de valeurs, nous recommandons que le FSCN développe un processus qui respecte les valeurs autochtones et communautaires, et qu’il incombe aux personnes qui sont sur le terrain de veiller au processus de restauration et à son succès dans le temps. Ces personnes doivent savoir que leur processus décisionnel est respecté.

Le FSCN s’inscrit dans une série d’initiatives qui peuvent aider le Canada à miser sur une économie plus équitable et basée sur la conservation, qui reconnaît la valeur de nos milieux naturels pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques, pour le mieux-être et pour la santé humaine et pour une plus grande stabilité économique. Par exemple, restaurer et assurer une couverture forestière vaste et permanente dans les régions boréales reconnaîtrait les limites écologiques, l’importance de cette région pour la nature et plus particulièrement pour les espèces migratoires, et améliorerait la résilience à long terme de la région boréale canadienne.

Pour assurer la permanence des activités entreprises par le FSCN, il est essentiel de développer et d’entretenir des relations. La valeur ne peut se chiffrer uniquement dans le nombre d’arbres plantés. Pour connaître du succès, le programme doit développer des relations avec les personnes qui sont sur le terrain et seront responsables d’entretenir et de surveiller les investissements en termes de protection, de gestion et de restauration.

Les occasions offertes par la permanence

Dans le contexte canadien, les investissements du FSCN peuvent entraîner de nombreux avantages, notamment en soutenant plusieurs priorités gouvernementales. Non seulement sera-t-il essentiel d’adopter une approche pangouvernementale pour obtenir ces différents avantages, mais il faudra également avoir une compréhension approfondie du caractère primordial de la permanence, dans les activités de restauration.

L’adoption d’une approche pangouvernementale est importante, parce que cela permet de nous assurer que :

Les lettres de mandat aux ministres nous donnent un aperçu des priorités du gouvernement du Canada que le programme pourra appuyer (premier ministre du Canada Justin Trudeau, 2021).

Réduire les risques qui pèsent sur la permanence

Il existe évidemment des risques qui pèsent sur la permanence des activités de restauration. Le risque le plus évident est celui présenté par les « perturbations naturelles », y compris les feux de forêt ou les infestations d’insectes, dont l’incidence est à la hausse en raison des changements climatiques, et qui se traduit par une perte des zones protégées, aménagées ou restaurées. Il n’est pas possible de garantir que les zones restaurées ne subiront aucune perte, mais des moyens s’offrent à nous pour minimiser les risques.

  1. Planter les bonnes espèces
    • Planter une diversité d’espèces (d’arbres, évidemment, mais aussi d’autres espèces comme des arbustes) sur une terre donnée en renforce la résilience. Les écosystèmes forestiers divers peuvent stocker plus de carbone, fournissent plus de services écosystémiques et sont plus résilients que les plantations limitées ou à une seule espèce (Girardin et coll. 2021; Lewis et coll. 2019; Messier et coll. 2021).
    • La restauration des forêts devrait miser sur des espèces d’arbres qui sont bien adaptées au sol actuel et aux conditions climatiques actuelles et futures, en favorisant une diversité d’espèces présentant des caractéristiques fonctionnelles différentes, pour améliorer la résilience (Paquette et coll. 2021). Il convient de noter que d’autres programmes de plantation d’arbres, comme le programme « Un milliard d’arbres » de la Nouvelle-Zélande, s’efforcent de remplacer une partie des plantations à espèce unique par des forêts plus naturelles et plus diverses (Forestry New Zealand/Te Uru Rākau 2018).
    • Il est important de s’assurer que les plantations effectuées dans les zones présentant les plus grands risques de perturbations, comme les incendies, soient les plus résistantes aux incendies ou les espèces ayant le patrimoine génétique le plus résilient. Par exemple, certaines espèces comme le peuplier et le chêne sont capables de se développer à partir de racines profondes ou de pousses.
    • Il convient d’évaluer un certain nombre de valeurs lorsque l’on réfléchit à ce qui sera planté. Ainsi, le choix des bonnes espèces devrait tenir compte de la sécurité alimentaire, en plus des valeurs d’atténuation des changements climatiques et de biodiversité.
  2. Planter aux bons endroits
    • Dans la mesure du possible, choisir des emplacements pour la restauration où le risque de perturbation par les feux de forêt ou les insectes ravageurs est le plus faible.
    • Ne pas remplacer les écosystèmes naturels. Toujours s’assurer que les systèmes naturels existants restent naturels. Il est préférable de planter à des endroits qui ont subi des perturbations.
    • Planter des espèces indigènes pour éviter toute conséquence négative imprévue. Par le passé, par exemple, on a planté des pins gris au Labrador, ce qui a eu une incidence négative imprévue sur le goût du porc-épic, qui est un aliment important pour les Inuits.
    • Réfléchir à la région entourant la zone de restauration ciblée. Est-elle gérée de façon appropriée pour permettre à la zone restaurée de connaître une expansion?
    • Réfléchir à restaurer des zones qui pourraient fournir des avantages en termes de connectivité fonctionnelle accrue (Messier et coll. 2019).
    • Ne pas planter de conifères dans le Nord, où ils peuvent se développer en raison du changement climatique, mais où les impacts négatifs de la couverture forestière sur les effets albédo annuleront les bénéfices en carbone de la plantation d'arbres.
    • Prioriser la plantation aux endroits où les menaces à la biodiversité forestière (comme la perte d’habitats et la fragmentation) sont les plus importantes, et où les communautés humaines sont les plus vulnérables à des phénomènes météorologiques extrêmes (comme les inondations ou les vagues de chaleur) causés par la perte « d’infrastructure naturelle ».
    • Établir des partenariats dans lesquels on a déterminé des sites prioritaires pour la restauration, procurant des avantages à la biodiversité et aux êtres humains, dans lesquels les capacités de plantation d’arbres et de restauration ont été démontrées et où le soutien et l’engagement communautaire et autochtone sont assurés.
  3. Gérer efficacement les ressources que vous protégez et restaurez
    • Les programmes qui fournissent des fonds pour la restauration et la protection, puis disparaissent, sont condamnés à l’échec (voir l’exemple de l’Ontario, dans la section « Leçons sur la permanence apprises de programmes similaires »).
    • Il est probable que les écosystèmes résilients puissent stocker du carbone pendant des milliers d’années.
    • De nombreuses interventions seront requises pendant au moins quelques décennies pour s’assurer de maintenir les avantages à long terme engendrés par la restauration sur le stockage du carbone et sur la biodiversité.
    • Le suivi et la gestion adaptative sont essentiels pour garantir que la restauration est efficace et que les problèmes émergents sont détectés rapidement pour qu’il soit possible d’y remédier.
    • Il est nécessaire que des gens soient présents sur le terrain : que ce soit pour choisir les espèces à planter, pour surveiller les résultats ou pour déterminer et mettre en œuvre des interventions de gestion. Pour que la restauration soit couronnée de succès, il faut que des gens soient impliqués à chaque étape du processus, y compris la surveillance et la gestion. Les populations locales qui voient les avantages associés à la protection, à la gestion et à la restauration auront un intérêt direct à soutenir la réussite du programme. Par exemple, la restauration peut avoir une incidence significative et positive sur la disponibilité d’aliments naturels, améliorant ainsi la sécurité alimentaire, particulièrement pour les communautés autochtones.
    • Les interventions de gestion peuvent améliorer les chances de voir des résultats positifs durables, selon le site. Ces activités incluent notamment l’éclaircissement, l’élagage et le brûlage traditionnel.
    • Les coupes à blanc à grande échelle ne représentent pas une option de gestion viable, pour la permanence.
    • La gestion doit tenir compte de plusieurs valeurs. La gestion axée seulement sur le rendement économique se conjugue bien mal avec la permanence et avec des écosystèmes résilients apportant des avantages en matière de stockage de carbone, de biodiversité, de sécurité alimentaire et de mieux-être humain.
    • Sur les terres privées, la permanence est plus difficile à obtenir et nécessite des approches qui incitent les propriétaires fonciers à protéger leurs activités de restauration pour des bénéfices durables en termes de carbone et de biodiversité, ainsi que pour rendre leurs propriétés foncières privées plus résistantes aux impacts du changement climatique.
    • Les mesures incitatives peuvent inclure, entre autres, des allégements fiscaux, le paiement des services écosystémiques, l'accès aux marchés du carbone, le soutien aux organisations de propriétaires fonciers et les partenariats autochtones.
    • En ce qui concerne plus particulièrement les forêts privées, il est nécessaire de développer des outils de gestion forestière qui encouragent les forêts autonomes et reconnaissent et atténuent les menaces biotiques et abiotiques croissantes liées au changement climatique. Ces outils pourraient inclure, par exemple, une sensibilisation à l'accroissement de la viabilité à long terme des exploitations en augmentant la diversité des essences d'arbres.
    • Jusqu'à présent, peu d'évaluations ont été faites au Canada sur les mesures incitatives qui sont les plus efficaces pour augmenter la permanence. Une évaluation des mesures incitatives canadiennes existantes et une analyse des mesures incitatives appropriées offertes par d'autres instances sont nécessaires.

Mesurer la réussite du programme

Leçons sur la permanence apprises de programmes similaires

Le programme 50 millions d’arbres de l’Ontario

Le programme 50 millions d’arbres de l’Ontario, qui reçoit actuellement le financement du gouvernement fédéral, a été lancé en 2007. La plupart des plantations sont faites sur des terres privées, bien que quelques-unes aient lieu sur des terres qui appartiennent à des gouvernements locaux et à des autorités de conservation. Plusieurs leçons peuvent être tirées du programme en cours de l’Ontario :

  1. La surveillance de la survie des plantations est essentielle. Dans le programme ontarien, cette surveillance est faite jusqu’à la 5e année, alors que les arbres plantés atteignent le stade de « croissance libre » et qu’ils peuvent réussir leur transition vers une jeune forêt. On peut s’attendre à devoir revenir à de nombreuses reprises pour effectuer des plantations intercalaires ou pour replanter afin de compenser pour les pertes attribuables à la mortalité. Les taux les plus récents de plantation intercalaire ont été de l’ordre de 10 à 12 p. 100 des plantations totales, mais pourraient être plus ou moins importants en fonction des précipitations, des températures ou d’autres événements stochastiques. Dans le programme ontarien, une protection supplémentaire est fournie par la planification du site, qui exige une préparation des sites et la plantation des bonnes espèces d’arbres dans les zones adéquates.
  2. Dans le sud de l’Ontario, les ententes sont généralement d’une durée de 15 ans, après quoi les règlements administratifs municipaux sur la coupe d’arbre s’appliquent. Les ententes de 15 ans permettent de faire le pont vers d’autres règlements administratifs qui protègent les nouvelles forêts. Dans les endroits où il n’y a pas de règlements administratifs municipaux concernant l’abatage des arbres, il n’y a pas de protection pour les arbres qui ont été plantés au-delà de 15 ans.
  3. La collaboration avec des fiducies foncières et d’autres formes de gouvernements locaux, comme des autorités de conservation, devrait être une priorité, puisque ces organisations peuvent établir des conventions de conservation pour les forêts récemment plantées, en échange d’exemptions de taxe foncière.
  4. Il est préférable d’utiliser des indicateurs sur la surface de plantation plutôt que sur le nombre d’arbres plantés, puisqu’un pourcentage des arbres plantés servira à combler les pertes subies sur la même surface de plantation. En termes de surface plantée, un rapport (Magnus et coll. 2021) a indiqué que 83 p. 100 des zones de plantation en Ontario avaient été boisées avec succès. Cet indicateur est crucial lorsqu’il s’agit de déterminer le caractère durable des efforts de plantation (Steve Hounsell – communication personnelle).

Programme d’un milliard d’arbres de la Nouvelle-Zélande

Les pratiques traditionnelles de gestion des forêts de la Nouvelle-Zélande sont très différentes de celles du Canada, parce que l’industrie forestière néo-zélandaise s’appuie principalement sur le pin de Monterrey (Pinus radiata), une espèce non indigène à croissance rapide. Le programme de plantation d’arbres de la Nouvelle-Zélande anticipe d’utiliser environ 21 p. 100 des fonds pour des espèces non indigènes qui ne seront pas permanentes. En revanche, l’essentiel des fonds vise à rétablir des forêts naturelles, en plantant une diversité d’espèces pour créer une couverture forestière permanente et naturelle.

Bien qu’il soit admis que tous les fonds pourraient être utilisés pour poursuivre les activités plantations habituelles, les objectifs du programme d’un milliard d’arbres sont plus vastes, et visent à produire des « changements dans l’utilisation des terres, en intégrant les forêts et les arbres dans le paysage pour réaliser de meilleurs résultats sur les plans environnementaux, économiques, sociaux et culturels. » Cette approche à valeurs multiples demande de repenser le modèle actuel pour inclure une couverture forestière permanente dans la vision de la foresterie (Forestry New Zealand/Te Uru Rākau 2018).

Un billion d’arbres – WCS, WWF, BirdLife International

Essentiellement, ce programme vise à restaurer les forêts pour obtenir une couverture forestière permanente. De 2016 à 2020, le programme a protégé 18,3 milliards d’arbres de façon permanente et contribué à la plantation de 1,8 milliard d’arbres supplémentaires par des activités de restauration. Le programme est axé sur la protection, l’amélioration de la gestion et sur la restauration. Il est difficile de déterminer quelle partie de ce travail à long terme servira à la récolte forestière, mais les objectifs principaux du programme indiquent clairement qu’il est destiné à assurer une couverture forestière permanente pour améliorer la capture du carbone, la biodiversité et la subsistance (WCS et coll. 2020).

Références

Liens connexes

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