Service météorologique du Canada : Comparution devant le Comité permanent de l’environnement et du développement durable – 27 mars 2023
Investissements dans le Service Météorologique du Canada (SMC)
Q1. Pourquoi des investissements dans le SMC sont-ils nécessaires aujourd’hui?
- Le gouvernement du Canada investit régulièrement dans les services hydrométéorologiques pour suivre le rythme de l’évolution des besoins opérationnels et les progrès de la science et de la technologie. Les derniers investissements effectués dans le cadre des budgets 2013 et 2018 ont posé les bases des services météorologiques robustes auxquels les canadiens et canadiennes peuvent se fier aujourd’hui.
- Compte tenu du temps écoulé depuis le dernier réinvestissement, de la fréquence et de la gravité croissantes des phénomènes météorologiques extrêmes et de leurs impacts directs sur les Canadiens et les communautés, il est nécessaire de mettre en place une nouvelle stratégie d’investissement à long terme pour les services hydrométéorologiques.
- Les températures moyennes au Canada augmentent deux fois plus vite que la moyenne mondiale, et le nord connait des augmentations jusqu’à trois fois le taux mondial. En effet, les événements météorologiques extrêmes survenus au Canada durant les dernières années ont montré à quel point les changements climatiques ont déjà modifié notre réalité et mis en péril la sécurité et la prospérité économique des Canadiens. Par exemple :
- En 2022, l’ouragan Fiona a touché terre au Canada atlantique et dans l’est du Québec. Les provinces maritimes ont subi la grande partie des 804 millions de dollars de dommages assurés actuellement estimés;
- En 2022, le Québec et l’Ontario ont été touchés par un derecho (un vent ou un orage violent et rapide) qui a fait 10 morts et dont on estime actuellement plus de 1,1 milliards de dollars de dommages assurés;
- En 2021, la Colombie-Britannique a connu une vague de chaleur estivale en été sans précédent qui a établi des records de température pour la côte ouest et a causé la mort de 619 personnes, ainsi que des précipitations et des inondations dévastatrices au mois de novembre qui ont causé jusqu’à 675 millions de dollars de dommages assurés;
- En 2021, la région de Calgary, en Alberta, a subi une puissante tempête de grêle qui a causé plus de 600 millions de dollars de dommages assurés. Seulement un an auparavant, l’Alberta avait été touchée par une autre tempête de grêle qui avait causé plus de 1,1 milliard de dollars de dommages assurés.
- Les impacts socio-économiques importants de ces événements soulignent le besoin urgent pour les communautés canadiennes de s’adapter à cette nouvelle réalité, ce qui ne peut se faire qu’avec des investissements périodiques dans les services hydrométéorologiques canadiens de classe mondiale.
- Les événements récents ont mis en évidence la nécessité de rendre à l’épreuve du climat les instruments et l’infrastructure de surveillance du SMC, qui ne sont pas à l’abri des effets du changement climatique :
- Pendant la vague de chaleur de 2021 sur la côte ouest, les températures ont parfois dépassé la plage de fonctionnement des capteurs et des mécanismes de contrôle de la qualité associés, tandis que plusieurs stations hydrométriques ont été emportées par les précipitations intenses et les inondations qui ont suivi en Colombie-Britannique.
- Des événements météorologiques extrêmes continueront à se produire avec une fréquence et une intensité croissantes en raison des changements climatiques. Renforcer et faire évoluer les services de prévisions météorologiques et environnementales est impératif afin d’aider les Canadiens à faire face aux conséquences d’un temps de plus en plus sans précédent.
Q2. Quels sont les résultats attendus de nouveaux investissements dans le SMC?
- Les investissements dans le système hautement intégré de surveillance, de modélisation, de prédiction et de prévision de la SMC permettront la poursuite de la production et la diffusion d’informations essentielles concernant les conditions météorologiques et environnementales, ainsi que le volume des eaux dont les Canadiens et les autorités publiques ont besoin pour s’adapter et pour devenir plus résistants aux impacts des changements climatiques.
- Plus précisément, les investissements permettront au SMC de prévoir les phénomènes météorologiques extrêmes et les conditions induites par la météo, ainsi que leurs impacts, avec plus de certitude et plus de temps.
- Cela informera ensuite la prise de décision par les Canadiens et les autorités publiques pour mettre en place les mesures nécessaires notamment en ce qui concerne les déplacements, la fermeture des routes, le déploiement des premiers intervenants dans une zone donnée et la réinstallation de certaines communautés, dans le but de réduire les répercussions et les coûts des événements météorologiques.
- De plus, les informations produites à l’aide de technologies actualisées ou nouvelles, ainsi que de modèles plus puissants, fourniront les informations nécessaires pour revoir les seuils d’alerte et les évaluations des risques qui sous-tendent la préparation aux situations d’urgence, tant pour les événements météorologiques de courte durée que pour les événements qui évoluent lentement (comme les sécheresses).
Stations météorologiques et prévisions météorologiques dans le nord
Q1. Quels sont les actifs et les investissements du gouvernement du Canada liés aux stations météorologiques et aux prévisions météorologiques dans le nord?
- Les ressources d’observation du Service météorologique du Canada (SMC) au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut comprennent 81 stations météorologiques automatisées, 11 stations de lancement de ballons en altitude, 10 sites de détection de la foudre, 1 station de réception satellite, 2 bouées marines amarrées, 206 stations de surveillance hydrométrique (quantité d’eau) (avec 4 nouvelles stations ajoutées dans les Territoires du Nord-Ouest en 2023/2024 pour soutenir la prévision et la modélisation des inondations) et 43 bouées dérivantes actives au nord du 65e parallèle (pas de délimitation géographique). Le SMC a également doté un certain nombre de navires exploités dans l’Arctique de matériel d’observation météorologique qui fournit de précieuses données d’observation météorologique dans les eaux arctiques.
- ECCC fournit des prévisions météorologiques maritimes quotidiennes pour les eaux navigables du territoire canadien et remplit l’obligation internationale du Canada en fournissant des renseignements sur les conditions météorologiques maritimes et les glaces pour une large bande d’eaux internationales au nord du 60⁰ parallèle — une zone qui comprend toutes les eaux arctiques du nord du Groenland, du Canada et de l’Alaska jusqu’au pôle Nord.
- Des observations quotidiennes sont recueillies au centre de recherche d’Eureka, notamment à partir de ballons météorologiques en altitude (deux fois par jour), de stations météorologiques automatiques et d’observations humaines. Le site contribue à la responsabilité principale du SMC, soit de prévoir les conditions météorologiques et environnementales, y compris dans le Nord.
- Eureka, un bien immobilier appartenant à l’État, a été la première station météorologique conjointe de l’Arctique établie sur l’île d’Ellesmere, au Nunavut. ECCC a demandé un financement de 87,2 millions de dollars sur cinq ans, à partir de 2019-2020, pour des investissements dans l’infrastructure d’Eureka et des installations environnantes. Ces investissements sont nécessaires pour poursuivre les observations environnementales essentielles dans la région polaire et les activités de surveillance du climat, et pour faire d’Eureka une plaque tournante pour les activités et la recherche du gouvernement du Canada dans l’Arctique.
Q2. Le nombre de stations d’observation météorologique dans le Nord a-t-il effectivement diminué par rapport à ce qu’il était il y a 20 ans? Si oui, quelles en sont les raisons?
- Le SMC exploite un large éventail de réseaux météorologiques et hydrologiques pour surveiller et recueillir des données sur le temps, l’eau et le climat depuis le sol et en altitude au moyen de satellites. Le SMC recueille des données à partir de 7 plateformes d’observation différentes, notamment des stations météorologiques de surface, des radiosondages en altitude, des observations par satellite, des systèmes de détection de la foudre, des stations hydrométriques, des radars météorologiques et des bouées marines. Outre la collecte automatisée de données environnementales à partir des stations météorologiques, le SMC reçoit également des données provenant d’observateurs météorologiques bénévoles.
- Les réseaux du SMC ont évolué au fil des ans avec le passage des réseaux d’observation météorologique conventionnels aux réseaux d’observation météorologique automatique. Le nombre de stations météorologiques automatiques (SMA) a augmenté, et le nombre de stations du Réseau coopératif sur le climat (RCC) a diminué. Au cours des 20 dernières années, le réseau de stations météorologiques automatiques des territoires a augmenté de 16 stations, atteignant son maximum de 73 en 2012 (il y en a 69 aujourd’hui). En ce qui a trait aux observations manuelles — qui comprennent le RCC, les observateurs du SMC et les observateurs de NAV Canada —, le SMC a atteint son apogée en 1988 avec 94 sites, et comptait 82 sites en 2003. Aujourd’hui, il y a 57 sites du RCC.
- Le nombre de sites du RCC a diminué avec la transition vers des réseaux d’observation météorologique automatique. La diminution des observations manuelles au fil du temps est un phénomène mondial. De nombreux facteurs ont contribué au passage des observations manuelles aux observations automatiques, notamment les progrès technologiques; l’amélioration des applications de données météorologiques; le besoin d’amélioration de la latence, de la fréquence et de la résolution des données pour les utilisateurs; les demandes de paramètres supplémentaires; la diminution de l’engagement des observateurs; la fin d’accords terrestres; et la fin des collaborations.
Q3. Environnement et Changement climatique Canada utilise-t-il des données provenant de stations météorologiques communautaires ou recueille-t-il des données météorologiques sur le terrain?
- Le SMC exploite un large éventail de réseaux météorologiques et hydrologiques pour surveiller et recueillir des données sur le temps, l’eau et le climat à partir du sol et de satellites, y compris dans l’Arctique.
- Outre la collecte automatisée de données environnementales à partir de stations météorologiques, le SMC recueille également des données provenant d’observateurs météorologiques bénévoles.
- Le nombre de stations du Réseau coopératif sur le climat (RCC) a diminué avec la transition vers des réseaux d’observation météorologique automatique. La diminution des observations manuelles au fil du temps est un phénomène mondial. De nombreux facteurs ont contribué au passage des observations manuelles aux observations automatiques, notamment les progrès technologiques; l’amélioration des applications des données météorologiques; le besoin d’amélioration de la latence, de la fréquence et de la résolution des données pour les utilisateurs; les demandes de paramètres supplémentaires; la diminution de l’engagement des observateurs; la fin d’accords terrestres; et la fin de partenariats.
- ECCC travaille en étroite collaboration avec l’Université McGill et le gouvernement du Nunatsiavut dans le cadre d’un projet de terrain sur la côte du Labrador afin de fournir des renseignements sur la glace de mer et la météo aux collectivités locales et d’étudier la dynamique de la couverture de glace de rive. Ces renseignements précieux sont utilisés par les collectivités locales pour la pêche, la chasse et les voyages, et contribuent à l’amélioration des modèles de prévision des glaces.
- Le SMC travaille en partenariat avec les opérateurs des réseaux territoriaux de surveillance météorologique au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest dans le cadre de son programme de surveillance collaborative, qui vise à maximiser les investissements collectifs en matière de surveillance en comblant les lacunes communes dans ce domaine. Ces accords favorisent l’échange de données et, à ce jour, les données de 90 stations météorologiques supplémentaires ont été mises à la disposition des prévisionnistes du Service météorologique du Canada et des systèmes de prévision numérique du temps. Le SMC a également signé récemment son premier protocole d’accord de surveillance collaborative avec le gouvernement de la Nation crie dans le nord du Québec dans le cadre d’un projet pilote visant à éclairer les investissements et les partenariats futurs avec les communautés autochtones et nordiques.
Q4. Comment les radars météorologiques et la modélisation informatique à haute résolution interviennent-ils dans les prévisions météorologiques dans le Nord, et quels sont les défis rencontrés par ECCC dans l’installation de radars météorologiques dans le Nord?
- ECCC s’appuie sur des modèles informatiques canadiens à haute résolution pour fournir des prévisions météorologiques, climatiques et environnementales, sur l’ensemble du vaste territoire canadien qui comprend un large éventail de conditions météorologiques. Toutes les régions du Canada, y compris le Nord, sont modélisées quatre fois par jour à une résolution de 2,5 km pour générer des prévisions sur les conditions à venir.
- Les chercheurs d’ECCC travaillent à l’amélioration de la modélisation informatique à haute résolution, des produits et des services de prévision, y compris pour le Nord. Par exemple, le système canadien de prévision pour l’Arctique, dans lequel des modèles pour l’atmosphère et l’océan sont couplés, a été testé récemment en mode recherche dans le cadre du projet de prévision polaire de l’Organisation météorologique mondiale.
- ECCC s’appuie fortement sur la technologie satellitaire et les données de la mission orbitale de la Constellation RADARSAT pour la surveillance opérationnelle en temps quasi réel des glaces de mer, des vents marins et de la pollution marine due aux déversements d’hydrocarbures. Ces satellites devraient être en service au moins jusqu’en 2027. L’Agence spatiale canadienne a lancé un processus visant à assurer la continuité de ces données avec la prochaine génération de satellites RADARSAT. ECCC exploite également des stations terrestres qui reçoivent et traitent les données des satellites météorologiques internationaux en orbite polaire.
- Les satellites fournissent des données importantes pour renforcer la surveillance météorologique et climatique dans le Nord, où les observations in situ peuvent être difficiles. Actuellement, les prévisions météorologiques au nord du ~55° parallèle dépendent des données des satellites météorologiques en orbite polaire exploités par des partenaires étrangers, notamment les États-Unis et l’Union européenne. Afin de garantir un accès continu aux données satellitaires essentielles provenant des nouveaux satellites en orbite polaire, ECCC installera de nouvelles infrastructures de réception de données satellitaires en Alberta, à Terre-Neuve-et-Labrador, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut au cours des trois prochaines années.
- Bien que les satellites en orbite polaire existants fournissent des données essentielles pour la surveillance des conditions météorologiques dans le Nord, ces satellites doivent effectuer plusieurs orbites autour de la Terre pour imager l’ensemble de l’Arctique canadien. Pour combler les lacunes spatiales et temporelles des données satellitaires sur l’Arctique, ECCC, en collaboration avec l’Agence spatiale canadienne et des collaborateurs américains (NASA et NOAA), entreprend une étude de faisabilité pour un nouveau concept de mission satellitaire connu sous le nom de Mission d’observation de l’Arctique.
Q5. ECCC soutient-il NAV CANADA dans la prestation de services de prévision aux collectivités du Nord (y compris les petits aéroports)?
- ECCC fournit les prévisions météorologiques pour l’aviation au nom de NAV CANADA pour les aéroports de l’Arctique, ainsi que des prévisions météorologiques quotidiennes pour les collectivités du Nord. ECCC fournit des services spécialisés d’aide à la décision météorologique aux autorités de gestion des urgences afin de les aider à gérer les risques liés aux conditions météorologiques.
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2023-07-24