Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2014 : chapitre 6


Nº6 Ouragan Arthur et autres

La saison des ouragans dans l’Atlantique a été relativement sans histoire comme on le prévoyait avec huit tempêtes affublées d’un nom qui se sont formées dans ce bassin océanique. Ce nombre a été inférieur à la moyenne récente à long terme de 11, mais six étaient des ouragans de plein droit et deux, Edouard et Gonzalo, ont été considérés comme de force majeure. Le premier de la saison, Arthur, s’est amené relativement tôt pour un ouragan d’importance et le dernier, Gonzalo, a mis fin hâtivement à la saison. Ces deux-là ont été les plus sévères de la saison dans les provinces de l’Atlantique.

Arthur s’est amorcé dans un foyer dépressionnaire sur le sud-est des États-Unis vers la fin de juin. Le 1er juillet, il s’était déjà suffisamment structuré et renforcé pour atteindre le rang de tempête tropicale. Évoluant en direction nord, il a pris la force d’un ouragan le 3 juillet, se rangeant désormais dans la catégorie 2 avec des vents culminant à 160 km/h tard en soirée. Il a touché terre près de Beaufort en Caroline du Nord, puis il a accéléré en direction nord pour faiblir au passage de Cape Cod. Il est alors passé à l’état de tempête post tropicale et a envahi en puissance le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse le 4 juillet. Chris Fogarty, gestionnaire du Centre canadien de prévisions d’ouragan d’Environnement Canada à Dartmouth (Nouvelle-Écosse), a dit qu’Arthur était « un nordet avec de l’attitude ». Comme Arthur avait ralenti, il a pu asséner plus longtemps ses coups. Il lui a fallu 12 heures pour décrire sa trajectoire entre un point un peu au nord de Yarmouth et les abords de l’Île-du-Prince-Édouard. Il a touché terre près de Metaghan (Nouvelle-Écosse) pour se diriger au nord-est vers le littoral de la baie de Fundy avant de passer à la partie ouest de l’Île-du-Prince-Édouard en déversant jusqu’à 150 mm de pluie. Les vestiges d’Arthur ont aussi affecté la Gaspésie au Québec. Cette région a été saturée de plus de 80 mm de pluie mêlée de vent cinglant à 100 km/h. Dans la baie des Chaleurs, la ville de Carleton-sur-Mer a été heurtée de plein fouet avec des pannes d’électricité, des arbres déracinés, des habitations endommagées et des bateaux de pêche chavirés. À Marsoui, près de Sainte-Anne-des-Monts, le cours d’eau a débordé, noyant chemins et routes et inondant 20 foyers.

Arbres tombés.

©Environnement Canada

Au Nouveau-Brunswick, Arthur a lancé des vents de plus de 100 km/h accompagnés de forte pluie. Le long du littoral de la baie de Fundy à St. Stephen, la pluie battante (à plus de 150 mm) empêchait de voir à trois mètres de distance. En Nouvelle-Écosse, Greenwood a reçu des rafales de vent de près de 140 km/h. Les façades sud-ouest et est de cette province ont essuyé des vagues de cinq à sept mètres et une montée considérable des eaux a créé des flots de retour. Les restes d’Arthur ont laissé des pannes d’électricité persistantes. Les travailleurs des services d’électricité des Maritimes, épaulés par des équipes du Québec et du Maine, se sont attelés à la tâche herculéenne de réparation des réseaux de transport et de distribution. La société d’électricité de la Nouvelle-Écosse a dit que le tort causé par Arthur égalait celui de l’ouragan Juan survenu plus de 11 ans auparavant. Au plus fort de la tempête en Nouvelle-Écosse, les assauts de la pluie et du vent ont renversé les arbres et privé de courant plus de 144 000 habitations et commerces. Certains abonnés ont dû se passer d’électricité pendant huit jours. Au Nouveau-Brunswick, la tempête a laissé sans courant 140 000 clients d’Énergie NB, soit plus de 60 % des usagers de cette société. C’était la troisième fois que l’on perdait l’électricité durant plusieurs jours au cours des 16 derniers mois. Arthur a causé plus de dégâts à l’infrastructure par ses pluies et ses vents que toute autre tempête dans l’histoire de ce service d’électricité. Il a fallu 18 jourspour rebrancher tous les ménages et commerces.

Arbre tombé sur une voiture.

©Environnement Canada

Arthur avait été annoncé par les prévisions, mais il réservait quand même quelques surprises, entre autres son lent départ et des vents plus violents alors que c’est la pluie qui menace d’habitude et un excès de pluie où ça finit généralement en vent. La tempête a immobilisé le trafic aérien dans les Maritimes et imposé l’annulation de plusieurs festivals et de cliniques de sang. La circulation routière a été entravée par des débris d’arbres et des eaux d’inondation. Des vents violents et de fortes pluies de l’ampleur d’unouragan ont battu les fraisières et les champs céréaliers et lessivé les semences de pomme de terre. Malgré l’arrivée hâtive d’Arthur, on avait pu faire hâtivement certains ensemencements et ainsi éviter les effets dévastateurs du vent et de la pluie. Les arbres ont particulièrement été vulnérables à cause de précipitations supérieures à la moyenne qui, en juin, avaient déjà hautement saturé les sols, d’où de plus grands risques de lessivage des racines.

La saison a été jalonnée d’autres tempêtes tropicales. Un peu avant la tempête Bertha le 8 août, les Maritimes ont connu de forts vents en rafales, des précipitations abondantes et des grêlons de la taille d’un pois ou d’une pièce de monnaie par endroits en Nouvelle-Écosse. De plus, un ou deux nuages en entonnoir ont traversé l’île du Cap-Breton. Le 29 août, l’ouragan Cristobal a frayé son chemin en direction nord-est vers les Grands Bancs du sud-est en apportant des pluies à la presqu’île Avalon. La partie sud de Gaspé (Québec) a reçu des quantités importantes de pluie. À Chandler, ce sont 50 mm d’une pluie record qui se sont déversés.

Route endommagée.

©Environnement Canada

L’ouragan Gonzalo a clos la saison. À ses débuts le 18 octobre, il s’est attaqué pendant des heures au petit archipel des Bermudes en tant qu’ouragan de catégorie 3. De là, il a dessiné au-dessus de l’Atlantique une trajectoire qui l’a porté juste à 540 km au sud-ouest du cap Race à Terre-Neuve où, le 19 octobre, il s’est manifesté par des pointes de vent soutenu de140 km/h. Heureusement, il a épargné la province, restant au large des côtes avant de se ruer vers l’Atlantique Nord et de finir par gagner l’Europe et mourir en Grèce. La presqu’île Avalon a puissamment été arrosée de 50 mm de pluie pendant deux à trois heures. Au large des côtes de Terre-Neuve, les sociétés d’exploration ont pris toutes sortes de précautions dans leurs installations d’extraction, mais les conditions météorologiques - vagues de 10 mètres et vents de 100 km/h - n’étaient pas assez menaçants pour justifier l’évacuation des travailleurs. La plupart des Terre-Neuviens ont simplement dormi au plus fort de Gonzalo, mais il y a eu d’autres répercussions. Les participants au demi-marathon de cap en cap de cette année - c’est une course parmi les plus rudes au Canada - se sont heurtés à des conditions encore plus sévères dans un terrain accidenté balayé par endroits de pluie et de forts vents d’en face s’ajoutant à l’expérience. Sur la façade atlantique de la Nouvelle-Écosse, on a observé une grosse mer et des vagues de retour entre Shelburne et Louisbourg.

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