Rapport annuel de 2017 à 2018 sur la Loi sur les ressources en eau du Canada : chapitre 6
6 Approches écosystémiques de la gestion de la qualité de l’eau
La présente section décrit un certain nombre d’initiatives de coopération sur les écosystèmes grâce auxquelles Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) peut s’assurer que la population canadienne a accès à une eau propre, salubre et saine et que les ressources en eau du pays sont utilisées judicieusement, sur le plan tant économique qu’écologique. Bien que ces initiatives ne soient pas officialisées en vertu de la Loi, elles contribuent à ses objectifs en améliorant la gestion des ressources en eau au Canada.
Les initiatives d’ECCC axées sur l’écosystème sont des programmes de collaboration appliqués à des endroits en particulier, conçus pour produire des résultats sur le plan de l’environnement dans des écosystèmes ciblés. L’objectif des initiatives axées sur l’écosystème est d’accroître ou de maintenir la durabilité des écosystèmes en s’attaquant à une série d’enjeux environnementaux locaux ou régionaux au moyen de mesures de partenariat. Les activités locales sont coordonnées par ECCC et réalisées en collaboration avec un éventail de partenaires et d’intervenants locaux qui peuvent être, par exemple, d’autres ministères fédéraux, des provinces et des territoires, des gouvernements régionaux, municipaux et locaux, des peuples autochtones, le gouvernement fédéral des États-Unis et des gouvernements des États, des entreprises, des organisations non gouvernementales, des organismes communautaires, des collèges et des universités.
6.1 Programme du bassin du lac Winnipeg
L’Initiative du bassin du lac Winnipeg (IBLW) a été mise en place par le gouvernement du Canada pour régler le problème de la qualité de l’eau du lac Winnipeg. L’IBLW visait à mobiliser les citoyens, les scientifiques et les partenaires, à l’échelle nationale et internationale, dans le cadre d’actions axées sur le rétablissement de l’équilibre écologique du lac Winnipeg, la réduction de son niveau de pollution par les nutriments et l’amélioration de la qualité de l’eau.
En 2017-2018, le lac Winnipeg a encore connu de nombreux épisodes importants de prolifération d’algues en raison des fortes concentrations de nutriments provenant de diverses sources transfrontalières, comme l’agriculture, les industries, les eaux usées municipales et les eaux de ruissellement. Dans le cadre du Programme du bassin du lac Winnipeg (LWBP), ECCC a continué de mener et de soutenir la recherche, et a intégré une approche ciblée pour les mesures de réduction des éléments nutritifs, tout en offrant un soutien financier pour les efforts de collaboration dans l’ensemble du bassin et en améliorant la participation des Autochtones aux questions relatives à l’eau douce.
Mesures de réduction des éléments nutritifs
Dans le cadre du Plan scientifique du LWBP, ECCC mène des recherches sur la réaction du lac Winnipeg aux mesures de réduction des éléments nutritifs dans le bassin, l’incidence de la variabilité climatique sur la charge en éléments nutritifs dans le lac et les effets de la moule zébrée sur le cycle des éléments nutritifs et le réseau trophique. Le LWBP appuie également le Lake Winnipeg Research Consortium (en anglais seulement), la plateforme scientifique consacrée au lac Winnipeg, et le Réseau canadien d’information sur les bassins hydrographiques (en anglais seulement), un réseau d’information et de données en accès libre sur le Web. Grâce à un financement axé sur la demande, le LWBP soutient des projets, réalisés par des intervenants ciblés dans des zones géographiques clés du bassin du lac Winnipeg, qui démontrent un moyen efficace de réduire la charge en phosphore et d’accroître les connaissances et la participation du public. ECCC a continué de collaborer avec des intervenants régionaux dans le cadre du Protocole d’entente Canada-Manitoba portant sur le lac Winnipeg et son bassin (2010-2020) afin d’élaborer des indicateurs sur le lac et d’en faire rapport, ainsi que de planifier la publication d’un Rapport sur l’état du lac à compter de 2018 et tous les cinq ans par la suite.
Gouvernance collaborative
Le Programme du bassin du lac Winnipeg (PBLW) met davantage l’accent sur la mobilisation des intervenants, y compris les peuples autochtones, en encourageant et en renforçant les efforts de collaboration pour protéger l’eau douce dans tout le bassin du lac Winnipeg. Un cadre de gestion adaptative pour le bassin du lac Winnipeg est en cours d’élaboration grâce à des efforts de collaboration relatifs au Protocole d’entente.
Mobilisation des peuples autochtones
La qualité de l’eau du lac Winnipeg et de son bassin influe sur le mieux-être culturel, social, spirituel et économique des Premières Nations et des Métis. Le PBLW soutient les occasions de renforcer les capacités et la participation des gouvernements, des organisations et des communautés des Premières Nations et des Métis aux questions sur la qualité de l’eau du bassin du lac Winnipeg, y compris sur l’intégration des connaissances traditionnelles aux discussions sur la santé de l’écosystème du lac Winnipeg.
Voici quelques faits saillants de 2017-2018 :
- Une séance de mobilisation a été organisée pour recueillir des commentaires sur la conception du programme, y compris sur les approches ciblées de mesures visant à réduire les éléments nutritifs et celles visant à améliorer la collaboration dans l’ensemble du bassin. Un rapport « Ce que nous avons entendu » a été préparé et communiqué aux participants.
- Le plan scientifique d’ECCC pour le Programme du bassin du lac Winnipeg a été entièrement mis en œuvre.
- Des ententes avec trois autres ministères fédéraux et provinciaux ont été mises en œuvre pour appuyer les projets de géocartographie.
- Des accords de contributions ont été signés avec cinq organisations non gouvernementales pour appuyer la recherche, l’échange d’information, la mobilisation des peuples autochtones et la collaboration.
- Le volet du Programme du bassin du lac Winnipeg fondé sur des demandes a été lancé en vertu de l’appel de propositions à l’échelle du Ministère pour solliciter un financement par subventions et contributions.
- Le Protocole d’entente (PE) est en place jusqu’en septembre 2020. Le PE favorise la collaboration et la coordination des efforts pour comprendre et protéger la qualité de l’eau et la santé écologique du lac Winnipeg et de son bassin.
Les projets scientifiques de 2017-2018 ciblaient :
- L’évaluation de l’efficacité du financement fédéral dans la réduction des ajouts d’éléments nutritifs aux affluents locaux, grâce à des recherches et des modélisations axées sur les bassins hydrographiques, et par l’entremise d’évaluations sur le rendement des pratiques de gestion exemplaires et de leur effet sur la charge en éléments nutritifs en réponse aux contrôles hydrologiques et climatiques;
- La démonstration des progrès réalisés pour réduire les éléments nutritifs qui atteignent le lac au moyen d’une surveillance de la qualité de l’eau et de la qualité biotique pour suivre les flux spatiaux et temporels d’éléments nutritifs transportés du bassin versant au lac;
- La démonstration des progrès réalisés dans l’établissement d’un équilibre écologique durable des éléments nutritifs dans le lac au moyen de nouveaux modèles élaborés pour combler les lacunes critiques de connaissances sur la dynamique des éléments nutritifs dans le lac en lien avec les changements de charges d’éléments nutritifs et relativement à l’invasion récente par les moules zébrées dans le lac Winnipeg. ECCC élabore également des outils d’observation de la Terre par satellite en vue de rapporter et de détecter l’étendue et la gravité des proliférations d’algues dans le lac Winnipeg.
6.2 Initiative de protection des Grands Lacs
L’Initiative de protection des Grands Lacs, qui a reçu 44,84 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans (de 2017 à 2022), est le principal programme d’ECCC ciblant les priorités fédérales dans les Grands Lacs. Dans le cadre de cette initiative, ECCC combine la science et l’action pour contrer les menaces les plus importantes à la qualité de l’eau des Grands Lacs et à la santé de l’écosystème. Ses priorités d’action actuelles comprennent :
- la collaboration avec d’autres intervenants pour protéger les Grands Lacs
- le rétablissement de la qualité de l’eau et de la santé des écosystèmes dans les secteurs préoccupants des Grands Lacs
- la prévention des proliférations d’algues nuisibles et toxiques
- l’amélioration de la santé des milieux humides côtiers
- la désignation des eaux littorales à risque
- la réduction des rejets de substances chimiques nocives
- la participation des peuples autochtones à la résolution des problèmes qui touchent les Grands Lacs
- l’accroissement de la mobilisation du public grâce à la science citoyenne
La gestion de l’eau douce des Grands Lacs est partagée avec d’autres ministères fédéraux canadiens et d’autres gouvernements. Pour coordonner les efforts en matière de gestion, d’assainissement et de protection de l’eau, ECCC travaille en étroite collaboration avec d’autres ministères fédéraux concernés, les gouvernements des États-Unis et de l’Ontario, les peuples autochtones et de nombreux autres organismes, groupes et individus. Cette mise en œuvre passe par la coordination et l’application de l’Accord Canada–États-Unis relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs (ARQEGL) de 2012 et l’Accord Canada-Ontario sur la qualité de l’eau et la santé de l’écosystème du bassin des Grands Lacs de 2014 (ACO). L’ARQEGL fixe des objectifs à long terme pour le Canada et les États-Unis relativement au rétablissement des Grands Lacs et à leur protection, tandis que l’Accord Canada-Ontario fournit un plan à court terme (cinq ans) pour la réalisation des engagements pris par le Canada dans le cadre de l’ARQEGL.
Voici les principales mesures prises pour la période visée par le rapport :
- Conformément à l’ARQEGL, les gouvernements du Canada et des États-Unis ont finalisé le cadre de gestion des zones littorales des Grands Lacs, c’est-à-dire une approche systématique, intégrée et collective pour évaluer la santé littorale des Grands Lacs et pour déterminer et communiquer les effets cumulatifs et les stress. Grâce à la mise en œuvre du cadre de gestion des zones littorales, le Canada réalisera la première évaluation complète des eaux littorales canadiennes des Grands Lacs; partager l’information tirée de l’évaluation; identifier les zones qui bénéficieraient d’activités de protection, d’assainissement ou de prévention; et identifier les causes de dégradation et les menaces. En 2017-2018, une évaluation canadienne complète a été réalisée pour le lac Érié, le lac Sainte-Claire et les rivières Sainte-Claire et Détroit.
- Les gouvernements du Canada et des États-Unis ont terminé l’élaboration du Plan d’action et d’aménagement panlacustre (PAAP) pour le lac Huron. Le PAAP fournit une évaluation de l’état du lac et des priorités d’action.
- En 2017-2018, ECCC a lancé un nouveau programme pour évaluer et améliorer la résilience des milieux humides côtiers des Grands Lacs. Ce programme évaluera la vulnérabilité des milieux humides côtiers aux changements climatiques projetés et à d’autres facteurs de stress; déterminera les meilleures approches pour accroître la résilience des milieux humides et permettra de collaborer avec autrui pour établir des priorités d’action.
- Pour régler le problème des algues toxiques et nuisibles dans le lac Érié, une ébauche du Plan d’action Canada-Ontario pour le lac Érié visant à réduire le phosphore provenant de sources canadiennes a été préparée et publiée en vue de recueillir les commentaires du public, de mars à mai 2017. L’ébauche du Plan présentait les mesures proposées par le Canada et l’Ontario en appui aux cibles et aux engagements binationaux dans le cadre de l’ARQEGL et de l’ACO, et invitait les Canadiens à faire part de leurs idées et des mesures à inclure dans le plan d’action. La version finale du Plan d’action Canada-Ontario pour le lac Érié a été publiée en février 2018.
- En 2016, le Canada et les États-Unis ont désigné le premier groupe de produits chimiques sources de préoccupations mutuelles (PCSPM) comme devant faire l’objet de mesures binationales, comme l’exige l’ARQEGL. Ces produits chimiques comprennent notamment : Hexabromocyclododécane (HBCD); acides perfluorocarboxyliques (APFC) à chaîne longue; mercure; acide perfluorooctanoïque; perfluorooctanesulfonate (PFOS); polybromodiphényléthers (PBDE); diphényles polychlorés (BPC) et alcanes chlorés à chaîne courte (ACCC). En 2018, le Canada et les États-Unis ont finalisé des stratégies binationales pour les deux premiers PCSPM (HBCD et BPC) qui identifient les options que les gouvernements et leurs partenaires utiliseront pour réduire les rejets de ces substances et améliorer la santé humaine et des écosystèmes dans le bassin des Grands Lacs.
Afin d’aider les autres à prendre des mesures pour protéger les Grands Lacs, le Canada a annoncé un financement fondé sur les demandes pour des projets dirigés par des partenaires pour faire avancer les priorités, comme le nettoyage des secteurs préoccupants; la prévention des algues toxiques et nuisibles dans le lac Érié; la réduction des rejets de produits chimiques nocifs; la mobilisation du public par la science citoyenne; et le renforcement des capacités locales des peuples autochtones.
Le rétablissement de la qualité de l’eau et de la santé des écosystèmes dans les secteurs préoccupants des Grands Lacs.
Les secteurs préoccupants (SP) sont des endroits précis, par exemple des ports et des baies, où la qualité de l’eau et la santé de l’écosystème ont été sévèrement altérées par l’activité humaine locale. En 1987, le Canada et les États-Unis ont désigné ensemble 43 SP, dont 12 sont situés au Canada, et 5 chevauchent les deux pays. En 2017-2018, la coordination des activités liées aux plans d’assainissement dans les secteurs préoccupants des Grands Lacs s’est poursuivie, notamment avec l’évaluation et la production de rapports portant sur la réussite des mesures prises antérieurement et sur l’état des mesures à venir. Voici des exemples d’activités menées ou soutenues par ECCC :
- Le St. Lawrence River Institute for Environmental Studies continue son étude visant à évaluer les concentrations de mercure dans les sédiments du littoral, qui devrait aboutir à un plan à jour de gestion des sédiments contaminés de la rivière.
- L’évaluation des restrictions imposées aux activités de dragage menée dans le cadre du Plan d’assainissement de la baie de Quinte (en anglais seulement) est terminée. L’étude conclut que cette détérioration de l’utilisation bénéfique n’est plus compromise.
- Dans le secteur préoccupant de la région de Toronto, la première phase du projet de 1,25 milliard de dollars de protection des terrains portuaires contre les inondations a été lancée. Ce projet permettra de naturaliser l’embouchure de la rivière Don afin d’améliorer l’habitat aquatique et terrestre dans ce secteur préoccupant et de s’occuper des problèmes d’inondation des terrains portuaires.
- Dans le secteur préoccupant du port de Hamilton, la Ville de Hamilton a commencé la construction de l’usine de traitement des eaux usées de Woodward. Cette modernisation de 320 millions de dollars, qui sera terminée d’ici 2022, comprend la construction d’une nouvelle station de pompage et d’un nouveau centre d’alimentation électrique, en vue d’améliorer les processus biologiques et d’ajouter un traitement tertiaire. Ce projet comprend également des améliorations au système d’écoulement du trop-plein du réseau d’égouts combiné de la Ville de Hamilton. Les travaux se sont poursuivis dans le cadre du projet d’assainissement des sédiments contaminés du récif Randle (en anglais seulement). Ce projet de 138,9 millions de dollars est le plus grand projet d’assainissement de sédiments contaminés jamais entrepris dans un secteur préoccupant canadien, qui vise 695 000 m3 de sédiments contaminés par des hydrocarbures aromatiques polycycliques.
- Dans le secteur préoccupant de Peninsula Harbour, ECCC et le gouvernement de l’Ontario ont mené des activités de surveillance pour évaluer l’efficacité d’un projet d’assainissement des sédiments mis en œuvre en 2012 (7,3 millions de dollars pour atténuer une couche mince de sédiments contaminés et la détérioration des écosystèmes). L’analyse et l’examen des données se poursuivent, et les résultats de la surveillance devraient être communiqués et discutés avec les membres de la collectivité en 2018-2019.
- Dans le secteur préoccupant de la rivière Ste-Marie, ECCC et la Première Nation de Batchewana ont continué de faire progresser la planification, la conception et la mobilisation communautaire en vue d’améliorer l’habitat aquatique de la rivière au profit des espèces de poissons indigènes, y compris l’omble de fontaine, le grand corégone et le doré jaune.
- Dans le secteur préoccupant de la rivière Niagara, ECCC a continué son soutien financier à un projet pluriannuel de création de nouveaux habitats humides et aquatiques en vue d’améliorer les conditions des populations de poissons.
Science et surveillance
ECCC entreprend des projets de recherche et de surveillance en soutien à la prise de décisions dans les secteurs préoccupants des Grands Lacs au Canada et dans les secteurs préoccupants binationaux.
En 2017-2018, une vaste gamme d’activités de surveillance ciblant l’eau, les sédiments et le biote aquatique ont été entreprises. Les travaux scientifiques comprenaient des relevés continus de surveillance des Grands Lacs, l’examen et l’actualisation des plans de gestion des lacs et la collecte continue de données en appui à la production de rapports sur les indicateurs environnementaux des Grands Lacs.
Des activités de surveillance continue des éléments nutritifs ont été menées dans les affluents qui se déversent dans le lac Érié pour évaluer les cibles de charge des affluents et les processus dans les cours d’eau et pour appuyer l’élaboration de plans d’action nationaux visant la réduction du phosphore dans le lac Érié. De plus, la surveillance s’est poursuivie dans les zones littorales du bassin est du lac Érié pour évaluer la qualité de l’eau et la santé de l’écosystème côtier. Un programme de surveillance semblable a été déployé dans le lac Ontario en raison des préoccupations croissantes sur les algues nuisibles le long de la rive nord. Les résultats de surveillance ont permis de déterminer les zones où les concentrations de phosphore correspondent aux cibles et les zones qui auraient besoin de contrôles ou de mesures supplémentaires visant les éléments nutritifs.
Les activités de recherche menées dans le cadre de l’initiative sur la Protection des Grands Lacs comprenaient la détermination du lien entre l’activité humaine et les concentrations d’éléments nutritifs, le but étant d’orienter l’identification des sources d’éléments nutritifs et l’élaboration de critères relatifs aux éléments nutritifs. De plus, divers scénarios de pratiques de gestion bénéfiques ont été simulés pour évaluer l’incidence sur les nutriments, les sédiments et le débit dans les bassins versants de la rivière Grand et de la rivière Thames. Des outils de recherche sont actuellement élaborés pour fournir des images satellites quotidiennes afin de cartographier l’étendue de la prolifération d’algues et d’évaluer les tendances spatiales et temporelles dans le lac Érié.
Les efforts de recherche se poursuivent pour élaborer des outils de prévision afin de comprendre les apports des bassins hydrographiques aux conditions locales de la qualité de l’eau et des algues benthiques dans le but d’améliorer la compréhension des principaux facteurs de variation. Des modèles intégrés de bassins versants et de lacs ont été conçus pour le lac Érié afin d’améliorer la compréhension des facteurs responsables de la résurgence périodique des algues sur les rives.
6.3 Plan d’action du Saint-Laurent
Le Plan d’action Saint-Laurent 2011-2026 (PASL) est une entente entre les gouvernements du Canada et du Québec qui vise à renforcer les efforts collectifs de gestion intégrée du fleuve Saint-Laurent, en vue de mener des actions conjointes de conservation et d’amélioration de l’écosystème. Ces efforts sont axés sur trois priorités : la conservation de la biodiversité, l’amélioration de la qualité de l’eau et l’utilisation durable. Ce plan pluriannuel, qui a été renouvelé quatre fois depuis qu’il a initialement été signé en 1988, a permis de produire des résultats concrets grâce aux efforts de coopération des deux gouvernements. Ils ont pu compter sur la participation du secteur privé, d’universités, de centres de recherche, de comités de zones d’intervention prioritaire (connus sous le nom de comités ZIP), d’organisations non gouvernementales et de collectivités riveraines. Le plan cible tous les écosystèmes du fleuve Saint-Laurent et ceux des embouchures de ses principaux affluents, à partir du lac Saint-François, qui chevauche la frontière entre le Québec et l’Ontario, jusqu’à l’extrémité est du golfe du Saint-Laurent.
L’Entente Canada–Québec sur le Saint-Laurent, aussi appelée Plan d’action Saint-Laurent 2011–2026, s’échelonne sur une période de 15 ans, avec des cycles de planification quinquennaux.
Pour l’exercice 2017-2018, trente-sept projets ont été réalisés en vertu du Plan d’action conjoint, pour lequel ont été élaborés un certain nombre de projets de recherche, d’activités sur le terrain et d’outils décisionnels, notamment :
- La désignation de poissons et d’habitats d’importance interreliés pour la protection et l’assainissement.
- Un plan intégré de conservation de la biodiversité des basses terres et des zones côtières de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent.
- L’étude du potentiel de rétablissement de la connectivité fonctionnelle des points chauds de la biodiversité dans les basses terres du Saint-Laurent, y compris des outils de transfert des connaissances.
- Guide de réhabilitation des terres humides pour le Saint-Laurent.
- L’intégration des questions relatives aux espèces sauvages et à l’habitat aux projets de développement du transport maritime.
- La promotion de la pêche récréative le long du Saint-Laurent, y compris la mise en place d’un programme incitatif.
- La création d’un comité pour promouvoir et mieux intégrer les enjeux liés aux changements climatiques.
- La quantification de la contribution des matières organiques dissoutes et particulaires à l’hypoxie et à l’acidification des eaux profondes de l’estuaire du Saint-Laurent.
- L’étude sur les effets des hydrocarbures et des dispersants sur les organismes aquatiques d’eau douce.
- L’étude sur l’utilisation des bassins de retenue pour capter les pesticides et les éléments nutritifs dans les eaux de surface et le ruissellement agricole dans la région du lac Saint-Pierre.
- L’étude de l’état actuel et de l’évolution des herbiers et des écosystèmes végétaux du lac Saint-Pierre, y compris les répercussions des proliférations d’algues et de la présence de cyanotoxines.
- L’étude sur les effets écotoxicologiques des rejets d’eaux usées de la Ville de Montréal après leur désinfection par ozonation (traitement tertiaire des eaux usées).
- L’étude sur le risque associé à la présence de cytostatiques (nouveaux produits pharmaceutiques/substances anticancéreuses) dans le Saint-Laurent.
Participation communautaire et sensibilisation
Dans le cadre du Plan d’action Saint-Laurent, ECCC et le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec mettent en œuvre le Programme Interactions Communautaires (PIC), qui finance des organisations non gouvernementales et des communautés autochtones pour des projets de conservation et d’amélioration de l’écosystème du Saint-Laurent. En 2017-2018, Environnement et Changement climatique Canada a distribué des fonds de 491 863 $ à 15 projets. Ces projets ont fait intervenir des acteurs clés des collectivités riveraines, dont des municipalités, des Premières Nations, des milieux universitaires, des acteurs du domaine industriel et agricole, des collectivités locales et les ministères provinciaux et fédéraux concernés. Plus précisément, les projets financés visaient à :
- appliquer des mesures pour améliorer la biodiversité de la zone littorale du lac Saint-Pierre, au profit de la faune du fleuve Saint-Laurent;
- restaurer un site afin d’améliorer la circulation des poissons dans un secteur situé entre la rivière Saint-François (chenal Tardif) et un marais de la communauté d’Odanak;
- protéger la richesse écologique des rives du fleuve Saint-Laurent en zone urbaine et périurbaine de la région de Montréal contre l’envahissement par la renouée du Japon;
- restaurer des portions de rives du fleuve Saint-Laurent à l’est du village de Saint-Ulric, dans la municipalité régionale du comté de Matane;
- promouvoir le changement de comportement des plaisanciers afin de protéger la biodiversité sur neuf îles du fleuve Saint-Laurent, près de l’île de Montréal.
De plus, le Programme ZIP soutient « Stratégies Saint-Laurent » et ses 13 comités dans leur action concertée de mobilisation et de soutien des intervenants locaux œuvrant à l’amélioration de la qualité de leur environnement. ECCC a fourni 1,1 million de dollars en financement dans le cadre de ce programme.
Programme de suivi de l’état du Saint-Laurent
Un réseau de partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux et de collaborateurs a continué à mener les campagnes d’échantillonnage nécessaires à l’obtention de données scientifiques grâce au programme de suivi de l’état du Saint-Laurent. ECCC a recueilli des données sur les niveaux d’eau et les débits; le transport fluvial des contaminants; la qualité de l’eau et les communautés benthiques dans les populations de fous de Bassan du lac Saint-Pierre. Des fiches d’information sur la qualité de l’eau, les communautés benthiques et la contamination des sédiments du lac Saint-Pierre ont été publiées. En 2017-2018, une interprétation de la contamination des sédiments dans le lac Saint-Louis a été effectuée et des données sur la couverture terrestre ont été recueillies.
Programme de prévision numérique environnementale
Le programme de prévision numérique environnementale du Saint-Laurent est un programme d’aide décisionnelle et de planification de la gestion des eaux du Saint-Laurent et de son bassin versant. Il simule l’évolution des processus physiques, biologiques ou chimiques du Saint-Laurent et de son bassin versant pour prévoir l’état de leur environnement terrestre et aquatique. Il vise particulièrement à améliorer la compréhension de l’écosystème du Saint-Laurent dans son ensemble et à fournir un outil d’appui aux décisions liées à sa gestion intégrée. En 2017-2018, le groupe de travail a réalisé des progrès importants, notamment grâce à quatre projets portant sur le couplage des modèles hydrologiques du bassin versant du Saint-Laurent, l’intégration d’outils de modélisation hydrodynamique dans l’archipel de Montréal et la modélisation hydrologique et hydraulique du bassin versant du lac Champlain et de la rivière Richelieu dans le cadre d’une étude de la CMI (Étude internationale sur le lac Champlain et la rivière Richelieu).
6.4 Initiative du golfe du Maine
ECCC travaille en collaboration avec d’autres ministères fédéraux, des gouvernements provinciaux, des gouvernements des États-Unis et des groupes communautaires pour faire avancer les efforts visant l’amélioration de la conservation et la promotion du développement responsable dans l’écosystème transfrontalier du golfe du Maine, qui comprend les bassins versants et le littoral du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.
L’Initiative du golfe du Maine (IGM) vise à renforcer les efforts collaboratifs pour favoriser l’acquisition de connaissances sur l’écosystème transfrontalier — les bassins versants et le littoral — afin de mieux comprendre son état actuel et de déterminer les facteurs de stress et les menaces pour éclairer la prise de décisions.
ECCC contribue au financement, à l’expertise technique et scientifique et au soutien direct du personnel pour les projets sur la qualité de l’eau. Ces contributions permettent d’améliorer l’évaluation, la surveillance et la modélisation de la région et d’atténuer de multiples facteurs de stress et leurs effets cumulatifs sur la qualité de l’eau dans l’écosystème du golfe du Maine.
En 2017-2018, quatre projets pluriannuels ont traité des problèmes de qualité de l’eau dans l’écosystème du golfe du Maine :
- En s’appuyant sur les données de deux projets antérieurs de l’IGM, le Conseil du golfe du Maine a créé des plans d’action fondés sur des données pour six estuaires de la baie de Fundy. Les plans d’action fournissent aux organisations locales qui veillent sur les bassins versants les bases de stratégies ciblées en gestion environnementale pour s’assurer que les démarches sont cohérentes et que leur fondement est scientifique pour la gestion environnementale des bassins versants.
- Conservation de la nature Canada a classé la diversité biologique et écologique dans les bassins hydrographiques au moyen d’une classification limpide de l’écosystème aquatique et d’un indice de stress dans toute la partie canadienne du golfe du Maine. Elle a accordé la priorité aux bassins versants et aux facteurs de stress dans les bassins versants aux fins de conservation et d’assainissement.
- Eastern Charlotte Waterways Inc., en partenariat avec l’Université Dalhousie, a effectué une évaluation de référence du pH dans les milieux estuariens de la baie de Fundy.
- L’Université du Nouveau-Brunswick a quantifié les répercussions de la salmoniculture sur les communautés d’invertébrés et de poissons des habitats côtiers peu profonds du golfe du Maine et a formulé des recommandations pour réduire les répercussions sur la qualité de l’eau.
Outre les projets qu’elle finance par subventions et ses contributions en 2017-2018, ECCC a collaboré étroitement avec l’Institut international des océans de l’Université Dalhousie à l’élaboration d’un rapport sur les « enjeux environnementaux émergents » dans la baie de Fundy/le golfe du Maine. Ce rapport favorisera le volume et la diffusion de connaissances sur les facteurs de stress actuels et futurs pour l’écosystème, et éclairera les décisions relatives aux mesures à prendre, aux politiques à créer et à la gestion future.
6.5 Initiatives des écosystèmes du Canada atlantique
Le programme des Initiatives des écosystèmes de l’Atlantique (IEA) finance des projets qui améliorent la santé, la productivité et la durabilité à long terme des écosystèmes du Canada atlantique. Le programme finance les projets qui utilisent une approche axée sur les écosystèmes et fait participer de grands partenariats et des mesures concertées permettant de produire des résultats positifs pour l’environnement dans l’ensemble du Canada atlantique. Le programme finance des organismes du Canada atlantique, y compris des organismes non gouvernementaux, des coalitions et des réseaux d’organisations, des établissements universitaires et de recherche, ainsi que des gouvernements et des organisations autochtones, pour la réalisation de projets portant sur un ou plusieurs des trois enjeux prioritaires suivants du programme : la qualité de l’eau, l’habitat et la biodiversité, ainsi que les répercussions des changements climatiques.
ECCC a contribué au financement, à l’expertise technique et scientifique et au soutien direct du personnel, pour des projets liés à la qualité de l’eau qui permettront d’améliorer l’évaluation, la surveillance, la modélisation et l’atténuation des divers facteurs de stress et de leurs effets cumulatifs sur la qualité de l’eau au Canada atlantique, des eaux d’amont jusqu’aux estuaires.
En 2017-2018, 20 projets de l’IEA ont porté sur la qualité de l’eau, l’habitat et la biodiversité et sur les répercussions des changements climatiques. ECCC a pris l’engagement de fournir plus de 1,2 million de dollars pour ces projets. Les projets pluriannuels suivants sont en cours et représentent le type de projets qui ont reçu du financement :
- À l’Île-du-Prince-Édouard, la Hillsborough River Association a collaboré avec des intervenants de plusieurs secteurs pour planifier et mettre en œuvre la surveillance des changements climatiques dans la région de l’Atlantique en utilisant des méthodes uniformes pour fournir des données fiables et comparables sur les changements climatiques. Au final, l’intégration des données sur les changements climatiques est meilleure et participe à la prise de décisions sur l’adaptation aux changements climatiques au Canada atlantique, ce qui renforce les efforts actuels et futurs d’adaptation dans les collectivités côtières vulnérables.
- En Nouvelle-Écosse, la Bluenose Coastal Action Foundation a examiné l’abondance et l’impact des microplastiques en tant que facteurs de stress sur les écosystèmes côtiers du Canada atlantique. Le projet comblera une lacune en matière de recherche dans les eaux du Canada atlantique et améliorera la compréhension des répercussions des microplastiques afin d’informer les décideurs quant à l’utilisation et à la gestion des microplastiques.
- La Coalition pour la durabilité dans le sud du golfe du Saint-Laurent a mené des recherches et mis en œuvre des mesures d’atténuation liées aux herbiers de zostères dans la région de l’Atlantique. Les herbiers de zostères constituent un habitat très productif et participent aux activités écosystémiques dans la zone côtière, en luttant contre l’érosion côtière et la séquestration du carbone et des éléments nutritifs. Ce projet accroît la résilience climatique en atténuant les facteurs de stress sur la santé des herbiers de zostères et en les restaurant dans la région pour accroître la recolonisation généralisée.
6.6 Bassin versant de Wolastoq/rivière Saint-Jean au Nouveau-Brunswick
ECCC a déterminé que le bassin versant de la rivière Wolastoq et de la rivière Saint-Jean au Nouveau-Brunswick était une priorité dans le Plan d’action sur l’eau douce, sous la rubrique « Autres bassins majeurs » en 2017-2018.
En 2017, une déclaration provisoire de coopération a été signée par ECCC, ministère des Pêches et des Océans (MPO), huit dirigeants tribaux des Premières Nations malécites, l’Environmental Protection Agency des États-Unis, le United States Bureau of Indian Affairs, le United States Fish and Wildlife Service, le United States Army Corps of Engineers et l’United States Geological Survey. La déclaration de coopération sert de document ambitieux de nation à nation, pour faciliter la coopération en matière de restauration du bassin hydrographique et de l’écosystème, et vise à promouvoir la reconnaissance des droits des Premières Nations malécites relativement à la rivière Saint-Jean (Wəlastəkw). Lors d’un sommet international au printemps 2018, des discussions préliminaires ont eu lieu concernant une structure de gouvernance pour la rivière. Les dirigeants (signataires de la déclaration) se sont engagés à se réunir de nouveau plus tard en 2018 pour faire avancer ces discussions.
En 2017-2018, ECCC s’est concentré sur quatre engagements principaux pour la rivière Wolastoq/rivière Saint-Jean dans le cadre du Plan d’action sur l’eau douce :
- coordination et coopération accrues entre les ordres de gouvernement
- participation accrue des peuples autochtones et des intervenants
- coordination de la science et des évaluations de l’eau douce
- partage renforcé de l’information
Ce travail a nécessité divers efforts en vue d’une approche de gestion coordonnée et intégrée pour la rivière, y compris la collaboration avec les organisations fédérales, provinciales, autochtones et non gouvernementales pour déterminer les priorités, les buts et les objectifs relatifs au bassin versant. ECCC a mené des réunions internes et externes pour déterminer les domaines communs de coordination et de collaboration, y compris la surveillance de la qualité de l’eau, la gestion des données et l’accès aux données, l’évaluation des eaux douces et les ententes de financement.
ECCC a collaboré avec l’Institut des rivières canadiennes à l’élaboration d’un rapport sur les « enjeux environnementaux émergents » pour le Wolastoq et la rivière Saint-Jean mettant en évidence les pressions et les menaces actuelles et futures sur le bassin versant. Le rapport a fourni un outil d’orientation des discussions futures avec les partenaires et a défini les enjeux potentiels sur lesquels concentrer les efforts futurs.
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