Rapport annuel de 2018 à 2019 sur la Loi sur les ressources en eau du Canada : chapitre 5
5 Approches écosystémiques
La présente section décrit un certain nombre d’initiatives de coopération sur les écosystèmes grâce auxquelles ECCC peut s’assurer que la population canadienne a accès à une eau propre, salubre et saine et que les ressources en eau du pays sont utilisées judicieusement, sur le plan tant économique qu’écologique. Bien que ces initiatives ne soient pas officialisées en vertu de la Loi, elles contribuent à ses objectifs en améliorant la gestion des ressources en eau au Canada.
Les initiatives d’ECCC axées sur l’écosystème sont des programmes de collaboration appliqués à des endroits en particulier, conçus pour produire des résultats sur le plan de l’environnement dans des écosystèmes ciblés. L’objectif des initiatives axées sur l’écosystème est d’accroître ou de maintenir la durabilité des écosystèmes en s’attaquant à une série d’enjeux environnementaux locaux ou régionaux au moyen de mesures de partenariat. Les activités locales sont coordonnées par ECCC et réalisées en collaboration avec un éventail de partenaires et d’intervenants locaux qui peuvent être, par exemple, d’autres ministères fédéraux, des provinces et des territoires, des gouvernements régionaux, municipaux et locaux, des peuples autochtones, le gouvernement fédéral des États-Unis et des gouvernements des États, des entreprises, des organisations non gouvernementales, des organismes communautaires, des collèges et des universités.
5.1 Programme du bassin du lac Winnipeg
Le Programme du bassin du lac Winnipeg (PBLW) a été mis en place par le gouvernement du Canada pour régler le problème de la qualité de l’eau du lac Winnipeg. Le PBLW vise à mobiliser les citoyens, les scientifiques et les partenaires, à l’échelle nationale et internationale, dans le cadre d’actions axées sur le rétablissement de l’équilibre écologique du lac Winnipeg, la réduction de son niveau de pollution par les éléments nutritifs et l’amélioration de la qualité de l’eau.
- En 2018-2019, le lac Winnipeg a connu de nombreux épisodes importants de prolifération d’algues en raison des fortes concentrations d’éléments nutritifs provenant de diverses sources transfrontalières, comme l’agriculture, les industries, les eaux usées municipales et les eaux de ruissellement.
- En 2018-2019, ECCC a mené et soutenu la recherche dans le cadre du PBLW, qui a également intégré une approche ciblée pour les mesures de réduction des éléments nutritifs et du soutien pour les efforts de collaboration et la participation des Autochtones aux questions relatives à l’eau douce dans l’ensemble du bassin.
ECCC a également collaboré avec des intervenants régionaux dans le cadre du Protocole d’entente Canada-Manitoba portant sur le lac Winnipeg et le bassin du lac Winnipeg. Le protocole d’entente facilite la coopération et la coordination pour améliorer la santé écologique du lac Winnipeg et de son bassin, et comprend des efforts tels que l’élaboration d’indicateurs sur le lac et la production de rapports sur ces indicateurs, ainsi que la préparation du prochain rapport sur l’état du lac qui devrait être publié en 2020.
Plan scientifique du Programme du bassin du lac Winnipeg
Le Plan scientifique du Programme du bassin du lac Winnipeg est axé sur les trois aspects clés suivants :
- Recherche sur la réaction du lac Winnipeg aux mesures de réduction des éléments nutritifs dans le bassin
- Incidence de la variabilité climatique sur la charge en éléments nutritifs dans le lac Winnipeg
- Effets de la moule zébrée sur le cycle des éléments nutritifs et le réseau trophique
Le PBLW appuie également le Lake Winnipeg Research Consortium (en anglais seulement), qui exploite et entretient la plateforme scientifique consacrée au lac Winnipeg, et le Réseau canadien d’information sur les bassins hydrographiques (CanWIN) (en anglais seulement), un réseau d’information et de données en accès libre sur le Web.
Les projets scientifiques en 2018-2019 étaient axés sur les points suivants :
- programme d’échantillonnage sur le littoral pour les paramètres de qualité de l’eau, y compris le benthos, le phytoplancton et le zooplancton dans 12 emplacements dans le lac;
- évaluation des répercussions de la variabilité climatique sur l’exportation d’éléments nutritifs vers le lac Winnipeg;
- quantification des sources d’éléments nutritifs et des processus de transport vers les affluents du lac Winnipeg;
- élaboration d’indicateurs biologiques dans les cours d’eau pour suivre la charge en éléments nutritifs vers les cours d’eau;
- mise en œuvre d’activités de surveillance du lac Winnipeg et de ses principaux affluents;
- quantification des processus intralacustres ayant une incidence sur l’écologie du lac.
Mesures de réduction des éléments nutritifs
Grâce à un financement axé sur la demande, le PBLW soutient des projets, réalisés par des intervenants ciblés dans des zones géographiques clés du bassin du lac Winnipeg, qui démontrent un moyen efficace de réduire la charge en phosphore et d’accroître les connaissances et la participation du public en ce qui a trait aux questions sur la qualité de l’eau.
Mobilisation des peuples autochtones
La qualité de l’eau du lac Winnipeg et de son bassin influe sur le mieux-être culturel, social, spirituel et économique des peuples Autochtones. Le PBLW soutient les occasions de renforcer les capacités et la participation des gouvernements, des organisations et des communautés des Autochtones aux questions sur la qualité de l’eau du bassin du lac Winnipeg, y compris sur l’intégration des connaissances traditionnelles aux discussions sur la santé de l’écosystème du lac Winnipeg.
Voici quelques faits saillants de 2018-2019 :
- Vingt-trois nouveaux accords de contributions ont été signés avec des organisations non gouvernementales pour fournir 3,8 M$ à l’appui de mesures de réduction des éléments nutritifs, de progrès scientifiques, de l’échange d’information, de la mobilisation des Autochtones et de la collaboration. Tous les projets financés seront terminés d’ici le 31 mars 2022.
- 2,1 M$ ont été dépensés dans le cadre de projets dirigés par des intervenants en 2018‑2019.
- En mars 2019 a eu lieu le Symposium du bassin du lac Winnipeg. Un rapport sommaire (en anglais seulement) et des présentations du symposium ont été publiés sur le site Web de CanWIN (en anglais seulement).
- Trois étudiants autochtones ont été embauchés pour renforcer la capacité d’expertise en matière de qualité de l’eau et soutenir la participation des Autochtones aux questions de qualité de l’eau du lac Winnipeg. Ces étudiants ont fourni un précieux soutien scientifique et politique.
- Le rapport final de l’Initiative du bassin du lac Winnipeg, phase II (IBLW) a été publié et affiché sur le site Web du gouvernement du Canada.
5.2 Initiative de protection des Grands Lacs
L’Initiative de protection des Grands Lacs est le principal programme d’ECCC ciblant les priorités fédérales en matière de qualité de l’eau et d’écosystèmes aquatiques dans les Grands Lacs. Dans le cadre de cette initiative, ECCC combine la science et l’action pour contrer les menaces les plus importantes à la qualité de l’eau des Grands Lacs et à la santé de l’écosystème. Ses priorités d’action actuelles comprennent : la collaboration avec d’autres intervenants pour protéger les Grands Lacs, le rétablissement de la qualité de l’eau et de la santé des écosystèmes dans les secteurs préoccupants, la prévention des proliférations d’algues nuisibles et toxiques, l’amélioration de la santé des milieux humides côtiers, la désignation des eaux littorales à risque, la réduction des rejets de substances chimiques nocives, la participation des peuples autochtones à la résolution des problèmes qui touchent les Grands Lacs et l’accroissement de la mobilisation du public grâce à la science citoyenne.
La responsabilité de la gestion de l’eau douce des Grands Lacs est partagée par de multiples paliers gouvernementaux. Pour coordonner les efforts en matière de gestion, d’assainissement et de protection de l’eau, ECCC travaille en étroite collaboration avec d’autres ministères fédéraux concernés, les gouvernements des États-Unis et de l’Ontario, les gouvernements locaux, les peuples autochtones et de nombreux autres organismes et individus. Cette mise en œuvre passe par la coordination et l’application de l’Accord Canada–États-Unis relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs (ARQEGL) de 2012 et de l’Accord Canada-Ontario sur la qualité de l’eau et la santé de l’écosystème du bassin des Grands Lacs (ACO), conclu conformément à la Loi canadienne sur la protection de l’environnement de 1999. L’ARQEGL fixe des objectifs binationaux à long terme relativement au rétablissement des Grands Lacs et à leur protection, tandis que l’Accord Canada-Ontario fournit aux gouvernements du Canada et de l’Ontario un plan d’action partagé à court terme (cinq ans) pour la réalisation des engagements pris par le Canada dans le cadre de l’ARQEGL.
Voici les principales mesures prises pour la période visée par le rapport :
- Le Canada et les États-Unis ont finalisé des stratégies binationales visant la réduction de l’hexabromocyclododécane (HBCD) et les diphényles polychlorés (BPC) dans les Grands Lacs et ont terminé les examens publics des stratégies binationales concernant les polybromodiphényléthers (PBDE) et le mercure.
- Le Canada et les États-Unis ont commencé la mise en œuvre de six plans d’action nationaux visant à réduire le phosphore dans le lac Érié.
- Les travaux ont été amorcés dans le cadre d’un effort canadien fédéral et provincial visant à élaborer un inventaire et une carte des possibles sources ponctuelles de contamination des eaux souterraines dans le sud de l’Ontario.
- Le Sommaire annuel 2018 Tendances et impacts climatiques pour le bassin des Grands Lacs binational a été complété pour présenter un aperçu des tendances et des répercussions climatiques dans le bassin pour l’année de déclaration 2018 à l’intention des gestionnaires et praticiens des ordres des gouvernements fédéral, étatique, provincial, régional et local, ainsi que des intervenants et du grand public.
- Le document Approches pour réaliser des évaluations de la vulnérabilité du bassin des Grands Lacs : Une analyse documentaire (PDF) a été publié pour informer les membres de la communauté de recherche des Grands Lacs, les gestionnaires de ressources, les praticiens et les décideurs et les aider à entreprendre des évaluations de la vulnérabilité dans le bassin des Grands Lacs.
- Le Canada a poursuivi la mise en œuvre du cadre de gestion des zones littorales des Grands Lacs, qui est une approche systématique, intégrée et complète pour évaluer la santé littorale des Grands Lacs et pour déterminer et communiquer les effets cumulatifs et les stress. En 2018-2019, l’ébauche de l’évaluation canadienne a été préparée pour le lac Ontario.
- Les gouvernements du Canada et des États-Unis ont terminé l’élaboration de l’ébauche du Plan d’action et d’aménagement panlacustre (PAAP) du lac Ontario, qui fournit une évaluation de l’état du lac et des priorités d’action.
ECCC a également poursuivi son programme visant à évaluer la vulnérabilité des milieux humides côtiers aux changements climatiques projetés et à d’autres facteurs de stress, à déterminer les meilleures approches pour accroître la résilience des milieux humides et à permettre la collaboration avec autrui pour établir des priorités d’action. ECCC a élaboré une ébauche de cadre pour évaluer la vulnérabilité des milieux humides côtiers aux effets climatiques qui comporte des mesures de l’exposition climatique, de la sensibilité des milieux humides et de la capacité des milieux humides à s’adapter aux changements climatiques, et a surveillé 24 sites de milieux humides autour des Grands Lacs. De plus, ECCC a également organisé un atelier d’experts réunissant un large éventail de praticiens de la conservation des milieux humides pour accroître la sensibilisation à la vulnérabilité des milieux humides aux effets des changements climatiques, pour discuter de l’approche d’évaluation de la vulnérabilité des milieux humides et pour discuter des besoins des partenaires et des considérations liées à l’utilisation future des résultats de projet pour améliorer la résilience des milieux humides.
Afin d’aider les autres à prendre des mesures visant à protéger les Grands Lacs, le Canada a fourni du financement axé sur la demande à des projets dirigés par des partenaires se concentrant sur des priorités telles que :
- le nettoyage des secteurs préoccupants (voir ci-dessous)
- la prévention des algues nuisibles et toxiques dans le lac Érié
- la réduction des rejets de produits chimiques nocifs
- la mobilisation du public au moyen de la science citoyenne
- le renforcement de la capacité des peuples autochtones
Le rétablissement de la qualité de l’eau et de la santé des écosystèmes dans les secteurs préoccupants (SP) des Grands Lacs
Les secteurs préoccupants
(SP) sont des endroits, comme des ports et des baies, où la qualité de l’eau et la santé de l’écosystème ont été altérées de façon importante par l’activité humaine.
En 1987, le Canada et les États-Unis ont désigné 43 SP, dont 12 sont situés au Canada, et 5 chevauchent les deux pays. À ce jour, 4 des SP situés au Canada ont vu toutes leurs altérations des utilisations bénéfiques restaurées et la désignation de SP de 3 de ces sites a été retirée, et la nouvelle désignation du quatrième site est en attente.
Pour chaque SP, 14 utilisations bénéfiques sont évaluées. La surveillance et les études environnementales permettent de déterminer si les utilisations bénéfiques dans un SP sont altérées et doivent être restaurées. Des plans d’assainissement visant à restaurer les utilisations bénéfiques sont élaborés et mis en œuvre en collaboration avec le gouvernement de l’Ontario, avec la participation des Premières Nations, des Métis, des gouvernements municipaux, des organismes de gestion des bassins versants, d’autres organismes publics locaux et du public. Le Canada retire la désignation d’altération des utilisations bénéfiques lorsque les critères établis dans le plan d’assainissement sont respectés.
Sur les 157 utilisations bénéfiques initialement cernées à des fins de mesures correctives ou d’étude plus approfondie, 78 ont été restaurées depuis le début du programme. Les efforts se poursuivent pour rétablir les 79 utilisations bénéfiques altérées restantes.
Par l’entremise de l’Initiative de protection des Grands Lacs, le Canada fournit du financement et du soutien technique à ses partenaires au niveau local pour la mise en œuvre de mesures correctives visant à faire progresser la restauration des utilisations bénéfiques dans les SP. Voici des exemples d’activités menées ou soutenues par ECCC en 2018-2019 pour rétablir la qualité de l’eau et la santé des écosystèmes dans les secteurs préoccupants du Canada :
- Dans le cadre du projet d’assainissement des sédiments du récif Randle dans le secteur préoccupant du port de Hamilton, le Canada et ses partenaires ont achevé la construction d’une boîte (installation de confinement) de six hectares autour des sédiments les plus gravement contaminés du port. Avec environ 695 000 mètres cubes de sédiments contaminés par des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et d’autres produits chimiques toxiques, le récif Randle est le site de sédiments le plus grand et le plus gravement contaminé du côté canadien des Grands Lacs. ECCC collabore avec le ministère de l’Environnement, de la Conservation et des Parcs de l’Ontario, Stelco Inc., l’Administration portuaire de Hamilton Oshawa, la ville de Hamilton, la ville de Burlington et la région d’Halton pour rétablir cette zone.
- Dans le secteur préoccupant de Port Hope, où le gouvernement du Canada a engagé 1,28 milliard de dollars sur 10 ans dans le cadre de l’Initiative de la région de Port Hope, le nettoyage et la gestion sûre à long terme de 1,7 million de mètres cubes de déchets historiques faiblement radioactifs sont en cours.
- Dans le secteur préoccupant de Peninsula Harbour, la surveillance environnementale a permis de démontrer l’efficacité de la stratégie de restauration par minces couches. Les concentrations de contaminants ont diminué depuis la mise en œuvre.
- Dans le secteur préoccupant de la région de Toronto, un milieu humide de 9,3 hectares a été créé dans le parc Tommy Thompson. Ce projet de restauration unique vise l’amélioration de l’habitat des poissons et de la faune, offre de nouvelles possibilités de loisirs en plein air en ville et renforce davantage la réputation du parc Tommy Thompson en tant que zone internationale d’observation d’oiseaux.
- Des efforts pour réduire la nécessité de recourir à des dérivations dans les usines d’assainissement des eaux usées en temps de pluie et pour assurer la protection à long terme de la qualité de l’eau et de la santé des écosystèmes ont été déployés dans trois secteurs préoccupants : la baie de Quinte, la rivière Détroit et le fleuve Saint-Laurent.
- Dans le secteur préoccupant de la rivière St. Marys, des plans de conception visant à naturaliser les cours d’eau et à créer des récifs sous-marins pour améliorer le frai des poissons et l’habitat d’alevinage ont été achevés et des consultations communautaires sont en cours.
- Dans le secteur préoccupant du fleuve Saint-Laurent (Cornwall), un habitat du poisson en eau libre a été créé dans le marais Cooper, un milieu humide côtier local d’importance provinciale.
Science et surveillance
ECCC entreprend des recherches et de la surveillance en soutien à la prise de décisions dans les Grands Lacs. En 2018-2019, ECCC a mené une vaste gamme d’activités de surveillance ciblant l’eau, les sédiments et le biote aquatique à l’appui de la prise de décisions dans les Grands Lacs. Les travaux scientifiques comprenaient des relevés continus de surveillance des Grands Lacs, l’examen et l’actualisation des plans binationaux d’action et d’aménagement panlacustre, et la collecte continue de données en appui aux indicateurs environnementaux binationaux concernant l’état des Grands Lacs et à la production de rapports.
De plus, ECCC a réalisé des études scientifiques sur les poissons, la faune, le benthos, les algues et le plancton dans les SP, afin d’évaluer l’état actuel des altérations des utilisations bénéfiques dans les SP canadiens. Ces évaluations aident à orienter les mesures correctives et à confirmer si les critères de retrait de la désignation de SP ont été remplis, permettant de retirer les désignations d’altération des utilisations bénéfiques. Voici quelques exemples récents de suivi et d’évaluation :
- qualité de l’eau, plancton et algues dans le port de Hamilton;
- chimie des sédiments et communauté benthique dans la rivière Ste-Marie;
- niveaux de phosphore dans la baie de Quinte sur le lac Ontario;
- conditions de débit près des côtes dans certaines parties du fleuve Saint-Laurent;
- qualité de l’eau et éléments nutritifs près des plages de Toronto;
- niveaux de dioxines et de furannes et indicateurs de la santé des poissons dans la baie Jackfish sur le lac Supérieur.
ECCC a entrepris de nombreuses activités scientifiques en 2018-2019 en partenariat avec les gouvernements de l’Ontario et des États-Unis à l’appui de la mise en œuvre du Plan d’action Canada-Ontario pour le lac Érié visant à réduire la charge annuelle de phosphore dans le lac Érié de 40 % par rapport à 2008. Ces activités ont inclus l’amélioration du calcul des charges de phosphore et la publication du premier rapport annuel sur les charges de phosphore et l’état des algues dans le lac Érié.
En 2018-2019, un accord de contribution d’ECCC avec Swim Drink Fish Canada a permis à l’organisme de mobiliser des Canadiens dans le cadre d’un projet de science citoyenne visant à effectuer une surveillance de la qualité de l’eau aux plages et dans d’autres eaux récréatives. Swim Drink Fish Canada a établi deux centres de surveillance dans les Grands Lacs. Le premier centre de surveillance a été établi au centre-ville de Toronto grâce à son initiative Lake Ontario Waterkeeper. Le deuxième centre de surveillance a été inauguré à l’automne 2018 sur l’île Manitoulin et est hébergé par la Première Nation Zhiibaahaasing. Les bénévoles aident les coordonnateurs du centre de surveillance à recueillir des échantillons d’eau dans des endroits où les gens nagent, naviguent et organisent des activités cérémonielles.
Une surveillance des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dans l’eau a été effectuée dans le port de Hamilton à l’appui du projet d’assainissement du récif Randle, et une surveillance des contaminants organiques a également été effectuée dans la rivière Detroit à l’appui de l’évaluation de plusieurs altérations des utilisations bénéfiques. La surveillance dans la rivière Détroit a permis de repérer des zones sources dans le bassin versant. Cependant, les niveaux ont diminué au cours de la dernière décennie, illustrant l’efficacité des mesures de gestion.
De plus, des modèles de bassin versant ont été élaborés pour divers scénarios de pratiques de gestion bénéfiques afin d’évaluer l’incidence sur les éléments nutritifs, les sédiments et le débit dans les bassins versants de la rivière Thames et de Sydenham. Des travaux de modélisation ont également été entrepris pour évaluer les effets des changements climatiques sur l’apport d’éléments nutritifs au lac Érié.
Des outils de recherche ont été élaborés pour fournir des images satellites quotidiennes afin de cartographier l’étendue de la prolifération d’algues et d’évaluer les tendances spatiales et temporelles de cette prolifération dans le lac Érié.
Les efforts de recherche se poursuivent pour élaborer des outils de prévision afin de comprendre les apports des bassins hydrographiques aux conditions locales de la qualité de l’eau et des algues benthiques (Cladophora) dans le but d’améliorer notre compréhension des principaux facteurs de variation. Des modèles intégrés de bassins versants et de lacs ont été mis en œuvre pour le lac Érié afin d’améliorer notre compréhension des facteurs responsables de l’hypoxie et de la résurgence périodique des algues sur les rives.
5.3 Plan d’action du Saint-Laurent
L’Entente Canada-Québec sur le Saint-Laurent 2011-2026, également appelée Plan d’action Saint-Laurent, s’échelonne sur une période de 15 ans et prévoit des cycles de planification quinquennaux.
Le Plan d’action Saint-Laurent est une plateforme de collaboration entre les gouvernements du Canada et du Québec qui vise à renforcer les efforts collectifs de gestion intégrée du bassin du fleuve Saint-Laurent, en vue de mener des actions conjointes de conservation et d’amélioration de l’écosystème. Ces efforts sont axés sur trois priorités :
- La conservation de la biodiversité
- L’amélioration de la qualité de l’eau
- L’utilisation durable
Ce plan pluriannuel, qui a été renouvelé cinq fois depuis qu’il a initialement été signé en 1988, a permis de produire des résultats concrets grâce aux efforts de coopération du secteur privé, d’universités, de centres de recherche, de comités de zones d’intervention prioritaire (connus sous le nom de comités ZIP), d’organisations non gouvernementales et de collectivités riveraines. Le plan cible tous les écosystèmes du fleuve Saint-Laurent et ceux des embouchures de ses principaux affluents, à partir du lac Saint-François, qui chevauche la frontière entre le Québec et l’Ontario, jusqu’à l’extrémité est du golfe du Saint-Laurent.
En 2018-2019, 37 projets ont été réalisés en vertu du Plan d’action conjoint, pour lequel ont été élaborés un certain nombre de projets de recherche, d’activités sur le terrain et d’outils décisionnels, notamment :
- la désignation de poissons et d’habitats d’importance interreliés pour la protection et l’assainissement;
- un plan intégré de conservation de la biodiversité des basses terres et des zones côtières de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent;
- l’étude du potentiel de rétablissement de la connectivité fonctionnelle des points chauds de la biodiversité dans les basses terres du Saint-Laurent, y compris des outils de transfert des connaissances;
- guide de réhabilitation des milieux humides pour le Saint-Laurent;
- la promotion de la pêche récréative le long du Saint-Laurent, y compris la mise en place d’un programme incitatif;
- la quantification de la contribution des matières organiques dissoutes et particulaires à l’hypoxie et à l’acidification des eaux profondes de l’estuaire du Saint-Laurent;
- l’étude sur les effets des hydrocarbures et des dispersants sur les organismes aquatiques d’eau douce;
- l’étude sur l’utilisation des bassins de retenue pour capter les pesticides et les éléments nutritifs dans les eaux de surface et le ruissellement agricole dans la région du lac Saint-Pierre;
- l’étude de l’état actuel et de l’évolution des herbiers et des écosystèmes végétaux du lac Saint-Pierre, y compris les répercussions des proliférations d’algues et de la présence de cyanotoxines;
- l’étude sur les effets écotoxicologiques des rejets d’eaux usées de la Ville de Montréal après leur désinfection par ozonation (traitement tertiaire des eaux usées);
- l’étude sur le risque associé à la présence de cytostatiques (nouveaux produits pharmaceutiques/substances anticancéreuses) dans le fleuve Saint-Laurent.
Les activités entreprises par le groupe de travail sur les prévisions numériques environnementales en application du Plan d’action Saint-Laurent ont continué en 2018-2019. Ces activités sont réalisées grâce à la collaboration fédérale-provinciale dans le cadre du Plan d’action Saint-Laurent. Les principales activités du groupe étaient les suivantes :
- la modélisation hydrologique et l’acheminement des eaux entrant par les bassins versants des affluents du Saint-Laurent;
- la modélisation hydrodynamique en deux dimensions du fleuve Saint-Laurent, du lac des Deux-Montagnes, du lac Saint-Louis, du bassin de Laprairie, de la rivière des Mille‑Îles, de la rivière des Prairies et des chenaux de Sainte-Anne et de Vaudreuil.
Participation communautaire et sensibilisation
Dans le cadre du Plan d’action Saint-Laurent, ECCC et le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec mettent en œuvre le Programme Interactions communautaires (PIC), qui finance des organisations non gouvernementales et des communautés autochtones pour des projets de conservation et d’amélioration de l’écosystème du Saint-Laurent.
En 2018-2019, ECCC a distribué des fonds de 422 062 $ à 13 projets. Ces projets ont fait intervenir des acteurs clés des collectivités riveraines, dont des municipalités, des Premières Nations, des milieux universitaires, des acteurs du domaine industriel et agricole, des collectivités locales et les ministères provinciaux et fédéraux concernés. Plus précisément, les projets financés visaient à :
- appliquer des mesures pour améliorer la biodiversité de la zone littorale du lac Saint-Pierre;
- préserver l’intégrité d’un marais d’eau saumâtre de grande valeur écologique dans la région de la baie des Chaleurs en le stabilisant, notamment avec une recharge en sédiments et en y plantant des végétaux;
- restaurer un site afin d’améliorer la circulation des poissons dans un secteur situé entre la rivière Saint-François (chenal Tardif) et un marais de la communauté d’Odanak;
- protéger la diversité écologique des rives du fleuve Saint-Laurent en zone urbaine et périurbaine de la région de Montréal contre l’envahissement par la renouée du Japon;
- promouvoir le changement de comportement des plaisanciers afin de protéger la biodiversité sur les îles du fleuve Saint-Laurent, près de l’île de Montréal.
De plus, le Programme ZIP soutient « Stratégies Saint-Laurent » et ses 12 comités ZIP dans leur action concertée de mobilisation et de soutien des intervenants locaux œuvrant à l’amélioration de la qualité de leur environnement. ECCC a fourni 1,1 million de dollars en financement dans le cadre de ce programme.
5.4 Initiative du golfe du Maine
L’Initiative du golfe du Maine (IGM) a atteint sa cinquième et dernière année en 2018-2019. Cette initiative a permis à ECCC de travailler en collaboration avec d’autres ministères fédéraux, des gouvernements provinciaux, des gouvernements des États-Unis et des groupes communautaires pour faire avancer les efforts visant l’amélioration de la conservation et la promotion du développement responsable dans l’écosystème transfrontalier du golfe du Maine, qui comprend les bassins versants et le littoral du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.
L’IGM vise à renforcer les efforts collaboratifs pour favoriser l’acquisition de connaissances sur l’écosystème transfrontalier (les bassins versants et le littoral) afin de mieux comprendre son état actuel et de déterminer les facteurs de stress et les menaces pour éclairer la prise de décisions.
ECCC a contribué au financement, à l’expertise technique et scientifique ainsi qu’au soutien direct du personnel pour les projets sur la qualité de l’eau. Ces contributions ont permis d’améliorer l’évaluation, la surveillance et la modélisation de la région et d’atténuer de multiples facteurs de stress et leurs effets cumulatifs sur la qualité de l’eau dans l’écosystème du golfe du Maine.
En 2018-2019, quatre projets pluriannuels ont traité des problèmes de qualité de l’eau dans l’écosystème du golfe du Maine :
- En s’appuyant sur les données de deux projets antérieurs de l’IGM, le Conseil du golfe du Maine a créé des plans d’action fondés sur des données pour six estuaires de la baie de Fundy. Les plans d’action fournissent aux organisations locales qui veillent sur les bassins versants les bases de stratégies ciblées en gestion environnementale pour s’assurer que les démarches sont cohérentes et que leur fondement est scientifique pour la gestion environnementale des bassins versants.
- Conservation de la nature Canada a classé la diversité biologique et écologique dans les bassins hydrographiques au moyen d’une classification limpide de l’écosystème aquatique et d’un indice de stress dans toute la partie canadienne du golfe du Maine. Elle a accordé la priorité aux bassins versants et aux facteurs de stress dans les bassins versants aux fins de conservation et d’assainissement.
- Eastern Charlotte Waterways Inc., en partenariat avec l’Université Dalhousie, a effectué une évaluation de référence du pH dans les milieux estuariens de la baie de Fundy.
- Eastern Charlotte Waterways Inc. a reçu du financement en 2018-2019 pour lutter contre le ruissellement d’éléments nutritifs dans les bassins versants de la baie de Fundy. Le projet a relié les données des indicateurs d’eutrophisation recueillies dans l’environnement estuarien aux décisions sur l’utilisation des terres dans le bassin versant de la baie de Fundy.
En 2018-2019, l’IGM a également soutenu les efforts visant à mieux comprendre l’état actuel des milieux humides côtiers et leur potentiel de séquestration et de stockage de carbone comme mécanisme d’atténuation des émissions atmosphériques de CO2. De plus, l’information générée pendant la durée de l’IGM a été rassemblée et mise à la disposition du public sur un site Web commun pour garantir un accès continu après la fin de l’initiative. Les partenaires ont participé à l’évaluation de la réussite du programme et à la détermination de nouveaux problèmes et des possibilités futures liés à la conservation et au développement durable de l’écosystème.
Dans l’ensemble, de 2014 à 2019, l’IGM a fourni des subventions et des contributions à 13 organisations et a signé 11 contrats visant l’atteinte des objectifs du programme. Un rapport final sera disponible pour résumer les réalisations du projet et mettre en évidence les leçons apprises qui pourraient guider de futurs programmes et d’autres activités dans le golfe du Maine et ailleurs.
5.5 Initiatives des écosystèmes du Canada atlantique
Le programme des Initiatives des écosystèmes de l’Atlantique (IEA) finance des projets qui améliorent la santé, la productivité et la durabilité à long terme des écosystèmes du Canada atlantique. Le programme finance les projets qui utilisent une approche axée sur les écosystèmes et fait participer de grands partenariats et des mesures concertées permettant de produire des résultats positifs pour l’environnement dans l’ensemble du Canada atlantique. Le programme finance des organismes du Canada atlantique, y compris des organismes non gouvernementaux, des coalitions et des réseaux d’organisations, des établissements universitaires et de recherche, ainsi que des gouvernements et des organisations autochtones, pour la réalisation de projets portant sur un ou plusieurs des trois enjeux prioritaires suivants du programme : la qualité de l’eau, l’habitat et la biodiversité, ainsi que les répercussions des changements climatiques. En 2018-2019, une approche d’application à des endroits en particulier a été mise à l’essai pour soutenir des projets dans deux écosystèmes préoccupants prioritaires, soit le bassin versant du fleuve Saint-Jean et le bassin versant du sud du golfe du Saint-Laurent. ECCC a contribué au financement, à l’expertise technique et scientifique et au soutien direct du personnel pour des projets liés à la qualité de l’eau qui permettront d’améliorer l’évaluation, la surveillance, la modélisation et l’atténuation des divers facteurs de stress et de leurs effets cumulatifs sur la qualité de l’eau au Canada atlantique, des eaux d’amont jusqu’aux estuaires.
En 2018-2019, 19 projets de l’IEA ont porté sur la qualité de l’eau, l’habitat et la biodiversité et sur les répercussions des changements climatiques. ECCC a pris l’engagement de fournir plus de 1,2 million de dollars pour ces projets. Les projets pluriannuels suivants sont en cours et représentent le type de projets qui ont reçu du financement :
- Au Nouveau-Brunswick, la Société du fleuve Saint-Jean travaille à mieux comprendre les utilisations et les besoins humains du fleuve Saint-Jean en ce qui a trait aux biens et services écologiques, en accordant une attention particulière à la qualité de l’eau. Le projet vise à formuler des recommandations à l’intention du gouvernement du Nouveau‑Brunswick, d’Énergie NB et d’autres utilisateurs du fleuve sur les besoins écologiques et humains liés à l’eau dans le fleuve et à orienter l’élaboration d’un plan de gestion de l’ensemble du bassin versant.
- En Nouvelle-Écosse, le Centre for Water Resources Studies de l’Université Dalhousie élabore des outils de modélisation et de surveillance afin de comprendre et d’améliorer la qualité microbienne de l’eau dans le bassin versant du sud du golfe du Saint-Laurent. Le projet étudie les sources et les voies de pollution fécale, les éléments nutritifs et les sédiments dans un écosystème côtier représentatif dans le but d’élaborer des lignes directrices sur les pratiques exemplaires pour la gestion de l’utilisation des terres côtières.
- La Coalition pour la durabilité dans le sud du golfe du Saint-Laurent mène des recherches et met en œuvre des mesures d’atténuation liées aux herbiers de zostères dans la région de l’Atlantique. Les herbiers de zostères constituent un habitat très productif et participent aux activités écosystémiques dans la zone côtière, en luttant contre l’érosion côtière et la séquestration du carbone et des éléments nutritifs. Ce projet accroît la résilience climatique en atténuant les facteurs de stress sur la santé des herbiers de zostères et en les restaurant dans la région pour accroître la recolonisation généralisée.
5.6 Bassin versant de Wolastoq/rivière Saint-Jean
En 2018-2019, ECCC a continué de se concentrer sur quatre engagements principaux pour la rivière Wolastoq/rivière Saint-Jean dans le cadre du Plan d’action sur l’eau douce :
- Coordination et coopération accrues entre les ordres de gouvernement
- Participation accrue des peuples autochtones et des intervenants
- Coordination de la science et des évaluations de l’eau douce
- Partage renforcé de l’information
Divers efforts ont été déployés en vue d’une approche de gestion coordonnée et intégrée pour le bassin versant, y compris la collaboration avec des partenaires fédéraux, provinciaux, autochtones et non gouvernementaux pour faire avancer les travaux liés aux priorités et objectifs partagés. ECCC a mené des réunions internes et externes pour favoriser les discussions sur les domaines communs de coordination et de collaboration, y compris la surveillance de la qualité de l’eau, la gestion des données et l’accès aux données, l’évaluation des eaux douces, la science citoyenne et les ententes de financement.
Les progrès se sont poursuivis dans le cadre de la déclaration provisoire de coopération Wəlastəkw signée en 2017 par ECCC, le MPO, les chefs Wolastoqey (Premières Nations malécites) et plusieurs agences fédérales américaines. Des sommets internationaux ont eu lieu au printemps et à l’automne 2018, portant sur la définition d’un modèle de gouvernance collaborative des bassins versants, ainsi que sur l’avancement des initiatives de science des écosystèmes. ECCC a renforcé la mobilisation des intervenants par le biais de formation et en fournissant un accès à des outils pour soutenir les activités de science citoyenne et le partage d’information.
ECCC a collaboré avec Conservation de la nature Canada et l’Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis afin de produire un indice de stress dans les bassins hydrographiques, couvrant à la fois les parties canadienne et américaine du bassin versant de Wolastoq/rivière Saint-Jean. L’outil d’évaluation évalue 16 facteurs de stress liés à la qualité de l’eau et à la connectivité aquatique. L’indice orientera les activités de surveillance, de gestion, de conservation et de restauration dans le bassin versant.
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