Tétras des armoises

Tétras des armoises

Description et habitat

Le tétras des armoises est le plus gros tétras d’Amérique du Nord. Il tire son nom, sa nourriture et son abri des plantes d’armoise (du genre Artemisia). Il a un dos et des flancs gris brunâtre, une poitrine blanche tachetée, un ventre très foncé et de longues plumes de queue pointues. Les femelles se fondent dans leur environnement de prairie, ce qui réduit leur visibilité pour les prédateurs. Les mâles sont beaucoup plus grands et ont une poitrine plus blanche que les femelles, une gorge noire et des crêtes jaunes au-dessus des yeux. Lors de la parade nuptiale, les mâles déploient leur queue et gonflent leurs sacs aériens jaunâtres, qui dépassent des plumes blanches et bouffies du cou et du haut de la poitrine.

© Jon Groves

Les populations de tétras des armoises au Canada habitent l’écorégion de prairie mixte. Certaines des parties les plus sèches de cette écorégion contiennent la végétation indigène essentielle à la survie du tétras des armoises, notamment les prairies contenant des plants d’armoises (Artemisia cana). L’armoise est une source de nourriture et d’abri importante pour le tétras des armoises tout au long de l’année au Canada et elle est donc un élément de son habitat de reproduction, de nidification, d’élevage des couvées et d’hivernage.

Description longue

Carte des aires de répartition récente et historique du tétras des armoises. La carte principale présente l’aire de répartition au Canada et indique l’emplacement du parc national des Prairies, des pâturages collectifs fédéraux et de la station de recherche agricole de Onefour. La carte en médaillon montre l’aire de répartition de l’espèce en Amérique du Nord.

Le tétras des armoises a un système de reproduction en leks. Les femelles utilisent des leks pour s’accoupler avec un mâle de leur choix. La plupart des leks ont un diamètre inférieur à 200 mètres et se trouvent aux mêmes endroits chaque année, pendant des décennies. Le tétras des armoises visite généralement le même lek chaque printemps si l’habitat de nidification à proximité est encore intact. De mars à mai, les mâles se rassemblent sur leur lek chaque matin et chaque soir, où ils combattent les mâles rivaux pour conserver leur place particulière dans le lek et font leur spectaculaire parade nuptiale pour attirer les femelles. Chaque femelle visite un lek pendant deux ou trois jours pour s’accoupler, puis se disperse sur quelques kilomètres pour préparer un nid, où elle pond une couvée d’oeufs, généralement sous une plante d’armoise.

Nourriture et alimentation

Le tétras des armoises se nourrit principalement d’armoise argentée tout au long de l’année. Ils consomment les feuilles, les bourgeons, les tiges et les fleurs de la plante, et occasionnellement ils mangent les insectes qui se trouvent sur les plantes. Les oisillons du tétras des armoises ne peuvent pas digérer l’armoise pendant plusieurs semaines après l’éclosion, de sorte que divers insectes et herbes non graminéennes composent leur alimentation pendant cette période. Les adultes mangent également des quantités considérables d’herbes non graminéennes au printemps et en été, en plus des feuilles d’armoise.

© Robin Bloom
L’armoise argentée (Artemisia cana) dans le paysage de prairie mixte du Sud-Ouest de la Saskatchewan

Importance du tétras des armoises

La conservation de l’habitat du tétras des armoises procure le bénéfice conjoint de la protection de l’habitat de nombreuses autres espèces indigènes profitant des prairies mixtes, y compris des espèces en péril, comme le moqueur des armoises, le grand iguane à petites cornes et la buse rouilleuse, et d’autres espèces ne figurant actuellement pas sur la liste de la LEP, comme le bruant de Brewer, l’antilocapre et le cerf mulet. Le tétras des armoises est également une espèce indicatrice importante de la santé de l’habitat de l’armoise.

Situation et menaces

Situation

Le tétras des armoises a été inscrit sur la liste des espèces en voie de disparition au Canada en 1998 et il est protégé en vertu de la LEP depuis l’entrée en vigueur de celle‑ci en 1998. Il occupe actuellement environ 7 % de son aire de répartition historique. En 2012, la population de tétras des armoises avait diminué pour ne compter qu’environ 93 à 138 individus, après une diminution de 98 % en Alberta (de 1968 à 2012) et de 98 % en Saskatchewan (de 1988 à 2012). Au printemps 2020, on estimait qu’il restait entre 150 et 222 individus dans ces deux provinces, ce qui suggère un léger rebond de la population canadienne.

Menaces

Le déclin important du tétras des armoises est en grande partie attribuable à la perte d’habitat, au développement industriel et aux perturbations. Une grande partie du déclin historique de la population est attribuable à la conversion de l’habitat indigène de l’armoise et de la prairie à des utilisations commerciales comme l’agriculture et l’exploitation pétrolière et gazière. De plus, des obstacles au drainage, comme les routes ou les barrages, ont modifié l’écoulement de l’eau de surface et souterraine, ce qui a réduit la couverture d’armoise dans certaines régions de l’Alberta et de la Saskatchewan. En plus de causer une perte d’habitat et une perturbation accrue, ces changements peuvent également donner lieu à une mortalité accrue du tétras des armoises et à une réduction du succès de nidification. Par exemple, les grandes structures de plus de deux mètres de hauteur, y compris les bâtiments agricoles et industriels abandonnés, fournissent des abris et des perchoirs aux prédateurs, comme les oiseaux de proie ou les corbeaux, les renards, les moufettes et les ratons laveurs, qui sont des prédateurs du tétras des armoises et de ses oeufs. Les routes et les autres éléments linéaires facilitent également le déplacement des prédateurs terrestres, en particulier en hiver.

Les activités humaines peuvent aussi avoir des répercussions négatives sur le tétras des armoises en modifiant son comportement de reproduction. Le tétras des armoises évite les zones où il y a trop de bruit et de lumière. Par conséquent, moins de tétras des armoises visitent des leks à proximité de zones de développement énergétique, ce qui réduit le nombre de femelles qui réussissent à trouver des mâles et à produire des oisillons.

Le virus du Nil occidental et les changements climatiques peuvent également rendre difficile le rétablissement aux niveaux historiques des populations de tétras des armoises au Canada. Le virus du Nil occidental a été décelé chez le tétras des armoises en 2003 et a donc grandement réduit le taux de survie des populations touchées. Une fréquence plus élevée de phénomènes météorologiques extrêmes est une conséquence des changements climatiques. Des phénomènes météorologiques extrêmes, comme les tempêtes printanières qui provoquent des épisodes de temps froid et humide, ont une incidence négative sur les populations de tétras des armoises en causant l’échec des tentatives de nidification ou une mortalité élevée des oisillons. Les précipitations peuvent également profiter aux moustiques, qui sont plus susceptibles de propager le virus du Nil occidental lorsqu’ils sont plus abondants.

Ce que nous faisons

Le tétras des armoises figure sur la liste des espèces prioritaires dans le cadre de l’Approche pancanadienne pour la transformation de la conservation des espèces en péril au Canada. Pour faciliter le rétablissement du tétras des armoises, nous codirigeons un groupe de travail sur le tétras des armoises, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et Parcs Canada. Ce groupe de travail permet d’actualiser, de discuter, de prioriser et de mettre en œuvre des mesures et des initiatives de rétablissement potentielles.

Programme de rétablissement

Le Programme de rétablissement du tétras des armoises du Canada a été publié en 2008 et remplacé par un programme de rétablissement modifié en 2014 qui comprenait la détermination de 2 812 km2 d’habitat essentiel à longueur d’année et de 12,5 km2 de leks. En février 2014, le Décret d’urgence visant la protection du tétras des armoises est entré en vigueur en vertu de la LEP. Le décret de protection d’urgence interdit certaines activités sur les terres publiques fédérales et provinciales qui ont été récemment occupées par le tétras des armoises, ce qui permet de faire face aux menaces imminentes pour la survie et le rétablissement de l’espèce.

Programmes d'intendance et de conservation

Le Canada a appuyé des travaux visant à promouvoir des systèmes de pâturage bénéfiques pour gérer l'habitat et accroître la survie et la reproduction du tétras des armoises. Des projets visant à faire participer les propriétaires fonciers à l’intendance de l’habitat, Partenariat relatif aux espèces en péril présentes sur les terres agricoles (PEPTA), et d’autres programmes de conservation bénéfiques pour le tétras des armoises sont en cours (p. ex. MULTISAR et Nature Saskatchewan (en anglais seulement)). Des plans d’action pour la conservation du tétras des armoises ont été préparés par l’Alberta (2013) et la Saskatchewan (2014), ainsi que des plans d’action visant plusieurs espèces, y compris le tétras des armoises, dans la région South of the Divide (région au sud de la ligne de partage des eaux) du sud-ouest de la Saskatchewan (2017) et le parc national des Prairies (2016).

Le Canada a soutenu des travaux visant à promouvoir des systèmes de pâturage bénéfiques qui améliorent l’habitat de l’espèce et favorisent la survie et la reproduction du grand tétras. Des projets qui engagent les propriétaires fonciers dans la gestion de l’habitat, les partenariats pour les espèces en péril sur les terres agricoles (SARPAL) et d’autres programmes de conservation qui sont bénéfiques pour le tétras des armoises, sont en cours (par exemple, MULTISAR et Nature Saskatchewan (en anglais seulement). Des plans de rétablissement pour la conservation du tétras des armoises ont été préparés par l’Alberta (2013) et la Saskatchewan (2014), ainsi que des plans d’action visant des espèces multiples, qui incluent le tétras des armoises, dans la région au sud de la ligne de partage des eaux dans le Sud-Ouest de la Saskatchewan (2017) et dans le parc national des Prairies (2016).

ECCC a également appuyé plusieurs initiatives, par l’intermédiaire du Fonds autochtone pour les espèces en péril, du SARPAL et du Programme d'intendance de l'habitat pour les espèces en péril, visant la conservation, la gestion et l’éducation relatives à l’habitat des prairies en Alberta et en Saskatchewan, qui bénéficieront directement au tétras des armoises. Il s’agit notamment d’un projet lancé par le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada qui fait la promotion d’une gestion écologique des pâturages, de projets menés par des organisations à but non lucratif et des particuliers qui conservent et restaurent l’habitat du tétras des armoises, et d’initiatives de conservation avec le groupe de gestion des terres de la tribu des Blood et l’Alliance pour l’éducation du Traité no 4 (en partenariat avec Conservation de la nature Canada). Dans le cadre de l’Initiative sur les lieux prioritaires, nous avons relevé deux lieux prioritaires qui couvrent l’aire de répartition de l’espèce : la région au sud de la ligne de partage des eaux en Saskatchewan et la région Summit to Sage en Alberta. Dans le cadre de cette initiative, nous avons établi des partenariats avec d’autres ministères, comme l’Agence Parcs Canada, les provinces, l’industrie, des municipalités, des organisations non gouvernementales et d’autres encore. Grâce à ces partenariats et, dans la mesure du possible, en s’appuyant sur les initiatives existantes, un plan de mise en œuvre de la conservation en collaboration sera élaboré pour chaque lieu prioritaire.

Surveillance, recherche et gestion de la population et de l'habitat

Afin de mesurer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de rétablissement décrit dans le programme de rétablissement, les partenaires fédéraux et provinciaux travaillent ensemble pour déterminer la taille et les tendances de la population du tétras des armoises au Canada. Le ministère de l’Environnement et des Parcs de l’Alberta et l’Agence Parcs Canada mènent chacun des relevés annuels au printemps pour dénombrer le nombre de tétras des armoises mâles qui se trouvent dans les leks du Sud-Est de l’Alberta et du Sud-Ouest de la Saskatchewan.

Pour augmenter le taux de survie des tétras des armoises, le parc national des Prairies et le ministère de l’Environnement et des Parcs de l’Alberta ont retiré certaines clôtures et installé des marqueurs sur d’autres afin d’accroître la visibilité des clôtures en fil de fer barbelé et de réduire la probabilité que les tétras des armoises volants soient blessés ou tués en frappant les fils. En outre, l’Agence Parcs Canada teste les avantages de diverses activités de gestion de l’habitat (pâturage bénéfique, brûlage dirigé, ensemencement de graines et plantation de jeunes plants d’armoise), dans le but d’améliorer l’habitat de nidification et d’élevage des couvées du tétras des armoises pour augmenter la probabilité de rétablissement de la population. Afin d’augmenter la quantité d’habitat convenable pour le tétras des armoises, le parc national des Prairies prévoit également de restaurer les zones qui sont actuellement couvertes de végétation non indigène (c’est-à-dire les champs de foin), ce qui est un programme à long terme comprenant le contrôle de la végétation agronomique et le rétablissement des herbes indigènes, des herbes non graminéennes et de l’armoise.

Deux programmes visant à accroître les populations de tétras des armoises au Canada sont également en cours. Le ministère de l’Environnement et des Parcs de l’Alberta et le Montana Fish, Wildlife & Parks ont collaboré au transfert de tétras des armoises adultes des populations stables du Montana vers l’Alberta depuis 2015. La surveillance des déplacements, de la survie et de la reproduction des grands tétras transférés se poursuit.

En outre, ECCC et le ministère de l’Environnement et des Parcs de l’Alberta sont les partenaires financiers d’un programme de dix ans d’élevage en captivité et de mise en liberté qui est dirigé par le zoo de Calgary. Dans le cadre de ce programme, des œufs ont été initialement recueillis dans quelques nids de tétras des armoises sauvages qui ont échoué, afin d’établir une population reproductrice en captivité qui est devenue la source de l’augmentation de la population sauvage. Au total, 66 oisillons ont été élevés en captivité au zoo de Calgary, puis remis en liberté dans la nature en tant que juvéniles à l’automne 2018, dans le Sud de l’Alberta (sur une propriété de Conservation de la nature Canada) et dans le parc national des Prairies, dans le Sud de la Saskatchewan. Il s’agissait de la première remise en liberté de tétras des armoises sauvages du genre au Canada, et une remise en liberté similaire a eu lieu à l’automne 2019.

Des permis ont été délivrés en vertu de la LEP pour surveiller les populations de tétras des armoises dans les leks et pour mener des projets de conservation qui contribuent au rétablissement de l’espèce, y compris la restauration ou l’amélioration de son habitat. Pour de plus amples renseignements, voir les permis relatifs au tétras des armoises émis en vertu des dispositions des articles 73 et 74 de la LEP.

Documents et ressources clés

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