Résumé des commentaires du public sur l’ébauche d’évaluation préalable pour les substances contenant de l’antimoine

Les commentaires sur l’ébauche d’évaluation préalable concernant les substances contenant de l’antimoine, évaluées dans le cadre du Plan de gestion des produits chimiques (PGPC), ont été présentés par l’Association canadienne de produits de consommation spécialisés, le Réseau canadien pour la santé humaine et l’environnement, la Saskatchewan Environmental Society et un simple citoyen.

Un résumé des commentaires du public et des réponses, organisés par sujet, est présenté ci-dessous.

Commentaires généraux

Commentaires résumés Réponses résumées
L’approche faisant appel à l’antimoine « total » comme substitut pour plusieurs différents composés doit être expliquée clairement. Certaines sources d’exposition ont été évaluées d’après des mesures de l’antimoine total, lequel est considéré comme une incertitude dans l’évaluation. L’application des concentrations mesurées de l’antimoine total comme substitut dans l’exposition à 11 substances individuelles est une approche prudente.
L’utilisation de l’antimoine « total » dans cette évaluation est prudente et convient parfaitement aux composés inorganiques. Cependant, il faut prendre en compte les diverses propriétés entre les composés organométalliques et les composés inorganiques, car, en mesurant l’antimoine « total », on peut sous‑estimer l’effet de l’antimoine organique. Une analyse approfondie des données disponibles d’exposition et de danger pour l’humain et l’environnement a été effectuée pour chaque substance du groupe. Il a été déterminé que les critères d’effet choisis étaient prudents et, par conséquent, protégeaient des effets nocifs de l’exposition de la population générale et de l’environnement, y compris aux substances organiques et organométalliques contenant de l’antimoine.
Il faut donner davantage de justifications lorsqu’on utilise l’approche d’extrapolation pour les substances contenant de l’antimoine dont les données sont limitées. Dans la mesure du possible, dans l’évaluation pour la santé humaine, on a utilisé les données d’exposition et de danger les plus pertinentes pour chaque substance contenant de l’antimoine auxquelles les Canadiens sont exposés. Dans le cas contraire, on a utilisé les données pour les formes trivalente et pentavalente de l’antimoine auxquelles la population générale est exposée. L’utilisation de l’extrapolation dans l’évaluation pour l’environnement est justifiée dans le Document sur l’approche scientifique : Classification du risque écologique des substances inorganiques (ECCC, 2018).
L’ébauche d’évaluation préalable est bien expliquée et fournit une brève description des données de danger concernant l’antimoine. Les renseignements sur l’exposition devraient être publiés sous une forme plus permanente. C’est noté.

Évaluation pour l’environnement

Commentaires résumés Réponses résumées
Dans l’évaluation des effets nocifs pour l’environnement, il faut prendre en compte d’autres voies comme le transport de l’antimoine du sol vers la plante ou le transfert dans la chaîne trophique, même si c’est bref. L’Évaluation préalable pour le Défi concernant : Trioxyde de diantimoine (Canada, 2010) a permis de déterminer que le potentiel de bioaccumulation aquatique et terrestre était faible. Cette évaluation n’a pas été revue pour le document d’évaluation scientifique de la CRE-I (ECCC, 2018) ou la présente évaluation des 11 substances contenant de l’antimoine.
Il y a une omission importante : aucune incertitude n’a été définie dans l’évaluation pour l’environnement. Il faut y remédier. Pour l’évaluation pour l’environnement, les incertitudes sont décrites dans le document d’évaluation scientifique de la CRE-I (ECCC, 2018).

Évaluation pour la santé humaine

Commentaires résumés Réponses résumées
Il faut plus d’information pour expliquer que les effets sur la santé associés à l’antimoine à l’échelle nanométrique ne sont pas pris en compte dans cette évaluation préalable. Ayant été informé de la possibilité d’être exposé à l’antimoine à l’échelle nanométrique, le lecteur doit savoir que les effets sur la santé qui ne sont pas évalués ici le seront ailleurs. Les concentrations mesurées d’antimoine total dans la surveillance dans l’environnement ou chez l’humain pourraient comprendre des nanomatériaux synthétiques contenant de l’antimoine. Cependant, il y a peu de données probantes selon lesquelles l’une des 11 substances évaluées serait présente dans le commerce sous forme de nanoparticules synthétisées. En outre, les nanomatériaux sont plus largement traités dans une initiative du PGPC distincte. Par conséquent, le potentiel de l’antimoine à l’échelle nanométrique à causer des effets différentiels n’a pas été pris en compte dans cette évaluation préalable.
Même si l’on comprend que les utilisations de certains composés d’antimoine dans des remèdes homéopathiques dépassent la portée de cette évaluation, il est proposé de fournir plus d’information concernant la réglementation de ces composés pour ces utilisations dans l’évaluation préalable. On n’énumère ni ne décrit pas toutes les données disponibles dans l’évaluation préalable. On souligne plutôt les données pertinentes clés pour étayer l’évaluation des substances contenant de l’antimoine du groupe qui ont un potentiel d’exposition pour la population générale du Canada. Pour des précisions concernant les remèdes homéopathiques homologués, veuillez consulter la Direction des produits de santé naturels et sans ordonnance (DPSNSO) de Santé Canada.
Est-ce que l’exposition professionnelle a été prise en compte lors de l’évaluation du potentiel de causer des effets nocifs pour la santé humaine? Les évaluations préalables menées en vertu de la LCPE sont fondées sur les meilleures données disponibles. Dans le PGPC, elles se concentrent sur les risques d’exposition pour la population générale, plutôt que sur les risques d’exposition en milieu de travail. Les dangers liés aux produits chimiques utilisés en milieu de travail sont définis dans le Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT).
Dans l’évaluation préalable, il faudrait utiliser une dose sans effet nocif observé (DSENO) critique de 0,06 mg Sb/kg p.c./jour chez les rats ayant ingéré du tartrate d’antimoine et de potassium (TAP) de Poon et al. (1998), au lieu de la DSENO de 49 mg Sb/kg p.c./jour établie pour l’hexahydroxoantimonate de sodium. Dans l’évaluation pour la santé humaine, on prend en compte le critère d’effet le plus pertinent pour les substances contenant de l’antimoine trivalent et pentavalent pour lesquelles il existe une exposition orale de la population générale. La DSENO de 0,06 mg Sb/kg p.c./jour a été établie pour le TAP, auquel l’exposition des Canadiens devrait être minime. Par conséquent, ce critère d’effet n’est pas considéré comme un critère d’effet critique pour la caractérisation des risques associés aux substances contenant de l’antimoine du groupe.
Les valeurs estimatives de l’absorption cutanée sont très incertaines et les concentrations d’exposition des nourrissons peuvent être plutôt élevées en raison de l’utilisation de l’antimoine comme substance ignifuge. Faute d’études de toxicité cutanée appropriées, la DSENO orale de 49 mg Sb/kg p.c./jour a été choisie pour la caractérisation des risques associés à une exposition cutanée aux substances contenant de l’antimoine trivalent et pentavalent. Une valeur d’absorption cutanée et orale relative de 10 % a été appliquée aux valeurs estimatives de l’exposition cutanée, y compris pour l’exposition des nourrissons, pour tenir compte des différences entre l’absorption orale et l’absorption cutanée.
Le rapport de l’ébauche d’évaluation préalable ne fait aucunement mention des aquaglycéroporines, même si des données probantes semblent indiquer qu’elles jouent un rôle important dans la distribution de l’antimoine dans l’organisme, d’où ses effets toxiques. Les données additionnelles présentées ont été prises en compte et l’évaluation a été révisée en conséquence.
Le rapport de l’ébauche d’évaluation préalable indique que l’absorption moyenne par voie orale d’antimoine provenant des substances auxquelles le public est exposé sera moindre que l’absorption d’antimoine dans les études animales utilisant le chlorure d’antimoine ou le TAP. Cependant, cette faible valeur d’absorption n’est pas suffisamment étayée par des données probantes. Dans le rapport d’évaluation préalable, les fractions d’absorption gastro-intestinale ont été mises à jour et remplacées par les valeurs recommandées pour les substances contenant de l’antimoine de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR, 1981).
Dans certaines études animales, on semble indiquer que l’application cutanée d’antimoine peut causer une absorption considérable et une toxicité importante. L’exposition générale par la voie cutanée n’a pas été jugée importante étant donné la faible solubilité de la plupart des substances contenant de l’antimoine. Par conséquent, un coefficient d’absorption relatif par la voie cutanée à la voie orale de 0,1 (10 %) a été utilisé dans l’évaluation préalable, ce qui est conforme à l’Évaluation du risque pour les lieux contaminés fédéraux au Canada. Partie I, L’évaluation quantitative préliminaire des risques (ÉQPR) pour la santé humaine.
L’analyse de l’exposition des nourrissons à l’antimoine suscite des préoccupations. Les nourrissons présentant une irritation cutanée douloureuse pourraient absorber une quantité excessive d’antimoine utilisé comme substance ignifuge dans les couvre‑matelas. L’ingestion chez les nourrissons suçant des jouets en peluche ou des tissus pourrait également être préoccupante.   Il aurait fallu voir dans une version révisée du rapport d’évaluation préalable faisant appel à une DSENO orale d’environ 0,06 mg Sb/kg p.c./jour que la marge d’exposition (ME) est trop faible pour les nourrissons. L’exposition des nourrissons à l’antimoine a été déterminée à l’aide de différents scénarios d’exposition : par voie orale (exposition aux milieux environnementaux, à la nourriture, à l’eau et par le mâchonnement de textile), par voie cutanée (dormeuses et couvre-matelas) et par inhalation (milieux environnementaux). Les marges d’exposition de ces scénarios d’exposition sont considérées comme suffisantes pour protéger les nourrissons des effets nocifs de l’exposition aux substances contenant de l’antimoine.
La version révisée du rapport d’évaluation préalable devrait comprendre des renseignements du Manual of the Matria Medica de Merck, publié en 1899, sur les doses aiguës de TAP qui étaient données à des humains comme médicament émétique dans les années 1800 et au début des années 1900. Dans le rapport d’évaluation préalable, on n’énumère ni ne décrit pas toutes les données disponibles. On met plutôt en relief les données clés pertinentes pour étayer l’évaluation des risques associés aux substances contenant de l’antimoine du groupe qui ont un potentiel d’exposition pour les Canadiens. Des données probantes semblent indiquer que la population générale du Canada n’est pas exposée de façon importante au TAP. 

Commentaires sur le contenu

Commentaires résumés Réponses résumées
La section des propriétés physiques et chimiques est brève et la transformation des composés d’antimoine dans l’environnement doit être traitée et accompagnée d’exemples. Les données sur les propriétés physiques et chimiques des substances contenant de l’antimoine de ce groupe, qui sont nécessaires pour étayer l’évaluation, sont incluses dans le rapport d’évaluation préalable. Pour des précisions, veuillez consulter le tableau 2-1 et l’annexe A. Dans cette évaluation, les composés d’antimoine devraient généralement se transformer dans l’environnement conformément aux approches appliquant les premiers principes (p. ex. le concept acide-base de Pearson ou la théorie HSAB) et seraient mieux étayés par des données empiriques sur la transformation (p. ex. Skeaff et al., 2013).
La combinaison de formules et l’utilisation excessive d’abréviations rendent le rapport difficile à lire, surtout parce que le rapport porte sur 11 composés différents. Les tableaux fournis sont clairs et utiles. Cependant, il y a des cas où il faudrait fournir plus d’explications et/ou de justifications pour diverses hypothèses. Dans quelques exemples où les données n’ajoutent rien, des sections pourraient être omises sans que cela nuise à l’évaluation. C’est noté. Dans le rapport d’évaluation, les abréviations sont définies à leur première occurrence. Des justifications additionnelles ont été fournies pour diverses hypothèses, dans la mesure du possible.
Le document contient certaines erreurs rédactionnelles et quelques incohérences dans les renvois. Les commentaires concernant la cohérence des renvois et d’autres erreurs rédactionnelles ont été pris en compte. Les commentaires concernant l’appellation des noms chimiques ont été notés. Cependant, dans le rapport d’évaluation, les noms de substances dans la Liste intérieure des substances (LIS) ont été utilisés de façon cohérente pour représenter les noms utilisés dans la LIS à l’origine.

Participation des intervenants

Commentaires résumés Réponses résumées
De l’aide est offerte si d’autres renseignements étaient nécessaires. C’est noté.

Sources et utilisations

Commentaires résumés Réponses résumées
Les quantités importées ne sont pas une référence appropriée si l’on s’attend à ce qu’elles soient plus représentatives du trioxyde d’antimoine que les 11 substances du groupe des substances contenant de l’antimoine. Des données sur le commerce international étaient disponibles pour les codes du Système harmonisé (SH) associés à l’antimoine. Ces codes sont faiblement associés aux 11 substances dans la portée de l’évaluation. Cependant, comme approche prudente pour la CRE‑I (ECCC, 2018), ces données ont été considérées comme hypothèses raisonnables de pires scénarios d’importations pour les 11 substances.
Il faudrait mettre à jour le tableau 4-1, car il contient des valeurs d’il y a 10 ans qui peuvent ne pas être représentatives des quantités fabriquées et importées actuellement, étant donné les fluctuations économiques. Le tableau 4-1 présente les plus récentes données de fabrication et d’importation au Canada de ces 11 substances ayant été présentées conformément à une enquête menée en vertu de l’article 71 de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999), ou au moyen d’une déclaration de données volontaire.

Conclusion

Commentaires résumés Réponses résumées
Les conclusions concernant les effets sur l’environnement et la santé sont étayées par la documentation examinée. Cependant, il devrait y avoir une analyse plus approfondie sur les incertitudes et la manière dont les incertitudes ont été traitées. Dans le rapport d’évaluation préalable, bien que les incertitudes aient été définies, on a utilisé une approche prudente dans la caractérisation des risques associés aux 11 substances. Par conséquent, on considère que l’approche utilisée dans l’évaluation préalable protège suffisamment des incertitudes dans les bases de données sur l’exposition et le danger.
L’information présentée dans le document n’étaye pas suffisamment la conclusion selon laquelle les substances contenant de l’antimoine ne pénètrent pas dans l’environnement d’une manière qui constitue ou peut constituer au Canada un danger pour la santé humaine. Dans l’évaluation, on a pris en compte plusieurs voies d’exposition en utilisant des paramètres prudents, et mené une analyse prudente des données sur les effets. Étant donné les marges d’exposition et d’autres éléments probants, la conclusion de l’évaluation est suffisamment étayée.

Références

Canada. 2010. Évaluation préalable pour le Défi concernant : Trioxyde de diantimoine (oxyde d’antimoine) : Numéro de registre du Chemical Abstracts Service 1309-64-4. Ottawa (Ontario), gouvernement du Canada. [Consulté en janvier 2019].

[ECCC] Environnement et Changement climatique Canada. [Modifié le 4 mai 2018]. Document sur l’approche scientifique : Classification du risque écologique des substances inorganiques. Gatineau (Québec), gouvernement du Canada. 

[CIPR] Commission internationale de protection radiologique. 1981. Metabolic data for antimony. Limits for intakes of radionuclides by workers (ICRP Publication 30, Part 3). Ann ICRP 6(2/3):46-49. [Disponible en anglais seulement]

Skeaff JM, Beaudoin R, Wang R, ewt B. Joyce. 2013. Transformation/Dissolution Examination of Antimony and Antimony Compounds with Speciation of the Transformation/Dissolution Solutions. Integrated Environmental Assessment and Management. 9(1): 98-113. [Disponible en anglais seulement]

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