Rapport sur la situation des aires protégées du Canada de 2012 à 2015 : chapitre 2


Chapitre 2 : Planification et création des aires protégées

Le Canada possède une longue histoire de planification et de création d'aires protégées. En 1876, le Canada créait son premier parc, soit le parc du Mont Royal, à Montréal, au Québec. Neuf ans plus tard, en 1885, le parc national Banff était créé dans les Rocheuses canadiennes. À ces premiers parcs de loisirs s'est ajoutée peu de temps après la première aire de conservation du Canada, en 1887, avec la mise en réserve d'une partie des terres et des eaux du lac de la Dernière-Montagne, dans ce qui est aujourd'hui la province de Saskatchewan, en tant que refuge pour la sauvagine. Puis, en 1893, le premier parc provincial du Canada, soit le parc provincial Algonquin, était créé en Ontario. Au fil du temps, des modifications législatives et réglementaires ont permis de regrouper la majorité de ces lieux importants sous l'étiquette des « aires protégées », à savoir des zones clairement définies et régies afin d'assurer la conservation à long terme de la nature à l'aide de moyens juridiques ou d'autres moyens efficaces. Les loisirs, l'éducation et l'écotourisme sont des activités importantes dans de nombreuses aires protégées.

Objectifs en matière de conservation et d'aires protégées

En février 2015, le Canada a adopté une série d'objectifs pour assurer la conservation de la biodiversité. Les Buts et objectifs canadiens pour la biodiversité d'ici 2020 ont été élaborés conjointement par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Ils s'appuient sur la Stratégie canadienne de la biodiversité et sur le Cadre axé sur les résultats en matière de biodiversité et mettent en évidence les priorités de conservation de la biodiversité du Canada pour les années à venirnote13.Les Buts et objectifs ont été établis pour le Canada dans son ensemble et les progrès pour atteindre ceux-ci seront communiqués au niveau national. Il est à concevoir que la contribution variera d’une juridiction à l’autre, mais il est prévu que chaque gouvernement et secteur sociétal apporteront un apport signification quant au progrès général. Plusieurs provinces et territoires possèdent leurs propres stratégies de la biodiversité et initiatives qui appuient les Buts et objectifs nationaux.

Les buts et les objectifs mettent l'emphase sur une gamme de problématique, principalement mais non exclusivement :

Les buts et les objectifs nationaux du Canada appuient le Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020, qui a été adopté par le Canada et d'autres Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) en 2010. Les objectifs nationaux du Canada et les objectifs mondiaux d'Aichi, qui constituent le fondement du Plan stratégique, comprennent des engagements reliés à la conservation par zones, y compris les aires protégées.

L'objectif 1 du Canada est le suivant :

D'ici 2020, au moins 17 % des zones terrestres et d’eaux intérieures, et 10 % des zones côtières et marines sont conservées par l'entremise de réseaux d'aires protégées, et d'autres mesures efficaces de conservation dans des superficies clairement définies.

L'objectif 11 des Objectifs d'Aichi pour la biodiversité s'énonce comme suit :

D'ici à 2020, au moins 17 % des zones terrestres et d’eaux intérieures et 10 % des zones marines et côtières, y compris les zones qui sont particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les écosystèmes, sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d'aires protégées gérées efficacement et équitablement et d'autres mesures de conservation effectives par zone, et intégrées dans l'ensemble du paysage terrestre et marin.

Les éléments qualitatifs dans l'Objectif d'Aichi 11 (y compris l'accent mis sur des zones d'importance pour la biodiversité et les services écosystémiques, une gestion efficace et équitable, la connectivité et l'intégration dans des paysages plus vastes et marins) sont comptés parmi les nombreux objectifs de protection des organisations responsables des aires protégées au Canada. Ces éléments qualitatifs sont aussi reconnus dans les directives pour l'atteinte du l'Objectif 1 pour le Canada et constituent le fondement de la structure du présent rapport.

À l'échelle canadienne, un nombre de provinces et de territoires possèdent leurs propres objectifs de conservation par zones. Outre les objectifs nationaux, deux provinces ont établi de nouveaux objectifs pour la période allant de 2012 à 2015. Ces derniers s'ajoutent aux objectifs qui avaient été adoptés dans les périodes de déclaration antérieures (tableau 4).

Tableau 4 : Objectifs de conservation par zones au Canada
Province Objectifs Date d'adoption Date cible
Colombie-Britannique 12 % de la superficie terrestre 1993 2000
Île-du-Prince-Édouard 7 % 1991 Aucune date
Manitoba 12% des régions naturelles 1993 Aucune date
Nouvelle-Écosse 12 % de la superficie terrestre 2007 2015
Nouvelle-Écosse 1 % supplémentaire au-delà du 12 % (13 % au total) de la superficie terrestre 2015 Aucune date
Ontario 50 % de la superficie terrestre et des eaux intérieures du Grand Nord de la province 2010 Aucune date
Québec 12 % de la superficie terrestre 2011 2015
Québec 10 % de la superficie marine 2015 2020
Québec 20 % de la superficie du Plan Nord 2015 2020
Québec 50 % de la superficie du Plan Nord 2015 2035
Saskatchewan 12 % dans chacune des 11 écorégions 1997 2000
Canada 17 % de la superficie terrestre et des eaux intérieures 2015 2020
Canada 5 % de la superficie côtière et marine 2015 2017
Canada 10 % de la superficie côtière et marine 2015 2020

Plusieurs provinces et territoires et le gouvernement fédéral ont pris des engagements précis au cours de la période 2012-2015, qui contribueront à l'atteinte des objectifs nationaux, provinciaux ou territoriaux (tableaux 5 et 6).

Les projets en cours visant à créer des aires protégées terrestres et qui devraient être complétés d'ici 2020 auraient comme résultat d'augmenter le pourcentage des terres canadiennes reconnues comme protégées de 10,6 % à 11,8 %.

Tableau 5 : Projets anticipés pour la création d'aires protégées terrestres au Canada pour la période 2016-2020.
Autorité responsable Aire proposée Superficie (km2) Pourcentage de la superficie terrestre du Canada
Environnement et Changement climatique Canada Réserve nationale de faune Edéhzhíe 14 250 0,14 %
Parcs Canada Parc urbain national de la Rouge 79 <0,01 %
Parcs Canada / Territoires du Nord-Ouest Thaidene Nëné 34 000 0,34 %
Alberta (multiple) 13 271 0,13 %
Colombie-Britannique Aire de conservation Atlin - Little Trapper 56 <0,01 %
Colombie-Britannique Aire de conservation Atlin - Kennicott 6 <0,01 %
Colombie-Britannique Aire de conservation Atlin - Nakina-Inklin 1 007 0,01 %
Colombie-Britannique Aire de conservation Atlin - Sheslay River 136 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc et Aire protégée Ancient Forest/Chun T'oh Whudujut 119 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc Okanagan Mountain 3 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc Prudhomme 1 <0,01 %
Colombie-Britannique Sheemahant Conservancy 1 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc Okanagan Falls 1 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc Tweedsmuir 1 <0,01 %
Nouveau-Brunswick Zone naturelle protégée de la rivière Verte Sud 9 <0,01 %
Nouvelle-Écosse (multiple) 400 <0,01 %
Nunavut Parc territorial Agguttinni 17 126 0,17 %
Nunavut Parc territorial Nuvuk 9 <0,01 %
Nunavut Parc territorial Napurtulik 896 0,01 %
Nunavut Parc territorial Sanikiluaq 6 <0,01 %
Saskatchewan (multiple) 300 <0,01 %
Saskatchewan Désignation selon le Plan d'aménagement du territoire 315 <0,01 %
Territoire du Nord-Ouest Dinàgà Wek'èhodì 790 0,01 %
Territoire du Nord-Ouest Ts'ude niline Tu'eyeta 15 000 0,15 %
Territoire du Nord-Ouest Ejié Túé Ndáde 2 177 0,02 %
Territoire du Nord-Ouest Łue Túé Sųlái 180 <0,01 %
Territoire du Nord-Ouest Ka'a'gee Tu 9 600 0,10 %
Territoire du Nord-Ouest Sambaa K'e 10 600 0,11 %
Yukon Dàadzàii Vàn 1 525 0,02 %
Yukon Terres humides Whitefish 468 <0,01 %
- Total 122 332 1,2%
- - Pourcentage du territoire terrestre canadien qui est susceptible d'être protégé d'ici 2020 11,8%

Les projets en cours visant à créer des aires marines protégées et qui devraient être complétés d'ici 2020 auraient comme résultat d'augmenter le pourcentage des zones côtières et marines canadiennes reconnues comme protégées de 0,9 % à 2,3 %. Afin d'atteindre les engagements du gouvernement du Canada de protéger 5 % de ses zones côtières et marines d'ici 2017 et 10 % d'ici 2020, des efforts visant à identifier des aires de protection additionnelles sont présentement en cours.

Tableau 6 : Projets anticipés pour la création d'aires marines protégées au Canada pour la période 2016-2020.
Autorité responsable Aire proposée Superficie (km2) Pourcentage de la superficie marine du Canada
Environnement et Changement climatique Canada Réserve nationale de faune en milieu marin des îles Scott 11 546 0,21 %
Pêches et Océans Canada Anguniaqvia niqiqyuam 2 361 0,04 %
Pêches et Océans Canada Banc de Sainte-Anne 4 364 0,08 %
Pêches et Océans Canada Chenal Laurentien 11 619 0,20 %
Pêches et Océans Canada Récifs d'éponges siliceuses du détroit d'Hécate et du détroit de la Reine-Charlotte 2 410 0,04 %
Collaboration entre Pêches et Océans Canada et le Québec Banc des Américains 1 000 0,02 %
Parcs Canada Détroit de Lancaster 44 300 0,77 %
Colombie-Britannique Parc marin Halkett Bay 1 0,00 %
- Total 78 309 1,4%
- - Pourcentage du territoire marin canadien qui est susceptible d'être protégé d'ici 2020 2,3%

Législation sur les aires protégées

Chaque gouvernement au Canada (ministères et organisations fédérales, provinciales et territoriales) dispose d'outils législatifs requis pour créer des aires protégées. Ces dernières sont variées et comprennent les parcs nationaux, les parcs provinciaux, les réserves d'espèces sauvages, les aires de conservation, les pâturages patrimoniaux, les réserves naturelles privées, les aires protégées autochtones, les refuges et les parcs marins, pour n'en citer que quelques-unes. Selon le dénombrement actuel, 53 lois distinctes sont utilisées ou pourraient être utilisées pour créer des aires protégées terrestres et marines au Canada (tableau 7). La désignation double est parfois employée afin d'atteindre les objectifs de conservation dans des cas où une loi n'est pas suffisante pour protéger l'ensemble des attributs d'intérêts d'un site.

Au Canada, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux créent les aires protégées en vertu de pouvoirs législatifs mis en place à cet effet. Ces gouvernements ont mis au point une vaste gamme d'outils législatifs et réglementaires afin de faciliter la création et la gestion des aires protégées. Le Nunavut procède actuellement à l'actualisation de leurs lois en cette matière. Le gouvernement fédéral et ceux de la Colombie-Britannique, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador, de la Nouvelle-Écosse et du Québec disposent de lois précises pour la création d'aires marines protégées ou de lois qui permettent la protection du milieu marin par la création d'aires protégées terrestres qui se prolongent dans les eaux côtières.

Tableau 7 : Nombre de lois et de types d'aires protégées dont dispose chaque juridiction
Jurisdiction Types d'aires protégées Nombre de lois
Fédéral 6 6
Alberta 8 3
Colombie-Britannique 6 5
Île-du-Prince-Édouard 3 3
Manitoba 6 7
Nouveau-Brunswick 2 2
Nouvelle-Écosse 4 5
Nunavut 1 2
Ontario 4 3
Québec 14 5
Saskatchewan 10 5
Terre-Neuve-et-Labrador 5 4
Territoires du Nord-Ouest 3 2
Yukon 5 3
Total 77 53

Stratégies en matière de conservation et d'aires protégées

Le recours à des stratégies est utile aux autorités compétentes en matière d'aires protégées pour définir l'orientation des programmes et leur mise en œuvre. Les stratégies servent à définir le contexte de la planification des réseaux, ce qui permet aux planificateurs et au public d'avoir un portrait d'ensemble et de mieux comprendre la vision, les buts et les objectifs proposés.

Figure 8 : Progrès relatifs à la mise en œuvre des stratégies sur les aires protégées. j
Alb. = Alberta, C.B. = Colombie-Britannique, Î.-P.-É. = Île-du-Prince-Édouard, Man. = Manitoba, N.-B. = Nouveau-Brunswick, N.-É.= Nouvelle-Écosse, Nt = Nunavut, Ont. = Ontario, Qc = Québec, Sask. = Saskatchewan, T.-N.-L. = Terre-Neuve-et-Labrador, T.N.-O. = Territoires du Nord-Ouest, Yn = Yukon, ECCC = Environnement et Changement climatique Canada, MPO = Pêches et Océans Canada, et APC = Parcs Canada

j Certains résultats pour 2006 et 2011 ont été ajustés en fonction d'information plus précise.

Terrestres
Années Alb. C.-B. Î.-P.-É. Man. N.-B. N.-É. Nt Ont. Qck Sask. T.-N.-L. T.N.-O. Yn ECCC APC
2015 S S P S S P Ø S Révisée S P P Ø P S
2011 P S P S S P Ø S S S P P Ø P S
2006 P S P P P P Ø P P P P P Ø Ø P

k De nouveaux objectifs plus ambitieux ont été adoptés dans la stratégie du Québec, laquelle fût mise à jour durant la période 2012-2015.

Marines
Années C.-B. Man. Î.-P.-É. N.-B. Qc T.-N.-L. ECCC MPO APC
2015 P S X X P X Ø P P
2011 P S X X P X Ø P P
2006 X X X X P X X X X
Légende
Types Valeur
C Mise en œuvre complète
S Mise en œuvre substantielle
P Mise en œuvre partielle
Ø Aucune stratégie en vigueur
X Aucune donnée disponible
Révisée L'évaluation est fondée sur une stratégie nouvelle ou révisée.
Description longue pour la figure 8

Le diagramme indique l'état d'avancement de la mise en œuvre des stratégies pour les aires protégées pour chacune des organisations identifiées et ce pour 2006, 2011 et 2015. Une distinction est faite en ce qui a trait aux aires protégées terrestres et marines. Parmi les états d'avancement les catégories sont: mise en œuvre non encore amorcée, mise en œuvre partielle, mise en œuvre substantielle, mise en œuvre complète. Il n'y a pas de données disponible sur l'état de mise en œuvre des aires marines protégées pour 2006.

Planification de réseau

En plus des procédés de création d'aires protégées spécifiques aux sites et des stratégies sur les aires protégées, certains gouvernements entreprennent la planification de réseau.

Les aires protégées individuelles peuvent assurer plus efficacement la conservation de la biodiversité à long terme lorsqu'elles sont conçues et gérées comme faisant partie d'un plus grand réseau. Dix organisations sur 15 ( 67 %) possèdent déjà une stratégie ou un plan pour le développement de leur réseau ou système d’aires protégées terrestres, basé sur un cadre écologique préétabli (Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba, Nouvelle-Écosse, Ontario, Québec, Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador, Territoires du Nord-Ouest et Environnement et Changement climatique Canada). Tous ont rapporté que leur stratégie était fondée selon un cadre écologique établi.

À l'échelle fédérale, le Cadre national pour le réseau d'aires marines protégées du Canada donne une orientation stratégique générale pour le développement d'un réseau d'aires marines protégées pour ses océans et ses Grands Lacs. Le Cadre et sa mise en œuvre sont coordonnés par Pêches et Océans Canada, avec la participation d'Environnement et Changement climatique Canada et de Parcs Canada ainsi que des partenaires provinciaux et territoriaux. Le Cadre national pour le réseau d'aires marines protégées du Canada comprend les buts suivants :

  1. Assurer la protection à long terme de la biodiversité marine, de sa fonction écosystémique et de ses caractéristiques naturelles particulières.
  2. Appuyer la conservation et la gestion des ressources marines vivantes du Canada et de leurs habitats, ainsi que les avantages socio-économiques et les services écosystémiques qu'elles fournissent.
  3. Promouvoir la compréhension et l'appréciation des environnements marins du Canada et de la culture et l'histoire maritime par le publique.

En plus des efforts de développement d'un réseau d'aires marines protégées à l'échelle nationale, certaines organisations possèdent leurs propres procédés de développement de réseau. Pour trois des neuf organisations reportant sur les aires marines protégées (Pêches et Océans Canada, Québec et Colombie-Britannique), des stratégies ou un cadre de planification étaient en place.

La différence entre la planification d'un réseau et la planification d'un système

Les termes « planification d'un réseau » et « planification d'un système » sont parfois utilisés sans distinction dans le présent rapport. Un système est principalement un amalgame de sites gérés individuellement mais présentés comme une seule entité à des fins de communication et de gestion. Un réseau est plutôt définit comme un ensemble de sites qui opèrent collectivement et en synergie, et qui ont été établis et qui sont gérés de manière à accomplir des objectifs écologiques plus collectifs et globaux, objectifs que des sites individuels ne seraient en mesure de réaliser. Un Cadre national pour le réseau d'aires marines protégées du Canada fournit une direction stratégique pour la création d'un réseau d'aires marines protégées. Un tel cadre stratégique pour les aires terrestres n'existe cependant pas au niveau national. Des cadres de planifications ont été créés par chaque juridiction pour la création de site, menant souvent à la création d’un système d'aires protégées. Un exemple de ceci est Parcs Canada qui possède un plan de réseau visant à guider la création de parcs nationaux.

Collaboration intergouvernementale à l'égard des réseaux et de la planification transfrontalière

La majeure partie de la collaboration entre les gouvernements au sujet des aires protégées a lieu entre le gouvernement fédéral et individuellement avec un gouvernement provincial ou territorial, ainsi qu'avec les gouvernements autochtones, particulièrement dans la création de nouvelles aires protégées (le chapitre 4 décrit en plus amples détails la collaboration qui existe entre les gouvernements fédéral, provincial, territorial et autochtones en lien avec les aires protégées). De façon moindre, une collaboration a lieu entre des provinces voisines et/ou territoires voisins et entre le gouvernement fédéral et les États-Unis dans la création ou la gestion d'aires protégées transfrontalières ou internationales (tableau 8).

Tableau 8 : Collaboration internationale ou en partenariat
Biome Projet / Réseau Partenaires Description
Terrestre/Eau douce Crown Managers Partnership (en anglais seulement) Colombie-Britannique, Alberta, Montana, Idaho, Parcs Canada Ce partenariat américano-canadien vise à améliorer la gestion de l'écosystème de la région surnommé Couronne du continent en répondant aux défis posés par ce paysage et ce, de manière collaborative et avec les Premières Nations.
Terrestre/Eau douce Washington Wildlife Habitat Connectivity Working Group (en anglais seulement) Colombie-Britannique et l'état de Washington Une collaboration sur la connectivité de l'habitat faunique visant à réaliser un modèle des mouvements de la faune depuis l'état de Washington jusqu'à la Colombie-Britannique.
Terrestre/Eau douce Kluane/Glacier Bay/Tatshenshini-Alsek complex (en anglais seulement) Colombie-Britannique, Parcs Canada et le Service forestier américain (US Forest Service) Un site du patrimoine mondial et un complexe constitué de quatre grandes aires protégées situées de part et d'autre de la frontière américano-canadienne. Ce complexe est géré en collaboration avec les Premières Nations.
Terrestre/Eau douce E. C. Manning/Cascade complex (en anglais seulement) Colombie-Britannique et l'état de Washington Un complexe comprenant à sa frontière sud le parc provincial E. C. Manning, lequel longe le North Cascades National Park aux États-Unis, ainsi que le parc provincial Skagit Valley en Colombie-Britannique, lequel rejoint la frontière ouest du parc E. C. Manning. Conjointement, ces aires protégées forment un large habitat qui pourrait aider à préserver la population des grizzlis de la région et laquelle se retrouve des deux côtés de la frontière américano-canadienne.
Marin Des projets variés sous le réseau nord-américain pour les aires marines protégées ou le North American Marine Protected Areas Network (en anglais seulement), et parrainé par la Commission de coopération environnementale Organisations fédérales (Parcs Canada, Pêches et Océans Canada), gouvernements fédéraux des États-Unis et du Mexique. (La Colombie-Britannique collabore à certains projets.)

Scientific Guidelines for Designing Resilient Marine Protected Area Networks in a Changing Climate (published in 2012) (en anglais seulement) (un guide scientifique pour la conception de réseaux d'aires marines protégées résilients face au changement climatique)

Guide for Planners and Managers to Design Resilient Marine Protected Area Networks in a Changing Climate (also published in 2012) (en anglais seulement) (un guide pour appuyer les planificateurs et gestionnaires dans la conception de réseaux d'aires marines protégées résilients face au changement climatique)

Race Rocks Ecological Reserve (la réserve écologique de Race Rocks crée en collaboration avec la Colombie-Britannique)

Marin North Pacific Landscape Conservation Cooperative (en anglais seulement) La Colombie-Britannique, le gouvernement fédéral américain, le gouvernement fédéral canadien, les Premières Nations et les institutions académiques et non gouvernementales. Ce partenariat collaboratif pour la conservation du paysage du nord du Pacifique, lequel favorise le partage d'information et la coordination pour la conservation et la gestion durable des ressources du nord du Pacifique soit de la Californie jusqu'en Alaska. Le groupe se penche de façon prioritaire sur les changements climatiques et leurs impacts, incluant sur le changement du niveau de la mer et l'effet des tempêtes sur les zones de rivage, le sublittoral et les estuaires.
Marin Framework for a Pan-Arctic Network of Marine Protected Areas (en anglais seulement) Plusieurs organisations fédérales (y compris Pêches et Océans) collaborent afin de remplir le rôle du Canada comme pays membre du Conseil de l'Arctique. Un cadre pour la mise-en-œuvre d'un réseau pan-arctique d'aires marines protégées, lequel a été rédigé par un groupe d'experts sur les aires marines protégées se rapportant au Groupe de travail du Conseil de l'Arctique sur la protection de l'environnement marin arctique. Ce groupe d'experts a été codirigé par le Canada, la Norvège et les États-Unis; ainsi tous les états membres du Conseil de l'Arctique y jouaient un rôle actif. Le cadre, qui a été publié en avril 2015, met de l'avant une vision commune faisant la promotion d'une coopération internationale dans le développement et la gestion du réseau des aires marines protégées, basées sur les meilleurs pratiques et les initiatives antérieures du Conseil. Le Conseil de l'Arctique procède présentement à la mise en œuvre de ce cadre en inventoriant les aires marines protégées pan-arctiques et en adressant les problématiques de connectivité transfrontalière.

Objectifs de planification des aires protégées

Les objectifs de planification des aires protégées découlent du mandat et de la vision d'un système d'aires protégées. Ils sont une déclaration d'intention décrivant les résultats ou les états attendus dans le futur et fournissent une orientation à la programmation. L'éventail des objectifs vers la planification des aires protégées au Canada reflètent à la fois la diversité des paysages et des habitats retrouvés à travers le pays, ainsi que les pressions exercées sur ces mêmes habitats et les possibilités de conservation qui existent. L’énumération suivante résume les objectifs de gestion des aires protégées. De plus amples détails sont disponibles dans les sections suivantes.

  • La protection d'échantillons représentatifs de leurs aires écologiques était un objectif principal pour 12 des 15 organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres (80 %). La protection de zones représentatives était également un élément de conception principal pour cinq des neuf organisations qui ont rapporté sur les aires marines protégées (55 %). Pêches et Océans Canada ne possèdent pas d'objectifs spécifiques à chaque site qui renvoi à la protection de zones représentatives, mais la représentativité est considérée lors du développement du réseau d'aires marines protégées, que l'organisme dirige et coordonne au nom du gouvernement du Canada.
  • La conservation de la diversité biologique a été identifiée comme un but principal par 10 des 15 organisations responsables d'aires protégées terrestres (67 %) alors que sept organisations sur neuf rapportant sur les aires marines protégées (78 %) ont indiqué que la conservation de la diversité biologique était un objectif primaire ou secondaire.
  • Près de la moitié (47 %) des organisations rapportant sur les aires protégées terrestres (sept sur 15) ont indiqué mettre l'accent sur des zones vastes, intactes ou non fragmentées comme objectif principal. Pour les organisations ayant rapporté sur les aires marines, quatre sur neuf (44 %) ont indiqué mettre l'accent sur des zones vastes, intactes ou non fragmentées comme objectif de conservation principal ou secondaire, tandis que cinq ont indiqué que cela n'était pas mentionné en tant qu'objectif.
  • La connectivité de l'habitat était, de façon générale, indiquée comme étant un objectif secondaire pour la plupart des organisations responsables d'aires terrestres. Cependant, la connectivité de l'habitat était un objectif principal ou secondaire pour deux des neuf organisations rapportant sur les aires marines. En ce qui a trait aux questions de représentativité, Pêches et Océans Canada ne possède pas d'objectifs de connectivité spécifiques à chaque site, mais la connectivité est considérée lors du développement du réseau d'aires marines protégées lorsque l'information scientifique est disponible à cette fin.
  • Les services écosystémiques représentaient un objectif principal pour les aires protégées terrestres du Manitoba et un objectif secondaire pour la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et Parcs Canada. Les services écosystémiques étaient considérés en tant qu'objectifs principaux ou secondaires par deux organisations sur neuf ayant rapporté sur les aires marines protégées, et ont soit été mentionnés, ou non inclus par les autres organisations répondantes (sept sur neuf).
  • La Colombie-Britannique a indiqué que l'adaptation au changement climatique est un objectif principal aussi bien pour ses aires protégées terrestres que marines. Pour les autres organisations responsables d'aires protégées terrestres, l'adaptation au changement climatique était mentionnée pour trois organisations alors que six n'ont rien précisé à cet égard. La prise de mesures envers l'adaptation vis-à-vis les changements climatiques a été soit mentionnée ou non incluse par les autres organisations (huit sur neuf) ayant rapporté sur les aires marines protégées.
  • Le Manitoba a indiqué que l'atténuation des changements climatiques était un objectif secondaire pour les aires protégées terrestres. Pour toutes les autres organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres (14 sur 15), ainsi que pour les neuf organisations responsables d'aires marines protégées (incluant le Manitoba), l'atténuation des changements climatiques était soit mentionnée ou non incluse en tant qu'objectif.
  • Six organisations sur 15 rapportant sur les aires protégées terrestres (40 %) ont indiqué que l'intégrité écologique est un objectif principal, alors que deux des neuf organisations ayant rapporté sur les aires marines protégées (22 %) indiquaient l'intégrité écologique comme étant soit un objectif principal ou secondaire.
  • Des objectifs additionnels ont été rapportés par certaines organisations : Environnement et Changement climatique Canada a noté que durant la période de 2012-2015, rapprocher les Canadiens à la nature avait été identifié comme étant un objectif principal pour 10 de ses réserves nationales de faune situées en zones périurbaines. Parcs Canada a indiqué que son double mandat inclut la création d'opportunités pour les canadiens de découvrir et de développer un sentiment d'appartenance et de fierté pour leur héritage naturel au moyen d'expériences touristiques stimulantes. Les Territoires du Nord-Ouest et la Saskatchewan ont mis l'accent sur la préservation de l'héritage culturel en tant que priorité dans leur planification des aires protégées. L'Alberta a aussi indiqué que même si les objectifs rapportés ci-haut n'ont pas été explicitement mentionnés, ceux-ci sont des éléments faisant partis d'objectifs plus vastes liés à la planification, la conception, la création et la gestion des aires protégées pour la province.
Figure 9 : Priorités en matière d'objectifs de conservation pour les organisations qui reportent sur les aires protégées.
Graphique du pourcentage d'organisations d'aires protégées au Canada
Description longue pour la figure 9

Le diagramme à barres indique le pourcentage des organisations responsable d'aires protégées au Canada qui ont identifiés des objectifs de conservation spécifiques comme étant des objectifs primaires, secondaires ou mentionnés. Les objectifs de conservation presentés incluent : la diversité biologique (etc.); les zones représentatives, la connectivité de l'habitat, les zones étendues, intactes ou non-fragmentées, les services écosystémiques, l'intégrité écologique, l'atténuation des changements climatiques et l'adaptation aux changements climatiques.

Données pour la figure 9
Percentage of organisations that identified specific conservation objectives
Objectif de conservation Objectif principal (%) Objectif secondaire (%) Objectif mentionné (%) Aucune mention (%) Inconnu (%)
Diversité biologique 67 20 13 0 0
Zones représentatives 80 0 13 7 0
Connectivité de l'habitat 7 33 47 13 0
Zones vastes, intactes ou non fragmentées 47 20 20 13 0
Services écosystémiques 7 20 40 27 7
Intégrité écologique 40 27 27 7 0
Mesures d'atténuation vis-à-vis du changement climatique 0 7 47 47 0
Adaptation au changement climatique 7 7 33 47 7
Autre 20 40 20 0 20

Identification des aires protégées potentielles - Rôle des zones clés pour la biodiversité

Les aires potentielles pour la protection peuvent inclure : un habitat important pour un stade du cycle de vie d'une ou plusieurs populations d'oiseaux migrateurs, la présence d'espèces en péril ou d'autres espèces sauvages, des écosystèmes ou des éléments naturels importants au niveau national ou international, des écosystèmes culturellement aussi importants, ou encore une zone qui mettrait l'accent sur la protection de processus écologiques qui génèrent des services écosystémiques.

L'identification des zones clés pour la biodiversité se démarque comme l'une des approches dans la sélection des aires potentielles pour la protection. L’Union internationale pour la conservation de la nature définit les zones clés pour la biodiversité en tant que « sites qui contribuent de manière significative à la persistance globale de la biodiversité, qui répondent à des critères et des seuils standardisés au niveau mondial et qui sont délimités ». Ces zones peuvent bénéficier ou non d'une protection officielle, mais doivent idéalement être gérées de manière à assurer la persistance de la biodiversité (au niveau de la génétique, des espèces et/ou des écosystèmes).

Les zones clés pour la biodiversité au Canada pourraient comprendre, comme point de départ, un habitat nécessaire au rétablissement d'espèces en péril (identifié au Canada comme un habitat essentiel) et des zones où d'importantes concentrations d'oiseaux migrateurs se rassemblent. Un habitat essentiel est décrit dans les plans de rétablissement des espèces inscrites sous la Loi sur les espèces en péril du Canada. Les zones qui sont importantes pour les oiseaux migrateurs - lieux où des oiseaux migrateurs se concentrent pendant toute l'année ou une partie de celle-ci - sont repérées au moyen d'activités de surveillance régulières et d'études sur le terrain effectuées par des biologistes fédéraux, provinciaux et territoriaux et des particuliers ayant un intérêt pour la conservation et les oiseaux migrateurs. Le programme canadien de protection des zones importantes pour la conservation des oiseaux est une approche utilisée au Canada pour identifier les zones d'importance pour les oiseaux migrateurs.

Protection des zones représentatives

Durant la période 2012-2015, les organisations responsables d'aires protégées ont continué à mettre l'accent sur la protection d'échantillons représentatifs de leurs zones écologiques.

Conservation de la diversité biologique

La diversité biologique englobe la diversité génétique au sein des espèces, le nombre de populations viables et les superficies qu'elles occupent, les points névralgiques pour la biodiversité, les espèces en péril, la structure des communautés, la diversité des écosystèmes et la résilience des écosystèmes, pour ne citer que quelques facteurs.

La conservation de la diversité biologique demeure encore un objectif reconnu par de nombreuses organisations responsables d'aires protégées et figure dans leur mandat, leurs buts ou leurs objectifs en matière de lois, de politiques, de plans ou de stratégies.

L'information scientifique semble être généralement disponible pour aider les organisations responsables d'aires protégées à établir des réseaux d'aires protégées pour assurer la conservation de la diversité biologique.

La surveillance pour l'évaluation des progrès réalisés au chapitre de la conservation de la diversité biologique est quelque peu limitée.

Certaines organisations ont évalué l'efficacité avec laquelle leur réseau d'aires protégées répond à l'objectif de conservation de la biodiversité.

Malgré la grande importance accordée à la conservation de la diversité biologique, quand on tient compte des lacunes au chapitre de la disponibilité de données scientifiques et de ressources en matière de surveillance, il n'est peut-être pas surprenant que seulement trois des 15 organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres (20 %) ont déclaré avoir presque complété leurs systèmes ou réseaux d'aires protégées en regard de la conservation de la diversité biologique. Dix organisations sur 15 (67 %) ont indiqué une réalisation partielle de leurs systèmes en regard de cet objectif. La situation était semblable du côté du milieu marin, où six organisations sur neuf (67 %) signalent une réalisation partielle de leurs réseaux en regard de l'objectif de conservation de la diversité biologique.

Conservation d'aires étendues, intactes ou non fragmentées

Le but principal au moment de la conception des systèmes ou des réseaux d'aires protégées est le maintien de la biodiversité à long terme. Un débat persistant en biologie de la conservation consiste à déterminer s'il est préférable, pour atteindre cet objectif, de créer une seule vaste aire protégée ou plusieurs petites aires protégées connectées entre elles. La réponse est probablement une combinaison des deux approches, mais dépend vraisemblablement du contexte local, y compris de la considération de facteurs comme la superficie des aires protégées, les pratiques d'utilisation des terres dans le paysage environnant, la « perméabilité » du paysage pour la faune (taux d'immigration et d'émigration associés aux différentes parcelles d'habitat), et les taux concomitants de disparition d'espèces locales. Bien que la taille optimale des aires protégées demeure un sujet discutable et qu'elle soit en fonction du contexte local, on peut affirmer de façon générale que les aires protégées de plus grande superficie constituent un « pari plus sûr » lorsqu'on considère la persistance de la biodiversité à long terme.

La plupart des organisations responsables d'aires protégées reconnaissent l'importance des aires protégées vastes et non fragmentées dans leur mandat, les buts et les objectifs de leurs lois, de leurs politiques ou de leurs stratégies en matière d'aires protégées; cependant, le degré d'importance de cet objectif varie.

  • Pour les aires protégées terrestres,
    • Onze des 15 organisations (73 %) reconnaissent que la conservation de zones vastes, intactes ou non fragmentées est un objectif principal (47 %) ou secondaire (20 %);
    • Dix des 15 organisations (67 %) ont établi, de façon partielle ou substantielle, des objectifs, des indicateurs et des cibles explicites concernant la conservation d'habitats vastes, intacts ou non fragmentés;
    • Huit des 15 organisations (53 %) ont réalisé des analyses partielles ou substantielles des lacunes à l'égard de cet objectif.
  • En ce qui concerne le milieu marin,
    • Quatre organisations sur neuf (44 %) indiquent que cet objectif est de première importance (33 %) ou d'importance secondaire (11 %);
    • Cinq organisations (56 %) ne font pas mention de zones vastes ou non fragmentées dans leurs objectifs de conservation;
    • À la différence des organisations rapportant sur les aires terrestres, seulement 22 % des organisations avaient établi de façon substantielle ou partielle des objectifs, des indicateurs et des cibles en matière d'habitats vastes, intacts ou non fragmentés;
    • L'analyse des lacunes a été effectuée partiellement ou substantiellement par trois des neuf organisations (30 %).

Toutes les organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres et la plupart de celles rapportant sur les aires marines protégées (80 %) ont indiqué disposer d'information scientifique pour appuyer la conception de leurs réseaux d'aires protégées permettant d'atteindre les objectifs de conservation d'habitats vastes, intacts ou non fragmentés.

Efforts visant à préserver l'intégrité écologique

L'intégrité des écosystèmes est considérée comme maintenue lorsque les processus et les composants naturels de ceux-ci sont intacts. Le Rapport sur la situation des aires protégées du Canada de 2000-2005 indiquait que la majorité des organisations avaient « reconnu l'importance de gérer leurs aires terrestres protégées de manière à préserver l'intégrité écologique ». Dans le rapport de 2006-2011, il était mentionné que les organisations canadiennes adoptaient « l'intégrité écologique comme base de gestion des aires protégées ».

Préservation de la connectivité de l'habitat

La connectivité de l'habitat est essentielle pour assurer la conservation de la biodiversité à long terme. Les taux de disparition locale sont plus élevés lorsque les « îlots » d'habitat sont isolés et non reliés entre eux.

La Saskatchewan indique que la protection des habitats vastes, intacts ou non fragmentés est un facteur important lorsqu'elle évalue la création de parcs « sauvages » et « de conservation de milieu naturel ». Dans ce contexte, la protection des bassins versants devient une considération importante.

Efforts visant à préserver les services écosystémiques

Les écosystèmes sont composés de structures et de processus biophysiques. Ces structures et ces processus ont plusieurs fonctions qui ont pour résultats des «services écosystémiques» qui supportent la vie, en fournissant une grande variété de bénéfices significatifs aux individus, groupes, et à la société en général. Ces services écosystémiques ont été classés et comprennent (Évaluation des écosystèmes pour le millénaire de l'Organisation des Nations Unies) :

  • Services d'approvisionnement : eau, nourriture, combustibles, fibres, produits médicinaux et ressources génétiques.
  • Services de régulation : pollinisation, purification de l'air et de l'eau et régulation naturelle du climat, des maladies, de l'eau, des organismes nuisibles et de l'érosion des sols.
  • Services de soutien : formation des sols, recyclage des éléments nutritifs et production primaire.
  • Services culturels : bénéfices spirituels, religieux, esthétiques et pédagogiques, loisirs, écotourisme, inspiration, esprit du lieu et patrimoine culturel.

L'un des multiples bénéfices des aires protégées est qu'elles aident au maintien des procédés écologiques générant des services écosystémiques. Toutefois, la planification et la gestion de ces aires protégées dans l'optique de préserver ces services écosystémiques sont moins fréquentes. Les versions antérieures du présent rapport n'évaluaient pas la mesure dans laquelle les services écosystémiques sont pris en considération par les organisations responsables des aires protégées.

Pour les aires protégées terrestres:

  • Une seule organisation a indiqué que les services écosystémiques sont de première importance faisant partie du mandat, des buts ou des objectifs de la réglementation, des politiques, des plans ou des stratégies en matière d'aires protégées;
  • Quatre organisationsnote14 (27 %) indiquaient que ces services revêtent une importance secondaire;
  • Sept organisations sur 15 (47 %) ont fait mention des services écosystémiques en tant qu'objectif de conservation dans le mandat, les buts ou les objectifs de leur réglementation, de leurs politiques, de leurs plans ou de leurs stratégies en matière d'aires protégées;

La reconnaissance des services écosystémiques est presque identique pour le milieu marin.

L'élaboration d'objectifs, d'indicateurs ou de cibles pour les services écosystémiques semble être une tâche plus difficile.

  • La majorité des organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres (13 sur 15, soit 87 %) n'avaient pas identifié d'objectifs, d'indicateurs ou de cibles, alors que seulement deux organisations (13 %) l'avaient fait de façon partielle.
  • Un peu plus de la moitié des organisations ayant rapporté sur les aires marines protégées (cinq sur neuf, soit 56 %) n'avaient pas d'objectifs, d'indicateurs ou de cibles en ce qui concerne les services écosystémiques, tandis que trois en avaient identifié de façon partielle. Seule une organisation (la Colombie-Britannique) avait intégralement identifié des objectifs, des indicateurs ou des cibles.

Il n'est donc probablement pas surprenant, si l'on considère les chiffres ci-dessus, que la majorité des organisations ayant rapporté sur les aires terrestres protégées (93 %) et que plusieurs organisations ayant rapporté sur les aires marines protégées (44 %) n'évaluent pas les progrès accomplis dans l'atteinte des objectifs liés aux services écosystémiques. Aucune organisation n'a procédé à une analyse des lacunes à l'égard de services écosystémiques : 13 des 15 organisations rapportant sur les aires protégées terrestres (87 %) et sept des neuf organisations (78 %) rapportant sur les aires marines protégées n'ont effectué aucune analyse des lacunes. Le manque d'information scientifique sur les services écosystémiques ne semble pas être la raison pour laquelle aucun objectif, aucun indicateur et aucune cible n'a été établi : 11 des 15 organisations (73 %) signalent que cette information est à tout le moins partiellement disponible pour les aires protégées terrestres, et six des neuf organisations (67 %) indiquent sensiblement la même chose pour les aires marines protégées.

Protection des eaux douces

La superficie de l'eau douce (lacs, rivières et cours d'eau) au Canada est estimée à 891 000 km2, ce qui représente 9,8 % du total de la superficie terrestre du pays (Ressources naturelles Canada, 2005). Cela représente à l'échelle mondiale 20 % des eaux douces et 7 % des eaux douces renouvelables (c. à d. l'eau qui n'est pas de « l'eau fossile » mais conservée dans les lacs, les nappes phréatiques et les glaciers).

Durant la période 2012-2015, un certain nombre de provinces et de territoires ont protégé des aires d'eau douce importantes comme des cours d'eau, des lacs et des milieux humides par la création ou l'expansion d'aires protégées.

De plus, un certain nombre d'engagements importants visant à protéger l'eau douce ont été pris au cours de cette période.

Planification des aires protégées en fonction du changement climatique

Six provinces, territoires et agences fédérales ont évalué les répercussions du changement climatique sur la planification des aires terrestres protégées (Alberta, Nouvelle-Écosse, Ontario, Territoires du Nord-Ouest, Environnement et Changement climatique Canada et Parcs Canada), et une province, la Colombie-Britannique, est en train d'effectuer l'exercice. L'adaptation au changement climatique était un objectif secondaire pour le Manitoba. Cependant l'adaptation au changement climatique a été peu ou non mentionnée en tant qu'objectif par les autres organisations concernées au pays. La Colombie-Britannique a revu dernièrement sa politique de conservation afin de s'assurer que les processus de planification et de gestion des parcs intègrent l'adaptation au changement climatique.

Disponibilité d'information et des ressources pour soutenir la conception des aires protégées.

Les organisations responsables d'aires protégées dépendent de sources d'information et de ressources variées pour les aider à créer une aire protégée. Dans plusieurs cas, certains types d'information sont plus accessibles, tels que les données de télédétection, maintenant plus facilement disponibles et utilisées par une majorité d’organisations. Cependant, il y a encore des lacunes importantes en matière d'information.

Pour les aires protégées terrestres :

Pour les aires marines protégées :

Défis en matière de planification et de création des aires protégées

Presque toutes les organisations responsables d'aire protégées en ce qui concerne les deux biomes (15 sur 15 pour le terrestre et huit sur neuf pour le marin) ont indiqué être confrontées à de nombreux défis similaires en ce qui concerne la création d'aires protégées au Canada (tableau 9).

Pour les organisations rapportant sur les aires protégées terrestres :

De même, en ce qui concerne les aires marines protégées :

Tableau 9 : Principaux défis ou obstacles relevés par les organisations pour la création d'aires protégées au Canada
Biome Principaux défis ou obstacles à la planification ou à la création d'aires protégées Pourcentage des organisations confrontées aux différents types de défis/obstacles (%)
Terrestre/eau douce Intérêts conflictuels/concurrentiels dans l'utilisation des terres disponibles 100
Terrestre/eau douce Disponibilité de terres appropriées 64
Terrestre/eau douce Manque de ressources humaines pour la planification des réseaux 57
Terrestre/eau douce Absence de priorité en matière de conservation 50
Terrestre/eau douce Manque de ressources financières pour l'acquisition de terres 43
Marin Intérêts conflictuels/concurrentiels dans l'utilisation des zones marines disponibles 100
Marin Manque d'inventaires appropriés en matière de ressources naturelles 75
Marin Manque de ressources humaines pour la planification des réseaux 50
Marin Disponibilité de zones appropriées 25
Marin Absence de priorité en matière de conservation 25
Marin Manque de ressources financières pour l'acquisition de terres côtières 25
Marin Obstacles à l'acquisition liés à la législation et aux politiques 25
Marin Manque d'outils appropriés pour réglementer l'environnement à l'intérieur de l'aire protégée 25

Protection des terres privées

Les organismes privés et les organismes sans but lucratif jouent un rôle de plus en plus important dans l'acquisition et la gestion de terres qui ont une forte valeur de conservation et qui constituent un complément aux aires protégées établies, particulièrement dans les régions du sud du Canada. Ces terres représentent généralement moins de 1 % des réseaux d'aires protégées dans les provinces du sud. Ces terres privées sont cependant souvent situées sur des zones possédant une importance significative pour la biodiversité. Un article publié en 2015 suggère que : « Le compte d'aires protégées privées au Canada, obtenues principalement par le biais de fiducies foncières, est certainement incomplet, mais représentera moins de 0,2 % de la masse territoriale. Au Canada, 89 % des terres sont publiques alors que les terres sous fiducies foncières, équivalant à 11% du territoire, sont concentrées dans la région austral du Canada. Ces terres sont généralement dans des régions qui présentent une importance élevée pour la biodiversité. »."note15

Tel que mentionné dans le chapitre précédent, les zones de conservation privées sont rapportées par certaines provinces et territoires. Les gouvernements provinciaux et territoriaux travaillent en partenariat avec les groupes non gouvernementaux et Environnement et Changement climatique Canada afin d'améliorer la reconnaissance des terres de conservation privées en tant que composante intégrale des réseaux d'aires protégées. En 2014, Environnement et Changement climatique Canada a annoncé qu'il procéderait à un inventaire des terres de conservations privées dans l'optique d'atteindre cet objectif.

Les gouvernements ont créés un certain nombre d'incitatifs financiers et d'autre nature dans le but d'encourager la conservation en terres privées. Il existe plus de 160 organisations qui sont présentement éligibles à l'acquisition de terres à des fins de conservation et bon nombre d'entre elles sont des fiducies foncières privées. Ici-bas se trouvent plusieurs exemples de programmes et de leurs récents succès.note16

La conservation des aires privées est entièrement ou partiellement reconnue dans les stratégies relatives aux aires protégées terrestres par 11 des 15 organisations (73 %). La conservation des terres privées est favorisée par des incitations fiscales et par la législation dans la plupart des provinces qui permettent la création de réserves de conservation privées, de servitudes ou d'engagements en termes de conservation.

  • L'Alberta s'est stratégiquement engagée à créer une fondation pour la conservation des parcs qui permettrait aux particuliers et aux sociétés de faire don de terres ayant une valeur de conservation élevée ou de sommes d'argent pour soutenir l'achat de terres à des fins de conservation. Les partenariats public-privé permettent également la conservation d'habitats importants. Environ 41 km2 de terres publiques assujetties à des baux de pâturage et qui étaient régis par un ranch privé, l'OH Ranch, ont été désignés en tant que zone de pâturage patrimonial. Ces terres sont maintenant gérées conjointement avec les terres privées adjacentes, lesquelles sont préservées par une servitude de conservation soutenue par le gouvernement.
  • BC Parks s’est associé à un grand nombre d'organisations gouvernementales et non gouvernementales pour procéder à l'acquisition de terres. BC Parks et le ministère des forêts, terres et ressources naturelles (Ministry of Forests, Lands and Natural Resource Operations) administrent un grand nombre de propriétés appartenant à des organisations non gouvernementales ou à des particuliers qui sont louées au ministère en vertu d'ententes de gestion de 99 ans. De façon similaire, certaines propriétés appartenant au ministère ont été louées à des administrations locales ou à des organisations non gouvernementales à des fins de gestion. Parmi les exemples de partenariats récents visant à acquérir des terres privés pour la conservation, est celui de l'acquisition de terres pour la création des parcs marins Small Inlet et des îles Octopus conclu grâce à un financement conjoint entre le gouvernement de la Colombie-Britannique, le groupe de conservation de l'île Quadra et la Marine Parks Forever Society ; l'acquisition de terres sur l' île Denman par l'utilisation de crédits de carbone et des transferts des droits de développement (development density transfers) ; et celui établi avec le district régional d'Okanagan-Similkameen concernant un ajout au parc d'Okanagan Falls.
  • D'autres provinces, comme l'Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Manitoba, ont offert un soutien direct à des initiatives de conservation en terres privées en assurant un financement direct ou à contrepartie, ou par la création de fonds en fiducie pour l'acquisition de terres. Le Québec et le Nouveau-Brunswick disposent de mécanismes légaux pour reconnaître officiellement des aires protégées privées comme parties intégrantes de leurs systèmes d'aires protégées.
  • Dans le cadre du programme Partenaires pour la nature, qui s'est étalé de 2008 à 2013, la dernière année a permis de financer 18 projets de protection de milieux naturels. Un total de près de 975 000$ en aide financière a été octroyé à six organismes de conservation et sept particuliers afin d’assurer la protection de 4.8 km2 de milieux naturels dans le sud du Québec. Ces acquisitions s'inscrivaient dans des initiatives de conservation plus large en consolidant la protection de territoire débutée dans les précédents programmes d'aide à l'intendance privée.

D'autres mesures incitatives sont en place pour aider les fiducies foncières ou d'autres organismes à sauvegarder des terres privées d'importance écologique dans 11 organisations sur 13 (85 %).

  • Le Programme des dons écologiques, par exemple, administré par Environnement et Changement climatique Canada en coopération avec une douzaine de partenaires, y compris d'autres départements fédéraux, des gouvernements provinciaux et municipaux et des organisations environnementales non gouvernementales, offre des avantages fiscaux significatifs aux propriétaires de terres qui donnent du terrain ou une partie de l'intérêt foncier à un bénéficiaire qualifié, lequel s'assure que la biodiversité du terrain et le patrimoine environnemental sont conservés à perpétuité. Entre 2012 et 2015, environ 312 km2 de terres ont été obtenues grâce au Programme des dons écologiques.
  • Le Programme de conservation des zones naturelles soutient les organisations sans but lucratif et non gouvernementales dans l'acquisition de terres écologiques fragiles afin d'assurer la protection d'écosystèmes, de la faune et d'habitats variés. Le financement est assuré par Environnement et Changement climatique Canada et le projet est administré par Conservation de la nature Canada en partenariat avec des organismes de conservation tels que Canards Illimités Canada et autres organisations qualifiées. Ces organisations fournissent un fonds de contrepartie selon un ratio de 2:1 pour chaque dollar reçu du gouvernement fédéral afin d'acquérir des terres écologiques fragiles grâce aux dons, achats ou accords de conservation avec des propriétaires privés. La priorité est accordée aux terres qui protègent un habitat abritant des espèces en péril et des oiseaux migrateurs et à celles qui créent ou améliorent des connexions ou des corridors entre les aires protégées. De plus, des terres peuvent aussi être acquises ou garanties si elles ont une importance nationale ou provinciale sur la base de critères écologiques, ou si elles peuvent permettre une réduction des facteurs de stress importants attribuables à l'utilisation de ces dernières surtout lorsque adjacentes aux zones protégées. Entre 2012 et 2015, environ 600 km2 de terres ont été obtenues grâce au Programme de conservation des zones naturelles.
  • Le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine est un partenariat international visant à préserver les populations de sauvagine et les milieux humides par l'entremise d'actions sur le terrain basées sur de solides fondements biologiques. Lancé en 1986, les différents partenaires de ce programme ont misé leurs efforts sur la conservation et la restauration des milieux humides, des milieux secs connexes et d'autres éléments clés de l'habitat de la sauvagine à travers le Canada, les États-Unis et le Mexique. Les résultats obtenus sont notables avec plus de 1 350 km2 protégés au Canada entre le 1er avril 2012 et le 31 mars 2015, ceci grâce à des termes de moyenne durée (10-99 ans) et des activités de conservation de l'habitat permanent (bail, acquisition, servitude de conservation, etc.).
  • Le Fonds national de conservation des milieux humides, un programme quinquennal lancé en 2014-2015 et administré par Environnement et Changement climatique Canada, soutient des activités sur le terrain afin de restaurer et d'améliorer les milieux humides au Canada, y compris les zones humides sur les terres privées. Certaines des activités financées par le fonds résultent en la création de nouvelles aires protégées privées. Les objectifs du fonds sont :
    • Restaurer des milieux humides dégradés ou disparus se trouvant dans des paysages exploités ou habités afin d'atteindre un gain net dans la zone de l'habitat du milieu humide. Entre le 1er octobre 2014 et le 31 mars 2015, environ 74 km2 d'habitat de terres humides ont été sécurisés avec le soutien du Fonds national de conservation des milieux humides ;
    • Améliorer les fonctions écologiques de milieux humides existants dégradés;
    • Évaluer et surveiller de façon scientifique les fonctions des milieux humides ainsi que leurs biens et services écologiques afin d'atteindre les objectifs de restauration et d'amélioration des milieux humides ; et
    • Encourager l'intendance des milieux humides du Canada par l'industrie et l'appréciation des milieux humides par le public.
  • Le Programme d'intendance de l'habitat est un programme de financement du gouvernement du Canada administré par Environnement et Changement Climatique Canada qui soutient des projets de conservation et de protection des espèces en péril et de leurs habitats, et qui aide à préserver la biodiversité dans son ensemble. Ces fonds favorisent la participation des communautés locales, des organisations non gouvernementales et autres organisations pour aider au rétablissement des espèces en péril et à la prévention pour éviter que d'autres espèces ne deviennent des préoccupations de conservation. Entre le 1er avril 2012 et le 31 mars 2015, le programme a contribué à la protection de 189 km2 de terres privées par des moyens juridiquement contraignants tels que des servitudes d'acquisition ou de conservation.

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