Rapport sur la situation des aires protégées du Canada de 2012 à 2015 : chapitre 2


Chapitre 2 : Planification et création des aires protégées

Le Canada possède une longue histoire de planification et de création d'aires protégées. En 1876, le Canada créait son premier parc, soit le parc du Mont Royal, à Montréal, au Québec. Neuf ans plus tard, en 1885, le parc national Banff était créé dans les Rocheuses canadiennes. À ces premiers parcs de loisirs s'est ajoutée peu de temps après la première aire de conservation du Canada, en 1887, avec la mise en réserve d'une partie des terres et des eaux du lac de la Dernière-Montagne, dans ce qui est aujourd'hui la province de Saskatchewan, en tant que refuge pour la sauvagine. Puis, en 1893, le premier parc provincial du Canada, soit le parc provincial Algonquin, était créé en Ontario. Au fil du temps, des modifications législatives et réglementaires ont permis de regrouper la majorité de ces lieux importants sous l'étiquette des « aires protégées », à savoir des zones clairement définies et régies afin d'assurer la conservation à long terme de la nature à l'aide de moyens juridiques ou d'autres moyens efficaces. Les loisirs, l'éducation et l'écotourisme sont des activités importantes dans de nombreuses aires protégées.

Objectifs en matière de conservation et d'aires protégées

En février 2015, le Canada a adopté une série d'objectifs pour assurer la conservation de la biodiversité. Les Buts et objectifs canadiens pour la biodiversité d'ici 2020 ont été élaborés conjointement par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Ils s'appuient sur la Stratégie canadienne de la biodiversité et sur le Cadre axé sur les résultats en matière de biodiversité et mettent en évidence les priorités de conservation de la biodiversité du Canada pour les années à venirnote13.Les Buts et objectifs ont été établis pour le Canada dans son ensemble et les progrès pour atteindre ceux-ci seront communiqués au niveau national. Il est à concevoir que la contribution variera d’une juridiction à l’autre, mais il est prévu que chaque gouvernement et secteur sociétal apporteront un apport signification quant au progrès général. Plusieurs provinces et territoires possèdent leurs propres stratégies de la biodiversité et initiatives qui appuient les Buts et objectifs nationaux.

Les buts et les objectifs mettent l'emphase sur une gamme de problématique, principalement mais non exclusivement :

  • La conservation d'aires marines et terrestres
  • la protection et le rétablissement des espèces en péril;
  • la protection et la restauration des milieux humides;
  • l'amélioration de la santé des écosystèmes aquatiques;
  • la gestion des espèces exotiques envahissantes;
  • la protection de l'usage coutumier des ressources biologiques par les peuples autochtones du Canada;
  • la promotion de l'utilisation durable des ressources biologiques par les secteurs commerciaux qui dépendent de la biodiversité;
  • l'amélioration des connaissances scientifiques sur la biodiversité et des mesures des services écosystémiques;
  • la mise à profit du savoir traditionnel pour éclairer les décideurs;
  • l'intégration de la biodiversité dans la planification municipale et les programmes scolaires;
  • la sensibilisation et la participation du public aux activités de conservation.

Les buts et les objectifs nationaux du Canada appuient le Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020, qui a été adopté par le Canada et d'autres Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) en 2010. Les objectifs nationaux du Canada et les objectifs mondiaux d'Aichi, qui constituent le fondement du Plan stratégique, comprennent des engagements reliés à la conservation par zones, y compris les aires protégées.

L'objectif 1 du Canada est le suivant :

D'ici 2020, au moins 17 % des zones terrestres et d’eaux intérieures, et 10 % des zones côtières et marines sont conservées par l'entremise de réseaux d'aires protégées, et d'autres mesures efficaces de conservation dans des superficies clairement définies.

L'objectif 11 des Objectifs d'Aichi pour la biodiversité s'énonce comme suit :

D'ici à 2020, au moins 17 % des zones terrestres et d’eaux intérieures et 10 % des zones marines et côtières, y compris les zones qui sont particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les écosystèmes, sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d'aires protégées gérées efficacement et équitablement et d'autres mesures de conservation effectives par zone, et intégrées dans l'ensemble du paysage terrestre et marin.

Les éléments qualitatifs dans l'Objectif d'Aichi 11 (y compris l'accent mis sur des zones d'importance pour la biodiversité et les services écosystémiques, une gestion efficace et équitable, la connectivité et l'intégration dans des paysages plus vastes et marins) sont comptés parmi les nombreux objectifs de protection des organisations responsables des aires protégées au Canada. Ces éléments qualitatifs sont aussi reconnus dans les directives pour l'atteinte du l'Objectif 1 pour le Canada et constituent le fondement de la structure du présent rapport.

À l'échelle canadienne, un nombre de provinces et de territoires possèdent leurs propres objectifs de conservation par zones. Outre les objectifs nationaux, deux provinces ont établi de nouveaux objectifs pour la période allant de 2012 à 2015. Ces derniers s'ajoutent aux objectifs qui avaient été adoptés dans les périodes de déclaration antérieures (tableau 4).

Tableau 4 : Objectifs de conservation par zones au Canada
Province Objectifs Date d'adoption Date cible
Colombie-Britannique 12 % de la superficie terrestre 1993 2000
Île-du-Prince-Édouard 7 % 1991 Aucune date
Manitoba 12% des régions naturelles 1993 Aucune date
Nouvelle-Écosse 12 % de la superficie terrestre 2007 2015
Nouvelle-Écosse 1 % supplémentaire au-delà du 12 % (13 % au total) de la superficie terrestre 2015 Aucune date
Ontario 50 % de la superficie terrestre et des eaux intérieures du Grand Nord de la province 2010 Aucune date
Québec 12 % de la superficie terrestre 2011 2015
Québec 10 % de la superficie marine 2015 2020
Québec 20 % de la superficie du Plan Nord 2015 2020
Québec 50 % de la superficie du Plan Nord 2015 2035
Saskatchewan 12 % dans chacune des 11 écorégions 1997 2000
Canada 17 % de la superficie terrestre et des eaux intérieures 2015 2020
Canada 5 % de la superficie côtière et marine 2015 2017
Canada 10 % de la superficie côtière et marine 2015 2020

Plusieurs provinces et territoires et le gouvernement fédéral ont pris des engagements précis au cours de la période 2012-2015, qui contribueront à l'atteinte des objectifs nationaux, provinciaux ou territoriaux (tableaux 5 et 6).

  • L'Alberta s'est engagée à créer ou augmenter 18 aires protégées couvrant une superficie de 13 271 km2.
  • La Colombie-Britannique s'est engagée à créer 4 aires de conservation en vertu du Plan d'aménagement du territoire Atlin-Taku et étudie les possibilités d'accroître la protection dans le sud de la région de l'Okanagan. Le gouvernement provincial s'attend également à ce que certaines aires puissent être établies par le biais d'ententes avec les communautés des Premières Nations et continue à acquérir de plus petites zones de terres privées ayant une valeur de conservation élevée. La Colombie-Britannique a participé avec 17 communautés des Premières Nations à l'élaboration de plans de gestion pour les aires marines dans le Pacifique Nord, dans le cadre du Plan marin en partenariat sur la côte nord du Pacifique (Marine Plan Partnership for the North Pacific Coast, en anglais seulement). Ces plans mettent en lumière des zones de gestion pour la protection couvrant un territoire de 16 278 km2 et qui aideront à préserver et protéger les environnements marins, notamment pour le maintien de la biodiversité marine, d'une représentation écologique du milieu et des attributs naturels particuliers. Les politiques et les instruments légaux qui permettront d'atteindre de tels objectifs seront déterminés durant la mise en œuvre des plans et pourraient inclure notamment la création d'aires protégées.
  • Le Manitoba a lancé sa stratégie pour les aires protégées intitulée « Endroits à conserver » (Places to Keep). Il s'agit d'un document de consultation publique visant à promouvoir l'implication du publique dans l'atteinte des objectifs gouvernementaux d'augmenter le pourcentage de la superficie protégée de la province à 17 % d'ici 2020, soit six pourcents de plus.
  • Les Territoires du Nord-Ouest ont amorcé des consultations sur un plan visant à compléter huit projets d'aires protégées. La superficie totale protégée sera déterminée dans le cadre des discussions en cours sur les limites de ces aires.
  • En 2013, la Nouvelle-Écosse a lancé son plan sur les parcs et les aires protégées (Our Parks and Protected Areas - A Plan for Nova Scotia). En décembre 2015, les ministères des Ressources naturelles et de l’Environnement de la province ont eu le mandat conjoint de protéger 1 % additionnel (au-delà de l’objectif fixé à 12 % pour le Environmental Goals and Sustainable Prosperity Act), principalement par l’ajout de parcelles ne présentant pas ou peu d’impacts négatifs sur la récréation ou l’économie.
  • En 2015, à l'occasion de la relance du Plan Nord, le Québec a annoncé son intention de protéger une vaste portion du bassin versant de la rivière Kovik, soit une superficie de 4 651 km2. La même année, dans le cadre de l'entente pour résoudre le différend forestier Baril-Moses, le Québec s'est engagé à bonifier des aires protégées existantes dans le secteur de la rivière Broadback cumulant actuellement 3 698 km2, par l'ajout d'une superficie de 5 436 km2 pour atteindre 9 134 km2. Dans le cadre de sa stratégie maritime, le Québec s'est également engagé à protéger 10 % de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent d'ici 2020. Plusieurs projets d’aires marines protégées sont en cours de discussion au sein du groupe bilatéral sur les aires marines protégées au Québec, soit en Gaspésie, au Banc des Américains, aux Îles-de-la-Madeleine ainsi que dans l’estuaire du Saint-Laurent. Les superficies des autres projets sont encore à être déterminées.
  • La Saskatchewan a identifié des aires protégées potentielles dans le cadre du plan d'aménagement intégré du territoire de la forêt Nisbet et s'emploie à établir un nouveau parc provincial dans la région des collines Porcupine. Cette initiative regrouperait cinq petits sites récréatifs et des terres publiques environnantes en une aire de 300 km2.
  • Pêches et Océans Canada s'emploie à la création de cinq nouvelles zones de protection marine soit : les récifs d'éponges siliceuses du détroit d'Hécate et du détroit de la Reine-Charlotte, Anguniaqvia niqiqyuam, le banc de Sainte-Anne, le chenal Laurentien et le banc des Américains (en collaboration avec la province de Québec). Conjointement, ces aires couvriraient une superficie de 21 754 km2.
  • Parcs Canada vise à créer deux nouvelles aires marines nationales de conservation soit : le Détroit de Lancaster qui protégerait une zone couvrant plus de 44 000 km2, en partenariat avec la province du Nunavut et les communautés inuites, et le sud du Détroit de Georgia en collaboration avec la Colombie-Britannique laquelle couvrirait une zone de 1 400 km2. Parcs Canada et la province de Québec prévoient aussi la création d'une éventuelle aire marine protégée aux Îles-de-la-Madeleine, l'étendue de la zone n'étant pas encore déterminée.
  • Environnement et Changement climatique Canada travaille à la création de la réserve nationale de faune d'Edéhzhíe dans les Territoires du Nord-Ouest, laquelle protégerait une superficie de 14 250 km2, et de la réserve nationale de faune marine des îles Scott en Colombie-Britannique, qui protégerait une superficie de 11 546 km2.

Les projets en cours visant à créer des aires protégées terrestres et qui devraient être complétés d'ici 2020 auraient comme résultat d'augmenter le pourcentage des terres canadiennes reconnues comme protégées de 10,6 % à 11,8 %.

Tableau 5 : Projets anticipés pour la création d'aires protégées terrestres au Canada pour la période 2016-2020.
Autorité responsable Aire proposée Superficie (km2) Pourcentage de la superficie terrestre du Canada
Environnement et Changement climatique Canada Réserve nationale de faune Edéhzhíe 14 250 0,14 %
Parcs Canada Parc urbain national de la Rouge 79 <0,01 %
Parcs Canada / Territoires du Nord-Ouest Thaidene Nëné 34 000 0,34 %
Alberta (multiple) 13 271 0,13 %
Colombie-Britannique Aire de conservation Atlin - Little Trapper 56 <0,01 %
Colombie-Britannique Aire de conservation Atlin - Kennicott 6 <0,01 %
Colombie-Britannique Aire de conservation Atlin - Nakina-Inklin 1 007 0,01 %
Colombie-Britannique Aire de conservation Atlin - Sheslay River 136 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc et Aire protégée Ancient Forest/Chun T'oh Whudujut 119 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc Okanagan Mountain 3 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc Prudhomme 1 <0,01 %
Colombie-Britannique Sheemahant Conservancy 1 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc Okanagan Falls 1 <0,01 %
Colombie-Britannique Parc Tweedsmuir 1 <0,01 %
Nouveau-Brunswick Zone naturelle protégée de la rivière Verte Sud 9 <0,01 %
Nouvelle-Écosse (multiple) 400 <0,01 %
Nunavut Parc territorial Agguttinni 17 126 0,17 %
Nunavut Parc territorial Nuvuk 9 <0,01 %
Nunavut Parc territorial Napurtulik 896 0,01 %
Nunavut Parc territorial Sanikiluaq 6 <0,01 %
Saskatchewan (multiple) 300 <0,01 %
Saskatchewan Désignation selon le Plan d'aménagement du territoire 315 <0,01 %
Territoire du Nord-Ouest Dinàgà Wek'èhodì 790 0,01 %
Territoire du Nord-Ouest Ts'ude niline Tu'eyeta 15 000 0,15 %
Territoire du Nord-Ouest Ejié Túé Ndáde 2 177 0,02 %
Territoire du Nord-Ouest Łue Túé Sųlái 180 <0,01 %
Territoire du Nord-Ouest Ka'a'gee Tu 9 600 0,10 %
Territoire du Nord-Ouest Sambaa K'e 10 600 0,11 %
Yukon Dàadzàii Vàn 1 525 0,02 %
Yukon Terres humides Whitefish 468 <0,01 %
- Total 122 332 1,2%
- - Pourcentage du territoire terrestre canadien qui est susceptible d'être protégé d'ici 2020 11,8%

Les projets en cours visant à créer des aires marines protégées et qui devraient être complétés d'ici 2020 auraient comme résultat d'augmenter le pourcentage des zones côtières et marines canadiennes reconnues comme protégées de 0,9 % à 2,3 %. Afin d'atteindre les engagements du gouvernement du Canada de protéger 5 % de ses zones côtières et marines d'ici 2017 et 10 % d'ici 2020, des efforts visant à identifier des aires de protection additionnelles sont présentement en cours.

Tableau 6 : Projets anticipés pour la création d'aires marines protégées au Canada pour la période 2016-2020.
Autorité responsable Aire proposée Superficie (km2) Pourcentage de la superficie marine du Canada
Environnement et Changement climatique Canada Réserve nationale de faune en milieu marin des îles Scott 11 546 0,21 %
Pêches et Océans Canada Anguniaqvia niqiqyuam 2 361 0,04 %
Pêches et Océans Canada Banc de Sainte-Anne 4 364 0,08 %
Pêches et Océans Canada Chenal Laurentien 11 619 0,20 %
Pêches et Océans Canada Récifs d'éponges siliceuses du détroit d'Hécate et du détroit de la Reine-Charlotte 2 410 0,04 %
Collaboration entre Pêches et Océans Canada et le Québec Banc des Américains 1 000 0,02 %
Parcs Canada Détroit de Lancaster 44 300 0,77 %
Colombie-Britannique Parc marin Halkett Bay 1 0,00 %
- Total 78 309 1,4%
- - Pourcentage du territoire marin canadien qui est susceptible d'être protégé d'ici 2020 2,3%

Législation sur les aires protégées

Chaque gouvernement au Canada (ministères et organisations fédérales, provinciales et territoriales) dispose d'outils législatifs requis pour créer des aires protégées. Ces dernières sont variées et comprennent les parcs nationaux, les parcs provinciaux, les réserves d'espèces sauvages, les aires de conservation, les pâturages patrimoniaux, les réserves naturelles privées, les aires protégées autochtones, les refuges et les parcs marins, pour n'en citer que quelques-unes. Selon le dénombrement actuel, 53 lois distinctes sont utilisées ou pourraient être utilisées pour créer des aires protégées terrestres et marines au Canada (tableau 7). La désignation double est parfois employée afin d'atteindre les objectifs de conservation dans des cas où une loi n'est pas suffisante pour protéger l'ensemble des attributs d'intérêts d'un site.

Au Canada, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux créent les aires protégées en vertu de pouvoirs législatifs mis en place à cet effet. Ces gouvernements ont mis au point une vaste gamme d'outils législatifs et réglementaires afin de faciliter la création et la gestion des aires protégées. Le Nunavut procède actuellement à l'actualisation de leurs lois en cette matière. Le gouvernement fédéral et ceux de la Colombie-Britannique, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador, de la Nouvelle-Écosse et du Québec disposent de lois précises pour la création d'aires marines protégées ou de lois qui permettent la protection du milieu marin par la création d'aires protégées terrestres qui se prolongent dans les eaux côtières.

Tableau 7 : Nombre de lois et de types d'aires protégées dont dispose chaque juridiction
Jurisdiction Types d'aires protégées Nombre de lois
Fédéral 6 6
Alberta 8 3
Colombie-Britannique 6 5
Île-du-Prince-Édouard 3 3
Manitoba 6 7
Nouveau-Brunswick 2 2
Nouvelle-Écosse 4 5
Nunavut 1 2
Ontario 4 3
Québec 14 5
Saskatchewan 10 5
Terre-Neuve-et-Labrador 5 4
Territoires du Nord-Ouest 3 2
Yukon 5 3
Total 77 53

Stratégies en matière de conservation et d'aires protégées

Le recours à des stratégies est utile aux autorités compétentes en matière d'aires protégées pour définir l'orientation des programmes et leur mise en œuvre. Les stratégies servent à définir le contexte de la planification des réseaux, ce qui permet aux planificateurs et au public d'avoir un portrait d'ensemble et de mieux comprendre la vision, les buts et les objectifs proposés.

  • Onze des 13 provinces et territoires (85 %) disposaient d'une stratégie ou d'un cadre systématique pour l'élaboration et la mise en œuvre d'un réseau d'aires protégées terrestres (Alberta, Colombie-Britannique, Île-du-Prince-Édouard, Manitoba, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Ontario, Québec, Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador et Territoires du Nord-Ouest).
  • Le Manitoba, l'Ontario et les Territoires du Nord-Ouest procèdent présentement à la mise à jour de leurs stratégies; de son côté, le Nunavut est en train d'élaborer un cadre.
  • Six des 11 provinces ou territoires (55 %) ayant mis en place une stratégie ou un cadre indiquaient que leur cadre ou leur stratégie de réseau avait été mis en œuvre de façon substantielle, tandis que les autres indiquaient une mise en œuvre partielle (figure 8).
  • Afin d'assurer un effort coordonné vers la création et la gestion d'aires marines protégées par le gouvernement du Canada, la planification par les trois organisations fédérales responsables des aires protégées est guidée par la Stratégie fédérale sur les aires marines protégées. De plus, le Cadre national pour le réseau d'aires marines protégées du Canada définit la direction générale pour le réseau national d'aires marines protégées du Canada.
Figure 8 : Progrès relatifs à la mise en œuvre des stratégies sur les aires protégées. j
Alb. = Alberta, C.B. = Colombie-Britannique, Î.-P.-É. = Île-du-Prince-Édouard, Man. = Manitoba, N.-B. = Nouveau-Brunswick, N.-É.= Nouvelle-Écosse, Nt = Nunavut, Ont. = Ontario, Qc = Québec, Sask. = Saskatchewan, T.-N.-L. = Terre-Neuve-et-Labrador, T.N.-O. = Territoires du Nord-Ouest, Yn = Yukon, ECCC = Environnement et Changement climatique Canada, MPO = Pêches et Océans Canada, et APC = Parcs Canada

j Certains résultats pour 2006 et 2011 ont été ajustés en fonction d'information plus précise.

Terrestres
Années Alb. C.-B. Î.-P.-É. Man. N.-B. N.-É. Nt Ont. Qck Sask. T.-N.-L. T.N.-O. Yn ECCC APC
2015 S S P S S P Ø S Révisée S P P Ø P S
2011 P S P S S P Ø S S S P P Ø P S
2006 P S P P P P Ø P P P P P Ø Ø P

k De nouveaux objectifs plus ambitieux ont été adoptés dans la stratégie du Québec, laquelle fût mise à jour durant la période 2012-2015.

Marines
Années C.-B. Man. Î.-P.-É. N.-B. Qc T.-N.-L. ECCC MPO APC
2015 P S X X P X Ø P P
2011 P S X X P X Ø P P
2006 X X X X P X X X X
Légende
Types Valeur
C Mise en œuvre complète
S Mise en œuvre substantielle
P Mise en œuvre partielle
Ø Aucune stratégie en vigueur
X Aucune donnée disponible
Révisée L'évaluation est fondée sur une stratégie nouvelle ou révisée.
Description longue pour la figure 8

Le diagramme indique l'état d'avancement de la mise en œuvre des stratégies pour les aires protégées pour chacune des organisations identifiées et ce pour 2006, 2011 et 2015. Une distinction est faite en ce qui a trait aux aires protégées terrestres et marines. Parmi les états d'avancement les catégories sont: mise en œuvre non encore amorcée, mise en œuvre partielle, mise en œuvre substantielle, mise en œuvre complète. Il n'y a pas de données disponible sur l'état de mise en œuvre des aires marines protégées pour 2006.

Planification de réseau

En plus des procédés de création d'aires protégées spécifiques aux sites et des stratégies sur les aires protégées, certains gouvernements entreprennent la planification de réseau.

Les aires protégées individuelles peuvent assurer plus efficacement la conservation de la biodiversité à long terme lorsqu'elles sont conçues et gérées comme faisant partie d'un plus grand réseau. Dix organisations sur 15 ( 67 %) possèdent déjà une stratégie ou un plan pour le développement de leur réseau ou système d’aires protégées terrestres, basé sur un cadre écologique préétabli (Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba, Nouvelle-Écosse, Ontario, Québec, Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador, Territoires du Nord-Ouest et Environnement et Changement climatique Canada). Tous ont rapporté que leur stratégie était fondée selon un cadre écologique établi.

À l'échelle fédérale, le Cadre national pour le réseau d'aires marines protégées du Canada donne une orientation stratégique générale pour le développement d'un réseau d'aires marines protégées pour ses océans et ses Grands Lacs. Le Cadre et sa mise en œuvre sont coordonnés par Pêches et Océans Canada, avec la participation d'Environnement et Changement climatique Canada et de Parcs Canada ainsi que des partenaires provinciaux et territoriaux. Le Cadre national pour le réseau d'aires marines protégées du Canada comprend les buts suivants :

  1. Assurer la protection à long terme de la biodiversité marine, de sa fonction écosystémique et de ses caractéristiques naturelles particulières.
  2. Appuyer la conservation et la gestion des ressources marines vivantes du Canada et de leurs habitats, ainsi que les avantages socio-économiques et les services écosystémiques qu'elles fournissent.
  3. Promouvoir la compréhension et l'appréciation des environnements marins du Canada et de la culture et l'histoire maritime par le publique.

En plus des efforts de développement d'un réseau d'aires marines protégées à l'échelle nationale, certaines organisations possèdent leurs propres procédés de développement de réseau. Pour trois des neuf organisations reportant sur les aires marines protégées (Pêches et Océans Canada, Québec et Colombie-Britannique), des stratégies ou un cadre de planification étaient en place.

La différence entre la planification d'un réseau et la planification d'un système

Les termes « planification d'un réseau » et « planification d'un système » sont parfois utilisés sans distinction dans le présent rapport. Un système est principalement un amalgame de sites gérés individuellement mais présentés comme une seule entité à des fins de communication et de gestion. Un réseau est plutôt définit comme un ensemble de sites qui opèrent collectivement et en synergie, et qui ont été établis et qui sont gérés de manière à accomplir des objectifs écologiques plus collectifs et globaux, objectifs que des sites individuels ne seraient en mesure de réaliser. Un Cadre national pour le réseau d'aires marines protégées du Canada fournit une direction stratégique pour la création d'un réseau d'aires marines protégées. Un tel cadre stratégique pour les aires terrestres n'existe cependant pas au niveau national. Des cadres de planifications ont été créés par chaque juridiction pour la création de site, menant souvent à la création d’un système d'aires protégées. Un exemple de ceci est Parcs Canada qui possède un plan de réseau visant à guider la création de parcs nationaux.

Collaboration intergouvernementale à l'égard des réseaux et de la planification transfrontalière

La majeure partie de la collaboration entre les gouvernements au sujet des aires protégées a lieu entre le gouvernement fédéral et individuellement avec un gouvernement provincial ou territorial, ainsi qu'avec les gouvernements autochtones, particulièrement dans la création de nouvelles aires protégées (le chapitre 4 décrit en plus amples détails la collaboration qui existe entre les gouvernements fédéral, provincial, territorial et autochtones en lien avec les aires protégées). De façon moindre, une collaboration a lieu entre des provinces voisines et/ou territoires voisins et entre le gouvernement fédéral et les États-Unis dans la création ou la gestion d'aires protégées transfrontalières ou internationales (tableau 8).

  • La majorité des organisations (12 sur 15) rapportant sur les aires protégées terrestres ont indiqué que, dans une certaine mesure, elles collaboraient activement ou établissaient un partenariat avec d'autres gouvernements concernant la planification des réseaux, y compris :
    • La collaboration entre le gouvernement fédéral, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, plusieurs gouvernements des Premières Nations, les organisations non gouvernementales environnementales et l'industrie sur la Stratégie des aires protégées dans les Territoires du Nord-Ouest (Northwest Territoires Protected Areas Strategy, en anglais seulement), un processus communautaire coopératif afin d'établir un réseau d'aires protégées à travers les Territoires du Nord-Ouest.
    • La planification du réseau pour les zones de conservation au sud-ouest de la Saskatchewan à travers le plan d'action pour la conservation du côté sud (South of the Divide Conservation Action Plan, en anglais seulement), qui a été mise en œuvre en collaboration entre des ministères fédéraux et provinciaux, des organisations non-gouvernementales, des communautés locales, l'industrie et d'autres parties prenantes.
    • Des collaborations entre les autorités provinciales et Parcs Canada sur plusieurs initiatives de conservation transfrontalières, comme l'initiative Beaver Hills (en anglais seulement) qui a récemment été désignée Réserve de biosphère de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture.
    • Le Manitoba était en consultation avec Parcs Canada pour créer une aire protégée qui augmenterait la connectivité de l'habitat avec le parc national Wapusk, apportant une protection additionnelle aux ours polaires et à leurs tanières ainsi qu'à l'habitat d'autres espèces. Le Manitoba est aussi en discussion avec la nation des Cris de Nisichawayasihk au sujet de l'aménagement du territoire en ce qui a trait à leur zone de gestion des ressources (Resource Management Area), ce qui pourrait engendrer des aires protégées et ainsi contribuer au réseau des aires protégées du Manitoba.
    • La Nouvelle-Écosse était en consultation avec Parcs Canada et Environnement et Changement climatique Canada à propos de son plan des parcs et aires protégées de 2013, influençant ainsi la sélection de zones adjacentes aux parcs nationaux ou abritant des colonies d'oiseaux marins. La Nouvelle-Écosse a rapporté être en discussion sur la protection d'éventuelles propriétés fédérales côtières et insulaires en surplus avec Pêches et Océans Canada et Environnement et Changement climatique Canada. La Nouvelle-Écosse a également rapporté travailler avec Environnement et Changement climatique Canada sur le développement de stratégies de conservation de l'habitat.
    • L'Ontario était en consultation avec le Conseil canadien des Parcs sur les stratégies d'adaptation aux changements climatiques, les approches d'évaluation des écosystèmes pour les aires protégées, et la cohérence de rapports produits sur les dépenses et la fréquentation.
    • L'Île-du-Prince-Édouard était en consultation avec Conservation de la nature Canada et Environnement et Changement climatique Canada sur la stratégie de conservation de l'habitat des provinces maritimes.
    • Le Yukon était en consultation avec les gouvernements de Premières Nations sur la création d'aires protégées.
  • Huit organisations sur 15 responsables des aires protégées terrestres (53 %) ont indiqué avoir des partenariats ou collaborer avec des gouvernements des provinces ou des territoires voisins sur des aires protégées interprovinciales ou interterritoriales, ou avec le gouvernement des États-Unis ou le gouvernement d'un état américain sur des aires protégées internationales transfrontalières. Les collaborations rapportées entre provinces et territoires incluent :
    • Le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest ayant collaboré sur la réserve faunique Thelon.
    • La Colombie-Britannique avec l’Alberta pour le parc interprovincial Kakwa-Willmore Interprovincial Park (en anglais seulement), lequel comprend les parcs Kakwa Wildland Provincial Park (en anglais seulement) et Willmore Wilderness Park (en anglais seulement) du côté de l’Alberta, ainsi que le parc Kakwa Provincial Park (en anglais seulement) en Colombie-Britannique.
    • L'Alberta avec la Saskatchewan pour le parc interprovincial Cypress Hills Interprovincial Park (en anglais seulement).
    • Durant la période couverte par ce rapport, le Manitoba et l’Ontario ont collaboré avec cinq Premières Nations - Bloodvein, Little Grand Rapids, Pauingassi, Pikangikum et Poplar River - sur le projet du site du patrimoine mondial Pimachiowin Aki (en anglais seulement), ce qui a conduit à la création de nouvelles aires protégées.
  • Six organisations sur neuf responsables d'aires marines protégées (67%) collaboraient activement ou ont établi des partenariats avec d'autres gouvernements en ce qui concerne la planification des réseaux, y compris :
    • Dans le Cadre national pour le réseau d’aires marines protégées du Canada, Pêches et Océans Canada a collaboré avec des organisations fédérales, provinciales et territoriales travaillant sur la conservation marine afin d'établir la direction générale envers les réseaux biorégionaux des aires marines protégées des océans et Grands Lacs du Canada.
    • L'Île-du-Prince-Édouard a collaboré avec Pêches et Océans Canada sur la zone de protection marine de Basin Head.
    • La Colombie-Britannique a collaboré avec 17 Premières Nations sous le Plan marin en partenariat de la côte nord du Pacifique (Marine Plan Partnership for the North Pacific Coast, en anglais seulement) afin de développer des plans d'utilisation marine pour la côte nord du Pacifique.
    • Environnement et Changement climatique Canada collabore avec la Colombie-Britannique sur la création d'une réserve nationale de faune en milieu marin des Îles Scott.
    • Parcs Canada, le gouvernement du Nunavut et l'association Inuit Qikiqtani travaillent de concert vers la création d'une aire marine nationale de conservation dans le Détroit de Lancaster.
    • Depuis 2007, les projets d'aires marines protégées au Québec sont discutés au sein du Groupe bilatéral sur les aires marines protégées. Coordonnée par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et Pêche et Océans Canada, cette structure de concertation réunit le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le ministère des Forêts de la Faune et des Parcs, Environnement et Changement climatique Canada et Parcs Canada.
  • Deux organisations rapportant sur les aires marines protégées (Colombie-Britannique et Pêches et Océans Canada) ont établi un partenariat ou collaborent avec d'autres gouvernements sur des initiatives de conservation transfrontalières.
Tableau 8 : Collaboration internationale ou en partenariat
Biome Projet / Réseau Partenaires Description
Terrestre/Eau douce Crown Managers Partnership (en anglais seulement) Colombie-Britannique, Alberta, Montana, Idaho, Parcs Canada Ce partenariat américano-canadien vise à améliorer la gestion de l'écosystème de la région surnommé Couronne du continent en répondant aux défis posés par ce paysage et ce, de manière collaborative et avec les Premières Nations.
Terrestre/Eau douce Washington Wildlife Habitat Connectivity Working Group (en anglais seulement) Colombie-Britannique et l'état de Washington Une collaboration sur la connectivité de l'habitat faunique visant à réaliser un modèle des mouvements de la faune depuis l'état de Washington jusqu'à la Colombie-Britannique.
Terrestre/Eau douce Kluane/Glacier Bay/Tatshenshini-Alsek complex (en anglais seulement) Colombie-Britannique, Parcs Canada et le Service forestier américain (US Forest Service) Un site du patrimoine mondial et un complexe constitué de quatre grandes aires protégées situées de part et d'autre de la frontière américano-canadienne. Ce complexe est géré en collaboration avec les Premières Nations.
Terrestre/Eau douce E. C. Manning/Cascade complex (en anglais seulement) Colombie-Britannique et l'état de Washington Un complexe comprenant à sa frontière sud le parc provincial E. C. Manning, lequel longe le North Cascades National Park aux États-Unis, ainsi que le parc provincial Skagit Valley en Colombie-Britannique, lequel rejoint la frontière ouest du parc E. C. Manning. Conjointement, ces aires protégées forment un large habitat qui pourrait aider à préserver la population des grizzlis de la région et laquelle se retrouve des deux côtés de la frontière américano-canadienne.
Marin Des projets variés sous le réseau nord-américain pour les aires marines protégées ou le North American Marine Protected Areas Network (en anglais seulement), et parrainé par la Commission de coopération environnementale Organisations fédérales (Parcs Canada, Pêches et Océans Canada), gouvernements fédéraux des États-Unis et du Mexique. (La Colombie-Britannique collabore à certains projets.)

Scientific Guidelines for Designing Resilient Marine Protected Area Networks in a Changing Climate (published in 2012) (en anglais seulement) (un guide scientifique pour la conception de réseaux d'aires marines protégées résilients face au changement climatique)

Guide for Planners and Managers to Design Resilient Marine Protected Area Networks in a Changing Climate (also published in 2012) (en anglais seulement) (un guide pour appuyer les planificateurs et gestionnaires dans la conception de réseaux d'aires marines protégées résilients face au changement climatique)

Race Rocks Ecological Reserve (la réserve écologique de Race Rocks crée en collaboration avec la Colombie-Britannique)

Marin North Pacific Landscape Conservation Cooperative (en anglais seulement) La Colombie-Britannique, le gouvernement fédéral américain, le gouvernement fédéral canadien, les Premières Nations et les institutions académiques et non gouvernementales. Ce partenariat collaboratif pour la conservation du paysage du nord du Pacifique, lequel favorise le partage d'information et la coordination pour la conservation et la gestion durable des ressources du nord du Pacifique soit de la Californie jusqu'en Alaska. Le groupe se penche de façon prioritaire sur les changements climatiques et leurs impacts, incluant sur le changement du niveau de la mer et l'effet des tempêtes sur les zones de rivage, le sublittoral et les estuaires.
Marin Framework for a Pan-Arctic Network of Marine Protected Areas (en anglais seulement) Plusieurs organisations fédérales (y compris Pêches et Océans) collaborent afin de remplir le rôle du Canada comme pays membre du Conseil de l'Arctique. Un cadre pour la mise-en-œuvre d'un réseau pan-arctique d'aires marines protégées, lequel a été rédigé par un groupe d'experts sur les aires marines protégées se rapportant au Groupe de travail du Conseil de l'Arctique sur la protection de l'environnement marin arctique. Ce groupe d'experts a été codirigé par le Canada, la Norvège et les États-Unis; ainsi tous les états membres du Conseil de l'Arctique y jouaient un rôle actif. Le cadre, qui a été publié en avril 2015, met de l'avant une vision commune faisant la promotion d'une coopération internationale dans le développement et la gestion du réseau des aires marines protégées, basées sur les meilleurs pratiques et les initiatives antérieures du Conseil. Le Conseil de l'Arctique procède présentement à la mise en œuvre de ce cadre en inventoriant les aires marines protégées pan-arctiques et en adressant les problématiques de connectivité transfrontalière.

Objectifs de planification des aires protégées

Les objectifs de planification des aires protégées découlent du mandat et de la vision d'un système d'aires protégées. Ils sont une déclaration d'intention décrivant les résultats ou les états attendus dans le futur et fournissent une orientation à la programmation. L'éventail des objectifs vers la planification des aires protégées au Canada reflètent à la fois la diversité des paysages et des habitats retrouvés à travers le pays, ainsi que les pressions exercées sur ces mêmes habitats et les possibilités de conservation qui existent. L’énumération suivante résume les objectifs de gestion des aires protégées. De plus amples détails sont disponibles dans les sections suivantes.

  • La protection d'échantillons représentatifs de leurs aires écologiques était un objectif principal pour 12 des 15 organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres (80 %). La protection de zones représentatives était également un élément de conception principal pour cinq des neuf organisations qui ont rapporté sur les aires marines protégées (55 %). Pêches et Océans Canada ne possèdent pas d'objectifs spécifiques à chaque site qui renvoi à la protection de zones représentatives, mais la représentativité est considérée lors du développement du réseau d'aires marines protégées, que l'organisme dirige et coordonne au nom du gouvernement du Canada.
  • La conservation de la diversité biologique a été identifiée comme un but principal par 10 des 15 organisations responsables d'aires protégées terrestres (67 %) alors que sept organisations sur neuf rapportant sur les aires marines protégées (78 %) ont indiqué que la conservation de la diversité biologique était un objectif primaire ou secondaire.
  • Près de la moitié (47 %) des organisations rapportant sur les aires protégées terrestres (sept sur 15) ont indiqué mettre l'accent sur des zones vastes, intactes ou non fragmentées comme objectif principal. Pour les organisations ayant rapporté sur les aires marines, quatre sur neuf (44 %) ont indiqué mettre l'accent sur des zones vastes, intactes ou non fragmentées comme objectif de conservation principal ou secondaire, tandis que cinq ont indiqué que cela n'était pas mentionné en tant qu'objectif.
  • La connectivité de l'habitat était, de façon générale, indiquée comme étant un objectif secondaire pour la plupart des organisations responsables d'aires terrestres. Cependant, la connectivité de l'habitat était un objectif principal ou secondaire pour deux des neuf organisations rapportant sur les aires marines. En ce qui a trait aux questions de représentativité, Pêches et Océans Canada ne possède pas d'objectifs de connectivité spécifiques à chaque site, mais la connectivité est considérée lors du développement du réseau d'aires marines protégées lorsque l'information scientifique est disponible à cette fin.
  • Les services écosystémiques représentaient un objectif principal pour les aires protégées terrestres du Manitoba et un objectif secondaire pour la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et Parcs Canada. Les services écosystémiques étaient considérés en tant qu'objectifs principaux ou secondaires par deux organisations sur neuf ayant rapporté sur les aires marines protégées, et ont soit été mentionnés, ou non inclus par les autres organisations répondantes (sept sur neuf).
  • La Colombie-Britannique a indiqué que l'adaptation au changement climatique est un objectif principal aussi bien pour ses aires protégées terrestres que marines. Pour les autres organisations responsables d'aires protégées terrestres, l'adaptation au changement climatique était mentionnée pour trois organisations alors que six n'ont rien précisé à cet égard. La prise de mesures envers l'adaptation vis-à-vis les changements climatiques a été soit mentionnée ou non incluse par les autres organisations (huit sur neuf) ayant rapporté sur les aires marines protégées.
  • Le Manitoba a indiqué que l'atténuation des changements climatiques était un objectif secondaire pour les aires protégées terrestres. Pour toutes les autres organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres (14 sur 15), ainsi que pour les neuf organisations responsables d'aires marines protégées (incluant le Manitoba), l'atténuation des changements climatiques était soit mentionnée ou non incluse en tant qu'objectif.
  • Six organisations sur 15 rapportant sur les aires protégées terrestres (40 %) ont indiqué que l'intégrité écologique est un objectif principal, alors que deux des neuf organisations ayant rapporté sur les aires marines protégées (22 %) indiquaient l'intégrité écologique comme étant soit un objectif principal ou secondaire.
  • Des objectifs additionnels ont été rapportés par certaines organisations : Environnement et Changement climatique Canada a noté que durant la période de 2012-2015, rapprocher les Canadiens à la nature avait été identifié comme étant un objectif principal pour 10 de ses réserves nationales de faune situées en zones périurbaines. Parcs Canada a indiqué que son double mandat inclut la création d'opportunités pour les canadiens de découvrir et de développer un sentiment d'appartenance et de fierté pour leur héritage naturel au moyen d'expériences touristiques stimulantes. Les Territoires du Nord-Ouest et la Saskatchewan ont mis l'accent sur la préservation de l'héritage culturel en tant que priorité dans leur planification des aires protégées. L'Alberta a aussi indiqué que même si les objectifs rapportés ci-haut n'ont pas été explicitement mentionnés, ceux-ci sont des éléments faisant partis d'objectifs plus vastes liés à la planification, la conception, la création et la gestion des aires protégées pour la province.
Figure 9 : Priorités en matière d'objectifs de conservation pour les organisations qui reportent sur les aires protégées.
Graphique du pourcentage d'organisations d'aires protégées au Canada
Description longue pour la figure 9

Le diagramme à barres indique le pourcentage des organisations responsable d'aires protégées au Canada qui ont identifiés des objectifs de conservation spécifiques comme étant des objectifs primaires, secondaires ou mentionnés. Les objectifs de conservation presentés incluent : la diversité biologique (etc.); les zones représentatives, la connectivité de l'habitat, les zones étendues, intactes ou non-fragmentées, les services écosystémiques, l'intégrité écologique, l'atténuation des changements climatiques et l'adaptation aux changements climatiques.

Données pour la figure 9
Percentage of organisations that identified specific conservation objectives
Objectif de conservation Objectif principal (%) Objectif secondaire (%) Objectif mentionné (%) Aucune mention (%) Inconnu (%)
Diversité biologique 67 20 13 0 0
Zones représentatives 80 0 13 7 0
Connectivité de l'habitat 7 33 47 13 0
Zones vastes, intactes ou non fragmentées 47 20 20 13 0
Services écosystémiques 7 20 40 27 7
Intégrité écologique 40 27 27 7 0
Mesures d'atténuation vis-à-vis du changement climatique 0 7 47 47 0
Adaptation au changement climatique 7 7 33 47 7
Autre 20 40 20 0 20

Identification des aires protégées potentielles - Rôle des zones clés pour la biodiversité

Les aires potentielles pour la protection peuvent inclure : un habitat important pour un stade du cycle de vie d'une ou plusieurs populations d'oiseaux migrateurs, la présence d'espèces en péril ou d'autres espèces sauvages, des écosystèmes ou des éléments naturels importants au niveau national ou international, des écosystèmes culturellement aussi importants, ou encore une zone qui mettrait l'accent sur la protection de processus écologiques qui génèrent des services écosystémiques.

L'identification des zones clés pour la biodiversité se démarque comme l'une des approches dans la sélection des aires potentielles pour la protection. L’Union internationale pour la conservation de la nature définit les zones clés pour la biodiversité en tant que « sites qui contribuent de manière significative à la persistance globale de la biodiversité, qui répondent à des critères et des seuils standardisés au niveau mondial et qui sont délimités ». Ces zones peuvent bénéficier ou non d'une protection officielle, mais doivent idéalement être gérées de manière à assurer la persistance de la biodiversité (au niveau de la génétique, des espèces et/ou des écosystèmes).

Les zones clés pour la biodiversité au Canada pourraient comprendre, comme point de départ, un habitat nécessaire au rétablissement d'espèces en péril (identifié au Canada comme un habitat essentiel) et des zones où d'importantes concentrations d'oiseaux migrateurs se rassemblent. Un habitat essentiel est décrit dans les plans de rétablissement des espèces inscrites sous la Loi sur les espèces en péril du Canada. Les zones qui sont importantes pour les oiseaux migrateurs - lieux où des oiseaux migrateurs se concentrent pendant toute l'année ou une partie de celle-ci - sont repérées au moyen d'activités de surveillance régulières et d'études sur le terrain effectuées par des biologistes fédéraux, provinciaux et territoriaux et des particuliers ayant un intérêt pour la conservation et les oiseaux migrateurs. Le programme canadien de protection des zones importantes pour la conservation des oiseaux est une approche utilisée au Canada pour identifier les zones d'importance pour les oiseaux migrateurs.

Protection des zones représentatives

Durant la période 2012-2015, les organisations responsables d'aires protégées ont continué à mettre l'accent sur la protection d'échantillons représentatifs de leurs zones écologiques.

  • Douze organisations sur 15 rapportant sur les aires protégées terrestres (80 %) ont indiqué que les zones représentatives étaient un objectif de conservation principal de leurs lois, politiques, plans ou stratégies sur les aires protégées. Cela représente une augmentation par rapport à la fin de 2011 alors que 65 % des organisations répondantes reconnaissaient la protection des zones représentatives en tant qu'objectif principal.
  • Neuf organisations sur 15 (60 %) ont indiqué que des objectifs, des indicateurs ou des cibles de représentativité avaient été établis pour la plupart ou la totalité de leurs aires protégées terrestres tandis que trois organisations sur neuf (33 %) ayant fourni de l'information sur les aires marines indiquaient que des objectifs, des indicateurs ou des cibles de représentativité avaient été établis.
  • Dix organisations sur 15 (67 %) rapportant sur les aires protégées terrestres et six organisations sur neuf (67 %) rapportant sur les aires marines ont indiqué que l'information scientifique servant à soutenir la planification des aires protégées était substantiellement ou entièrement disponible. Cette information n'était disponible que partiellement au niveau des aires protégées terrestres pour quatre organisations (27 %), en comparaison à trois organisations (33 %) en ce qui concernait les aires marines protégées.
  • Environ seulement 24 % des organisations responsables d'aires protégées ont indiqué qu'elles effectuaient des évaluations régulières et produisaient des rapports de façon régulière sur les progrès accomplis dans la mise en place de réseaux représentatifs. Parmi celles-ci, on recense quatre organisations sur 15 (27 %) responsables d'aires terrestres et deux organisations sur neuf (22 %) ayant rapporté sur les aires marines protégées.

Conservation de la diversité biologique

La diversité biologique englobe la diversité génétique au sein des espèces, le nombre de populations viables et les superficies qu'elles occupent, les points névralgiques pour la biodiversité, les espèces en péril, la structure des communautés, la diversité des écosystèmes et la résilience des écosystèmes, pour ne citer que quelques facteurs.

La conservation de la diversité biologique demeure encore un objectif reconnu par de nombreuses organisations responsables d'aires protégées et figure dans leur mandat, leurs buts ou leurs objectifs en matière de lois, de politiques, de plans ou de stratégies.

  • En ce qui concerne les aires terrestres protégées,
    • Treize organisations rapportant sur les aires protégées terrestres (87 %) reconnaissent que la diversité biologique revêt une importance de premier plan (67 %) ou de second plan (20 %);
    • cependant, seulement trois organisations (20 %) déclarent avoir une liste quasi intégrale ou intégrale d'objectifs, d'indicateurs ou des cibles en matière de conservation de la diversité biologique, tandis que huit organisations (53 %) déclarent avoir une liste partielle de ces objectifs, indicateurs ou cibles.
  • En ce qui concerne le milieu marin,
    • l'importance de la conservation de la diversité biologique est similaire à celle rapportée pour les aires protégées terrestres, avec six organisations sur neuf (67 %) rapportant sur les aires marines protégées reconnaissant que la conservation de la biodiversité est de première importance et une organisation reconnaissant que la conservation de la biodiversité est d'importance secondaire;
    • cependant, contrairement aux déclarations faites à propos des aires terrestres, quatre organisations sur neuf rapportant sur les aires maires protégées (44 %) ont déclaré avoir une liste intégrale d'objectifs, d'indicateurs ou des cibles en matière de conservation de la diversité biologique.

L'information scientifique semble être généralement disponible pour aider les organisations responsables d'aires protégées à établir des réseaux d'aires protégées pour assurer la conservation de la diversité biologique.

  • En ce qui concerne les aires protégées terrestres, six organisations sur 15 (40 %) indiquent que cette information est intégralement ou largement disponible; les neuf autres (60 %) indiquent qu'elle est partiellement disponible. Il convient de noter que la Saskatchewan utilise des données sur les espèces en péril et sur la biodiversité pour concevoir son réseau de zones représentatives.
  • De façon similaire en ce qui concerne le milieu marin, quatre organisations sur neuf (44 %) indiquent que cette information est largement disponible et trois autres organisations signalent qu'elle est partiellement disponible. Seules deux organisations indiquent que l'information scientifique relative à la diversité biologique n'est pas disponible pour la conception de réseaux ou de systèmes d'aires protégées dans le milieu marin.

La surveillance pour l'évaluation des progrès réalisés au chapitre de la conservation de la diversité biologique est quelque peu limitée.

  • Pour les aires protégées terrestres, aucune organisation n'a déclaré disposer d'un programme complet de surveillance. Douze organisations ont indiqué avoir entrepris des activités de surveillance pour certains de leurs sites ou l'avoir fait de façon sporadique et trois ont précisé avoir mis en œuvre peu ou aucune activités de surveillance.
  • La situation est un peu meilleure du côté du milieu marin. En effet, trois (33) % des organisations ont indiqué que des activités de surveillance ont été menées dans l'ensemble ou la plupart des aires protégées. Toutefois, trois (33) % des organisations ont aussi indiqué une surveillance sporadique ou aucune surveillance.

Certaines organisations ont évalué l'efficacité avec laquelle leur réseau d'aires protégées répond à l'objectif de conservation de la biodiversité.

  • Dans le cas des réseaux d'aires protégées terrestres et d'eau douce, neuf des 15 organisations (60 %) ont effectué de façon substantielle ou partielle une analyse des lacunes concernant la diversité biologique, alors que six sur 15 (40 %) rapportent n'avoir effectué aucune analyse des lacunes.
    • L'Alberta, en particulier, tient compte de façon régulière des espèces en péril et des éléments topographiques rares ou uniques lorsqu'elle évalue l'efficacité de son réseau d'aires protégées.
    • Terre-Neuve-et-Labrador a utilisé les résultats de son analyse des lacunes pour repérer les sites riches en biodiversité ou en caractéristiques naturelles d'importance.
  • Pour ce qui est du milieu marin, quatre organisations sur neuf (44 %) ont entrepris une analyse des lacunes de façon intégrale, substantielle ou partielle, tandis que 56 % des organisations indiquent qu'aucune analyse des lacunes n'a été effectuée.

Malgré la grande importance accordée à la conservation de la diversité biologique, quand on tient compte des lacunes au chapitre de la disponibilité de données scientifiques et de ressources en matière de surveillance, il n'est peut-être pas surprenant que seulement trois des 15 organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres (20 %) ont déclaré avoir presque complété leurs systèmes ou réseaux d'aires protégées en regard de la conservation de la diversité biologique. Dix organisations sur 15 (67 %) ont indiqué une réalisation partielle de leurs systèmes en regard de cet objectif. La situation était semblable du côté du milieu marin, où six organisations sur neuf (67 %) signalent une réalisation partielle de leurs réseaux en regard de l'objectif de conservation de la diversité biologique.

Conservation d'aires étendues, intactes ou non fragmentées

Le but principal au moment de la conception des systèmes ou des réseaux d'aires protégées est le maintien de la biodiversité à long terme. Un débat persistant en biologie de la conservation consiste à déterminer s'il est préférable, pour atteindre cet objectif, de créer une seule vaste aire protégée ou plusieurs petites aires protégées connectées entre elles. La réponse est probablement une combinaison des deux approches, mais dépend vraisemblablement du contexte local, y compris de la considération de facteurs comme la superficie des aires protégées, les pratiques d'utilisation des terres dans le paysage environnant, la « perméabilité » du paysage pour la faune (taux d'immigration et d'émigration associés aux différentes parcelles d'habitat), et les taux concomitants de disparition d'espèces locales. Bien que la taille optimale des aires protégées demeure un sujet discutable et qu'elle soit en fonction du contexte local, on peut affirmer de façon générale que les aires protégées de plus grande superficie constituent un « pari plus sûr » lorsqu'on considère la persistance de la biodiversité à long terme.

La plupart des organisations responsables d'aires protégées reconnaissent l'importance des aires protégées vastes et non fragmentées dans leur mandat, les buts et les objectifs de leurs lois, de leurs politiques ou de leurs stratégies en matière d'aires protégées; cependant, le degré d'importance de cet objectif varie.

  • Pour les aires protégées terrestres,
    • Onze des 15 organisations (73 %) reconnaissent que la conservation de zones vastes, intactes ou non fragmentées est un objectif principal (47 %) ou secondaire (20 %);
    • Dix des 15 organisations (67 %) ont établi, de façon partielle ou substantielle, des objectifs, des indicateurs et des cibles explicites concernant la conservation d'habitats vastes, intacts ou non fragmentés;
    • Huit des 15 organisations (53 %) ont réalisé des analyses partielles ou substantielles des lacunes à l'égard de cet objectif.
  • En ce qui concerne le milieu marin,
    • Quatre organisations sur neuf (44 %) indiquent que cet objectif est de première importance (33 %) ou d'importance secondaire (11 %);
    • Cinq organisations (56 %) ne font pas mention de zones vastes ou non fragmentées dans leurs objectifs de conservation;
    • À la différence des organisations rapportant sur les aires terrestres, seulement 22 % des organisations avaient établi de façon substantielle ou partielle des objectifs, des indicateurs et des cibles en matière d'habitats vastes, intacts ou non fragmentés;
    • L'analyse des lacunes a été effectuée partiellement ou substantiellement par trois des neuf organisations (30 %).

Toutes les organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres et la plupart de celles rapportant sur les aires marines protégées (80 %) ont indiqué disposer d'information scientifique pour appuyer la conception de leurs réseaux d'aires protégées permettant d'atteindre les objectifs de conservation d'habitats vastes, intacts ou non fragmentés.

Efforts visant à préserver l'intégrité écologique

L'intégrité des écosystèmes est considérée comme maintenue lorsque les processus et les composants naturels de ceux-ci sont intacts. Le Rapport sur la situation des aires protégées du Canada de 2000-2005 indiquait que la majorité des organisations avaient « reconnu l'importance de gérer leurs aires terrestres protégées de manière à préserver l'intégrité écologique ». Dans le rapport de 2006-2011, il était mentionné que les organisations canadiennes adoptaient « l'intégrité écologique comme base de gestion des aires protégées ».

  • À la fin 2015, en ce qui concerne les aires protégées terrestres :
    • Quatorze des 15 organisations concernées (93 %) ont reconnu l'intégrité écologique en tant qu'objectif de conservation dans le mandat, les buts ou les objectifs des lois, des politiques, des plans ou des stratégies en matière d'aires protégées terrestres. Pour six organisations (40 %) l'intégrité écologique était un objectif principal; il s'agissait d'un objectif secondaire pour trois organisations (20 %) et d'un objectif mentionné pour les quatre autres (27 %). Seule une organisation (7 %) indiquait que cet objectif de conservation n'était « pas du tout » reconnu;
    • des objectifs, des indicateurs et des cibles en matière d'intégrité écologique avaient été identifiés pour 10 organisations sur 15 (67 %);
    • l'information scientifique sur l'intégrité écologique semblait être rare, avec 11 des 15 organisations (73 %) ayant indiqué que cette information était soit partiellement disponible (60 %), soit qu'ils en ignoraient l'état (13 %).
  • En ce qui concerne les aires marines protégées :
    • Sept organisations sur neuf (78 %) ont reconnu l'intégrité écologique en tant qu'objectif de conservation dans le mandat, les buts ou les objectifs des lois, des politiques, des plans ou des stratégies. De celles-ci, il s'agissait d'un objectif primaire pour deux organisations. Parmi ces dernières, deux organisations ont rapporté que l'intégrité écologique était un objectif primaire. La réglementation sur les aires marines protégées mise en œuvre par Pêches et Océans Canada et Environnement et Changement climatique Canada a tendance, par exemple, à se concentrer davantage sur certains écosystèmes et certaines espèces. Ces deux organisations identifient la diversité biologique comme un objectif primaire de la conservation;
    • Quatre organisations sur neuf (44 %) ont indiqué des objectifs, des indicateurs et des cibles en matière d'intégrité écologique;
    • La plupart ont reporté que l'information scientifique sur l'intégrité écologique était limitée. Cinq sur neuf ont indiqué que l'information était partiellement disponible, deux n'avaient aucun accès à ce type d'information et une en ignorait l'état.

Préservation de la connectivité de l'habitat

La connectivité de l'habitat est essentielle pour assurer la conservation de la biodiversité à long terme. Les taux de disparition locale sont plus élevés lorsque les « îlots » d'habitat sont isolés et non reliés entre eux.

  • En ce qui concerne les aires protégées terrestres :
    • Treize organisations sur 15 (87 %) ont mentionné que la connectivité de l'habitat était d'une importance secondaire dans leur mandat, leurs buts ou leurs objectifs;
    • Néanmoins, sept organisations sur 15 (47 %) ont rapporté avoir partiellement établi des objectifs, des indicateurs ou des cibles en ce qui concerne la connectivité;
    • La plupart des organisations ont indiqué que de l'information scientifique est disponible pour soutenir la conception de réseaux d'aires protégées qui peuvent assurer la connectivité : 10 organisations sur 15 (67 %) signalent que l'information est partiellement disponible et trois des 15 (20 %) rapportent que cette information est entièrement ou substantiellement disponible;
      • Le Manitoba, en particulier, a rapporté qu'il évalue la connectivité de l'habitat là où des processus d'aménagement d'aires protégées à l'échelle du paysage sont en cours.
    • Dix organisations sur 15 (67 %) ont indiqué que très peu ou aucune surveillance, sauf pour une surveillance sporadique dans certains cas (27 %), n'était mise en œuvre pour évaluer les progrès accomplis au chapitre de l'atteinte des objectifs de connectivité de l'habitat;
      • Seul Parcs Canada indiquait que certaines aires protégées font l'objet d'un programme de surveillance continue de la connectivité de l'habitat.
    • Sept organisations sur 15 (47 %) ont rapporté qu'elles ont partiellement ou substantiellement entrepris l'analyse des lacunes;
      • Parcs Canada fût la seule organisation ayant rapporté avoir entrepris une analyse substantielle des lacunes afin d'évaluer dans quelle mesure les réseaux d'aires protégées terrestres et d'eau procurent la connectivité de l'habitat.
    • En outre, ces évaluations sur l'indentification de lacunes ont été utilisées par la plupart des organisations (86 %) pour planifier et compléter leurs réseaux d'aires protégées terrestres.
  • De même, pour le milieu marin :
    • Une seule des neuf organisations a indiqué la connectivité comme étant primordiale dans le mandat, les buts ou les objectifs de leur réglementation, de leurs politiques, de leurs plans ou de leurs stratégies. Pour quatre organisations, la connectivité était soit une considération secondaire ou mentionnée;
    • Parmi les cinq organisations qui tiennent compte de la connectivité de l'habitat, quatre (Colombie-Britannique, Manitoba, Pêches et Océans Canada et Parcs Canada) ont défini des objectifs, des indicateurs ou des cibles concernant la connectivité de l'habitat;
    • Six organisations sur neuf (67 %) ont rapporté que des données scientifiques sur la connectivité de l'habitat sont disponibles pour la conception des réseaux d'aires marines protégées. Cela inclut les cinq organisations qui reconnaissent la connectivité de l'habitat (Colombie-Britannique, Manitoba, Pêches et Océans Canada, Parcs Canada et Québec).

La Saskatchewan indique que la protection des habitats vastes, intacts ou non fragmentés est un facteur important lorsqu'elle évalue la création de parcs « sauvages » et « de conservation de milieu naturel ». Dans ce contexte, la protection des bassins versants devient une considération importante.

Efforts visant à préserver les services écosystémiques

Les écosystèmes sont composés de structures et de processus biophysiques. Ces structures et ces processus ont plusieurs fonctions qui ont pour résultats des «services écosystémiques» qui supportent la vie, en fournissant une grande variété de bénéfices significatifs aux individus, groupes, et à la société en général. Ces services écosystémiques ont été classés et comprennent (Évaluation des écosystèmes pour le millénaire de l'Organisation des Nations Unies) :

  • Services d'approvisionnement : eau, nourriture, combustibles, fibres, produits médicinaux et ressources génétiques.
  • Services de régulation : pollinisation, purification de l'air et de l'eau et régulation naturelle du climat, des maladies, de l'eau, des organismes nuisibles et de l'érosion des sols.
  • Services de soutien : formation des sols, recyclage des éléments nutritifs et production primaire.
  • Services culturels : bénéfices spirituels, religieux, esthétiques et pédagogiques, loisirs, écotourisme, inspiration, esprit du lieu et patrimoine culturel.

L'un des multiples bénéfices des aires protégées est qu'elles aident au maintien des procédés écologiques générant des services écosystémiques. Toutefois, la planification et la gestion de ces aires protégées dans l'optique de préserver ces services écosystémiques sont moins fréquentes. Les versions antérieures du présent rapport n'évaluaient pas la mesure dans laquelle les services écosystémiques sont pris en considération par les organisations responsables des aires protégées.

Pour les aires protégées terrestres:

  • Une seule organisation a indiqué que les services écosystémiques sont de première importance faisant partie du mandat, des buts ou des objectifs de la réglementation, des politiques, des plans ou des stratégies en matière d'aires protégées;
  • Quatre organisationsnote14 (27 %) indiquaient que ces services revêtent une importance secondaire;
  • Sept organisations sur 15 (47 %) ont fait mention des services écosystémiques en tant qu'objectif de conservation dans le mandat, les buts ou les objectifs de leur réglementation, de leurs politiques, de leurs plans ou de leurs stratégies en matière d'aires protégées;

La reconnaissance des services écosystémiques est presque identique pour le milieu marin.

L'élaboration d'objectifs, d'indicateurs ou de cibles pour les services écosystémiques semble être une tâche plus difficile.

  • La majorité des organisations ayant rapporté sur les aires protégées terrestres (13 sur 15, soit 87 %) n'avaient pas identifié d'objectifs, d'indicateurs ou de cibles, alors que seulement deux organisations (13 %) l'avaient fait de façon partielle.
  • Un peu plus de la moitié des organisations ayant rapporté sur les aires marines protégées (cinq sur neuf, soit 56 %) n'avaient pas d'objectifs, d'indicateurs ou de cibles en ce qui concerne les services écosystémiques, tandis que trois en avaient identifié de façon partielle. Seule une organisation (la Colombie-Britannique) avait intégralement identifié des objectifs, des indicateurs ou des cibles.

Il n'est donc probablement pas surprenant, si l'on considère les chiffres ci-dessus, que la majorité des organisations ayant rapporté sur les aires terrestres protégées (93 %) et que plusieurs organisations ayant rapporté sur les aires marines protégées (44 %) n'évaluent pas les progrès accomplis dans l'atteinte des objectifs liés aux services écosystémiques. Aucune organisation n'a procédé à une analyse des lacunes à l'égard de services écosystémiques : 13 des 15 organisations rapportant sur les aires protégées terrestres (87 %) et sept des neuf organisations (78 %) rapportant sur les aires marines protégées n'ont effectué aucune analyse des lacunes. Le manque d'information scientifique sur les services écosystémiques ne semble pas être la raison pour laquelle aucun objectif, aucun indicateur et aucune cible n'a été établi : 11 des 15 organisations (73 %) signalent que cette information est à tout le moins partiellement disponible pour les aires protégées terrestres, et six des neuf organisations (67 %) indiquent sensiblement la même chose pour les aires marines protégées.

Protection des eaux douces

La superficie de l'eau douce (lacs, rivières et cours d'eau) au Canada est estimée à 891 000 km2, ce qui représente 9,8 % du total de la superficie terrestre du pays (Ressources naturelles Canada, 2005). Cela représente à l'échelle mondiale 20 % des eaux douces et 7 % des eaux douces renouvelables (c. à d. l'eau qui n'est pas de « l'eau fossile » mais conservée dans les lacs, les nappes phréatiques et les glaciers).

Durant la période 2012-2015, un certain nombre de provinces et de territoires ont protégé des aires d'eau douce importantes comme des cours d'eau, des lacs et des milieux humides par la création ou l'expansion d'aires protégées.

  • En 2012, la Colombie-Britannique a procédé à un ajout au parc Atlin/Téix'gi Aan Tlein, et à la création de 10 nouvelles aires de conservation par l'entremise du plan d'aménagement du territoire Atlin Taku. Ces aires comprennent le tronçon principal de la rivière Taku et une proportion importante de ses principaux affluents, à savoir les rivières Nakina, Inklin et Sheslay, dans le nord-ouest de la province.
  • En Nouvelle-Écosse, l'aire sauvage de la rivière des Français, située dans les hautes-terres du Cap Breton, a été sensiblement élargie afin de permettre l'intégration et la protection de plusieurs lacs intacts, ces derniers étant non endigués et difficiles d'accès. L'aire sauvage du ruisseau Stillwater, dans l'est du Cap Breton, a été créée et englobe une grande partie du bassin versant fournissant l'eau potable à la ville de Louisbourg. L'aire sauvage de la rivière Silver a été créée pour protéger des pans de terre de chaque côté d'un embranchement important de la rivière Tusket, un réseau fluvial d'importance nationale en raison de sa concentration unique d'espèces végétales de la plaine côtière atlantique en voie de disparition. L'aire sauvage des lacs Medway a été créée pour, en partie, protéger les écosystèmes aquatiques et les possibilités de loisirs en pleine nature dans une région de la province célèbre pour la pratique historique du canot et pour ses excursions guidées en arrière-pays.
  • En 2013, la Saskatchewan a procédé à deux ajouts importants : la réserve écologique de la zone représentative du lac Pink dans l'écorégion des Hautes terres de la rivière Churchill, et le parc provincial Great Blue Heron dans l'écorégion des Hautes terres boréales moyennes, chacun affichant une superficie en eau douce correspondant à environ 15 % de leur superficie totale.
  • En 2013, le gouvernement du Québec a créé le parc national Tursujuq au Nunavik d'une superficie de 26 106,7 km2, devenant le plus grand parc de l'est de l'Amérique du Nord continental. Déjà la délimitation initiale du parc incluait le 2e plus grand lac naturel du Québec. Suite aux demandes des Inuits et des Cris, la délimitation finale s'est soldée par l'ajout de la presque totalité du bassin versant de la rivière Nastapoka, protégeant du même coup une des rares populations de phoques d'eau douces au monde.

De plus, un certain nombre d'engagements importants visant à protéger l'eau douce ont été pris au cours de cette période.

  • L'Alberta a mis en œuvre des mesures pour créer le parc provincial sauvage Richardson dans le delta des rivières de la Paix et Athabasca, un milieu humide d'importance mondiale reconnu par la Convention de Ramsar. Une fois le parc établi, 94 % de l'ensemble du delta des rivières de la Paix et Athabasca sera désigné en tant qu'aire protégée.
  • En 2014, un engagement a été pris pour protéger les cours supérieurs importants de rivières dans le sud de l'Alberta et dans la région de la Couronne du continent (Crown of the Continent) en vertu du plan d'aménagement régional du bassin de la rivière Saskatchewan Sud (South Saskatchewan Regional Plan).
  • De plus, 416 km2 supplémentaires de milieux humides et de lacs et 101 km linéaires de cours d'eau, comptant la quasi-totalité des étendues d'eau douce présentes dans la sous-région du Bouclier canadien et des Hautes terres de Kazan en Alberta, seront protégés par l'entremise d'engagements en matière d'aires protégées pris en 2012 dans le cadre du plan régional du cours inférieur de la rivière Athabasca.
  • L'engagement de Québec de protéger 20% du Plan Nord pour 2020 en aires protégées, et d'un autre 30% additionnel éventuellement (total de 50%), vont contribuer significativement à la protection des eaux douces nordiques du Québec, en termes de plan d'eau et de bassin versant.

Planification des aires protégées en fonction du changement climatique

Six provinces, territoires et agences fédérales ont évalué les répercussions du changement climatique sur la planification des aires terrestres protégées (Alberta, Nouvelle-Écosse, Ontario, Territoires du Nord-Ouest, Environnement et Changement climatique Canada et Parcs Canada), et une province, la Colombie-Britannique, est en train d'effectuer l'exercice. L'adaptation au changement climatique était un objectif secondaire pour le Manitoba. Cependant l'adaptation au changement climatique a été peu ou non mentionnée en tant qu'objectif par les autres organisations concernées au pays. La Colombie-Britannique a revu dernièrement sa politique de conservation afin de s'assurer que les processus de planification et de gestion des parcs intègrent l'adaptation au changement climatique.

Disponibilité d'information et des ressources pour soutenir la conception des aires protégées.

Les organisations responsables d'aires protégées dépendent de sources d'information et de ressources variées pour les aider à créer une aire protégée. Dans plusieurs cas, certains types d'information sont plus accessibles, tels que les données de télédétection, maintenant plus facilement disponibles et utilisées par une majorité d’organisations. Cependant, il y a encore des lacunes importantes en matière d'information.

Pour les aires protégées terrestres :

  • Pour au moins 73 % des organisations (11 ou plus sur 15), l'information semblait être disponible à facilement disponible en ce qui concerne le système d'information géographique pour la cartographie et l'analyse aussi bien que pour l'identification et l'évaluation des aires potentielles.
  • Environ 50 % des organisations (sept sur 15) ont rapporté que des données spatiales explicites sur la faune et de l'information servant à développer des modèles pour créer des aires protégées étaient disponibles.
  • À l'opposé, une majorité des organisations a rapporté ne disposer d'aucune information ou de peu d'information en ce qui touche aux inventaires et aux activités de suivi (10 sur 15), à l'évaluation des contraintes et indicateurs (11 sur 15) et aux connaissances écologiques traditionnelles (neuf sur 15).
  • Les organisations étaient proportionnellement divisées en ce qui a trait à l'accès à l'information pour identifier les aires culturelles d'importance pour les peuples autochtones et également concernant le développement et la conception de bases de données. Environ un tiers a reporté avoir peu d'information, ou une information limitée.

Pour les aires marines protégées :

  • Un peu moins de 50 % des organisations ont rapporté sur la disponibilité des données spatiales explicites. Concernant le système d'information géographique pour la cartographie, l'analyse, l'identification et l'évaluation des aires potentielles, et le développement des modèles pour créer des aires protégées, 44 % des organisations ont évalué cette information comme étant accessible à facilement accessible, avec le Manitoba et le Québec qui semblent posséder un meilleur accès à celle-ci.
  • Pour la plupart des organisations (67 %), les données au niveau des inventaires et des activités de suivis étaient manquantes, de même que l'information touchant l'évaluation des contraintes et des indicateurs, alors que les données semblaient limitées sur le développement et la conception de bases de données.
  • L'information liée aux connaissances écologiques traditionnelles et celle servant à identifier les aires culturelles d'importance pour les peuples autochtones a été évaluée en tant que non disponible ou à disponibilité limitée pour un peu plus de 50 % des organisations. Parcs Canada , Pêches et Océans Canada et Québec ont rapporté avoir cette information disponible. .

Défis en matière de planification et de création des aires protégées

Presque toutes les organisations responsables d'aire protégées en ce qui concerne les deux biomes (15 sur 15 pour le terrestre et huit sur neuf pour le marin) ont indiqué être confrontées à de nombreux défis similaires en ce qui concerne la création d'aires protégées au Canada (tableau 9).

Pour les organisations rapportant sur les aires protégées terrestres :

  • Toutes ont mentionné que des intérêts conflictuels ou concurrents dans l'utilisation des terres disponibles constituaient un obstacle important.
  • Neuf organisations ont identifié avoir de la difficulté à trouver des terres appropriées et huit organisations ont souligné le manque de ressources humaines pour élaborer les réseaux d'aires protégées comme des obstacles principaux.
  • d'autres obstacles ont été soulignés, comme les difficultés à satisfaire les intérêts de tous, surtout lorsqu'il est question de ceux des peuples autochtones et des gouvernements, la création d'aires protégées dans les processus d'aménagement du territoire, ainsi que la capacité des peuples des Premières Nations à naviguer dans ce contexte.

De même, en ce qui concerne les aires marines protégées :

  • Pour les huit organisations qui ont identifié des défis, devoir composer avec des intérêts divergents concernant l'utilisation des zones marines disponibles a été un défi important rapporté.
  • Six organisations sur ces huit ont aussi mentionné ne pas avoir suffisamment d'information sur les inventaires des ressources naturelles, et quatre ont souligné le manque de personnel pour soutenir le travail de planification du réseau comme obstacle important.
  • Un autre défi indiqué était la longueur des processus de réglementation pour créer les aires marines protégées.
Tableau 9 : Principaux défis ou obstacles relevés par les organisations pour la création d'aires protégées au Canada
Biome Principaux défis ou obstacles à la planification ou à la création d'aires protégées Pourcentage des organisations confrontées aux différents types de défis/obstacles (%)
Terrestre/eau douce Intérêts conflictuels/concurrentiels dans l'utilisation des terres disponibles 100
Terrestre/eau douce Disponibilité de terres appropriées 64
Terrestre/eau douce Manque de ressources humaines pour la planification des réseaux 57
Terrestre/eau douce Absence de priorité en matière de conservation 50
Terrestre/eau douce Manque de ressources financières pour l'acquisition de terres 43
Marin Intérêts conflictuels/concurrentiels dans l'utilisation des zones marines disponibles 100
Marin Manque d'inventaires appropriés en matière de ressources naturelles 75
Marin Manque de ressources humaines pour la planification des réseaux 50
Marin Disponibilité de zones appropriées 25
Marin Absence de priorité en matière de conservation 25
Marin Manque de ressources financières pour l'acquisition de terres côtières 25
Marin Obstacles à l'acquisition liés à la législation et aux politiques 25
Marin Manque d'outils appropriés pour réglementer l'environnement à l'intérieur de l'aire protégée 25

Protection des terres privées

Les organismes privés et les organismes sans but lucratif jouent un rôle de plus en plus important dans l'acquisition et la gestion de terres qui ont une forte valeur de conservation et qui constituent un complément aux aires protégées établies, particulièrement dans les régions du sud du Canada. Ces terres représentent généralement moins de 1 % des réseaux d'aires protégées dans les provinces du sud. Ces terres privées sont cependant souvent situées sur des zones possédant une importance significative pour la biodiversité. Un article publié en 2015 suggère que : « Le compte d'aires protégées privées au Canada, obtenues principalement par le biais de fiducies foncières, est certainement incomplet, mais représentera moins de 0,2 % de la masse territoriale. Au Canada, 89 % des terres sont publiques alors que les terres sous fiducies foncières, équivalant à 11% du territoire, sont concentrées dans la région austral du Canada. Ces terres sont généralement dans des régions qui présentent une importance élevée pour la biodiversité. »."note15

Tel que mentionné dans le chapitre précédent, les zones de conservation privées sont rapportées par certaines provinces et territoires. Les gouvernements provinciaux et territoriaux travaillent en partenariat avec les groupes non gouvernementaux et Environnement et Changement climatique Canada afin d'améliorer la reconnaissance des terres de conservation privées en tant que composante intégrale des réseaux d'aires protégées. En 2014, Environnement et Changement climatique Canada a annoncé qu'il procéderait à un inventaire des terres de conservations privées dans l'optique d'atteindre cet objectif.

Les gouvernements ont créés un certain nombre d'incitatifs financiers et d'autre nature dans le but d'encourager la conservation en terres privées. Il existe plus de 160 organisations qui sont présentement éligibles à l'acquisition de terres à des fins de conservation et bon nombre d'entre elles sont des fiducies foncières privées. Ici-bas se trouvent plusieurs exemples de programmes et de leurs récents succès.note16

La conservation des aires privées est entièrement ou partiellement reconnue dans les stratégies relatives aux aires protégées terrestres par 11 des 15 organisations (73 %). La conservation des terres privées est favorisée par des incitations fiscales et par la législation dans la plupart des provinces qui permettent la création de réserves de conservation privées, de servitudes ou d'engagements en termes de conservation.

  • L'Alberta s'est stratégiquement engagée à créer une fondation pour la conservation des parcs qui permettrait aux particuliers et aux sociétés de faire don de terres ayant une valeur de conservation élevée ou de sommes d'argent pour soutenir l'achat de terres à des fins de conservation. Les partenariats public-privé permettent également la conservation d'habitats importants. Environ 41 km2 de terres publiques assujetties à des baux de pâturage et qui étaient régis par un ranch privé, l'OH Ranch, ont été désignés en tant que zone de pâturage patrimonial. Ces terres sont maintenant gérées conjointement avec les terres privées adjacentes, lesquelles sont préservées par une servitude de conservation soutenue par le gouvernement.
  • BC Parks s’est associé à un grand nombre d'organisations gouvernementales et non gouvernementales pour procéder à l'acquisition de terres. BC Parks et le ministère des forêts, terres et ressources naturelles (Ministry of Forests, Lands and Natural Resource Operations) administrent un grand nombre de propriétés appartenant à des organisations non gouvernementales ou à des particuliers qui sont louées au ministère en vertu d'ententes de gestion de 99 ans. De façon similaire, certaines propriétés appartenant au ministère ont été louées à des administrations locales ou à des organisations non gouvernementales à des fins de gestion. Parmi les exemples de partenariats récents visant à acquérir des terres privés pour la conservation, est celui de l'acquisition de terres pour la création des parcs marins Small Inlet et des îles Octopus conclu grâce à un financement conjoint entre le gouvernement de la Colombie-Britannique, le groupe de conservation de l'île Quadra et la Marine Parks Forever Society ; l'acquisition de terres sur l' île Denman par l'utilisation de crédits de carbone et des transferts des droits de développement (development density transfers) ; et celui établi avec le district régional d'Okanagan-Similkameen concernant un ajout au parc d'Okanagan Falls.
  • D'autres provinces, comme l'Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Manitoba, ont offert un soutien direct à des initiatives de conservation en terres privées en assurant un financement direct ou à contrepartie, ou par la création de fonds en fiducie pour l'acquisition de terres. Le Québec et le Nouveau-Brunswick disposent de mécanismes légaux pour reconnaître officiellement des aires protégées privées comme parties intégrantes de leurs systèmes d'aires protégées.
  • Dans le cadre du programme Partenaires pour la nature, qui s'est étalé de 2008 à 2013, la dernière année a permis de financer 18 projets de protection de milieux naturels. Un total de près de 975 000$ en aide financière a été octroyé à six organismes de conservation et sept particuliers afin d’assurer la protection de 4.8 km2 de milieux naturels dans le sud du Québec. Ces acquisitions s'inscrivaient dans des initiatives de conservation plus large en consolidant la protection de territoire débutée dans les précédents programmes d'aide à l'intendance privée.

D'autres mesures incitatives sont en place pour aider les fiducies foncières ou d'autres organismes à sauvegarder des terres privées d'importance écologique dans 11 organisations sur 13 (85 %).

  • Le Programme des dons écologiques, par exemple, administré par Environnement et Changement climatique Canada en coopération avec une douzaine de partenaires, y compris d'autres départements fédéraux, des gouvernements provinciaux et municipaux et des organisations environnementales non gouvernementales, offre des avantages fiscaux significatifs aux propriétaires de terres qui donnent du terrain ou une partie de l'intérêt foncier à un bénéficiaire qualifié, lequel s'assure que la biodiversité du terrain et le patrimoine environnemental sont conservés à perpétuité. Entre 2012 et 2015, environ 312 km2 de terres ont été obtenues grâce au Programme des dons écologiques.
  • Le Programme de conservation des zones naturelles soutient les organisations sans but lucratif et non gouvernementales dans l'acquisition de terres écologiques fragiles afin d'assurer la protection d'écosystèmes, de la faune et d'habitats variés. Le financement est assuré par Environnement et Changement climatique Canada et le projet est administré par Conservation de la nature Canada en partenariat avec des organismes de conservation tels que Canards Illimités Canada et autres organisations qualifiées. Ces organisations fournissent un fonds de contrepartie selon un ratio de 2:1 pour chaque dollar reçu du gouvernement fédéral afin d'acquérir des terres écologiques fragiles grâce aux dons, achats ou accords de conservation avec des propriétaires privés. La priorité est accordée aux terres qui protègent un habitat abritant des espèces en péril et des oiseaux migrateurs et à celles qui créent ou améliorent des connexions ou des corridors entre les aires protégées. De plus, des terres peuvent aussi être acquises ou garanties si elles ont une importance nationale ou provinciale sur la base de critères écologiques, ou si elles peuvent permettre une réduction des facteurs de stress importants attribuables à l'utilisation de ces dernières surtout lorsque adjacentes aux zones protégées. Entre 2012 et 2015, environ 600 km2 de terres ont été obtenues grâce au Programme de conservation des zones naturelles.
  • Le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine est un partenariat international visant à préserver les populations de sauvagine et les milieux humides par l'entremise d'actions sur le terrain basées sur de solides fondements biologiques. Lancé en 1986, les différents partenaires de ce programme ont misé leurs efforts sur la conservation et la restauration des milieux humides, des milieux secs connexes et d'autres éléments clés de l'habitat de la sauvagine à travers le Canada, les États-Unis et le Mexique. Les résultats obtenus sont notables avec plus de 1 350 km2 protégés au Canada entre le 1er avril 2012 et le 31 mars 2015, ceci grâce à des termes de moyenne durée (10-99 ans) et des activités de conservation de l'habitat permanent (bail, acquisition, servitude de conservation, etc.).
  • Le Fonds national de conservation des milieux humides, un programme quinquennal lancé en 2014-2015 et administré par Environnement et Changement climatique Canada, soutient des activités sur le terrain afin de restaurer et d'améliorer les milieux humides au Canada, y compris les zones humides sur les terres privées. Certaines des activités financées par le fonds résultent en la création de nouvelles aires protégées privées. Les objectifs du fonds sont :
    • Restaurer des milieux humides dégradés ou disparus se trouvant dans des paysages exploités ou habités afin d'atteindre un gain net dans la zone de l'habitat du milieu humide. Entre le 1er octobre 2014 et le 31 mars 2015, environ 74 km2 d'habitat de terres humides ont été sécurisés avec le soutien du Fonds national de conservation des milieux humides ;
    • Améliorer les fonctions écologiques de milieux humides existants dégradés;
    • Évaluer et surveiller de façon scientifique les fonctions des milieux humides ainsi que leurs biens et services écologiques afin d'atteindre les objectifs de restauration et d'amélioration des milieux humides ; et
    • Encourager l'intendance des milieux humides du Canada par l'industrie et l'appréciation des milieux humides par le public.
  • Le Programme d'intendance de l'habitat est un programme de financement du gouvernement du Canada administré par Environnement et Changement Climatique Canada qui soutient des projets de conservation et de protection des espèces en péril et de leurs habitats, et qui aide à préserver la biodiversité dans son ensemble. Ces fonds favorisent la participation des communautés locales, des organisations non gouvernementales et autres organisations pour aider au rétablissement des espèces en péril et à la prévention pour éviter que d'autres espèces ne deviennent des préoccupations de conservation. Entre le 1er avril 2012 et le 31 mars 2015, le programme a contribué à la protection de 189 km2 de terres privées par des moyens juridiquement contraignants tels que des servitudes d'acquisition ou de conservation.

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