Code de pratiques pour la gestion des émissions atmosphériques des installations de pâtes et papiers : chapitre 3

3 Pratiques recommandées en matière de protection environnementale

Cette section présente diverses méthodes et mesures pour limiter les émissions atmosphériques de SO2 et de MPT pour une installation dans le secteur des pâtes et papiers. Elles ne visent pas à empêcher le recours à d’autres technologies et pratiques pouvant assurer une protection environnementale équivalente  ou supérieur. L’applicabilité de chaque recommandation doit aussi être évaluée en fonction des conditions et des préoccupations propres à chaque installation.

3.1 Pratiques générales

Dans le contexte du présent code de pratiques, l’expression « pratiques générales » signifie les activités, les actions, les processus et les procédures qui, au-delà des exigences légales et techniques, contribuent à réduire le plus possible les émissions des installations. De plus, l’élaboration et la mise en œuvre efficace de telles pratiques faciliteront aussi le travail d’amélioration continue de la performance environnementale globale.

Recommandations :

3.2 Installation chimique

Le procédé kraft est le plus couramment utilisé dans la fabrication de la pâte chimique. Ce procédé dissout la lignine qui lie les fibres ensemble sous l’action de la liqueur de cuisson (une solution d’hydroxyde de sodium [NaOH] et de sulfure de sodium [Na2S]) et de la haute température. Une partie de l’hémicellulose est également dissoute durant la cuisson.

Pour la mise en pâte au sulfite, l’agent de cuisson est une solution qui peut contenir de l’acide sulfureux (H2SO3), des sulfites, des sels de bisulfites au calcium (Ca), magnésium (Mg), sodium (Na) ou d’ammonium (NH4), selon la base utilisée. La cuisson et la délignification sont réalisées à haute température.

Voici une description des principales étapes de la fabrication de la pâte chimique, avec les préoccupations et recommandations associées aux émissions atmosphériques de SO2 et de MPT.

3.2.1 Gaz non condensables à BVHC et HVBC

Dans les installations chimiques, les émissions de composés sulfuriques gazeux provenant des procédés de production sont générées à partir de multiples emplacements dans les zones de mise en pâte et de récupération des produits chimiques. Il peut s'agir de gaz non condensables (GNC) à bas volume et haute concentration  (BVHC) ou de gaz non condensables à haut volume et basse concentration (HVBC). Voir les définitions.

Préoccupation : Sources de SO2

Recommandations :

3.2.2 Manutention et préparation du bois

La fibre est généralement reçue directement sous forme de bois rond, de copeaux ou de sciures comme sous-produits de l’industrie des produits du bois, notamment les scieries.

Lorsque la fibre est reçue sous forme de bois rond, celui-ci contient l’écorce et doit être écorcé avant d’être utilisé dans le procédé de mise en pâte. L’écorce est ensuite acheminée vers une pile et sera par la suite utilisée comme source énergétique et les billes de bois sont réduites en copeaux.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.2.3 Cuisson et délignification

Les fibres sont libérées de la matrice du bois par la dissolution de la lignine et une partie de l’hémicellulose dans une solution de cuisson qui contient de l’hydroxyde de sodium et du sulfure de sodium (procédé kraft) ou un mélange acide de sels de sulfites et de sulfites (procédé au sulfite). La cuisson peut être effectuée dans des lessiveurs par procédé en lot ou en continu.

Préoccupation :

Le processus du lessiveur, qui comprend des vaisseaux de pré-traitement à la vapeur des copeaux de bois, des réservoirs de soufflage et des condenseurs de décharge de la vapeur, génère un mélange de gaz contenant du soufre.

Les gaz non condensables provenant de la zone du lessiveur contiennent des niveaux élevés de SRT. Les composés de soufres réduits sont transformés en SO2 si ces gaz sont brûlés dans des fours à chaux, des chaudières, des chaudières de récupération ou des oxydateurs thermiques autonomes. La combustion est une pratique couramment utilisée pour éliminer les GNC.

Recommandations :

Les fours à chaux, les chaudières et les oxydateurs thermiques sont généralement utilisés pour brûler les gaz à BVHC, tandis que les gaz à HVBC peuvent être brûlés dans les chaudières et les chaudières de récupération étant donné que ces unités peuvent traiter des volumes de gaz plus large. À condition que les émissions de SO2 associées soient relativement stables, elles peuvent être réduites en installant un épurateur humide utilisant un alcali dans la solution de lavage.

3.2.4 Tamisage et lavage de la pâte écrue

À la sortie du lessiveur, la pâte contient les fibres du bois ainsi que de la liqueur résiduelle. Selon le degré de délignification atteint et le type de procédé, près de 50 % du bois est dissous durant le processus de cuisson. La liqueur résiduelle contient des composés organiques et inorganiques provenant du bois. Lors du lavage de la pâte brune, la liqueur résiduelle est enlevée de la pâte et dirigée vers le système de récupération où les agents de cuisson seront récupérés.

La pâte brune est ensuite tamisée pour enlever les nœuds et les buchettes présentes dans la pâte. Les rejets du tamisage et de l’enlèvement des nœuds peuvent être remis dans le système de cuisson, brûlés dans une chaudière ou envoyés au site d’enfouissement.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT. Les piles laveuses de pâte brune produisent des gaz qui proviennent de la liqueur résiduelle. Ces gaz sont une source d’odeur provenant du sulfure réduit total et du SO2.

Recommandation :

Afin de réduire les émissions de SO2 des évents de lavage de la pâte, les émissions des évents peuvent être collectés et envoyés au système de collecte des gaz non condensable à HVBC. Voir section 3.2.1.

3.2.5 Blanchiment

L’objectif du blanchiment est d’éliminer ou d’oxyder la lignine résiduelle et les impuretés de la pâte en vue d’atteindre le niveau de blancheur désiré ainsi que la stabilité de la blancheur, en plus d’obtenir certains paramètres de qualité de propreté et de résistance. Le blanchiment est fait par étapes, en utilisant différents produits chimiques comme le dioxyde de chlore, l’oxygène, le peroxyde d’hydrogène et l’hydroxyde de sodium, selon le procédé utilisé et les caractéristiques de pâte visées.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.2.6 Séchage

Dans le cas d’une usine de pâtes et papiers intégrée, la pâte blanchie est acheminée à l’état humide à une consistance de 3-4 % vers l’atelier de préparation de la pâte en vue de la fabrication du papier.

Dans les installations non intégrées, c’est-à-dire qui n’utilisent pas la pâte pour fabriquer du papier sur le même site, la pâte est conditionnée pour en faciliter la manutention. La pâte est préalablement essorée, elle subit ensuite un pressage, puis elle est séchée pour obtenir la siccité voulue. Finalement, la pâte est découpée en feuilles et des ballots sont formés en vue de l’expédition.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.2.7 Concentration de la liqueur de cuisson résiduaire

La liqueur résiduaire faible (10-20% de solides) est concentrée dans l'évaporateur avant la combustion dans la chaudière de récupération chimique. La concentration de la liqueur résiduaire est habituellement obtenue en utilisant des évaporateurs à effets multiples chauffés à la vapeur et des concentrateurs chauffés indirectement. Les gaz libérés par les évaporateurs à effets multiples sont principalement constitués de SRT et de COV.

Préoccupations : Ces gaz sont généralement collectés dans le système HVBC et brûlés, ce qui entraîne des émissions de SO2.

Recommandations : Voir la section 3.2.1

3.2.8 Chaudière de récupération

Les objectifs principaux de la chaudière de récupération sont d’initier la récupération des éléments inorganiques de la liqueur de cuisson présents dans la liqueur résiduelle et de brûler la matière organique de la liqueur de cuisson pour produire une partie importante de l’énergie (vapeur) requise par le procédé.

Préoccupation : La chaudière de récupération est une source importante d’émissions atmosphériques de MPT et de SO2.

Recommandations :

3.2.9 Réservoir de dissolution

Le réservoir de dissolution reçoit les résidus provenant de la chaudière de récupération. Le réservoir de dissolution évacue des gaz contenant des quantités élevées de SRT et de particules. Le réservoir de dissolution génère des niveaux d’émissions de SO2 plus faibles. Les gaz d’évacuation ont une forte teneur en humidité.  Les résidus fondues de la chaudière de récupération sont drainés dans le réservoir de dissolution où ils sont dilués avec de la  liqueur faible pour former de la liqueur verte. Le réservoir de dissolution n’est pas une source importante de SO2 mais l’humidité du réservoir contient des SRT et des MPT.  

Préoccupation : Le réservoir de dissolution évacue une quantité importante de matières particulaires et d’émissions de SRT. L’évent des gaz du réservoir de dissolution est habituellement collecté avec les gaz à BVHC pour être brûlé. La combustion des émissions de SRT concentrées transforme le soufre réduit en SO2.

Recommandations :

3.2.10 Four à chaux

Cet équipement fait partie de la boucle de régénération de la liqueur de cuisson, en transformant le carbonate de calcium (CaCO3) en chaux (CaO) et dioxyde de carbone (CO2). Il consomme généralement du gaz naturel ou des combustibles fossiles pour fournir la chaleur à cette réaction. Les gaz sortant du four sont chargés de matière particulaire (poussière de chaux) et peuvent aussi contenir des composés de sulfure provenant de l’entrainement de liqueur dans la boue de chaux. Les fours à chaux peuvent aussi servir à incinérer les gaz non condensables à BVHC et à HVBC ce qui oxyde les composés odorant de SRT en SO2.

Les émissions de MPT dépendent principalement du type de carburant, de la technologie de combustion et du dispositif antipollution, tandis que les émissions de SO2 dépendent principalement de la teneur en soufre du carburant (p. ex., mazout, coke de pétrole, GNC ou DGDE) et à l’occasion des contrôles post combustion (p. ex. désulfuration). Une partie relativement plus faible du soufre provient de la boue de chaux.

Préoccupation :

Le MPT et le SO2 sont des émissions importantes des fours à chaux

  1. une grande partie du soufre entrant dans le four avec le combustible est oxydée en SO2 dans des conditions normales; et
  2. des niveaux élevés de particules sont captés par les gaz de combustion lorsqu'ils traversent le four.
Recommandations :

Pour réduire les émissions de MPT, les précipitateurs électrostatiques ou les filtres à sac  peuvent être utilisés comme contrôles.

3.2.11 Préparation des produits chimiques

Les agents chimiques de blanchiment principalement utilisés dans le procédé kraft sont le dioxyde de chlore, l’ozone, l’oxygène et le peroxyde.

Plusieurs techniques existent pour fabriquer du dioxyde de chlore. Généralement au Canada, celui-ci est obtenu à partir du chlorate de sodium. Pour transformer l’ion chlorate en dioxyde de chlore, on a recours à un agent réducteur comme l’ion chlorure, le peroxyde d’hydrogène, le bioxyde de soufre et le méthanol.

En ce qui concerne l’ozone, celui-ci devrait être produit sur le site étant donné son instabilité. Il est fabriqué à partir d’oxygène qui est introduit entre deux électrodes où une tension élevée est appliquée.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.2.12 Chaudières

Les chaudières servent typiquement à produire de la vapeur, qui est utilisée à différentes fins, comme la production d’électricité et le chauffage du procédé. Les chaudières peuvent utiliser un seul type de carburant (p. ex., gazeux), ou plusieurs carburants simultanément ou en alternance (p. ex., biomasse et mazout lourd). La combustion de combustibles solides, tels que la biomasse, génère des émissions chargées de particules. La combustion de combustibles fossiles contenant du soufre ou la combustion de gaz non condensables à BVHC ou à HVBC peuvent mener à la génération de SO2.

Préoccupation : Les chaudières peuvent être utilisées pour brûler plusieurs types de combustibles et de déchets qui peuvent transporter divers polluants. La chaudière peut être une source importante d’émissions de SO2 et de MPT dans l’atmosphère.

Recommandations :

3.3 Installation mécanique

Les procédés de mise en pâte mécanique et chimico-mécanique requièrent une action mécanique tout en faisant peu ou pas appel aux produits chimiques pour la séparation des fibres. Dans le cas du procédé chimico-mécanique, les copeaux sont légèrement traités chimiquement avant le raffinage.

Il existe plusieurs procédés pour produire de la pâte mécanique, dépendamment de la présence ou non de traitement chimique, du type de procédé de séparation des fibres et de la pression à laquelle elle s’effectue, tels que :

Voici une description des principales étapes de la fabrication de la pâte mécanique, avec les préoccupations et recommandations associées aux émissions atmosphériques de SO2 et de MPT.

3.3.1 Manutention et préparation des copeaux

La fibre est généralement reçue sous forme de copeaux, un sous-produit de l’industrie des produits du bois, notamment les scieries. Un tamisage est effectué pour retirer les copeaux trop gros et les sciures. Les gros copeaux peuvent être recoupés pour atteindre la dimension voulue. Les copeaux tamisés sont ensuite lavés afin d’éliminer tout débris qui pourrait abimer les raffineurs.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.3.2 Chauffage des copeaux

Dans le procédé de PTM, les copeaux sont chauffés à la vapeur sous une pression pendant quelques minutes avant le raffinage.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.3.3 Imprégnation

Cette étape est surtout utilisée dans le procédé chimico-mécanique. Les copeaux sont imprégnés avec un produit chimique (Na2SO3, NaOH, Na2CO3) avant d’être raffinés avec un des procédés de pâte mécanique.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.3.4 Séparation des fibres

Dans le procédé de pâte de défibreur, les billes de bois écorcées sont mises en contact avec une meule abrasive.

Dans le procédé de raffinage, les copeaux et de l’eau sont conduits entre deux disques rotatifs, espacés d’un millimètre ou moins. À la surface de chaque disque, des fentes et des barres font subir aux copeaux des compressions et du cisaillement afin de les défibrer. Une partie de l’énergie utilisée par le raffineur transforme l’eau en vapeur.

Préoccupation : Dans le procédé de raffinage, la vapeur produite entraîne des polluants, notamment des matières particulaires.

Recommandation :

Un épurateur sur la vapeur contaminée produite ou un système de récupération de vapeur réduit grandement les MPT émises, en plus d’améliorer l’efficacité énergétique de l’installation.

3.3.5 Classage et épuration

La pâte est nettoyée au moyen de classeurs sous pression et d’épurateurs centrifuges. Le classage est effectué à l’aide de paniers percés de trous ou de fentes. Les rejets sont envoyés au stade suivant dans un arrangement en cascades, ou au raffinage des rejets.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.3.6 Épaississement

L’épaississement de la pâte finale se fait à l’aide d’un filtre à disque ou d’une presse à vis. Cette étape est importante pour éliminer une partie des matières dissoutes présentes dans l’eau qui pourraient affecter la machine à papier, et pour maximiser la capacité du réservoir de stockage de pâte.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.3.7 Blanchiment

Le blanchiment de la pâte mécanique se fait généralement avec du peroxyde d’hydrogène ou de l’hydrosulfite de sodium. Un ou deux stages de blanchiment peuvent être utilisés, selon la brillance visée.

Préoccupation : Aucune préoccupation en lien avec les MPT et le SO2.

3.3.8 Chaudière

Les chaudières fournissent l’énergie nécessaire au procédé. Les mêmes préoccupations et recommandations que pour la chaudière du procédé chimique s’appliquent (section 3.2.12).

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