Appendice 1 : sommaire des avis des intervenants

Le ministère a mené des entrevues auprès des principaux intervenants de l'extérieur du Service de la protection de l'environnement afin de prendre connaissance de leur évaluation globale du degré d'efficacité de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE 1999) et du rôle du ministère à cet égard. Les notes issues de ces entrevues complètent la démarche fondée sur l'observation des faits qui a été appliquée à l'évaluation et elles contribuent à déterminer les perceptions, opinions et avis extérieurs au ministère, relatifs à la LCPE 1999.

Quarante et une personnes ont été conviées à participer à cette partie de l'évaluation. Trente-trois personnes ont été interrogées. Les entrevues, effectuées de vive voix ou par téléphone, se sont déroulées à la fin de novembre et en décembre 2004. Ce groupe réunissait :

Le même ensemble de questions a été adressé à tous les participants. Cependant, des questions supplémentaires ont été adressées aux membres du CCN. L'annexe VII et l'annexe VIII présentent le guide d'entrevue et la liste des personnes interrogées, respectivement. Des éléments probants ont été demandés pour confirmer leurs avis, et ils ont été fournis dans la mesure du possible.

La familiarité des intervenants avec la LCPE 1999 était variable. La plupart d'entre eux avaient un avis bien précis seulement sur les enjeux ou les questions qui les concernaient directement. Le plus grand nombre a fait porter ses commentaires sur les dispositions de la loi concernant les substances toxiques (ainsi que la Liste des substances d'intérêt prioritaire, la Liste intérieure des substances, l'Inventaire national des rejets de polluants et le processus d'évaluation et de catégorisation des risques). Peu d'entre eux avaient une vision d'ensemble de la loi. Les organisations environnementales non gouvernementales avaient, comme groupe, la connaissance la plus large des diverses dispositions de la loi.

Les entrevues menées auprès de hauts fonctionnaires fédéraux ont permis de constater que la connaissance de la loi, au sein d'autres ministères fédéraux qu'Environnement Canada et Santé Canada, variait considérablement d'un ministère à l'autre. Toutefois, toutes les personnes interrogées s'entendaient pour reconnaître la complexité de la mise en oeuvre de cette loi. La plupart des ministères ont indiqué que le travail de coordination à l'échelle de l'administration fédérale était en cours.

Bon nombre de ministères sont tout à fait satisfaits de leurs rapports avec Environnement Canada sur les questions touchant à la LCPE. Quelques ministères souhaitent toutefois un renforcement des liens avec ce ministère. Ils sont d'avis que, même s'il faut améliorer la coordination entre Environnement Canada et les autres ministères, le ministère cherche à faire trop de choses par lui-même et qu'il ne compte pas assez sur le savoir-faire des autres ministères. Le second souffle donné au Comité des directeurs généraux sur les toxiques est perçu comme une bonne façon d'établir des réseaux, d'échanger des renseignements et de définir des sujets de préoccupation.

La relation qu'entretient Santé Canada avec Environnement Canada relativement à la LCPE est importante et complexe, les deux ministères appliquant conjointement cette loi. En général, les dirigeants de Santé Canada sont satisfaits de leurs rapports avec leurs vis-à-vis d'Environnement Canada, bien que certains aient fait part de certaines réserves concernant les relations entre les deux ministères portant sur la LCPE. Ils pensent qu'Environnement Canada a traité le ministère de la Santé comme un partenaire subalterne plutôt que comme un partenaire de plein droit, en ce qui regarde la LCPE 1999, et qu'il n'a pas fait montre de toute l'ouverture possible lorsque le ministère de la Santé exprimait ses préoccupations. Ils reconnaissent toutefois que la haute direction d'Environnement Canada est consciente du problème et qu'elle cherche à corriger le tir.

En matière de collaboration internationale, Environnement Canada est perçu comme un organisme qui sait promouvoir la coopération, qui sait construire sur les réalisations des autres et qui sait prendre la direction de certains dossiers (p. ex., les polluants organiques persistants). Cependant, certains estiment qu'il existe des lacunes sur le plan de la mise en application et, à l'occasion, sur celui du leadership assuré par Environnement Canada. Une personne interrogée a signalé qu'il n'existait pas de lien apparent entre l'action diplomatique fédérale-provinciale au Comité consultatif national et le travail de diplomatie internationale, réalisé par Environnement Canada (p. ex., par le truchement des Plans d'action régionaux nord-américains ou de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants), relativement aux substances toxiques. Selon cette personne, les membres du comité consultatif ne sont pas assez informés des obligations internationales du gouvernement fédéral, et Environnement Canada s'acquitte mal de son travail de communication des incidences liées aux engagements internationaux sur la politique intérieure. On signale en outre que le gouvernement autant que le secteur industriel se sont quelque peu placés en retrait des activités de coopération internationale à la suite de contraintes budgétaires.

La perception qu'avaient les intervenants de l'harmonisation avec les provinces et les territoires des objectifs, des normes, des approches et des instruments était partagée. Même s'ils se sont entendus sur certains exemples d'harmonisation fédérale-provinciale, (notamment l'Inventaire national des rejets de polluants et le Règlement 127 de l'Ontario en vue d'un guichet unique pour la déclaration de certaines émissions industrielles), les intervenants ont divergé d'opinion quant à l'interprétation à donner à certains autres exemples. Ainsi, certaines des personnes interrogées percevaient les Standards pancanadiens comme le signe d'une plus grande harmonisation des approches fédérales, provinciales et territoriales. D'autres faisaient remarquer que le nom lui-même est trompeur : ces standards ne sont pas pancanadiens (parce que le Québec n'y prend pas part), et qu'une bonne partie est constituée de ce qui s'apparente davantage à des lignes directrices. Certains intervenants ont signalé entre autres qu'il ne semblait pas y avoir de conséquences lorsque des gouvernements provinciaux ne les appliquaient pas.

Sauf un, les hauts fonctionnaires provinciaux et territoriaux interrogés dans le cadre de la présente évaluation ont exprimé l'avis que, sur le plan de l'environnement, l'application de la LCPE devenait de plus en plus une source de tensions entre les deux paliers gouvernementaux. Ils ont l'impression qu'Environnement Canada empiète sur le champ de compétence traditionnel des gouvernements provinciaux et territoriaux. Ils signalent qu'en conséquence, le fédéral adopte de plus en plus des mesures de contrôle conduisant au chevauchement des mesures appliquées par les gouvernements provinciaux. Les représentants d'Environnement Canada ont vivement contesté cette affirmation. Selon eux, il n'existe pas de domaine où se produirait un tel chevauchement, et ils affirment qu'ils se sont souciés d'établir une collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux dans tous les domaines.

Il importe de souligner qu'Environnement Canada et les gouvernements provinciaux définissent le chevauchement de manière différente. Le ministère pense que le chevauchement consiste en ce que deux instances imposent les mêmes exigences réglementaires pour les mêmes substances et conformément à une même norme. Les gouvernements provinciaux et territoriaux définissent plutôt le chevauchement en fonction de la réglementation par deux instances d'un même domaine, même si les exigences réglementaires diffèrent. Il s'ensuit que les hauts fonctionnaires fédéraux, provinciaux et territoriaux interprètent les mêmes événements de façon fort différente. Les propositions qu'Environnement Canada présente comme des exemples de sa souplesse (p. ex., l'acceptation des mesures de contrôle provinciales concernant le sel de voirie et l'huile de carter) sont perçues par les représentants provinciaux et territoriaux comme des exemples de conflits de compétences.

Les représentants industriels interrogés reconnaissent les efforts de collaboration d'Environnement Canada avec les provinces. Les représentants des organisations non gouvernementales croient également que la position des provinces face au chevauchement est exagérée. Une autre personne interrogée s'est demandée si certaines provinces ne se plaignaient pas d'une intrusion fédérale même lorsqu'elles n'étaient pas en mesure d'établir quels étaient leurs propres efforts de protection de l'environnement dans les domaines cités en exemple.

Enfin, les représentants provinciaux et territoriaux appuient fortement le projet de mécanisme des tables sur le développement durable des secteurs récemment établi à Environnement Canada.

Sauf un, les représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux interrogés dans le cadre de la présente évaluation ont exprimé leur désappointement face au comité consultatif national. Les avis allaient de la non-viabilité du comité jusqu'à la mention que « cela constitue une perte de temps ». Plusieurs ont fait remarquer que la participation aux réunions du comité était à la baisse et que les plus petites instances gouvernementales éprouvaient de la difficulté avec le volume d'information diffusée. De leur côté, les hauts fonctionnaires d'Environnement Canada étaient d'avis que le comité répondait aux attentes dans l'ensemble et qu'il influençait la mentalité et les actions ministérielles. Ils ont présenté plusieurs documents illustrant l'influence du comité sur la prise de décisions.

Ces différences sont représentatives de l'absence de consensus entourant la vocation et le rôle du Comité consultatif national. Certains membres du comité qui ont été interrogés souhaiteraient que le groupe fonctionne davantage selon la formule du partenariat en vue de priorités communes plutôt que d'être axé strictement sur les priorités associées à la LCPE. Certaines provinces souhaiteraient que le comité exerce davantage une fonction de prise de décisions face au choix des mesures et des instruments de gestion des risques. Elles ont également suggéré qu'un représentant provincial ou territorial agisse à titre de coprésident du comité, et que ce dernier devienne un sous-comité du Conseil canadien des ministres de l'environnement de manière à rééquilibrer le rapport de forces entre le fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux en ce domaine.

Environnement Canada donne un sens différent à la vocation et au rôle du comité. Il le considère strictement comme un comité consultatif au service du ministre de l'Environnement. Les représentants d'Environnement Canada ont cherché à faire en sorte que le comité fonctionne de manière efficace. Ils ont procédé à une enquête auprès des membres afin de déterminer leur degré de satisfaction et ils ont récemment pris des mesures pour renforcer le fonctionnement du comité, pour désigner un haut fonctionnaire occupant un poste supérieur à titre de président, pour présenter des offres formelles de consultation aux gouvernements provinciaux et territoriaux et pour élaborer des programmes de planification à plus long terme.

Les représentants des organisations autochtonesxxxvi ont mentionné lors des entrevues que le Comité consultatif national ne traitait pas de problèmes de protection de l'environnement qui les préoccupent beaucoup. Et selon eux, il ne s'agit pas là de la meilleure plate-forme pour obtenir une contribution autochtone. Ils ont soulevé les problèmes suivants concernant la représentation autochtone au sein du comité :

La plupart des personnes interrogées ont reconnu que la mise en application de la LCPE 1999 comme mesure législative habilitante contribuait au fondement des efforts de protection de l'environnement de leurs propres instances. Il leur semble que le ministère s'applique sérieusement à seconder le travail des autres grâce aux consultations et à la diffusion publique de l'information. Plusieurs personnes interrogées provenant de gouvernements provinciaux ont signalé que les travaux scientifiques d'Environnement Canada contribuaient beaucoup à leurs propres programmes de protection de l'environnement. Et certaines organisations non gouvernementales ont signalé l'utilité de l'Inventaire national des rejets de polluants comme moyen d'amélioration du rendement environnemental des entreprises. D'autres personnes interrogées ont signalé que la LCPE 1999 établissait des normes élevées de transparence concernant une vaste gamme d'enjeux environnementaux.

Néanmoins conscientes de ces efforts, la plupart des organisations non gouvernementales pensaient qu'Environnement Canada pourrait faire davantage pour appuyer les efforts environnementaux d'autres intervenants. Elles ont suggéré de consulter le public plus tôt dans le processus de prise de décisions, et que les groupes de défense de l'environnement obtiennent un meilleur soutien financier afin de participer valablement aux différents mécanismes de consultation mis en place par Environnement Canada. Enfin, on a fait remarquer qu'Environnement Canada pourrait procéder à une meilleure intégration de ses renseignements relatifs à l'environnement, de manière à présenter au public un profil plus complet d'installations ou encore d'un problème, et que le Registre environnemental pourrait être rendu davantage interactif et être utilisé plus efficacement comme véhicule de l'information et de la participation publique à la prise de décisions.

Sommaire - Perceptions des réalisations/des progrès

De nombreux intervenants ont fait précéder leurs commentaires d'une remarque à savoir qu'il est encore trop tôt pour évaluer les progrès obtenus dans l'application de la LCPE 1999, compte tenu de la complexité et de la portée de la loi, ainsi que du peu de temps écoulé depuis sa promulgation. Ils ont signalé également l'absence dans la loi de résultats environnementaux attendus contre lesquels mesurer les progrès obtenus, et le fait qu'Environnement Canada avait obtenu depuis peu de temps seulement des ressources additionnelles pour la mise en oeuvre de la LCPE 1999. À leurs yeux, ces deux éléments compliquent l'évaluation des progrès.

La mise en oeuvre de la LCPE 1999 est perçue par les personnes interrogées comme étant une réalisation majeure. La loi est réputée comme étant un défi important pour le ministère présenter sur le plan de la coordination. Celui-ci a été louangé pour l'importance des énergies intellectuelles appliquées à la compréhension et à l'application de la nouvelle version de la loi. Les personnes interrogées ont mentionné les points forts suivants de la LCPE 1999 au cours de ses cinq premières années d'existence :

Les intervenants ont également signalé plusieurs domaines où, selon eux, les progrès ont été insuffisants jusqu'à présent :

Les représentants de l'industrie qui ont été interrogés se sont déclarés satisfaits de l'application de la LCPE 1999, sauf pour quelques exceptions (comme l'évaluation des risques), et ils n'ont pas témoigné de préoccupations majeures. Même ceux d'entre eux qui se préoccupaient de l'approche à l'évaluation des risques d'Environnement Canada avaient tendance à se déclarer satisfaits de l'approche à la gestion des risques. Cependant, plusieurs représentants de l'industrie se sont dits préoccupés par la définition « de tout ou rien » retenue pour la toxicité, qui peut conduire à la catégorisation, au sens de la loi, comme « substances toxiques » de substances aussi différentes que les dioxines et les sels de voirie. Ils sont d'avis que de déclarer toxique une substance donnée stigmatise dans la tête du public les produits et les procédés de fabrication, ce qui s'accompagne de répercussions financières sur les entreprises. C'est pourquoi certains représentants de l'industrie et des gouvernements provinciaux aimeraient que soit créée une catégorie intermédiaire de substances, qui seraient « préoccupantes » et qu'il faudrait gérer, mais qui ne seraient pas « toxiques ».

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