Programme de rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes du Pacifique [proposition] 2011 : Contexte

Date de l’évaluation : Novembre 2004

Nom commun (population) : Baleine noire du Pacifique Nord

Nom scientifique : Eubalaena japonica

Désignation : En voie de disparition

Justification de la désignation : Bien que cette espèce n’ait pas été observée au cours des 50 dernières années dans les eaux canadiennes, elle a été observée au sud et au nord des eaux de la Colombie-Britannique. Il n’est donc pas approprié de désigner cette espèce comme étant disparue. Le total des individus de la population de l’est du Pacifique Nord s’établirait à quelques dizaines de baleines.

Répartition au Canada : Océan Pacifique

Historique de la désignation : La baleine noire a été considérée comme une espèce distincte et a été désignée « en voie de disparition » en 1980. Réexamen de la situation et confirmation de la désignation en avril 1985 et en avril 1990. Division en deux espèces en mai 2003. La baleine noire du Pacifique Nord n’a pas été réévaluée en mai 2003, mais a conservé la désignation initiale « en voie de disparition » de la baleine noire. Réexamen et confirmation de la désignation « en voie de disparition » en novembre 2004. Dernière évaluation fondée sur une mise à jour d’un rapport de situation.

La baleine noire du Pacifique Nord, Eubalaena japonica (Lacépède, 1818; Rosenbaum et al., 2000b), est un mysticète de grande taille et trapu. Toutes les espèces de baleines noires présentent des caractéristiques physiques semblables. L’adulte peut mesurer jusqu’à 18 mètres de longueur et peser plus de 100 tonnes (Kenney, 2001). La femelle est plus grosse que le mâle, et le baleineau mesure de 4,5 à 6 m de longueur à la naissance. La baleine noire se reconnaît à son corps trapu, à sa coloration noire (avec quelquefois des taches blanches sur le ventre), à l’absence de nageoire dorsale, à son large rostre très arqué (environ le quart de la longueur du corps), à sa mâchoire inférieure fortement incurvée et aux callosités qu’elle porte sur la tête. Ces callosités sont des projections irrégulières de tissu épaissi et corné, où peuvent habiter d’importantes populations de crustacés amphipodes spécialisés de la famille des cyamidés (Kenney, 2002). Deux rangées de longs fanons foncés (pouvant atteindre 2,5 m de longueur), au nombre d’environ 225 de chaque côté, pendent de la mâchoire supérieure. La queue est très large, fortement échancrée et noire; le bord de fuite est lisse. Le jet a la forme d’un V et peut atteindre 5 m de hauteur. La baleine noire ne possède pas de gorge élastique, contrairement à d’autres mysticètes qui ont des gorges plissées et extensibles qu’ils utilisent pour engloutir la nourriture composée de gros krill ou de poisson. La baleine noire se nourrit presque exclusivement de copépodes (Calanus spp.) qu’elle engouffre lorsqu’elle traverse, la bouche grande ouverte, des zones en surface où ces organismes sont concentrés. L’absorption de nourriture à l’aide de ses fanons peut aussi avoir lieu en eaux profondes. On a observé des baleines noires de l’Atlantique Nord plongeant pour s’alimenter dans les couches limites du fond (Baumgartner et Mate, 2003; Gregr et Coyle, 2009).

Des études récentes indiquent que la baleine noire du Pacifique Nord, la baleine noire de l’Atlantique Nord ainsi que la baleine franche australe sont trois espèces distinctes et complètement isolées depuis longtemps (Rosenbaum et al., 2000a; Brownell et al., 2001). La baleine franche australe est depuis longtemps identifiée en tant qu’espèce distincte, à savoir E. australis. La baleine noire du Pacifique Nord était autrefois considérée comme appartenant à la même espèce que la baleine noire de l’Atlantique Nord (E. glacialis), mais les données génétiques prouvent que la baleine noire du Pacifique Nord est plus étroitement liée à la baleine franche australe (Rosenbaum et al., 2000a). Rosenbaum et al. (2000a) ont passé en revue les données génétiques sur la baleine noire dans le monde et ont conclu qu’il existe trois espèces différentes. Le comité scientifique de la Commission baleinière internationale a accepté l’analyse ainsi que la nomenclature proposée par Rosenbaum et al., et l’on distingue officiellement trois espèces : E. japonica dans le Pacifique Nord, E. glacialis dans l’Atlantique Nord et E. australis dans l’hémisphère Sud (CBI, 2001b). Plus récemment, Gaines et al. (2005) ont confirmé cette délimitation entre les espèces en examinant l’ADN mitochondrial et nucléaire.

On ne sait pas vraiment quelle est la structure historique de la population de baleines noires du Pacifique Nord. L’information sur la répartition historique est dérivée des cartes élaborées par Matthew Fontaine Maury au début des années 1850 et par Charles Haskins Townsend dans les années 1930, d’après les données tirées des journaux de bord des baleiniers américains (Josephson et al., 2008). Les cartes de Townsend (1935; voir figure 1 pour la carte de l’est du Pacifique Nord) indiquent une répartition discontinue à des latitudes élevées ainsi que quelques prises dans la région du milieu du Pacifique. Ces données ont été utilisées par de nombreux auteurs en tant que preuve pour soutenir l’hypothèse de l’existence de populations de l’est et de l’ouest distinctes dans le Pacifique Nord (Brownell et al., 2001). Cependant, Scarff (1991) signale que les cartes de Maury (Maury, 1852; Maury, 1853) semblent dénoter une aire de répartition de la baleine noire plus uniforme (par rapport à l’effort) dans l’ensemble du Pacifique Nord (Scarff, 1991; figure 2) et que les populations apparemment distinctes de baleines noires dans l’est et dans l’ouest du Pacifique Nord indiquées dans les cartes de Townsend constituent en grande partie un artefact de la répartition non aléatoire des baleiniers dans le Pacifique Nord et de leur concentration dans les secteurs est (golfe d’Alaska, « aire nord-ouest ») et ouest (Kamtchatka/mer d’Okhotsk). Cependant, on a prouvé récemment que la description des données dans les cartes de Maury était erronée. Reeves et al. (2004) donnent des preuves directes que l’aire de répartition des baleines noires de l’Atlantique Nord dans une zone du large appelée « Maury’s Smear » apparaissant dans les cartes de 1852-1853 est à tout le moins partiellement, voire entièrement, erronée en raison d’erreurs dans l’extraction et la transcription des données au moment de l’élaboration des cartes. Ce constat jette le doute sur la fiabilité des déductions concernant l’aire de répartition historique des baleines noires représentée sur les cartes de Maury pour d’autres régions. Josephson et al. (2008) ont par la suite analysé les données de Maury concernant la baleine noire du Pacifique Nord et ont déterminé que des erreurs de localisation avaient également été faites dans cette région. Cette analyse a démontré que les baleines noires n’affichaient vraisemblablement pas une répartition continue dans l’ensemble du Pacifique Nord, comme l’indiquent les cartes de Maury, mais qu’elles présentaient plutôt une répartition bimodale longitudinale prononcée et qu’elles n’étaient pas observées fréquemment dans les zones du centre et du nord du Pacifique Nord (figure 3). Cette répartition bimodale est semblable à celle indiquée dans les cartes de Townsend (1935) (Josephson et al.,2008) et soutient l’hypothèse des deux stocks (populations de l’est et de l’ouest).

Figure 1. Carte des prises historiques de baleines noires dans l’est du Pacifique Nord de 1785 à 1913, d’après les journaux de bord des baleiniers américains (reproduit d’après Townsend, 1935). La couleur des points représente le mois de la prise. L’aire de répartition discontinue aux latitudes élevées a été utilisée pour soutenir l’hypothèse de l’existence de populations de l’est et de l’ouest distinctes dans le Pacifique Nord (Brownell et al., 2001).

Figure 1 . Carte des prises historiques de baleines noires dans l’est du Pacifique Nord de 1785 à 1913, d’après les journaux de bord des baleiniers américains (reproduit d’après Townsend, 1935). La couleur des points représente le mois de la prise. L’aire de répartition discontinue aux latitudes élevées a été utilisée pour soutenir l’hypothèse de l’existence de populations de l’est et de l’ouest distinctes dans le Pacifique Nord (Brownell et al., 2001).

Figure 2. Taux d’observation (nombre de jours durant lesquels des baleines noires ont été observées divisé par le nombre de jours de chasse à la baleine) par secteur de 5° et par mois, tel qu’illustré sur les cartes de Maury (selon la représentation de Scarff, 1991) (d’après Josephson et al., 2008). Récemment, on a prouvé que cette description des données présentant une répartition continue dans l’ensemble du Pacifique était erronée (Reeves et al., 2004; Josephson et al., 2008).

Figure 2 . Taux d’observation (nombre de jours durant lesquels des baleines noires ont été observées divisé par le nombre de jours de chasse à la baleine) par secteur de 5° et par mois, tel qu’illustré sur les cartes de Maury (selon la représentation de Scarff, 1991) (d’après Josephson et al., 2008). Récemment, on a prouvé que cette description des données présentant une répartition continue dans l’ensemble du Pacifique était erronée (Reeves et al., 2004; Josephson et al., 2008).

Figure 3. Taux d’observation (nombre de jours durant lesquels des baleines noires ont été observées divisé par le nombre de jours de chasse à la baleine) par secteur de 5° et par mois, d’après certains résumés de Maury. Les taux d’observation dans cinq secteurs s’étendant sur 5° sont énumérés par mois pour illustrer l’échelle verticale et sont suivis par le nombre de jours durant lesquels des baleines noires ont été observées et de jours de chasse à la baleine entre parenthèses (adapté de Josephson et al., 2008). La nouvelle analyse des données de Maury effectuée par Josephson et al. (2008) démontre que les baleines noires n’étaient pas réparties de façon continue dans l’ensemble du Pacifique Nord (comme l’indiquent les cartes de Maury), mais qu’elles affichaient plutôt une répartition bimodale longitudinale prononcée.

Figure 3. Taux d’observation (nombre de jours durant lesquels des baleines noires ont été observées divisé par le nombre de jours de chasse à la baleine) par secteur de 5° et par mois, d’après certains résumés de Maury. Les taux d’observation dans cinq secteurs s’étendant sur 5° sont énumérés par mois pour illustrer l’échelle verticale et sont suivis par le nombre de jours durant lesquels des baleines noires ont été observées et de jours de chasse à la baleine entre parenthèses (adapté de Josephson et al., 2008). La nouvelle analyse des données de Maury effectuée par Josephson et al. (2008) démontre que les baleines noires n’étaient pas réparties de façon continue dans l’ensemble du Pacifique Nord (comme l’indiquent les cartes de Maury), mais qu’elles affichaient plutôt une répartition bimodale longitudinale prononcée.

Les profils des observations enregistrées au XXe siècle et les récits de captures et de récupération apparemment distincts de baleines noires dans l’est et dans l’ouest du Pacifique Nord viennent renforcer le soutien à l’égard de l’hypothèse des deux stocks, à tout le moins en ce qui concerne les concentrations sur les aires d’alimentation (Brownell et al., 2001). Même si certains auteurs (p. ex. Kenney, 2002) soutiennent qu’il n’y a pas assez de données sur la génétique ou sur les nouvelles observations pour soutenir une telle distinction, la plupart sont en faveur de la distinction entre les populations de baleines noires de l’ouest et de l’est du Pacifique Nord, et un examen effectué par la CBI (2001b) a conclu que la distinction entre les populations de l’est et de l’ouest devait être maintenue jusqu’à ce que de nouvelles données soient disponibles. En conséquence, le présent rapport reconnaîtra également cette distinction entre les populations de l’est et de l’ouest. Le degré d’échange génétique entre les populations de l’est et de l’ouest à des latitudes élevées ou sur d’éventuelles aires de reproduction du large demeure inconnu (Brownell et al., 2001).

La nouvelle analyse récente des données sur la chasse à la baleine de Maury (voir la section 1.3.1, Populations importantes à l’échelle nationale) par Josephson et al. (2008) représente la meilleure information disponible sur l’aire de répartition des baleines noires du Pacifique Nord au cours des années 1840. À l’été, la densité était élevée dans le golfe d’Alaska et le long de la côte est du Kamtchatka, autour des Kouriles et vers le nord, dans la mer d’Okhotsk ainsi que dans la mer du Japon (figure 3; Josephson et al., 2008). À toutes les latitudes situées entre 170° de longitude est et 160° de longitude ouest, la densité des baleines noires a été de beaucoup inférieure à celle présentée dans les cartes de Maury (Josephson et al., 2008). Des baleines noires ont été observées par des baleiniers américains plus vers le sud au printemps qu’au cours des autres saisons. Cela concorde avec l’hypothèse voulant que les baleines noires effectuent un déplacement saisonnier vers le nord à partir des régions situées plus au sud que celles où les baleiniers américains les chassaient habituellement, mais n’indique pas nécessairement l’emplacement des aires d’hivernage ou de mise bas (Josephson et al., 2008). La répartition historique illustrée à la figure 3 est similaire à la répartition des prises de baleines noires présentée dans les cartes de Townsend (1935), lesquelles ne tiennent pas compte de l’effort de recherche.

On sait peu de choses sur la répartition de la baleine noire du Pacifique Nord ultérieure à la période d’exploitation de l’espèce, mais elle est manifestement beaucoup plus restreinte que ce qu’elle était autrefois (Brownell et al., 2001). On dispose de très peu de données sur les aires d’estivage et d’hivernage actuelles. Selon Gaskin (1987), les données sur la chasse à la baleine recueillies par Nemoto (1957, 1959 et 1962) et par Gaskin (1976) indiquent que la majeure partie des baleines noires du Pacifique Nord toujours présentes dans l’est se réunissent à l’été sur le plateau sud-est de la mer de Béring, aux environs de la zone est des îles Aléoutiennes, et près de l’île Kodiak. D’autres études des concentrations historiques et certaines observations estivales récentes indiquent que la mer de Béring et le golfe d’Alaska peuvent contenir d’importantes aires d’alimentation (Scarff, 1986; Scarff, 1991; Moore et al., 2000; Brownell et al., 2001; Clapham et al., 2004; Josephson et al., 2008; Munger et al., 2008). Des observations postérieures à l’époque de la chasse à la baleine ont été signalées au sud, jusqu’au centre de la Basse-Californie dans l’est du Pacifique Nord, jusqu’à Hawaii dans le centre du Pacifique Nord, et, vers le nord, jusqu’aux eaux subarctiques de la mer de Béring et de la mer d’Okhotsk pendant l’été (Herman et al., 1980; Berzin et Doroshenko, 1982; NMFS, 1991; LeDuc, 2004; Wade et al., 2006).

Les aires de mise bas et d’hivernage des baleines noires vivant dans l’est du Pacifique Nord demeurent inconnues. Des baleines noires ont été observées ici et là au large de l’État de Washington, du nord de l’Oregon, de la Californie et d’Hawaii au cours de l’hiver (Scarff, 1986; Gaskin, 1987; Scarff, 1991), mais outre ces observations, Brownell et al. (2001) n’ont trouvé que peu de preuves soutenant le fait que ces zones ont déjà constitué des habitats importants pour les baleines noires du Pacifique Nord.

Les profils migratoires de la baleine noire du Pacifique Nord demeurent inconnus, bien que d’autres espèces de baleines noires passent en général l’été sur des aires d’alimentation situées à des latitudes élevées (Braham et Rice, 1984). Chez les baleines noires de l’Atlantique Nord, une partie de la population va vers le sud en hiver (femelles gestantes, certains juvéniles et quelques mâles adultes), tandis que le reste de la population demeurerait à des latitudes plus élevées (Brown et al.,2009; L. Murison, Centre de recherche sur la vie marine de Grand Manan, communication personnelle, 2010). Sur le plan historique, la baleine noire du Pacifique Nord a été observée à un vaste éventail de latitudes, tant pendant l’été que l’hiver, ce qui témoigne d’une migration décalée ou largement répartie (Scarff, 1991). L’existence de mouvements saisonniers est également manifeste lorsque l’on observe les graphiques mensuels du XXe siècle et les dossiers historiques (Clapham et al., 2004; Josephson et al., 2008).

Les données historiques sur la chasse à la baleine (figures 1 et 3) indiquent que des baleines noires étaient présentes dans les eaux canadiennes du Pacifique d’avril à octobre (Townsend, 1935; Clapham et al., 2004; Josephson et al., 2008), probablement pour se nourrir, pour migrer en provenance ou à destination des lieux de mise bas.

Faute de données, il est impossible de confirmer la présence de l’espèce ou de décrire sa répartition au Canada. Seulement sept baleines noires ont été capturées par les baleiniers de la C.-B., qui exerçaient surtout leurs activités dans les eaux côtières (tableau 1, figure 4). La dernière observation confirmée de baleine noire dans les eaux canadiennes du Pacifique aurait eu lieu en 1970 à bord d’un petit bateau éclaireur japonais, à l’ouest de Haida Gwaii (tableau 1; Wada, 1975). Cependant, en raison de la plage des coordonnées rapportées, il se pourrait que cette observation n’ait pas eu lieu dans les eaux canadiennes du Pacifique. Une baleine noire aurait été observée dans les eaux canadiennes du Pacifique en 1983 dans l’embouchure du détroit de Juan de Fuca (tableau 1; Reeves et Leatherwood, 1985); toutefois, cette observation n’a pas été confirmée. Aucune baleine noire n’a été observée dans les 28 725,33 km couverts par le relevé sur les cétacés mené à bord d’un navire entre 2002 et 2008 dans les eaux côtières canadiennes du Pacifique dans le cadre du Programme de recherche sur les cétacés de la Station biologique du Pacifique de Pêches et Océans Canada (Ford et al., 2010a). Même si l’effort consenti au chapitre des relevés pendant cette période a été important (voir l’annexe A), il était axé principalement sur les espèces côtières et a été minime dans les zones du large (> 10 milles marins de la côte) qui étaient autrefois occupées par les baleines noires, comme l’indiquent les prises des baleiniers (figure 1). On n’a détecté aucune vocalisation de baleines noires pendant la phase initiale de la surveillance acoustique passive (2006 et 2007)2 menée par Pêches et Océans Canada dans les eaux côtières canadiennes du Pacifique (Ford et al., 2010b).

Tableau 1. Prises et observations de baleines noires dans les eaux de la Colombie-Britannique, de 1900 à 2008.

DATE

EMPLACEMENT

TYPE

NOMBRE

STATION
BALEINIÈRE

RÉFÉRENCE

Juin 1914

Haida Gwaii
(pas de coordonnées)

Prise

1

Naden Harbour

Nichol et al., 2002

Juin 1918

Haida Gwaii
(pas de coordonnées)

Prise

1

Rose Harbour

Nichol et al., 2002

15 juin 1924

À l’ouest de l’entrée Dixon
(54° 35’ N, 133° 55’ O)

Prise

1

Naden Harbour

Nichol et al., 2002

24 juin 1924

À l’ouest de l’île Graham
(54° 05’ N, 133° 40’ O)

Prise

1

Naden Harbour

Nichol et al., 2002

10 juin 1926

À l’ouest de l’île Graham
(53° 40’ N, 133° 45’ O)

Prise

1

Naden Harbour

Pike et MacAskie, 1969

10 juin 1929

Haida Gwaii
(pas de coordonnées)

Prise

1

Rose Harbour

Nichol et al., 2002

18 juillet 1951

Au nord-ouest au large de l’île de Vancouver (50° N, 128° O)

Prise

1

Coal Harbour

Pike et MacAskie, 1969

1970

À l’ouest de Haida Gwaii
(50-55° N, 130-140° O)

Obser-vation

2

-

Wada, 1975 †

1983

Détroit de Juan de Fuca
(48° 33’ N, 124° 39’ O)

Obser-vation

2

-

Reeves et Leatherwood,
1985, cités dans Braham, 1986††

† En raison de la plage de coordonnées fournie pour cette observation, il se peut que celle-ci ait eu lieu immédiatement à l’extérieur des eaux canadiennes.
†† Observation non confirmée.

Figure 4. Observations et prises de baleines noires dans les eaux de la Colombie-Britannique et dans les eaux américaines adjacentes à la frontière canadienne, de 1900 à 2008. Il convient de noter que l’on n’a pas trouvé les coordonnées de plusieurs prises localisées aux stations baleinières (voir tableau 1) et que la plage des coordonnées de l’observation faite en 1970 (Wada, 1975) est trop étendue pour qu’on puisse la situer sur cette carte.

Figure 4 . Observations et prises de baleines noires dans les eaux de la Colombie-Britannique et dans les eaux américaines adjacentes à la frontière canadienne, de 1900 à 2008. Il convient de noter que l’on n’a pas trouvé les coordonnées de plusieurs prises localisées aux stations baleinières (voir tableau 1) et que la plage des coordonnées de l’observation faite en 1970 (Wada, 1975) est trop étendue pour qu’on puisse la situer sur cette carte.

Observations dans les eaux adjacentes aux eaux canadiennes

Trois observations effectuées près de la côte ont permis de documenter la présence de sept spécimens dans les eaux américaines, à proximité de la frontière entre la C.-B. et l’État de Washington (tableau 2, figure 4). La proximité du lieu de ces observations par rapport aux eaux canadiennes laisse supposer que ces baleines peuvent utiliser des habitats similaires dans les eaux canadiennes ou qu’elles peuvent emprunter les eaux canadiennes pour se rendre à la mer de Béring et au golfe d’Alaska, où des baleines noires sont observées durant l’été. Entre 1958 et 1977, huit observations ont été enregistrées dans les eaux du large (c.-à-d. à l’extérieur de la limite de 200 milles jusqu’à 145° O) (tableau 2).

Tableau 2 . Observations de baleines noires du Pacifique Nord dans les eaux du large et côtières adjacentes aux eaux canadiennes du Pacifique, de 1900 à 2008.

DATE

EMPLACEMENT

NOMBRE

RÉFÉRENCE

Eaux côtières

8 avril 1959

Au sud-ouest de Grays Harbour, Washington
(45° 55’ N, 125° 25’ O)

3

Fiscus et Niggol, 1965

17 janvier 1967

À l’ouest du cap Flaherty, Washington
(48° 20’ N, 125° 06’ O)

3

Rice et Fiscus, 1968

24 mai 1992

Au nord-ouest de Grays Harbour, Washington
(47° 17’ N, 125° 11’ O)

1

Rowlett et al., 1994

Eaux du large

1958-1967

50° N, 145° O

2

Pike et MacAskie, 1969

1958-1967

54° N, 155° O

1

Pike et MacAskie, 1969

1973

45-50° N, 140-150° O

1

Wada, 1975

1974

40-50° N, 140-160° O

1

Anonyme, 1976

1975

40-45° N, 140-150° O

2

Wada, 1977

1977

40-50° N, 140-145° O

1

Wada, 1979

1977

45-50° N, 135-140° O

2

Wada, 1979

Les baleines noires du Pacifique Nord ont été exploitées de façon intensive de 1835 à 1900, jusqu’à ce que l’espèce se raréfie dans toute son aire de répartition et ne constitue plus une cible de prédilection pour les chasseurs commerciaux (Scarff 1986, 2001). On estime que l’abondance de cette espèce avant l’exploitation dépassait 11 000 individus (NMFS, 1991). Cependant, Scarff (2001) a analysé l’ensemble de la mortalité associée à la chasse à la baleine de 1839 à 1909, y compris la mortalité de baleines abattues et perdues et la mortalité associée aux baleiniers non américains, et a estimé une abondance antérieure à la période d’exploitation oscillant entre 26 500 et 37 000 individus. Parmi les grandes espèces de baleines, les baleines noires du Pacifique Nord et de l’Atlantique Nord sont celles qui ont affiché le moins de signes de rétablissement après que leurs populations ont été décimées par la chasse. Comme on sait actuellement très peu de choses à propos de la population du Pacifique Nord, il est impossible d’établir des tendances en matière de population à l’heure actuelle, et ce n’est que récemment que les premières estimations de l’abondance de la population ont été présentées (Wade et al., 2010).

La plupart des estimations de l’abondance et des tendances récentes en matière de population sont fondées sur des hypothèses, car elles s’appuient sur des profils d’observation généraux (p. ex. Berzin et Yabokov, 1978; Braham et Rice, 1984; Berzin et Vladimirov, 1989; Vladimirov, 1994; Vladimirov, 2000, cité dans Brownell et al., 2001). Même les études qui sont les plus quantitatives (p. ex. Ohsumi et Wada, 1974; Miyashita et Kato, 1998) présentent une forte variance au chapitre des estimations de l’abondance en raison d’extrapolations établies à partir de petits échantillons répartis sur de grandes zones géographiques (Brownell et al., 2001). Il est presque certain que les baleines noires du Pacifique Nord ne sont pas plus nombreuses que celles observées dans l’ouest de l’Atlantique Nord (~300; CBI, 1999; Brown et al., 2009), et la majeure partie de celles-là sont présentes dans l’ouest du Pacifique Nord. La population de l’ouest du Pacifique Nord a fait l’objet de peu d’études, mais il est possible qu’elle soit en croissance (Miyashita et Kato, 1998). Une estimation établissant la population à 922 individus (CV = 0,433; IC de 95 % = 404-2 108) a été établie pour la mer d’Okhotsk pour la période allant de 1989 à 1992 (Miyashita et Kato, 1998). Cependant, la fiabilité de cette estimation est faible (IC de 95 % = 404-2 108). Nombreux sont ceux qui estiment encore qu’il est improbable qu’il y ait plus que quelques centaines d’individus au sein de la population de l’ouest (Knowlton et al.,1994; CBI, 1999; CBI, 2001a; Kraus et al., 2001).

Ohsumi et Wada (1974) et Wada (1976) ont estimé l’effectif à 120 individus dans l’est du Pacifique Nord. Plus récemment, l’absence d’observations malgré l’effort de relevé considérable consenti par les Japonais et les Américains donne à penser que la population pourrait compter quelques dizaines d’individus (Miyashita et Kato, 1998; Scarff, 1986; LeDuc et al., 2001; NMFS, 2006). Clapham et al. (2005) estiment que la population totale de l’est du Pacifique Nord est de beaucoup inférieure à 100 individus. Wade et al. (2010), en ayant recours à des méthodes de marquage-recapture, ont établi des premières estimations de l’abondance correspondant à 31 individus (CL de 95 %=23-54) en se fondant sur des données de photo-identification, et à 28 individus (CL de 95 %=24-42) en se fondant sur des données génétiques provenant de la mer de Béring et des îles Aléoutiennes. Même si ces estimations peuvent représenter une sous-population ayant une forte fidélité aux sites du sud-est de la mer de Béring, on ne pense pas que la population totale de l’est du Pacifique Nord soit beaucoup plus importante (Wade et al., 2010).

L’abondance actuelle, les taux de reproduction, les profils de répartition, les voies migratoires ainsi que les aires d’alimentation et de mise bas des baleines noires du Pacifique Nord demeurent inconnus. D’après l’information disponible sur d’autres populations de baleines noires vivant ailleurs dans le monde, la Commission baleinière internationale (CBI) a établi quatre catégories d’habitat pour la baleine noire (NMFS, 2009).

  1. Les aires d’alimentation présentant de fortes densités de copépodes et de krill, où les baleines noires s’alimentent couramment et où elles se rendent sur une base saisonnière. L’alimentation a lieu au printemps, en été et en automne à des latitudes plus élevées, où les températures de l’océan sont fraîches et où la production biologique est élevée (Kenney, 2002).
  2. Les aires de mise bas qui sont utilisées couramment pour la mise bas et l’allaitement des baleineaux. La mise bas a lieu à de basses latitudes en hiver, et les aires de mise bas connues sont situées dans des régions côtières ou des baies peu profondes (Kenney, 2002; NMFS, 2006).
  3. Les aires de regroupement pour la croissance, où les femelles en lactation nourrissent et allaitent leur petit.
  4. Les lieux de reproduction, où le comportement de reproduction se déroule. L’accouplement a lieu en hiver et peut avoir lieu à l’écart des aires de mise bas3 (Kenney, 2002).

La répartition de la baleine noire est en grande partie fonction de la présence d’agglomérations importantes et denses de proies (NMFS, 2006). Les baleines noires sont des animaux qui s’alimentent par filtration d’espèces situées au bas du réseau trophique. Elles s’alimentent exclusivement de zooplancton, principalement de copépodes. D’après les observations sur le terrain et les études de contenus stomacaux limitées, la baleine noire du Pacifique Nord serait moins monophage que la baleine noire de l’Atlantique Nord (Gregr et Coyle, 2009), laquelle dépend fortement du copépode Calanus finmarchius (maintenant appelé C. marshallae) (Brown et al., 2009). Les contenus stomacaux de baleines noires de l’ouest du Pacifique Nord contenaient Neocalanus plumchrus, C. finmarchicus, N. cristatus, Metridia spp. et une petite quantité d’euphausiacés (Omura, 1958, cité dans NMFS, 2006). Les contenus stomacaux des baleines noires de l’est du Pacifique Nord contenaient, quant à eux, N. plumchrus, N. cristatus et E. pacifica (krill) (Omura et al., 1969, Omura, 1986); les résultats d’un échantillonnage du zooplancton réalisé à proximité de baleines en train de s’alimenter révèlent que celles-ci s’alimentent de C. marshallae (Tynan, 1999; Tynan et al., 2001; Coyle, 2000, cité dans NMFS, 2006). Une seule baleine peut consommer plusieurs tonnes de copépodes par jour. La modélisation bioénergétique indique que les baleines noires ont besoin de 407 000 à 1 140 000 calories par jour – l’équivalent de 0,25 à 2,6 milliards de copépodes C. finmarchicus à des stades de développement avancés (Kenney et al., 1986).
Aucun habitat important pour la baleine noire du Pacifique Nord n’a été désigné dans les eaux canadiennes du Pacifique en raison du manque d’efforts consentis à long terme pour mener des relevés et du très faible nombre d’observations de baleines noires. On peut avoir recours à la modélisation océanographique pour prévoir la présence d’habitats potentiellement importants et contribuer à centrer les efforts de relevé futurs. En utilisant les connaissances sur les proies de la baleine noire et l’océanographie du Pacifique Nord, agglomérations(Gregr et Coyle, 2009). Cependant, le fait de passer de prévisions de l’habitat d’alimentation potentiel à des prévisions de l’utilisation de l’habitat par la baleine noire représente une autre étape, et on ne sait pas encore comment la baleine noire du Pacifique Nord utilise son environnement et trouve les agglomérations de proies. Il a été avancé que si l’on accumule des données sur plusieurs générations de baleines noires, il sera possible de déterminer le caractère adéquat à long terme des habitats d’alimentation à l’aide de données sur les conditions océanographiques à long terme (Gregr et Coyle, 2009).

On estime que les profils de consommation alimentaire des grands cétacés (comme la baleine noire) ont eu d’importants effets sur la structure des communautés de la mer de Béring (NRC, 1996). Laws (1985) estime que l’énorme réduction de la biomasse des grandes baleines dans l’Antarctique (provoquée par la chasse commerciale) peut avoir libéré 150 millions de tonnes de krill par année, volume dont les prédateurs restants ont pu profiter, ce qui a entraîné une augmentation des populations de plus petites baleines, de phoques, d’oiseaux de mer et de poissons. De la même façon, une réduction des populations des principaux consommateurs de plancton, comme la baleine noire, et l’augmentation subséquente observée chez le plancton peuvent avoir contribué grandement au changement observé chez les principales espèces exploitées dans la mer de Béring au cours des années 1970 et 1980 (Bowen, 1997).

La réduction des populations de mysticètes et le changement observé chez les principales espèces exploitées ont eu lieu en même temps que se sont produits des changements physiques dans l’ensemble du Pacifique. Les productions primaire et secondaire se sont accrues dans le Pacifique Nord en raison de la profondeur des couches mélangées de diverses régions (Venrick et al., 1987; Venrick, 1994; Polovina et al., 1995). Les changements combinés de l’abondance des espèces, de la composition des communautés, de l’organisation trophique et de facteurs physiques témoignent d’un changement de régime (Benson et Trites, 2002). Or, un tel changement de régime pourrait vraisemblablement être accéléré par un changement abrupt de la biomasse des grandes baleines, augmentant par le fait même la quantité de plancton disponible pour les autres prédateurs. On a postulé récemment que des mammifères marins peuvent exercer un effet du haut vers le bas, c’est-à-dire sur la production de plancton, et que les impacts de la chasse à la baleine peuvent avoir altéré directement les structures de l’écosystème pélagique marin (Smetacek, 2009).

Les facteurs limitatifs biologiques suivants pourraient empêcher ou ralentir le rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord, quels que soient les impacts des menaces potentielles pesant sur la viabilité de la population et les habitats de cette espèce mentionnés ci-après (voir la section 1.5, Menaces).

Nombre d’individus et diversité génétique (dépression de consanguinité)

La petite taille de la population de baleines noires du Pacifique Nord est critique, ce qui pourrait entraîner une faible diversité génétique menant à une dépression de consanguinité, limitant par le fait même le rétablissement. La dépression de consanguinité constitue une préoccupation majeure en ce qui concerne la gestion et la conservation d’espèces en voie de disparition (Hedrick et Kalinowski, 2000). Rosenbaum et al. (2000a) ont déterminé que la diversité de l’haplotype d’ADNmt (chez les individus restants) est faible au sein de la population de baleines noires de l’Atlantique Nord et qu’elle est encore plus faible chez les espèces du Pacifique Nord (haplotypes 5 et 2 respectivement). Cette faible variation génétique est un facteur limitatif potentiel de la santé des populations du fait qu’elle peut induire une dépression de consanguinité (Schaeff et al., 1997). Une population affectée par une dépression de consanguinité peut subir une réduction de sa reproduction et de son recrutement à la suite d’une baisse de la fécondité, d’une diminution de la survie néo-natale et juvénile ou d’une résistance moindre aux maladies (Charlesworth et Charlesworth, 1987; Haebler et Moeller, 1993; Frankham, 1995a; Frankham, 1995b; Hedrick et Kalinowski, 2000). Les données observées en ce qui concerne l’ADNmt semblent indiquer que la baleine noire de l’Atlantique Nord est passée par un très petit « goulot d’étranglement » génétique (Schaeff et al., 1993), ce qui peut avoir entraîné une réduction du taux de reproduction et une augmentation de l’intervalle entre les naissances (Knowlton et al.,1994). En raison de la rareté des individus de l’espèce, la dépression de consanguinité doit être considérée comme un facteur limitatif majeur pour le rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord.

Effet d’Allee

L’effet d’Allee, ou mécanisme dépensatoire, renvoie à l’impact négatif sur les taux de reproduction découlant d’une réduction des interactions sociales nécessaires à la reproduction (c.-à-d. comme on l’a observé chez des « groupes actifs en surface » de baleines noires de l’Atlantique Nord, lesquels ont besoin de plusieurs mâles; Kraus et Hatch, 2001) et à la perte de possibilités d’accouplement (la probabilité de trouver un partenaire viable est faible) au sein des petites populations (Anonyme, 2000; NMFS, 2006). Toutefois, il sera toujours difficile de vérifier que l’effet d’Allee est la cause de la réduction du succès reproducteur lorsque d’autres explications existent.

Caractéristiques du cycle biologique

Même si l’on ne dispose d’aucune donnée sur les baleines noires du Pacifique Nord, des études menées sur d’autres populations de baleines noires indiquent qu’il s’agit d’une espèce longévive qui peut atteindre au moins l’âge de 30 ans (Brown et al.,2009) et jusqu’à l’âge de 70 ans (Hamilton et al., 1988; Kenney, 2002). Les femelles atteignent leur maturité sexuelle à un âge avancé, qui est estimé à neuf ou dix ans (Hamilton et al., 1988); elles affichent également un long intervalle entre les mises bas, à savoir approximativement trois ou quatre ans (Knowlton et al., 1994). Ces caractéristiques biologiques font en sorte que les baleines noires sont particulièrement vulnérables à l’exploitation, aux variations environnementales et à la stochasticité démographique, facteurs qui peuvent avoir une incidence sur le rétablissement (Clapham et al., 1999). Avant que ne soient observés une femelle et un baleineau dans la mer de Béring le 24 août 2002 ainsi que deux baleineaux en septembre 2004 (Wade et al., 2006), aucune autre observation de baleineaux n’avait eu lieu dans l’est du Pacifique Nord depuis 1900 (Ferrero et al., 2000).

Changement climatique et approvisionnement en nourriture

Les changements de régime causés par le climat peuvent occasionner de profondes transformations dans les relations écologiques sur de vastes régions océanographiques (Francis et Hare, 1994); ces transformations se manifestent plus vite aux niveaux trophiques inférieurs des écosystèmes marins (Benson et Trites, 2002). Une augmentation de la température à la surface de l’eau pourrait entraîner un déclin de la population de zooplancton (Roemmich et McGowan, 1995), modifiant ainsi la capacité biotique du Pacifique (Venrick et al., 1987). Puisque les baleines noires ont besoin d’une forte densité de copépodes (Omura et al., 1969), lesquels dépendent de certains facteurs physiques, l’espèce pourrait être plus vulnérable que les autres cétacés aux impacts provenant d’un changement climatique à l’échelle mondiale (Kenney, 2002).

Les effets potentiels résultant d’un approvisionnement insuffisant en nourriture pourraient être soit une réduction des taux de croissance des individus, ce qui retarderait la maturité sexuelle, soit une réserve de graisse insuffisante chez les femelles gestantes ou qui allaitent (Kenney et al.,1986). La réduction de l’abondance des copépodes, causée par un changement climatique ou par la concurrence, constitue une explication plausible du faible taux de croissance de la population observé chez les baleines noires du Pacifique Nord (Kenney, 2002). Cependant, il convient de noter que même si l’approvisionnement en nourriture peut être un facteur en cause, les contraintes démographiques sont bien plus susceptibles d’être la principale cause des faibles taux de croissance chez les baleines noires du Pacifique Nord. En outre, les impacts peuvent être amplifiés par la fidélité matrilinéaire aux aires d’alimentation (Kenney, 2002; Schaeff et al., 1993) et, probablement, par une capacité réduite à trouver de nouvelles aires d’alimentation lorsque le changement des conditions entraîne un changement dans la répartition des proies.

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