Programme de rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes du Pacifique [proposition] 2011 : Menaces

Menaces historiques

Chasse commerciale à la baleine

Autrefois, les baleines noires faisaient l’objet d’une chasse commerciale intensive en raison de leur imposante taille, de leur lenteur, de leur tendance à se regrouper et de leur épaisse couche de lard qui les faisait flotter après qu’elles ont été tuées, ce qui en faisait des cibles faciles et attrayantes. La chasse commerciale à la baleine noire a débuté dans le Pacifique Nord en 1835 (Scarff, 1991; 2001). La chasse à la baleine a atteint son sommet entre 1839 et 1848, décennie où environ 80 % du total des prises historiques ont été effectuées (Scarff, 2001). En 1900, l’espèce était devenue décimée au sein de son aire de répartition à un point tel qu’elle a cessé d’être une des principales cibles de la chasse commerciale à la baleine (Scarff, 2001). Le total des prises déclarées de baleines noires effectuées par les baleiniers américains serait d’au moins 14 500 individus (Best, 1987; CBI, 1986). Scarff (2001) estime que la mortalité totale associée à la chasse entre 1839-1909, y compris la mortalité des baleines abattues et perdues ou de celles tuées par des chasseurs non américains, se situait entre 26 500 et 37 000 individus. Bien que les baleines noires profitent de la protection internationale contre la chasse commerciale assurée parla Convention internationale pour la réglementationde la chasse à la baleine de 1931, entrée en vigueur en 1935, d’importants pays pratiquant la chasse dans le Pacifique Nord (Japon et Union soviétique) n’ont pas signé la Convention et ont continué à chasser la baleine noire du Pacifique Nord tout au long de la Seconde Guerre mondiale (Scarff, 1986). La première interdiction majeure concernant la chasse commerciale à la baleine qui a été acceptée par l’ensemble des principales nations du Pacifique Nord pratiquant la chasse à la baleine a été mise en œuvre par la CBI en 1949. Cependant, la chasse à la baleine à des fins de « recherche » était toujours légale en vertu de cette convention; les Japonais ont capturé 13 baleines noires et les Soviétiques en ont capturé 10 de façon légale dans les années 1950 et 1960 (Brownell et al., 2001).

Après la période de chasse commerciale à la baleine, une chasse illégale a eu lieu dans le Pacifique Nord, et ce, de façon beaucoup plus importante qu’on ne le croyait. Brownell et al. (2001) affirment que la chasse illégale pratiquée de 1961 à 1979 par l’Union soviétique expliquerait que les populations de baleines noires du Pacifique Nord aient été décimées. Des centaines de baleines noires ont été capturées de façon illégale dans les îles Kouriles et dans la mer Okhotsk, et 372 baleines noires ont été tuées dans l’est du Pacifique Nord, principalement dans le golfe d’Alaska et dans le sud-est de la mer de Béring (Yablokov, 1994; Zemsky et al., 1995; Tormosov et al., 1998; Doroshenk, 2000; Ivashchenko et al., 2008). La population restante peut s’être lentement rétablie de la chasse commerciale à la baleine jusque dans les années 1960, lorsque son rétablissement a de nouveau été compromis par des prises illégales effectuées par les Soviétiques (Brownell et al., 2001; Clapham et Ivashchenko, 2009).

Chasse de subsistance/prélèvements par les Autochtones

La baleine noire du Pacifique Nord était chassée autrefois par les tribus Nuu-chah-nulth (Nootkan) du centre et du nord au large de la côte ouest de l’île de Vancouver (Monks et al., 2001). La chasse de subsistance a également été pratiquée par la nation Haida au large d’Haida Gwaii et des îles de la Reine-Charlotte, mais on ignore si des baleines noires ont été capturées (Acheson et Wigen, 2002). Divers peuples autochtones de l’État de Washington chassaient également cette espèce (Mitchell, 1979), même si elle n’était pas la cible principale de leur chasse et que les prises de cette espèce n’étaient pas importantes (Brownell et al., 2001). Actuellement, les chasseurs de subsistance de l’Alaska et de la Russie n’ont pas déclaré la capture de spécimens provenant de la population de baleines noires de l’est du Pacifique Nord (Ferrero et al., 2000). Dans les eaux canadiennes, il est peu probable que l’intérêt des Autochtones concernant la chasse à la baleine du Pacifique Nord soit ravivé étant donné l’extrême rareté des individus de l’espèce.

Menaces potentielles actuelles

Faute de données sur l’occurrence, la répartition, l’utilisation de l’habitat, la reproduction et la génétique de la baleine noire dans les eaux canadiennes du Pacifique, on ne peut pas déterminer directement quelles sont les menaces actuelles. Cependant, il est important de prendre en considération toutes les menaces susceptibles d’avoir une incidence sur la survie des baleines noires présentes dans les eaux canadiennes du Pacifique ainsi que sur leur habitat. Ci-après sont énumérées les menaces qui ont été relevées comme pouvant avoir une incidence sur les baleines noires du Pacifique Nord d’après des informations concernant d’autres populations de baleines noires dans le monde ainsi que d’autres espèces de grandes baleines. À l’heure actuelle, on ne peut évaluer l’importance ni établir l’ordre de priorité de ces menaces potentielles pesant sur les baleines noires du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Circulation maritime et collisions avec des navires

Dans l’Atlantique Nord, les collisions avec des navires constituent la principale cause de blessures et de mortalité d’origine humaine chez les baleines noires (Kraus et al., 2005; Jensen et Silber, 2004; Moore et al., 2007), tant en ce qui concerne les petits que les grands navires (Knowlton et Brown, 2007). Des enquêtes récentes semblent indiquer que des vitesses de navire inférieures à 13 nœuds (26 km/h) augmentent les probabilités d’évitement des collisions par les baleines noires (Knowlton et Brown, 2007). Lorsque les vitesses de navire sont supérieures à 15 nœuds (28 km/h), la mortalité attribuable aux collisions avec des navires atteint près de 100 %, tandis qu’à des vitesses inférieures à 11,8 nœuds (22 km/h), la mortalité chute à moins de 50 % (Vanderlaan et Taggart, 2007).

On ne sait pas si les collisions avec des navires représentent une source importante de blessures ou de mortalité chez la baleine noire du Pacifique Nord. La base de données sur les collisions entre des navires et des grandes baleines (Jensen et Silber, 2004), qui contient des données sur les collisions entre des navires et des grandes baleines dans le monde de 1975 à 2002, ne renferme aucune mention de collision avec des baleines noires du Pacifique Nord. Cependant, les collisions avec des navires peuvent être sous-déclarées dans le cas des baleines noires présentes au large de la côte canadienne du Pacifique en raison de l’éloignement de la majeure partie de ces régions côtières et du fait que les collisions avec des navires peuvent être non détectées ou non déclarées.

Au cours des 20 dernières années, le trafic maritime de transport de conteneurs et de croisière passant par les ports de la C.-B. s’est accru de 200 % et devrait continuer à augmenter (Transports Canada, 2005). Cette augmentation du trafic maritime peut perturber les baleines noires en incitant celles-ci à s’éloigner de leur habitat important et en augmentant le risque de collisions avec des navires. Au fur et à mesure que des données seront recueillies sur la répartition et l’utilisation de l’habitat des baleines noires du Pacifique Nord, la proximité de ces baleines par rapport aux principales voies de navigation nous permettra de déterminer si les collisions avec des navires peuvent représenter une menace importante.

Emmêlement dans des engins de pêche

L’emmêlement dans les engins de pêche est une cause de blessures et de mortalité importante chez les baleines noires de l’Atlantique Nord (Kraus, 1990; Clapham et al., 1999; CBI, 2001a; Kraus et al., 2005); il est possible que les baleines noires dans le nord du Pacifique soient aussi exposées à cette menace. Les situations d’emmêlement qui ne causent pas la mort directement peuvent entraîner un affaiblissement graduel de l’individu emmêlé, ce qui le rendra plus vulnérable à d’autres causes indirectes de mortalité, comme les maladies (Kenny et Kraus, 1993). Une récente analyse a révélé que plus de 75 % des baleines noires de l’Atlantique Nord portent des cicatrices dues à un engin de pêche (Knowlton et al., 2005, cité dans Brown et al., 2005). L’accumulation de cicatrices a augmenté dans les années 1990, et on a constaté que les baleines noires juvéniles sont plus susceptibles de s’enchevêtrer que les adultes (Knowlton et al., 2005, cités dans Brown et al., 2009). Il a été établi que les cordages verticaux et horizontaux des engins de pêche fixes (filets maillants et casiers) utilisés au Canada et aux États-Unis (Johnson et al., 2005) sont les plus souvent en cause dans les emmêlements de baleines noires.

En raison des pêches japonaises au saumon qui sont pratiquées depuis 1991 à l’aide de filets dérivants dans la zone économique exclusive (ZEE) de la Russie (à l’intérieur de la mer d’Okhotsk et près du Kamtchatka), l’emmêlement dans des engins de pêche peut représenter une menace pour la population de baleines noires de l’ouest du Pacifique Nord (Brownell et al., 2001). T. Miyashita a signalé la présence d’une baleine emmêlée dans des engins de pêche dans la mer d’Okhotsk en 1992 (Brownell et al., 2001). La pêche au filet maillant russe a entraîné la mort de deux baleines noires : une en 1983 et une autre au large de la péninsule du Kamtchatka (Russie) en 1989 (NMFS, 1991; Kornev, 1994). Même si aucun cas de baleine emmêlée dans des engins de pêche n’a été signalé dans la mer de Béring ou dans les eaux canadiennes du Pacifique, des activités de pêche intensives ont lieu dans l’est de la mer de Béring, et les emmêlements doivent être considérés comme une menace pour les baleines noires dans cette région, parmi lesquelles peuvent se trouver des individus qui utilisent également les eaux canadiennes du Pacifique.

Bruit

Les baleines noires, comme tous les mysticètes, se servent de sons pour communiquer, s’orienter ainsi que détecter leurs prédateurs et peut-être leurs proies (Clark, 1994; Parks et al., 2006). Les sources de bruit qui interfèrent avec ces fonctions peuvent, par conséquent, entraîner une perturbation des activités de migration, d’alimentation et de reproduction ainsi que d’autres activités vitales (Richardson et al., 1995). Les effets du bruit sur les baleines noires peuvent aller de changements légers dans le comportement à des dommages physiologiques, comme une perte d’audition permanente et la mortalité attribuable à des blessures à l’oreille interne infligées par des détonations (Richardson et al., 1995).

Même si l’on ignore la mesure dans laquelle les diverses sources de bruit affectent la baleine noire du Pacifique Nord, l’activité anthropique dans l’environnement marin produit des sons dans la plage audible de la baleine noire de l’Atlantique Nord (qui serait de 10 Hz à 22 kHz; Parks, 2003) et, par conséquent, peut affecter ces baleines. Parmi les sources de tels bruits, mentionnons les essais sismiques effectués dans les campagnes d’exploration des ressources pétrolières et gazières, l’utilisation de sonars actifs et passifs et l’essai d’explosifs par les militaires, l’utilisation de sonars pour trouver des poissons et cartographier le fond, les dispositifs de dissuasion acoustique ainsi que l’accroissement des niveaux de bruits attribuables aux activités industrielles maritimes courantes (p. ex. aquaculture, construction maritime), aux navires commerciaux et aux petits navires (Brown et al. 2009). La navigation commerciale est la principale cause de bruits sous-marins chroniques (de 5 à 500 Hz). De 1950 à 2000, le bruit de basse fréquence dans les océans s’est accru de 16 dB, ce qui correspond à un doublement du niveau de bruit (3 dB) chaque décennie ou à une augmentation annuelle de 7 % de la puissance du bruit (NRC, 2003; CBI, 2004).

On a observé des preuves de perturbation et de déplacement des baleines attribuables aux bruits sous-marins chez plusieurs espèces de mysticètes (Richardson et al., 1995). Parmi les réactions, mentionnons l’évitement des zones où du bruit est émis, l’interruption de l’alimentation, l’éloignement des sources de bruit ainsi que des changements dans les profils de respiration et de plongée (Anonyme, 2005; Frankel et Clark, 2000; McCauley et al.,2000; Richardson et al., 1995; Stone et Tasker, 2006; Weir, 2008).

La fréquence fondamentale des sons émis par la baleine noire de l’Atlantique Nord se situe entre 50 Hz et 2 kHz (Parks, 2003); des vocalisations similaires ont été documentées pour la baleine noire de l’est du Pacifique Nord (McDonal et Morre, 2002; Mellinger et al., 2004; Munger et al., 2008). Les appels des baleines noires ont lieu à la même fréquence que les bruits d’origine anthropique, et notamment à la même fréquence que les bruits de la navigation commerciale, et c’est pourquoi il est possible que les vocalisations soient couvertes par le bruit (Parks et al., 2007). Or, le fait de masquer les vocalisations des baleines noires peut interférer avec leur communication (Richardson et al., 1995), ce qui entraîne une réduction des communications sociales (p. ex. appels de contact, interactions mère-petit) et peut occasionner une réduction des possibilités d’accouplement (Richardson et al., 1995). On a démontré que les changements observés dans les comportements d’appel des baleines noires de l’Atlantique Nord et des baleines franches australes varient selon les niveaux de bruit de fond, ce qui indique que les baleines peuvent modifier la fréquence (Hz) de leurs appels afin de compenser les effets de couverture pendant les périodes de forte production de bruit (Parks et al., 2007).

Les explosions sous-marines associées à des activités de construction, à des exercices de sonar militaires et à des relevés sismiques ont une incidence directe sur la physiologie des baleines et peuvent entraîner la mortalité de celles-ci (Richardson et al., 1995; Ketten et al., 1993). En 1992, on a observé des rorquals à bosse, au large de Terre-Neuve, dont les structures auditives avaient été endommagées après la tenue d’explosions sous-marines pour la construction d’installations pétrolières (Ketten et al., 1993; Lien et al., 1995); Todd et al. (1996) signalent que des bruits aigus ont été mis en corrélation avec une augmentation des taux d’emmêlement dans les engins de pêche chez les rorquals à bosse. La United States Navy a publié un rapport dans lequel elle assumait la responsabilité de la mort de six baleines à bec échouées sur des plages et présentant des traces d’hémorragies après un essai de sonars dans les Bahamas, les 15 et 16 mars 2000 (Anonyme, 2001). Dans les eaux canadiennes du Pacifique, les bruits associés à des projets tels que des activités d’exploration pétrolière et gazière, la construction de pipelines, des exercices militaires, des études scientifiques et la construction de parcs éoliens peuvent être des sujets de préoccupation dans l’avenir. L’Énoncé des pratiques canadiennes d’atténuation des ondes sismiques en milieu marin (MPO, 2007) a été élaboré pour fournir des orientations et proposer des mesures d’atténuation à l’intention des mammifères marins lorsque des activités sismiques ont lieu en milieu marin.

Pollution

La pollution peut avoir divers types d’impacts sur les mammifères marins. Les contaminants peuvent s’infiltrer dans les tissus soit directement (p. ex. par ingestion) à partir de l’environnement, soit par bioaccumulation lorsque les animaux se nourrissent de proies contaminées. Il est possible que des matières non alimentaires ou des contaminants soient ingérés directement lorsque l’animal mange (Katona et Kraus, 1999). Les baleines noires se nourrissent dans des zones de convergence et de fortes accumulations où se concentrent des épaves flottantes, y compris des contaminants, du pétrole et des déchets (Carr, 1985).

Les composés organochlorés (p. ex. les DDT et les BPC) et les métaux sont les contaminants les plus préoccupants en ce qui concerne les mammifères marins. Malgré de fortes concentrations de BPC dans les cétacés qui se nourrissent de poissons et d’autres mammifères (Béland et al., 1993; Ross et al., 2000; Addison et Ross, 2001; Grant et Ross, 2002; Ross, 2002a; Ross, 2002b; Ross, 2006), les baleines noires se nourrissent sur les niveaux trophiques inférieurs, ce qui réduit au minimum les concentrations de contaminants qu’elles accumulent par l’intermédiaire de leurs proies (Woodley et al., 1991). O’Shea et Brownell (1994) ont rapporté que les concentrations de contaminants chez les mysticètes sont généralement plus faibles que chez les odontocètes; cependant, ils insistent sur le fait que de nouvelles données permettraient de régler certaines incertitudes. La pollution produite par la productivité de la mer peut aussi avoir des impacts négatifs sur les mysticètes (O’Shae et Brownell, 1994) et surtout sur les baleines noires en raison de leur régime alimentaire composé presque exclusivement de copépodes.

Jusqu’à récemment, aucune recherche n’était effectuée sur la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes. De 2002 à 2008, Pêches et Océans Canada a mené 21 études plurispécifiques par navire (pour un total de 28 725,33 km étudiés et de 1 749,4 h d’efforts consentis, voir l’annexe A) afin d’enquêter sur la répartition et l’abondance saisonnière d’espèces de cétacés inscrites à la liste de la LEP (Ford et al., 2010a). Ces relevés étaient principalement axés sur les eaux du plateau continental; aucune baleine noire n’y a été observée. On a mis en place des paquets autonomes d’enregistrement (PAE) à distance au large de la côte canadienne du Pacifique afin de surveiller la présence de baleines noires et d’autres cétacés. Un PAE a été mis en place durant environ six mois en 2006 à Union Seamount et un autre durant environ quatre mois en 2007 au banc La Perouse, au large de la côte ouest de l’île de Vancouver5 . Aucune vocalisation de baleine noire n’a été détectée parmi les données acoustiques recueillies durant l’étude (Ford et al., 2010b). Les prochaines études acoustiques seront concentrées sur des emplacements au large, et principalement sur les zones historiques où cette espèce était chassée.

On a élaboré un cadre conceptuel afin de créer un modèle prévisionnel presque en temps réel de la répartition des agglomérations de proies des grandes baleines (c.-à-d. les concentrations de zooplancton) (Gregr et al., 2005). Ce cadre a été par la suite élaboré pour les baleines noires du Pacifique Nord dans le cadre d’un projet pluriannuel financé par le North Pacific Research Board (NPRB) (Gregr et al., 2006). Le projet a permis la formulation d’hypothèses concernant la formation des agrégations de proies appropriées pour l’alimentation des baleines noires du Pacifique Nord dans l’est du Pacifique Nord d’après les connaissances disponibles sur les proies de la baleine noire et l’océanographie du Pacifique Nord (Gregr et Coyle, 2009).

Situation au Canada

(Eubalaena glacialis) par le LEP et ont été désignées comme étant en voie de disparition en 1980. La désignation de cette espèce a été réexaminée et confirmée en avril 1985 ainsi qu’en avril 1990. D’après les nouvelles données scientifiques, le LEP a suivi l’orientation prise par d’autres organismes internationaux et a séparé l’espèce en deux espèces distinctes en mai 2003 (pour de plus amples détails, voir la section 1.3, Populations et répartition – Populations importantes à l’échelle nationale). La désignation de la

Situation de l’espèce aux États-Unis

Dans les eaux américaines, la (qui inclut la ) a été désignée comme étant en voie de disparition en vertu de l’Endangered Species Conservation Act en juin 1970, puis a été inscrite en tant qu’espèce en voie de disparition en vertu de l’Endangered Species Act (ESA) en 1973. La même année, la « baleine noire du Nord » a également été désignée comme étant décimée en vertu de la Marine Mammal Protection Act (MMPA) (NMFS, 2009). En 2008, le National Marine Fisheries Service (NMFS) a officiellement désigné la « ESA : la (E. japonica) et la (E. glacialis) (Federal Register, 2008b).

Situation de l’espèce à l’échelle internationale

Une évaluation internationale de l’état de conservation des baleines noires a été complétée en 1996 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Cette évaluation définissait trois « populations » – celle du Pacifique Nord, celle de l’Atlantique Nord et celle du Sud. Cependant, aucune distinction faisant de ces populations des espèces distinctes n’y était présentée. Les populations du Pacifique Nord et de l’Atlantique Nord ont été désignées comme étant en voie de disparition, tandis que la population du Sud a été désignée comme étant à risque moins élevé.

Dans la majeure partie de la littérature scientifique antérieure à 2000, y compris les anciennes listes rouges, toutes les baleines noires de l’hémisphère Nord étaient considérées comme appartenant à une même espèce, à savoir E. glacialis. Actuellement, la taxonomie utilisée par l’IUCN correspond à celle du comité scientifique de la CBI (CBI, 2001b) et de la Convention sur les espèces migratrices, qui reconnaît maintenant les baleines noires de l’Atlantique Nord, du Pacifique Nord et de l’hémisphère Sud comme appartenant à trois espèces distinctes. Dans une évaluation menée en 2008 par l’IUCN, on a désigné la baleine noire du Pacifique Nord en tant qu’espèce en voie de disparition (Reilly et al., 2008a), celle de l’Atlantique Nord en tant qu’espèce en voie de disparition (Reilly et al., 2008b) et celle du Sud en tant qu’espèce moins préoccupante (Reilly et al. 2008c).

Protection au Canada

Au Canada, les baleines noires du Pacifique Nord sont protégées en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) ainsi que du Règlement sur les mammifères marins. Ce dernier, en vertu de la Loi sur les pêches, vise la gestion et la surveillance de la chasse aux mammifères marins ainsi que des activités connexes et, par conséquent, constitue un cadre légal pour la conservation et la protection des mammifères marins au Canada. La LEP interdit « de tuer un individu d’une espèce sauvage inscrite comme espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée, de lui nuire, de le harceler, de le capturer ou de le prendre »6 et protège leurs habitats essentiels de la destruction7 .

Protection aux États-Unis

Dans les eaux américaines, les baleines noires étaient tout d’abord protégées par l’Endangered Species Conservation Act (précurseure de l’Endangered Species Act) en 1970. Depuis 1973, les baleines noires sont protégées en vertu de la Marine Mammal Protection Act qui interdit, sauf exceptions, la « prise » de mammifères marins dans les eaux américaines ou par des citoyens américains en haute mer ainsi que l’importation de mammifères marins ou de produits dérivés de ceux-ci aux États-Unis. L’Endangered Species Act protège les espèces désignées comme étant des espèces en voie de disparition ou menacées ainsi que leurs habitats en interdisant la « prise » d’animaux inscrits à la liste de même que le commerce interétatique ou international de plantes et d’animaux inscrits à la liste, en tout et en partie, y compris les produits dérivés, sauf si un permis fédéral a été délivré en ce sens.

Protection internationale

La baleine noire a bénéficié d’une protection internationale contre la chasse commerciale pour la première fois lorsque la Convention pour la réglementation de la chasse à la baleine de 1931 est entrée en vigueur en 1935. Cependant, cette protection n’était pas complète puisque ni le Japon ni l’Union soviétique n’avaient signé la Convention (Scarff, 1986; Donovan, 1992). Toutes les baleines noires de la planète sont protégées en vertu de la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine, mise en œuvre par la CBI lorsque le Japon et l’Union soviétique en sont devenus membres, en 1949.

Le but de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) est de veiller à ce que le commerce international des spécimens d’animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent. Les baleines noires ont été inscrites à la liste (annexe 1) de la CITES en 1975, ce qui en fait une des espèces de la liste de la CITES qui court le plus grand risque de disparition, tous animaux et plantes confondus. Le commerce de spécimens de cette espèce est surveillé très étroitement et n’est permis que dans des cas exceptionnels.

Le besoin est urgent de recueillir de l’information sur la répartition, la biologie, l’écologie et les menaces en ce qui concerne la baleine noire du Pacifique Nord. On ne connaît pas encore assez bien l’espèce pour pouvoir définir de façon adéquate des objectifs ou des approches en matière de rétablissement.

Présence, abondance, répartition, utilisation de l’habitat et habitat essentiel actuels dans les eaux canadiennes du Pacifique

Nous avons besoin d’information sur l’occurrence, la répartition et les voies migratoires des baleines noires dans le Pacifique Nord pour identifier les principaux facteurs qui ont une incidence sur le rétablissement de cette espèce. L’emplacement des aires d’alimentation demeure inconnu dans les eaux canadiennes du Pacifique même s’il est possible que des baleines noires se trouvent dans les eaux canadiennes du Pacifique, en très petit nombre cependant. Faute de données à jour sur la répartition de l’espèce, il est impossible d’établir si un conflit existe entre les voies de navigation et les habitats importants ou si une diminution du succès reproducteur découle de changements dans la disponibilité des proies. Il faut déterminer l’utilisation de l’habitat afin d’établir l’abondance et la répartition des baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique. L’habitat essentiel de la baleine noire n’a pas été désigné dans les eaux canadiennes du Pacifique (voir la section 1.4.1, Besoins en matière d’habitat et besoins biologiques, et la section 2.7, Habitat essentiel).

Structure et génétique de la population

Il existe des incertitudes quant à la structure des populations et au nombre de populations de baleines noires du Pacifique Nord. Des études sur la génétique nous permettraient de délimiter les populations et, peut-être, d’étayer davantage l’hypothèse des deux populations (voir la section 1.3, Populations et répartition – populations importantes à l’échelle nationale). La tenue d’analyses mettant à profit l’ADN mitochondrial et micro-satellitaire nous permettrait de régler la question de l’échange génétique entre les populations à des latitudes élevées ou sur les aires de reproduction du large (Brownell et al., 2001). Ces analyses nous fourniraient de l’information sur la diversité génétique et nous indiqueraient si un goulot d’étranglement est apparu dans ces populations, comme cela a été le cas chez la baleine noire de l’Atlantique Nord. La présence d’un « goulot d’étranglement » génétique peut limiter le rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord en provoquant une baisse de la reproduction et du recrutement en raison d’une diminution de la fécondité, d’une baisse de la survie néo-natale et juvénile ou d’une résistance moindre aux maladies (Ralls et al., 1988; Haebler et Moeller, 1993) (voir la section 1.4.3, Facteurs limitatifs). Cependant, comme le mentionnent Brownell et al. (2001), les principaux obstacles à ces études génétiques consistent à trouver un échantillon de baleines noires de taille appropriée.

Paramètres du cycle biologique et dynamique des populations

Les paramètres du cycle biologique et la dynamique des populations de baleines noires du Pacifique Nord doivent être étudiés davantage. Il faut également recueillir et analyser des données sur l’abondance et la dynamique des populations (p. ex. taux de natalité, taux de croissance et mortalité) chez les baleines noires du Pacifique Nord. Ainsi, si l’on peut démontrer l’existence d’un retard dans l’arrivée à la maturité sexuelle, les causes potentielles telles qu’un approvisionnement alimentaire insuffisant, une faible diversité génétique ou un mécanisme dépensatoire pourront être examinées.

Clarification des menaces et des effets d’origine anthropique

En raison du manque général de connaissances sur la baleine noire du Pacifique Nord, particulièrement dans les eaux canadiennes du Pacifique, il est impossible de définir directement quelles sont les menaces actuelles qui pèsent sur l’espèce ou l’importance des menaces potentielles. Cependant, il est important de tenir compte des menaces potentielles, car elles pourront ainsi être évaluées et traitées lorsque la présence de baleines noires aura été confirmée dans les eaux canadiennes du Pacifique. Il faut obtenir des éclaircissements sur la mesure dans laquelle les projets ou aménagements en milieu marin (p. ex. voies de navigation et utilisation d’explosifs sous l’eau) représentent des menaces directes et indirectes pour la baleine noire du Pacifique Nord. Une étude approfondie des conflits potentiels entre les voies de navigation et les aires de répartition de la baleine noire peut se révéler essentielle si on veut assurer la survie de ces animaux, comme on a pu le constater dans l’Atlantique Nord (Brown et al., 2009). L’habitat de prédilection ainsi que la délimitation génétique des populations doivent également être éclaircis. On a besoin d’information concernant la structure des populations de baleines noires du Pacifique Nord et leur habitat pour déterminer les effets que peuvent avoir les activités humaines et établir si les mesures de gestion futures seront efficaces.

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