Programme de rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes du Pacifique [proposition] 2011 : Rétablissement

Il est important de noter qu’il demeure impossible d’élaborer des critères de rétablissement détaillés, y compris des objectifs quantitatifs en matière de population et de répartition, puisque nous manquons actuellement de données sur la biologie, la répartition et l’abondance de la baleine noire du Pacifique Nord et les menaces auxquelles elle fait face. Il est également impossible d’obtenir suffisamment de données à court terme (c.-à-d. d’ici quelques décennies) pour élaborer et mesurer des critères de rétablissement appropriés pour une espèce longévive aussi extrêmement décimée que la baleine noire du Pacifique Nord. En raison des importantes lacunes dans les connaissances sur l’espèce, les buts, les objectifs et les approches en matière de rétablissement dont il est question dans le présent document sont avant tout qualitatifs et fondés sur la recherche. L’information recueillie dans le cadre des activités de recherche mentionnées nous aidera à constituer les fondements nécessaires à la détermination de critères de rétablissement quantitatifs précis.

Même s’il est difficile d’évaluer avec précision la faisabilité du rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord en raison de notre manque de compréhension des facteurs affectant sa survie et sa productivité, le rétablissement de l’espèce dans les eaux canadiennes est considéré comme étant faisable d’après l’information disponible à l’heure actuelle10. La faible taille affichée actuellement par la population de baleines noires du Pacifique Nord serait le principal facteur limitant son rétablissement et sa présence dans les eaux canadiennes du Pacifique. Cependant, la population peut augmenter en taille et occuper de nouveau les eaux canadiennes du Pacifique, car des preuves de reproduction existent, un habitat approprié est disponible dans les eaux canadiennes du Pacifique, aucune menace directe n’a été relevée et des mesures efficaces permettent d’atténuer les menaces qui pourraient être relevées.

1. Est-ce que des individus aptes à se reproduire sont présents à l’heure actuelle pour améliorer le taux de croissance de la population ou l’abondance des individus?

Réponse : Inconnue.

On ne sait pas si des individus aptes à se reproduire sont actuellement disponibles pour améliorer le taux de croissance de la population ou l’abondance des individus dans les eaux canadiennes. Cependant, on sait que des individus aptes à se reproduire vivent à l’extérieur des eaux canadiennes. Récemment, quelques femelles et baleineaux ont été observés dans le sud-est de la mer de Béring, aux États-Unis. L’analyse de la génétique a permis d’identifier sept femelles et deux baleineaux dans un groupe observé en septembre 2004, et une femelle ainsi qu’un baleineau ont été observés le 24 août 2002. Même si la dernière observation confirmée d’une baleine noire du Pacifique Nord à l’intérieur des eaux canadiennes ou immédiatement à l’extérieur de celles-ci a eu lieu en 1970 (Wada, 1975), l’absence d’efforts de relevé à long terme et les trois observations de sept baleines noires à proximité immédiate des eaux canadiennes entre 1959 et 1992 (dans les eaux américaines, près de la frontière entre la C.-B. et l’État de Washington) laissent supposer que l’espèce pourrait utiliser les eaux canadiennes.

2. Y a-t-il suffisamment d’habitats appropriés disponibles pour soutenir l’espèce ou est-il possible de faire en sorte qu’il y ait suffisamment d’habitats appropriés disponibles en prenant des mesures de gestion ou de restauration de l’habitat?

Réponse : Oui.

L’aire de répartition actuelle, les voies migratoires ainsi que les aires d’alimentation et de mise bas de la baleine noire du Pacifique Nord demeurent inconnues (LEP, 2004). Cependant, les registres des chasseurs de baleines indiquent que la baleine noire était autrefois présente dans les eaux canadiennes du Pacifique d’avril à octobre (Townsend, 1935; Clapham et al., 2004; Josephson et al., 2008). Malgré la présence de menaces, d’autres espèces de mysticètes (particulièrement le rorqual à bosse et le rorqual commun) fréquentent actuellement certaines des zones anciennement occupées par la baleine noire dans les eaux canadiennes du Pacifique. La baleine noire du Pacifique Nord américain continue d’occuper un habitat soumis à des menaces potentielles qui existent également dans les eaux canadiennes du Pacifique. On pense que l’habitat occupé par la baleine noire dans le passé est analogue sur le plan fonctionnel à l’habitat actuellement disponible, puisque l’on sait que cet habitat convient à d’autres espèces de mysticètes. Pour ces raisons, il semble justifié de conclure qu’il existe un habitat approprié pour les baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique.

3. Peut-on éliminer ou atténuer certaines menaces importantes pesant sur l’espèce ou son habitat par l’entremise de mesures de rétablissement?

Réponse : Oui.

On ne dispose pas de suffisamment de données sur l’occurrence, la répartition, la reproduction ou la génétique de la baleine noire du Pacifique Nord pour établir directement quelles sont les menaces pesant sur l’espèce dans les eaux canadiennes du Pacifique en particulier. Cependant, d’après l’information disponibles sur d’autres populations de baleines noires présentes ailleurs dans le monde ainsi que d’autres espèces de grandes baleines, les menaces qui pourraient éventuellement affecter les baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique ont été recensées (voir la section 1.5, Menaces). Les mesures prises pour atténuer les menaces pesant sur les baleines noires dans d’autres régions se sont révélées efficaces. Ainsi, dans l’ouest de l’Atlantique Nord, les voies de navigation dans la baie de Fundy ont été déplacées, ce qui a réduit le potentiel de collisions accidentelles avec des navires d’environ 80 % (Brown et al.,2009); un réseau de surveillance acoustique visant à réduire la probabilité de collisions avec des navires a été mis en place afin d’avertir les navires qui traversent le sanctuaire marin national du banc Stellwagen jusqu’au port en eau profonde de Northeast Gateway, au Massachusetts, de la présence de ces mammifères (Bruce, 2008); un protocole et une équipe d’intervention d’urgence ont été mis sur pied pour libérer les baleines emmêlées dans les engins de pêche (Brown et al., 2009). Les mesures qui se sont révélées fructueuses pour atténuer les menaces pesant sur d’autres espèces de mysticètes pourraient également être efficaces pour atténuer les mêmes menaces, cette fois pour la baleine noire du Pacifique Nord. Ainsi, on a mis en œuvre des modifications d’engins de pêche qui peuvent réduire la gravité et la fréquence des emmêlements de rorquals à bosse et d’autres baleines sur les côtes de l’Atlantique et du Pacifique (Johnson et al., 2005; Kozuck, 2003). On a également élaboré des mesures d’atténuation dans un certain nombre de pays afin de réduire l’impact des relevés sismiques et de l’utilisation des sonars à des fins militaires (p. ex. gouvernement de l’Australie, 2007; MPO, 2007; JNCC, 2004).

4. Est-ce que les techniques de rétablissement nécessaires existent et en a-t-on démontré l’efficacité?

Réponse : Inconnue.

Le meilleur modèle des trajectoires démographiques disponibles pour la baleine noire de l’Atlantique Nord indique une augmentation de la population dans les années 1980, suivie d’un déclin dans les années 1990, lequel est probablement attribuable à une augmentation des menaces d’origine anthropique (Fujiwara et Caswell, 2001). Cette augmentation démographique initiale illustre la capacité de l’espèce à se rétablir lorsque son abondance est extrêmement faible, et cela s’applique vraisemblablement à la baleine noire du Pacifique Nord également (Brown et al., 2009). Les experts en baleines noires de l’Atlantique Nord considèrent qu’il est possible de réduire la mortalité attribuable à l’homme (Brown et al., 2009). En outre, les menaces d’origine anthropique qui sont considérées comme étant les plus importantes (emmêlements dans des engins fixes et collisions avec des navires) sont moins susceptibles d’affecter dans la même mesure la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes du Pacifique du fait que ces menaces ne sont pas présentes à proximité de zones densément peuplées, comme c’est le cas dans l’Atlantique Nord. Il est possible d’adopter des mesures qui se sont révélées efficaces pour atténuer les menaces, et ces mesures pourraient être mises en œuvre si l’on détermine que de telles menaces pèsent sur les baleines noires du Pacifique Nord. Étant donné l’arrêt relativement récent de la chasse à la baleine illégale pratiquée par les Soviétiques (1979; Brownell et al.,2001), il est possible qu’il soit encore trop tôt pour que la baleine noire du Pacifique Nord ait eu la possibilité de se rétablir des effets de cette menace ou pour que des signes de rétablissement puissent être détectés. Il convient de noter que le rétablissement peut être extrêmement lent, même en l’absence de mortalité anthropique, les baleines noires étant une espèce longévive dont la reproduction ne commence qu’à un âge avancé et dont le cycle de reproduction est long.

En conclusion, on a déterminé que le rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord était faisable en raison des preuves récentes de reproduction réussie chez les individus vivant dans les eaux adjacentes, du fait que l’habitat historique n’est pas dégradé sur le plan physique et qu’il est actuellement disponible et du fait que des mesures d’atténuation des menaces qui peuvent affecter les baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique se sont révélées efficaces pour d’autres populations de baleines noires et d’autres espèces de mysticètes. En outre, étant donné la longévité de l’espèce, il faudra attendre de nombreuses décennies avant que l’on puisse observer les bienfaits des mesures de rétablissement mises en œuvre, et c’est pourquoi l’exclusion de la faisabilité du rétablissement ne peut cadrer avec l’approche de précaution.

But à long terme
Augmenter les chances de survie et atteindre une viabilité à long terme pour la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes.

La première étape à franchir pour atteindre ce but à long terme est de confirmer la présence de l’espèce (objectif 1 ci-après). Au fur et à mesure que des renseignements sur la présence, l’abondance, la répartition, l’habitat et les menaces seront recueillis, nous devrions être en mesure de préciser et de compléter les objectifs en matière de rétablissement, de population et de répartition ainsi que les stratégies connexes.

Objectif à court terme

1. Confirmer la présence des baleines noires du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Objectifs à long terme (sous réserve de l’atteinte de l’objectif 1 ci-devant)

2. Déterminer la structure de la population, son abondance et sa répartition saisonnière.

3. Faire des efforts pour que l’abondance de la population suive une trajectoire ascendante.

4. Favoriser le repeuplement de l’habitat historique de l’espèce dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Il sera possible d’établir des objectifs quantitatifs à long terme pour la population et la répartition une fois que la présence des baleines noires aura été confirmée dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Actuellement, les objectifs de rétablissement et les objectifs concernant la population et sa répartition s’appuient en majeure partie sur la recherche, puisque de l’information de base concernant la présence, l’abondance, la répartition, l’habitat et les menaces est requise avant que des objectifs de rétablissement puissent être clairement énoncés. Pour que des progrès en vue du rétablissement de l’espèce soient accomplis, les objectifs suivants doivent être atteints.

Objectif à court terme

Objectif à long terme

Pêche et Océans Canada invite d’autres organismes à prendre part au rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord lorsque c’est possible, par la mise en œuvre du présent programme de rétablissement. Le tableau 3 contient un résumé des activités recommandées pour soutenir le but et les objectifs du programme. Les activités mises en œuvre par Pêches et Océans Canada seront sujettes à la disponibilité des fonds et des autres ressources nécessaires.

Tableau 3. Tableau de planification du rétablissement

Priorité

Menaces

Stratégie globale

Approche recommandée pour atteindre les objectifs de rétablissement

Objectif 1: Confirmer la présence des baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique.
Objectif 2: Déterminer la structure de la population, son abondance et sa répartition saisonnière.

Élevée

S.O.

Recherche scientifique

  • Mener des relevés plurispécifiques axés sur les zones autrefois occupées par les baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique.
  • Étendre le réseau d’instruments de surveillance acoustique pour surveiller la présence de baleines noires du Pacifique Nord et d’autres cétacés dans les eaux canadiennes du Pacifique.
  • Continuer à soutenir le B.C. Cetacean Sightings Network et le B.C. Marine Mammal Response Network pour tirer profit des observations fortuites.
  • Coordonner les efforts de recherche internationaux portant sur les baleines noires afin de s’assurer que les photographies et les échantillons de peau sont recueillis et partagés pour accroître notre compréhension du comportement migrateur et des liens entre les individus.
  • Entreprendre des études génétiques d’échantillons disponibles (y compris des restes de squelettes) de baleines noires du Pacifique Nord.

Objectif 5: Caractériser et déterminer l’étendue de l’habitat potentiel dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Élevée

S.O.

Recherche scientifique

  • Caractériser les habitats de prédilection des baleines noires à l’échelle mondiale pour relever les habitats potentiels importants dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Objectif 3: Faire des efforts pour que l’abondance de la population suive une trajectoire ascendante.
Objectif 4: Favoriser le repeuplement de l’habitat historique de l’espèce dans les eaux canadiennes du Pacifique.
Objectif 6: Maintenir ou augmenter la proportion relative de baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique comparativement à la population mondiale de l’espèce en s’assurant que les menaces, sitôt recensées, ne réduisent pas de façon importante la disponibilité de l’habitat potentiel ou la répartition de la baleine noire du Pacifique Nord.

Élevée

Toutes

Recherche sur les menaces; atténuation et protection

  • Continuer d’évaluer l’information concernant les impacts d’origine anthropique sur les baleines noires et autres cétacés à l’échelle mondiale afin de déterminer si des activités semblables ayant lieu dans les eaux canadiennes du Pacifique pourraient avoir une incidence sur la baleine noire.
  • Examiner les mesures d’atténuation qui se sont révélées efficaces pour la baleine noire et d’autres cétacés et, le cas échéant, les intégrer dans la planification et les protocoles d’atténuation pour la baleine noire du Pacifique Nord.
  • Dans la mesure du possible, maintenir les interdictions concernant la mortalité d’origine anthropique chez la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes.
  • Lorsque des menaces sont recensées à la suite de recherches ou d’autres circonstances, prendre immédiatement des mesures pour limiter l’impact de ces menaces.
  • Aider le B.C. Marine Mammal Response Network à assurer le suivi des menaces qui mettent en cause des blessures ou la mortalité de baleines et la prise de mesures à cet égard.

Il importe de souligner que, pour une espèce longévive comme la baleine noire, de nombreuses décennies peuvent être nécessaires avant qu’une croissance de la population soit perceptible, et encore plus avant que le rétablissement ne soit atteint. Il est, par conséquent, essentiel que la portée à long terme du présent programme de rétablissement soit reconnue dans l’évaluation des objectifs et dans les stratégies adoptées à l’appui de ce programme.

Les approches mentionnées ci-après (tableau 3) comprennent des efforts qui sont essentiels non seulement pour la baleine noire du Pacifique Nord, mais qui peuvent aussi être importants pour d’autres espèces de mysticètes présentes dans les mêmes habitats de cette région (p. ex. rorqual bleu, rorqual commun, rorqual boréal et rorqual à bosse). Toutes ces approches devraient être coordonnées avec les autres programmes concernant des mysticètes afin que l’on puisse en faire des approches plurispécifiques. On prévoit que les documents concernant le rétablissement d’autres espèces de mysticètes et de cétacés en péril (p. ex. baleine grise, rorqual à bosse, grandes espèces de baleines [rorquals bleus, communs et boréaux], marsouin commun, épaulard résident, épaulard migrateur et hauturier) ont ou auront des objectifs et des stratégies similaires, qui pourront directement servir au projet d’élaboration d’un programme de recherche plurispécifique efficace. Certaines des approches du tableau 3 concernant des menaces potentielles dans les eaux canadiennes du Pacifique peuvent être mises en œuvre immédiatement, tandis que d’autres ne pourront l’être qu’après le recensement et l’évaluation des nouvelles menaces.

Tableau 4. Mesure du rendement

Objectif de rétablissement

Mesures du rendement

Objectif 1 : Confirmer la présence des baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique.

  • Est-ce que le réseau d’instruments de surveillance acoustique déployés pour vérifier la présence de baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique a été élargi?
  • A-t-on mené des relevés plurispécifiques au large de la côte canadienne du Pacifique?
  • Est-ce que le soutien accordé au B.C. Cetacean Sightings Network et au B.C. Marine Mammal Response Network est maintenu?
  • La présence de baleines noires a-t-elle été confirmée dans les eaux canadiennes du Pacifique?

Objectif 2 : Déterminer la structure de la population, son abondance et sa répartition saisonnière.

  • Des relevés plurispécifiques ont-ils été menés au large de la côte canadienne du Pacifique?
  • A-t-on assuré la coordination avec les efforts de recherche internationaux portant sur la baleine noire afin de s’assurer que l’identification photographique et la collecte d’échantillons de peau ont eu lieu afin d’accroître notre compréhension du comportement migrateur de l’espèce et des liens entre les individus?
  • A-t-on entrepris des études génétiques d’échantillons disponibles (y compris des restes de squelettes) de la baleine noire du Pacifique Nord?

Objectif 3 : Faire des efforts pour que l’abondance de la population suive une trajectoire ascendante.

  • A-t-on observé un accroissement de la population de baleines noires du Pacifique Nord?
  • A-t-on aidé le B.C. Marine Mammal Response Network à assurer le suivi des menaces qui mettent en cause des blessures ou la mortalité de baleines et la prise de mesures à cet égard?
  • S’est-on assuré qu’aucune mortalité d’origine anthropique n’est survenue chez les baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique?
  • Lorsque des menaces ont été recensées à la suite de recherches ou d’autres circonstances, a-t-on pris immédiatement des mesures pour limiter les impacts de ces menaces?

Objectif 4 : Favoriser le repeuplement de l’habitat historique de l’espèce dans les eaux canadiennes du Pacifique.

  • A-t-on observé des baleines noires du Pacifique Nord dans leur habitat historique?
  • Lorsque des menaces ont été recensées à la suite de recherches ou d’autres circonstances, a-t-on pris immédiatement des mesures pour limiter les impacts de ces menaces?

Objectif 5 : Caractériser et déterminer l’étendue de l’habitat potentiel dans les eaux canadiennes du Pacifique.

  • A-t-on caractérisé les habitats de prédilection des baleines noires à l’échelle mondiale afin de recenser les habitats importants potentiels dans les eaux canadiennes du Pacifique?

Objectif 6 : Maintenir ou augmenter la proportion relative de baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique comparativement à la population mondiale de l’espèce en s’assurant que les menaces, sitôt recensées, ne réduisent pas de façon importance la disponibilité de l’habitat potentiel ou la répartition de la baleine noire du Pacifique Nord.

  • A-t-on continué d’évaluer l’information concernant les impacts anthropiques sur les baleines noires et d’autres cétacés à l’échelle mondiale afin de déterminer si des activités semblables ayant lieu dans les eaux canadiennes du Pacifique pourraient avoir une incidence sur la baleine noire?
  • A-t-on examiné les mesures d’atténuation qui se sont révélées efficaces pour la baleine noire dans d’autres régions et pour d’autres cétacés et, le cas échéant, les a-t-on intégrées dans la planification et les protocoles d’atténuation pour la baleine noire du Pacifique Nord?
  • S’est-on assuré qu’aucune mortalité d’origine anthropique n’est survenue chez les baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique?
  • Lorsque des menaces ont été recensées à la suite de recherches ou d’autres circonstances, a-t-on pris immédiatement des mesures pour limiter les impacts de ces menaces?

Au paragraphe 2(1) de la LEP, on définit l’habitat essentiel comme l’« habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ».

À l’heure actuelle, la désignation de l’« habitat essentiel » des mysticètes qui ont des aires de répartition d’envergure océanique est difficile, même si la base de connaissance servant à établir cet habitat essentiel prend de l’ampleur. Un habitat essentiel pour la baleine noire du Pacifique Nord a été désigné dans les eaux américaines, au sud-est de la mer de Béring et au sud de l’île Kodiak, dans le golfe d’Alaska (Registre fédéral, 2003; figure 5). La désignation de cet habitat essentiel était basée sur des observations de baleines noires, qui ont servi d’indicateurs de l’existence de bancs suffisamment denses de copépodes et d’euphausiacés. En ce qui concerne la baleine noire de l’Atlantique Nord, les bassins Grand Manan et Roseway ont été désignés en tant qu’habitats essentiels dans les eaux canadiennes. Bien que des études visant à peaufiner la désignation de l’habitat essentiel et de ses limites soient en cours, ces zones ont été identifiées pour les possibilités d’alimentation qu’elles offrent, lesquelles ont été déterminées en partie par la répartition des observations de baleines noires de l’Atlantique Nord (Brown et al., 2009).

Figure 5. Habitats essentiels désignés pour la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux américaines (<acronym title=

Figure 5 . Habitats essentiels désignés pour la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux américaines (NMFS, 2009).

À ce jour, il est impossible de désigner l’habitat essentiel de la baleine noir du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes, car la présence, l’abondance actuelle, les profils de répartition, les voies migratoires ainsi que les aires d’alimentation et de mise bas demeurent inconnus. Aucune étude n’a encore été menée afin de désigner l’habitat au Canada dont ont besoin les baleines noires du Pacifique Nord pour que leur population devienne viable et le demeure. En conséquence, il est impossible de désigner l’habitat actuellement occupé par l’espèce, ou l’étendue d’habitat dont la population a besoin pour maintenir sa taille actuelle ou soutenir son rétablissement. Comme le décrète la LEP, si le programme de rétablissement ne contient pas assez d’information pour permettre la désignation d’un habitat essentiel, un calendrier d’études doit être élaboré. Une fois mis en place, ce calendrier permettra idéalement d’obtenir de nouvelles informations qui aideront à désigner l’habitat essentiel de l’espèce.

Le calendrier des études désignées pour la baleine noire du Pacifique Nord est inclus ci-après (tableau 5). D’ici à ce que ces projets soient menés à terme, on espère que les résultats fourniront l’information nécessaire afin que Pêches et Océans Canada progresse dans la désignation de l’habitat essentiel de cette espèce. Il convient de noter que, du fait de la longévité de cette espèce, du peu d’observations documentées au Canada ainsi que de la portée à long terme du programme de rétablissement, il faudra probablement plusieurs décennies avant que l’on puisse désigner l’habitat essentiel de l’espèce.

Afin de désigner l’habitat essentiel et l’habitat important pour le rétablissement des baleines noires dans les eaux du Pacifique Nord, on doit mener des recherches dans les eaux canadiennes ainsi que dans d’autres parties de l’aire de répartition de l’espèce. Le tableau 5 souligne les études nécessaires à la collecte d’information qui contribuera à la désignation possible dans le futur d’un habitat essentiel. En raison de la nature à long terme du présent programme de rétablissement, les échéanciers représentent les seuils auxquels sera entreprise l’évaluation des progrès accomplis en matière de désignation de l’habitat essentiel.

Le calendrier des études a été divisé en études de l’habitat potentiel et de l’habitat occupé. D’un point de vue écologique, un habitat potentiel est un endroit où existent des habitats appropriés, tandis qu’un habitat occupé représente les endroits où l’espèce est effectivement présente. L’habitat occupé représente d’ordinaire une portion plus petite de l’habitat potentiel, particulièrement dans le cas des espèces fortement décimées. La distinction permet d’établir la différence entre l’habitat non approprié et l’habitat approprié qui est simplement inoccupé. En outre, étant donné l’absence de données de base sur les aires de répartition de l’espèce et les lacunes dans les connaissances entourant l’utilisation de l’habitat, la définition de l’habitat potentiel nous aidera à prioriser les efforts limités en matière de relevés. Il sera manifestement difficile de définir les habitats potentiels et occupés avant de procéder à la désignation de l’habitat essentiel étant donné les lacunes dans les connaissances sur l’espèce, la rareté relative des observations et la nature dynamique de l’environnement marin qui peut entraîner des changements au chapitre de l’utilisation de l’habitat d’une année à l’autre et d’une décennie à l’autre.

Afin de prévoir un habitat potentiel, on doit déterminer les effets de la variation des conditions océanographiques sur l’occurrence des baleines à l’aide d’une corrélation entre l’occurrence historique et les conditions à long terme de l’océan. En outre, la poursuite de l’élaboration et de la mise à l’essai de méthodes biogéographiques par l’entremise de modélisations de l’habitat sera utile pour prévoir l’aire de répartition potentielle des espèces de proies. L’examen de l’information sur les habitats de prédilection à l’échelle mondiale permettra de déterminer les caractéristiques d’un habitat potentiel dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Comme on l’a exposé en détail précédemment dans la section 1.6.1, Recherches au Canada, des progrès ont été accomplis à l’égard de la détermination de l’habitat potentiel grâce à l’élaboration, soutenue par le financement du North Pacific Research Board (NPRB), d’un cadre conceptuel qui servira à élaborer un modèle de prévision de la répartition des agrégations de proies (Gregr et al.,2006) ainsi qu’aux hypothèses avancées par Gregr et Coyle (2009) pour orienter la prévision de l’habitat d’alimentation de la baleine noire du Pacifique Nord. L’habitat essentiel devrait englober l’habitat occupé (c.-à-d. l’habitat occupé et nécessaire à la survie) ainsi que les parties d’habitat potentiel qui sont nécessaires au rétablissement, mais qui sont inoccupées en raison de la faible abondance de l’espèce.

Même si ces études sont axées sur la baleine noire du Pacifique Nord, les activités décrites ci-après sont de nature plurispécifique, et la majorité d’entre elles sont en cours. Les activités de recherche et de rétablissement axées sur d’autres mysticètes et d’autres espèces de cétacés en péril se chevauchent de façon importante, ce qui permet la mise en œuvre de méthodes de collecte de données et de recherche efficaces (voir les sections 2.5.2, Exposé soutenant le tableau de la planification du rétablissement et 2.8, Effets sur d’autres espèces). En particulier, l’utilisation des relevés aériens et par navire courants visant d’autres espèces de cétacés protégées par la LEP peut contribuer au recensement de l’habitat occupé par la baleine noire du Pacifique Nord17.

Tableau 5. Calendrier des études


Description de l’activité

Justification ou résultat

Échéance

1. Désigner l’habitat potentiel

Enquêter sur les effets de la variation des conditions océanographiques sur l’occurrence des baleines, sur la relation des baleines noires avec les principales espèces de proies ainsi que sur les caractéristiques de l’habitat potentiel dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Déterminer l’étendue de l’habitat potentiel dans les eaux canadiennes du Pacifique.

2003 – 2013

2. Désigner l’habitat occupé

Mettre en place un réseau de stations de surveillance acoustique afin de déterminer l’occurrence des baleines au moyen de l’enregistrement passif de vocalisations distinctives.

Confirmer la présence de baleines noires dans les eaux canadiennes du Pacifique. Une fois la présence confirmée (le cas échéant), déterminer l’abondance et la répartition saisonnière de cette espèce.

2003 – 2019*

3. Désigner l’habitat essentiel

Déterminer et caractériser ce qu’est un habitat fortement occupé et désigner les régions d’habitat essentiel potentiel qui possèdent des caractéristiques similaires.

Définir ce qu’est un habitat fortement occupé.

À déterminer**

* La surveillance acoustique effectuée de 2010 à 2019 sera axée sur des emplacements au large, principalement sur les zones historiques de chasse à la baleine.
** Cette étude est essentielle pour désigner l’habitat essentiel; cependant, la réalisation de cette étude est sujette à l’achèvement et aux résultats des études mentionnées précédemment. Ce qui importe encore plus, c’est que la présence de la baleine noire dans les eaux canadiennes soit confirmée avant le début des travaux relatifs à l’objectif 3.

Comme il a été mentionné dans la section 2.5.2, Exposé soutenant le tableau de la planification du rétablissement, le programme de rétablissement contient des mesures qui amélioreront les perspectives de rétablissement des baleines noires du Pacifique Nord et qui profiteront aussi directement à d’autres mysticètes (c.-à-d. des activités de recherche plurispécifique qui contribueront à accroître nos connaissances sur d’autres mammifères marins). Ces programmes ne favorisent pas seulement les cétacés, mais aussi d’autres espèces (p. ex. poissons, oiseaux) qui occupent les mêmes habitats et qui sont vulnérables aux mêmes menaces.

Un plan d’action sera communiqué dans les cinq ans suivant la publication de la version finale du Programme de rétablissement de la baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Précédent TdM Suivant

Détails de la page

Date de modification :