Grand requin blanc (Carcharodon carcharias) : programme de rétablissement eaux canadiennes de l’Atlantique (proposition)

Titre officiel : Programme de rétablissement du grand requin blanc (Carcharodon carcharias) dans les eaux canadiennes de l’Atlantique

Grand requin blanc
Grand requin blanc
Information sur le document

Référence recommandée : Pêches et Océans Canada. 2024. Programme de rétablissement du grand requin blanc (Carcharodon carcharias) dans les eaux canadiennes de l’Atlantique [Proposition]. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Pêches et Océans Canada, Ottawa. vi + 52 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, y compris les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : Jeffrey C. Domm

Also available in English under the title:
“Recovery Strategy for White Shark (Carcharodon carcharias) in Atlantic Canadian Waters”

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par la ministre des Pêches et des Océans, 2024. Tous droits réservés.
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Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996) les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’adopter une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les 5 ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril, puis tous les 5 ans.

La ministre des Pêches et des Océans et de la Garde côtière canadienne est la ministre compétente en vertu de la LEP à l’égard du grand requin blanc (population de l’Atlantique) et a élaboré ce programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. Aux fins de l’élaboration du présent programme de rétablissement, la ministre compétente a tenu compte, conformément à l’article 38 de la LEP, de l’engagement qu’a pris le gouvernement du Canada de conserver la diversité biologique et de respecter le principe selon lequel, s’il existe une menace d’atteinte grave ou irréversible à l’espèce sauvage inscrite, le manque d’incertitude scientifique ne doit pas être prétexte à retarder la prise de mesures efficaces pour prévenir sa disparition ou sa décroissance. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec d’autres ministères fédéraux, des gouvernements provinciaux, des organisations autochtones et toute autre personne ou organisation, en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP.

Comme l’indique le préambule de la LEP, la réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des mesures formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra pas reposer seulement sur Pêches et des Océans Canada (MPO), ou sur toute autre autorité responsable. Les coûts associés à la conservation des espèces en péril sont partagés entre les différentes autorités responsables. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien du grand requin blanc (population de l’Atlantique) et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi de 1 ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par le MPO et d’autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

Remerciements

Le MPO souhaite remercier les nombreuses personnes qui ont apporté leur précieuse contribution à l’élaboration du présent programme de rétablissement. 

Sommaire

Au Canada, le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), population de l’Atlantique, a été inscrit à titre d’espèce en voie de disparition à la Loi sur les espèces en péril (LEP) en 2011. Le présent programme de rétablissement fait partie d’une série de documents consacrés à cette espèce qui devraient être pris en considération ensemble, notamment les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) (COSEPAC, 2006; 2021), l’évaluation du potentiel de rétablissement (EPR) (MPO, 2006), l’évaluation de l’étendue des dommages admissibles (MPO, 2017) et le plan d’action (à venir). La possibilité de rétablissement du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique est inconnue. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré tel qu’il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable.

À l’échelle mondiale, le grand requin blanc est une espèce rare, bien que sa présence soit plus fréquente dans certaines régions et qu’il soit largement réparti dans les mers subtropicales et tempérées. L’espèce est répartie le long de la côte nord-américaine de l’Atlantique, surtout depuis le Massachusetts jusqu’au New Jersey en été et au large de la Floride en hiver. Les mentions de grands requins blancs dans les eaux canadiennes de l’AtlantiqueNote de bas de page 1  sont relativement rares et, le plus souvent, les observations ont lieu de juin à septembre.

La mortalité anthropique constitue la principale menace pesant sur le grand requin blanc. L’espèce est capturée à titre de prise accessoire dans le cadre de la pêche commerciale et elle est prisée par les pêcheurs sportifs. En outre, ses parties, surtout ses mâchoires, ses dents et ses nageoires, font l’objet d’un commerce international lucratif. Le rétablissement du grand requin blanc est limité par sa faible abondance naturelle, sa faible capacité reproductive, sa croissance lente et sa maturation tardive, tous des facteurs qui contribuent à sa faible productivité générale (Bowlby et Gibson, 2020).

La taille de la population de grands requins blancs dans l’Atlantique Nord-Ouest est inconnue. Des études indiquent que la population aurait connu un déclin allant jusqu’à 86 % au cours des années 1970 et 1980 (Baum et al., 2003; McPherson et Myers, 2009; Curtis et al., 2014). Selon des données plus récentes, il y aurait eu une augmentation de l’abondance après la mise en œuvre de mesures de conservation pendant les années 1990 (Curtis et al., 2014). Malgré cette tendance positive, les estimations de l’abondance de la population demeurent inférieures à une estimation passée de 1961 et la vulnérabilité des populations de grands requins blancs aux menaces anthropiques soulève des préoccupations quant au rétablissement de l’espèce.

Les stratégies générales à adopter pour répondre aux menaces pesant sur la survie et le rétablissement de l’espèce, de même que les approches de gestion et de recherche nécessaires à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition sont décrites à la section 7. Celles-ci orienteront l’élaboration de mesures de rétablissement spécifiques dans 1 ou plusieurs plans d’action.

La désignation de l’habitat essentiel du grand requin blanc n’est pas possible pour le moment, car on ne dispose pas d’information suffisante. Le calendrier des études indique les recherches requises pour désigner l’habitat essentiel en vue d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition établies pour l’espèce (section 8).

Les interactions accidentelles avec le grand requin blanc au cours des activités suivantes sont exemptées par le programme de rétablissement (section 10 du présent document) :

De plus, les interactions dirigées avec le grand requin blanc au cours des activités suivantes sont exemptées par le programme de rétablissement :

Une proposition de plan d’action sera élaborée dans les 5 ans suivant la publication de la version définitive du programme de rétablissement.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

À l’échelle mondiale, l’abondance du grand requin blanc est naturellement faible (Chapple et al., 2011). L’espèce a une longue durée de génération et une faible capacité reproductive, ce qui la rend particulièrement vulnérable à la mortalité due aux menaces anthropiques (COSEPAC, 2006). Il est difficile d’évaluer le caractère réalisable du rétablissement de la population de grands requins blancs dans les eaux canadiennes de l’Atlantique en raison du manque de données sur l’abondance, l’utilisation de l’habitat, la migration et la productivité de cette population.

La majorité des individus de la population de l’Atlantique Nord-Ouest sont présents dans les eaux américaines de l’Atlantique et les changements touchant la population à l’échelle de son aire de répartition pourraient avoir des effets notables sur le caractère réalisable du rétablissement au Canada. Dans les eaux canadiennes, le caractère réalisable du rétablissement dépend du rétablissement global des grands requins blancs au large des États Unis (É.-U.) et ailleurs dans les eaux de l’Atlantique. On a avancé que l’abondance de la population de l’Atlantique Nord-Ouest était en hausse (Curtis et al., 2014). Des activités de suivi accrues pourraient révéler que les grands requins blancs utilisent davantage les eaux canadiennes de l’Atlantique qu’on le croyait auparavant (Skomal et al., 2017). En outre, si les changements climatiques peuvent mener à la dégradation de l’habitat du grand requin blanc à l’échelle mondiale, ils peuvent aussi créer des zones d’habitat de prédilection dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, y augmentant ainsi l’abondance de l’espèce (Bastien et al., 2020). À l’inverse, si la population affichait une baisse, comme cela a été le cas par le passé (Baum et al., 2003; McPherson et Myers, 2009), son aire de répartition pourrait se contracter. Le cas échéant, les grands requins blancs pourraient migrer vers le centre de l’aire, ce qui diminuerait le nombre d’individus présents dans les eaux canadiennes de l’Atlantique.

D’après les 4 critères suivants, établis dans les politiques prises en vertu de la LEP (Gouvernement du Canada, 2009), le caractère réalisable du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique est inconnu. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu’il convient de le faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable. Le présent programme de rétablissement traite des inconnues entourant le caractère réalisable du rétablissement.

1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

Réponse : Oui.

À l’heure actuelle, des individus capables de se reproduire sont disponibles pour contribuer à la croissance et à l’abondance de la population dans les eaux américaines (Casey et Pratt, 1985; Curtis et al., 2014). Les grands requins blancs vivant dans les eaux canadiennes ne devraient pas être distincts ou séparés de la population étendue de l’Atlantique Nord-Ouest (COSEPAC, 2006). Les tendances en matière de résidence des jeunes de l’année, des juvéniles et des adultes des 2 sexes présents depuis les eaux du plateau continental du golfe médio-atlantique jusqu’aux eaux côtières du Massachusetts indiquent que cette zone sert d’aire de croissance et d’aire de reproduction (Casey et Pratt, 1985; Skomal, 2007;Curtis et al., 2014; Curtis et al., 2018; Shaw et al., 2021).

2. De l’habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.

Réponse : Oui.

Le grand requin blanc est présent dans des eaux tempérées et tropicales; son aire de répartition est vaste et comprend des eaux côtières et pélagiques (extracôtières) (Compagno, 2001). Dans l’Atlantique Nord-Ouest, l’aire de répartition du grand requin blanc s’étend des eaux de Terre-Neuve jusqu’au nord du Brésil (COSEPAC 2021). On ignore le pourcentage de la population qui utilise les eaux canadiennes ainsi que l’efficacité potentielle des futures activités de gestion et de remise en état de l’habitat. Toutefois, le grand requin blanc est un prédateur généraliste et est capable de réguler partiellement sa température corporelle (Compagno, 2001); 2 caractéristiques qui lui permettent de vivre dans un large éventail de conditions environnementales.

3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou son habitat (y compris les menaces à l’extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

Réponse : Oui.

Les principales menaces pesant sur le grand requin blanc sont la mortalité associée aux pêches commerciales et récréatives, ainsi que d’autres facteurs liés au commerce international de parties de requin, qui est illégal et non déclaré. Dans l’Atlantique Nord-Ouest, les prises accessoires de grands requins blancs issues des pêches américaines (par exemple, palangre, filet maillant, canne et moulinet) semblent être la source de mortalité la plus importante (Curtis, comm. pers., 2011; Santana-Morales et al., 2012). Il semble que des individus sont capturés dans le cadre de diverses pêches, tant à engins fixes qu’à engins mobiles. À l’échelle mondiale, il n’y a aucune conclusion évidente indiquant quelle pêche produit le plus de prises accessoires de grands requins blancs.

Dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, 94 mentions de grands requins blancs (76 confirmées et 19 non confirmées) ont été consignées de 1873 à 2020 (MPO, 2021). Ces mentions comprennent 31 prises accessoires issues de la pêche, lesquelles sont réputées avoir entraîné de la mortalité de 1873 à 2016 (MPO, 2017). La majorité de ces prises ont été réalisées au moyen de filets maillants à morue ou à merlu et de fascines à hareng. Même s’il est vrai que les déclarations incomplètes et la mauvaise identification de l’espèce peuvent fausser les données, les prises accessoires causant la mortalité directe de grands requins blancs sont jugées très rares dans les eaux canadiennes (MPO, 2017).

Le rétablissement d’une espèce largement répartie comme le grand requin blanc est difficile lorsque la gestion est partagée par plusieurs pays. Les mesures prises par le Canada peuvent contribuer au rétablissement et à la protection de la population de grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest. Toutefois, la collaboration avec d’autres administrations est essentielle au rétablissement de la population. La collaboration avec les É.-U., d’autres nations et des organisations régionales de gestion des pêches peut permettre l’élaboration de mesures d’atténuation et de gestion contribuant au rétablissement de cette population à l’extérieur du Canada.

La remise à l’eau des grands requins blancs vivants capturés accidentellement, lorsque cela est possible, est une mesure qui peut être mise en œuvre pour atténuer les menaces cernées (MPO, 2006) et constitue l’une des conditions requises pour l’obtention de l’exemption décrite à la section 10 du présent programme de rétablissement. Une autre condition d’exemption est la déclaration obligatoire des prises accessoires dans un document de surveillance en vertu de la LEP approuvé par le MPO, qui fournira des renseignements pour mieux comprendre la menace posée par les prises accessoires et soutenir le rétablissement. En outre, les activités de recherche et de suivi amélioreront les connaissances sur la biologie, l’écologie et la répartition saisonnière du grand requin blanc, ce qui orientera les mesures de gestion et d’atténuation supplémentaires.

Les effets des changements climatiques sur le grand requin blanc sont mal compris, mais ils pourraient modifier l’aire de répartition de l’espèce dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. La menace associée aux changements climatiques qui pèse sur l’espèce ne peut pas être atténuée à l’échelle régionale; cependant, elle n’est pas considérée comme étant une menace principale pour l’espèce.

4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

Réponse : Inconnu.

Les données accessibles sont insuffisantes pour étayer les modèles traditionnels d’évaluation des pêches généralement utilisés afin de déterminer les objectifs quantitatifs d’abondance et les objectifs en matière de population et de répartition (MPO, 2006). Pour pallier cette lacune, le présent programme de rétablissement comporte 1 but de rétablissement qualitatif qui sera utilisé jusqu’à ce que des données suffisantes soient disponibles pour l’élaboration d’objectifs en matière de population et de répartition. À mesure que de nouveaux renseignements sur les menaces et leur atténuation deviendront disponibles, il sera normalement possible d’élaborer davantage de mesures de gestion et de techniques de rétablissement ciblées au Canada afin de réduire la mortalité due aux menaces anthropiques de l’espèce.

1. Introduction

Le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), population de l’AtlantiqueNote de bas de page 2  , a été inscrit à titre d’espèce en voie de disparition à la Loi sur les espèces en péril (LEP) en 2011.

Le présent programme de rétablissement fait partie d’une série de documents consacrés au grand requin blanc (population de l’Atlantique) qui devraient être pris en considération ensemble, notamment les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) (COSEPAC, 2006; 2021), l’évaluation du potentiel de rétablissement (EPR) (MPO, 2006 [PDF 61 Ko]), l’évaluation de l’étendue des dommages admissibles (MPO, 2017 [PDF 863 Ko]), et le ou les plans d’action subséquents. Le programme de rétablissement est un document de planification qui énonce ce qui doit être fait pour arrêter ou renverser le déclin d’une espèce. Il établit les objectifs et indique les principaux champs des activités à entreprendre. La planification détaillée du rétablissement de l’espèce se fait à l’étape suivante, soit celle du plan d’action.

L’EPR est un processus entrepris par le Secteur des sciences de Pêches et Océans Canada (MPO) dans le but de fournir l’information et les avis scientifiques nécessaires à la mise en œuvre de la LEP en s’appuyant sur la meilleure information scientifique accessible, l’analyse et la modélisation des données ainsi que sur des opinions d’experts. Le résultat de ce processus permet d’étayer bon nombre de sections du programme de rétablissement. Pour obtenir des renseignements plus détaillés qui vont au-delà de ce qui est présenté dans le présent programme de rétablissement, veuillez consulter les rapports de situation du COSEPAC (COSEPAC, 2006; 2021) et l’EPR (MPO, 2006).

2. Évaluation de l’espèce par le COSEPAC

Date de l’évaluation : Avril 2021

Nom commun (population) : Grand requin blanc (population de l’Atlantique)

Nom scientifique : Carcharodon carcharias

Statut : En voie de disparition

Justification de la désignation : Cette espèce très mobile est une espèce migratrice saisonnière dans les eaux canadiennes de l’Atlantique et fait partie d’une population étendue de l’Atlantique Nord-Ouest. Le statut de la population canadienne est considéré comme étant le même que celui de la vaste population de l’Atlantique Nord-Ouest, qui aurait diminué de plus de 70 % au cours de la dernière génération et demie (depuis les années 1960) en raison de la mortalité accidentelle causée par les pêches. Cependant, la population semble être demeurée stable depuis les années 1990 et devrait le demeurer ou augmenter légèrement. Malgré la mise en place de mesures visant à améliorer les pratiques de pêche, la mortalité causée par les prises accessoires dans les pêches continue d’être la principale menace pesant sur l’espèce. L’espèce est encore vulnérable à cette menace en raison de sa longue durée de génération (42 ans) et de son faible taux de reproduction.

Répartition : Océan Atlantique, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse, Québec

Historique du statut : Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2006. Réexamen et confirmation du statut en mai 2021.

3. Information sur la situation de l’espèce

Le grand requin blanc est reconnu mondialement comme une espèce en péril depuis plusieurs décennies. Le tableau 1 présente un résumé des diverses désignations attribuées à l’espèce. La liste n’est pas exhaustive et les désignations présentées ne sont pas toutes associées à des interdictions juridiquement contraignantes visant à protéger l’espèce. De plus amples renseignements sur la protection accordée au grand requin blanc à l’échelle nationale se trouvent dans les documents de Bruce (2008) et de Santa-Morales et al. (2012).

Tableau 1. Résumé de la protection actuelle et des autres désignations attribuées au grand requin blanc. Le contenu du tableau reflète les années d’évaluation les plus récentes et pourrait ne pas mentionner les désignations antérieures.
Autorité responsable Administration/organisation Année Désignation/statut Niveau de désignation

Canada

Loi sur les espèces en péril L.C. 2002, ch. 29

2011

Inscrit à l’annexe 1 de la LEP à titre d’espèce en voie de disparition

Population

Canada

Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

2006, 2021

Désigné en voie de disparition

Population

États-Unis

Magnuson-Stevens Fishery Conservation Act – Atlantic Highly Migratory Species Fishery Management Plan

1997

Inscrit à la liste des espèces dont la pêche est interdite

Population

Pays de la Méditerranée

Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe

1982

Inscrit à l’annexe III

Population

Communauté internationale

Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage

2007

Inscrit aux annexes I et II

Espèce

Communauté internationale

Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction

2005

Inscrit à l’annexe II

Espèce

Communauté internationale

Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature

2018

Désigné vulnérable

Espèce

Depuis son inscription à titre d’espèce en voie de disparition (2011), le grand requin blanc (population de l’Atlantique) est protégé partout où il se trouve par l’article 32 de la LEP :

« Il est interdit de tuer un individu d’une espèce sauvage inscrite comme espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée, de lui nuire, de le harceler, de le capturer ou de le prendre. » [paragraphe 32(1)]

« Il est interdit de posséder, de collectionner, d’acheter, de vendre ou d’échanger un individu — notamment partie d’un individu ou produit qui en provient — d’une espèce sauvage inscrite comme espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée. » [paragraphe 32(2)]

En vertu de l’article 73 de la LEP, le ministre compétent peut conclure un accord ou délivrer un permis si les conditions préalables sont respectées, accord ou permis qui autorise une personne à exercer une activité touchant une espèce sauvage inscrite, tout élément de son habitat essentiel ou la résidence de ses individus.

4. Information sur l’espèce

4.1 Description

Le grand requin blanc est un prédateur endothermique (à sang chaud) de grande taille qui occupe le sommet de la plupart des réseaux trophiques associés aux lieux qu’il fréquente (Compagno, 2001). Les plus grands individus peuvent atteindre une longueur supérieure à 6 m. La longueur à la naissance se situe entre 109 et 165 cm. Le grand requin blanc se distingue par son corps trapu, son museau de forme conique et ses grosses dents, plates, triangulaires et dentelées. Il possède de longues fentes branchiales et ses grands iris noirs sont bien visibles. Comme la plupart des requins, il possède 2 nageoires dorsales : la première est grande et possède une pointe arrière foncée qui n’est pas fusionnée au dos, et la deuxième est beaucoup plus petite. La nageoire caudale est grande et en forme de croissant. Comme le montre la figure 1, la surface dorsale est foncée, passant de gris ou de gris brunâtre à noirâtre, tandis que la surface ventrale est d’un blanc très contrastant (COSEPAC, 2006).

Voir la description longue.

Figure 1. Caractéristiques utiles pour l’identification du grand requin blanc. A. Vue latérale; B. Vue détaillée des dents antérieures supérieures et inférieures. Illustrations de R. Aidan Martin. Source : COSEPAC, 2006.
Description longue

La figure 1 illustre la vue latérale d’un requin blanc à l’aide d’un diagramme distinct des dents antérieures supérieures et inférieures. Les flèches indiquent les caractéristiques qui sont utiles pour identifier le requin blanc. Ces caractéristiques sont les suivantes : un museau conique, des yeux noirs, un ventre blanc sans taches sombres, de longues fentes branchiales qui s’étendent sur les deux tiers de la hauteur du corps, la première nageoire dorsale prend naissance à la hauteur de l’extrémité arrière libre des nageoires pectorales; à son extrémité, la surface inférieure de la nageoire pectorale est noire; la pointe arrière libre de la première nageoire dorsale est de couleur foncée; la deuxième nageoire dorsale est devant la nageoire anale; le pédoncule caudal est caréné, et la nageoire caudale est semi-lunaire, ou en forme de croissant. La figure illustre également les dents antérieures supérieures et inférieures. Les flèches indiquent les caractéristiques des dents, soit une couronne triangulaire, des bords grossièrement dentelés et une racine bilobée, ou à deux lobes.

La biologie et l’écologie du grand requin blanc sont peu connues (Bruce, 2008). Il s’agit d’une espèce longévive à croissance lente qui peut survivre jusqu’à 73 ans (Hamady et al., 2014; Natanson et Skomal, 2015). L’espèce est caractérisée par une maturation tardive; les mâles atteignent la maturité à 26 ans, et les femelles, à 33 ans (Natanson et Skomal, 2015). On a estimé que la longueur à la maturité sexuelle serait de 4 à 5 m pour les femelles et de 3,1 à 4,1 m pour les mâles, d’après la dissection d’organes reproducteurs des 2 sexes ou l’étendue de la calcification du ptérygopode chez des mâles (Francis, 1996; Pratt, 1996; Tanaka et al., 2011). Le grand requin blanc a une longue période de gestation (10 à 20 mois), de petites portées (2 à 17 petits) (COSEPAC, 2006; Bruce, 2008) et une faible capacité reproductive (Smith et al., 1998). La durée d’une génération est incertaine en raison des estimations variables des paramètres du cycle vital, mais on a estimé qu’elle se situe entre 23 et 62 ans et qu’elle s’approche probablement de 62 ans (Bruce, 2008; Hamady et al., 2014; MPO, 2017). On sait que l’espèce est très opportuniste et qu’elle se nourrit d’un vaste éventail d’organismes comme des poissons (y compris des raies et d’autres requins), des phoques, des baleines, des tortues de mer, des oiseaux de mer et certains invertébrés (calmars et crustacés) (Bruce, 2008). Les individus d’une longueur supérieure à 3 ou 4 m se nourrissent surtout de mammifères marins (Klimley, 1985; Estrada et al., 2006). On a observé de grands requins blancs qui se nourrissaient de carcasses de mammifères marins comme des baleines (Skomal et al., 2012). On sait que les grands requins blancs se regroupent à proximité de nombreux bancs de poissons, habituellement dans des zones de remontée des eaux et près de colonies de phoques (Compagno, 2001). Le régime alimentaire de l’espèce varie selon la région, en fonction de la disponibilité, de l’abondance et de la vulnérabilité des proies (Compagno, 2001).

Le grand requin blanc doit nager sans cesse pour être en mesure de respirer. Si un individu est dans l’impossibilité de nager, il se noiera.

4.2 Population et répartition de l’espèce

Le grand requin blanc est largement réparti dans les eaux océaniques tempérées et subtropicales de la planète (voir la figure 2). Des individus ont été observés dans des eaux caractérisées par une vaste gamme de températures, soit de 1,6 à 30,4 °C (Skomal et al., 2017). Le plus souvent, l’espèce est observée dans les eaux côtières de la Californie, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de l’Afrique du Sud (Compagno, 2001). Dans l’Atlantique Nord-Ouest, l’aire de répartition du grand requin blanc s’étend des eaux de Terre-Neuve jusqu’au nord du Brésil (COSEPAC 2021)..  Tant les analyses d’ADN que les études de marquage indiquent qu’il n’y aurait qu’une seule population largement répartie dans l’Atlantique Nord-Ouest et que le flux génique vers les autres populations serait limité (Boustany et al., 2002; Gubili et al., 2011; O’Leary et al., 2015). Cela signifie que la population de l’Atlantique Nord-Ouest est en grande partie isolée sur le plan génétique des populations présentes ailleurs dans l’Atlantique, dans la méditerranée et dans le Pacifique.

Voir la description longue.

Figure 2. Aire de répartition mondiale du grand requin blanc (COSEPAC 2021). Les zones en gris correspondent à l’aire de répartition globale.
Description longue

La figure 2 est une carte du monde indiquant la latitude et la longitude le long des axes. Les zones ombragées gris pâle représentent l’aire de répartition soupçonnée ou non confirmée du requin blanc, soit la majorité de l’océan Atlantique, de l’océan Pacifique et de l’océan Indien. Il y a très peu de gris pâle au nord ou au sud du 60e parallèle. L’aire de répartition confirmée du requin blanc est représentée par des zones ombragées gris foncé. Les zones en gris foncé du Pacifique Nord s’étendent aux eaux côtières de l’Amérique du Nord (du golfe de Californie à l’Alaska), du Japon et de la Chine. Les zones en gris foncé du Pacifique Sud forment une vaste zone au large des côtes de l’Amérique du Sud qui s’étend jusqu’aux eaux du Pacifique moyen et côtières de l’Australie, de la Nouvelle‑Zélande et de certaines parties de l’Asie du Sud‑Est. Dans l’ouest de l’Atlantique Nord, les zones en gris foncé s’étendent aux eaux côtières de l’Amérique du Nord (de Terre‑Neuve à la Floride), au golfe du Mexique et à certaines parties des Caraïbes. Dans l’est de l’Atlantique Nord, les zones en gris foncé s’étendent aux eaux côtières de la France, du Portugal et de l’Angleterre ainsi qu’à certaines parties de la mer Méditerranée, dont la mer Adriatique et la mer Égée. Les zones en gris foncé de l’Atlantique Sud s’étendent aux eaux côtières du sud du Brésil et de l’Argentine et aux eaux côtières de l’Angola et de l’Afrique du Sud. Dans l’océan Indien, les zones en gris foncé englobent les eaux côtières de l’Afrique du Sud et du Mozambique, autour de Madagascar et au large de l’Australie‑Occidentale.

Le grand requin blanc est rare à l’échelle mondiale et les données sur les populations sont limitées (COSEPAC, 2006). L’abondance de l’espèce à l’échelle planétaire est inconnue, mais des études indiquent des baisses de population dans l’Atlantique Nord-Ouest, au large de l’Afrique du Sud et de l’est de l’Australie et dans la mer Adriatique par le passé (Pepperell, 1992; Reid et Krough, 1992; Cliff et al., 1996; Soldo et Jardas, 2002; Baum et al., 2003). Des études plus récentes montrent des hausses apparentes de l’abondance dans l’Atlantique Nord-Ouest et dans les eaux de l’Afrique du Sud, de la Nouvelle-Zélande et de la Californie (Dudley et Simpfendorfer, 2006; Reid et al., 2011; Lowe et al., 2012; Curtis et al., 2014). Même dans des points chauds connus comme les eaux au large du centre de la Californie et de l’Afrique du Sud, les estimations de la population indiquent que le nombre de grands requins blancs est relativement faible (Chapple et al., 2011; Andreotti et al., 2016).

La taille de la population présente dans l’Atlantique Nord-Ouest est inconnue, mais Curtis et al. (2014) ont répertorié 649 mentions vérifiées (excluant les détections d’individus marqués) pendant une période de 210 ans (de 1800 à 2010); 94 % de ces mentions étaient postérieures à 1950. Au total, on compte 76 mentions confirmées et 19 mentions non confirméesNote de bas de page 3  de grands requins blancs dans les eaux canadiennes de l’Atlantique entre 1873 et 2020 (figure 3). Parmi ces mentions, 45 (33 confirmées et 12 non confirmées) datent de la période de 2009 à 2020. Le nombre de mentions dans les eaux canadiennes de l’Atlantique est probablement un indice peu fiable de l’abondance locale de l’espèce, car le nombre de mentions y est peu élevé comparativement à celui dans les eaux américaines (MPO, 2006). Au cours des dernières années, les activités de recherche et d’identification accrues ont révélé que les eaux canadiennes de l’Atlantique étaient plus fréquemment utilisées par l’espèce qu’on le croyait auparavant (Skomal et al., 2017).

De 2018 à 2020, le MPO a marqué 2 grands requins blancs dans les eaux canadiennes de l’Atlantique et l’organisation OCEARCH en a marqué 26. OCEARCH a aussi marqué des individus dans les eaux américaines, individus qui ont ensuite été suivis jusque dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. En collaboration avec l’Ocean Tracking Network (OTN) de l’Université Dalhousie et le MPO, des représentants de la Massachusetts Division of Marine Fisheries (MDMF) ont marqué des requins présents dans les eaux américaines, qui ont aussi été suivis jusque dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. Plus de 30 individus marqués d’une étiquette acoustique ont été détectés dans les eaux canadiennes de l’Atlantique (Chisholm, comm. pers., 2016). Des travaux sont en cours en vue de compiler et de regrouper les données acoustiques recueillies dans la région au fil du temps. Les résultats préliminaires et publiés issus de ces programmes de recherche indiquent que le grand requin blanc est présent dans les eaux canadiennes de l’Atlantique de façon saisonnière et que les individus observés, soit un mélange de subadultes et de requins matures mâles et femelles, sont largement répartis dans la région (Skomal et al., 2017; Bastien et al., 2020).

Avant 2014, une seule étude publiée portait sur les tendances de l’abondance du grand requin blanc dans l’Atlantique Nord-Ouest. Dans le cadre de celle-ci, on a utilisé les données sur les captures par unité d’effort issues de la pêche pélagique à la palangre américaine pour estimer un déclin de la population de 79 % entre 1986 et 2000 (Baum et al., 2003). Toutefois, l’ampleur de ce déclin a été contestée (Burgess et al., 2005). Les recherches de McPherson et Myers (2009) indiquent que la population de grands requins blancs présente dans les eaux de l’Est du Canada aurait connu un déclin de 86 % au cours de 3 générations (1926 à 1988), d’après des données d’observation auxquelles on a appliqué différents scénarios fondés sur divers taux de couverture par des observateurs en mer. Curtis et al. (2014) ont examiné des données datant de 1800 à 2010, y compris des données préalablement publiées et des mentions inédites plus récentes afin de créer la plus importante base de données sur les grands requins blancs présents dans l’Atlantique Nord-Ouest. Leurs analyses indiquent une hausse de l’abondance de la population de l’Atlantique Nord-Ouest depuis la mise en œuvre de mesures de conservation aux États-Unis (É.-U.) dans les années 1990. Cette tendance à la hausse des populations de grands requins blancs est observée à l’échelle mondiale. Toutefois, l’ampleur de la hausse de la population est incertaine et varie probablement en fonction des changements dans l’aire de répartition (Bowlby et Gibson, 2020). Malgré cette tendance positive, la mortalité anthropique demeure préoccupante pour la viabilité à long terme de la population de l’Atlantique Nord-Ouest (Curtis et al., 2014). Selon un point de référence récemment estimé, les prélèvements annuels totaux de grands requins blancs de la population de l’Atlantique Nord-Ouest devraient rester inférieurs à 10 si l’on veut assurer la persistance de la population à long terme (Bowlby et Gibson, 2020).

Grâce au suivi par satellite, au suivi réalisé au moyen d’archives, au suivi acoustique ainsi qu’aux études photographiques sur le grand requin blanc, on comprend beaucoup mieux les déplacements à l’échelle locale, les tendances en matière de résidence et les migrations sur de longues distances de l’espèce (Klimley et Ainley, 1996; Bonfil, 2004; Bruce et al., 2006; Bruce, 2008; Duffy et al., 2012; Skomal et al., 2017). Les individus adultes seraient plus largement répartis que l’on croyait auparavant. Ils utilisent les eaux côtières, du plateau continental, pélagiques et mésopélagiques, et ils entreprennent régulièrement de longues migrations en eaux extracôtières (Boustany et al., 2002; COSEPAC, 2006). Des études génétiques ont montré que la dispersion des grands requins blancs pourrait différer en fonction du sexe, les femelles présentant une plus grande fidélité aux sites (Pardini et al., 2001; Gubili et al., 2012). Des activités de recherche menées dans l’océan Pacifique, au large de la Californie, ont montré que, selon les tendances, la migration des mâles dure 1 an, tandis que celle des femelles dure 2 ans; les individus utilisent les eaux côtières ou extracôtières en fonction du stade de leur cycle vital (Domeier et Nasby-Lucas, 2013). Les juvéniles restent souvent dans certaines zones côtières, mais peuvent aussi entreprendre des migrations côtières sur de longues distances (Bruce et al., 2006; Shaw et al., 2021). Les grands requins blancs semblent suivre des voies migratoires communes lorsqu’ils se déplacent d’une zone côtière à l’autre. La détermination de ces voies et l’atténuation des interactions nuisibles avec des humains dans ces zones pourraient avoir une incidence importante sur la conservation de l’espèce (Bruce et al., 2006).

Le grand requin blanc est largement réparti le long de la côte nord-américaine de l’Atlantique (Curtis et al., 2014; Skomal et al., 2017). Then et al. (2017) ont déterminé 2 tendances distinctes en matière d’utilisation de l’habitat chez les individus marqués présents dans l’Atlantique Nord-Ouest. Les individus côtiers sont restés dans les eaux du plateau continental et ont présenté des tendances migratoires saisonnières qui étaient prévisibles. Les individus pélagiques ont occupé l’habitat situé au-delà du plateau continental pendant une partie de l’année et ont présenté des tendances migratoires moins prévisibles sur les plans temporel et spatial. Toutefois, pendant l’été, tous les individus côtiers et pélagiques marqués ont occupé l’habitat côtier, depuis le golfe du Mexique jusqu’à la Nouvelle-Angleterre. Les individus côtiers comprenaient des juvéniles, des subadultes et des adultes, tandis que les individus pélagiques comprenaient seulement des subadultes et des adultes. Les déplacements vers le large correspondent probablement à la croissance des individus, une plus grande taille leur permettant d’occuper des eaux caractérisées par une plus grande gamme de températures. Les individus côtiers et pélagiques occupent des eaux de surface allant de 4 à 32,6 °C et de 1 à 30,4 °C, respectivement. Les individus côtiers se déplacent dans toute la colonne d’eau, passant 95 % de leur temps à des profondeurs inférieures à 50 m, tandis que les individus pélagiques présentent une préférence bimodale pour les profondeurs inférieures à 25 m et celles variant de 200 à 600 m (Skomal et al., 2017). L’espèce peut être présente jusqu’à une profondeur de 1 280 m (Bigelow et Schroeder, 1948; Skomal et al., 2017). Le comportement des individus pélagiques vivant dans l’Atlantique Nord-Ouest est généralement associé à des activités de recherche de nourriture (Skomal et al., 2017). Cependant, selon Skomal et al. (2017), les déplacements de femelles vers le large pourraient coïncider avec la gestation, comme le soutiennent des études de marquage menées dans le Pacifique (Comier et Nasby-Lucas, 2012; Domier, 2012).

Les eaux canadiennes de l’Atlantique sont disponibles de façon saisonnière pour la population de requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest et représentent la limite septentrionale de leur aire de répartition (COSEPAC, 2006; Curtis et al. 2014). On ne connaît pas l’étendue de la répartition de l’espèce dans ces eaux. Les zones présentant une forte densité d’individus varient de façon saisonnière; il s’agit du golfe médio-atlantique, des eaux de la Nouvelle-Angleterre et des eaux canadiennes pendant l’été, et du golfe du Mexique et des eaux du sud-est des É.-U. pendant l’hiver (Curtis et al., 2014). La majorité des observations confirmées dans les eaux canadiennes de l’Atlantique ont eu lieu entre juin et septembre, le mois d’août présentant le plus d’observations (COSEPAC, 2006; MPO, 2021). Toutefois, des individus marqués ont été détectés plus loin au large, vers le rebord du plateau continental pendant l’hiver (Skomal et al., 2017); un individu est resté près de cet endroit, vers l’est du plateau néo-écossais et les bancs de novembre 2015 à février 2016 (OCEARCH, 2021).

Les Mi’kmaq du Canada atlantique indiquent que leur peuple connaît l’espèce depuis des milliers d’années; une dent de grand requin blanc datant d’il y a 1 000 à 2 000 ans a été découverte dans un amas de coquilles d’huîtres à proximité de l’île Pig, dans le détroit de Northumberland, en Nouvelle-Écosse (Gilhen, 1998; COSEPAC, 2006). Les connaissances autochtones représentent une source d’information sur la répartition du grand requin blanc et l’utilisation qu’il fait de l’habitat.

Les connaissances locales des utilisateurs de l’océan sont aussi une source d’information sur la répartition du grand requin blanc et l’utilisation qu’il fait de l’habitat

Voir la description longue.

Figure 3. Mentions de grands requins blancs (de 1873 à 2020) dans les eaux canadiennes de l’Atlantique (MPO, 2021). On a placé les mentions sur la carte en utilisant les coordonnées connexes, lorsqu’elles étaient disponibles. En l’absence de coordonnées, l’emplacement est déterminé de façon approximative au moyen de la description associée à la mention. Il convient de noter qu’on n’a pas tenu compte des activités de relevé dans cette figure et que ces activités n’étaient pas réparties également dans la zone représentée. Les données issues des activités de marquage acoustique ou par satellite ne sont pas incluses sur la carte. Pêches et Océans Canada examine les mentions et les classes selon qu’elles ont été confirmées ou non confirmées, d’après l’information accessible (par exemple, photos, vidéos, descriptions).
Description longue

La figure 3 est une carte du Canada atlantique qui montre la baie de Fundy, le golfe du Saint‑Laurent et les eaux au large de la Nouvelle‑Écosse et de Terre‑Neuve. Les mentions de requins blancs de 1873 à 2020 sont indiquées sur la carte et sont différenciées comme étant des mentions confirmées ou non confirmées. La majorité des mentions sont confirmées. Les mentions se trouvent dans l’ensemble du Canada atlantique, surtout près des côtes. Sur le plan longitudinal, les mentions sont distribuées depuis les Grands Bancs de Terre‑Neuve jusqu’à aussi loin à l’ouest que l’estuaire de la rivière Portneuf dans le fleuve Saint‑Laurent. Sur le plan latitudinal, les mentions sont distribuées depuis le détroit de Belle Isle au large de la pointe nord de Terre‑Neuve jusqu’au sud du banc de l’Île de Sable. Les zones où l’on a relevé des concentrations de requins blancs comprennent la baie de Fundy, la baie Passamaquoddy, le détroit de Northumberland et la côte sud-ouest de la Nouvelle‑Écosse.

4.3 Besoins de l’espèce

On ne connaît pas les besoins en matière d’habitat du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. La présence de l’espèce dans les zones côtières et pélagiques de ces eaux est régulière durant l’été et l’automne, mais des occurrences ont aussi été répertoriées en hiver (COSEPAC, 2006; Skomal et al., 2017; OCEARCH, 2021; MPO, 2021).

Dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, il est probable que le grand requin blanc se nourrisse de carcasses de mammifères marins et qu’il chasse ces mammifères de façon régulière (COSEPAC, 2006). Pendant l’été, les eaux plus chaudes et la présence d’échoueries de phoques pourraient expliquer la répartition de l’espèce (Brodie et Beck, 1983; Lucas et Natanson, 2010).  

La survie et le rétablissement du grand requin blanc sont influencés par des facteurs limitatifs intrinsèques, y compris l’abondance naturellement faible, la croissante lente, la maturation tardive et la faible fécondité de l’espèce, qui entraînent une faible productivité générale (COSEPAC, 2006). Ces facteurs peuvent être amplifiés par la fidélité des femelles à certains sites, ce qui pourrait augmenter leur vulnérabilité à l’exploitation (Pardini et al., 2001). L’espèce pourrait aussi être particulièrement sensible à la toxicité de l’environnement et à la pollution en raison de son cycle vital et de son mode de reproduction ovovivipare (COSEPAC, 2006).

5. Menaces

5.1 Évaluation des menaces

Par « menace », on entend une activité ou un processus humain qui a causé, cause ou peut causer des dommages à une espèce sauvage en péril, sa mort ou des modifications de son comportement, ou la destruction, la détérioration ou la perturbation de son habitat jusqu’au point où des effets sur la population se produisent (MPO, 2014b). Le COSEPAC (2006) a désigné « en voie de disparition » les grands requins blancs présents dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, surtout à cause de menaces qui, bien qu’elles se produisent hors de ces eaux, influent probablement sur la capacité de rétablissement de l’espèce dans les eaux canadiennes. Les menaces pesant sur le grand requin blanc sont résumées dans le tableau 2 et sont décrites de façon plus détaillée à la section 5.2 et dans le rapport du COSEPAC (2006). Les catégories d’évaluation des menaces sont définies à l’annexe C.

L’évaluation des menaces présentée dans le tableau 2 a été réalisée en fonction de l’information figurant dans le rapport de situation du COSEPAC (2006), l’EPR (MPO, 2006) et l’évaluation de l’étendue des dommages admissibles (MPO, 2017), d’autres renseignements publiés, ainsi que l’opinion d’experts. Cette évaluation n’a pas fait l’objet d’un examen scientifique par les pairs et a précédé la publication des plus récentes lignes directrices sur l’évaluation des menaces pour les espèces en péril (MPO, 2014b). Les résultats de l’évaluation peuvent changer à mesure que de nouveaux renseignements deviennent disponibles. En l’absence d’une estimation de la population et de connaissances sur la façon dont les menaces pourraient avoir touché la population jusqu’à maintenant, il est impossible de déterminer avec certitude les effets de ces menaces à l’échelle de la population. On a plutôt inféré ces effets à partir des connaissances actuelles sur les taux de mortalité et de blessures des individus, le cas échéant.

 

Tableau 2. Résumé des menaces pesant sur le grand requin blanc à l’échelle mondiale et dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. Veuillez consulter l’annexe C pour les définitions des termes utilisés dans ce tableau.
Menace Échelle Niveau de préoccupation Étendue Réalisation Fréquence Gravité Certitude causale

Pêche dirigée, enlèvement des nageoires et commerce de curiosités

Mondiale

Élevé

Généralisée

Actuelle

Continue

Élevée

Élevée

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Faible

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Prises accessoires commerciales

Mondiale

Élevé

Généralisée

Actuelle

Continue

Élevée

Élevée

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Faible

Inconnue

Actuelle

Récurrente

Inconnue

Inconnue

Pêche récréative

Mondiale

Moyen

Généralisée

Actuelle

Continue

Modérée à faible

Moyenne

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Faible

Inconnue

Actuelle

Inconnue

Faible

Faible

Programmes de lutte contre les requins

Mondiale

Faible

Localisée

Actuelle

Continue

Modérée à faible

Faible

Eaux canadiennes de l’Atlantique

S.O.

S.O.

S.O.

S.O.

S.O.

S.O.

Harcèlement

Mondiale

Faible à moyen

Inconnue

Actuelle/ passée

Ponctuelle/ continue

Inconnue

Moyenne

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Faible

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Écotourisme

Mondiale

Faible

Localisée

Actuelle

Récurrente

Inconnue

Faible

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Faible

Localisée

Actuelle

Récurrente

S.O.

S.O.

Aquariums publics (par le passé)

Mondiale

Faible

Inconnue

Passée

Unique (1 fois)

Inconnue

Faible

Eaux canadiennes de l’Atlantique

S.O.

S.O.

S.O.

S.O.

S.O.

S.O.

Bioaccumulation persistante de toxines

Mondiale

Faible

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Faible

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Inconnu

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Dégradation de l’habitat

Mondiale

Faible

Généralisée

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Faible

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Inconnu

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Inconnue

Inconnue

5.2 Description des menaces

Les menaces à l’échelle mondiale concernent toutes les populations de grands requins blancs, mais les menaces relatives aux eaux canadiennes de l’Atlantique sont peu connues. Les menaces sont décrites ci-dessous selon le contexte mondial et, lorsque c’était possible, des renseignements sur le grand requin blanc des eaux canadiennes de l’Atlantique ont été ajoutés. Dans l’évaluation du COSEPAC (2006), il a été déterminé que les principales menaces pesant sur le grand requin blanc sont les activités humaines, surtout les pêches commerciales et récréatives, le commerce de curiosités (dents et mâchoires), le commerce de nageoires utilisées à des fins alimentaires ou comme trophées et la bioaccumulation de toxines. D’autres menaces potentielles (section 5.2.10) pourraient entraîner la mortalité directe d’individus ou blesser ces derniers, avoir une incidence sur le comportement de l’espèce ou l’utilisation de l’habitat et contribuer à la diminution de la viabilité ou de la valeur adaptative de la population.

5.2.1 Pêche, enlèvement des nageoires et commerce de curiosités

Échelle mondiale

Les grands requins blancs sont principalement capturés à titre de prises accessoires commerciales, mais ils sont ciblés par des pêches à petite échelle et artisanales dans certaines régions (Compagno, 2001). Ils sont surtout ciblés pour leurs nageoires, leurs mâchoires et leurs dents de grande valeur (Compagno, 2001; CITES, 2004). Les dents et les mâchoires sont vendues dans le commerce de curiosités en tant que bijoux, souvenirs, décorations et objets de collection. Les individus de grande taille sont plus recherchés en raison de la valeur élevée de leurs mâchoires et de chacune de leurs dents (Compagno, 2001; Bonfil et al., 2004; Duffy, 2004; Fowler et al., 2005). En raison de la grande valeur de ses nageoires, le grand requin blanc est plus vulnérable à l’enlèvement des nageoires, soit le fait de prélever et de conserver les nageoires d’un individu et de jeter le reste du corps à la mer. Il s’agit d’une pratique qui contribue considérablement à la surexploitation des requins à l’échelle mondiale (IUCN, 2003). Les nageoires sont ensuite vendues à des fins alimentaires ou en tant que trophées. La chair, la peau, le cartilage et l’huile du foie de l’espèce sont propres à la consommation humaine, mais la teneur en mercure élevée de la chair en limite la demande (Compagno, 2001).

La grande valeur et la notoriété du grand requin blanc favorisent le braconnage et le commerce illégal. Selon des éléments probants, même dans les lieux où des mesures réglementaires de protection de l’espèce existent, y compris l’Australie, l’Afrique du Sud et les États-Unis, l’espèce faisait l’objet de braconnage et d’un commerce dès le début des années 2000 (CITES, 2004; Shivji et al., 2005). Compte tenu de la grande valeur et de la facilité de transport des dents de grands requins blancs et de l’existence d’un marché pour leur commerce, la menace pourrait être plus importante que ne l’indiquent actuellement les rapports de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) (Cooper, 2009). Puisque l’ampleur de la pêche, y compris les activités de pêche et de commerce illégales et non déclarées, est inconnue dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce et que les produits issus du grand requin blanc ont une grande valeur, on considère que la menace est très préoccupante à l’échelle mondiale.

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Depuis 1994, l’enlèvement des nageoires est interdit dans les eaux canadiennes ainsi que pour les détenteurs de permis de pêche canadiens menant des activités à l’extérieur de la zone économique exclusive (ZEE) par l’entremise de conditions de permis de pêche (MPO, 2007). Le Canada a adopté des politiques de protection contre l’enlèvement des nageoires de requin (Pikitch et al., 2008), qui sont décrites à la section 7.1. Dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, aucun commerce illégal de produits issus du grand requin blanc n’aurait cours, ou ce commerce serait minime, mais il faudrait davantage de renseignements pour évaluer correctement la contribution de ce commerce au niveau de préoccupation de la menace. La pêche dirigée du grand requin blanc et la rétention des prises accessoires de l’espèce sont interdites dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. On ne connaît pas le niveau de préoccupation associé à cette menace dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, mais on présume qu’il est faible.

5.2.2 Prises accessoires commerciales

Échelle mondiale

La prise accessoire consiste en l’interaction entre une espèce non ciblée et un engin de pêche. De grands requins blancs sont capturés dans le cadre des pêches à engins fixes et à engins mobiles. Étant donné que le grand requin blanc doit nager sans cesse pour respirer, il est particulièrement sensible à la mortalité lorsqu’il se retrouve en tant que prise accessoire dans des engins de pêche limitant ou empêchant ses mouvements, ce qui diminue le courant d’eau vers ses branchies. Compagno (2001) a déterminé que les pêches associées aux plus grands taux de prises accessoires de l’espèce sont les pêches à la palangre, aux lignes, au filet maillant de fond fixe, au filet maillant pélagique, au casier, à la fascine à hareng, au trémail, au chalut de fond et au chalut pélagique et à la senne coulissante. À l’échelle mondiale, on ne sait pas quelle pêche est associée au plus grand nombre de prises accessoires de l’espèce (Diaz et Serafy, 2005; Moyes et al., 2006; Campana et al., 2009). Le COSEPAC (2006) a indiqué que la pêche à la palangre pélagique américaine est la principale cause de mortalité associée aux prises accessoires dans le nord-ouest de l’Atlantique, ce qui est fondé en grande partie sur le document de Baum et al. (2003), et que la majorité des prises accessoires se produisent au sud de la Floride. Selon des études antérieures et actuelles menées dans le sud de la Californie, dans le Pacifique, un plus grand nombre de prises de grands requins blancs provient des pêches au filet, comme les trémails, et des filets maillants fixes et dérivants, que des autres pêches étudiées (Lowe et al., 2012; Santana-Morales et al., 2012).

Il n’existe aucune étude comparable sur les prises accessoires de grands requins blancs issues des pêches au filet dans l’Atlantique Nord-Ouest.

Les prises accessoires commerciales réalisées dans les eaux du sud des États-Unis semblent être la plus importante cause de mortalité de l’espèce dans l’Atlantique Nord-Ouest; le taux de mortalité associé aux prises accessoires semble élevé pour certaines pêches (Curtis et al., 2014). Le niveau de préoccupation lié à cette menace est considéré comme élevé à l’échelle mondiale.

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, il est rare que la prise accessoire commerciale de grands requins blancs entraîne leur mortalitéNote de bas de page 4  d’après les 31 mentions de 1873 à 2016, même s’il est probable que ce chiffre sous-estime le véritable taux d’interactions entraînant leur mortalité (MPO, 2017). Environ 55 % des prises accessoires authentifiées provenaient de filets maillants à morue ou à merluche et de fascines à hareng (MPO, 2017). Au total, 2 grands requins blancs morts dans des fascines ont été répertoriés dans la baie de Fundy en 2010 et 2011 (MPO, 2017).

Les renseignements sur les prises accessoires de l’espèce sont rares. Pour l’ensemble des eaux canadiennes de l’Atlantique, il n’y a que 4 mentions de grands requins blancs dans les bases de données des observateurs en mer. Pour toutes ces mentions, l’identification de l’espèce n’a pas été confirmée en raison de la faible longueur des individus capturés et de l’absence d’une confirmation par photo ou vidéo. D’autres mentions de prises accessoires tirées du rapport du COSEPAC (2006) ont été obtenues dans le cadre d’une revue de la littérature et des mentions récentes ont été fournies par des pêcheurs. Il existe 2 mentions d’interactions avec un grand requin blanc dans les documents de surveillance en vertu de la LEP approuvés par le MPO. Cependant, Hurtubise et al. (2020) ont constaté que, pour les tortues luths menacées, ces données sous-estiment les véritables taux d’interaction entre les tortues et la pêche au Canada atlantique. Cette conclusion s’applique probablement aussi à d’autres espèces inscrites à la LEP pour lesquelles la soumission de documents de suivi de la LEP est requise, y inclu le grand requin blanc.

Les types d’engins de pêche commerciale associés à la capture accidentelle de grands requins blancs dans d’autres juridictions, mais pour lesquels il n’existe aucune mention d’interaction avec l’espèce dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, pourraient être la source d’interactions futures dans ces eaux. Il s’agit notamment des chaluts semi-pélagiques, des filets maillants semi-pélagiques et des palangres de fond (Compagno, 2001).

Aucune étude n’a examiné les prises de requins ou les taux de mortalité issus des fascines à hareng. Toutefois, la mortalité connexe pourrait être faible si les individus capturés sont demeurés immergés et s’ils pouvaient se déplacer et respirer avant leur fuite ou leur remise en liberté à l’état vivant en temps opportun. Les fascines, toutefois, s’assèchent à mesure que la marée se retire, ce qui rend peu probable la remise à l’eau de grands requins blancs encore vivants.

Même si le taux de mortalité des grands requins blancs associé aux filets maillants dans les eaux canadiennes de l’Atlantique n’a pas été déterminé, il devrait être élevé parce que cet engin limite les mouvements des individus capturés et diminue le courant d’eau vers leurs branchies, perturbant ainsi leur respiration. La seule étude connue examinant la mortalité associée aux prises accessoires de requins issues des pêches au filet maillant dans les eaux canadiennes de l’Atlantique a été menée dans les eaux de Terre-Neuve-et-Labrador de 2001 à 2003 (Benjamins et al., 2010). Cette étude n’a pas permis de déterminer le taux de mortalité du grand requin blanc ni d’aucune autre espèce.

Si l’on considère que le niveau de préoccupation associé à cette menace est faible dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, la rareté relative du grand requin blanc dans ces eaux et la variabilité de la couverture des observateurs en mer des pêches canadiennes pouvant interagir avec l’espèce compliquent l’évaluation quantitative de la fréquence des prises accessoires.

5.2.3 Pêche récréative

Échelle mondiale

Les pêches récréatives du requin sont souvent mal documentées par les organismes gouvernementaux et ne sont habituellement pas considérées comme une priorité en matière de gestion. En raison de sa taille, de sa notoriété et de sa puissante résistance à la capture, le grand requin blanc est ciblé par des pêches sportives dirigées aux fins d’établissement de records de pêche et de collecte de mâchoires à titre de trophées (Compagno, 2001; CITES, 2004). Toutefois, à l’échelle mondiale, un nombre croissant de pêcheurs remettent volontairement les requins capturés à l’eau. Cette tendance coïncide avec la réalisation de programmes de marquage à participation volontaire (Babcock, 2008). On considère que cette menace est de niveau de préoccupation moyen.

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Selon les mentions, depuis 1873, l’espèce a fait l’objet de captures à 2 reprises seulement lors d’activités de pêche récréative dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. Ce faible nombre de captures est en partie attribuable à la rareté et à la taille de l’espèce ainsi qu’à la capacité des individus de mordre les agrès de pêche habituels pour s’en libérer (MPO, 2006).

Au Canada, la pêche récréative du requin est limitée à la pêche avec remise à l’eau, à l’exception des tournois de pêche aux requins autorisés par le MPO qui font l’objet d’une vérification obligatoire des débarquements quai. Il est toutefois interdit de débarquer de grands requins blancs pendant ces tournois.

À l’heure actuelle, quelques expéditions et excursions de pêche récréative aux requins sont proposées dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, mais aucune n’est autorisée à cibler le grand requin blanc. Cette menace est de niveau de préoccupation faible dans les eaux canadiennes de l’Atlantique.

5.2.4 Programme de lutte contre les requins

Échelle mondiale

Les grands requins blancs de grande taille sont intentionnellement ciblés par les programmes de protection des plages au moyen de filets, qui visent à assurer la sécurité des baigneurs en Afrique du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande (CITES, 2004; Curtis et al., 2012). Peu d’individus sont capturés au moyen de ces filets, donc la menace pesant sur la population est probablement faible; par contre, la mortalité des individus capturés est élevée. Chaque année, en moyenne 10 à 50 grands requins blancs sont capturés dans le cadre des programmes mis en place en Australie et en Afrique du Sud (Dudley, 2003; Bonfil et al., 2004). Depuis 1975, aucun individu n’a été capturé dans le cadre du programme mis en place en Nouvelle-Zélande (Duffy, 2004). À l’échelle mondiale, on considère que le niveau de préoccupation lié à cette menace est faible.

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Il n’existe aucun programme de protection des plages au moyen de filets dans les eaux canadiennes de l’Atlantique.

5.2.5 Harcèlement

Échelle mondiale

En raison d’interactions parfois mortelles avec des humains, le grand requin blanc a acquis une mauvaise réputation qui est perpétuée par les médias populaires. Par conséquent, des campagnes visant à tuer de grands requins blancs sont parfois organisées à la suite d’attaques par des requins ou pour anticiper de telles attaques (par exemple, abattages) (CITES, 2004; Fergusson et al., 2005; Curtis et al., 2012). En outre, des individus sont parfois tués parce qu’ils sont considérés comme nuisibles aux pêches. Cette situation est exacerbée par la tendance des requins à examiner des bateaux et d’autres objets flottants, ce qui les attire vers la surface et qui augmente potentiellement le risque qu’ils soient intentionnellement blessés ou tués (Compagno, 2001). On considère que le niveau de préoccupation relatif au harcèlement varie de faible à moyen.

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Compte tenu du nombre d’individus observés dans le cadre des pêches commerciales et récréatives, on croit que l’abondance du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique est relativement faible (COSEPAC, 2006). Par conséquent, la probabilité qu’une personne ait l’occasion de harceler un individu est relativement faible.

5.2.6 Écotourisme

Échelle mondiale

Les activités écotouristiques mal gérées sont une source potentielle de perturbation pour le grand requin blanc. Dans plusieurs régions du monde (par exemple, en Afrique du Sud et en Australie), la plongée en cage et d’autres types d’activités touristiques ont été conçues pour permettre aux gens d’observer le grand requin blanc dans son milieu naturel. Les effets à long terme de ces activités sur les populations de grands requins blancs sont inconnus (CITES, 2004), mais les effets sur le comportement du grand requin blanc pourraient être préoccupants (Laroche et al., 2007; Huveneers et al., 2018). La menace est considérée comme présentant un faible niveau de préoccupation. 

Eaux canadiennes de l’Atlantique

Au fur et à mesure que la sensibilisation du public et son intérêt pour le grand requin blanc dans les eaux du Canada atlantique augmentent, le potentiel des activités d’écotourisme axées sur cette espèce augmente également. À l’heure actuelle, l’écotourisme axé sur les grands requins blancs est limité au Canada atlantique. Cette menace est associée présentement à un faible niveau de préoccupation.

5.2.7 Aquariums publics

Échelle mondiale

Des aquariums publics ont capturé de grands requins blancs vivants pour les exposer dans les années 1970 et 1980; ces requins périssaient généralement après quelques jours de captivité (Compagno, 2001). L’aquarium de Monterey Bay, situé en Californie, a organisé 5 expositions de grands requins blancs vivants depuis 2004. Tous les requins ont survécu et ont été relâchés avec succès dans la nature après 6 mois ou moins passés à l’aquarium. La menace est considérée comme passée et faible, car les grands requins blancs sont rarement capturés à des fins d’exposition.

Eaux canadiennes de l’Atlantique

La capture de grands requins blancs vivants n’est pas considérée comme une menace dans les eaux canadiennes de l’Atlantique puisqu’elle n’est pas permise et ne semble pas exister.

5.2.8 Bioaccumulation persistante de toxines

Échelle mondiale

Compte tenu de son régime alimentaire et de sa longévité, le grand requin blanc est susceptible de bioaccumuler des polluants dans son corps, comme cela a été observé chez d’autres espèces de requins et de raies (élasmobranches) (Cagnazzi et al., 2019). Des spécimens de grands requins blancs des eaux sud-africaines ont été trouvés avec des teneurs élevées en pesticides organochlorés, en métaux (par exemple, du mercure) et en biphényles polychlorés (BPC) (Schlenk et al., 2005). Des juvéniles dans la Southern California Bight présentaient des teneurs en mercure 6 fois plus élevées que la valeur de dépistage préoccupante établie pour les espèces sauvages, des concentrations élevées de contaminants organiques dans leur foie et des concentrations de dichlorodiphenyltrichloroéthane (DDT) supérieures à celles signalées pour tout autre élasmobranche (Mull et al., 2012). Le potentiel de transfert de contaminants des grands requins blancs femelles à leur progéniture est important en raison du niveau trophique élevé de l’espèce (Lyons et al., 2013). L’accumulation de ces toxines entraîne de graves problèmes de santé (par exemple, troubles de reproduction, anomalies squelettiques, perturbations endocriniennes et immunotoxicité) chez plusieurs mammifères marins et pourrait constituer une préoccupation pour le grand requin blanc. Des recherches suggèrent cependant que le grand requin blanc pourrait avoir des mécanismes de protection physiologique pour atténuer les effets de ces toxines. En effet, les requins blancs d’Afrique du Sud présentaient des concentrations sanguines de mercure et d’arsenic qui seraient normalement toxiques chez d’autres animaux, mais aucun signe d’effets néfastes sur leur santé n’a été observé (Merly et al., 2019). Cette menace est associée à un faible niveau de préoccupation.

Eaux canadiennes de l’Atlantique

On en sait peu sur la bioaccumulation de toxines chez les grands requins blancs des eaux canadiennes, bien que, selon une étude (Zitko et al., 1972) réalisée dans la baie de Fundy et dans le golfe du Maine, les tissus musculaires et hépatiques présentaient des concentrations de BPC et de pesticides à base d’hydrocarbures chlorés plus élevées chez les grands requins blancs que chez les autres poissons. Il n’existe pas d’autres études plus récentes et plus approfondies. Cette menace présente un niveau de préoccupation inconnu, mais on présume que celui-ci devrait être faible.

5.2.9 Dégradation de l’habitat

Échelle mondiale

L’augmentation du développement côtier, le déversement de déchets organiques, la surpêche des espèces proies et les changements climatiques peuvent mener à la dégradation d’importantes zones d’alimentation, d’accouplement et de mise bas du grand requin blanc. Cependant, le grand requin blanc pourrait adapter son comportement et l’utilisation qu’il fait de l’habitat en réponse à la dégradation de l’habitat. La documentation qui traite de la façon dont la dégradation de l’habitat peut altérer la santé, la répartition et la productivité des requins demeure rare. Cette menace est considérée comme présentant à un faible niveau de préoccupation.

Eaux canadiennes de l’Atlantique

L’utilisation de l’habitat par le grand requin blanc dans les eaux canadiennes est inconnue. Le niveau de préoccupation associé à cette menace est donc également inconnu dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, mais on le présume toutefois faible.

5.2.10 Autres menaces

On pense que certaines activités anthropiques présentent des menaces potentielles pour le grand requin blanc à l’échelle mondiale et dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, bien qu’elles soient mal comprises. Elles ne sont pas présentées dans le tableau 2, car il n’existe que peu ou pas de renseignements permettant d’évaluer le niveau de préoccupation, ce qui entraînerait un niveau de préoccupation inconnu.

Champs électromagnétiques anthropiques

Les espèces d’élasmobranches telles que le grand requin blanc possèdent un « sens électrique » qui leur permet de détecter des champs électromagnétiques (CEM) localisés dont elles peuvent se servir pour s’orienter à plus grande échelle (examiné dans Hueter et al., 2004). Des études sur d’autres élasmobranches indiquent que la détection des CEM les aide à repérer leurs proies, à éviter les prédateurs et à s’orienter à l’échelle locale. Elles peuvent se servir des CEM pour s’orienter dans leur environnement de manière à la fois active et passive (Hueter et al., 2004).

Les sources anthropiques de CEM ont été introduites dans l’environnement marin par une grande variété de sources, et ce, dans de nombreuses régions du monde (Normandeau et al., 2011). On sait peu de choses concernant leurs répercussions sur les espèces et les écosystèmes marins. Les résultats d’une étude ont montré que des anguilles qui faisaient l’objet d’un suivi ont été détournées de leur voie migratoire sous l’effet de CEM, mais qu’elles ont fini par reprendre leur trajectoire initiale (Thomsen et al. 2015). Bien qu’il manque de l’information sur les effets des CEM sur le grand requin blanc et d’autres espèces marines, les CEM constituent une menace potentielle.

Dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, les sources anthropiques potentielles de CEM comprennent les câbles électriques et de télécommunications sous-marins et les structures d’exploitation des énergies renouvelables au large des côtes (par exemple, énergie éolienne ou marémotrice) (Isaacman et Daborn, 2011; Normandeau et al., 2011; MPO, 2013a). Ces CEM peuvent interférer avec la capacité d’un requin à utiliser son sens électromagnétique, ce qui pourrait avoir des effets sur son comportement et ses fonctions vitales. La portée des émissions de CEM provenant de sources comme les câbles sous-marins peut être minimale et localisée. Compte tenu des lacunes actuelles dans les connaissances sur la biologie des requins, le niveau de préoccupation que cette menace peut représenter pour le grand requin blanc à l’échelle mondiale et dans les eaux canadiennes de l’Atlantique n’est pas bien compris (Isaacman et Daborn, 2011; Normandeau et al., 2011; MPO, 2013a). 

Perturbations acoustiques

On observe une augmentation du bruit dans tous les océans de la planète. Parmi les sources de bruit anthropique figurent la navigation commerciale, l’exploration et l’extraction des ressources naturelles et le développement industriel (par exemple, battage de pieux).

Le système auditif du grand requin blanc le rendrait sensible à la moindre vibration ou au moindre son (Martin, 2003). Des expériences sur le terrain et en laboratoire sur d’autres espèces de requins indiquent que les requins peuvent entendre des sons dont les fréquences vont d’environ 10 hertz (Hz) (cycles par seconde) à environ 800 Hz et qu’ils sont plus sensibles aux sons inférieurs à 375 Hz. Des études montrent également que les requins sont davantage attirés par des pulsations irrégulières à fréquence relativement basse comme celles habituellement associées à un poisson en difficulté (Martin, 2003). Les résultats de ces études pourraient s’appliquer au grand requin blanc; l’impact global du bruit anthropique sur l’espèce demeure cependant mal compris. Le bruit pourrait forcer le grand requin blanc à se déplacer de ses zones d’alimentation préférées ou réduire sa capacité à détecter ses proies, ce qui pourrait entraîner des coûts énergétiques pour les individus et les populations.

Développement côtier et extracôtier

Le développement côtier et l’exploitation des océans comprennent, entre autres, la construction côtière sur terre, les développements dans l’eau (comme la construction de quais et le dragage), l’exploration et l’exploitation pétrolières et gazières et le développement des énergies renouvelables (comme l’énergie éolienne et marémotrice). Ces activités pourraient entraîner une dégradation de l’habitat (par exemple par l’introduction de contaminants et de sédiments excédentaires), une augmentation du bruit sous-marin et d’autres répercussions sur le grand requin blanc et ses proies. L’énergie marémotrice attire particulièrement l’attention en Nouvelle-Écosse comme une industrie qui a le potentiel de fournir de l’énergie renouvelable à une plus grande échelle que ce qui est actuellement en place (Province of Nova Scotia, 2012).

Le développement de l’énergie marémotrice dans la baie de Fundy pourrait chevaucher les zones où l’on sait que le grand requin blanc est présent. La production d’énergie marémotrice consiste à placer une structure de production d’énergie, comme une turbine, dans l’environnement marin. Les effets potentiels sur les espèces présentes dans la région peuvent provenir d’interactions physiques, de perturbations acoustiques ou de la création de CEM par des câbles électriques sous-marins (AECOM, 2009). Des collisions avec les turbines marémotrices pourraient survenir et entraîner des blessures ou de la mortalité chez le grand requin blanc et ses proies. Le risque de mortalité ou de blessure dépend de la conception du système d’énergie marémotrice (par exemple, diamètre des turbines, nombre de turbines, vitesse des pales, position dans la colonne d’eau). Les câbles utilisés aux fins de la production d’énergie marémotrice émettent des CEM de faible intensité et ne sont pas susceptibles d’entraîner un comportement d’évitement (AECOM, 2009). Certains modèles d’énergie marémotrice peuvent présenter des risques pour les proies du grand requin blanc et les effets cumulatifs de multiples turbines marémotrices, particulièrement à l’échelle commerciale, pourraient augmenter la probabilité ou la gravité des menaces pesant sur le grand requin blanc. Étant donné que les effets du développement de l’énergie marémotrice sur l’espèce demeurent inconnus, il faudrait élaborer des plans de suivi des effets sur l’environnement qui permettraient d’effectuer un suivi rigoureux des répercussions potentielles des projets d’énergie marémotrice sur l’espèce.

6. Objectifs en matière de population et de répartition

Les objectifs en matière de population et de répartition établissent, dans la mesure du possible, le nombre d’individus ou de populations, de même que la répartition géographique de l’espèce, qui sont nécessaires au rétablissement de l’espèce. Les objectifs en matière de population et de répartition du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique sont :

Objectif en matière de population : maintenir ou augmenter la population de grands requins blancs qui fréquentent les eaux canadiennes de l’Atlantique.

Objectif en matière de répartition : maintenir la répartition du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique.

Les renseignements disponibles sur l’abondance et la répartition du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique sont insuffisants pour fixer des objectifs quantitatifs. Les recherches et les mesures de gestion prévues et en cours au Canada devraient contribuer au rétablissement de la population et fournir des renseignements qui permettront de préciser ces objectifs dans l’avenir.

Les objectifs en matière de population et de répartition tiennent compte du fait que les grands requins blancs présents dans les eaux canadiennes de l’Atlantique représentent un pourcentage inconnu de la population élargie de l’Atlantique Nord-Ouest. L’approche visant à accroître la population de grands requins blancs qui fréquentent les eaux canadiennes de l’Atlantique consistera à augmenter la population de l’Atlantique Nord-Ouest dans son ensemble et donc proportionnellement le nombre d’individus qui fréquentent les eaux canadiennes. Ce programme de rétablissement est donc axé sur la réduction de la mortalité anthropique dans les eaux canadiennes tout en favorisant une collaboration à l’échelle internationale en vue d’influer sur l’abondance totale du grand requin blanc dans l’Atlantique Nord-Ouest. Si, à l’avenir, la population de l’Atlantique Nord-Ouest est jugée stable, les activités de rétablissement se concentreront sur le maintien de cette stabilité. Aucune activité ne sera mise en œuvre pour modifier les tendances de répartition du grand requin blanc sans tenir compte des changements dans l’abondance et la répartition de la population à l’échelle mondiale.

Le rétablissement du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique dépendra des stratégies de conservation mises en œuvre dans toute l’aire de répartition de la population. Pour cette raison, les activités de rétablissement mises en œuvre dans les eaux canadiennes de l’Atlantique pourraient ne pas suffire à elles seules à retirer le grand requin blanc de la liste des espèces en péril ou à le reclassifier dans une catégorie de risque moindre.

Les objectifs en matière de population et de répartition seront réévalués dans un délai significatif sur le plan biologique lorsque le rétablissement pourra être mesuré efficacement ou à mesure que de nouveaux renseignements seront disponibles. Un délai de 5 ans ou un délai similaire pour la production de rapports ne permettrait pas d’évaluer le rétablissement de la population avec exactitude compte tenu de la longévité et de la maturation tardive de cette espèce. La durée de génération demeure incertaine, les estimations indiquant une durée soit plus courte (26 ans), soit plus longue (62 ans) (MPO, 2017). Dans tous les cas, la longévité de l’espèce et les caractéristiques de son cycle vital signifient qu’il faudrait probablement des décennies avant que les changements de population ne deviennent évidents et que le rétablissement ne soit accompli. Des mesures provisoires des progrès seront nécessaires pour suivre le rétablissement à court terme (section 9).

7. Stratégies et approches générales pour l’atteinte des objectifs

7.1 Mesures déjà achevées ou en cours

Stratégie générale no 1 : recherche et suivi

Le Secteur des sciences du MPO a lancé des recherches sur le grand requin blanc au Canada en 2016. Les travaux menés à ce jour portaient principalement sur l’élaboration d’un réseau de suivi acoustique ainsi que d’un programme de marquage acoustique et par satellite en collaboration avec la Massachusetts Division of Marine Fisheries (MDMF). Ce projet, dans lequel des étiquettes sont posées sur des individus aux États-Unis et au Canada, se concentre sur la cueillette de données comportementales au moyen de marquage par étiquette émettrice, dans le cadre duquel des étiquettes sont posées sur des individus aux États-Unis et au Canada ainsi que sur le déploiement d’étiquettes et de récepteurs acoustiques qui augmentent la détection de grands requins blancs marqués d’une étiquette acoustique dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. La recherche permettra également d’orienter la désignation des habitats essentiels. Le MPO gère également une ligne de signalement et une base de données pour les renseignements liés aux observations de grands requins blancs (annexe D).

La Sharks of the Atlantic Research and Conservation Coalition (ShARCC), créée par le Fonds mondial pour la nature (WWF) et l’Université Dalhousie, est une coalition de milieux universitaires, d’entreprises, de gouvernements et d’organisations non gouvernementales dont le but est de promouvoir la conservation des requins et des raies dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. Les activités menées par ShARCC concernent plusieurs espèces de requins et ne visent pas spécifiquement le grand requin blanc. En 2011, le WWF a organisé un forum sur les requins des eaux canadiennes de l’Atlantique à Halifax, en Nouvelle-Écosse, qui a rassemblé des pêcheurs, des scientifiques et des gestionnaires pour discuter des enjeux liés aux requins. Le forum a déterminé les priorités en matière de conservation, de recherche et de gestion des requins dans les eaux canadiennes de l’Atlantique (WWF, 2011).

L’ Ocean Tracking Network (OTN) de l’Université Dalhousie a lancé une étude pour suivre les requins marqués en collaboration avec le programme de recherche sur les requins de la MDMF (Ocean Tracking Network, 2013). Des récepteurs acoustiques passifs placés dans les eaux canadiennes de l’Atlantique par l’OTN ont détecté de grands requins blancs marqués par la MDMF. De concert avec le Secteur des sciences du MPO, le programme de recherche sur les requins de la MDMF continue de marquer de grands requins blancs et utilise les données disponibles aux fins d’une étude de la population (Chisholm, comm. pers., 2016).

L’organisation américaine OCEARCH a également procédé au marquage de grands requins blancs (étiquettes émettrices et acoustiques) dans les eaux canadiennes de l’Atlantique (de 2018 à 2020) afin de suivre les déplacements des individus dans tout l’Atlantique Nord-Ouest, et a recueilli des données biologiques pour soutenir divers projets de recherche.

Stratégie générale no 2 : gestion et protection

Depuis son inscription en 2011, le grand requin blanc est visé par l’article 32 de la LEP, c’est-à-dire qu’il est interdit de tuer un individu de l’espèce, de lui nuire, de le harceler, de le capturer et de le prendre, tout comme il est interdit de posséder, de collectionner, d’acheter, de vendre ou d’échanger un individu — notamment une/toute partie d’un individu ou un produit qui en provient. Le cas échéant, des permis de pêche faisant également office de permis de la LEP, délivrés en vertu des pouvoirs conférés par l’article 74, ont été délivrés annuellement depuis 2018, à la suite d’un examen de l’activité proposée  et la détermination que les exigences énoncées à l’article 73 de la LEP en matière de permis seraient toutes respectées. Ces permis autorisent les interactions accidentelles avec de grands requins blancs et sont assortis de conditions, telles que la remise à l’eau des grands requins blancs d’une manière qui cause le moins de dommages possible ainsi que la déclaration de toutes les interactions avec de grands requins blancs, qu’ils soient morts ou vivants, dans un document de suivi de la LEP approuvé par le MPO.

Les interactions du grand requin blanc avec les engins de pêche sont surveillées par l’intermédiaire du programme d’observateurs en mer. Le pourcentage de couverture par des observateurs en mer varie considérablement d’une pêche à l’autre, certaines pêches n’étant pas suivies par des observateurs en mer. La vérification à quai est obligatoire pour 100 % de tous les débarquements commerciaux d’espèces pélagiques de grande taille, y compris les prises accessoires autorisées de requins, bien qu’aucune pêche ne soit autorisée à débarquer de grands requins blancs (MPO, 2007; Hanke et al., 2012).

La Politique sur la gestion des prises accessoiresdu MPO, qui s’inscrit dans le Cadre pour la pêche durable, intègre une approche écosystémique axée sur le principe de précaution à la gestion des pêches (MPO, 2013b). Cette politique soutient et vient compléter les documents de rétablissement de la LEP et permet de guider les décisions de gestion visant à réduire les prises accessoires d’espèces de requins, y compris le grand requin blanc.

Le Plan d’action national pour la conservation et la gestion des requins du Canada (MPO, 2007), ci-après le « Plan d’action national », établit un cadre national pour la gestion des espèces de requins d’intérêt commercial et devrait indirectement profiter au grand requin blanc grâce à des efforts de gestion accrus axés sur les espèces de requins. Par exemple, le Plan d’action national établit la nécessité d’améliorer la déclaration des rejets. Des progrès ont été réalisés à cet égard grâce à divers efforts, comme la mise en place en 2017 d’un journal de bord supplémentaire des prises accessoires pour la flotte de palangriers pélagiques dans la région des Maritimes, mais les efforts doivent se poursuivre dans l’ensemble de l’Atlantique canadien.  

Le Plan d’action national pour la conservation de certaines espèces de requins pélagiques de l’Atlantique canadien (DFO, 2014a, rapport inédit), ci-après le « PAC pour les requins de l’Atlantique canadien », a été préparé pour guider la gestion des requins dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. Ce plan décrit les mesures mises en place pour assurer le suivi, l’évaluation, la protection et la gestion des espèces de requins qui fréquentent les eaux canadiennes de l’Atlantique et recommande des moyens pour améliorer la gestion des espèces de requins commerciales et non commerciales, y compris le grand requin blanc (DFO, 2014a).

Le Canada a interdit l’enlèvement des nageoires de requin en 1994 par le biais de conditions de permis de pêche. Cette interdiction est énoncée dans les politiques nationales et régionales, comme le Plan d’action national et le PAC pour les requins de l’Atlantique canadien, et est appliquée au moyen de restrictions dans les conditions de permis de pêche du MPO pour les pêches commerciales des grands poissons pélagiques et des poissons de fond dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. Ces conditions de permis interdisent les pratiques d’enlèvement des nageoires. En 2016, le Canada s’est engagé à respecter une décision de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO) visant à adopter une politique de « nageoires naturellement attachées », qui exige que tous les requins capturés accidentellement et débarqués au Canada aient encore leurs nageoires naturellement attachées au corps (c’est-à-dire que les nageoires n’ont pas été enlevées de la carcasse du requin) (MPO, 2016). Cette décision a été mise en œuvre en mars 2018 et s’applique à toutes les pêches par l’intermédiaire des conditions de permis (MPO, 2019). La politique sur les nageoires naturellement attachées est conforme aux meilleures pratiques internationales visant à réduire le risque d’enlèvement des nageoires de requin (MPO, 2016). Lorsqu’ils sont présents à bord des navires de pêche, les agents de conservation et de protection ainsi que les observateurs en mer s’assurent du respect des conditions. Cette pratique s’applique à tous les navires de pêche titulaires d’un permis canadien en dehors de la ZEE du Canada (MPO, 2007, 2013 b).

En 2019, le gouvernement du Canada a modifié la Loi sur les pêches de façon à définir et à interdire l’enlèvement des nageoires de requin et à interdire l’importation et l’exportation de nageoires de requin qui ne sont pas attachées à une carcasse, sauf lorsque l’enlèvement est effectué conformément à un permis délivré par la ministre des Pêches et des Océans à des fins de recherche scientifique sur la conservation des requins et seulement si ces recherches sont susceptibles de favoriser la survie de toute espèce de requin (MPO, 2019). Les politiques et autres lois s’appliquant à toutes les espèces de requins, comme indiqué ci-dessus, fournissent des couches supplémentaires de protection à celle déjà fournie par la LEP pour le grand requin blanc.

Stratégie générale no 3 : collaboration internationale

La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) n’a pas adopté une politique de « nageoires naturellement attachées » (Shark League, 2017). Toutefois, depuis 2004,elle applique une politique selon laquelle le poids total des nageoires de requin à bord d’une embarcation ne doit pas dépasser 5 % du poids corporel total des requins à bordNote de bas de page 5  capturés comme prises accessoires ou dans le cadre de pêches dirigées, jusqu’au premier point de débarquement (CICTA, 2005; DFO, 2014a). À l’exception de la politique relative à l’enlèvement des nageoires et du fait d’encourager la déclaration des captures de requins, aucune mesure précise n’a été élaborée en ce qui concerne le grand requin blanc en haute mer, outre les protections énumérées dans le tableau 1 (Anon., 2010).

En 2005, l’OPANO a interdit l’enlèvement des nageoires de requin ainsi que le transbordement et le débarquement de nageoires qui ne sont pas naturellement attachées à la carcasse d’un requin dans la zone réglementée par l’OPANO (NAFO, 2005). En 2016, l’OPANO a adopté des mesures qui interdisent l’enlèvement des nageoires de requin à bord des navires (NAFO, 2016). À titre de partie contractante de l’OPANO, les navires canadiens sont assujettis à ces mesures lorsque leurs activités se déroulent dans la zone réglementée par l’OPANO.

Le Canada est signataire du Plan d’action international pour la conservation et la gestion des requins des Nations Unies, qui vise à assurer la conservation et la gestion à long terme des requins grâce à la collecte de données et à la recherche, à l’atténuation des menaces et à la prise de mesures collaboratives (FAO, 1999).

Stratégie générale no 4 : consultation, intendance et sensibilisation du public

Il existe des ressources qui fournissent des renseignements sur les meilleures pratiques en matière de manipulation du grand requin blanc et de sa remise à l’eau depuis des engins de pêche commerciaux et récréatifs, notamment les lignes directrices pour la remise à l’eau de gros animaux pris dans des fascines à hareng (GMWSRS, 2014) ainsi que le guide Shark fishing: best catch, handle and release practices (WWF, s.d.).

En collaboration avec le MPO, le WWF a produit l’Identification Guide to Sharks, Skates, Rays and Chimaeras of Atlantic Canada qui comprend une section sur le grand requin blanc (WWF, 2012).

Le Centre de recherche sur la vie marine de Grand Manan, au Nouveau-Brunswick, a lancé en collaboration avec le WWF un réseau d’identification des requins (Shark Identification Network) et une base de données qui encourage le signalement de toutes les observations de requins. Le Centre se concentre principalement sur le pèlerin (Cetorhinus maximus), mais il encourage également le signalement des observations de grands requins blancs (Shark Identification Network, 2013). De 2012 à 2017, le WWF et le Centre de recherche sur la vie marine de Grand Manan ont reçu le soutien du Programme d’intendance de l’habitat du gouvernement du Canada pour leur travail qui comprend notamment des initiatives d’éducation, de sensibilisation et d’intendance.

La MDMF collabore également avec l’Atlantic White Shark Conservancy et d’autres organismes sur l’élaboration d’une carte et d’une application Web, « Sharktivity », qui montre l’emplacement géographique des observations et des détections de grands requins blancs (Atlantic White Shark Conservancy, 2017).

Le MPO a produit un guide de poche pour l’identification des requins dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, y compris le grand requin blanc, de même qu’une affiche, une fiche d’identification et une vidéo en ligne sur le grand requin blanc. Ces articles visent à favoriser et à améliorer l’exactitude des déclarations concernant les requins en aidant les publics ciblés, notamment les pêcheurs commerciaux et les utilisateurs récréatifs des océans, à identifier les espèces couramment observées. Des copies papier du guide de poche ont été distribuées aux pêcheurs et l’hyperlien vers la version en ligne figure à l’annexe D. À Terre-Neuve-et-Labrador, le MPO continue de former les observateurs des pêches en mer à l’identification des requins et, depuis 2012, il distribue aux pêcheurs commerciaux et aux autres utilisateurs de l’océan un guide d’identification des requins présents dans la province.

Le MPO mène des activités de sensibilisation et d’éducation du public à l’occasion du Jour des océans et de tournois de pêche du requin en Nouvelle-Écosse et lors d’émissions de radio à Terre-Neuve qui portent sur les pêches commerciales et récréatives régionales et les écosystèmes marins. Des expositions sur les requins ouvertes au grand public à l’Institut d’océanographie de Bedford, en Nouvelle-Écosse, et au centre d’interprétation de Greenwich, au Parc national de l’Île-du-Prince-Édouard, présentent des modèles de grand requin blanc grandeur nature ainsi que des panneaux éducatifs.

7.2 Orientation stratégique pour le rétablissement

Les stratégies générales à adopter pour répondre aux menaces qui pèsent sur l’espèce, de même que les approches de recherche et de gestion nécessaires à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition, sont décrites dans le tableau 3. Celles-ci contribueront à l’élaboration de mesures de rétablissement spécifiques dans 1 ou plusieurs plans d’action.

La proportion de la population de grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest devrait être plus élevée dans les eaux américaines que dans les eaux canadiennes de l’Atlantique (Casey et Pratt, 1985; Curtis et al., 2014); la réussite des mesures de rétablissement dans les eaux canadiennes de l’Atlantique repose donc sur la prise de mesures ailleurs dans l’Atlantique Nord-Ouest. Le rôle principal du MPO sera d’adopter et de soutenir des politiques de gestion des requins qui limitent les dommages et la mortalité des individus lorsqu’ils se trouvent dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, contribuant ainsi au rétablissement de la population de l’Atlantique Nord-Ouest dans son ensemble. Le Canada participera également à des discussions bilatérales avec les États-Unis et à des forums internationaux afin de contribuer au rétablissement de la population de grands requins blancs de l’Atlantique du Nord-Ouest dans la mesure du possible. Le MPO encourage d’autres agences et organisations à participer au rétablissement du grand requin blanc (population de l’Atlantique) par la mise en œuvre de ce programme de rétablissement.

Tableau 3. Tableau de planification du rétablissement du grand requin blanc (population de l’Atlantique).
Description générale des approches de recherche et de gestion Prioritéa Stratégie générale Menace ou préoccupation visée

1. Entreprendre des recherches scientifiques pour mieux comprendre la structure, la dynamique, la répartition, les préférences en matière de proies et l’utilisation de l’habitat de la population de grands requins blancs dans les eaux canadiennes de l’Atlantique.

Élevée

1, 3

Connaissance limitée de la population, de la répartition et de l’utilisation de l’habitat dans les eaux canadiennes

2. Entreprendre des recherches opportunistes (par exemple, prélèvement d’échantillons biologiques, analyse du contenu stomacal ou de la cause de la mort) sur des individus capturés accidentellement ou morts.

Moyenne

1, 3

Connaissance limitée de la population, de la répartition et de l’utilisation de l’habitat dans les eaux canadiennes; connaissance limitée des menaces

3. Rassembler des connaissances autochtones pour améliorer la compréhension de la répartition du grand requin blanc et de l’utilisation qu’il fait de l’habitat.

Faible

1

Connaissance limitée de la population, de la répartition et de l’utilisation de l’habitat dans les eaux canadiennes

4. Recueillir et tenir à jour les renseignements sur les observations de grands requins blancs.

Faible

1

Connaissance limitée de la population, de la répartition et de l’utilisation de l’habitat dans les eaux canadiennes

5. Entreprendre des recherches scientifiques pour mieux comprendre la nature et la fréquence des menaces qui pèsent sur le grand requin blanc.

Élevée

1, 2

Connaissance limitée des menaces

6. Étudier et mettre en œuvre des améliorations aux méthodes, aux exigences de consignation, ainsi qu’à la couverture des observateurs en mer.

Moyenne

1, 2

Prises accessoires commerciales

7. Collaborer aux efforts internationaux de recherche et de suivi visant le grand requin blanc et gérer les activités humaines en appui du rétablissement.

Élevée

1, 3

Toutes les menaces

8. Assurer la production continue de rapports sur les interactions avec les pêches dans les eaux canadiennes de l’Atlantique et explorer des mesures pour améliorer la conformité au besoin.

Moyenne

2

Prises accessoires commerciales, pêche récréative

9. Étudier et mettre en œuvre des mesures visant à atténuer les interactions entre les pêches, le cas échéant.

Élevée

2

Prises accessoires commerciales

10. Veiller à ce que la protection et le rétablissement du grand requin blanc soient pris en compte dans la gestion de toutes les activités océaniques pertinentes.

Élevée

2

Toutes les menaces

11. Assurer l’application continue des lois et des politiques pertinentes pour surveiller et contrôler l’importation et l’exportation de produits dérivés du grand requin blanc au Canada dans la mesure du possible.

Moyenne

2

Pêche, enlèvement illégal des nageoires et commerce de curiosités

12. Étudier et mettre en œuvre, le cas échéant, des mesures spécifiques pour surveiller et contrôler l’importation et l’exportation illégales de produits dérivés du grand requin blanc au Canada.

Moyenne

2

Pêche, enlèvement illégal des nageoires et commerce de curiosités

13. Promouvoir et soutenir les politiques de gestion et de commerce dans les forums internationaux qui encouragent la protection et le rétablissement à long terme du grand requin blanc à l’échelle mondiale.

Moyenne

3

Pêche, enlèvement illégal des nageoires et commerce de curiosités; prises accessoires commerciales

14. Informer les intervenants et le grand public sur l’écologie et la conservation du grand requin blanc ainsi que sur les menaces qui pèsent sur lui.

Moyenne

4

Harcèlement, prises accessoires commerciales; pêche récréative; pêche, enlèvement des nageoires et commerce de curiosités

a. « Priorité » reflète l’ampleur dans laquelle l’approche contribue directement au rétablissement de l’espèce ou est un précurseur essentiel à une approche qui contribue au rétablissement de l’espèce :

8. Habitat essentiel

8.1 Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

Aux termes de la LEP, l’habitat essentiel est « l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». [paragraphe 2(1)]

De plus, la LEP définit ainsi l’habitat d’une espèce aquatique comme suit : « […] les frayères, aires d’alevinage, de croissance et d’alimentation et routes migratoires dont sa survie dépend, directement ou indirectement, ou aires où elle s’est déjà trouvée et où il est possible de la réintroduire ». [paragraphe 2(1)]

La désignation de l’habitat essentiel du grand requin blanc (population de l’Atlantique) n’est pas possible pour le moment, compte tenu de l’information actuellement accessible sur la répartition de la population et l’utilisation de l’habitat. Le calendrier des études décrit les recherches requises pour désigner l’habitat essentiel en vue d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition établies pour l’espèce.  

8.2 Calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel

D’autres recherches sont requises pour désigner l’habitat nécessaire à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition et pour protéger l’habitat essentiel contre la destruction. Ces recherches additionnelles comprennent les études décrites dans le tableau 4.

Tableau 4. Calendrier des études pour désigner l’habitat essentiel du grand requin blanc (population de l’Atlantique).
Description de l’étude Justification Échéanciera

Entreprendre des études écologiques qui fournissent des renseignements sur l’utilisation de l’habitat et le comportement du grand requin blanc.

Les connaissances sur l’espèce et l’utilisation qu’elle fait de son habitat, y compris les fonctions, les composantes et les caractéristiques de celui-ci, dans les eaux canadiennes de l’Atlantique sont extrêmement limitées. Les études qui examinent des facteurs comme la répartition, la structure de la population et l’habitat (défini par les caractéristiques océanographiques) du grand requin blanc ainsi que l’utilisation de l’habitat par stade vital peuvent aider à désigner l’habitat essentiel de cette espèce.

5 ans

Mener des études qui aident à comprendre la répartition saisonnière, les déplacements, la migration et l’abondance du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique (par exemple, continuer à collaborer au marquage et au suivi de grands requins blancs dans les eaux de l’Atlantique Nord-Ouest).

Accroître les connaissances sur la répartition et l’utilisation de l’habitat du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique afin de soutenir la désignation future de l’habitat essentiel.

5 ans

a. L’échéancier reflète le temps nécessaire pour réaliser l’étude à partir de la publication de la version définitive du programme de rétablissement dans le Registre public des espèces en péril.

9. Mesure des progrès

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Les progrès accomplis vers l’atteinte de ces objectifs seront consignés dans le rapport sur les progrès de la mise en œuvre du programme de rétablissement.

La réussite du programme de rétablissement permettra d’atteindre le but global de mieux comprendre l’abondance et la répartition du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, et de quantifier et d’atténuer les menaces qui pèsent sur l’espèce grâce à des mesures de recherche et de gestion ainsi qu’à des activités éducatives. 

Mesures globales des progrès

Mesure globale des progrès no 1 : la portion de la population de grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest qui fréquente les eaux canadiennes de l’Atlantique est maintenue ou augmentée.

Mesure globale des progrès no 2 : la répartition du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique est maintenue.

Mesures intermédiaires des progrès

Dans l’attente de l’établissement d’une référence pour évaluer la réussite des mesures globales des progrès, les mesures intermédiaires des progrès suivantes seront utilisées :

Mesure intermédiaire des progrès A : une estimation fiable de l’abondance du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique est établie.

Mesure intermédiaire des progrès B : une estimation fiable, cohérente et précise du total des prises accessoires de grands requins blancs dans les pêches canadiennes menées dans l’Atlantique est connue.

Mesure intermédiaire des progrès C : des mesures efficaces d’atténuation des menaces sont appliquées et adaptées à mesure que de nouveaux renseignements deviennent disponibles, de sorte que les dommages totaux admissibles ne sont pas dépassésNote de bas de page 6 .

Mesure intermédiaire des progrès D : l’habitat essentiel du grand requin blanc est désigné dans les eaux canadiennes de l’Atlantique.

Mesure intermédiaire des progrès E : la participation canadienne aux initiatives internationales pour le rétablissement et la conservation du grand requin blanc est maintenue et améliorée, le cas échéant.

10. Activités autorisées par le programme de rétablissement

Aux termes de la LEP, « les paragraphes 32(1) et (2), l’article 33, les paragraphes 36(1), 58(1), 60(1) et 61(1) ne s’appliquent pas à une personne exerçant des activités autorisées, d’une part, par un programme de rétablissement, un plan d’action ou un plan de gestion et, d’autre part, sous le régime d’une loi fédérale, notamment au titre d’un règlement pris en vertu des articles 53, 59 ou 71 ». [paragraphe 83(4)]

L’EPR initiale du requin blanc (MPO, 2006) a conclu que tout niveau de dommage mettrait en péril la survie ou le rétablissement de l’espèce. Étant donné que les conclusions ultérieures de Curtis et al. (2014) ont suggéré que la population semble augmenter, le MPO a réexaminé la portée des dommages admissibles pour le grand requin blanc en 2016 (MPO, 2017). Il y a 4 critères qui ont été pris en compte pour cette évaluation comme l’indique le Cadre révisé pour l’évaluation de l’étendue des dommages admissibles en vertu de l’article 73 de la Loi sur les espèces en péril (MPO, 2004) :

En ce qui concerne les critères 1 à 3, cette nouvelle évaluation des dommages admissibles a examiné les recherches passées et récentes sur le grand requin blanc et la population de l’Atlantique Nord-Ouest en particulier. Le critère 4 a été évalué à l’aide d’un modèle de simulation conçu pour le grand requin blanc qui tient compte de l’incertitude des paramètres du cycle vital (par exemple, les estimations contradictoires de la longévité et de l’âge à la maturité) tout en modélisant la probabilité de déclin de la population selon différents scénarios de mortalité (représentant différents niveaux de dommages admissibles). Le MPO (2017) a conclu qu’il est possible d’observer une mortalité anthropique dans les eaux canadiennes même si la survie ou le rétablissement de l’espèce relativement aux 4 critères n’est pas mis en péril, selon ce qui suit :

Il y a une forte probabilité que les objectifs en matière de population et de répartition puissent être atteints selon plusieurs scénarios de dommages admissibles pour le grand requin blanc au Canada même si la mortalité annuelle attribuable aux prises accessoires augmente comparativement aux estimations passées. Si la population de grands requins blancs de l’Atlantique Nord-Ouest est caractérisée par un très faible taux de croissance intrinsèque de la population, seulement quelques trajectoires simulées de la population ont prédit un déclin compte tenu des niveaux de mortalité actuels ( 3 individus par décennie). Toutefois, le pourcentage des trajectoires de population en déclin change relativement rapidement à mesure que la mortalité augmente, double si l’on présume 1 mortalité par année, augmente de plus de 5,5 fois si l’on présume 3 mortalités par année, augmente de plus de 14 fois si l’on présume 10 mortalités par année et augmente de plus 19 fois si l’on présume 20 mortalités par année. Au niveau de mortalité le plus élevé, on présume un déclin de 72 % des trajectoires de population.

Étant donné la rareté des captures accidentelles de grands requins blancs par le passé, même à des moments où l’on pensait que l’espèce était la plus abondante (par exemple dans les années 1950 et 1960), on ne s’attend pas à ce que les niveaux de mortalité modélisés les plus élevés soient observés dans les eaux canadiennes de l’Atlantique (MPO, 2017).

Compte tenu des résultats de l’analyse du MPO (2017), les objectifs en matière de population et de répartition peuvent probablement être atteints si les niveaux de mortalité anthropique restent aux niveaux actuels ou augmentent légèrement. Un taux de mortalité maximal de 1 grand requin blanc par année, calculé en moyenne sur une période de 10 ans (c’est-à-dire un maximum de 10 mortalités sur 10 ans), est donc jugé acceptable. La portée des dommages sera réévaluée si de nouveaux renseignements deviennent disponibles (par exemple, si une estimation de l’abondance de la population est disponible ou mise à jour, des informations sur la tendance de la population suggèrent un changement, ou s’il est déterminé que les femelles subissent une sénescence reproductive).

Conformément au paragraphe 83(4) de la LEP, ce programme de rétablissement permet les activités décrites aux sections 10.1 à 10.3 ci-dessous.

Les personnes souhaitant participer à des activités autres que celles décrites aux sections 10.1 à 10.3 du présent programme de rétablissement qui sont susceptibles de tuer de grands requins blancs, de leur nuire, de les harceler, de les capturer ou de les prendre, ou d’entraîner la destruction de tout élément de l’habitat essentiel (une fois désigné) doivent soumettre à la ministre des Pêches et des Océans une demande de permis au titre de l’article 73 de la LEP. Le permis délivré, le cas échéant, inclura notamment les conditions régissant l’activité que la ministre estime nécessaires pour protéger l’espèce, réduire au minimum les conséquences négatives de l’activité autorisée sur l’espèce ou assurer son rétablissement. La délivrance ou non du permis demeure à la discrétion de la ministre. Un permis ne peut être délivré que si la ministre estime que :

Les demandes de permis de la LEP peuvent être téléchargées sur le site Web des espèces aquatiques en péril du MPO.

10.1  Pêches commerciales et pêches commerciales communautaires

Conformément au paragraphe 83(4) de la LEP, ce programme de rétablissement permet aux pêcheurs qui :

d’avoir des interactions accidentelles avec le grand requin blanc qui, accidentellement, tuent des individus de l’espèce, leur nuisent, les harcèlent ou les capturent. Cette exemption est soumise aux conditions suivantes :

D’autres conditions peuvent être incluses dans les conditions de permis de pêche du MPO lorsque les mesures d’atténuation sont propres à une pêche. Les conditions de permis sont révisées régulièrement et seront modifiées, si nécessaire, à mesure que de nouveaux renseignements deviennent/seront disponibles. D’autres mesures de gestion ou d’atténuation propres à une pêche peuvent être mises en œuvre au moyen de plans de pêche axés sur la conservation ou de plans de gestion intégrée des pêches. Les mesures de gestion ou d’atténuation seront examinées et modifiées, si nécessaire, à mesure que de nouvelles informations seront disponibles. Le MPO travaillera avec l’industrie pour les permis de pêche commerciale et les Premières Nations pour les permis communaux de pêche commerciale afin d’affiner ces mesures visant à soutenir le rétablissement du grand requin blanc.

10.2  Activités de recherche scientifique menées par le MPO sur le grand requin blanc à des fins de conservation

Aux termes du paragraphe 83(4) de la LEP, ce programme de rétablissement permet la tenue d’activités de recherche scientifique ciblant le grand requin blanc menées par le MPO et autorisées par l’article 52 du Règlement de pêche (dispositions générales) (DORS/93-53) qui, accidentellement, tuent des individus de l’espèce, leur nuisent, les harcèlent ou les capturent. Cette exemption est soumise aux conditions suivantes :

Le présent programme de rétablissement permet également le prélèvement d’échantillons biologiques dans le cadre d’activités de recherche scientifique, ce qui pourrait entraîner la collection et la possession de parties de grand requin blanc (par exemple, sang ou tissus).

En cas de mortalité d’un grand requin blanc à cause d’activités de recherche menées par le MPO ou de mortalité portée à l’attention du MPO, ce programme de rétablissement permet aux chercheurs du MPO de collectionner et de posséder ce grand requin blanc mort ou ses parties aux fins de recherche. La possession est assujettie aux conditions suivantes :

10.3  Activités de recherche menées par le MPO susceptibles d’interagir accidentellement avec le grand requin blanc

Aux termes du paragraphe 83(4) de la LEP, ce programme de rétablissement permet la tenue d’activités de recherche scientifique menées par le MPO et autorisées par l’article 52 du Règlement de pêche (dispositions générales) (DORS/93-53) qui, accidentellement, tuent des individus de grand requin blanc, leur nuisent, les harcèlent ou les capturent. Cette exemption est soumise aux conditions suivantes :

En cas de mortalité d’un grand requin blanc à cause d’activités de recherche ou de mortalité portée à l’attention du MPO, ce programme de rétablissement permet aux chercheurs de collectionner et de posséder ce grand requin blanc mort ou ses parties (par exemple, sang ou tissus). La collection et la possession sont assujettie aux conditions suivantes :

Les recherches qui ne sont pas menées par le MPO, qu’elles portent sur le grand requin blanc ou qu’elles soient susceptibles d’interagir avec le grand requin blanc, ne sont pas incluses dans les exemptions. Les personnes souhaitant participer à de telles activités doivent demander et obtenir un permis en vertu de l’article 73 de la LEP delivré par le MPO.  

11. Énoncé sur les plans d’action

L’approche du gouvernement du Canada à l’égard de la planification du rétablissement se décline en 2 étapes, la première étant le programme de rétablissement et la seconde, le plan d’action. Un plan d’action est un document qui décrit les mesures ou les activités de rétablissement spécifiques nécessaires à l’atteinte des objectifs définis dans le programme de rétablissement.

Un plan d’action proposé pour le grand requin blanc (population de l’Atlantique) sera élaboré dans les 5 ans suivant la publication de la version définitive du programme de rétablissement.

Références

Annexe A : Effets sur l’environnement et sur les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification de rétablissement en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP), conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes (2010). L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

Le présent programme de rétablissement favorisera clairement l’environnement en encourageant le rétablissement du grand requin blanc dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. La mise en œuvre de ce programme de rétablissement devrait également profiter à d’autres espèces qui font face à des menaces semblables et qui ont un habitat similaire, notamment le requin-taupe bleu et le requin-taupe commun, 2 espèces respectivement considérées comme menacée et espèce en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). La conservation de la biodiversité dans les eaux canadiennes contribue à encourager la résilience de divers écosystèmes de l’océan Atlantique Nord.

La possibilité que le programme de rétablissement produise par inadvertance des effets négatifs sur d’autres espèces a été envisagée; toutefois, comme les objectifs de rétablissement recommandent des initiatives de recherche, d’éducation, de sensibilisation et d’intendance, l’EES a conclu que le présent programme sera manifestement bénéfique pour l’environnement et n’entraînera pas d’effets négatifs importants. Si de nouvelles configurations des engins de pêche étaient adoptées pour réduire au minimum les interactions avec le grand requin blanc, il est possible que les prises accessoires d’autres espèces soient également touchées. Les prises accessoires feront l’objet d’un suivi pour déterminer si les taux de capture accidentelle des autres espèces augmentent à la suite des mesures prises dans l’intérêt du grand requin blanc.

Ce programme de rétablissement devrait également contribuer à la réalisation des objectifs suivants de la SFDD 2019 à 2022 :

Côtes et océans sains : Les côtes et les océans contribuent à des écosystèmes sains, résilients et productifs.

Populations d’espèces sauvages en santé : Toutes les espèces ont des populations saines et viables.

Rapprocher les Canadiens de la nature : Les Canadiens connaissent la valeur de la nature, en sont entourés et contribuent à son intendance activement.

Annexe B : Registre des collaborations et des consultations

La version provisoire du programme de rétablissement a été remise aux Premières Nations et aux groupes autochtones en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador et au Québec.

La version provisoire du programme de rétablissement a été transmise aux parties intéressées de l’industrie de la pêche commerciale, aux producteurs de fruits de mer, aux opérateurs d’excursions récréatives en bateau et aux organisateurs de tournois de pêche au requin, ainsi qu’aux intervenants pertinents dans les organisations non gouvernementales et les universités.

L`ébauche du programme de rétablissement a été distribuée aux ministères provinciaux concernés, y compris, mais sans s’y limiter, le ministère des Pêches et de l’Aquaculture de la Nouvelle-Écosse et le ministère de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches du Nouveau-Brunswick.

Tous les commentaires reçus dans le cadre de ces examens ont été pris en considération et examinés dans la mesure du possible.

D’autres commentaires seront sollicités auprès des Autochtones, des intervenants et du public par l’intermédiaire de la publication de la version « proposition » du document dans le Registre public des espèces en péril pendant une période de consultation publique de 60 jours. Les commentaires reçus guideront l’élaboration de la version définitive du document.

Annexe C : Catégories de menaces

Niveau de préoccupation : indique le degré d’importance (élevé, moyen, faible) de la gestion de la menace pour la conservation. L’établissement du niveau de préoccupation est relatif et reflète les priorités de gestion selon les connaissances actuellement limitées sur le grand requin blanc et les menaces qui pèsent sur lui.

Étendue : indique si la menace est localisée, c’est-à-dire si elle est liée à un site précis ou à une petite partie de l’aire de répartition de l’espèce, ou généralisée, c’est-à-dire si elle est liée à toute l’aire de répartition de l’espèce ou à une grande partie de celle-ci.

Réalisation : indique si la menace est passée, dans le sens qu’elle a contribué à un déclin, mais qu’elle ne touche plus l’espèce; actuelle, dans le sens qu’elle touche actuellement l’espèce; imminente, dans le sens que l’on s’attend à ce qu’elle touche l’espèce très bientôt; anticipée, dans le sens qu’elle pourrait toucher l’espèce dans l’avenir; ou inconnue, dans le sens que l’on ne sait pas si elle est présente actuellement, mais que c’est une menace possible.

Fréquence : décrit l’étendue temporelle de la menace. La menace peut être une réalisation unique (qui n’a eu lieu ou qui n’aura lieu qu’une seule fois); saisonnière (qui n’est présente qu’à certains moments de l’année; ou encore l’espèce est présente de façon saisonnière); récurrente (qui se produit de façon irrégulière ou peu fréquente); continue (qui se produit de façon constante).

Gravité : décrit l’importance (élevée, modérée, faible ou inconnue) de l’impact éventuel ou réel de la menace sur la population.

Certitude causale : reflète la solidité des données probantes établissant un lien entre la menace et ses effets sur une population. Une certitude causale élevée indique que des preuves scientifiques substantielles établissent un lien de cause à effet entre la menace et les contraintes sur la population. Une certitude causale moyenne indique que des preuves scientifiques établissent un lien entre la menace et les contraintes sur la population. Une certitude causale faible indique que des preuves limitées ou inexistantes établissent un lien probable entre la menace et les contraintes sur la population.

Annexe D : Signalement de l’observation de grands requins blancs

Toute personne qui aperçoit un requin est encouragée à documenter et à signaler l’observation à Pêches et Océans Canada (MPO). Si vous voyez un requin, restez à une distance sécuritaire et notez autant de détails que possible sur l’observation, tels que :

Ces renseignements peuvent être communiqués au MPO au moyen des mécanismes suivants :

Le MPO fournit des Information sur l’identification des espèces de requins dans les eaux canadiennes de l’Atlantique.

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