Programme de rétablissement de l’hermine de la sous-espèce haidarum au Canada [proposition] 2011 : Contexte

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Hermine de la sous-espèce : Sous-espèce menacée Une sous-espèce distincte qui semble avoir beaucoup diminué en densité et dont l’habitat semble avoir été gravement perturbé par la présence de mammifères introduits. Une comparaison des résultats entre les données provenant d’un programme récent et approfondi d’échantillonnage et les données historiques de piégeage révèle une diminution du nombre d’individus. Mai 2001 Colombie-Britannique Sous-espèce désignée « préoccupante » en avril 1984. Réexamen de son statut : la sous-espèce a été désignée « menacée » en mai 2001. Dernière évaluation fondée sur une mise à jour d’un rapport de situation..

On a décrit la sous-espèce haidarum (Mustela erminea haidarum) comme l’hermine la plus distincte au plan morphologique (Reimchen et Byun, 2005; Eger, 1990; Cowan, 1989; Foster, 1965). D’abord classée comme une espèce distincte (Preble, 1868, cité dans Edie, 2001), elle est maintenant reconnue comme une sous-espèce (Hall, 1951, cité dans Edie 2001).

Selon des études génétiques, le M. erminea haidarum appartient à une lignée d’hermines isolée des lignées continentales et béringiennes depuis avant la dernière glaciation (Fleming et Cook, 2002; Byun, 1998). La sous-espèce haidarum est étroitement apparentée à deux sous-espèces présentes sur des îles de l’Alaska de l’autre côté de l’entrée Dixon (par rapport à l’archipel Haida Gwaii, que l’on désigne aussi îles de la Reine-Charlotte) : le M. e. celenda sur l’île du Prince-de-Galles et le M. e. seclusa sur les îles Suemez et Heceta (Fleming et Cook, 2002). Des données génétiques portent à croire que ces trois sous-espèces seraient des reliques de l’âge glaciaire qui ont persisté durant la glaciation du Wisconsin, peut-être dans un refuge côtier (Fleming et Cook, 2002; Byun, 1998; Heusser, 1989).

Les hermines appartiennent à la famille des Mustélidés, qui comprend aussi le vison d’Amérique (Neovison vison), la martre d’Amérique (Martes americana), la loutre de rivière (Lontra canadensis), la loutre de mer (Enhydra lutris) et le carcajou (Gulo gulo). Les hermines sont de petits mustélidés : les mâles mesurent de 251 à 315 mm de long et pèsent de 67 à 106 g, tandis que la longueur et le poids des femelles sont les 2/3 de ceux des mâles. Le dimorphisme sexuel est beaucoup moins marqué chez l’hermine de la sous-espèce haidarum que chez les autres hermines (Eger, 1990; Foster, 1965). Le M. erminea haidarum a un corps long et mince, un petit visage, une queue recouverte de fourrure, de petites oreilles ovales et des glandes odoriférantes qui produisent une forte odeur de musc. Durant l’été, son pelage est brun rougeâtre sur le dos et blanc crémeux sur le ventre. Le bout de la queue reste noir toute l’année. Durant l’hiver, le pelage de l’hermine de Haida Gwaii devient blanc, ce qui n’est peut-être pas avantageux puisque les parties de l’archipel situées à basse altitude sont rarement couvertes de neige.

L’hermine de la sous-espèce haidarum est classée G5T2. Ainsi, à l’échelle mondiale, l’espèce est non en péril, mais la sous-espèce haidarum est en péril (NatureServe, 2008). À l’échelle nationale, la sous-espèce haidarum est classée N2 (en péril à l’échelle nationale), et, après réévaluation de sa situation, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a fait passer son statut de « préoccupante » à « menacée » en raison de sa faible taille de population et de la poursuite de son déclin (COSEPAC, 2001). En Colombie-Britannique, elle est classée S2 et figure à la liste rouge de la province, ce qui signifie qu’elle est candidate à la désignation provinciale d’espèce menacée ou en voie de disparition (Conservation Data Centre, 2003). Le ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique a désigné la sous-espèce comme priorité 2 sous le but 1 du cadre de conservation de la Colombie-Britannique (voir les détails à http://www.env.gov.bc.ca/conservationframework/).

L’hermine de la sous-espèce haidarum est endémique à l’archipel Haida Gwaii. D’une longueur d’environ 300 km, cet archipel se trouve à quelque 80 km à l’ouest de la Colombie-Britannique continentale (figure 1). L’aire de répartition de cette hermine couvre environ 9 276 km2, soit la superficie totale des îles où sa présence est connue.

Haïda Gwaii / Îles de la Reine-Charlotte

Figure 1. Localisation de l'archipel Haida Gwaii.

On croit que l’hermine de la sous-espèce haidarum existe en nombres naturellement faibles depuis au moins la dernière glaciation (Foster, 1965; Cowan, 1989). On ignore son abondance actuelle, mais, d’après les observations, les registres de trappage et les activités de piégeage de l’animal vivant aux fins d’inventaire, la sous-espèce continue d’être très rare (Reid et al., 2000).

Il n’existe pas de données historiques et actuelles détaillées qui permettraient de décrire les tendances de la population, et il est difficile de discerner des indications indirectes de ces tendances. Toutefois, un recensement intense mais infructueux de la population dans les années 1990 indiquerait que l’abondance de l’hermine de la sous-espèce haidarum est moins élevée qu’elle l’était par le passé. Bien que l’hermine ne soit pas un animal farouche ou secret, plus de 6 700 nuits-pièges de 1992 à 1997 n’ont permis de capturer que deux individus. Un relevé des traces sur la neige sur presque 23 km et 2 692 nuits-pièges à traces en 1997 et en 1998 n’ont donné aucun indice de présence de M. e. haidarum (Reid et al., 2000). Des relevés plus récents n’ont pas été plus fructueux : l’utilisation assidue de pièges de capture vivante, de pièges à poils, de boîtes-gîtes et de stations de photographie automatique n’ont permis de trouver que deux crottes peut-être déposées par des hermines de la sous-espèce haidarum (voir le tableau 1).

Tableau 1. Méthodes utilisées et efforts déployés pour déceler la présence de l'hermine de la sous espèce haidarum*.
Activité Années Effort Résultats
Piégeage de capture vivante 1992-97 6 700+ jours/nuits Deux M. e. haidarum
Pièges à traces 1997-98 2 692 jours/nuits Aucune trace de M. e. haidarum
Relevé des traces sur la neige 1997-98 23 km de relevé Aucune trace de M. e. haidarum
Essai de divers types de pièges 2004-05 100+ jours/nuits Deux martres d’Amérique, un rat, nombreuses souris
Pièges à poils 2004-05 871 jours/nuits 11 échantillons : huit martres d’Amérique et trois animaux inconnus
Boîtes-gîtes 2004-06 3 460 jours/nuits Trois crottes (on croit qu’il s’agit de deux crottes de M. e. haidarum et d’une crotte de martre d’Amérique, actuellement en cours d’analyse)
Carcasses de martres 2003-06 Carcasses obtenues de trappeurs pour analyse des contenus stomacaux. 57 carcasses de martres d’Amérique examinées : aucune hermine trouvée dans leurs contenus stomacaux.
Photographie (sur pellicule) 2004-07 99 photos Martre d’Amérique, merle d’Amérique (Turdus migratorius), souris, Autour des palombes (Accipiter gentilis laingi) et ours noir (Ursus americanus)
Photographie (numérique) 2005-07 598 photos Martre d’Amérique, ours noir, cerf, Autour des palombes, souris, corbeau (Corvus corax), raton laveur (Procyon lotor), Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus), écureuil roux (Tamiasciurus hudsonicus), rats (Rattus spp.), chien (Canis familiaris) et chat(Felis catus)
*Sources des données : Burles et al., 2008; Wijdeven, données inédites; Reid et al., 2000.

Des colons ont piégé l’hermine de la sous-espèce haidarum tout au long des années 1900, mais jamais en grand nombre (Buck, 1998); la plupart de ces hermines étaient capturées accessoirement dans des pièges à patte à mâchoires posés pour capturer des martres d’Amérique. Seuls quatre des 19 trappeurs actifs interrogés en 1997-1998 ont indiqué avoir déjà capturé une hermine (Buck, 1998). Le prix de la fourrure d’hermine locale n’a jamais été élevé sur le marché parce que les hivers de Haida Gwaii sont trop doux et trop courts pour donner une fourrure de qualité. L’utilisation de pièges qui écrasent le corps posés dans des arbres a permis de grandement réduire les captures accessoires d’hermines. Tous les trappeurs contemporains ont cependant observé des traces d’hermines dans la neige. Plusieurs d’entre eux ont dit avoir observé des hermines et certains ont indiqué que des hermines volaient parfois des appâts (Buck, 1998).

Selon les entrevues menées auprès de trappeurs notamment, l’abondance de l’hermine de la sous-espèce haidarum semble avoir diminué (Buck, 1998; Reid et al., 2000; Edie, 2001). Edie (2001) a conclu que, selon les anciennes données de captures, l’hermine aurait été plus commune au début du XXe siècle qu’aujourd’hui.

Sur une note plus positive, on continue de signaler des observations de M. e. haidarum : trois en 2003, sept en 2004, deux en 2005, six en 2006, huit en 2007 et trois en 2008 (B. Wijdeven, données inédites). Bien qu’on n’ait pas pu confirmer l’exactitude de toutes ces observations, elles ont été faites par des agents de conservation, des techniciens de la faune et d’autres personnes compétentes à cet égard. En raison de l’absence d’une procédure de déclaration officielle des observations, le nombre d’observations annuel est sans doute plus élevé que ce qui a été communiqué.

L’hermine de la sous-espèce haidarum n’a été signalée que sur quatre des principales îles de Haida Gwaii, soit les îles Graham, Moresby, Louise et Burnaby (figure 2). La plupart des mentions proviennent de l’est de l’île Graham et du coin nord-est de l’île Moresby, ce qui pourrait cependant refléter davantage l’utilisation du territoire par les humains que la répartition du M. e. haidarum dans l’archipel (Burles et al., 2004). La plupart des observations (93 %; Reid et al., 2000) ont été faites dans la sous-zone hypermaritime humide à pruche de l’Ouest côtière (CWHwh1) (Meidinger et Pojar, 1991).

Distribution de la population d'Hermine Haïda sur le territoire de Haïda Gwaii

Figure 2. Répartition des mentions historiques de l'hermine de la sous-espèce haidarum (individus observés ou trappés, ou traces) sur l'archipel Haida Gwaii (source : Burles et al., 2004).

On n’a pas déterminé les facteurs proximaux qui influent sur la répartition spatiale du M. e. haidarum sur les nombreuses îles qui forment l’archipel Haida Gwaii. Il n’existe aucune estimation connue de la largeur d’un plan d’eau que l’hermine peut traverser à la nage. Toutefois, les îles où l’on n’a pas trouvé le M. e. haidarum sont séparées par au moins 100 mètres d’eau de l’île la plus proche occupée par la sous-espèce (Burles et al., 2004).

La répartition du M. e. haidarum sur les petites îles n’est pas bien documentée. Une longue maison sur l’île SGaang Gwaii portait le nom d’un trou dans le sol fréquenté par une hermine (Guujaaw, comm. pers., 2003), ce qui indique que l’hermine y était présente par le passé.

Les Haïdas, qui habitent ces îles depuis quelque 10 000 ans, connaissaient bien la présence de l’hermine. Ainsi, un certain nombre de clans ont choisi l’hermine comme élément de leur emblème, soit les Ninstints du clan du Corbeau, les Stawaas xaad iagaii, les Naay yu aans xaada gaay (Gens de la grande maison), les Na saga xaada gaay (Gens de la maison pourrie) et les Qaay llnagaay (Gens du village de l’otarie) du clan de l’Aigle. L’hermine, appelée « Tllga » dans la langue haïda, figurait parfois dans les traditions orales des Haïdas, comme dans l’anecdote de SGaang Gwaii mentionnée plus haut (Burles et al., 2004).

Néanmoins, les connaissances contemporaines sur la relation des Haïdas avec l’hermine de la sous-espèce haidarum sont rares (Collison, 2004). Ainsi, on ignore si les Haïdas piégeaient l’hermine. Durant la période du commerce de la fourrure de loutre de mer, les fourrures d’hermines constituaient un produit populaire qu’on apportait aux îles pour en faire le commerce (Howay, 1932). Bien que la coiffe cérémoniale des chefs haïdas comprenne des décorations de peau d’hermine, il est impossible, à moins d’effectuer des analyses physiques, de déterminer si ces fourrures étaient locales ou provenaient d’ailleurs (figure 3).

Tenue d’apparat garnie   d’hermine

Figure 3. Coiffe cérémoniale comprenant de la fourrure d'hermine. American Museum of Natural History Collection, New York.

Les caractéristiques de l’habitat du M. e. haidarum ne sont pas bien documentées, mais on peut faire des déductions à partir de données empiriques recueillies ailleurs en Amérique du Nord et des données d’occurrence recueillies sur l’archipel Haida Gwaii. Les hermines sont habituellement considérées comme des généralistes en matière d’habitat (King, 1989; Fagerstone, 1987; King, 1983). Sur la péninsule Olympic de l’État de Washington (milieu semblable à celui de Haida Gwaii), les hermines sont le plus souvent capturées dans des peuplements éclaircis de douglas de Menzies (Pseudotsuga menziesii) de seconde venue au sous-étage dense (Wilson et Carey, 1996). Dans le sud-ouest du Yukon, l’hermine occupe surtout les milieux ouverts, soit l’habitat de leurs principales proies, les campagnols de l’espèce Microtus (O’Donoghue et al., 2001). Dans les forêts boréales de l’Ontario, l’hermine ne montre aucune préférence pour les peuplements d’un âge particulier, ou pour des forêts coupées ou intactes (Thompson et al., 1989).

On peut faire certaines déductions générales à partir de la base de données d’occurrence compilée par Reid et al. (2000). Presque toutes les observations du M. e. haidarum (93 %, n = 121) ont été faites dans la sous-zone biogéoclimatique hypermaritime humide sous-montagnarde à pruche de l’Ouest côtière (CWHwh1), qui couvre la majeure partie du versant oriental de l’archipel Haida Gwaii à une altitude inférieure à environ 350 m (figure 4). Quatre-vingt-sept pour cent des observations ont été faites dans des paysages forestiers et 69 % dans des forêts de conifères. Quatre-vingt-huit pour cent des observations ont été faites à une altitude inférieure à 50 m, et 77 %, à moins de 100 m de l’eau, habituellement l’océan ou un cours d’eau (Reid et al., 2000). Ces résultats doivent être interprétés avec prudence, car, la plupart des activités humaines se déroulant dans la sous-zone CWHwh1, les données d’occurrence pourraient traduire davantage l’utilisation de l’habitat par les humains que celle par le M. e. haidarum. Ainsi, la rareté des observations de l’hermine sur la côte ouest de l’archipel serait attribuable à la faible présence humaine plutôt qu’à l’absence de la sous-espèce. Par contre, dans des milieux du nord-ouest de l’île de Vancouver très semblables à ceux de Haida Gwaii, Mowat et al. (2000) ont également trouvé peu d’hermines (M. e. anguinae) et ce, seulement dans les parties orientales relativement sèches de leur aire d’étude. Ils n’ont trouvé aucun indice de présence de l’hermine dans les parties occidentales plus élevées et plus humides.

Zones biogéoclimatiques de Haïda Gwaii.

Figure 4. Sous-zones biogéoclimatiques de l'archipel Haida Gwaii.

Malgré la répartition inégale des observateurs sur l’archipel Haida Gwaii, Reid et al. (2000) ont conclu que la répartition contagieuse des observations de M. e. haidarum correspond sans doute assez bien à la répartition de la sous-espèce. Même le long des routes principales, les observations ont tendance à se concentrer près des cours d’eau, notamment aux embouchures de rivières. Malgré le vaste réseau de chemins forestiers sur les terres plus élevées, il n’existe pratiquement pas de mentions de l’hermine dans ces milieux : seulement 12 % des observations ont été faites à plus de 50 m d’altitude.

Les études sur l’habitat de l’hermine ailleurs cadrent bien avec ces constatations. Ainsi, l’hermine utilise davantage les zones riveraines que les sites plus élevés dans la péninsule Olympic (Wilson et Carey, 1996), le nord de l’île de Vancouver (Mowat et al., 2000) et la vallée de l’Okanagan, en Colombie-Britannique (Gyug, 1994). Dans des forêts côtières de pruches de l’Ouest du nord-ouest de l’île de Vancouver, Mowat et al. (2000) ont trouvé l’hermine dans des milieux de lisières associés à des ouvertures dans la forêt et des zones riveraines. Selon ces chercheurs, les hermines dans ces forêts occuperaient des endroits où la forêt a été coupée ou des ouvertures naturelles dans la forêt, par exemple des rives d’estuaires (Mowat et al., 2000). D’autres chercheurs ont également remarqué que l’hermine est plus commune dans les peuplements en début de succession (Simms, 1979a; Simms, 1979b) à faible densité d’arbres en régénération (Sullivan et al., 2001).

Lisgo et al. (2002) et Gyug (1994) ont constaté que les débris ligneux grossiers sont bénéfiques pour l’hermine, ce facteur étant peut-être plus important là où ses principales proies sont des campagnols, qui utilisent beaucoup les amas de débris ligneux. Sur l’archipel Haida Gwaii, les proies potentielles du M. e. haidarum semblent être davantage associées à un tapis végétal d’herbacées (Doyle, 1990), mais on ignore les détails de ces associations. Les débris ligneux grossiers offrent à l’hermine et à ses proies une certaine protection contre la prédation par des animaux de plus grande taille (Reid et al., 2000; Samson et Raymond, 1998; Doyle, 1990). La rétention et l’accumulation de gros débris ligneux dans les peuplements de seconde venue constituent un aspect important de l’aménagement forestier visant à favoriser l’hermine et d’autres espèces fauniques vivant au sol (Lofroth, 1998; Stevens, 1997).

La répartition du M. e. haidarum s’explique sans doute le mieux par la combinaison de la disponibilité des proies et de la protection contre les prédateurs (Burles et al., 2004) ainsi que par certaines autres caractéristiques de l’habitat. D’après les données sur la répartition locale et des études sur l’hermine ailleurs, les caractéristiques qualitatives suivantes de l’habitat seraient essentielles à la survie et au rétablissement de la sous-espèce sur l’archipel Haida Gwaii :

Les deux espèces que l’on présume constituer la majorité des proies du M. e. haidarum, soit la musaraigne sombre (Sorex monticolus) et la souris de Keen (Peromyscus keeni), sont associées à divers milieux. Les musaraignes seraient plus abondantes dans les milieux humides ou riverains au sous-bois dense et éviteraient les champs et les prairies sèches ou humides (Burles et al., 2004). La souris de Keen est présente dans presque tous les milieux terrestres, depuis les rivages marins jusqu’en milieu alpin. Son abondance dépend davantage de la disponibilité de nourriture que des caractéristiques physiques du milieu (Hanley et Barnard, 1999).

Alimentation

Les hermines se nourrissent surtout de campagnols (Fagerstone, 1987). Or, il n’y pas de campagnols sur l’archipel Haida Gwaii, et la musaraigne sombre et la souris de Keen sont les seuls mammifères indigènes proies du M. e. haidarum. Là où des campagnols sont présents, l’hermine les préfère aux souris et aux musaraignes (Fagerstone, 1987; Nams, 1981). Les quelques analyses (n = 9) de contenus stomacaux ou intestinaux ou d’excréments d’hermines de la sous-espèce haidarum ont révélé la présence de restes des animaux suivants : souris de Keen (Peromyscus keeni), un petit poisson (pholidé ou stichéidé), troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes), musaraigne sombre et un grand oiseau non identifié (probablement une mouette ou un goéland) (D. Nagorsen, données inédites).

Bien que les hermines se nourrissent avant tout de campagnols, elles mangent toutes sortes de nourriture, notamment des insectes, des rats, des oiseaux, des baies et d’autres fruits, des lombrics et des œufs (King, 1983). Il semble que le M. e. haidarum compte aussi parmi ses proies des oiseaux qui nichent au sol ou dans des arbustes et leurs œufs. Ces oiseaux ont toutefois souffert de l’élimination à grande échelle du tapis végétal et du sous-étage forestier par le cerf de Sitka (Odocoileus hemionus) introduit (deCalesta, 1994; Vila et al., 2001), laquelle a accru leur vulnérabilité à la prédation des nids non seulement par l’hermine, mais aussi par des espèces introduites comme l’écureuil roux, le rat et le raton laveur. La disponibilité de ces oiseaux en tant que proies s’en est donc trouvée réduite.

Les hermines ne sont pas des animaux aquatiques, mais elles peuvent se nourrir d’invertébrés marins dans la zone intertidale et de saumons morts après la fraye, particulièrement ceux emportés par les ours à quelque distance des cours d’eau (Reimchen, 2000).

Il semblerait que le M. e. haidarum attrape occasionnellement des rats noirs (Rattus rattus) et écureuils roux (Tamiasciurus hudsonicus) introduits pour s’en nourrir (Reid et al., 2000). Toutefois, des études sur des hermines ailleurs portent à croire que la taille relativement petite de la sous-espèce haidarum restreindrait son efficacité comme prédateur d’écureuils et de rats (Lisgo, 1999).

L’abondance de la souris de Keen et, dans une moindre mesure, celle de la musaraigne sombre fluctuent beaucoup d’une année à l’autre sur l’archipel Haida Gwaii (Burles et al., 2004). En outre, on croit que le nombre élevé de martres et de certains mammifères introduits accroît la concurrence pour des ressources alimentaires déjà limitées (Reid et al., 2000).

Reproduction

Les hermines peuvent se reproduire dès leur première année, et, dans la plupart des populations, les femelles entrent en gestation chaque année (Fagerstone, 1987). En Amérique du Nord, les portées varient de 4 à 13 petits, 6 en moyenne (Hamilton, 1933, cité dans Fagerstone, 1987). Compte tenu de l’absence de campagnols et de la faible diversité des autres proies, on peut présumer que la sous-espèce haidarum a des portées plutôt petites (Edie, 2001). Les seules données sur la taille de ses portées proviennent d’une autopsie pratiquée sur une femelle gravide tuée par un chat : l’utérus contenait trois fœtus, mais on n’a pu déterminer leur sexe ni s’il y avait eu implantation antérieure (H. Schwantje, données inédites).

Les hermines sont polygames : les mâles s’accouplent avec plusieurs femelles, et le domaine vital d’un mâle recouvre celui de plusieurs femelles (Erlinge, 1977). Comme chez la plupart des mustélidés, l’implantation est différée chez l’hermine (King, 1983) : elle s’accouple au printemps peu après la naissance des petits, mais l’implantation ne se produit que neuf à dix mois plus tard (Fagerstone, 1987). Les densités de population présumées faibles pourraient limiter les occasions d’accouplement, avec des effets démographiques néfastes pour la viabilité de la population (Shaffer, 1981). On ignore cependant si la reproduction est un facteur qui limite le rétablissement de l’hermine de la sous-espèce haidarum. Selon King (1983), l’hermine dépend d’une reproduction soutenue pour maintenir la taille de ses populations parce celles-ci ont généralement un fort taux de renouvellement. Ailleurs qu’à Haida Gwaii, Fagerstone (1987) a estimé le taux de survie annuel à 40 % et l’espérance de vie moyenne à 1-1,5 an environ.

Chez les hermines et les belettes, la reproduction est étroitement liée à la disponibilité des proies. La belette pygmée (Mustela nivalis) ne se reproduit pas à moins que la densité des proies au printemps atteignent un certain seuil (Erlinge, 1974), et la reproduction de l’hermine diminue lorsque la concurrence pour les ressources alimentaires augmente (Erlinge, 1983). En période de nourriture limitée, l’implantation peut ne pas se produire même s’il y a eu accouplement et fécondation.

L’hermine est un prédateur de niveau moyen, et son abondance est étroitement liée à celle de ses proies et de ses prédateurs potentiels (Fagerstone, 1987). Les seuls mammifères prédateurs terrestres endémiques à l’archipel Haida Gwaii sont l’hermine de la sous-espèce haidarum, la martre d’Amérique et l’ours noir (Cowan, 1989). Ailleurs, les populations d’hermines jouent un rôle important en régulant les populations de proies (Korpimäki et al., 1991; Fagerstone, 1987). À Haida Gwaii, l’hermine de la sous-espèce haidarum pourrait avoir joué un rôle dans la régulation des populations de souris de Keen.

L’apparente association de l’hermine de la sous-espèce haidarum avec les milieux de basse altitude et les zones riveraines à Haida Gwaii (Reid et al. 2000) laisse croire qu’elle serait associée aux milieux aquatiques. L’hermine pourrait ainsi occuper en partie la niche écologique du prédateur à l’interface eau-terre laissée vacante par l’absence du vison d’Amérique à Haida Gwaii (Eagle et Whiteman, 1987).

Tableau 2. Classification des menaces et des facteurs limitatifs pour l'hermine de la sous espèce haidarum.
Menace Niveau de la menace
Modifications de l’habitat par des espèces introduites Élevé
Petite aire de répartition et faible abondance Élevé
Prédation par les prédateurs indigènes Moyen
Concurrence pour la nourriture Moyen
Trappage Moyen
Exploitation forestière Faible
Modifications de l'habitat par des espèces introduites

L’isolement prolongé de l’hermine de la sous-espèce haidarum à l’écart des autres sous-espèces et lignées lui a permis de devenir une sous-espèce distincte. Cet isolement a peut-être aussi contribué à la mettre en péril. En effet, les taxons endémiques des îles courent habituellement un plus grand risque d’extinction que les autres (Purvis et al., 2000; MacArthur et Wilson, 1967), et les espèces introduites peuvent rehausser ce risque (Diamond, 1989).

Les espèces exotiques sont souvent considérées comme des menaces pour les espèces en péril (Lawler et al., 2002). Les mammifères introduits sur l’archipel Haida Gwaii depuis 120 ans (voir le tableau 3) constituent une importante menace écologique pour les taxons endémiques de ces îles (Engelstoft et Bland, 2002; Golumbia, 2000). Les espèces introduites exacerbent sans doute les autres menaces qui pèsent sur l’hermine de la sous-espèce haidarum, notamment la concurrence pour l’obtention de nourriture et la prédation accrue.

Tableau 3. Mammifères introduits à Haida Gwaii et leurs effets possibles sur l'hermine de la sous espèce haidarum.
Espèce Année d’introduction Effets possibles sur le M. e. haidarum
Cerf de Sitka (Odocoileus hemionus) 1880 – 19251
  • Altération de l’habitat – élimination du sous-étage et du tapis végétal, ce qui accroît le risque de prédation et réduit la qualité de l’habitat des proies.
  • Les charognes de cerfs pourraient servir de nourriture pour l’hermine, mais elles sont davantage disponibles à la martre.
Wapiti
(Cervus elaphus)
19292
  • Effets semblables à ceux du cerf mais moins prononcés en raison de sa répartition limitée.
Rat musqué commun
(Ondatra zibethicus)
Inconnue
  • Les charognes de rats musqués constituent une source de nourriture très limitée.
  • Effet probablement non significatif.
Écureuil roux (Tamiasciurus hudsonicus) 19473
  • Proie possible de l’hermine.
  • Probablement une importante source de nourriture pour la martre, laquelle accroît la concurrence et le risque de prédation par le nombre accru de martres.
Castor du Canada (Castor canadensis) 19473
  • Les charognes de castors constituent une source de nourriture limitée.
  • Altération de l’habitat
Souris commune (Mus musculus) Inconnue
  • Proie de l’hermine.
Rat noir (Rattus rattus) Fin du XVIIIe siècle?1
  • Proie de l’hermine.
Rat surmulot
(Rattus norvegicus)
Après la fin du XVIIIe siècle1
  • Proie de l’hermine.
Raton laveur
(Procyon lotor)
Années 19401
  • Concurrent probable de l’hermine pour l’obtention de nourriture.
  • Prédateur opportuniste probable de l’hermine.
Chat domestique
(Felis catus)
Inconnue
  • Concurrent de l’hermine pour l’obtention de nourriture.
  • Prédateur opportuniste de l’hermine.
Chien domestique (Canis familiaris) Inconnue
  • Prédateur opportuniste possible de l’hermine.

1 D'après Golumbia (2000); 2 d'après Engelstoft et Bland (2002); 3 d'après Cowan (1989).

Introduit sur l’archipel Haida Gwaii entre 1880 et 1925, le cerf de Sitka y a grandement modifié les écosystèmes forestiers et a eu un effet direct ou indirect sur la plupart des espèces indigènes. L’élimination du sous-bois par le cerf de Sitka (Daufresne et Martin, 1997) pourrait avoir des conséquences particulières pour le M. e. haidarum et ses proies. Dans les forêts côtières de thuyas et de pruches, les hermines sont habituellement plus communes dans les sites au sous-bois bien développé (Mowat et al., 2000; Wilson et Carey, 1996). Les charognes de cerfs peuvent constituer une source de nourriture supplémentaire pour l’hermine, mais ils peuvent aussi profiter à des espèces concurrentes de l’hermine comme la martre d’Amérique (Nagorsen, 2006; Burles et al., 2004).

Des espèces introduites comme l’écureuil roux, le rat noir, le rat surmulot et le rat musqué commun constituent des sources de nourriture supplémentaires pour le M. e. haidarum; Reid et al. (2000) ont signalé des observations d’hermines pourchassant des rats et se nourrissant d’un cadavre de rat musqué. Ces espèces atteignent cependant une taille près de la limite supérieure des tailles de proies accessibles à l’hermine de la sous-espèce haidarum (Burles et al., 2004; Lisgo, 1999), car celle-ci est significativement plus petite que les autres sous-espèces de l’hermine (Byun, 1998; Eger, 1990; Foster, 1965). Des espèces introduites ont permis aux populations de martres d’Amérique d’augmenter, ce qui a probablement nuit aux populations d’hermines par une concurrence accrue (Nagorsen 2006; Reid et al., 2000).

Le M. e. haidarum pourrait être naturellement limité par la disponibilité de ses proies : selon plusieurs chercheurs, ce facteur, plutôt que la prédation, est celui qui détermine la taille des populations de cette hermine (argumentation résumée dans Nagorsen, 2006). Ainsi, la présence d’espèces introduites qui concurrencent l’hermine pour l’obtention de nourriture pourrait constituer une importante menace pour celle-ci.

Des prédateurs introduits menacent également le M. e. haidarum. On sait que le chat domestique s’attaque parfois à cette hermine (H. Schwantje, données inédites; Reid et al., 2000), et il semblerait que la fréquence des observations de M. e. haidarum à l’inlet Masset (île Graham) ait diminué depuis l’introduction du raton laveur sur l’archipel (J. Gifford-Brown, comm. pers., 2006), bien que cette réduction puisse être attribuable à la concurrence accrue pour un nombre limité de proies plutôt qu’à la prédation de l’hermine par le raton laveur.

Petite aire de répartition et faible abondance

En raison de leur vulnérabilité à des phénomènes stochastiques et d’autres facteurs comme la consanguinité, les petites populations courent un plus grand risque d’extinction que les grandes populations. L’aire de répartition restreinte et la faible abondance de l’hermine de la sous-espèce haidarum la rendent donc très vulnérable à l’extinction (Purvis et al., 2000; Simberloff, 1998).

Prédation par des prédateurs indigènes

La prédation par des prédateurs indigènes peut aussi influer sur l’abondance de l’hermine. Craighead et Craighead (1956, cité dans Powell, 1973) ont constaté que les oiseaux de proie avaient tué environ 70 % de la population printanière d’hermines après la reproduction dans le sud du Michigan. Ce pourcentage n’est probablement pas aussi élevé à Haida Gwaii, où les oiseaux de proie forestiers comme l’Autour des palombes (Accipiter gentilis laingi), l’Épervier brun (Accipiter striatus) et la Petite Nyctale (Aegolius acadicus brooksi) sont moins nombreux (F. Doyle, comm. pers., 2006).

La réduction du couvert végétal due au broutage accru des cerfs accroît sans doute le risque de prédation de l’hermine par des prédateurs indigènes et exotiques. Les hermines préfèrent généralement les sous-bois denses (Mowat et al., 2000; Wilson et Carey, 1996; Fagerstone, 1987; Simms, 1979a). Le sous-bois offre une structure d’habitat pour les espèces proies de l’hermine ainsi qu’une protection visuelle et un couvert permettant à l’hermine d’échapper à ses prédateurs, en particulier les oiseaux de proie.

La martre d’Amérique a été mise en cause comme un facteur du déclin présumé de l’hermine sur l’archipel Haida Gwaii. Bien qu’il n’y ait pas de données sur les animaux à fourrure trappés à Haida Gwaii avant 1985 (G. Schultze, comm. pers., 2003), les trappeurs enregistrés s’entendent généralement pour dire que les populations de martres ont augmenté par un facteur de cinq à dix depuis les années 1940 (Edie, 2001; Reid et al., 2000). Étant donné la faible valeur de la fourrure de martre sur le marché, peu de trappeurs visent actuellement la martre, et les populations locales de cet animal restent élevées.

L’hermine constitue parfois une proie de la martre (Jędrzejewski et al., 1995; Thompson et Colgan, 1990; Weckworth et Hawley, 1962), mais il s’agit sans doute d’une prédation opportuniste, l’hermine ne représentant qu’une très faible proportion des proies de la martre. Nagorsen (2006) a passé en revue 26 études du régime alimentaire de la martre d’Amérique et a constaté que seulement quatre d’entre elles ont mis en évidence des restes d’hermines dans 0,5 à 1,6 % des martres examinées (Nagorsen, 2006). Nagorsen et al. (1991) n’ont pas trouvé de restes d’hermines dans les contenus stomacaux des 97 martres de Haida Gwaii qu’ils ont examinés; Nagorsen (2006) a comparé les contenus stomacaux de 55 martres avec ceux de 1991 qu’il a réexaminés et n’a trouvé aucun reste d’hermine. Weckwerth et Hawley (1962) ont constaté que pas plus de 0,1 % de 1 758 crottes de martres du Montana contenaient des restes d’hermines. Selon Edie (2001), les hermines sont si peu abondantes que même un très faible niveau de prédation par la martre pourrait avoir un effet important sur ses populations. Toutefois, selon les connaissances actuelles (Nagorsen, 2006), la prédation de l’hermine par la martre devrait être considérée au plus comme une menace modérée.

Durant l’hiver, l’hermine de la sous-espèce haidarum subit probablement un taux de prédation plus élevé que les autres populations d’hermines. En effet, comme la neige est rare et éphémère à faible altitude dans l’archipel Haida Gwaii, mais que le M. e. haidarum devient quand même blanc l’hiver, celui-ci est alors plus visible pour les prédateurs. Le couvert végétal réduit pourrait exacerber cette menace.

Concurrence pour l'obtention de nourriture

La martre d’Amérique concurrence sans doute l’hermine pour obtenir de la nourriture. L’abondance plus élevée de martres à Haida Gwaii et le fait que les régimes alimentaires de la martre et de l’hermine se recoupent beaucoup réduisent sans doute la quantité de nourriture disponible pour le M. e. haidarum. On ignore si cet effet résulte de la réduction de l’abondance des proies ou d’une exclusion compétitive.

Trappage

Le trappage de l’hermine est interdit depuis 1985 à Haida Gwaii, mais on capture encore occasionnellement des hermines de la sous-espèce haidarum dans des pièges à martre. Comme les captures d’hermines ne sont sans doute pas toutes déclarées, on en ignore les nombres annuels, mais on croit qu’ils sont minimes d’après des conversations avec des trappeurs (G. Husband et J. LaRose, comm. pers., 2004). Toutefois, l’introduction en 2007 de pièges certifiés conformes à l’Accord sur des normes internationales de piégeage sans cruauté a coïncidé avec la capture létale de cinq M. e. haidarum. Bien qu’il soit trop tôt pour déterminer si les nouveaux pièges sont responsables de cette soudaine hausse des captures accessoires déclarées de M. e. haidarum, le trappage constitue encore une menace pour la sous-espèce.

Exploitation forestière

Environ 25 % des forêts CWHwh1 de l’archipel Haida Gwaii ont été coupées ou le seront selon les plans d’exploitation forestière (A. Cober, comm. pers., 2003). Toutefois, étant donné l’habitat varié de l’hermine et la possibilité d’une abondance accrue de souris, de musaraignes et d’oiseaux chanteurs dans les peuplements forestiers en début de succession, on ne croit pas que l’exploitation forestière constitue une menace importante pour le M. e. haidarum.

L’exploitation forestière pourrait nuire indirectement à l’hermine de cette sous-espèce. En effet, si le broutage par les cerfs, lequel restreint la régénération des peuplements forestiers et réduit le tapis végétal, augmente dans les zones récemment coupées, l’hermine pourrait courir un risque de prédation accru en raison de la perte de couvert végétal protecteur.

Voici les mesures de rétablissement et de gestion de l’hermine de la sous-espèce haidarum qui ont déjà été prises ou qui sont en cours :

Le rétablissement de l’hermine de la sous-espèce haidarum souffrira du manque considérable d’information sur elle. On ne connaît la dynamique de ses populations, ses exigences en matière d’habitat, ses préférences en matière de proies et les menaces qui pèsent sur elle que par déduction plutôt que par observation. Il faudra obtenir beaucoup d’autres données pour mener des activités de rétablissement efficaces.

L’Équipe de rétablissement a déterminé que le rétablissement de l’hermine de la sous-espèce haidarum est possible aux plans biologique et technique d’après les critères présentés dans la section 4.0 de la politique d’Environnement Canada sur le caractère réalisable du rétablissement (ébauche) (Environnement Canada, 2005).

  1. Y a-t-il des individus reproducteurs qui peuvent améliorer le taux de croissance de la population ou accroître l’effectif? OUI.

    Bien qu’on croie que l’hermine de la sous-espèce haidarum est peu abondante, des observations sporadiques mais persistantes indiquent que la population survit. L’autopsie réalisée sur une hermine femelle tuée par un chat a montré qu’elle était gravide, ce qui prouve qu’il reste des individus aptes à se reproduire.
  2. L’habitat propice existant ou potentiel (pouvant être rendu propice par des mesures de d’aménagement ou de restauration) est-il suffisant pour assurer la survie de l’espèce? OUI.

    On croit que la principale cause du déclin de la population de M. e. haidarum n’est pas la perte d’habitat, mais la combinaison de l’altération de l’habitat et des relations de la sous-espèce avec des espèces introduites. Il existe suffisamment d’habitat existant ou potentiel pour soutenir la sous-espèce.
  3. Les menaces appréciables pesant sur l’espèce ou sur son habitat peuvent-elles être évitées ou atténuées grâce à des mesures de rétablissement? OUI.

    On croit que les altérations de l’habitat causées par des espèces introduites sont largement réversibles.
  4. Les techniques de rétablissement nécessaires existent-elles, et leur efficacité a-t-elle été démontrée? OUI.

    Les effets directs ou cumulatifs des espèces exotiques envahissantes constituent la plus importante menace potentielle. Il existe des techniques pour combattre ou éliminer les mammifères non indigènes et pour restaurer l’habitat dégradé par le broutage.

Le but du rétablissement à long terme consiste à maintenir ou à restaurer une population sauvage autosuffisante de l’hermine de la sous-espèce haidarum dans toute son aire de répartition historique.

On définit une population « autosufisante » comme une population de taille et de répartition suffisantes pour que les menaces persistantes ne limitent pas sa viabilité globale, notamment en ce qui concerne sa susceptibilité aux phénomènes stochastiques.

Le but du rétablissement est actuellement général parce que l’Équipe de rétablissement ne dispose pas de données sur les tailles historiques et actuelle de la population de l’hermine de la sous-espèce haidarum. L’Équipe de rétablissement a établi un certain nombre d’activités et les délais connexes qui lui permettront d’en apprendre plus sur la taille et la dynamique de la population. Lorsque l’Équipe aura obtenu davantage de données, elle précisera le but et les objectifs du rétablissement.

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