Programme de rétablissement de l’hermine de la sous-espèce haidarum au Canada [proposition] 2011 : Rétablissement
L’Équipe de rétablissement a déterminé que le rétablissement de l’hermine de la sous-espèce haidarum est possible aux plans biologique et technique d’après les critères présentés dans la section 4.0 de la politique d’Environnement Canada sur le caractère réalisable du rétablissement (ébauche) (Environnement Canada, 2005).
- Y a-t-il des individus reproducteurs qui peuvent améliorer le taux de croissance de la population ou accroître l’effectif? OUI.
Bien qu’on croie que l’hermine de la sous-espèce haidarum est peu abondante, des observations sporadiques mais persistantes indiquent que la population survit. L’autopsie réalisée sur une hermine femelle tuée par un chat a montré qu’elle était gravide, ce qui prouve qu’il reste des individus aptes à se reproduire. - L’habitat propice existant ou potentiel (pouvant être rendu propice par des mesures de d’aménagement ou de restauration) est-il suffisant pour assurer la survie de l’espèce? OUI.
On croit que la principale cause du déclin de la population de M. e. haidarum n’est pas la perte d’habitat, mais la combinaison de l’altération de l’habitat et des relations de la sous-espèce avec des espèces introduites. Il existe suffisamment d’habitat existant ou potentiel pour soutenir la sous-espèce. - Les menaces appréciables pesant sur l’espèce ou sur son habitat peuvent-elles être évitées ou atténuées grâce à des mesures de rétablissement? OUI.
On croit que les altérations de l’habitat causées par des espèces introduites sont largement réversibles. - Les techniques de rétablissement nécessaires existent-elles, et leur efficacité a-t-elle été démontrée? OUI.
Les effets directs ou cumulatifs des espèces exotiques envahissantes constituent la plus importante menace potentielle. Il existe des techniques pour combattre ou éliminer les mammifères non indigènes et pour restaurer l’habitat dégradé par le broutage.
Le but du rétablissement à long terme consiste à maintenir ou à restaurer une population sauvage autosuffisante de l’hermine de la sous-espèce haidarum dans toute son aire de répartition historique.
On définit une population « autosufisante » comme une population de taille et de répartition suffisantes pour que les menaces persistantes ne limitent pas sa viabilité globale, notamment en ce qui concerne sa susceptibilité aux phénomènes stochastiques.
Le but du rétablissement est actuellement général parce que l’Équipe de rétablissement ne dispose pas de données sur les tailles historiques et actuelle de la population de l’hermine de la sous-espèce haidarum. L’Équipe de rétablissement a établi un certain nombre d’activités et les délais connexes qui lui permettront d’en apprendre plus sur la taille et la dynamique de la population. Lorsque l’Équipe aura obtenu davantage de données, elle précisera le but et les objectifs du rétablissement.
Le but du rétablissement sera atteint en se concentrant sur les objectifs suivants :
- Poursuivre les activités visant à déterminer la taille, la densité et la répartition de la population et étudier de nouvelles méthodes pour ce faire.
- Mener et évaluer des essais de restauration de l’habitat et des activités de lutte contre des espèces introduites, particulièrement dans les régions où il y a le plus de mentions de la sous-espèce.
- Élaborer et mettre en œuvre un plan de communication pour faire participer le public à des activités visant à déterminer la présence de la sous-espèce et pour promouvoir son rétablissement.
- Déterminer la nécessité et la faisabilité d’une augmentation artificielle de la population.
Priorité | Stratégie générale | Approches recommandées pour l’atteinte des objectifs du rétablissement | Résultat visé | Menace ou préoccupation visée | Échéancier (début-fin) |
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Objectif 1 : Poursuivre les activités visant à déterminer la taille, la densité et la répartition de la population et étudier de nouvelles méthodes pour ce faire. | |||||
Élevée | Recherche | Déterminer la taille, la densité et la répartition de la population. | Mettre à l’essai sur le terrain des méthodes de détection existantes et nouvelles. | Lacunes dans les connaissances; petite aire de répartition et faible abondance. | 2001-2012 |
Élevée | Recherche | Déterminer la taille, la densité et la répartition de la population | Mettre au point des modèles de population, de densité et de répartition. | Lacunes dans les connaissances; petite aire de répartition et faible abondance. | 2009-2014 |
Objectif 2 : Mener et évaluer des essais de restauration de l’habitat et des activités de lutte contre des espèces introduites, particulièrement dans les régions où il y a le plus de mentions de la sous-espèce. | |||||
Élevée | Recherche et intendance |
Évaluer les effets de la restauration de l’habitat et de la lutte contre les espèces introduites sur le paysage. | Mener des projets pilotes dans des endroits contrôlés (comme des exclos) afin de restaurer et de surveiller l’habitat. | Lacunes dans les connaissances : modifications de l’habitat par des espèces introduites; prédation par des prédateurs indigènes; concurrence pour la nourriture. | 2009-2014 |
Objectif 3 : Élaborer et mettre en œuvre un plan de communication pour faire participer le public à des activités visant à déterminer la présence de la sous-espèce et pour promouvoir son rétablissement. | |||||
Moyenne | Intendance et sensibilisation | Élargir l’intérêt du public et l’inciter à signaler les observations de M. e. haidarum. | Obtenir la participation du public par des stratégies d’éducation et de sensibilisation. | Toutes | 2009-2014 |
Objectif 4 : Déterminer la nécessité et la faisabilité d’une augmentation artificielle de la population. | |||||
Moyenne | Recherche | Déterminer la nécessité d’une augmentation artificielle de la population. | Mettre au point des modèles de population, de densité et de répartition. | Petite aire de répartition et faible abondance. | 2009-2014 |
Moyenne | Recherche | Déterminer la faisabilité d’une augmentation artificielle de la population. | Préciser les liens génétiques avec l’hermine de l’Alaska. Déterminer si des hermines sont disponibles et conviennent pour être transplantées à Haida Gwaii. | Petite aire de répartition et faible abondance. | 2009-2014 |
Voici les mesures du rendement pour évaluer le succès du programme :
Objectif 1 : Détermination d’une méthode efficace d’estimation de la taille, de la densité et de la répartition de la population ou mise à l’essai de toutes les méthodes de détection possibles d’ici 2014.
Objectif 2 : Réalisation et évaluation des essais de restauration de l’habitat et des activités de lutte contre les espèces introduites d’ici 2014.
Objectif 3 : Élaboration et mise en œuvre du plan de communication en 2010.
Objectif 4 : Détermination d’ici 2014 de la nécessité et de la faisabilité d’une augmentation artificielle de la population.
À l’heure actuelle, l’habitat essentiel de la sous-espèce, aux termes de l’article 2 de la Loi sur les espèces en péril, n’a pas été proposé à des fins de désignation. La désignation de l’habitat essentiel nécessite des données sur le cycle vital, l’écologie des populations, la répartition et les besoins en matière d’habitat de la sous-espèce. Compte tenu de l’état actuel de nos connaissances sur la sous-espèce, il n’est pas possible d’en désigner l’habitat essentiel.
Il n’est actuellement pas possible de désigner l’habitat essentiel de l’hermine de la sous-espèce haidarum en raison de la difficulté d’en localiser les individus. D’ici à ce qu’on trouve une méthode efficace pour inventorier les populations et caractériser l’habitat, il ne sert à rien de faire des conjectures sur les étapes de la désignation de l’habitat essentiel. On effectue actuellement de la recherche sur des méthodes d’inventaire possibles, comme l’utilisation de caméras/d’appareils photo détecteurs de mouvement et de chiens détecteurs de crottes d’hermines; ces travaux se poursuivront jusqu’en 2014.
L’habitat est actuellement protégé d’une façon ou d’une autre sur environ 50 % de la superficie de l’archipel Haida Gwaii. La Réserve de parc national et le site du patrimoine haïda Gwaii Haanas sont protégés en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada, tandis que le parc provincial Naikoon, la réserve écologique Vladimir-Krajina et onze nouvelles aires de conservation sont protégés par la province. Comme le M. e. haidarum est classé comme un généraliste en matière d’habitat, une partie considérable de ces territoires devrait être considérée comme habitat de cette hermine. On achève actuellement la négociation d’une entente stratégique sur l’utilisation des terres de Haida Gwaii (Haida Gwaii Strategic Land Use Agreement) dans laquelle tous les intervenants s’engagent à adopter des pratiques d’exploitation forestière conformes à la gestion écosystémique et à protéger les zones riveraines, les zones de culture haïda et des aires fauniques de protection du Guillemot, de l’Autour des palombes et de la Petite Nyctale, ce qui assurera la conservation d’une plus grande superficie de milieux propices à l’hermine de la sous-espèce haidarum.
La concurrence, la prédation et l’altération de l’habitat par des espèces envahissantes nuisent à diverses espèces indigènes de Haida Gwaii. En particulier, l’altération de l’habitat par le cerf a considérablement modifié le paysage, ce qui nuit à des plantes, à des invertébrés et à des mammifères (Allombert et al., 2005; Stockton et al., 2000; Vila et al., 2001). La réduction de l’impact du cerf contrera cette menace et profitera aussi à d’autres espèces en péril de Haida Gwaii qui souffrent des modifications de leur habitat.
Comme l’hermine de la sous-espèce haidarum est un généraliste en matière d’habitat, qu’elle semble être bien répandue et qu’elle n’est pas très affectée par l’exploitation forestière, l’impact économique de son rétablissement devrait être léger, voire nul. Par contre, la réduction des effets nuisibles du cerf de Sitka sur cette hermine devrait avoir un impact socio-économique, car depuis l’introduction de ce cerf sur l’archipel, sa chasse est devenue une activité de récolte de nourriture très appréciée. L’importante réduction des populations de cerfs nécessaire pour inverser leur impact sur l’habitat devra être envisagée en tenant compte de ces considérations. Cette réduction des impacts ne visera pas seulement le rétablissement du M. e. haidarum, car elle s’inscrira dans le cadre d’un programme de rétablissement plurispécifique. Les avantages du rétablissement de cette hermine comprennent son importance dans la culture haïda, le maintien de son rôle écologique en tant qu’un des mammifères peu nombreux à Haida Gwaii et la persistance de ce qu’on considère comme la sous-espèce la plus particulière du Mustela erminea (Eger, 1990; Cowan, 1989; Foster, 1965).
La détermination de la taille et de la dynamique de la population d’hermines de la sous-espèce haidarum est de la plus haute importance, mais il sera essentiel de s’attaquer aux modifications de l’habitat par des espèces introduites, particulièrement le cerf de Sitka, pour remettre le milieu dans un état plus favorable aux espèces menacées locales, y compris le M. e. haidarum. Ainsi, on privilégierait l’approche plurispécifique qui comprendrait un programme de lutte contre les espèces introduites, des initiatives d’intendance et des programmes éducatifs.
L’élaboration d’un plan d’action a débuté, et une ébauche devrait être prête (c.-à-d. acceptée par l’Équipe et présentée pour examen) d’ici 2014.
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