Méné camus (Notropis anogenus) : programme de rétablissement (proposition)

Titre officiel : Programme de rétablissement du méné camus (Notropis anogenus) au Canada [Version proposée]

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Méné camus
Information sur le document

Référence recommandée :

Pêches et Océans Canada. 2024. Programme de rétablissement du méné camus (Notropis anogenus) au Canada [Version proposée]. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Pêches et Océans Canada, Ottawa. vi + 96 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement modifié ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, y compris les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Photographie de la couverture : © Konrad Schmidt

Also available in English under the title:
“Recovery Strategy for the Pugnose Shiner (Notropis anogenus) in Canada”

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par la ministre des Pêches et des Océans, 2024. Tous droits réservés.
ISBN à venir
N° de catalogue. à venir

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’adopter une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés 5 ans après la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril, jusqu'à ce que ses objectifs ont été accomplis ou que le rétablissement de l’espèce ne soit plus réalisable.

La ministre des Pêches et des Océans et le ministre responsable de Parcs Canada (PC) sont les ministres compétents en vertu de la LEP à l’égard du méné camus et ont élaboré ce programme de rétablissement modifié, conformément à l’article 37 de la LEP. Aux fins de l’élaboration du présent programme de rétablissement modifié, les ministres compétents ont tenu compte, conformément à l’article 38 de la LEP, de l’engagement qu’a pris le gouvernement du Canada de conserver la diversité biologique et de respecter le principe selon lequel, s’il existe une menace d’atteinte grave ou irréversible à l’espèce sauvage inscrite, le manque de certitude scientifique ne doit pas être prétexte à retarder la prise de mesures efficientes pour prévenir sa disparition ou sa décroissance. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement modifié a été préparé en collaboration avec l’équipe de rétablissement des poissons d’eau douce de l’Ontario, le ministère du développement du Nord, des mines, des richesses naturelles et des forêts, Parcs Ontario, l’Office de protection de la nature d’Ausable Bayfield, l’Office de protection de la nature de la région d’Essex, l’Université Trent, l’Université Western Ontario, l’Office de protection de la nature de la région de Sainte-Claire, l’Office de protection de la nature de la région de Cataraqui, l’Office de protection de la nature de la région de Quinte, l’Office de protection de la nature de la vallée de la Saugeen, l’Institut des sciences environnementales du fleuve Saint‑Laurent et le Conseil des Mohawks d’Akwesasne, en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP.

Comme l’indique le préambule de la LEP, la réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra pas reposer seulement sur le ministère des Pêches et des Océans (MPO), PC ou toute autre autorité responsable. Les coûts associés à la conservation des espèces en péril sont partagés entre les différentes autorités responsables. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien du méné camus et de l’ensemble de la société canadienne.

Les plan d’actions présentent de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par le MPO, PC et d’autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. Des plans d’action qui mettent en œuvre des activités à l’avantage du méné camus ont déjà été publiés par le MPO (2020) pour le bassin hydrographique de la rivière Ausable (y compris le chenal Old Ausable), et par PC (2016), pour le parc national des Mille-Îles. La mise en œuvre du présent programme modifié est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

Remerciements

Les modifications apportées au « programme de rétablissement du méné camus (Notropis anogenus) au Canada » (2012) ont été entreprises par Peter Jarvis (entrepreneur du MPO) et Joshua Stacey (MPO, biologiste des espèces en péril) au nom du MPO. Le MPO aimerait remercier les organisations suivantes pour leur appui dans le cadre de l’élaboration du programme de rétablissement modifié du méné camus : l’équipe de rétablissement des poissons d’eau douce de l’Ontario, le ministère du développement du Nord, des mines, des richesses naturelles et des forêts, Parcs Ontario, l’Office de protection de la nature d’Ausable Bayfield, l’Office de protection de la nature de la région d’Essex, l’Université Trent, Environnement et Changement climatique Canada (Service canadien de la faune), l’Université Western Ontario, l’Agence Parcs Canada, l’Office de protection de la nature de la région de Sainte-Claire, l’Office de protection de la nature de la région de Cataraqui, l’Office de protection de la nature de la région de Quinte, l’Office de protection de la nature de la vallée de la Saugeen, l’Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent et le Conseil des Mohawks d’Akwesasne. Andrew Geraghty (MPO) a fourni les cartes.

Sommaire

En 2003, le méné camus (Notropis anogenus) a été inscrit comme espèce en voie de disparition à la Loi sur les espèces en péril (LEP). En 2013, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a réévalué l’espèce et l’a classée dans la catégorie « espèce menacée », principalement en raison de la découverte de nouvelles sous-populations. En 2019, le méné camus a été inscrit de nouveau à la LEP, mais dans la catégorie inférieure d’» espèce menacée ». Le présent programme de rétablissement modifié fait partie d’une série de documents consacrés à cette espèce qui devraient être pris en considération ensemble, notamment les rapports de situation du COSEPAC (COSEPAC, 2002, 2013), l’évaluation du potentiel de rétablissement (EPR) (MPO, 2010), le programme de rétablissement initial (MPO, 2013), le rapport sur les progrès de la mise en œuvre du programme de rétablissement (MPO, 2022), le plan d’action pour la rivière Ausable (MPO, 2020) et le « Plan d’action visant des espèces multiples dans le parc national du Canada des Mille-Îles » (APC, 2016 ). Le rétablissement est déterminé comme étant réalisable du point de vue biologique et technique.

Le méné camus est un petit méné (généralement de 4 à 5 cm de longueur) qui se distingue des espèces similaires par sa minuscule bouche tournée presque verticalement vers le haut. Une bande latérale foncée prolonge la longueur du corps et les écailles du dos sont pourvues d’une bordure foncée et le dessous est principalement de couleur argent. Le méné camus est surtout associé à des zones peu profondes de lacs ou à des rivières à faible débit avec une végétation aquatique immergée abondante. Au Canada, sa répartition se limite à 4 régions principales de l’Ontario : le bassin hydrographique du lac Huron sud, le lac Sainte-Claire, le lac Érié et le lac Ontario/fleuve Saint-Laurent. L’espèce a été répertoriée par le passé dans le parc national de la Pointe-Pelée et la baie Rondeau (lac Érié) ainsi que dans la rivière Gananoque (affluent du fleuve Saint-Laurent).

On décrit à la section 5 les principaux facteurs qui menacent l’espèce : les modifications de l’habitat, l’enlèvement de la végétation aquatique, la charge sédimentaire et la turbidité, la charge en nutriments et les espèces envahissantes.

Les objectifs en matière de population et de répartition (section 6) du méné camus sont :

Objectif de population : S’assurer que les populations des 15 localités montrent des signes de reproduction et de recrutement, qu’elles sont stables ou à la hausse et que les risques liés aux menaces connues sont faibles.

Objectif de répartition : Assurer la survie de sous-populations autosuffisantes dans les localités occupées suivantes :

Rivière Teeswater; chenal Old Ausable; lac Mouth; ruisseau Maxwell; petit ruisseau Bear; secteur Sainte‑Claire de la réserve nationale de faune (RNF) de Sainte‑Claire; baie de la pointe Long (y compris la RNF de la baie de la pointe Long)/ruisseau Big (y compris la RNF du ruisseau Big); rivière Trent; baie Wellers (y compris la RNF de la baie Wellers); lac West; lac East; baie Waupoos; fleuve Saint-Laurent et rivière Gananoque dans le parc national des Mille-Îles – secteur Gananoque; fleuve Saint-Laurent dans le parc national des Mille-Îles – secteur de l’île Grenadier/Mallorytown Landing; lac Saint‑Laurent dans le fleuve Saint-Laurent.

Les stratégies générales à adopter pour répondre aux menaces pesant sur la survie et le rétablissement de l’espèce, de même que les approches de gestion et de recherche nécessaires à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition sont décrites à la section 7. Celles-ci contribueront à l’élaboration de mesures de rétablissement spécifiques dans 1 ou plusieurs plans d’action.

L’habitat essentiel du méné camus (section 8) est désigné dans la mesure du possible, sur la base de la meilleure information accessible. Les fonctions et les éléments nécessaires pour assurer les processus du cycle vital de l’espèce et atteindre les objectifs en matière de population et de répartition sont également précisés. Le présent programme de rétablissement modifié désigne l’habitat essentiel du méné camus dans la rivière Teeswater, le chenal Old Ausable, le lac Mouth, le ruisseau Maxwell, le petit ruisseau Bear, le secteur Sainte‑Claire de la RNF de Sainte‑Claire, la baie de la pointe Long (y compris la RNF de la baie de la pointe Long)/le ruisseau Big (y compris la RNF du ruisseau Big), la rivière Trent, la baie Wellers (y compris la RNF de la baie Wellers), le lac West, le lac East, la baie Waupoos et 3 secteurs dans le fleuve Saint-Laurent.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

Le rétablissement du méné camus est jugé réalisable du point de vue biologique et technique.

1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir ou augmenter son abondance.

Oui. À l’heure actuelle, des populations reproductrices de ménés camus existent dans le chenal Old Ausable, la baie de la pointe Long (lac Érié), le lac Sainte-Claire, la rivière Trent, la baie Wellers, le lac East, le lac West, la baie Waupoos et le fleuve Saint‑Laurent, et pourraient assurer la croissance naturelle de la population ou être utilisées à des fins de translocation ou de propagation artificielle au besoin.

2. De l’habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.

Oui. De l’habitat convenable est présent dans plusieurs localités abritant des populations existantes, notamment le chenal Old Ausable, la région autour de l’île Walpole (lac Sainte-Claire), les baies du comté de Prince Edward et le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent (d’Eastview à Lancaster). L’amélioration de la qualité de l’eau et de la gestion de l’habitat (grâce à l’intendance et aux pratiques de gestion optimales [PGO]) pourrait permettre de remettre en état de l’habitat convenable là où des populations de ménés camus ont disparu ou sont en déclin.

3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou son habitat peuvent être évitées ou atténuées.

Oui. Les menaces qui semblent présenter un risque grave pour le méné camus, comme l’envasement ou la turbidité et l’enlèvement de la végétation aquatique, peuvent être résolues au moyen de mesures de rétablissement. Il sera essentiel de déterminer et d’assainir les sources de nutriments et de sédiments en suspension qui nuisent à la santé des milieux humides côtiers occupés pour s’assurer que ces habitats puissent continuer à soutenir le méné camus (EERT 2008).

4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

Oui. Les techniques visant à réduire les menaces décrites (par exemple, PGO) et à remettre en état les habitats sont bien connues et se sont révélées efficaces pour la communauté ichtyologique en général. Les projets menés dans le cadre du Fonds d’intendance de l’habitat peuvent mener à des améliorations de l’habitat là où le méné camus est présent.

1 Introduction

En 2003, le méné camus (Notropis anogenus) a été inscrit initialement comme espèce en voie de disparition à la Loi sur les espèces en péril (LEP). Toutefois, en 2013, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a réévalué l’espèce et l’a classée comme espèce menacée. Le méné camus a donc par la suite été reclassifié dans la catégorie « espèce menacée » de la LEP en 2019. Le présent programme de rétablissement modifié fait partie d’une série de documents consacrés au méné camus qui devraient être pris en considération ensemble, notamment les rapports de situation du COSEPAC (COSEPAC, 2002, 2013), l’avis scientifique découlant de l’évaluation du potentiel de rétablissement (EPR) (MPO, 2010), le programme de rétablissement initial (MPO, 2013), le « rapport sur les progrès de la mise en œuvre du programme de rétablissement du méné camus (Notropis anogenus) au Canada de 2012 à 2017 » (MPO, 2022), le « Plan d’action pour la rivière Ausable du Canada : Une approche écosystémique » (MPO, 2020) et le « Plan d’action visant des espèces multiples dans le parc national du Canada des Mille-Îles »(APC, 2016). Le programme de rétablissement est un document de planification qui énonce ce qui doit être fait pour arrêter ou renverser le déclin d’une espèce. Il établit les objectifs et indique les principaux champs des activités à entreprendre. La planification détaillée se fait à l’étape suivante, soit celle du plan d’action.

L’EPR est un processus entrepris par le Secteur des sciences du MPO dans le but de fournir l’information et les avis scientifiques nécessaires à mise en œuvre de la LEP en s’appuyant sur la meilleure information accessible, l’analyse et la modélisation des données ainsi que des opinions d’experts. Le résultat de ce processus permet d’étayer bon nombre de sections du programme de rétablissement modifié. Pour aller au-delà de ce qui est présenté dans le présent programme de rétablissement modifié, veuillez consulter le rapport de situation du COSEPAC et l’avis scientifique découlant de l’EPR de cette espèce.

2 Information sur l’évaluation de l’espèce par le COSEPAC

Date de l’évaluation : Mai 2013

Nom commun : Méné camus

Nom scientifique : Notropis anogenus

Statut : Menacée

Justification de la désignation : Cette espèce a une petite zone d’occupation et est composée de nombreuses petites populations, dont un grand nombre pourraient ne pas être viables. Au moins 2 populations sont disparues. La dégradation et la perte d’habitat continuent de menacer les populations, particulièrement dans la partie ouest de leur répartition dans les bassins hydrographiques des lacs Huron, Sainte-Claire et Érié.

Répartition au Canada : Ontario

Historique du statut : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1985. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée « en voie de disparition » en novembre 2002. Réexamen du statut : l’espèce a été désignée «menacée » en mai 2013.

3 Information sur la situation de l’espèce

Tableau 1. Résumé de la protection actuelle et des autres désignations attribuées au méné camusa.
Autorité responsable Administration/ organisation Année d’évaluation/ d’inscription Désignation/statut Niveau de désignation
Ontario Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario 2013 Menacée Population
Ontario Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. 2014 Menacée Population
Ontario NatureServeb 2017 S2 : en péril Population
Canada Loi sur les espèces en péril 2019 Menacée Population
Canada Comité sur la situation des espèces en péril au Canada 2013 Menacée Population
Canada NatureServec 2017 N2 : en péril Population
États-Unisd NatureServe 1996 N3 : vulnérable Population
Internationale NatureServe 2012 G3 : vulnérable Espèce
Internationale Union internationale pour la conservation de la nature 2012 LC : préoccupation mineure Espèce

a. Seules la Loi sur les espèces en péril et la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario offrent une protection. Toutes les autres entrées sont des évaluations de statut provinciales, nationales ou internationales.

b. NatureServe (2018) : G=statut global; N=statut national; S=statut subnational; 1=critiquement en péril; 2=en péril; 3=vulnérable

c. NatureServe (2018) : G=statut global; N=statut national; S=statut subnational; 1=critiquement en péril; 2=en péril; 3=vulnérable

d. Voir NatureServe (2018) pour les désignations propres à chaque État.

Depuis son inscription comme espèce menacée, le méné camus est protégé partout où il se trouve par l’article 32 de la LEP :

« Il est interdit de tuer un individu d’une espèce sauvage inscrite comme espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée, de lui nuire, de le harceler, de le capturer ou de le prendre. » [paragraphe 32(1)]

« Il est interdit de posséder, de collectionner, d’acheter, de vendre ou d’échanger un individu — notamment une partie d’un individu ou un produit qui en provient — d’une espèce sauvage inscrite comme espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée. » [paragraphe 32(2)]

Aux termes de l’article 73 de la LEP, les ministres compétents peuvent conclure avec une personne un accord l’autorisant à exercer une activité touchant une espèce sauvage inscrite, tout élément de son habitat essentiel ou la résidence de ses individus, ou lui délivrer un permis à cet effet.

4 Information sur l’espèce

4.1 Description

Le méné camus (figure 1) est un méné mince, modérément comprimé, de couleur argentée, doté d’une bande noire latérale et d’un museau arrondi qui se termine par une petite bouche tournée vers le haut (Becker, 1983; Leslie et Timmins, 2002; Holm et al., 2010; Page et Burr, 2011). La longueur totale moyenne est de 38 à 51 mm, et le spécimen le plus grand répertorié mesurait 72 mm (Becker, 1983; Scott et Crossman, 1998). La coloration générale est argentée, avec une teinte jaune pâle sur le dos. Cette espèce présente un dimorphisme sexuel au cours de la période de reproduction, les mâles devenant doré vif (Smith, 1985). La ligne latérale, de couleur foncée, part du museau, passe par l’œil et se rend jusqu’au bout du pédoncule caudal, où elle se termine en une petite tache cunéiforme foncée. Toutes les nageoires sont transparentes et, contrairement à ce que l’on observe chez la plupart des autres espèces du genre Notropis, le péritoine (membrane intérieure de la cavité abdominale) est noir (Page et Burr, 2011). La bouche, presque verticale par rapport à l’axe du corps (Becker, 1983), constitue le trait dominant qui distingue le méné camus des autres espèces du groupe des menés à bande noire, en particulier chez les juvéniles d’âge 0 (Leslie et Timmins, 2002). L’espèce qui ressemble le plus au méné camus est le menton noir (N. heterodon), mais ce dernier se distingue par sa bouche plus grande (Holm et al., 2010). Le méné camus ressemble également au petit-bec (Opsopoeodus emiliae) et au méné d’herbe (N. bifrenatus). Le petit-bec peut être différencié du méné camus par la présence de zones foncées et de 9 rayons sur la nageoire dorsale (le méné camus a généralement 8 rayons sur la nageoire dorsale) et de zones hachurées sur la face supérieure (Page et Burr, 2011; Scott et Crossman, 1998). Le méné d’herbe se différencie quant à lui du méné camus par une bouche plus grande et retroussée, la présence de 7 rayons sur la nageoire anale et une ligne latérale incomplète (Scott et Crossman, 1998; Page et Burr, 2011).

Voir le description longue
Figure 1. Méné camus (Notropis anogenus). Illustration d’Ellen Edmonson, département de la Conservation de l’environnement de l’État de New York.
Description longue

La figure 1 représente le méné camus comme un méné mince, modérément comprimé, avec une bande latérale foncée et un museau aplati se terminant par une petite bouche retournée vers le haut. La longueur totale se situe en moyenne entre 38 et 51 mm, tandis que la plus grande longueur enregistrée était de 72 mm. La bande latérale foncée s’étend du museau jusqu’à l’extrémité du pédoncule caudal, traversant l’œil et se terminant par une petite tache cunéiforme foncée sur le pédoncule caudal. Toutes les nageoires sont transparentes. La bouche est placée presque à la verticale par rapport à l’axe du corps et constitue la caractéristique qui distingue le méné camus des autres espèces du groupe des ménés à bande noire, surtout chez les juvéniles de moins d’un an. Le méné camus possède généralement une nageoire dorsale à huit rayons.

4.2 Population et répartition

4.2.1 Répartition mondiale et abondance de la population

L’aire de répartition du méné camus en Amérique du Nord est limitée et fragmentée (figure 2). On retrouve l’espèce principalement dans les bassins hydrographiques du fleuve Mississippi et des Grands Lacs, mais aussi dans les affluents du bassin de la baie d’Hudson (Page et Burr, 2011). Le méné camus est également présent dans plusieurs affluents du cours supérieur du Mississippi, dans les États de l’Illinois, du Minnesota et du Wisconsin, et dans le bassin du cours supérieur de la rivière Rouge, au Minnesota et au Dakota du Nord (bassin de la baie d’Hudson). Dans le bassin des Grands Lacs, le méné camus se rencontre dans des affluents des lacs Huron, Michigan, Sainte-Claire, Érié et Ontario Est ainsi que dans le cours supérieur du fleuve Saint‑Laurent. On ne dispose pas d’une estimation de la population mondiale, mais des déclins continus semblent probables compte tenu des menaces telles que l’augmentation de la turbidité, la perte de végétation aquatique et les espèces envahissantes (McCusker et al., 2014a).

voir le description longue
Figure 2. Aire de répartition nord-américaine du méné camus (zones grises ombrées) (COSEPAC, 2013, telle que modifiée d’après Bailey et al., 2004 et Page et Burr, 2011).
Description longue

La figure 2 illustre, par des zones ombrées, la répartition limitée et fragmentée du méné camus en Amérique du Nord, où il est surtout présent dans les bassins du fleuve Mississippi et des Grands Lacs, mais aussi dans les affluents du bassin de la baie d’Hudson. On le trouve également dans plusieurs affluents du cours supérieur du fleuve Mississippi en Illinois, au Minnesota et au Wisconsin, et dans le bassin de drainage du cours supérieur de la rivière Rouge au Minnesota et au Dakota du Nord (bassin de la baie d’Hudson). Dans le bassin des Grands Lacs, le méné camus est présent dans les affluents des lacs Huron, Michigan, Sainte‑Claire, Érié, l’est du lac Ontario et le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent.

4.2.2 Répartition au Canada

Au Canada, le méné camus a été observé dans 4 régions principales de l’Ontario (figures 3a, 3d) : le sud du lac Huron, le lac Sainte‑Claire, le lac Érié et la partie est du lac Ontario/le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent. Les localités où le méné camus a été détecté au Canada sont résumées au tableau 2 et montrées aux figures 3a à 3e. Les changements temporels de la répartition de l’espècesont difficiles à évaluer en raison d’un manque de données, qui peut être attribué en partie à la petite taille de l’espèce et aux difficultés d’identification sur le terrain. Selon la description de Scott et Crossman (1998), l’aire de répartition canadienne du méné camus s’est contractée; les auteurs croient que cette contraction s’est probablement produite dans le passé entre les 2 régions largement séparées où l’espèce se trouve aujourd’hui, le long des rives nord des lacs Érié et Ontario. Le méné camus a été capturé pour la dernière fois dans la rivière Gananoque en 1935, dans le parc national de la Pointe-Pelée en 1941 et dans la baie Rondeau en 1963. On estime donc qu’il est disparu de ces localités puisque tous les échantillons subséquents n’ont pas permis d’y détecter l’espèce (Holm et Mandrak, 2002; MPO, 2010). Des découvertes récentes de l’espèce (détectées depuis la publication du programme de rétablissement initial en 2012) ont eu lieu dans diverses nouvelles localités de l’aire de répartition canadienne, y compris la rivière Sainte‑Claire, les milieux humides côtiers du lac Sainte-Claire, le ruisseau Otter Ouest, la rivière Sydenham, la rivière Détroit, la rivière Trent (qui se jette dans la baie de Quinte), la baie South (baie de Quinte) et d’autres localités dans le fleuve Saint-Laurent (tableau 2), ce qui donne à penser que l’espèce pourrait être plus largement répartie que ce qui avait été signalé précédemment. Pour en savoir plus sur les efforts de relevé, veuillez consulter le rapport du COSEPAC (2013) et le rapport sur les progrès de la mise en œuvre du MPO (2022).

Tableau 2. Liste de toutes les localités du méné camus, tant historiques qu’actuelles, liste des années de détection de l’espèce et nombre de spécimens capturés au cours de ces années-là.
Bassin versant Plan d’eau Années détectées (nombre de spécimens capturés) Référence
Lac Huron Rivière Teeswater (bassin versant de la rivière Saugeen) 2005 (3), 2009 (1), 2010 (24), 2013 (1) Trout Unlimited, données inédites; Marson et al., 2009; MPO, données inédites; MPO, 2022
Lac Huron Chenal Old Ausable 1982 (S.O.), 1997 (S.O.), 2002 (45), 2004 (166), 2005 (126), 2009 (3), 2010 (2), 2012 (5), 2015 (1) MPO, données inédites; OPNABa, données inédites; Bouvier et al., 2010; MPO, 2022
Lac Huron Lac Mouth 2010 (30) MPO, 2022
Lac Sainte-Claire Rivière Sainte-Claire 2012 (2) MPO, 2022
Lac Sainte-Claire Drain Whitebread/passage Grape 2003 (3) Bouvier et al., 2010; COSEPAC, 2013
Lac Sainte-Claire Rivière Sydenham 2015 (1), 2016 (6), 2017 (1) MPO, 2022
Lac Sainte-Claire Ruisseau Otter Ouest 2013 (1) MPO, 2022
Lac Sainte-Claire Ruisseau Maxwell 2010 (1); 2019 (53) COSEPAC, 2013; Barnucz et Drake, 2021
Lac Sainte-Claire Petit ruisseau Bear 2003 (2), 2006 (9); 2010 (13); 2013 (88); 2014 (99); 2015 (25); 2019 (38) Bouvier et al., 2010; COSEPAC, 2013; Reid et al., 2016; MPO, 2022; Barnucz et Drake, 2021
Lac Sainte-Claire Milieux humides de l’île Walpole (delta de la rivière Sainte-Claire) 1999 (S.O.), 2001(S.O.), 2002 (S.O.), 2016 (551), 2018 (37) MPO, 2022
Lac Sainte-Claire Chenail Écarté (delta de la rivière Sainte-Claire) 1999 (S.O.), 2010 (36), 2012 (3), 2015 (2), 2017 (32), 2018 (1); 2019 (256) MPO, 2022; Barnucz et Drake, 2021
Lac Sainte-Claire Baie/pointe Mitchell (lac Sainte-Claire) 1983 (S.O.), 1996 (S.O.), 2003 (1), 2006 (5), 2007 (5), 2010 (1), 2011 (6), 2012 (8), 2017 (2), 2018 (43); 2019 (4) Holm et Mandrak, 2002; MPO, données inédites; MRO, données inédites; MRNFb, données inédites; MPO, 2010; COSEPAC, 2013; MPO, 2022
Lac Sainte-Claire Baie St. Lukes (lac Sainte-Claire) 1983 (S.O.), 2006 (10), 2012 (2), 2013 (S.O.), 2014 (15), 2015 (8), 2016 (126), 2017 (9), 2018 (1) MPO, 2010; MPO, 2022
Lac Sainte-Claire Réserve nationale de faune (RNF) de Sainte-Claire 2003 (1), 2004 (2) MPO, 2010
Lac Sainte-Claire Littoral sud (lac Sainte-Claire) 2011 (3) MPO, 2022
Lac Érié Rivière Détroit 2011 (1) MPO, 2022
Lac Érié Rivière Canard 1994 (S.O.), 2003 (1) MPO, 2010
Lac Érié Pointe Pelée 1940 (S.O.), 1941 (S.O.) COSEPAC, 2002
Lac Érié Baie Rondeau 1940 (S.O.), 1941(S.O.), 1963 (S.O.) Holm et Mandrak, 2002
Lac Érié Baie de la pointe Long (y compris la RNF de la baie de la pointe long), du Ruisseau-Big (y compris la RNF du ruisseau Big) et pointe Turkey 1947 (S.O.), 1985 (S.O.), 1996 (S.O.), 2002 (2), 2003 (4), 2004 (35), 2007 (47), 2008 (43), 2009 (41), 2011 (2), 2012 (195), 2013 (880), 2014 (992), 2015 (71), 2016 (461), 2017 (91), 2018 (30), 2020 (198) MPO, 2010; MPO, données inédites; MRNF, données inédites; MPO, 2022
Lac Ontario Rivière Trent 2011 (52), 2012 (2), 2020 (66) COSEPAC, 2013; MPO, 2022; LeBaron et Reid, 2021
Lac Ontario Baie Wellers (y compris la RNF de la Baie Wellers) 2010 (65) MPO, 2010
Lac Ontario Lac West 2009 (34), 2010 (71), 2013 (39), 2015 (S.O.) MPO, 2010; MPO, 2022
Lac Ontario Lac East 2010 (116), 2013 (9) MPO, 2010; MPO, 2022
Lac Ontario Baie du Prince-Édouard – baie South 2014 (1) MPO, 2022
Lac Ontario Baie du Prince-Édouard – baie Smith/Waupoos 2010 (179) MPO, 2010
Fleuve Saint-Laurent D’Eastview à Mallorytown Landing (y compris le parc national des Mille-Îles) 1935 (S.O.), 1937 (S.O.), 1989 (S.O.), 1994 (S.O.), 2005 (256), 2009 (127), 2010 (221), 2011 (564), 2013 (97), 2014 (38), 2016 (123), 2017 (238), 2018 (275), 2019 (34) MPO, 2010; COSEPAC, 2013; MPO, 2022
Fleuve Saint-Laurent Rivière Gananoque 1935 (S.O.), 1937 (S.O.), 2013 (2) COSEPAC, 2013; MPO, 2022
Fleuve Saint-Laurent De Brockville à Lancaster 2011 (66), 2015 (185), 2016 (117), 2017 (19) COSEPAC, 2013; MPO, 2022; MPO, données inédites; Windle, 2018, 2019, données inédites

a. Office de protection de la nature d’Ausable Bayfield

b. Le ministère des richesses naturelles et des forêts

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Figure 3a. Répartition des mentions du méné camus dans le sud-ouest de l’Ontario pendant 3 périodes.
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La figure 3a est une carte qui illustre 3 des 4 principales régions de l’Ontario (le sud du lac Huron, le lac Sainte-Claire et le lac Érié) où le méné camus a été détecté pendant 3 périodes. On suppose que le méné camus était probablement présent par le passé entre les 2 régions largement séparées où il est maintenant présent, le long des rives nord des lacs Érié et Ontario. Le méné camus a été capturé pour la dernière fois dans la rivière Gananoque en 1935, dans le Parc national de la Pointe-Pelée en 1941 et dans la baie Rondeau en 1963, on pense qu’il a disparu de ces endroits, car tous les échantillonnages subséquents n’ont pas permis de détecter l’espèce.

Un encadré montre une vue d’ensemble d’une partie de la province de l’Ontario, avec le lac Huron, le lac Ontario, le lac Érié, et une partie des États-Unis. Un autre encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport aux Premières Nations, zones bâties et parcs. 

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Figure 3b. Répartition des mentions du méné camus dans le chenal Old Ausable et le lac Mouth pendant 3 périodes.
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La figure 3b est une carte qui illustre le chenal Old Ausable et le lac Mouth où le méné camus a été détecté. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport aux Premières Nations, zones bâties, et parcs. Un autre encart montre une vue de haut niveau d’une partie de la province de l’Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Ontario, le lac Érié et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire sur le lac Huron montre où se trouvent le chenal Old Ausable et le lac Mouth, par rapport au reste du lac Huron du lac Ontario et du lac Érié.

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Figure 3c. Répartition des mentions du méné camus dans le corridor Huron-Érié pendant 3 périodes. 
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La figure 3c est une carte qui illustre l’endroit où le méné camus a été détecté dans le corridor Huron-Érié et dans l’ouest du lac Érié. Un encart dans le coin supérieur gauche de la carte contient une légende qui, par divers symboles, indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport aux Premières Nations, zones bâties et parcs. Un encart dans le coin supérieur droit de la carte montre une vue de haut niveau d’une partie de la province de l’Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Ontario, le lac Érié et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire sur le lac Érié montre ou se trouvent le corridor Huron-Érié et l’ouest du lac Érié, par rapport au reste du lac Érié, du lac Huron et du lac Ontario.

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Figure 3d. Répartition des mentions du méné camus dans les réserves nationales de faune (RNF) du Ruisseau-Big et de baie de la pointe Long (y compris la RNF de la baie de pointe Long) pendant 3 périodes.
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La figure 3d est une carte qui illustre les endroits où le méné camus a été détecté dans la réserve nationale de faune du ruisseau-Big et dans la baie de Long Point. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à les zones bâties et les parcs. Un autre encart montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Ontario, le lac Érié et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire sur le lac Érié montre où se trouvent la réserve nationale de faune de Ruisseau-Big et la baie de Long Point, par rapport au reste du lac Érié, du lac Huron et du lac Ontario.

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Figure 3e. Répartition des mentions du méné camus dans le sud-est de l’Ontario pendant 3 périodes. 
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La figure 3e est une carte qui illustre 1 des 4 principales régions de l’Ontario où le méné camus a été détecté, à l’est du lac Ontario et dans le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport aux Premières Nations, zones bâties et parcs. Un autre encadré montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Ontario, le lac Érié et une partie des États-Unis. Un encart montre où se trouvent les mentions de méné camus du sud-est de l'Ontario, par rapport au reste du lac Ontario, du lac Érié et du lac Huron.

4.2.3 Abondance et situation de la population canadienne

Les estimations de l’abondance pour la majorité des populations de méné camus au Canada font défaut, ce qui complique l’évaluation des tendances temporelles (COSEPAC 2014). Bouvier et al. (2010) ont évalué la situation des populations de ménés camus au Canada (tableau 3). Depuis 2010, de nouveaux renseignements, y compris de nouvelles localités, ont été ajoutés au tableau 3. Les populations ont été classées en fonction de l’abondance et des estimations de la trajectoire basées sur la meilleure information disponsible. On a ensuite combiné lesestimations de l’abondance et de la trajectoire pour déterminer l’état des populations et assigné un degré de certitude à la situation de la population; ce degré de certitude correspond au degré de certitude le plus faible associé à l’abondance ou à la trajectoire. Voir Bouvier et al. (2010) pour en savoir plus sur la méthode.

Tableau 3. Situation de chaque population de ménés camus au Canada et degré de certitude associé. (Tableau adapté de Bouvier et al. [2010])
Population Situation de la population Certitudea
Rivière Teeswater Inconnue 3
Chenal Old Ausable Passable 2
Lac Mouthb Inconnue 3
Rivière Sainte-Claire Inconnue 3
Chenail Écarté (The Snye) Inconnue 3
Drain Whitebread/passage Grape Inconnue 3
Rivière Sydenham Inconnue 3
Ruisseau Otter Ouest Inconnue 3
Ruisseau Maxwell Inconnue 3
Petit ruisseau Bear Inconnue 3
Secteur de Sainte-Claire de la réserve RNF de Sainte-Claire Inconnue 3
Lac Sainte-Claire Passable 2
Rivière Détroit Inconnue 3
Rivière aux Canards Inconnue 3
Parc national de la Pointe-Pelée Disparue 3
Baie Rondeau Disparue 3
Baie de la pointe Long (y compris la RNF de la baie Long Point)/ruisseau Big (y compris Mauvaise 2
Rivière Trent Inconnue 3
Baie Wellersc Inconnue 3
Lac West Inconnue 2
Lac Eastb Inconnue 3
Baie de Waupoosb Inconnue 3
Baie South Inconnue 3
Rivière Gananoque Inconnue 3
Fleuve Saint-Laurent Bonne 2

a. Certitude : 1 = analyse quantitative; 2 = capture par unité d’effort ou échantillonnage normalisé; 3 = meilleure estimation.

b. La population n’a pas été incluse dans Bouvier et al. (2010).

c. Notez que, faute de données justificatives, on a supposé que l’emplacement avait une seule population lorsque le statut de la population a été évalué par Bouvier et al. (2010).

Depuis l’évaluation des populations de ménés camus par Bouvier et al. (2010), des activités d’échantillonnage intensives sont réalisées et, dans certains cas, peuvent nous éclairer davantage sur la situation de ces populations. En outre, le méné camus a été détecté dans de nouvelles localités qui n’étaient pas incluses dans l’évaluation initiale. Les nouvelles données et localités du méné camus sont abordées ci-dessous. Une nouvelle évaluation des populations de ménés camus sera justifiée si une mise à jour de l’EPR est effectuée dans le futur.

Bassin hydrographique du lac Huron

Rivière Teeswater : La première mention du méné camus dans la rivière Teeswater, située dans le bassin hydrographique de la rivière Saugeen, date de 2005; 3 spécimens avaient été capturés en aval ou en amont du réservoir Cargill (S. D’Amelio, comm. pers., 2005; Marson et al., 2009; MPO, 2010). Par la suite, on a détecté la présence de ménés camus en 2009 (1 spécimen), en 2010 (25 spécimens) et en 2013 (1 spécimen) dans le réservoir Cargill. Aucun échantillonnage du méné camus n’a été effectué dans cette localité depuis 2013.

Un échantillonnage limité avait été effectué au moment de l’évaluation initiale de la population, et le statut avait alors été déclaré comme étant inconnu (tableau 3); très peu d’activités d’échantillonnage ont été effectuées depuis. De plus, tous les échantillonnages ont été menés dans une petite zone de la rivière, au réservoir Cargill. À l’heure actuelle, la superficie de l’habitat essentiel occupé est inférieure à la superficie minimale pour une population viable (SMPV) (tableau 8), ce qui peut laisser croire que cette population est vulnérable aux perturbations de l’habitat.

Chenal Old Ausable (COA) : Le méné camus a été repéré pour la première fois dans le COA au début des années 1980 (ERRA, 2006). Entre 1982 et 2010, les échantillonnages dans le COA, effectués au moyen de divers types d’engins, ont été plus importants qu’au sein d’autres populations de ménés camus canadiennes. On estime que la population du COA a décliné ces dernières années puisqu’on n’a capturé que 21 spécimens lors d’un relevé en 1997, comparativement à 110 spécimens en 1982, en dépit d’un effort d’échantillonnage accru (Holm et Boehm, 1998; ERRA, 2006). En 2002, le MPO a échantillonné un tronçon de 5 km du COA au moyen de divers types d’engins et a capturé 43 ménés camus, dont 7 seulement dans le tronçon de 1 km ayant été échantillonné en 1982 et en 1997, ce qui laisse entrevoir une poursuite du déclin. Contrairement à Holm et Boehm (1998), le MPO n’a toutefois pas utilisé une senne de plage, ce qui complique les comparaisons interannuelles. En 2004 et 2005, l’espèce a été détectée plus fréquemment, avec un total de 291 ménés camus capturés dans l’ensemble du COA (MPO, données inédites). En 2010, le méné camus a été capturé pour la première fois à l’extérieur du parc provincial Pinery. Depuis 2010, 7 spécimens (en 2012) et 1 spécimen (en 2015) ont été détectés à la suite d’efforts d’échantillonnage limités. Bouvier et al. (2010) ont d’abord évalué la situation de cette population comme étant passable (tableau 3), et l’échantillonnage subséquent est trop limité pour indiquer le contraire.

Lac L : Le lac L est un petit lac situé près du COA et doté d’un habitat similaire. Le MPO a échantillonné cette localité en 2007 et en 2010, mais aucun méné camus n’a été capturé, alors que des sucets de lac (Erimyzon sucetta) (espèce souvent trouvée en association avec le méné camus) et d’autres ménés à bande noire ont été détectés (MPO, données inédites). D’autres échantillonnages dans cette localité et d’autres lacs en croissant près du COA pourraient détecter la présence de l’espèce.

Lac Mouth : Le lac Mouth, situé près du COA et du lac L et présentant un habitat similaire, a fait l’objet d’un échantillonnage par le MPO en 2010 dans 4 sites et un total de 30 ménés camus ont été capturés (MPO, données inédites). La situation de la population est inconnue pour le lac Mouth, et l’on ne sait pas s’il existe de l’habitat convenable suffisant pour assurer la SMPV, ce qui donne à penser que cette population pourrait être vulnérable aux perturbations de l’habitat.

Bassin hydrographique du lac Sainte-Claire

Rivière Sainte-Claire : Un total de 2 spécimens ont été capturés pour la première fois en 2012 (MPO, 2022). D’autres activités d’échantillonnage s’imposent pour permettre de déduire la situation de la population.

Lac Sainte-Claire : Dans le lac Sainte-Claire, les échantillonnages réalisés en 1983, 1996, 2003, 2006 et 2007 dans la baie Mitchell ont permis la capture de 223 ménés camus (Holm et Mandrak, 2002; MPO, données inédites; Musée royal de l’Ontario [MRO], données inédites; K. Soper, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario [MRNO], comm. pers., 2010). La présence du méné camus a continué d’être détectée dans la baie de Mitchell en 2011, 2012, 2017, 2018 et 2019 lors de relevés effectués par le MPO et le ministère des richesses naturelles et des forêts de l’Ontario (MRNF). L’échantillonnage effectué en 1983 a mené à la détection du méné camus dans la baie St. Lukes, et l’échantillonnage effectué par le MPO en 2006 a permis de capturer 10 spécimens (Holm et Mandrak, 2002; MPO, données inédites; MRO, données inédites). D’autres échantillonnages effectués par le MRNF en 2012, 2013, 2014, 2015, 2016 et 2017 ont mené à la détection de 160 spécimens dans la baie St. Lukes, et 1 spécimen a été capturé par le MPO en 2018 (MPO, 2022).

Lors d’un relevé en 1999, 281 ménés camus ont été capturés dans les chenaux du delta de la rivière Sainte-Claire et les marais côtiers d’eau douce de l’île Walpole, située à l’extrémité nord du lac Sainte‑Claire (Holm et Mandrak, 2002), et 3 spécimens y ont été capturés en 2002 (MRO, données inédites). Des ménés camus ont par la suite été capturés dans l’île Walpole et le delta de la rivière Sainte‑Claire, dans le chenal Chematogen, le lac Snooks, le lac Swan, le drain Mallard, le lac Goose, la baie et le chenal Johnston ainsi que d’autres baies non désignées dans le cadre de relevés effectués en 2001, 2002, 2016 et 2018, ce qui a mené à la capture de 588 spécimens. De même, 330 ménés camus ont été détectés dans l’ensemble du Chenail Écarté (The Snye) dans le cadre des relevés effectués en 1999, 2010, 2012, 2015, 2017, 2018 et 2019 (tableau 2, figure 3c), ce qui indique la présence probable d’une population dont la situation est passable dans cette localité.

L’Office de protection de la nature de la région d’Essex a échantillonné d’autres sites du lac Sainte-Claire (31 sites) en 2007, mais aucun méné camus n’y a été capturé (Nelson et Staton, 2007). Depuis, le méné camus a été capturé pour la première fois en 2011 dans le cadre de relevés non ciblés, dans 2 sites le long du littoral du lac Sainte-Claire (tableau 2, figure 3c).

L’espèce a été détectée pour la première fois dans le marais endigué situé dans la partie ouest du secteur de Sainte-Claire de la RNF de Sainte-Claire en 2003 et des individus ont été capturés de nouveau en 2004 (Bouvier et al., 2010). Le MPO a effectué un échantillonnage exhaustif dans la cellule est du secteur de Sainte-Claire de la RNF de Sainte-Claire en 2017 et en 2018, mais aucun méné camus n’y a été détecté.

La situation des populations du lac Sainte-Claire a d’abord été évaluée comme étant passable dans Bouvier et al. (2010). Depuis, l’espèce continue d’être détectée, et les détections sont plus fréquentes et sur une superficie plus vaste qu’auparavant; par conséquent, il n’y a aucune raison de croire que la situation des populations est pire que lors de l’évaluation de 2010.

Les affluents du lac Sainte-Claire n’ont pas été inclus dans l’évaluation initiale de la population (Bouvier et al., 2010); toutefois, selon le programme de rétablissement (MPO, 2013), la situation du groupe formé du drain Whitebread/passage Grape, du petit ruisseau Bear et du lac Sainte-Claire est considérée comme étant dans un statut « passable ». Depuis, le méné camus a été détecté dans plusieurs autres affluents, comme la rivière Sydenham, le ruisseau Otter Ouest et le ruisseau Maxwell. La situation potentielle des populations dans les affluents susmentionnés est abordée ci-après.

Drain Whitebread/passage Grape : Au total, 3 ménés camus ont été capturés dans cet affluent du lac Sainte-Claire en 2003. Depuis, aucun échantillonnage n’a été effectué si bien que la répartition et l’abondance du méné camus dans cette localité sont actuellement inconnues.

Rivière Sydenham et ruisseau Otter Ouest : Le méné camus a été détecté près du confluent de la rivière Sydenham et du Chenail Écarté (The Snye) en 2015 et 2017. L’espèce a été capturée plus en amont dans la rivière Sydenham en 2016, entre Wallaceburg et le Chenail Écarté, ainsi que dans le ruisseau Otter Ouest en 2013, dans le bassin versant de la Sydenham (tableau 2, figure 3c). Un vaste échantillonnage a été effectué en 2019 à l’aide d’un chalut Mamou pour cibler une autre espèce, le petit-bec, dans 4 sites du cours inférieur de la Sydenham, près du lieu de détection du méné camus, ainsi que dans 16 sites de l’est de la rivière Sydenham et 18 sites de la rivière Sydenham Nord (Barnucz et Drake, 2021); toutefois, aucun méné camus n’a été capturé malgré l’utilisation d’un type d’engin adapté. Aucun échantillonnage de suivi n’a été effectué dans le ruisseau Otter pour examiner plus en détail la présence et la répartition du méné camus. Compte tenu du nombre limité de détections de ménés camus dans le bassin hydrographique de la Sydenham, la situation et la répartition de l’espèce y sont inconnues pour le moment.

Ruisseau Maxwell : Le méné camus a été observé dans le ruisseau Maxwell pour la première fois en 2010. Depuis, aucun relevé ciblant l’espèce n’a été effectué. Des relevés non ciblés ont été effectués en 2013, mais n’ont permis aucune nouvelle détection (MPO, 2022). Par contre, l’échantillonnage visant une autre espèce en péril, le petit-bec, effectué dans 2 sites en 2019, a permis de détecter 53 ménés camus. Même si les populations de ménés camus dans le ruisseau Maxwell n’ont pas été évaluées dans Bouvier et al. (2010), il semble probable que leur situation soit « passable » dans cette localité.

Petit ruisseau Bear : En 2003, le MPO a effectué des relevés à gué ciblant des espèces de poissons en péril dans les affluents du lac Sainte-Claire et a capturé 2 ménés camus dans le petit ruisseau Bear (Mandrak et al., 2006b). En 2006, 9 spécimens ont été capturés dans le ruisseau MacLeod, un fossé de drainage qui se déverse dans le petit ruisseau Bear (MRO, données inédites). Depuis, l’espèce a été capturée à plusieurs reprises dans le cadre des relevés effectués en 2010, 2013, 2014, 2015 et 2019 (263 individus) (MPO, données inédites; Reid et al., 2016), dans de nouveaux sites se trouvant entre les mentions antérieures ainsi que plus en amont (tableau 2). Ces nouvelles détections appuient l’évaluation d’une situation du statut « passable » pour les populations dans cette localité, ce qui correspond à la situation attribuée aux populations du lac Sainte-Claire et à ses affluents dans le programme de rétablissement de 2013 (MPO, 2013). La situation des populations du petit ruisseau Bear n’a pas été évaluée dans Bouvier et al. (2010), et il n’y a pas d’information indiquant si la taille de la population est égale ou supérieure à la taille de population minimale viable (PMV) pour le méné camus décrite par Venturelli et al. (2010); toutefois, la modélisation de l’habitat réalisée par Montgomery et al. (2018) donne à penser qu’il y a suffisamment d’habitat convenable dans cette localité pour assurer la SMPV en milieux fluviaux rapportée par Venturelli et al. (2010)Note de bas de page 1.

Bassin hydrographique du lac Érié

Rivière Détroit : Le méné camus a été observé pour la première fois dans la rivière Détroit en 2011, là où le lac Sainte-Claire s’y déverse; toutefois, d’autres relevés non ciblés effectués en 2011 et entre 2013 et 2017 n’ont pas permis de détecter l’espèce (MPO, 2022). Il se peut également que le méné camus soit présent dans la rivière aux Canards, ce qui laisse croire que l’espèce pourrait être présente ailleurs dans la rivière Détroit. À ce jour, comme l’on ne dispose pas suffisamment de renseignements sur la répartition et l’abondance de l’espèce dans cette localité, la situation des populations demeure inconnue.

Rivière aux Canards : Le méné camus a été détecté pour la première fois dans la rivière aux Canards en 1994, relativement près du confluent avec la rivière Détroit, où 4 spécimens ont été capturés (MRO, données inédites). Un autre spécimen a été capturé plus en aval en 2003, mais il existe de l’incertitude quant à son identification. À l’heure actuelle, la situation et la répartition des populations de cette localité sont inconnues. Un échantillonnage important ciblant une autre espèce en péril, le petit-bec, a eu lieu dans l’ensemble de la rivière aux Canards, où le méné camus a été observé par le passé (Gáspárdy et al., 2020). Toutefois, aucun méné camus n’a été capturé pendant ces relevés, ce qui donne à penser que l’espèce, si elle est encore présente dans cette localité, y est probablement peu abondante.

Parc national de la Pointe-Pelée : Le méné camus a été observé pour la première fois dans le parc national de la Pointe-Pelée en 1940 et il n’y a pas été capturé depuis 1941, et ce, malgré des échantillonnages répétés au fil des années. L’espèce est considérée comme étant disparue de cette localité (Bouvier et al., 2010).

Baie Rondeau : Le méné camus a été capturé pour la première fois dans la baie Rondeau en 1940, puis en 1963; toutefois, comme il n’a pas été capturé dans la baie Rondeau depuis, il est considéré comme disparu (Bouvier et al., 2010).

Baie de la pointe Long : L’espèce a été observée pour la première fois à l’intérieur de la baie de la pointe Long en 1947, puis en 1985 et 1986. De 2002 à 2009, 100 spécimens y ont été capturés et, au cours de la dernière décennie, les captures ont été constantes (2 397 spécimens) par le MPO et d’autres organismes partenaires de l’intérieur de la baie, notamment dans le marais Crown, le passage Old, le parc provincial Long Point et le secteur Thoroughfare de la RNF de Long Point (qui est composée de 2 secteurs). Pour en savoir plus, voir le tableau 2.

Le méné camus a également été capturé dans la RNF du Ruisseau‑Big en 2007 et 2008 (15 spécimens), puis en 2010, 2014 et 2017 (3 spécimens). L’espèce a été détectée pour la première fois dans le secteur Long Point de la RNF de Long Point (extérieur de la baie/pointe) lors des relevés effectués de 2007 à 2009 (19 spécimens), et les activités d’échantillonnage subséquentes de 2016 et de 2017 dans cette zone ont donné lieu à d’autres détections importantes (398 spécimens).

Le méné camus a été capturé pour la première fois à la pointe Turkey en 2004 (3 spécimens), puis de nouveau lors de relevés effectués en 2007 (44 spécimens). En 2011, l’espèce a été détectée vers l’intérieur des marais de la pointe Turkey, dans le marais Cannon Ball (2 spécimens).

La situation des populations de la baie de la pointe Long a d’abord été évaluée avec le statut « mauvaise » dans Bouvier et al. (2010), malgré le fait que l’espèce a été détectée en densité plus élevée, à ce moment-là, que dans le lac Sainte-Claire, où la situation des populations a été jugée « passable ». Depuis cette évaluation, le méné camus a été observé régulièrement en nombre relativement élevé dans les localités occupées, et il est probable qu’il soit présent dans des localités historiques qui n’ont pas été échantillonnées adéquatement (c.-à-d. secteur Thoroughfare de la RNF de Long Point, RNF du Ruisseau‑Big). Les détections fréquentes de cette espèce au cours des 10 dernières années remettent en question l’attribution de la cote « mauvaise » à la situation des populations par Bouvier et al. (2010), et indiquent que le statut de la population doit être réévaluée. 

Bassin hydrographique du lac Ontario

Rivière Trent : Le méné camus a été capturé pour la première fois dans la rivière Trent par le MRNF en 2011 (52 spécimens), puis en 2012 (2 spécimens). D’autres échantillonnages ciblés ont été effectués en 2020 au moyen de chaluts Mamou. Au total, 66 sites ont été échantillonnés, dont 5 tronçons (lac Seymour, baie Crowe, Percy Boom, Glen Ross et Trenton) entre le lac Rice et la baie de Quinte; toutefois, des captures n’ont été réalisées que dans le tronçon de Glen Ross (66 spécimens), là où l’espèce avait été détectée en 2011, ainsi que dans des sites jusqu’à 2,5 km plus en amont (Lebaron et Reid, 2021). La situation des populations est inconnue à l’heure actuelle.

Baie Wellers : Le méné camus a été capturé dans la baie Wellers (comté de Prince Edward, partie est du lac Ontario) pour la première fois en 2010 (65 spécimens). Aucun échantillonnage pertinent n’a été effectué dans cette localité depuis 2010. Étant donné que le méné camus n’avait pas été détecté dans la baie Wellers au moment de l’EPR (Bouvier et al., 2010), cette localité n’avait pas été incluse dans l’évaluation de la situation de la population. La situation de la population a cependant été décrite comme le statut comme étant « inconnue » dans le programme de rétablissement initial du méné camus (MPO, 2013).

Lac West : Le méné camus a été capturé pour la première fois dans le lac West (comté de Prince Edward, partie est du lac Ontario) en 2009. Il y a 2 spécimens qui ont été recueillis lors d’une étude par pêche électrique menée par le MPO en juin 2009 (MPO, données inédites), et puis 32 autres spécimens ont été prélevés en septembre 2009 à la suite d’un échantillonnage ciblant l’espèce (MPO, données inédites). L’échantillonnage ciblé subséquent autour du lac en 2010 a permis de capturer 71 autres ménés camus (MPO, données inédites). L’échantillonnage non ciblé a été effectué par le MRNF en 2013 et le MPO en 2015Note de bas de page 2, ce qui a mené à la capture de 39 et de 9 spécimens, respectivement. Bouvier et al. (2010) ont évalué la situation de la ou des populations du lac West comme inconnue, et l’on n’a obtenu aucune autre information pour modifier cette évaluation.

Lac East : Le méné camus a été détecté pour la première fois dans le lac East (comté de Prince Edward, partie est du lac Ontario) lors d’activités d’échantillonnages effectuées par le MPO en 2010 (116 spécimens). L’échantillonnage subséquent effectué par des organismes externes en 2013 a également permis de capturer des individus (9 spécimens). Le lac East n’a pas été inclus comme localité dans l’évaluation de la situation de la population de Bouvier et al. (2010), et la situation a été considérée comme « inconnue » dans le programme de rétablissement initial du méné camus (MPO, 2013).

Baie South : Le méné camus a été détecté pour la première fois dans le cadre d’un échantillonnage non ciblé du MPO dans la baie South (comté de Prince Edward, partie est du lac Ontario, entrée de la baie du Prince-Édouard) en 2014 (1 spécimen). Aucun échantillonnage subséquent n’a eu lieu dans cette localité, si bien que la situation des populations est inconnue à l’heure actuelle.

Baie Waupoos : L’espèce a été détectée pour la première fois dans la baie Waupoos (comté de Prince Edward, partie est du lac Ontario, entrée de la baie du Prince‑Édouard) par le MPO en 2010 (179 spécimens). Aucun échantillonnage subséquent n’a eu lieu dans cette localité, si bien que la situation des populations est inconnue à l’heure actuelle.

Bassin hydrographique du fleuve Saint-Laurent

Rivière Gananoque : Le méné camus a d’abord été capturé dans la rivière Gananoque en 1935, puis près du confluent avec le fleuve Saint-Laurent en 1937, juste en amont du pont de la rue Water. L’espèce n’a pas été détectée dans cette localité au cours des années subséquentes d’échantillonnage, et elle a été considérée comme disparue au moment de l’élaboration de l’EPR (Bouvier et al., 2010). Toutefois, des individus ont de nouveau été capturés dans la rivière Gananoque en 2013 (2 spécimens) lors d’un relevé non ciblé effectué par le MPO à environ 350 m en amont de l’embouchure du Saint-Laurent. La situation actuelle des populations de la rivière Gananoque est inconnue, et d’autres échantillonnages s’imposent pour mieux comprendre l’abondance et la répartition de l’espèce.

Fleuve Saint-Laurent : Le méné camus a été détecté pour la première fois dans les eaux canadiennes du fleuve Saint-Laurent en 1935, près de l’île MacDonald, à proximité de Gananoque (Toner, 1937, tel que cité dans Holm et Mandrak, 2002). L’espèce a ensuite été détectée à l’est de cette zone en 1989, près de Mallorytown Landing, puis à l’ouest de cette zone, en 1994, près d’Eastview, où elle a été capturée de nouveau en 2009 (4 spécimens). Le MPO a effectué un échantillonnage non ciblé du MPO dans des sites se trouvant entre Gananoque et Mallorytown Landing en 2005 (256 spécimens) et en 2009 (123 spécimens). Il a ensuite réalisé un échantillonnage ciblé dans ces mêmes sites en 2010, ce qui a mené à la capture de 221 spécimens. En outre, PC a effectué des échantillonnages (à l’intérieur et à l’extérieur du parc national des Mille-Îles) depuis un point à l’est de Mallorytown Landing jusqu’à l’île Wolfe, près de Kingston, en 2011 (Van Wieren, comm. pers., 2011) (570 spécimens), 2013 (95 spécimens), 2014 (38 spécimens), 2016 (123 spécimens), 2017 (238 spécimens) et 2018 (18 spécimens). De plus, l’Université McGill a réalisé des relevés ciblant le méné camus le long de la côte de la partie continentale en face de l’île Grenadier en 2018 (257 spécimens). En 2019, PC, en partenariat avec Muskies Canada et le MRNF, a capturé un total de 34 ménés camus aux îles Botswick, Sugar, Ash et Grenadier, entre autres, dans le cadre de son programme de suivi à long terme.

Depuis le programme de rétablissement initial, qui comprenait des mentions jusqu’en 2010, on a constaté que l’aire de répartition du méné camus était beaucoup plus vaste, s’étendant en aval du barrage Moses-Saunders, à Cornwall, jusqu’à la région de Lancaster. De l’amont vers l’aval, l’espèce a été détectée : près de Brockville en 2016 (94 spécimens) lors de relevés de l’Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent; à environ 30 km en amont près de Johnstown en 2011 (8 spécimens) lors de relevés ciblés du MPO; le long de la rive de l’île Drummond en 2017 (4 spécimens) lors de relevés de l’Institut du fleuve Saint‑Laurent; près de l’entrée de la baie Flagg/du ruisseau Flagg en 2017 (1 spécimen) et le long de la rive du parc Riverside-Cedar en 2016 (5 spécimens) lors de relevés de l’Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent; dans une baie adjacente au parc Chrysler (10 spécimens), dans une baie adjacente au parc Farran (4 spécimens), près du parc Long Sault Parkway (île Woodlands Ouest) (1 spécimen) et près de la rive de l’île de Mille Roches (1 spécimen) en 2011 lors de relevés ciblés du MPO; le long de la rive du parc Long Sault Parkway, notamment l’île Woodlands Est en 2015 (6 spécimens) et en 2017 (7 spécimens), l’île Macdonell en 2016 (9 spécimens) et en 2017 (3 spécimens) et l’île Sheek en 2015 (85 spécimens), et juste en amont le long de la côte de la partie continentale du parc Guindon (10 spécimens).

Le méné camus a été détecté pour la première fois par PC et les Mohawks d’Akwesasne en 2014 en aval du barrage Moses-Saunders à Cornwall, le long du littoral de l’île Thompson. De même, l’Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent a capturé des ménés camus en aval du barrage en 2015 : dans 1 site de l’île Cornwall (5 spécimens); le long de la rive du Rotary Eco Gardens, en face de l’île Cornwall (72 spécimens); à l’île Corn (1 spécimen); à l’île Christatie (5 spécimens); dans 1 site le long de la rive, à environ 1 km en amont de l’embouchure de la rivière Raisin (1 spécimen). Le méné camus a également été capturé en 2016 dans un site des îles Colquhoun (9 spécimens) et en 2017 le long de la rive de South Lancaster, à environ 500 m en aval de l’embouchure de la rivière Raisin. Les ménés camus détectés près des îles Corn et Christatie sont les premiers individus observés dans les eaux du Québec.

4.3 Besoins du méné camus

Besoins biologiques et besoins en matière d’habitat : Les besoins biologiques et les besoins en matière d’habitat sont résumés ci-dessous. Consulter le rapport de situation du COSEPAC (COSEPAC, 2013) et l’EPR (MPO, 2010) pour en savoir sur les besoins biologiques et les besoins en matière d’habitat du méné camus. Étant donné la présence connue du méné camus dans des sites où la qualité de l’eau est élevée et où la végétation immergée est abondante, il a été avancé que les besoins particuliers en matière d’habitat du méné camus pourraient faire de l’espèce un indicateur environnemental potentiellement utile de la qualité de l’habitat (McCusker et al., 2014a).

De la fraie à l’éclosion : On croit que la fraie a lieu lorsque la température de l’eau est de 21 à 29 °C (Becker, 1983), ce qui se produit généralement du début à la mi-juin en Ontario (MPO, 2010). Le moment de la fraie pourrait aussi être lié au développement des plantes immergées (Leslie et Timmins, 2002). Les frayères ont été qualifiées de zones peu profondes (< 2 m) à végétation immergée et émergente abondante présentant du sable et du limon et, dans une moindre mesure, du gravier (Lane et al., 1996a). La végétation immergée semble jouer un rôle important dans le processus de fraie (COSEPAC, 2013). Le méné camus est lithophile, ce qui signifie qu’il fraye sur des substrats ouverts; il ne protège pas le nid ni ne fournit de soins parentaux (Leslie et Timmins, 2002).

Jeunes de l’année et juvéniles : Les jeunes de l’année sont associés à des milieux peu profonds (< 2 m) à végétation très abondante, notamment des espèces suivantes : la charagne commune (Chara vulgaris), le myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum), la vallisnérie d’Amérique (Vallisneria americana), les potamots (Potamogeton spp.) et la naïade flexible (Najas flexilis) (Leslie et Timmins, 2002). En outre, il a été observé que des jeunes de l’année utilisaient des milieux à substrat sablonneux, limoneux et, dans une moindre mesure, argileux (Lane et al., 1996b). Dans l’ensemble, les besoins en matière d’habitat du méné camus sont semblables à tous les stades vitaux (MPO, 2010).

Adultes : À l’heure actuelle, on dispose de peu d’information sur la taille et l’âge à maturité du méné camus en Ontario; toutefois, 1 étude menée dans le lac Sainte-Claire a révélé que les mâles et les femelles adultes mesuraient de 30 à 38 mm et de 41 à 56 mm, respectivement (MRO, données inédites, citées dans COSEPAC, 2013). Les ménés camus adultes se rencontrent généralement dans des eaux lentes et claires de cours d’eau, de grands lacs et de baies à faible pente, où la végétation enracinée est abondante (Becker, 1983; Carlson, 1997; Page et Burr, 2011). Le méné camus est généralement capturé dans des eaux peu profondes (< 3 m), mais l’on croit qu’il se déplace vers des eaux plus profondes durant les mois plus froids (Becker, 1983). Des mentions de méné camus proviennent également d’étangs côtiers abrités, de milieux humides endigués, de chenaux à eaux stagnantes et de baies protégées adjacentes à de grands plans d’eau (Parkler et al., 1987; MPO, données inédites), principalement là où le substrat est sablonneux et limoneux, avec des détritus organiques (Lane et al., 1996c; Scott et Crossman, 1998). Les milieux relativement peu troubles peuvent être importants pour la survie à long terme de l’espèce (Bailey, 1959; Trautman, 1981; Becker, 1983; Gray et al., 2014, 2016).

La présence du méné camus semble fortement associée à la végétation émergente et immergée (voir par exemple Becker, 1983; Leslie et Timmins, 2002; McCusker et al., 2014b), ce qui semble être un facteur limitatif plus important que le type de substrat (MDNR, 2018). Une analyse récente des données sur l’habitat du parc national des Mille-Îles a révélé une corrélation entre la présence de végétation immergée supérieure à 83 % et la présence de ménés camus (J. Van Wieren, APC, données inédites). De même, la modélisation du caractère convenable de l’habitat dans le petit ruisseau Bear a confirmé une relation positive entre l’abondance du méné camus et le couvert végétal, un couvert supérieur à 50 % (lequel a été observé à des profondeurs de moins de 1,425 m) étant considéré comme un habitat convenable (Montgomery et al., 2018). Plus précisément, des ménés camus adultes ont été observés en association avec des espèces immergées comme la charagne commune, la vallisnérie d’Amérique, le myriophylle à épis, la naïade flexible, les potamots et les élodées (Elodea spp.); des espèces émergentes comme les quenouilles (Typha spp.), les scirpes (Scirpus spp.) et les carex (Carex spp.); des algues filamenteuses (Spirogyra spp.) (Becker, 1983; Holm et Mandrak, 2002; Leslie et Timmins, 2002).

Des études récentes modélisant les caractéristiques de l’habitat associées à la présence du méné camus dans les eaux canadiennes de la baie Thompson (fleuve Saint-Laurent) (Potts et al., 2022; 2021), les eaux états-uniennes de la baie Sodus (lac Ontario) et les baies Chippewa et Goose (fleuve Saint-Laurent) (Haynes et al., 2020) ont déterminé que la charagne commune était un macrophyte important. Il a également été établi que la charagne commune et les algues vertes filamenteuses faisaient partie du régime alimentaire du méné camus, en plus d’autres proies plus courantes comme les cladocères, les petites sangsues et les larves de phryganes (Leslie et Timmins, 2002). La vallisnérie d’Amérique et le potamot de Richardson (Potamogeton richardsonii) étaient les espèces de macrophytes dominantes dans les sites de capture du méné camus lors de relevés récents dans la rivière Trent (LeBaron et Reid, 2021).

Montgomery et al. (2018) ont estimé que les ménés camus du petit ruisseau Bear possédaient un petit domaine vital et une capacité de dispersion limitée (27,48 m de longueur), selon la taille corporelle et la largeur et le débit du ruisseau, entre autres variables. Ces constats donnent à penser qu’il est important d’assurer la connectivité entre les parcelles d’habitat pour maintenir des populations stables et croissantes ainsi qu’un flux génique adéquat.

Principaux facteurs limitatifs

5 Menaces

5.1 Évaluation des menaces

L’évaluation et la priorisation des menaces qui pèsent sur la survie et le rétablissement du méné camus sont réalisées dans le cadre de l’EPR (MPO, 2010). Les tableaux 4a, b et c présentent un résumé des menaces pesant sur les populations existantes de ménés camus au Canada. Chaque menace connue et présumée a été classée en fonction de sa probabilité et de son impact sur chaque population. Les cotes de la probabilité et de l’impact ont ensuite été combinées afin d’établir l’impact global de chaque menace. On a également assigné à l’impact global de chaque menace un degré de certitude qui reflète le plus faible degré de certitude associé à la probabilité de la menace ou à son impact. D’autres détails sur l’évaluation des menaces pour le méné camus sont décrits dans MPO (2010). Les populations de ménés camus détectées peu après la publication de l’EPR ont été incluses dans le tableau 3, tandis que les localités les plus récemment détectées (c’est-à-dire la baie South, le ruisseau Otter Ouest et les rivières Sainte-Claire, Sydenham, Détroit et Trent) n’ont pas encore été évaluées.

Tableau 4a. Résumé des menaces pesant sur les populations de ménés camus dans les bassins hydrographiques des lacs Huron (Rivière Teeswater, Chenal Old Ausable, Lac Mouth) et Sainte-Claire (Lac Sainte-Claire et affluents, Secteur de Sainte-Claire la réserve nationale de faune de Sainte-Claire) (tableau modifié à partir de MPO, 2010)a.
Menaces Rivière Teeswater Chenal Old Ausable Lac Mouthb Lac Sainte-Claire et affluents Secteur de Sainte-Claire la réserve nationale de faune de Sainte-Clairec
Enlèvement de la végétation aquatique Inconnue Moyenne Moyenne Moyenne Faible
Charge en sédiments/turbidité Inconnue Élevée Moyenne Élevée Faible
Charge en nutriments Inconnue Élevée Élevée Élevée Moyenne
Espèces envahissantes Inconnue Moyenne Inconnue Moyenne Moyenne
Industrie des poissons-appâts Faible Faible Faible Faible S.O.
Changements dans la dynamique trophique Inconnue Faible Inconnue Inconnue Inconnue
Modifications de l’habitat Inconnue Élevée Moyenne Élevée Moyenne

a. La liste des menaces a été établie pendant l’élaboration de l’évaluation du potentiel de rétablissement (l’EPR) (MPO, 2010) et ne tenait pas compte des changements climatiques; toutefois, les répercussions potentielles des changements climatiques sont décrites dans le texte narratif.

b. Le méné camus a été détecté dans 4 nouvelles localités après la réalisation de l’EPR. Des discussions avec les offices de protection de la nature locaux, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, le personnel du parc provincial, le personnel de la RNF et le personnel de Pêches et Océans Canada, à l’aide des mêmes critères que ceux de Bouvier et al. (2010), ont permis de déterminer l’impact global des menaces dans ces localités.

c. Le statut de menace révisé à partir de Bouvier et al. (2010) sur la base de l’opinion experte de J. Robinson, Environnement Canada et Changement climatique Canada (comm. pers., le juin 2010).

Tableau 4b. Résumé des menaces pesant sur les populations de ménés camus dans le bassin hydrographique du lac Érié (tableau modifié à partir de MPO, 2010).
Menaces Rivière aux Canards Parc national de la Pointe-Pelée Baie de la pointe Long/ruisseau Big (y compris les réserves nationales de faune) Baie Rondeau
Enlèvement de la végétation aquatique Moyenne Moyenne Moyenne Élevée
Charge en sédiments/turbidité Élevée Moyenne Élevée Élevée
Charge en nutriments Élevée Moyenne Élevée Élevée
Espèces envahissantes Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne
Industrie des poissons-appâts Faible Faible Faible Faible
Changements dans la dynamique trophique Inconnue Faible Inconnue Faible
Modifications de l’habitat Élevée Moyenne Élevée Élevée
Tableau 4c. Résumé des menaces pesant sur les populations de ménés camus dans les bassins hydrographiques du lac Ontarioa (Baie Wellers, Lac East, Lac West et Baie Waupoos) et du fleuve Saint-Laurent (Fleuve Saint-Laurent, Rivière Gananoque) (tableau modifié à partir de MPO, 2010).
Menaces Baie Wellers Lac East Lac West Baie Waupoos Fleuve Saint-Laurent Rivière Gananoque
Enlèvement de la végétation aquatique Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne Inconnue
Charge en sédiments/ turbidité Moyenne Élevée Élevée Moyenne Élevée Inconnue
Charge en nutriments Élevée Élevée Élevée Élevée Élevée Inconnue
Espèces envahissantes Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne Inconnue
Industrie des poissons-appâts Faible Faible Faible Faible Faible Faible
Changements dans la dynamique trophique Inconnue Inconnue Inconnue Inconnue Inconnue Inconnue
Modifications de l’habitat Élevée Moyenne Moyenne Élevée Moyenne Inconnue

5.2 Description des menaces

Les principales menaces qui pèsent sur les populations de ménés camus au Canada sont les modifications de l’habitat, l’enlèvement de la végétation aquatique, la charge sédimentaire et la turbidité et la charge en nutriments. Parmi les autres menaces susceptibles d’avoir une incidence plus faible figurent les espèces envahissantes, les prises accessoires par l’industrie des poissons-appâts et potentiellement les pêcheurs à la ligne qui utilisent des pièges à ménés ainsi que les changements de la dynamique trophique. Les descriptions des menaces, détaillées dans le rapport de situation du COSEPAC et l’EPR (Bouvier et al., 2010; MPO, 2010; COSEPAC, 2013), sont résumées ci-dessous.

Enlèvement/contrôle de la végétation aquatique : L’enlèvement de plantes aquatiques dans les zones littorales peu profondes des lacs et des cours d’eau est considéré comme une menace grave pour le méné camus, les plantes aquatiques servant d’abris à l’espèce à chaque stade de son cycle vital ainsi que de source de nourriture (Parker et al., 1987; COSEPAC, 2013). L’enlèvement de la végétation aquatique est dommageable pour l’espèce; la suppression mécanique de cette végétation réduit la disponibilité d’habitat convenable, tandis que d’autres méthodes comme le dragage et l’utilisation d’herbicides perturbent les sédiments et créent des conditions de turbidité, et introduisent des produits chimiques potentiellement dangereux dans l’eau, respectivement. Certains pêcheurs et utilisateurs de ressources de la Première Nation de Walpole Island ont noté une diminution de la végétation aquatique, qu’ils attribuent à l’affouillement créé par les sillages des navires et les faibles niveaux d’eau (Jacobs, comm. pers., 2011).

Charge sédimentaire/turbidité : La charge en sédiments peut avoir des répercussions sur le méné camus à cause du transport sélectif de polluants, tandis qu’un envasement accru des substrats peut dégrader les frayères. Trautman (1981) a observé que la disparition du méné camus des zones troubles de l’ouest du lac Érié, où il était présent par le passé dans les baies et les marais, s’est produite avant celle du menton noir et du museau noir (Notropis hétéropis), ce qui donne à penser que le méné camus tolère moins la turbidité. Des études en laboratoire ont démontré que le méné camus est moins tolérant à la turbidité que les autres espèces de cyprinidés de son aire de répartition et subit des répercussions telles qu’une altération du comportement de rassemblement, une réduction de la vitesse critique de nage et une insuffisance respiratoire (Gray et al. 2014, 2016). L’augmentation des niveaux de turbidité peut également avoir une incidence sur la vision de l’espèce, ce qui peut nuire à l’évitement des prédateurs et à la réussite de la recherche de nourriture. Les niveaux élevés de turbidité nuisent à la pénétration de la lumière, ce qui peut compromettre la croissance des macrophytes et entraîner par la suite la perte d’habitat de prédilection du méné camus. Selon Bailey (1959), les zones autrefois habitées par le méné camus avaient subi des changements radicaux de qualité, en particulier une augmentation de la turbidité et une perte de végétation aquatique dues à l’utilisation des terres et des eaux par les humains. La hausse des charges sédimentaires peut découler du dragage à l’intérieur des lacs et des chenaux, des pratiques qui entraînent l’érosion des berges (par exemple, pratiques agricoles, activités de construction, débroussaillage des berges) et de la canalisation, activités qui entraînent toutes le transport de sédiments et l’augmentation connexe de la turbidité.

Une étude récente (Rodriguez et al., 2021) a utilisé un modèle conjoint de répartition des espèces (MCRE) alimenté de données (y compris le nombre d’individus de chaque espèce capturée dans les sites, les variables environnementales, les caractéristiques des espèces, les corrélations phylogénétiques et d’autres variables liées aux méthodes d’échantillonnage et à l’espace et au temps) qui a permis de mieux projeter les réactions des espèces en péril face aux menaces en déduisant la comparabilité de ces espèces, pour lesquelles les données sont limitées, à d’autres membres appropriés de la communauté ichtyologique, pour lesquels des données plus robustes existent. Les résultats de cette étude indiquent que le méné camus avait de solides relations non linéaires avec des facteurs de stress environnementaux tels que la turbidité, la vitesse de l’eau et la teneur en oxygène dissous (Rodriguez et al., 2021). Il est possible que la relation avec l’oxygène dissous soit une conséquence des préférences du méné camus en matière de température, bien que le MCRE utilisé par Rodriguez et al. (2021) n’ait pas indiqué de réaction détectable à la température de l’eau chez le méné camus.

Charge en nutriments : L’apport excédentaire de nutriments (nitrates et phosphore) dans les plans d’eau peut avoir une incidence négative sur l’habitat du méné camus par la prolifération d’algues et la réduction connexe des concentrations d’oxygène dissous qui surviennent lorsque les fleurs d’eau dépérissent. L’accumulation de nutriments est particulièrement évidente dans la baie Rondeau, où les charges provenant de zones agricoles et résidentielles adjacentes ont des répercussions négatives sur les milieux humides. La diversité de la végétation a tendance à diminuer avec l’augmentation des apports en nutriments, car certaines espèces, comme les quenouilles et le roseau commun (Phragmites australis australis), sont des concurrents supérieurs en présence d’excès de nutriments (Gilbert et al., 2007). Les milieux humides sont très appréciés pour leur capacité de filtration de l’eau, mais ils sont négativement touchés lorsque les concentrations de nutriments (et de produits chimiques) dépassent de loin les concentrations de fond habituelles (Gilbert et al.2007).

Les concentrations élevées persistantes de phosphore total et la tendance apparente de la hausse des concentrations en ion nitrate dans certains cours d’eau donnent à penser qu’il s’agit d’une préoccupation constante (EERT, 2008). Des concentrations élevées de phosphore ont été enregistrées à plusieurs endroits dans le chenal Old Ausable (COA) (Jean et al., 2015), les bras nord et est de la rivière Sydenham et le petit ruisseau Bear (MPO, 2022).

Espèces envahissantes : Les espèces envahissantes de poissons et de plantes peuvent avoir un effet défavorable sur les populations de ménés camus, et d’autres invasions demeurent possibles. Le gobie à taches noires (Neogobius melanostomus) pourrait avoir une incidence négative sur les populations de ménés camus en se nourrissant de ses œufs et en lui livrant une compétition pour les ressources et/ou l’habitat de reproduction, mais l’on dispose de peu d’information sur les interactions entre ces 2 espèces. La carpe commune (Cyprinus carpio) pourrait nuire au méné camus en déracinant la végétation aquatique essentielle et en augmentant la turbidité de l’eau (voir par exemple Lougheed et al., 2004). De même, les carpes asiatiques peuvent représenter une menace pour le méné camus. Par exemple, la carpe de roseau (Ctenopharyngodon idella) coloniserait probablement les milieux humides côtiers à macrophytes abondants, comme la baie de la pointe Long, et se nourrirait de ces derniers, réduisant ainsi leur nombre, ce qui entraînerait des répercussions indirectes sur plusieurs espèces de poissons et d’autres groupes taxinomiques (Wittmann et al., 2014). La modélisation prédictive des effets potentiels de la carpe de roseau sur les habitats côtiers des Grands Lacs, tant au niveau biotique qu’abiotique, laisse croire que cette espèce envahissante aura probablement des effets faibles à modérés sur les milieux humides côtiers du lac Érié abritant le méné camus, comme la baie de la pointe Long, selon la densité projetée de la carpe de roseau (Gertzen et al., 2016). En revanche, les milieux du cours supérieur du Saint-Laurent seraient touchés de façon significative dans les deux scénarios de densité utilisés dans la modélisation (Gertzen et al., 2016). D’après cette modélisation, on prévoit que le méné camus subira des répercussions importantes si la colonisation par la carpe de roseau se produit dans les milieux humides côtiers où il est présent à cause raison de la réduction potentielle des macrophytes aquatiques, qui constituent une composante essentielle de l’habitat de fraie, d’alevinage et des adultes (Gertzen et al., 2016).

Depuis 2013, un total de 29 carpes de roseau ont été capturées dans les eaux canadiennes des Grands Lacs (Colm, comm. pers. 2020). La carpe de roseau a été détectée dans les lacs Érié (Cudmore et al., 2016) et Ontario, y compris dans la baie Muscote, dans la baie de Quinte (MPO, 2017), qui est relativement proche de zones où se trouve le méné camus, par exemple la baie du Prince‑Édouard et la rivière Trent. De plus, la fraie a été observée dans 2 affluents états-uniens du lac Érié (rivières Maumee et Sandusky) (Harris et al., 2020). De plus, la présence de carpes de roseau génitrices a été confirmée dans un affluent du lac Érié, en Ohio (Chapman et al., 2013; Embke et al., 2016), tandis qu’un spécimen diploïde en état de se reproduire a été détecté dans le havre Jordan, un affluent canadien du lac Ontario (MPO, 2017). Le Programme sur les espèces aquatiques envahissantes du MPO effectue des relevés annuels de surveillance afin de détecter et de contrer l’établissement et la propagation de la carpe de roseau.

Les espèces végétales envahissantes peuvent également représenter une menace pour les populations de ménés camus en modifiant considérablement les communautés végétales des milieux humides (EERT, 2008). Le roseau commun et le myriophylle à épis sont 2 espèces particulièrement préoccupantes. Le myriophylle à épis est une plante vivace à croissance rapide qui forme de denses tapis sous-marins pouvant faire de l’ombre à d’autres plantes aquatiques importantes pour le méné camus. La disparition du méné camus et de 7 autres espèces d’un lac du Wisconsin a été liée à la prolifération du myriophylle à épis (Lyons, 1989), et l’établissement de cette dernière dans la baie Rondeau dans les années 1960 pourrait avoir contribué à la perte apparente du méné camus à cet endroit. Malheureusement, l’enlèvement du myriophylle à épis peut nuire au méné camus puisque les méthodes d’élimination privilégiées sont l’utilisation de l’herbicide acide 2,4-dichlorophénoxyacétique et la récolte mécanique, qui peuvent compromettre les plantes indigènes restantes (EERT, 2008).

De plus, la réduction de la diversité végétale des milieux humides a été attribuée à la prolifération du roseau commun (Wilcox et al., 2003), espèce végétale envahissante formant des peuplements denses qui transforment les milieux humides en milieux terrestres (Schummer et al., 2012). Le roseau commun, présent dans la majorité des localités abritant le méné camus, a de profondes répercussions écologiques dans les milieux côtiers tels que la baie de la pointe Long (Badzinski et al., 2008), qui abrite le méné camus, et le parc national de la Pointe-Pelée (Vis et al., 2014), d’où l’espèce est maintenant considérée comme disparue. Les peuplements denses de roseau commun participent à la réduction de l’habitat mouillé des milieux humides côtiers et à la diminution de la diversité des macrophytes (Gilbert et Locke, 2007; Rook et al., 2016), qui forment un habitat important pour le méné camus à plusieurs stades de son cycle vital et qui constituent une importante ressource alimentaire. Des recherches ont modélisé des scénarios pouvant découler des effets combinés des changements climatiques et de l’expansion accrue du roseau commun dans la baie de la pointe Long dans l’habitat du méné camus. Cette recherche n’a pas encore été publiée; toutefois, les résultats préliminaires indiquent que le risque de disparition du méné camus sous l’effet des changements climatiques a augmenté considérablement après l’invasion du roseau commun (Drake, comm. pers., 2018). À d’autres endroits, le roseau commun pourrait également avoir des répercussions sur le méné camus en contribuant aux conditions anoxiques là où le débit est limité.

Les répercussions et les avantages de l’enlèvement du roseau commun ont fait l’objet d’une étude dans la baie de la pointe Long (Rook et al., 2016), et les résultats indiquent qu’il pourrait élargir l’habitat de fraie potentiel du méné camus à certains endroits; toutefois, on craint également que la création de petits étangs peu profonds au milieu de vastes peuplements de roseau commun puisse, pendant les périodes de faibles niveaux d’eau, emprisonner des poissons dans des zones confinées aux conditions inadéquates. Il est également possible que le méné camus utilise les peuplements de roseau commun à certains stades de son cycle vital ou pour s’abriter contre les prédateurs. Certaines activités destinées à mieux comprendre les répercussions du roseau commun sur les populations de ménés camus sont en cours.

Une autre espèce végétale envahissante susceptible de nuire au méné camus est le chara étoilé (Nitellopsis obtusa). Le chara étoilé, espèce de macroalgue de la même famille (Characeae) que la charagne commune (Chara vulgaris) indigène, est originaire d’Europe et d’Asie et a été découvert dans le fleuve Saint-Laurent en 1978 (Geis et al., 1981). Depuis, il s’est étendu à plusieurs secteurs du bassin versant des Grands Lacs, y compris là où le méné camus est présent, comme la rivière Sainte-Claire, le lac Sainte-Claire et la rivière Détroit, dans le corridor Huron-Érié (Schloesser et al., 1986), la baie Wellers, le lac East et la baie South, dans le lac Ontario (comté de Prince Edward) (Midwood et al., 2016), tout le long du cours supérieur du Saint-Laurent (Karol et al., 2017). De plus, on retrouve le chara étoilé dans une partie des lacs Kawartha, dont les lacs Simcoe et Scugog (Harrow-Lyle et al., 2020), ce qui indique la présence possible de cette espèce exotique dans la rivière Trent, où le méné camus est également présent.

On a observé que le chara étoilé formait de grands tapis s’étendant dans la partie supérieure de la colonne d’eau, réduisant ainsi la quantité de lumière disponible pour d’autres espèces macrophytes indigènes (Larkin et al., 2018). De plus, il peut modifier la chimie de l’eau ainsi que le cycle des nutriments, ce qui peut limiter la disponibilité de nutriments benthiques pour d’autres espèces indigènes (Larkin et al., 2018; Pullman et Crawford, 2010). Brainard et al. (2017) ont étudié les effets potentiels des invasions par le chara étoilé de 4 lacs situés dans le centre de l’État de New York et constaté que, là où cette espèce était abondante, la richesse spécifique d’autres macrophytes était plus faible, et leur biomasse, significativement réduite. Ces baisses de biomasse ont été observées à des profondeurs d’eau variées : zones peu profondes (< 1 m), zones intermédiaires (1 à 2 m) et zones profondes (> 2 m) (Brainard et al., 2017). De même, Pullman et Crawford (2010) ont observé que les invasions étaient courantes à des profondeurs de 0,5 à 1,5 m dans les lacs du Michigan, où le chara étoilé l’emportait sur des espèces communes non indigènes et indigènes comme le myriophylle à épis, le cabomba de Caroline et le potamot crépu. Ces constatations donnent à penser que le chara étoilé pourrait vraisemblablement avoir une incidence sur l’habitat essentiel désigné du méné camus, qui correspond aux eaux de moins de 2 m de profondeur à dense végétation immergée (vallisnérie d’Amérique, potamots, naïades, etc.) utilisées de la fraie aux stades vitaux des embryons et des jeunes de l’année ainsi qu’aux eaux de moins de 3 m de profondeur à charagne commune indigène enracinée utilisées au stade des adultes (tableau 7).

Les répercussions du chara étoilé sur la communauté ichtyologique ont fait l’objet de peu de recherches, mais Pullman et Crawford (2010) ont indiqué que cette espèce envahissante réduisait, voire éliminait, la disponibilité de l’habitat de fraie de nombreuses espèces. Selon ces auteurs, les espèces de centrarchidés, comme les achigans et les crapets, qui sont capables de nidifier et de frayer dans les frayères de la charagne commune, espèce indigène apparentée, n’affichent pas de comportement de fraie dans les zones dominées par le chara étoilé. À l’heure actuelle, on ignore comment cette espèce envahissante influe sur le succès de fraie du méné camus, le cas échéant. Toutefois, il est probable que la végétation immergée joue un rôle important dans le processus de fraie du méné camus (COSEPAC, 2013). La période de fraie, au début ou à la mi-juin (MPO, 2010), semble coïncider avec le développement de ces macrophytes (Leslie et Timmins, 2002). Le chara étoilé se décompose en mars dans les latitudes des Grands Lacs (Kipp et al., 2020), commence à se régénérer seulement en juillet et atteint sa biomasse maximale en septembre dans le réseau des rivières Sainte-Claire/Détroit (Schloesser et al., 1986; USGS, 2020). Il est donc considéré comme peu courant en juillet, l’augmentation de la biomasse se produisant d’août à octobre dans le fleuve Saint-Laurent (Kipp et al., 2020; Geis et al., 1981). À la lumière de ces observations, on pourrait émettre l’hypothèse voulant que l’établissement et la dominance du chara étoilé dans l’habitat essentiel du méné camus aient une incidence importante sur la disponibilité des éléments de l’habitat convenable (végétation immergée) pendant la période de fraie saisonnière. De plus, on suppose que le chara étoilé influe sur l’habitat d’alevinage des jeunes de l’année étant donné que les denses tapis flottants formés par cette espèce exotique entraînent une réduction de la densité des tiges causée par la perte d’autres espèces végétales (par exemple, myriophylle à épis, potamots et nymphacées) (Pullman et Crawford, 2010). De telles réductions de la complexité de l’habitat d’alevinage pourraient accroître l’exposition des jeunes de l’année et même des adultes de petite taille, notamment d’espèces en péril comme le méné camus, aux prédateurs, ce qui entraînerait une hausse des taux de mortalité (Pullman et Crawford, 2010). La charagne commune indigène est une composante du régime alimentaire des ménés camus adultes (Leslie et Timmins, 2002); toutefois, on ne sait actuellement pas si le chara étoilé peut servir de source d’alimentation supplémentaire ou si sa dominance sur la charagne commune prive le méné camus d’une importante source d’énergie.

Le chara étoilé est capable de se reproduire de manière à la fois sexuée et asexuée (Larkin et al., 2018), et des fragments de l’algue peuvent servir de diaspores, ou de graines, susceptibles d’être dispersées par les courants, ce qui améliore la propagation et la colonisation de cette espèce (Pullman et Crawford, 2010). La circulation des bateaux est considérée comme une cause probable de la fragmentation et de la propagation du chara étoilé (Pullman et Crawford, 2010; Midwood et al., 2016). Des recherches de modélisation visant à déterminer les facteurs environnementaux physiques et chimiques pouvant servir à prédire la présence du chara étoilé dans la baie Presqu’île, dans le lac Ontario, ont révélé que 2 des meilleurs prédicteurs étaient le nombre de quais dans un rayon de 1 km et la distance de la marina la plus proche (Midwood et al., 2016). Ces constatations démontrent que l’activité humaine, principalement la navigation de plaisance, est probablement un mécanisme important favorisant la propagation de cette espèce envahissante. D’autres recherches sont nécessaires pour déterminer les répercussions que pourrait avoir la propagation du chara étoilé sur les populations de ménés camus.

Une autre espèce végétale envahissante qui peut avoir une incidence sur le méné camus est le stratiote faux-aloès (Stratiotes aloides), aussi appelé aloès d’eau. Cette plante aquatique vivace, qui provient de l’Europe et du nord-ouest de l’Asie, s’est établie dans la rivière Trent, où elle a été découverte en 2008 (Snyder et al., 2016), dans des zones où le méné camus est présent. Plus récemment, le stratiote faux-aloès a été observé dans le tronçon de Glen Ross de la rivière Trent, à proximité de milieux occupés par le méné camus (Lebaron et Reid, 2021). Cette espèce a probablement été introduite dans les eaux de l’Ontario comme plante ornementale et s’est depuis répandue en aval dans des zones ayant une profondeur maximale de 5 m (OFAH/MRNF, 2012). Le stratiote faux-aloès a 2 formes : une forme émergente, dotée de feuilles tranchantes et dures, qui flotte près de la surface, et une forme immergée, qui se trouve habituellement sur le substrat de fond ou qui flotte à proximité (Snyder et al., 2016). En été, la forme immergée finit par remonter à la surface et devient la forme émergente, puis s’enfonce de nouveau sous la surface une fois que les feuilles deviennent saturées d’eau (OFAH/MRNF, 2012). Le stratiote faux-aloès peut se reproduire de manière sexuée et asexuée (par voie végétative) (Cook et Urmi-König, 1983), mais, en date de 2016, seules des plantes femelles ont été trouvées, ce qui n’a eu aucune incidence négative sur la propagation et la prolifération de cette espèce (Snyder et al., 2016).

Le stratiote faux-aloès peut avoir une incidence sur l’environnement aquatique où le méné camus est présent en formant des tapis denses de végétation flottante, ce qui peut limiter la pénétration de la lumière et la disponibilité des nutriments pour d’autres espèces de macrophytes. Il peut aussi modifier la chimie de l’eau et entraîner une diminution de la biodiversité végétale (OFAH/MRNF, 2012; Snyder et al., 2016). Comme il a été mentionné dans le cas du chara étoilé, le méné camus peut être directement touché par de tels changements de la biodiversité et de la composition en macrophytes advenant la supplantation de certaines espèces importantes pour la fraie, le développement des embryons et des jeunes de l’année, et les ressources alimentaires des adultes à des profondeurs allant jusqu’à 3 m. De plus, les recherches laissent croire que le stratiote faux‑aloès peut influer sur la disponibilité de zooplancton en exsudant des substances allélopathiques (Mulderij et al., 2006), ce qui pourrait avoir des effets sur les réseaux trophiques susceptibles de toucher le méné camus. Comme dans le cas du chara étoilé, la prolifération du stratiote faux-aloès peut être exacerbée par le trafic de bateaux (OFAH/MRNF, 2012), et les efforts déployés pour contrôler l’invasion de cette espèce sont vains (Snyder et al., 2016). Si cette espèce se propage, elle pourrait nuire au méné camus à plusieurs endroits de l’ensemble de l’aire de répartition. Dans son aire de répartition naturelle en Europe, le stratiote faux-aloès prospère dans les fossés (Snyder et al., 2016), compromettant l’écoulement et provoquant ainsi la sédimentation. Il est donc possible que cette espèce menace des espèces en péril telles que le méné camus dans de plus petits fossés de drainage du sud-ouest de l’Ontario. De toute évidence, d’autres recherches s’imposent pour explorer les répercussions possibles du stratiote faux-aloès sur le méné camus.

Prises accessoires (pêche aux poissons-appâts) : Le méné camus n’est pas un poisson‑appât autorisé en Ontario (Cudmore et Mandrak, 2018), mais il peut être pris accidentellement dans le cadre d’activités commerciales de pêche aux poissons-appâts, de même que par des pêcheurs à la ligne qui utilisent des pièges à ménés. Vu la rareté relative et la répartition éparse de l’espèce, la probabilité de capture accidentelle est faible; toutefois, elle demeure une menace potentielle.

Changements de la dynamique trophique : Il a été avancé que les changements apparents dans les communautés ichtyologiques, qui passent d’un assemblage dominé par les cyprinidés (ménés) à un assemblage dominé par les centrarchidés (crapets), affectent le méné camus (Holm et Boehm, 1998), en particulier dans le chenal Old Ausable (COA) (ERRA, 2006). Ces changements pourraient entraîner à la fois une augmentation du nombre et de la diversité des prédateurs présents et une hausse de la compétition interspécifique pour les ressources (voir par exemple Finigan et al., 2018). Les données probantes indiquent que la diversité et l’abondance de ménés diminuent avec l’augmentation du nombre et de la diversité des prédateurs côtiers, comme les achigans (Micropterus spp.) et les brochets (Esox spp.) (Whittier et al., 1997). Selon une théorie, la compétition accrue pour les ressources avec les mariganes noires (Pomoxis nigromaculatus) et les crapets arlequins (Lepomis macrochirus) juvéniles ainsi qu’avec les crayons d’argent adultes (Labidesthes sicculus) aurait également joué un rôle dans le déclin du méné camus dans le parc national de la Pointe-Pelée (Bouvier et al., 2010). Ces espèces ont une alimentation semblable à celle du méné camus, qui se nourrit beaucoup de cladocères et parfois de matières végétales (Holm et Mandrak, 2002). Toutefois, les prélèvements de 1999 à l’île Walpole ont révélé la présence à la fois de crayons d’argent, de crapets arlequins et de mariganes noires juvéniles et de ménés camus (Holm et Mandrak, 2002) si bien que l’on ne sait pas avec certitude dans quelle mesure la compétition pour la nourriture constitue une menace.

Les données sur les communautés ichtyologiques, recueillies en 1982, en 1997 et en 2004, ont également été utilisées pour évaluer les répercussions potentielles des centrarchidés et des espèces envahissantes sur l’abondance du méné camus dans le COA (Drake, comm. pers., 2017). Dans le cadre de ces relevés, on a observé un changement dans la communauté de poissons, dont une augmentation de l’abondance des centrarchidés, comme la marigane noire, l’achigan à petite bouche (Micropterus dolomieu), l’achigan à grande bouche (M. salmoides) et le crapet de roche (Ambloplites rupestris), laquelle semble être corrélée aux diminutions de l’abondance du méné camus, du moins dans les sites en aval où ces espèces susmentionnées sont les plus prolifiques. De même, les recherches qui modélisent l’incidence des variables environnementales et des cooccurrences d’espèces sur la répartition du méné camus dans la baie Thompson, dans le cours supérieur du Saint-Laurent, indiquent une association négative avec l’achigan à grande bouche, le crapet-soleil et des juvéniles d’autres espèces du genre Lepomis (Potts et al., 2022; 2021).

Changements climatiques : La capacité des changements climatiques à modifier les niveaux d’eau, les régimes de température et la fréquence des phénomènes météorologiques violents est une autre menace pour le méné camus. La menace peut être directe (par des changements environnementaux) ou indirecte (par les effets sur les interactions entre les espèces). Bien que le réchauffement puisse entraîner l’expansion possible de l’aire de répartition du méné camus (Chu et al., 2005), l’espèce pourrait être très vulnérable aux changements prévus dans les milieux humides côtiers où elle est souvent présente (Doka et al., 2006). On s’attend à ce que les effets des changements climatiques soient généralisés et touchent négativement les espèces en péril, dont le méné camus, et les habitats, notamment en interagissant avec d’autres menaces abordées ici. Selon de récentes recherches expérimentales, des températures d’eau élevées avaient une incidence sur le taux métabolique du méné camus et entraînaient des réactions, par exemple des changements de la forme et de la taille des branchies (Potts et al., 2020b). Ces constatations n’ont pas encore été étudiées chez les populations sauvages; toutefois, Potts et al. (2020b) croient que les changements climatiques exercent déjà une influence sur les populations de ménés camus. En effet, la température de traitement ayant entraîné des baisses importantes du taux métabolique standard, c’est-à-dire 28 °C, était représentative des conditions de l’été dans certains plans d’eau de l’Ontario abritant l’espèce. Cette température est représentative des conditions d'alevinage estivales dans certains des plans d'eau de l'Ontario où l'espèce est présente. De plus, ils ont constaté que l’hypoxie aiguë (faible taux d’oxygène), qui peut résulter de l’eutrophisation causée par la charge en nutriments, limitait la tolérance thermique du méné camus; par conséquent, la charge en nutriments pourraient exacerber l’incidence des changements climatiques en limitant la capacité du méné camus à s’acclimater à des températures d’eau plus élevées. McDonnell et al. (2021) ont également examiné les effets interactifs des températures d’eau élevées et de l’hypoxie sur la tolérance thermique du méné camus. À l’instar de Potts et al. (2020b),McDonnell et al. (2021) ont observé que les ménés camus acclimatés à des eaux plus chaudes toléraient une température critique maximale (TCmaxNote de bas de page 3) plus élevée. De plus, les ménés camus acclimatés à de faibles teneurs en oxygène dissous (saturation de l’air de 40 %) présentaient une TCmax plus haute que les congénères élevés dans des conditions normalement oxygénées, ce qui reflète de une meilleure tolérance thermique et une meilleure plasticité potentielle (McDonnell et al., 2021). Ces résultats peuvent fournir des renseignements importants et éclairer les pratiques d’élevage afin d’assurer les meilleures chances de survie dans les plans d’eau touchés par les changements climatiques si jamais des programmes de réintroduction du méné camus sont entrepris.

Une étude menée par le département des Ressources naturelles du Michigan au sujet des répercussions prévues des changements climatiques sur les espèces en péril a classé le méné camus dans la catégorie des espèces très vulnérables (Hoving et al., 2013), ce qui correspond au classement de l’espèce dans une évaluation canadienne de la vulnérabilité des communautés de milieux humides côtiers des Grands Lacs (Mortsch et al., 2006). Toutefois, étant donné que l’incidence des changements climatiques sur le méné camus est fortement incertaine, elle n’a pas été incluse dans l’analyse des menaces propre aux populations au moment de la réalisation de l’EPR. Les répercussions actuelles et prévues des changements climatiques sur le méné camus nécessitent une évaluation plus approfondie dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne de l’espèce.

Modifications de l’habitat : Il est probable que nombre des menaces susmentionnées ont et continueront d’avoir une incidence interactive sur les populations de ménés camus. Dans bien des cas, il est difficile d’analyser ces menaces, car beaucoup d’entre elles peuvent être interreliées d’une manière ou d’une autre. La catégorie « modifications de l’habitat » englobe un grand nombre des menaces abordées ci-dessus, et elle est particulièrement préoccupante pour le méné camus dans les cas où la charge en nutriments, la charge sédimentaire et les niveaux de turbidité augmentent et qu’une perte de végétation en résulte. Parker et al. (1987) ont avancé que l’habitat disponible pour le méné camus au Canada a peut-être diminué en qualité et en quantité à cause d’une baisse générale de la qualité de l’eau et d’une augmentation du développement du bord des lacs. La perte d’habitat peut découler du durcissement des berges et de la construction de structures dans l’eau et sur les rives (piliers, épis, quais, etc.), là où se trouve l’habitat du méné camus. De plus, Montgomery et al. (2020) a comparé la richesse spécifique de la communauté ichtyologique de milieux humides protégés en Ontario à celle de milieux humides non protégés où l’habitat disponible a été considérablement réduit sous l’effet des activités humaines, comme les pratiques d’utilisation des terres qui assèchent les milieux humides et accroissent la turbidité de l’eau, et de l’établissement et de l’empiétement de peuplements purs de roseau commun ou de quenouilles (Typha spp.) envahissants. Ces comparaisons indiquent que 13 milieux humides abritant le méné camus présentent une dette d’extinctionNote de bas de page 4, avec une disparition locale probable à l’avenir. Parmi ces 13 milieux humides, 5 situés dans le marais Crown, dans la baie de la pointe Long, mesuraient moins de 0,05 km2, soit la SMPVNote de bas de page 5 établie par Velez-Espino et al. (2010) (Montgomery, comm. pers. 2020) et actuellement appliquée à de grandes zones telles que la baie de la pointe Long dans son intégralité (tableau 8). Il convient cependant de souligner que la SMPV devrait probablement être appliquée à des sous-zones étant donné le manque de connectivité entre les marais et la capacité de dispersion limitée du méné camus.

L’habitat préféré du méné camus dans de nombreuses régions a été relégué à des parcelles isolées à la suite de modifications de l’habitat dans l’aire de répartition de l’espèce, limitant ainsi la connectivité entre les populations fragmentées (Leslie et Timmins, 2002) et compromettant par le fait même le flux génique. En outre, les modifications à grande échelle de l’habitat créent des obstacles physiques aux déplacements et altèrent les propriétés hydrologiques de zones comme le COA, le lac Mouth et la rivière Trent, ce qui perturbe le flux génique en isolant les populations dans chacune de ces zones (McCusker et al., 2014a).

L’entretien des fossés de drainage a été désigné comme une menace pour l’habitat du méné camus (MPO, 2016, 2017; Montgomery et al., 2017, 2018). Montgomery et al. (2018) ont utilisé une approche de modélisation pour évaluer les répercussions potentielles d’un projet d’entretien des fossés de drainage sur l’habitat du méné camus dans le petit ruisseau Bear. Ces auteurs ont déterminé que la perte directe d’habitat, par l’enlèvement de la végétation immergée et le dragage à des profondeurs inférieures à 1,425 m, entraînerait une réduction de l’habitat convenable du méné camus, à une superficie inférieure à la SMPV rapportée par Velez-Espino et al. (2010). En outre, leur cadre de modélisation indiquait que les activités proposées d’entretien des fossés de drainage auraient une incidence importante sur la connectivité entre les parcelles d’habitat, ce qui pourrait inhiber le flux génique et compromettre la persistance des populations. De plus, le dragage à proximité des rives du fleuve Saint-Laurent a été désigné comme une menace pour l’espèce en raison de la perte de végétation aquatique et de l’augmentation de la sédimentation (McCusker et al., 2017).

6 Objectifs en matière de population et de répartition

En 2002, le COSEPAC a évalué le méné camus comme étant en voie de disparition, en partie en raison de son aire de répartition limitée. Au moment de la publication du rapport, le méné camus était considéré comme présent dans 4 localités au Canada et disparu de 2 localités (Holm et Mandrak, 2002). Lors de la rédaction du programme de rétablissement initial du méné camus, la présence de l’espèce a été confirmée dans huit autres localités, et sa disparition, dans une autre localité. En 2013, le COSEPAC a réévalué l’espèce et l’a désignée menacée; au total, l’espèce était présente dans 16 localités et était disparue dans trois autres. L’espèce compte maintenant 21 localités, dont de grands secteurs du lac Sainte-Claire et presque toute la longueur du cours supérieur du Saint-Laurent, d’Eastview à Lancaster. Il est possible que le méné camus soit encore présent dans une autre localité (rivière aux Canards), et on le considère comme disparu de deux localités (parc national de la Pointe-Pelée et baie Rondeau).

Un facteur important à prendre en considération pour déterminer les objectifs en matière de population et de répartition est le nombre de populations qui peuvent se trouver dans une localité donnée, car il est possible qu’une localité puisse contenir plus d’une population distincte. Dans ce contexte, la localité ne fait pas référence à l’emplacement de la population distincte, mais plutôt à une zone particulière du point de vue géographique ou écologique dans laquelle un seul phénomène menaçant peut affecter rapidement tous les individus de l’espèce présents (COSEPAC, 2011). Pour être en mesure de reclassifier l’espèce dans une catégorie de risque inférieure à celle d’espèce menacée selon les critères du COSEPAC, au moins 11 localités existantes abritant au moins une population autosuffisante sont nécessaires. Le cas échéant, il faut maintenir plusieurs populations dans une même localité. À l’heure actuelle, le nombre de populations présentes dans chaque localité du méné camus au Canada est inconnu, et d’autres recherches sont nécessaires pour étudier cette question. Au total, 15 localités ont été choisies pour satisfaire aux critères susmentionnés du COSEPAC.

Les objectifs en matière de population et de répartition établissent, dans la mesure du possible, le nombre d’individus ou de populations, de même que la répartition géographique de l’espèce, qui est nécessaire au rétablissement de l’espèce. En fonction des connaissances existantes, les objectifs en matière de population et de répartition pour le méné camus sont :

Objectif de population : S’assurer que les populations ou sous-populations des 15 localités (conformément à l’objectif en matière de répartition ci-dessous) montrent des signes de reproduction et de recrutement, qu’elles sont stables ou à la hausse et que les risques liés aux menaces connues sont faibles.

Objectif de répartition : Assurer la survie de populations ou sous-populations autosuffisantes dans les localités occupées suivantes :

Les populations ou sous-populations de ces localités seront considérées comme rétablies quand elles montreront des signes de reproduction et de recrutement dans l’ensemble de leur aire de répartition. Des objectifs plus quantifiables seront fixés une fois que les relevés et les études nécessaires seront achevés (veuillez consulter la section 8.2). Les objectifs énoncés à la section 8.2 éclaireront davantage la modélisation de la population, notamment en ce qui concerne la quantification de la SMPV. La modélisation de Venturelli et al. (2010) a estimé la PMV pour le méné camus ainsi que la SMPV selon deux scénarios de catastrophe dans des plans d’eau lentiques et lotiques (voir la section 8.1.3). Toutefois, ces modèles ont été élaborés à partir de paramètres généraux du cycle vital tirés de la littérature disponible et ne sont pas propres aux populations. Il est difficile de mettre en œuvre de telles cibles en matière de population et d’habitat lorsque l’on ne dispose pas des renseignements sur la taille des populations, les tendances, la répartition spatiale, la qualité de l’habitat et la fréquence des déclins catastrophiques et que l’on ne comprend pas pleinement le cycle vital de l’espèce. Par exemple, les données de base, comme la longueur et la masse selon l’âge, l’âge et la taille à maturité, la fécondité et la taille de la ponte, sont inconnues pour les populations canadiennes; ces paramètres ont été déduits à partir des populations états-uniennes voisines lors de l’élaboration des modèles existants. Par conséquent, des objectifs plus fiables liés à la PMV pourront être élaborés et une validation plus poussée des résultats du modèle pourra être obtenue une fois que le cycle vital et les paramètres démographiques du méné camus seront mieux compris. Les activités de recherche visant à combler ces lacunes sont décrites au tableau 4.

Des évaluations génomiques ont également été effectuées pour certaines populations de ménés camus (McCusker et al., 2014), et elles indiquent que les populations du lac Mouth et de la baie Wellers pourraient être sujettes aux effets de la dépression de consanguinité. Pour cette raison, il pourrait être nécessaire d’améliorer les populations afin de les maintenir, de réduire leur risque de disparition et d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition dans les localités. Toutefois, il est important de déterminer si les densités de population sont effectivement faibles dans ces localités et s’il existe actuellement de l’habitat non utilisé qui soutiendrait les individus translocalisés. En outre, il faudrait choisir les populations sources appropriées et envisager la possibilité d’une dépression consécutive à des croisements distants. Des translocations ont permis d’assurer le recrutement et la croissance démographique dans la baie Chaumont, bras de la côte états-unienne du lac Ontario dans l’État de New York, à l’aide d’un stock géniteur capturé dans la baie Sodus, autre bras du lac Ontario dans le même État (Carlson et al., 2019).

7 Stratégies et approches générales pour l’atteinte des objectifs

7.1 Mesures déjà achevées ou en cours

Rapport : Le programme de rétablissement initial a été publié en 2013 (MPO, 2013) et le ‘rapport sur les progrès de la mise en œuvre du programme de rétablissement du méné camus (Notropis anogenus) au Canada pour la période 2012 à 2017 » a été achevé en 2022 (MPO, 2022). Le rapport sur les progrès résume les efforts collectifs déployés par les ministres compétents, les organismes provinciaux et toutes les autres parties concernées qui mènent des activités contribuant au rétablissement de l’espèce. Par exemple, le rapport sur les progrès contient un catalogage des relevés récents (ciblés et non ciblés) ainsi que des activités de recherche terminées et en cours.

Plans d’action axés sur l’écosystème : Les plans d’action axés sur les écosystèmes aquatiques suivants concernent le méné camus et sont actuellement mis en œuvre par les équipes de rétablissement concernées. Les activités de rétablissement prescrites dans ces plans d’action comprennent des programmes actifs d’intendance et de sensibilisation/d’éducation visant à réduire les menaces cernées. Le financement de ces activités est appuyé par le Programme d’intendance des espèces en péril de l’Ontario et le Programme d’intendance de l’habitat (PIH) pour les espèces en péril du gouvernement du Canada. De plus, les besoins en recherche sur les espèces en péril décrits dans ces documents sont financés en partie par le Fonds de la nature du Canada pour les espèces aquatiques en péril.

Offices de protection de la nature : Les offices de protection de la nature (par exemple, offices de protection de la nature de la vallée de Saugeen, de Long Point, d’Ausable Bayfield, de Cataraqui, de la région de Sainte-Claire, de la région d’Essex et de la région de Quinte) continuent de jouer un rôle crucial dans la mise en œuvre des programmes d’intendance et d’éducation publique destinés à mieux faire connaître les espèces en péril et à améliorer l’habitat et la qualité de l’eau dans l’ensemble de l’aire de répartition du méné camus en Ontario.

Programme sur les espèces envahissantes : Mis sur pied par le MPO en 2013, le Programme de lutte contre la carpe asiatique met l’accent sur la détection précoce des carpes asiatiques, dont la carpe de roseau. Les efforts d’échantillonnage sont concentrés dans les régions où les carpes sont les plus susceptibles de s’implanter dans les Grands Lacs et ses bassins versants; bon nombre de ces endroits se trouvent dans les bassins versants occupés par le méné camus ou à proximité de ceux-ci. De plus, le Règlement sur les espèces aquatiques envahissantes (REAE) du gouvernement fédéral, entré en vigueur en 2015, interdit la possession et le transfert d’espèces désignées envahissantes.

Le MRNF a élaboré le Plan stratégique contre les espèces envahissantes (2012), dont les objectifs sont notamment de prévenir de nouvelles invasions, de ralentir ou de renverser la propagation des espèces envahissantes existantes et de réduire les répercussions néfastes des espèces envahissantes existantes (MRNF, 2012). Les règles visant à éviter et à contrôler la propagation des espèces envahissantes sont établies dans la Loi de 2015 sur les espèces envahissantes de l’Ontario. De plus, le programme de PC visant les espèces envahissantes dans le parc national des Mille-Îles comprend le suivi de la progression et de l’établissement des espèces envahissantes pour être en mesure d’atténuer rapidement leur menace potentielle. Le MRNF collabore avec PC et l’OFAH à la surveillance et au contrôle de la propagation du stratiote faux-aloès dans la rivière Trent (Reid, comm. pers. 2021). Depuis 2016, le MRNF collabore également avec les gouvernements fédéral et provinciaux, les administrations municipales et des organisations non gouvernementales de l’environnement (ONGE) à diriger des projets axés sur la lutte contre le roseau commun et des projets d’amélioration connexes le long de la rive nord du lac Érié, y compris dans le parc provincial Rondeau, les RNF de Long Point et du Ruisseau‑Big, le marais Crown de la baie de la pointe Long (Reid et al., 2021) et le parc national de la Pointe-Pelée.

Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent et Conseil des Mohawks d’Akwesasne : L’Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent et le Conseil des Mohawks d’Akwesasne (CMA) entretiennent depuis 2015 un partenariat avec divers chercheurs canadiens et états-uniens pour surveiller la communauté de poissons et l’habitat aquatique dans le cours supérieur du Saint-Laurent, notamment en menant des relevés du méné camus. Au début, ces relevés étaient effectués sur un tronçon de 150 km du fleuve, entre Brockville et la portion est du lac Saint-François, au Québec (Windle, comm. pers. 2018). Le programme a récemment été élargi pour inclure des zones depuis la baie de Quinte et le comté de Prince Edward, dans le lac Ontario, jusqu’à Montréal, au Québec (Windle, 2019; Windle, comm. pers. 2021). Dans cette région d’étude, le CMA et l’Institut ont travaillé en étroite collaboration pour définir et prioriser les zones de surveillance réparties dans les territoires mohawks traditionnels du fleuve Saint-Laurent. Ces relevés ont permis de détecter la présence du méné camus à de nombreux nouveaux endroits, de suivre l’abondance de l’espèce au fil du temps et de surveiller l’abondance du gobie à taches noires envahissant (Windle, 2018; 2019).

Parcs Canada et partenaires : Le parc national des Mille-Îles de PC a collaboré avec le MRNF et Muskies Canada à un programme de suivi à long terme dans 18 sites des Mille-Îles, ce qui a mené à la détection du méné camus à de multiples endroits et a permis d’effectuer le suivi de l’abondance de cette espèce au fil du temps. En outre, PC a collaboré avec les Mohawks d’Akwesasne pour procéder à des échantillonnages dans le lac Saint‑François, en aval de la centrale Moses-Saunders (J. Van Wieren, PC, données inédites).

Règlements sur les poissons-appâts : Pour faire suite aux règles sur la récolte de poissons-appâts qui complètent les règlements de la pêche en Ontario, un guide sur les poissons-appâts (Cudmore et Mandrak, 2018) a été élaboré pour identifier les espèces de poissons-appâts de l’Ontario. Le guide sur les poissons-appâts est destiné à réduire les risques d’identification erronée des poissons-appâts, qui pourrait prévenir ou limiter l’élimination d’espèces non ciblées, comme le méné camus, en tant que prises accessoires. Le guide a été mis à la disposition des pêcheurs commerciaux de poissons-appâts, des pêcheurs à la ligne et du grand public par l’entremise des bureaux du MRNF et de ServiceOntario. De plus, une application a été créée à partir du guide sur les poissons-appâts. Elle peut être téléchargée sur les téléphones intelligents et est disponible sur le Google Play Store.

7.2 Orientation stratégique pour le rétablissement

Le tableau 5 décrit les stratégies générales à adopter pour répondre aux menaces qui pèsent sur l’espèce, de même que les approches de recherche et de gestion nécessaires à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Ces stratégies et approches générales aideront à étayer l’élaboration de mesures de rétablissement spécifiques dans 1 ou plusieurs plans d’action.

Il y a 4 stratégies générales qui ont été définies pour contrer les menaces qui pèsent sur l’espèce et atteindre les objectifs de gestion :

  1. inventaire et suivi;
  2. recherche;
  3. gestion et coordination;
  4. intendance et sensibilisation.

Les approches sont établies pour chacune des stratégies générales, lesquelles sont subdivisées en mesures de rétablissement numérotées auxquelles on a associé une priorité (élevée, moyenne, faible) et les menaces visées (tableau 4). Si votre organisation désire prendre part à l’une de ces mesures, veuillez communiquer avec le bureau de l’Ontario et des Prairies du Programme sur les espèces en péril. Des commentaires à l’appui du tableau de planification du rétablissement (section 7.3) fournissent une explication plus détaillée des approches spécifiques.

La mise en œuvre des approches suivantes sera réalisée en coordination avec les équipes de rétablissement de l’écosystème concernées déjà en place (tel que le décrit la section 7.1) et les groupes de mise en œuvre connexes. Une plus grande priorité sera accordée à l’inventaire et au suivi ainsi qu’à la recherche puisque ces activités fourniront des données qui éclaireront les mesures de gestion et de coordination ainsi que les stratégies d’intendance et de sensibilisation.

Tableau 5. Mesures de rétablissement à prendre par Pêches et Océans Canada pour le méné camus.
# Stratégie générale Mesures de rétablissement Prioritéa Menace ou inquiétudes visé Échéancierb
1

Inventaire et suivi

Évaluation des populations : Concevoir un programme normalisé de suivi des populations indicatrices et de l’habitat.

Élevée Lacunes dans les connaissances 2 à 5 ans
2

Inventaire et suivi

Évaluation des populations : Mener des relevés ciblés pour quantifier l’aire de répartition et l’abondance des populations existantes.

Élevée Lacunes dans les connaissances De 2 à 5 ans
3

Inventaire et suivi

Évaluation des populations : Effectuer des relevés ciblés dans l’aire de répartition historique où l’on croit que le méné camus est disparu (parc national de la Pointe-Pelée et baie Rondeau). Déterminer l’étendue et l’abondance de toute nouvelle population détectée.

Élevée Lacunes dans les connaissances De 2 à 5 ans
4

Inventaire et suivi

Évaluation des populations : Effectuer des relevés ciblés dans les régions où l’on sait que le méné camus est présent, mais pour lesquelles les détections sont limitées (par exemple, rivière aux Canards, rivière Gananoque).

Moyenne Lacunes dans les connaissances De 2 à 5 ans
5

Inventaire et suivi  

Évaluation des populations : Effectuer des relevés ciblés en vue de trouver des populations non détectées dans les zones présentant de l’habitat convenable (par exemple, affluents du lac Sainte-Claire, lac Saint-François).

Élevée Lacunes dans les connaissances De 5 à
10 ans
6

Inventaire et suivi

Évaluation des menaces : Surveiller les bassins versants pour repérer les espèces envahissantes préoccupantes, en collaboration avec les équipes de rétablissement des écosystèmes aquatiques.

Élevée Espèces envahissantes De 5 à 10 ans
7

Inventaire et suivi

Évaluation des menaces : Mesurer les charges en sédiments et en nutriments des cours d’eau.

Moyenne Charge sédimentaire/turbidité; charge en nutriments De 5 à 10 ans
8

Inventaire et suivi

Évaluation des menaces : Déterminer, le cas échéant, où se trouvent les installations de gestion des eaux usées ou des eaux pluviales susceptibles de menacer les populations de ménés camus. Assurer le suivi des teneurs en nutriments et potentiellement d’autres paramètres (par exemple, polluants pharmaceutiques) dans les eaux occupées par le méné camus où des effluents d’usine de traitement des eaux usées sont rejetés.

Faible Charge en nutriments De 10 à
15 ans
9

Recherche

Évaluation des menaces : Déterminer les seuils de tolérance physiologique du méné camus par rapport aux divers paramètres de qualité de l’eau (par exemple, teneur en oxygène dissous, teneurs en nutriments) et les comparer aux recommandations sur la qualité de l’eau en vigueur.

Élevée Modifications de l’habitat; enlèvement de la végétation aquatique; charge sédimentaire; charge en nutriments; lacunes dans les connaissances De 2 à 5 ans
10

Recherche

Évaluation des menaces : Effectuer des expériences explorant les effets sur le méné camus des concentrations élevées de nutriments et d’autres polluants pertinents rejetés par les usines de traitement.

Moyenne Charge en nutriments De 2 à 5 ans
11

Recherche

Évaluation des menaces : Comparer les habitats des populations existantes avec des sites anciennement occupés (par exemple, parc national de la Pointe-Pelée, baie Rondeau) pour élucider les mécanismes des menaces liés à l’habitat qui entraînent le déclin de l’espèce.

Élevée Toutes les menaces De 5 à 10 ans
12

Recherche

Évaluation des menaces : Utiliser des données démographiques et des comparaisons temporelles des données sur les communautés ichtyologiques pour éliminer l’incertitude entourant les effets négatifs des centrarchidés sur le méné camus.

Moyenne Changements de la dynamique trophique De 2 à 5 ans
13

Recherche

Évaluation des menaces : Examiner les répercussions actuelles ou potentielles des espèces envahissantes (y compris la carpe commune, les carpes asiatiques, le myriophylle à épis et le roseau commun) sur le méné camus et son habitat.

Élevée Espèces envahissantes De 2 à 5 ans
14

Recherche

Évaluation des menaces : Étudier les répercussions actuelles et futures des changements climatiques sur le méné camus et les milieux humides côtiers.

Faible Changements climatiques En cours
15

Gestion et coordination

Prévention des menaces : Évaluer la faisabilité d’interdire l’utilisation de poissons-appâts vivants dans le Chenal Old Ausable (COA).

Faible Espèces envahissantes De 1 à 2 ans
16

Recherche

Coopération entre organismes : Collaborer avec les équipes de rétablissement de l’écosystème, les Premières Nations et les groupes concernés pour échanger les connaissances, mettre en œuvre des plans d’action en vue du rétablissement et obtenir des observations fortuites.

Élevée Toutes les menaces En cours
17

Gestion et coordination

Coopération entre organismes : Encourager les autorités municipales chargées de la planification et les Premières Nations locales à tenir compte de l’objectif de rétablissement et des objectifs connexes dans les plans officiels et dans la détermination des désignations d’utilisation des terres. S’assurer que les futurs projets d’aménagement ne dégradent pas l’habitat du méné camus. Proposer des améliorations qui pourraient aider à réduire les apports en nutriments et en matières en suspension des zones urbaines.

Élevée Modifications de l’habitat; charge sédimentaire/turbidité; charge en nutriments; enlèvement de la végétation aquatique En cours
18

Gestion et coordination

Coopération entre organismes : Mobiliser des experts et des représentants d’autres administrations (par exemple, ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de l’Ontario) pour examiner les mesures relatives aux paramètres de qualité de l’eau et à l’infrastructure liée au traitement de l’eau.

Faible Chargement sédimentaire/turbidité; chargement en nutriments En cours
19

Gestion et coordination

Atténuation des menaces : S’attaquer aux facteurs de stress à l’échelle des bassins versants pour les populations de ménés camus et leur habitat, en collaboration avec les équipes de rétablissement des écosystèmes aquatiques existantes.

Élevée Toutes les menaces De 5 à
10 ans
20

Gestion et coordination

Activités d’amélioration de l’habitat et de réduction des menaces : Collaborer avec les propriétaires fonciers, les Premières Nations et les groupes d’intérêt concernés pour mettre en œuvre des pratiques de gestion optimale là où elles seront les plus profitables. Encourager la réalisation et la mise en œuvre de plans agroenvironnementaux et des plans de gestion des éléments nutritifs

Élevée Modifications de l’habitat; charge sédimentaire/turbidité; charge en nutriments; enlèvement de la végétation aquatique En cours
21

Intendance et sensibilisation

Sensibilisation – prises accessoires : Fournir aux pêcheurs de poissons-appâts une trousse d’information sur le méné camus les informant de l’obligation de remettre à l’eau les ménés camus capturés, et les encourager à signaler les détections.

Faible Industrie des poissons-appâts (prises accessoires) De 1 à 2 ans
22

Intendance et sensibilisation

Sensibilisation – introduction d’espèces envahissantes/de poissons-appâts : Sensibiliser davantage le public aux répercussions potentielles des espèces envahissantes sur l’écosystème, notamment sur le méné camus. Rappeler au public qu’il est illégal de jeter des appâts ou de vider le contenu des seaux à appâts.

Faible Espèces envahissantes En cours
23

Intendance et sensibilisation

Sensibilisation – possibilités d’intendance et approches d’atténuation : Promouvoir l’intendance auprès des propriétaires fonciers et des Premières Nations vivant à côté de l’habitat aquatique du méné camus et auprès d’autres propriétaires fonciers locaux susceptibles d’avoir des effets directs ou indirects sur l’habitat du méné camusc.

Élevée Modifications de l’habitat; charge sédimentaire/turbidité; charge en nutriments; enlèvement de la végétation aquatique En cours
24

Intendance et sensibilisation

Sensibilisation – programmes de financement : Fournir des communications claires sur les possibilités de financement et expliquer aux propriétaires fonciers leurs responsabilités aux termes de la Loi sur les espèces en péril.

Moyenne Toutes les menaces En cours

7.3 Commentaires à l’appui du tableau de planification du rétablissement

Stratégie générale 1 : inventaire et suivi

Mesures de rétablissement 1 à 5 (suivi des populations) : L’établissement d’un programme d’échantillonnage est nécessaire pour faire le suivi des changements de la répartition et de l’abondance du méné camus. Les programmes d’échantillonnage normalisés aident également à détecter les espèces envahissantes et à définir avec confiance les associations à l’habitat. Des études visant à décrire les protocoles d’échantillonnage appropriés pour le méné camus ont été entreprises (voir par exemple Portt et al., 2008; McKenna et al., 2013; Dextrase et al., 2014). Dextrase et al. (2014) recommandent la pêche électrique ou la pêche à la senne comme méthodes de capture optimales, et celles-ci ont été utilisées pour suivre les populations de ménés camus dans des zones précises à habitat peu profond. De plus, les chaluts mamou se sont avérés un moyen efficace de capturer le méné camus ainsi que d’autres espèces en péril (par exemple, petit-bec) en zones plus profondes (Reid et al., 2016; LeBaron et Reid, 2021; Barnucz et Drake, 2021). Par exemple, PC, en partenariat avec le MRNF et Muskies Canada, a effectué des relevés de suivi normalisés du méné camus dans le parc national des Mille-Îles de 2008 à 2018 en utilisant des sennes pour suivre les changements au fil du temps à des endroits précis (Van Wieren, comm. pers. 2020). De plus, l’Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent et le CMA procèdent depuis 2015 à des échantillonnages dans le cours supérieur du Saint-Laurent, y compris dans les territoires mohawks traditionnels, et ont détecté le méné camus à de nombreux nouveaux endroits. Toutefois, il demeure nécessaire d’élaborer un protocole normalisé applicable à l’ensemble de l’aire de répartition canadienne de l’espèce. Grâce à une meilleure compréhension des besoins en matière d’habitat du méné camus, d’autres relevés pourraient être nécessaires à des endroits présentant des caractéristiques semblables.

Des relevés ciblés doivent être effectués dans les localités historiques, y compris le parc national de la Pointe-Pelée et la baie Rondeau, pour confirmer que le méné camus y est véritablement disparu. Si l’espèce est réellement disparue de ces localités, les paramètres de qualité de l’eau, les conditions de l’habitat et la communauté ichtyologique pourraient être comparés à ceux des localités actuellement occupées pour obtenir des indices sur les facteurs qui ont causé le déclin du méné camus dans les 2 localités. Il faut également procéder à un échantillonnage plus poussé dans les localités existantes pour mieux comprendre les tendances et les modèles de répartition des populations dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne de l’espèce. L’évaluation des populations effectuée par Bouvier et al. (2010), aujourd’hui désuète, n’inclut pas de nombreuses nouvelles populations, qui n’avaient pas encore été découvertes lors de l’EPR. Les localités non échantillonnées depuis 2010 ou celles n’ayant pas fait l’objet d’un échantillonnage ciblé (par exemple, lac Mouth, baie Waupoos, drain Whitebread/passage Grape), tout comme les localités ayant fait l’objet d’un échantillonnage non ciblé limité ou non fructueux (par exemple, Chenail Écarté, marais intérieurs de la pointe Turkey), doivent être étudiées en priorité. De même, un échantillonnage ciblé est nécessaire dans la rivière aux Canards pour y confirmer la présence du méné camus étant donné que les spécimens témoins récemment prélevés se sont révélé être des petits‑becs, une espèce apparentée.

De plus, il faut échantillonner les nouvelles localités où le méné camus a été détecté pour valider les mentions récentes. Pour les nouvelles localités où un échantillonnage limité a été effectué, comme la rivière Sydenham, le ruisseau Otter Ouest, la portion littorale sud du lac Sainte-Claire, la rivière Détroit, le ruisseau Maxwell, la baie du Prince-Édouard (zones entre les baies Smith et South), la rivière Gananoque ainsi que les zones du fleuve Saint-Laurent près de Brockville et de Johnstown, de nouveaux échantillonnages devront également être réalisés. En outre, des activités d’échantillonnage doivent aussi être menées dans le lac Saint-François, dans le fleuve Saint-Laurent, en aval du barrage Moses-Saunders, où le méné camus a été observé seulement récemment. Cette localité  représenterait une extension de l'aire de répartition connue de l'espèce qui comprend des habitats situés dans les eaux québécoises.

Plusieurs autres endroits susceptibles d’abriter le méné camus devraient être échantillonnés, notamment le ruisseau Otter, le ruisseau Otter Est, la rivière Sydenham Nord, la RNF de Sainte-Claire (cellule Est), des zones renfermant de l’habitat convenable entre la baie du Prince‑Édouard et Eastview, et des zones du fleuve Saint-Laurent se trouvant entre les Mille‑Îles et Brockville, entre Brockville et Morrisburg ainsi que dans le lac Saint-François.

Mesures de rétablissement 6 à 8 (surveillance de l’habitat) : De nombreux programmes de surveillance comprenant des activités telles que la surveillance de la qualité de l’eau (projet de mise en œuvre du programme de rétablissement des espèces en péril de la rivière Ausable, Réseau provincial de surveillance de la qualité de l’eau, programme de surveillance des eaux de surface) menées par d’autres organismes partenaires devraient favoriser le rétablissement du méné camus. De plus, PC, en partenariat avec Muskies Canada et le MRNF, a effectué une surveillance à long terme dans 18 sites repères des Mille-Îles, notamment la surveillance de l’habitat (Van Wieren, comm. pers. 2020). En outre, PC a mis sur pied un programme de suivi à long terme des populations et de l’habitat dans le parc national des Mille-Îles. De même, depuis 2015, des relevés effectués par l’Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent et le CMA font le suivi des conditions de l’habitat aquatique dans le cours supérieur du Saint‑Laurent, y compris dans les territoires mohawks traditionnels.

Ces programmes préexistants peuvent servir à examiner les activités de surveillance prescrites dans le présent document qui sont axées sur la mesure des apports en sédiments et en nutriments des cours d’eau et sur le suivi d’autres paramètres généraux de qualité de l’eau. Par contre, des programmes de surveillance plus spécifiques sont nécessaires pour localiser les structures de gestion des eaux pluviales et les installations de traitement des eaux usées dans l’aire de répartition du méné camus, et pour mesurer les teneurs en nutriments et d’autres paramètres susceptibles d’influer sur l’espèce, comme les polluants pharmaceutiques. Ces études aideront à déterminer l’incidence, le cas échéant, des eaux usées et pluviales sur le méné camus.

Il existe également des programmes axés sur le suivi des espèces envahissantes, dont le programme du MPO visant les carpes asiatiques et le programme de PC visant les espèces envahissantes dans le parc national des Mille-Îles. Grâce à ces programmes qui suivent la progression et l’établissement des espèces envahissantes, il est possible de rapidement atténuer les menaces posées par ces dernières. Le programme de suivi des carpes asiatiques du MPO, en cours depuis 2013, comprend l’échantillonnage des zones réputées abriter le méné camus (par exemple, baie de la pointe Long). De plus, des projets intergouvernementaux en cours depuis 2016 pour contrôler la propagation et l’établissement du roseau commun dans la baie Rondeau, la baie de la pointe Long et le ruisseau Big (Reid et al., 2021) ainsi que dans le parc national de la Pointe-Pelée comprennent le suivi de cette espèce végétale envahissante. Par ailleurs, le MRNF, PC et l’OFAH suivent la propagation du stratiote faux-aloès dans la rivière Trent (Reid, comm. pers. 2021).

Stratégie générale 2 : recherche

Mesures de rétablissement 9 à 14 (évaluation des menaces) : Plusieurs menaces exercent actuellement des effets sur les populations de ménés camus, et d’autres pourraient éventuellement leur nuire. Par exemple, l’établissement d’espèces envahissantes a peut-être des conséquences négatives sur les populations de ménés camus. La prolifération du roseau commun dans les milieux humides côtiers du lac Sainte-Claire et de la baie de la pointe Long peut affecter plusieurs stades du cycle vital du méné camus, voire tous les stades, en réduisant la disponibilité et la qualité de l’habitat ainsi que la disponibilité de végétation appropriée pour l’alimentation. D’autres recherches sont maintenant nécessaires pour déterminer les effets de cette plante envahissante sur les populations de ménés camus. De plus, le myriophylle à épis a été considéré comme une cause probable de la disparition du méné camus de la baie Rondeau. Bien que plusieurs stades vitaux du méné camus soient associés à ce macrophyte, on croit que des peuplements purs et denses de myriophylle à épis pourraient avoir un effet négatif sur les populations de ménés camus. Des recherches s’imposent pour étudier cet effet possible et examiner le rôle, positif et négatif, du myriophylle à épis en tant que composante de l’habitat du méné camus. D’autres recherches sont nécessaires pour examiner l’incidence possible d’autres espèces végétales envahissantes, comme le chara étoilé et le stratiote faux-aloès, et élaborer des protocoles de suivi afin de faciliter leur détection. Dans le cas du stratiote faux-aloès, des recherches qui ont examiné la possibilité de suivre sa propagation à l’aide de drones ont obtenu une exactitude de détection globale de 78 % (Chabot et al., 2016). De même, des recherches en cours examinent l’utilisation potentielle de l’ADNe pour détecter précocement cette espèce envahissante (Marinich et al., 2015) à de nouveaux endroits, ce qui permettrait de la contrôler ou de l’éradiquer. Enfin, des espèces de poissons envahissantes, comme le gobie à taches noires et la carpe, peuvent nuire au méné camus, et il faut donc mener une étude plus approfondie pour pouvoir lier la présence de ces espèces aux répercussions sur les populations de ménés camus.

Des études sur les associations au sein des communautés de poissons pourraient également mettre en lumière d’autres pressions influant sur la trajectoire de la population de ménés camus. Par exemple, la prédation et la compétition interspécifique exercées par les centrarchidés (achigans, crapet arlequin, marigane noire), les brochets (espèces du genre Esox) et d’autres espèces de petite taille (par exemple, crayon d’argent) pourraient expliquer les diminutions passées de l’abondance du méné camus dans des localités telles que le parc national de la Pointe-Pelée et représenter des menaces actuelles dans d’autres localités, comme le COA, où l’aire de répartition prend de l’expansion. La clarification de telles interactions permettrait probablement de mieux comprendre les facteurs de stress interactifs qui limitent la productivité du méné camus là où il est présent.

Les études qui modélisent les répercussions potentielles des changements climatiques sur le méné camus permettraient également d’orienter la planification du rétablissement de l’espèce. Par exemple, il n’est pas clairement établi que la hausse de la température de l’eau étendra la répartition ou augmentera la croissance du méné camus, qui se trouve à la limite nord de son aire de répartition continentale, ou, à l’inverse, qu’elle entraînera une réduction de la disponibilité d’habitat essentiel en asséchant les zones côtières convenables ou favorisant la propagation d’espèces envahissantes comme le roseau commun, comme le prévoient les études de modélisation du MPO (MPO, 2018a).

De plus, l’enlèvement de la végétation est une menace connue pour l’espèce, et des permis pour de telles activités sont couramment demandés dans des régions comme la baie de la pointe Long. Il faut déterminer dans quelle mesure les projets d’enlèvement de la végétation peuvent être réalisés avant que des répercussions importantes sur la population, qui compromettent les objectifs de rétablissement, commencent à se produire. De plus, la majorité des projets prévoyant des travaux dans l’eau le long de rives couvertes de végétation sont réalisés en hiver pour éviter les répercussions négatives sur le méné camus. Il importe d’établir si cette approche d’atténuation est efficace pour réduire les répercussions sur le méné camus en déterminant si l’espèce est toujours présente le long du littoral pendant les mois d’hiver et en examinant l’incidence des projets sur la régénération des macrophytes importants au printemps suivant.

Des recherches sont toujours nécessaires pour examiner les sources ponctuelles de nutriments et de sédiments dans les bassins versants abritant le méné camus ainsi que leurs répercussions sur l’espèce. Par exemple, les pratiques d’utilisation des terres dans le bassin versant de la baie de la pointe Long, dans les sections amont du ruisseau Big contribuent à des niveaux élevés de turbidité et de sédimentation et réduisent le caractère convenable des zones en aval. Cette mesure offre aux administrations externes, comme les offices de protection de la nature et les ONGE, l’occasion d’examiner les menaces de sources ponctuelles et d’orienter les futures initiatives d’intendance. Il est essentiel de mener des études permettant de décrire les seuils de tolérance du méné camus en ce qui concerne les paramètres de qualité de l’eau (teneur en oxygène dissous, température de l’eau, concentration de nutriments) ainsi que des contaminants comme les métaux lourds. De plus, d’autres recherches devraient être consacrées à l’examen des répercussions des polluants pharmaceutiques rejetés par les usines de traitement des eaux usées sur le méné camus ou une espèce substitut appropriée.

Mesure de rétablissement 15 (prévention des menaces) : Dans la mesure du possible, il serait avantageux d’interdire l’utilisation de poissons-appâts vivants dans le COA pour empêcher l’établissement d’espèces envahissantes. À l’heure actuelle, l’utilisation de poissons‑appâts est interdite dans le parc provincial Pinery; toutefois, elle demeure autorisée dans la partie nord du COA. Par conséquent, une évaluation est de mise pour déterminer le point de vue des municipalités puisqu’une telle interdiction prendra probablement la forme d’un règlement municipal. Au lieu d’interdictions, des documents de sensibilisation (affiches) pourraient être utilisés pour encourager les pêcheurs à la ligne à ne pas utiliser de poissons‑appâts. D’autres efforts semblables pourraient également être axés sur la sensibilisation aux espèces végétales envahissantes et l’interdiction de rejeter des plantes d’aquarium.

Stratégie générale 3 : gestion et coordination

Mesures de rétablissement 16 à 18 (coopération entre organismes) : Il est recommandé que les groupes pertinents (équipe de rétablissement des poissons d’eau douce de l’Ontario, Premières Nations, équipes de rétablissement des écosystèmes, PC, Institut des sciences environnementales du fleuve Saint-Laurent) adoptent une approche coordonnée et cohérente qui maximise les possibilités de mettre en commun les ressources et l’information et de combiner les gains en efficience. Parmi les activités de coopération en cours figurent l’évaluation des facteurs de stress de l’habitat essentiel du méné camus et la mise en œuvre d’activités d’amélioration et de remise en état de l’habitat dans les affluents du lac Sainte-Claire et la rivière Détroit avec les partenaires concernés (par exemple, Office de protection de la nature de la région d’Essex). De plus, des experts et des représentants d’autres autorités responsables, dont le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de l’Ontario (MEPNPO), le MRNF et ECCC, devraient être consultés au sujet des mesures de recherche et de suivi touchant les paramètres de qualité de l’eau, les installations de traitement des eaux usées et de gestion des eaux pluviales, et les répercussions des nutriments, des métaux lourds, des polluants pharmaceutiques et d’autres contaminants sur le méné camus. Enfin, il faut assurer une coopération et une coordination avec des partenaires états-uniens, par exemple l’US Fish and Wildlife Service dans l’État de New York et des chercheurs qui dirigent des projets dans le cadre du Fish Enhancement, Mitigation, and Research Fund, pour organiser des activités de suivi et de recherche axées sur le méné camus dans le fleuve Saint-Laurent.

Les modifications de l’habitat et la mauvaise qualité de l’eau (c’est-à-dire la charge sédimentaire/turbidité et la charge en nutriments) sont les 2 principales menaces qui pèsent sur le méné camus et qui peuvent avoir une incidence importante sur son potentiel de rétablissement. La communication et la coordination avec les conseils municipaux de planification et les Premières Nations augmenteront leur sensibilisation à l’habitat important du méné camus ainsi que la probabilité d’éviter d’autres répercussions négatives sur l’habitat de prédilection. À ce jour, la Municipalité de Chatham-Kent et la Ville de London ont intégré des directives sur les espèces en péril du MPO à leurs processus de planification.

Mesure de rétablissement 19 (atténuation des menaces) : Des activités d’intendance devraient être menées dans le cadre d’un effort de collaboration entre les organismes et les autorités responsables pour éliminer les facteurs de stress chez les populations de ménés camus dans le bassin versant. Bon nombre des menaces qui pèsent sur le méné camus sont liées à la perte et à la dégradation de l’habitat, qui touchent de nombreuses espèces aquatiques dépendant des milieux humides. Les stratégies des programmes de rétablissement axés sur l’écosystème, comme ceux visant la rivière Ausable et la région d’Essex-Érié, tiennent compte des besoins du méné camus à l’échelle du bassin. En plus des considérations propres aux espèces, ces programmes de rétablissement axés sur l’écosystème utilisent des stratégies à l’échelle du bassin pour améliorer les conditions environnementales, comme la qualité de l’eau, au profit du méné camus et d’autres espèces. Les projets de remise en état des milieux humides peuvent également constituer une avenue appropriée pour rétablir et améliorer les populations de ménés camus dans certaines localités. Par exemple, le projet du marais Crown dans la baie de la pointe Long vise la remise en état des bassins et des hémimarais dans les zones où les peuplements denses de roseau commun ont réduit la superficie mouillée et la diversité des macrophytes (Rook et al., 2016). Ce projet comprend le contrôle et l’enlèvement du roseau commun. À l’heure actuelle, la recherche sur l’efficacité de ces projets de remise en état est en cours, et il reste à déterminer quel type d’effet durable peut être attendu. Montgomery et al. (2020) considèrent les projets de remise en état des milieux humides comme le meilleur moyen de compenser la dette d’extinction dans plusieurs milieux humides de l’Ontario, dont 13 abritant le méné camus. Plus précisément, grâce à de tels projets, on pourrait s’assurer que la superficie d’habitat disponible dans 5 zones du marais Crown qui mesurent moins de 0,05 km2 d'habitat convenable soit supérieure à la SMPV prudente calculée par Velez-Espino et al. (2010).  

Les mesures d’intendance et d’amélioration de l’habitat (tableau 4) devraient être axées géographiquement sur la réduction des menaces les plus graves relevées dans les plans d’eau habités par le méné camus (voir le tableau 3 pour obtenir des renseignements sur les menaces).

Stratégie générale 4 : intendance et sensibilisation

Mesure de rétablissement 20 (activités d’amélioration de l’habitat et de réduction des menaces) : Des efforts à grande échelle pour améliorer la qualité de l’habitat sont nécessaires dans les bassins versants habités par le méné camus. Il s’agit d’une occasion de mobiliser les propriétaires fonciers, les collectivités locales, les Premières Nations et les conseils d’intendance sur les questions liées au rétablissement du méné camus, à la santé de l’environnement et des écosystèmes, à la protection de l’eau propre, à la gestion des nutriments, aux pratiques de gestion optimale (PGO), aux projets d’intendance et aux incitatifs financiers connexes. À cette fin, les équipes de rétablissement des écosystèmes de la rivière Ausable et de la région d’Essex‑Érié ont déjà mis en place des programmes et des activités d’intendance continus (mis en œuvre par de multiples organismes) qui profiteront au méné camus. La mise en œuvre des PGO sera grandement facilitée par les programmes d’intendance déjà établis. D’autres activités d’intendance seront coordonnées avec les organismes existants dans des secteurs non visés par les programmes axés sur les écosystèmes. Pour être efficaces, les PGO doivent être conçues pour répondre aux principales menaces pesant sur l’habitat essentiel. Les PGO mises en œuvre comprendront celles liées à l’établissement de zones tampons riveraines, à la conservation des sols, à l’amélioration des fosses septiques pour éviter le ruissellement des nutriments, à la gestion des troupeaux, à la gestion des nutriments et du fumier et au drainage par canalisations. Les plans agroenvironnementaux accordent la priorité à la mise en œuvre des PGO à l’échelle des fermes individuelles et sont souvent une condition préalable aux programmes de financement. Pour en savoir plus sur les PGO, veuillez consulter la série de fascicules « Les pratiques de gestion optimales » du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales. Les organismes d’intendance peuvent collaborer avec les ingénieurs en drainage pour améliorer et protéger les caractéristiques bénéfiques pour le méné camus en les intégrant dans un rapport de l’ingénieur rédigé aux termes de la Loi sur le drainage. Le guide d’intendance pour la ligne de côte du lac Huron (en anglais seulement) fournit aux propriétaires de chalets et de propriétés rurales non agricoles des outils semblables qui décrivent les PGO appropriées dans la région du lac Huron.

Mesure de rétablissement 21 (sensibilisation – prises accessoires) : En sensibilisant les pêcheurs de poissons-appâts au méné camus et à sa situation et en les aidant à identifier l’espèce, on augmenterait la probabilité que les pêcheurs remettent à l’eau les individus capturés accidentellement et évitent les secteurs où les densités de ménés camus semblent élevées. De plus, une meilleure capacité d’identification du méné camus dans la communauté des pêcheurs de poissons-appâts peut mener à la détection de cette espèce à des endroits où sa présence n’était pas connue auparavant. Dans le cadre des activités de sensibilisation, les pêcheurs recevraient une trousse d’information décrivant les principales caractéristiques d’identification, qui leur rappelleraient que les ménés camus doivent être relâchés immédiatement et qu’ils sont encouragés à signaler les nouvelles observations au bureau de district du MRNF de leur région et au MPO.

Mesure de rétablissement 22 (sensibilisation – introduction d’espèces envahissantes/de poissons-appâts) : La promotion de la sensibilisation du public aux répercussions des espèces envahissantes sur l’écosystème naturel et l’encouragerment d’utiliser des systèmes de signalement des espèces envahissantes existantspar la collaboration avec le MRNF, le MEPNPO et les organismes partenaires sera effectuée pour continuer d’informer les pêcheurs et leur rappeler qu’il est illégal de vider le contenu de leurs seaux à moins de 30 m d’un plan d’eau. Cela réduira le transport et le rejet d’espèces envahissantes (y compris les poissons-appâts) et empêchera leur établissement dans les zones habitées par le méné camus où elles ne sont pas déjà présentes.

Mesure de rétablissement 23 (sensibilisation – possibilités d’intendance et approches d’atténuation : Élaboration des documents et des programmes de sensibilisation et l’encouragement les propriétaires fonciers, les Premières Nations et le grand public à soutenir et à participer aux programmes locaux d’intendance et à mettre en œuvre des activités visant à restaurer et à protéger l’habitat sera nécessaire pour atteindre cette mesure de rétablissement. Les activités de sensibilisation peuvent comprendre la tenue de séances de sensibilisation et la fourniture de trousses pour informer le grand public et les Premières Nations des PGO qui peuvent être utilisées pour réduire les menaces à l’habitat essentiel. 

Mesure de rétablissement 24 (sensibilisation – programmes de financement) : Les programmes de sensibilisation vont être annoncés pour informer le publicqu’il peut y avoir des sources de financement disponibles pour les propriétaires fonciers, les Premières Nations et les groupes communautaires locaux participant à des activités d’intendance au profit des espèces en péril. Par exemple, le Programme d’intendance de l’habitat pour les espèces en péril fournit des fonds à des organismes gouvernementaux de l’environnement, comme les offices de protection de la nature, qui travaillent à la mise en œuvre de projets d’amélioration et de remise en état de l’habitat et de plans de servitude et de gestion agricole sur les terres privées, au profit des espèces en péril. De même, les groupes des Premières Nations peuvent financer des projets qui supportent la mise en eovure du rétablissement d’espèces en péril par l’entremise du Fonds autochtone pour les espèces en péril.

8 Habitat essentiel

8.1 Désignation de l’habitat essentiel du méné camus

8.1.1 Description générale de l’habitat essentiel du méné camus

Aux termes de la LEP, l’habitat essentiel est « l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». [paragraphe 2(1)]

De plus, la LEP définit l’habitat d’une espèce aquatique comme suit : « […] les frayères, aires d’alevinage, de croissance et d’alimentation et routes migratoires dont sa survie dépend, directement ou indirectement, ou aires où elle s’est déjà trouvée et où il est possible de la réintroduire ». [paragraphe 2(1)]

L’habitat essentiel du méné camus est désigné aussi précisément que possible, compte tenu de l’information actuellement accessible. Les fonctions et les éléments nécessaires pour assurer les processus du cycle vital de l’espèce et atteindre les objectifs en matière de population et de répartition sont également précisés.

Le présent programme de rétablissement désigne l’habitat essentiel du méné camus comme étant les zones de lacs, de cours d’eau et de chenaux stagnants à eaux claires et couvertes de végétation de la rivière Teeswater; du Chenal Old Ausable; du lac Mouth; du secteur Sainte-Claire de la réserve nationale de faune (RNF) de Sainte-Claire; du ruisseau Maxwell; du petit ruisseau Bear; de la baie de la pointe Long (y compris la RNF de la baie de la pointe Long)/du ruisseau Big (y compris la RNF du ruisseau Big); de la baie Wellers (y compris la RNF de la baie Wellers); du lac West; du lac East; de la baie Waupoos; de la rivière Trent; du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Gananoque dans le parc national des Mille-Îles – secteur de Gananoque; du fleuve Saint-Laurent dans le parc national des Mille-Îles – secteur de l’île Grenadier/Mallorytown Landing; du lac Saint-Laurent dans le fleuve Saint-Laurent.

C’est inconnu si l’habitat essentiel désigné dans ce présent programme de rétablissement modifié est suffisant pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition de l’espèce. Le calendrier des études (section 8.2) décrit les recherches requises pour acquérir plus d’information détaillée sur l’habitat essentiel nécéssaire pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition établis pour l’espèce.

8.1.2 Information et méthodes utilisées pour désigner l’habitat essentiel

À l’aide de la meilleure information accessible, l’habitat essentiel a été désigné au moyen de l’approche fondée sur la zone de délimitation pour les localités suivantes : rivière Teeswater, COA, lac Mouth, RNF de Sainte-Claire, ruisseau Maxwell, petit ruisseau Bear, baie de la pointe Long (y compris la RNF de la baie de la pointe Long)/ruisseau Big (y compris la RNF du ruisseau Big), baie Wellers (y compris la RNF de la baie Wellers), lac West, lac East, baie Waupoos, rivière Trent et fleuve Saint‑Laurent/parc national des Mille-Îles. D’autres zones d’habitat essentiel possibles se trouvent dans le secteur du lac Sainte-Claire/de l’île Walpole et seront prises en considération en collaboration avec la Première Nation de Walpole Island.

Dans cette approche, la « zone de délimitation » décrit les zones dans lesquelles la présence de l’espèce est connue (c’est-à-dire les zones où plusieurs adultes ou jeunes de l’année ont été capturés). Ces zones sont précisées davantage selon les fonctions, les éléments et les caractéristiques essentiels de chaque stade vital du méné camus afin de définir des parcelles d’habitat essentiel dans la zone de délimitation. Les renseignements sur l’habitat selon le stade vital ont été résumés sous forme de tableau à l’aide des données accessibles et des études mentionnées à la section 4.3. L’approche de la zone de délimitation était la plus appropriée, compte tenu du peu d’information disponible sur l’espèce et du manque de cartes détaillées de l’habitat pour ces zones. Lorsque de l’information sur l’habitat était accessible (par exemple, données bathymétriques), elle a servi à éclairer la désignation de l’habitat essentiel.

Pour toutes les localités dans des cours d’eau, l’habitat essentiel a été désigné selon l’approche de la zone de délimitation et précisé au moyen du Système d’inventaire du paysage aquatique (SIPA, version 1), un système de classification écologique (Stanfield et Kuyvenhoven, 2005). Le MRNF a conçu le SIPA pour définir des segments fluviaux en fonction de plusieurs caractéristiques uniques présentes seulement dans ces segments de vallée. Chaque segment de vallée est défini par un ensemble de variables du paysage qui régulent les processus biotiques et physiques dans les bassins versants. En conséquence, si l’on observe une population dans une partie de la classification écologique, on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’elle soit aussi présente dans d’autres zones adjacentes du même segment de vallée. L’habitat essentiel du méné camus a donc été désigné comme étant le tronçon fluvial qui comprend tous les segments SIPA contigus, allant du segment fluvial le plus en amont abritant l’espèce au segment fluvial le plus en aval abritant l’espèce. Différentes approches, décrites ci‑dessous, ont servi à désigner l’habitat essentiel dans la rivière Teeswater et le COA. Pour les localités dans des lacs, l’habitat essentiel est désigné selon l’approche de la « zone de délimitation », et, dans certains cas (essentiellement la baie de la pointe Long, baie Waupoos), il a été précisé à l’aide de données bathymétriques de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), comme il est décrit ci-dessous. Enfin, dans le cas de l’habitat essentiel du fleuve Saint‑Laurent et du parc national des Mille-Îles, une approche différente a été adoptée pour l’établissement de zones de délimitation, aussi décrite ci-dessous.

Rivière Teeswater : Dans la rivière Teeswater, le méné camus a été détecté dans le réservoir Cargill. Deux spécimens ont également été capturés en aval du réservoir, mais on n’en a pas tenu compte dans la désignation de l’habitat essentiel, car il est probable que ces spécimens proviennent du réservoir et qu’ils aient simplement été emportés par-dessus le barrage.

COA : Les données d’échantillonnage du COA ont été tirées de la base de données du MPO pour la période 1982-2010; des détections subséquentes ont eu lieu en 2012 et 2015. Ces populations ont fait l’objet d’échantillonnages à grande échelle, comparativement à d’autres populations de ménés camus canadiennes. De plus, l’Équipe de rétablissement de la rivière Ausable (ERRA) a effectué une analyse spatiale détaillée établissant un lien entre la présence de l’espèce et les conditions de l’habitat dans une partie du COA, analyse qui sert de base à la désignation de l’habitat essentiel au sein du COA.

Baie de la pointe Long et ruisseau Big (comté de Haldimand-Norfolk) : La courbe de niveau de 1 mNote de bas de page 6 a été utilisée pour délimiter la zone renfermant de l’habitat essentiel puisque la grande majorité des mentions proviennent de cette région peu profonde (1 seule mention, datant de 1947, se situe à l’extérieur de la courbe de niveau de 1 m). La zone renfermant de l’habitat essentiel s’étend jusqu’à la ligne des hautes eaux du lac Érié, soit à 174,62 m au‑dessus du niveau de la mer (Système de référence international des Grands Lacs de 1985). La ligne des hautes eaux peut aller jusqu’à des endroits asséchés par de faibles niveaux d’eau et jusqu’à des niveaux plus élevés où se trouvent des milieux humides côtiers et où la fonction d’habitat est reliée au lac Érié.

Baie Waupoos : La courbe de niveau de 2 m a été utilisée pour désigner la zone renfermant de l’habitat essentiel puisque toutes les mentions se trouvaient dans cette courbe.

Fleuve Saint-Laurent : La première mention du méné camus dans le fleuve Saint-Laurent date de 1935 et provient d’un quai de Gananoque, tandis que la plus récente mention date de 2018. Une autre mention de l’espèce provenant de la rivière Gananoque (affluent du fleuve) date de 1935, et une plus récente, de 2013. La mention de 1935 provenait d’un endroit à un peu plus de 1 km en amont du confluent avec le fleuve Saint-Laurent. Toutefois, un barrage situé juste au nord de l’autoroute 2 sépare cette mention de 2 spécimens capturés en aval en 2013 ainsi que des mentions provenant du Saint-Laurent. Pour cette raison, la désignation de l’habitat essentiel dans la rivière Gananoque a seulement été faite jusqu’au barrage en amont de l’autoroute 2. Les populations historiques se trouvant en amont du barrage ont été examinées séparément de la population du Saint-Laurent. Compte tenu du fait qu’aucun méné camus n’a été détecté en amont du barrage depuis 1935, de l’habitat essentiel additionnel n’a pas été désigné dans la rivière Gananoque. L’habitat essentiel dans l’ensemble du fleuve Saint‑Laurent a été désigné au moyen d’une approche spécifique fondée sur la « zone de délimitation », puis précisé d’après les mentions de détection de l’espèce, l’effort d’échantillonnage, la bathymétrie et les données sur la ligne des hautes eaux. Une enveloppe de l’aire de répartition de la population est un rectangle projeté autour des points d’occurrence en fonction des valeurs minimales et maximales de latitude et de longitude. On ajoute ensuite au rectangle une zone tampon qui correspond à 10 % des valeurs minimales et maximales de latitude et de longitude de tous les points d’occurrence. Dans le rectangle projeté, la zone renfermant de l’habitat essentiel a été précisé davantage à l’aide de données bathymétriques générées par le MPO de manière à exclure les zones de plus de 2 m de profondeur. Vu l’échelle et la taille du cours supérieur du Saint-Laurent, 4 zones de délimitation distinctes ont été désignées dans des zones d’une profondeur égale ou inférieure à 2 m, où un nombre élevé de ménés camus ont été détectés de façon constante. Dans certains cas, ces zones de délimitation comprennent des zones se trouvant entre des mentions où l’échantillonnage a été insuffisant, ce qui empêche de les considérer comme inoccupées (par exemple, sections de la zone de délimitation du lac Saint‑Laurent).

8.1.3 Viabilité de la population

Des comparaisons de la superficie de l’habitat essentiel désigné de chaque population ont été faites au moyen d’estimations des besoins spatiaux pour une taille de population minimale viable (PMV). La superficie minimale pour une population viable (SMPV) du méné camus a été estimée pour les populations canadiennes fluviales (cours d’eau) et lacustres (lac). La SMPV est définie comme étant la quantité d’habitat exclusif et convenable nécessaire pour atteindre un objectif de rétablissement démographique viable fondé sur le concept de taille de PMV (Vélez-Espino et al., 2008). La PMV estimée pour les adultes et jeunes de l’année du méné camus est de 1 929 et de 165 810, respectivement, selon un scénario de modélisation avec probabilité de 5 % de déclin catastrophique (50 %), et elle est de 14 325 et de 1 231 327, respectivement, selon une probabilité de 10 % de déclin catastrophique (Venturelli et al., 2010). La SMPV du méné camus a été estimée à 1,52 ha dans les cours d’eau et à 5,04 ha dans les les lacs, d’après l’estimation de la PMV plus prudente de 14 325 adultes (Venturelli et al., 2010). Les valeurs de la SMPV sont quelque peu prudentes en ce sens qu’elles représentent la somme des besoins en matière d’habitat calculés pour tous les stades du cycle vital du méné camus; ces chiffres ne tiennent pas compte du risque de chevauchement des divers stades vitaux dans l’habitat et peuvent surestimer la superficie nécessaire pour soutenir une PMV. Toutefois, puisque bon nombre de ces populations se trouvent dans des zones d’habitat dégradé (la SMPV suppose que la qualité de l’habitat est optimale), des zones plus grandes que la SMPV pourraient être nécessaires pour soutenir une PMV. De plus, pour de nombreuses populations, il est probable qu’une partie seulement de l’habitat désigné comme étant habitat essentiel satisferait aux besoins fonctionnels des divers stades vitaux de l’espèce. Pour en savoir plus sur la PMV et la SMPV et la méthodologie connexe, veuillez consulter Venturelli et al. (2010).

8.1.4 Désignation de l’habitat essentiel

Information géographique : À l’aide de la meilleure information accessible, l’habitat essentiel des populations de ménés camus a été désigné dans les cours d’eau suivants :

À l’avenir, de nouveaux renseignements pourraient permettre la désignation de nouvelles zones ou clarifier la description des fonctions. Les zones d’habitat essentiel désignées de certaines localités peuvent chevaucher l’habitat essentiel désigné d’autres espèces en péril cooccurrentes; toutefois, les besoins spécifiques en matière d’habitat dans ces zones peuvent varier selon les espèces.

Les zones délimitées sur les cartes suivantes (figures 4 à 13) représentent la zone renfermant de l’habitat essentiel dans les cours d’eau et plans d’eau susmentionnés. Selon l’approche de la zone de délimitation, l’habitat essentiel n’est pas composé de toutes les zones situées à l’intérieur des limites établies, mais seulement des zones où sont présents les éléments/caractéristiques précisés qui peuvent soutenir une ou plusieurs fonctions de l’habitat (voir le tableau 6). Il est à noter que les structures anthropiques permanentes susceptibles d’être présentes dans les zones délimitées (par exemple, marinas, chenaux de navigation) sont expressément exclues (à moins que lesdites structures maintiennent de l’habitat essentiel); il est entendu que l’entretien ou le remplacement de ces structures peut être nécessaire de temps à autreNote de bas de page 7. De brèves explications sur les zones désignées comme habitat essentiel sont fournies ci-dessous.

Rivière Teeswater : Dans cette rivière, la zone d’habitat essentiel a été désignée comme étant le tronçon entre le barrage du réservoir Cargill et l’extrémité du premier segment du SIPA, en amont du réservoir (figure 4). Ce tronçon comprend l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus dans le réservoir Cargill ainsi que le premier segment du SIPA en amont. Elle représente un tronçon de la rivière d’environ 1,4 km de long et a une superficie approximative de 0,014 km2. La limite géospatiale de l’habitat essentiel comprend le chenal actif ou la largeur de débordement.

COA : Dans le chenal, la zone d’habitat essentiel a été désignée comme étant le tronçon entre l’embouchure du chenal vers la rivière Ausable et son extrémité près de Grand Bend, en amont (figure 5). La plus grande partie de ce tronçon se trouve à l’intérieur des limites du parc provincial Pinery. Elle mesure environ 13 km, qui couvre une superficie de 0,61 km2. La limite géospatiale de l’habitat essentiel comprend le chenal actif ou la largeur de débordement.

Lac Mouth : Dans ce lac, la zone d’habitat essentiel est désignée comme étant l’ensemble du lac (figure 6) et a une superficie d’environ 0,05 km2. La limite géospatiale de l’habitat essentiel comprend les eaux et les milieux humides contigus, jusqu’à la ligne des hautes eaux.

Secteur Sainte-Claire de la RNF de Sainte-Claire : La zone d’habitat essentiel a été désignée comme étant les eaux et les milieux humides contigus (à l’exclusion des milieux secs en permanence), jusqu’à la ligne des hautes eaux, de tout le marais endigué situé dans la partie ouest (figure 7). Cette zone a une superficie d’environ 1,24 km2. La limite géospatiale de l’habitat essentiel comprend les eaux et les milieux humides contigus, jusqu’à la ligne des hautes eaux.

Ruisseau Maxwell : La zone d’habitat essentiel a été désignée comme étant le tronçon entre l’embouchure du petit ruisseau Bear au Chenail Écarté et un point situé à environ 7 km en amont, où le ruisseau croise le rue Fraser. La zone représente un tronçon fluvial qui couvre une superficie de 0,42 km2.

Petit ruisseau Bear : La zone d’habitat essentiel a été désignée comme étant le tronçon entre l’embouchure du petit ruisseau Bear au Chenail Écarté et un point situé à environ 2,4 km en amont du Centre Side Road, au nord-ouest d’Appledore (figure 8). Cette zone comprend tous les segments contigus du SIPA allant du segment de ruisseau le plus en amont et an aval de l’espèce au segment de ruisseau qui renfermel’espèce. Elle représente un tronçon fluvial d’une longueur d’environ 22 km et qui couvre une superficie de 0,42 km2. La limite géospatiale de l’habitat essentiel comprend le chenal actif/de débordement, qui correspond souvent au niveau de la période de retour du débit de crue de un à deux ans. Il est à noter que le petit ruisseau Bear est désigné comme un drain municipal en vertu de la Loi sur le drainage de l’Ontario.

Baie de la pointe Long/ruisseau Big : La zone d’habitat essentiel a été désignée comme étant les eaux et les milieux humides contigus du ruisseau Big et de la baie de la pointe Long. Dans la baie de la pointe Long, cette zone s’étend de la ligne de hautes eaux jusqu’à la courbe de niveau de 1 m (figure 9a). Dans le ruisseau Big, la zone comprend l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus allant de la route sur digue jusqu’au secteur du ruisseau Big de la RNF du Ruisseau‑Big, inclusivement, à l’exception de l’habitat contenu dans la cellule intérieure endiguée de la RNF (figure 9b). Cette zone comprend également tous les milieux humides contigus au nord du ruisseau Big et les 2 premiers segments contigus du SIPA du ruisseau Big, jusqu’au Concession A Road. La zone s’étend jusqu’à la ligne des hautes eaux du lac Érié, soit à 174,62 m au-dessus du niveau de la mer (Système de référence international des Grands Lacs de 1985). La ligne des hautes eaux peut s’étendre jusqu’à des endroits asséchés par de faibles niveaux d’eau et jusqu’à des niveaux plus élevés où se trouvent des milieux humides côtiers et où la fonction d’habitat est reliée au lac Érié. Au total, 97,84 km2 ont été désignés dans la baie de la pointe Long/le ruisseau Big, soit 92,84 km2 dans la baie de la pointe Long, 5,28 km2 dans la RNF du Ruisseau‑Big et 0,44 km2 dans le ruisseau Big.

Rivière Trent : La d’habitat essentiel commence en amont de l’écluse 3 de la voie navigable Trent Severn, au barrage de la centrale Glen Miller, et se termine en amont à l’écluse 7, au barrage Glenn Ross (figure 10). Cette zone comprend tous les segments contigus du SIPA allant du segment fluvial le plus en amont et en aval qui renfermant l’espèce au segment fluvial. Elle représente un tronçon d’environ 17 km. La limite géospatiale de l’habitat essentiel comprend le chenal actif/de débordement.

Baie Wellers : La d’habitat essentiel a été désignée comme étant l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus de la baie Wellers jusqu’à la ligne des hautes eaux du lac Ontario, soit 75,32 m au-dessus du niveau de la mer (Système de référence international des Grands Lacs de 1985). Elle comprend toutes les terres occasionnellement exposées de la RNF de la Baie‑Wellers se trouvant entre la ligne des hautes eaux (à 75,32 m au-dessus du niveau de la mer) et le bord de l’eau de la baie Wellers, qui forme la limite de la RNF de la Baie-Wellers et qui varie selon les fluctuations du niveau d’eau du lac Ontario). Le chenal entretenu et dragué à l’extrémité nord-ouest de la baie Wellers, qui fournit le seul accès à l’eau de la baie Wellers, n’est pas compris dans cette description (figure 11). La ligne des hautes eaux peut aller jusqu’à des endroits asséchés par de faibles niveaux d’eau et jusqu’à des niveaux plus élevés où se trouvent des milieux humides côtiers et où la fonction d’habitat est reliée au lac Ontario. Cette zone mesure environ 19 km2.

Lac West et lac East : La zone d’habitat essentiel a été désignée comme étant l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus du lac West et du lac East, jusqu’à la ligne des hautes eaux du lac Ontario, soit 75,32 m au-dessus du niveau de la mer (Système de référence international des Grands Lacs de 1985). La ligne des hautes eaux peut aller jusqu’à des endroits asséchés par de faibles niveaux d’eau et jusqu’à des niveaux plus élevés où se trouvent des milieux humides côtiers et où la fonction d’habitat est reliée au lac Ontario. La zone comprend le ruisseau qui s’écoule dans le lac West en amont de la jonction avec le Wesley Acres Road ainsi que le ruisseau qui s’écoule dans le lac West en amont de la jonction avec l’autoroute 12. La zone renfermant de l’habitat essentiel dans le lac West a une superficie d’environ 19 km2. Celle dans le lac East comprend également le ruisseau qui se jette dans le lac en aval de l’autoroute 10; elle mesure environ 31 km2.

Baie Waupoos : La zone d’habitat essentiel a été désignée comme étant l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus de la baie Waupoos, jusqu’à la ligne des hautes eaux du lac Ontario, soit 75,32 m au-dessus du niveau de la mer (Système de référence international des Grands Lacs de 1985) et jusqu’à la courbe de niveau de 2 m. La ligne des hautes eaux peut aller jusqu’à des endroits asséchés par de faibles niveaux d’eau et jusqu’à des niveaux plus élevés où se trouvent des milieux humides côtiers et où la fonction d’habitat est reliée au lac Ontario. Cette zone mesure environ 1,6 km2.

Fleuve Saint-Laurent et rivière Gananoque – parc national des Mille-Îles (secteur Gananoque) : Un total de 2 zones de délimitation ont été utilisées pour désigner l’habitat essentiel dans ce secteur précis. La première zone de délimitation, qui se trouve principalement de l’île Bostwick, renferme plusieurs îles, appelées îles Admiralty, notamment : île Mermaid, île Anchorage, île Botswick, île Black Duck, île Hemlock, île Hale, île Bluff, île Minota, île Manitouana, île Beaurivage, île Lindsay, île Sagistawika, île McDonald, île Rockland, île Idlewyld, île Stonethrow, île Towers, île Pitchpine, île Burnt, île Mudlunta, île Lemon, île Ynyscrag, île Eaglescrag, île Moneysunk, île Polaris, île Forsyth, île Sampson, île Big White Calf, île Pike, île Sisters et île 6. La zone renfermant de l’habitat essentiel comprend l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus, jusqu’à la courbe de niveau de 2 m et jusqu’à la ligne des hautes eaux du lac Ontario, soit 75,32 m au-dessus du niveau de la mer (Système de référence international des Grands Lacs de 1985). La ligne des hautes eaux peut aller jusqu’à des endroits asséchés par de faibles niveaux d’eau et jusqu’à des niveaux plus élevés où se trouvent des milieux humides côtiers et où la fonction d’habitat est reliée au lac Ontario. De plus, cette zone de délimitation comprend également l’habitat essentiel de la rivière Gananoque qui s’étend depuis les berges du fleuve Saint-Laurent où les 2 cours d’eau convergent jusqu’au premier obstacle, c’est-à-dire un barrage, à environ 150 m en amont de l’autoroute 2. Un total de 1,42 km2 a été désigné en tant qu’habitat essentiel dans la première zone de délimitation.

La deuxième zone de délimitation, qui se trouve principalement autour de l’île Stave, comprend d’autres îles, qu’on appelle îles Fleet, notamment : île Endymion, île Sundown, île Astounder, île Axeman, île Sugar, île du Prince-Régent, île de la Princesse-Charlotte, île Stave, île Hickey et île Curtis. La zone renfermant de l’habitat essentiel comprend l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus, jusqu’à la courbe de niveau de 2 m et jusqu’à la ligne des hautes eaux du lac Ontario, soit 75,32 m au‑dessus du niveau de la mer (Système de référence international des Grands Lacs de 1985). La ligne des hautes eaux peut aller jusqu’à des endroits asséchés par de faibles niveaux d’eau et jusqu’à des niveaux plus élevés où se trouvent des milieux humides côtiers et où la fonction d’habitat est reliée au lac Ontario. Un total de 0,53 km2 a été désigné en tant qu’habitat essentiel dans la deuxième zone de délimitation. Au total, 1,94 km2 d’habitat essentiel a été désigné dans le secteur de Gananoque (les 2 zones de délimitation combinées) (figure 14a).

Fleuve Saint-Laurent : parc national des Mille-Îles (secteur de l’île Grenadier/Mallorytown Landing) : La zone d’habitat essentiel renferme le littoral de la zone continentale, depuis la région de Rockport jusqu’à un point en aval de Mallorytown Landing, ce qui comprend la baie Thompson, où l’on sait que le méné camus est présent en abondance relativement élevée. De plus, la zone de délimitation comprend les îles Tar et Grenadier ainsi que plusieurs petites îles, notamment : île Doctor, petite île Grenadier, île Baby Tar, île Buck, île Duck, île Van Buren, île O’Neal, île Goose, île Berry, île Grassy Point, île Indian, île Chichester, île Jeroy, île Poole, île Broadbill, île Twin, île Bobs, île Corn, petites îles Corn, île Grape, île Marsh, île Peel, île Robert, île Bagot, île Rough, île Adelaide, île St. Helena, île Dromedary, île Cook, île Harrowsmith, île Long Schooner, île Pilot, île Willoughby, île Poverty, île Round, île Slim, île Bloomfield, île Hooper et Shanty. La zone renfermant de l’habitat essentiel comprend l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus, jusqu’à la courbe de niveau de 2 m et jusqu’à la ligne des hautes eaux du lac Ontario, soit 75,32 m au‑dessus du niveau de la mer (Système de référence international des Grands Lacs de 1985). La ligne des hautes eaux peut aller jusqu’à des endroits asséchés par de faibles niveaux d’eau et jusqu’à des niveaux plus élevés où se trouvent des milieux humides côtiers et où la fonction d’habitat est reliée au lac Ontario (figure 14b).

Fleuve Saint-Laurent – lac Saint-Laurent : La zone d’habitat essentiel comprend l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus, jusqu’à la courbe de niveau de 2 m et jusqu’à la ligne des hautes eaux du lac Ontario, soit 75,32 m au-dessus du niveau de la mer (Système de référence international des Grands Lacs de 1985). La ligne des hautes eaux peut aller jusqu’à des endroits asséchés par de faibles niveaux d’eau et jusqu’à des niveaux plus élevés où se trouvent des milieux humides côtiers et où la fonction d’habitat est reliée au lac Ontario. La zone renfermant de l’habitat essentiel s’étend vers l’aval depuis un point près de Morrisburg, sur la berge aval du ruisseau Hoasic, à son confluent avec le fleuve Saint-Laurent, à côté de l’île Broder, jusqu’au barrage hydroélectrique Moses-Saunders (figure 14c).

Le tableau 6 présente les coordonnées géographiques situant les limites à l’intérieur desquelles se trouve de l’habitat essentiel du méné camus; ces points sont indiqués aux figures 4 à 14c.

Tableau 6. Coordonnées situant les limites à l’intérieur desquelles se trouve de l’habitat essentiel du méné camus au Canada.
Localité Point 1 Point 2 Point 3 Point 4 Point 5 Point 6 Point 7
Rivière Teeswater 44°11’38,375”N
-81°15’00,491”O
44°11’05,408”N
-81°15’17,197”O
- - - - -
Chenal Old Ausable 43°18’34,733”N
-81°45’45,389”O
43°13’55,870”N
-81°52’38,918”O
- - - - -
Lac Mouth 43°13’40,645”N
-81°55’06,233”O
43°13’39,171”N
-81°54’55,971”O
43°13’32,017”N
-81°55’14,881”O
43°13’33,912”N
-81°55’25,150”O
- - -
Secteur Sainte-Claire de la réserve nationale de faune (RNF) de Sainte-Claire 42°22’12,836”N
-82°24’51,233”O
42°22’51,515”N
-82°23’53,110”O
42°21’29,884”N
-82°24’13,856”O
42°22’02,967”N
-82°24’54,9476”O
- - -
Ruisseau Maxwell 42°31’53,342”N
-82°24’ 6,692”O
42°32’36,276”N
-82°19’38,348”O
- - - - -
Petit ruisseau Bear 42°32’27,274”N
-82° 12’ 0,855”O
42°31’ 52,887’’N
-82° 24’ 7,217”O
- - - - -
Baie de la pointe Long (y compris la RNF de la pointe Long) 42°41’04,199”N
-80°19’45,480”O
42°33’02,752”N
-80°02’29,918”O
42°34’42,274”N
-80°26’21,217”O
42°36’30,667”N
-80°27’30,951”O
- - -
Ruisseau Big (y compris la RNF du ruisseau Big) 42°36’12,992”N
-80°30’ 5,314”O
42°36’25,938”N
-80°27’31,782”O
42°34’40,366”N
-80°26’08,907”O
42°34’27,839”N
-80°28’08,040”O
- - -
Rivière Trent 44° 8’ 59,24"N
-77° 34’ 50,54"O
44° 15’ 48,32"N
-77° 36’ 9,31"O
- - - - -
Baie Wellers (y compris de RNF de la baie Wellers) 44°01’52,300”N
-77°38’08,447”O
44°02’32,020”N
-77°35’29,574”O
43°59’58,652”N
-77°30’51,872”O
43°58’36,512”N
-77°34’19,848”O
- - -
Lac West 43°57’16,035”N
-77°20’36,573”O
43°58’26,131”N
-77°14’47,864”O
43°57’49,185”N
-77°13’54,911”O
43°54’28,570”N
-77°16’28,219”O
- - -
Lac East 43°54’37,237”N
-77°14’18,218”O
43°57’06,953”N
-77°09’40,875”O
43°56’18,008”N
-77°09’17,032”O
43°53’06,459”N
-77°12’38,151”O
- - -
Baie Waupoos 44°00’03,372”N
-77°01’24,602”O
44°00’24,216”N
-76°58’53,033”O
43°59’13,900”N
-76°59’58,884”O
43°58’45,592”N
-77°02’00,516”O
- - -
Fleuve Saint-Laurent (secteur de l’île Bostwick) 44°19’33,118”N
-76° 9’21,095”O
44°18’29,913”N
-76° 9’31,022”O
44°17’33,719”N
-76°10’38,997”O
44°17’36,162”N
-76°11’23,042”O
44°18’12,294”N
-76°11’26,069”O
44°19’42,406”N
-76° 9’58,152”O
-
Fleuve Saint-Laurent (secteur de l’île Stave) 44°20’35,249”N
-76° 4’12,106”O
44°20’31,704”N
-76° 3’55,519”O
44°19’47,178”N
-76° 4’ 2,854”O
44°18’28,501”N
-76° 5’10,592”O
44°18’ 4,051”N
-76° 5’46,939”O
44°18’ 0,220”N
-76° 6’22,427”O
44°19’18,339”N
-76° 6’ 7,161”O
Fleuve Saint-Laurent (secteur de l’île Grenadier) 44°28’17,320”N
-75°50’18,899”O
44°27’56,059”N
-75°48’44,730”O
44°25’ 6,513”N
-75°50’23,217”O
44°23’ 0,700”N
-75°53’21,128”O
44°22’42,316”N
-75°55’59,004”O
44°23’34,633”N
-75°55’53,037”O
-
Fleuve Saint-Laurent (lac Saint-Laurent) 44°53’59,508”N
-75° 9’22,197”O
44°54’ 7,623”N
-75° 9’47,567”O
44°55’25,092”N
-75° 8’26,274”O
45° 1’32,205”N
-74°57’14,464”O
45° 1’58,889”N
-74°49’56,360”O
45° 1’40,808”N
-74°47’38,742”O
45° 0’33,136”N
-74°47’24,712”O
Fonctions, éléments et caractéristiques biophysiques

Le tableau 7 présente un résumé de la meilleure information accessible sur les fonctions, les éléments et les caractéristiques de chaque stade du cycle vital du méné camus (se reporter à la section 4.3). Il est à noter qu’il n’est pas nécessaire que toutes les caractéristiques du tableau 7 soient présentes pour pouvoir désigner un élément en tant qu’habitat essentiel. Si un élément décrit au tableau 7 est présent et qu’il est en mesure de soutenir la ou les fonctions connexes, alors il est considéré comme étant de l’habitat essentiel pour l’espèce, et ce, même si certaines des caractéristiques associées peuvent se situer hors des limites indiquées dans le tableau 7.

Tableau 7. Résumé général des fonctions, des éléments et des caractéristiques biophysiques, et emplacement de l’habitat essentiel nécessaire à la survie ou au rétablissement du méné camus.
Stade vital Fonctiona Élémentb Caractéristiquec
De la fraie au stade de l’embryon Fraie (probable-ment de la mi-mai à juillet)
Alevinage
Zones qui soutiennent la végétation aquatique selon la saison
  • Eaux peu profondes (< 2 m de profondeur), calmes et clairesd
  • Dense végétation immergée
  • Mélange de limon, de sable et parfois de gravier
  • Eaux chaudes (la fraie a généralement lieu à une température variant de 21 à 29 °C)
Jeune de l’année Alimentation
Couvert
Zones qui soutiennent la végétation aquatique selon la saison
  • Eaux claires et peu profondes (< 2 m de profondeur)
  • Forte végétation (par exemple, vallisnérie d’Amérique, potamots et naïades)
Adulte (à partir de 1 an [début de la maturité sexuelle]) Alimentation
Couvert
Zones qui soutiennent la végétation aquatique selon la saison
  • Eaux peu profondes (< 3 m de profondeure), calmes et claires
  • Baies à faible pente
  • Végétation enracinée abondante, en particulier la charagne commune
  • Mélange de limon, de sable et parfois de gravier

a. Fonction : processus du cycle vital de l’espèce inscrite qui se déroule dans l’habitat essentiel (fraie, croissance, alevinage, alimentation et migration).

b. Élément : composante structurelle essentielle qui soutient la ou les fonctions requises pour répondre aux besoins de l’espèce. Les éléments sont généralement composés d’une ou de plusieurs caractéristiques. Une modification ou une perturbation de l’élément ou de l’une de ses caractéristiques peut avoir une incidence sur la ou les fonctions et leur capacité à répondre aux besoins biologiques de l’espèce.

c. Caractéristique : propriété ou paramètre mesurable d’un élément. Les caractéristiques décrivent comment les éléments définis soutiennent les fonctions nécessaires aux processus du cycle vital de l’espèce.

d. Cela comprend les superficies mouillées saisonnières.

e. Il est à noter qu’une profondeur inférieure à 3 m s’applique à chaque localité, sauf indication contraire. La courbe de niveau de 1 m est utilisée pour délimiter l’habitat essentiel dans la baie de la pointe Long, et la courbe de niveau de 2 m, dans la baie Waupoos et le fleuve Saint-Laurent. Il en est ainsi parce que le les lieux d’occurrence du méné camus et les caractéristiques de l’habitat essentiel peuvent différer dans ces localités.

Les études visant à approfondir les connaissances sur les fonctions, les éléments et les caractéristiques essentiels aux divers stades du cycle vital du méné camus sont décrites à la section 8.2.

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Figure 4. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans la rivière Teeswater, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 4 est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans la rivière Teeswater. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties et les milieux humides. Un autre encadré montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Ontario et le lac Érié, et une partie des États-Unis. Un point en Ontario à l'est du lac Huron indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans la rivière Teeswater, par rapport au lac Huron et au lac Érié.

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Figure 5. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans le Chenal Old Ausable, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 5 est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans le chenal Old Ausable. Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Ontario, le lac Érié et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire adjacente au lac Huron indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans le chenal Old Ausable, par rapport au lac Huron, au lac Érié et au lac Ontario. Un autre encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et en relation avec l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties, les parcs et les milieux humides.

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Figure 6. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans le lac Mouth, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 6 est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été détecté (lac Mouth). Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Huron et le lac Érié. Une zone rectangulaire adjacente au lac Huron indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans le lac Mouth, par rapport au lac Huron et au lac Érié. Un autre encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties et les milieux humides.

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Figure 7. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans la réserve nationale de faune (RNF) de Sainte-Claire, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 7 est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans la réserve nationale de faune de Sainte-Claire. Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Érié et le lac Sainte-Claire, et une partie des États-Unis. Une petite zone rectangulaire adjacente au lac Sainte-Claire indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans la réserve nationale de faune de Sainte-Claire, par rapport au lac Huron et au lac Érié. Un autre encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les milieux humides dans la réserve nationale de faune de Sainte-Claire.

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Figure 8. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans le ruisseau Maxwell et le petit ruisseau Bear, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 8 est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans les ruisseau Maxwell et petit ruisseau Bear). Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Érié, le lac Ontario, le lac Sainte-Claire et une partie des États-Unis. Une petite zone rectangulaire adjacente au lac Sainte-Claire indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans le ruisseau Maxwell et petit ruisseau Bear, par rapport au lac Huron et au lac Érié. Un autre encart contient une légende qui  indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties, les milieux humides et les zones des Premières Nations et l'unité ruisseau Bear de la réserve nationale de faune de Sainte-Claire, par rapport à Maxwell Creek et le petit ruisseau Bear.

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Figure 9a. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans la baie de la pointe Long, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 9a est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans la baie de Long Point. Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Érié et le lac Ontario, et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire sur le lac Érié indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans la baie de Long Point, par rapport au reste du lac Érié, du lac Huron et du lac Ontario. Un autre encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et en relation à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties, les milieux humides et les parcs par rapport à la baie Long de Point. La légende indique également les contours de l'unité Ruisseau-Big de la réserve nationale de faune du Ruisseau-Big, de l'unité de Thoroughfare Point et de l'unité de Long Point de la réserve nationale de faune de Long Point, par rapport à l'habitat essentiel dans la baie de Long Point.

Voir le description longue
Figure 9b. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans le ruisseau Big, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 9b est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans le ruisseau-Big. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et en relation à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties, les milieux humides et les parcs par rapport au ruisseau-Big. La légende indique également les contours de l'unité Hahn et de l'unité Ruisseau-Big de la réserve nationale de faune du Ruisseau-Big, par rapport à l'habitat essentiel du Ruisseau-Big. Un autre encadré montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Huron, le lac Érié, le lac Ontario et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire sur le lac Érié indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans le ruisseau-Big, par rapport au reste du lac Érié, du lac Huron et du lac Ontario.

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Figure 10. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans la rivière Trent, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 10 est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans la rivière Trent. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties et les milieux humides par rapport à la rivière Trent. Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie des provinces de l'Ontario et du Québec, indiquant le lac Ontario, le fleuve Saint-Laurent et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire au nord du lac Ontario indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans la rivière Trent, par rapport au reste du lac Ontario.

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Figure 11. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans la baie Wellers, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 11 est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans la baie Wellers. Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Ontario et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire au nord du lac Ontario indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans la baie Wellers, par rapport au reste du lac Ontario. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties, les milieux humides et les parcs par rapport à la baie Wellers. La légende indique également les contours de la réserve nationale de faune de la baie Wellers, qui est entièrement contenue dans l'habitat essentiel désigné de la baie Wellers.

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Figure 12. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans le lac West et le lac East, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 12 est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été designe dans les lacs West et East. Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Ontario, le lac Érié et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire au nord du lac Ontario indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans le lac de l'Ouest et le lac de l'Est, par rapport au reste du lac Ontario. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties, les milieux humides et les parcs par rapport au lac West et au lac East.

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Figure 13. Zone renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans la baie Waupoos, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 13 est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans la baie Waupoos. Un encart dans le coin supérieur gauche de la carte montre une vue de haut niveau d'une partie de la province de l'Ontario, indiquant le lac Ontario et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire au nord du lac Ontario indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans la baie Waupoos, par rapport au reste du lac Ontario. Un encart dans le coin supérieur droit de la carte contient une légende qui, par divers symboles, indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties et les milieux humides par rapport à la baie Waupoos.

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Figure 14a. Zones renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans le fleuve Saint-Laurent et la rivière Gananoque, dans le parc national des Mille-Îles, y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 14a est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans le fleuve Sainte-Laurent et la rivière Gananoque dans le parc national des Mille-Îles. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties et humides par rapport au fleuve Saint-Laurent et à la rivière Gananoque dans le parc national des Mille-Îles. Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie des provinces de l'Ontario et du Québec, indiquant le lac Ontario, le fleuve Saint-Laurent et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire au nord-est du lac Ontario indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans le fleuve Saint-Laurent et la rivière Gananoque dans le parc national des Mille-Îles, par rapport au reste du lac Ontario.

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Figure 14b. Zones renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans le fleuve Saint-Laurent, dans le parc national des Mille-Îles (secteur de l’île Grenadier/Mallorytown Landing), y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 14b est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans le parc national de fleuve Saint-Laurent –Mille-Îles (île Grenadier/zone de Mallorytown Landing). Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties et les milieux humides par rapport au parc national du fleuve Saint-Laurent – Mille-Îles (île Grenadier/zone de Mallorytown Landing). Une vue de haut niveau d'une partie des provinces de l'Ontario et du Québec, indiquant le lac Ontario, le fleuve Saint-Laurent et une partie des États-Unis est montré. Une zone rectangulaire au nord-est du lac Ontario indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans le parc national du fleuve Saint-Laurent – Mille-Îles (île Grenadier/zone Mallorytown Landing) par rapport au reste du fleuve Saint-Laurent.

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Figure 14c. Zones renfermant de l’habitat essentiel du méné camus dans le fleuve Saint-Laurent, entre Morrisburg et Cornwall (lac Saint-Laurent), y compris les points délimitant la répartition des mentions ainsi que les lieux d’échantillonnage.
Description longue

La figure 14c est une carte qui illustre où l’habitat essentiel du méné camus a été désigné dans le fleuve Saint-Laurent entre Morrisburg et Cornwall. Un encart contient une légende qui indique les points permettant de situer la répartition du méné camus sur diverses périodes (2010 à 2020, 2001 à 2009, historique [avant 2001]) et par rapport à l’échantillonnage de poisson en Ontario (1848-2020). La légende indique également des points et des ombres pour localiser les zones dans lesquelles se trouve l'habitat essentiel, ainsi que les zones bâties, les milieux humides et les zones des Premières Nations par rapport au fleuve Saint-Laurent entre Morrisburg et Cornwall. Un encart montre une vue de haut niveau d'une partie des provinces de l'Ontario et du Québec, indiquant le lac Ontario, le fleuve Saint-Laurent et une partie des États-Unis. Une zone rectangulaire au nord-est du lac Ontario indique où se trouve l'habitat essentiel du méné camus dans le fleuve Saint-Laurent entre Morrisburg et Cornwall, par rapport au reste du fleuve Saint-Laurent.

Résumé de l’habitat essentiel par rapport aux objectifs en matière de population et de répartition

Les habitats définis dans le tableau 6 représentent l’habitat essentiel, sur la base de la meilleure information accessible à l’heure actuelle, que la ministre des Pêches et des Océans considère comme nécessaires pour atteindre en partie les objectifs en matière de population et de répartition, dont dépendent la survie et le rétablissement de l’espèce. De l’habitat essentiel additionnel pourrait être désigné dans de futures mises à jour du programme de rétablissement. La zone renfermant de l’habitat essentiel de chaque population a été comparée à la SMPV estimée pour le méné camus au Canada (tableau 8). Il convient de noter que, pour certaines populations, il est probable qu’une partie seulement de l’habitat désigné comme étant de l’habitat essentiel satisferait aux besoins fonctionnels en matière d’habitat des divers stades du cycle vital de l’espèce. De plus, puisque ces populations se trouvent dans des zones d’habitat dégradé (la SMPV suppose que la qualité de l’habitat est optimale), des zones plus grandes que la SMPV pourraient être nécessaires pour soutenir une PMV.

Tableau 8. Comparaison de la zone renfermant de l’habitat essentiel de chaque population de ménés camus par rapport à la superficie minimale pour une population viable (SMPV) estiméea.
Populationb Superficie de l’habitat essentiel (km2) Type d’habitat SMPV (km2) SMPV atteinte
Rivière Teeswater 0,014 Lacustre 0,050 Non
Chenal Old Ausable 0,61 Fluvial 0,015 Oui
Lac Mouth 0,05 Lacustre 0,050 Inconnue
Réserve nationale de faune (RNF) de Sainte-Claire 1,24 Lacustre 0,050 Oui
Ruisseau Maxwell 0,12 Fluvial 0,015 Oui
Petit ruisseau Bear 0,42 Fluvial 0,015 Oui
Baie de la pointe Long (y compris la RNF de la pointe Long)/ruisseau Big (y compris la RNF du ruissea Big) 97,84 Lacustre 0,050 Oui
Baie Wellers (y compris la RNF de la baie Wellers) 19,07 Lacustre 0,050 Oui
Lac West 19,32 Lacustre 0,050 Oui
Lac East 11,60 Lacustre 0,050 Oui
Baie Waupoos 1,60 Lacustre 0,050 Oui
Rivière Trent 4,41 Fluvial 0,050 Oui
Fleuve Saint-Laurent (secteur Gananoque (les deux zones de délimitation combinées) 1,94 Fluvial 0,015 Oui
Fleuve Saint-Laurent (secteur de l’île Grenadier) 11,31 Fluvial 0,015 Oui
Fleuve Saint-Laurent (lac Saint-Laurent) 6,25 Fluvial 0,015 Oui

a. L’estimation de la SMPV est fondée sur les approches de modélisation décrites à la section 8.1.2.

b. Il est à noter que certaines localités peuvent abriter plus 1 population (par exemple, certaines des grandes zones, comme la baie de la pointe Long). Dans de tels cas, la SMPV serait appliquée à chaque population.

8.2 Calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel

D’autres recherches sont requises pour préciser les limites de l’habitat essentiel actuellement désigné afin : de mieux comprendre les fonctions, les éléments et les caractéristiques de l’habitat essentiel actuellement désigné nécessaire à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition de l’espèce; de protéger l’habitat essentiel contre la destruction; de désigner d’autres zones d’habitat essentiel. Les activités énumérées au tableau 9 ne sont pas exhaustives, et il est probable que des recherches supplémentaires vont mener à la découverte d’autres lacunes dans les connaissances qu’il faudra combler.

Tableau 9. Calendrier des études pour préciser et désigner l’habitat essentiel pour le méné camus.
Description de l’étude Justification Échéanciera

Mener des études pour déterminer les besoins en matière d’habitat de tous les stades du cycle vital (particulièrement le stade larvaire et le stade des jeunes de l’année).

On sait peu de choses au sujet des besoins en matière d’habitat des larves et des jeunes de l’année. La détermination des besoins en matière d’habitat de chaque stade vital aidera à définir tous les types d’habitats essentiels de l’espèce. De plus, des recherches devraient être menées pour examiner l’influence potentielle de la vitesse de l’eau sur l’utilisation de l’habitat par tous les stades du cycle vital du méné camus dans le fleuve Saint-Laurent.

5 ans

En s’appuyant sur les travaux de McCusker et al. (2014b) et de Montgomery et al. (2017), poursuivre les activités de relevé et de cartographie de la qualité et de la quantité d’habitat dans les sites historiques et actuels ainsi que dans les sites adjacents à l’habitat actuellement occupé.

Renforcer le degré de confiance dans les données utilisées pour déterminer si les sites répondent aux critères de désignation de l’habitat essentiel; surveiller les sites actuels pour déceler les variations démographiques susceptibles d’entraîner des changements à la désignation de l’habitat essentiel; effectuer des relevés dans l’habitat adjacent pour assurer l’exactitude de la zone d’occurrence en fonction de laquelle l’habitat essentiel est partiellement désigné.

De 5 à 7 ans

Déterminer les seuils de tolérance physiologique du méné camus par rapport aux divers paramètres de qualité de l’eau (par exemple, turbidité, contaminants) et les comparer aux normes existantes.

Préciser les fonctions, les éléments et les caractéristiques de l’habitat essentiel.

5 ans

En s’appuyant sur les travaux de McCusker et al. (2014b), créer un modèle de disponibilité de l’habitat pour chaque stade du cycle vital.

Établir des objectifs de rétablissement et déterminer la quantité d’habitat essentiel nécessaire à chaque stade vital en vue d’atteindre ces objectifs.

5 ans

En fonction des renseignements recueillis, passer en revue les objectifs en matière de population et de répartition. Déterminer l’étendue et la configuration de l’habitat essentiel requises pour atteindre les objectifs si l’information pertinente existe. Valider le modèle.

Une fois que les renseignements ci-dessus ont été recueillis, les objectifs de rétablissement devraient être examinés pour s’assurer qu’ils sont toujours réalisables et logiques.

Déterminer l’étendue et la configuration de l’habitat essentiel en fonction des objectifs de rétablissement aux fins du plan d’action.

En cours

Les activités décrites dans le calendrier des études seront menées dans le cadre d’une collaboration entre le MPO, les équipes de rétablissement des écosystèmes concernées et d’autres groupes et gestionnaires des terres. Il convient de souligner que bon nombre des approches individuelles de rétablissement répondront à certaines des exigences en matière d’information susmentionnées.

8.3 Exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

Aux termes de la LEP, la protection de l’habitat essentiel contre la destruction doit être assurée légalement dans un délai de 180 jours suivant sa désignation dans un programme de rétablissement ou un plan d’action, puis être mise dans le Registre public des espèces en péril. Cependant, pour les parties d’habitat essentiel situées dans la RNF de Sainte-Claire, la RNF du Ruisseau‑Big, la RNF de Long Point, la RNF de la Baie‑Wellers et le parc national des Mille‑Îles, une description de l’habitat essentiel a été publiée dans la Gazette du Canada 90 jours après la publication du programme de rétablissement initial en janvier 2013, conformément au paragraphe 58(2). L’interdiction de destruction de l’habitat essentiel prévue au paragraphe 58(1) est entrée en vigueur 90 jours après la publication de la description de l'habitat essentiel dans la Gazette du Canada. Un autre arrêté visant l’habitat essentiel du méné camus a été pris en 2019 pour les parties décrites dans le programme de rétablissement initial qui se trouvent à l’extérieur des parcs nationaux et des RNF, conformément aux paragraphes 58(4) et (5). Le programme de rétablissement modifié désigne de l’habitat essentiel additionnel dans le ruisseau Maxwell et la rivière Trent ainsi que de l’habitat essentiel additionnel et reconfiguré dans le fleuve Saint-Laurent, auxquels s’applique l’arrêté visant l’habitat essentiel. Bien que la configuration de l’habitat essentiel ait changé dans le secteur des Mille-Îles du fleuve Saint‑Laurent, l’habitat essentiel demeure toujours désigné dans le parc national des Mille-Îles; par conséquent, la description existante de l’habitat essentiel dans la Gazette du Canada, conformément au paragraphe 58(2), s’applique toujours. L’interdiction prévue au paragraphe 58(1) s’applique donc désormais à toutes les zones désignées comme habitat essentiel dans le présent programme de rétablissement.

Les exemples suivants d’activités susceptibles d’entraîner la destructionNote de bas de page 8 de l’habitat essentiel (tableau 9) sont fondés sur les activités humaines connues qui pourraient se produire à l’intérieur et aux environs de l’habitat essentiel, et détruire de l’habitat essentiel si aucune mesure d’atténuation n’était prise. La liste des activités n’est ni exhaustive ni exclusive; elle a été dressée en fonction des menaces décrites à la section 5, « Menaces ». L’absence d’une activité humaine donnée dans le présent tableau n’altère en rien le pouvoir du Ministère à la réglementer en vertu de la LEP. En outre, les activitiés identifiées dans le tableau ne sont pas automatiquement interdites, et même ne signifie pas qu’une activité identifiée entraînera inévitablement la destruction de l’habitat essentiel. Toute activité proposée doit être évaluée au cas par cas, et des mesures d’atténuation propres à chaque site seront appliquées lorsqu’elles sont possibles et éprouvées. Dans tous les cas, lorsque l’information est disponible, des seuils et des limites ont été associés aux caractéristiques de l’habitat essentiel afin de mieux orienter les décisions en matière de gestion et de réglementation. Cependant, il arrive dans bien des cas que l’on ne dispose pas des connaissances sur une espèce et sur ses seuils de tolérance aux perturbations anthropiques à son habitat essentiel, d’où l’importance de combler cette lacune.

Tableau 10. Exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel du méné camus.
Menace Activité Séquence des effets Fonction touchée Élément touché Caractéristique touchée

Modifications de l’habitat

Dragage

Mise en place de matériaux ou de structures dans l’eau (par exemple, épis, piliers, remblais, remblais partiels, jetés)

Durcissement des rives

Les changements de la bathymétrie et de la morphologie des rives résultant du dragage, du nivellement et de l’excavation à proximité des rives peuvent enlever (ou couvrir) les substrats de prédilection, changer la profondeur de l’eau et les régimes de débit, ce qui peut avoir une incidence sur la teneur en nutriments et la température de l’eau.

La mise en place de matériaux ou de structures dans l’eau réduit la disponibilité de l’habitat (par exemple, la superficie qui correspond à l’empreinte des matériaux de remblai ou de la structure est perdue). Du remblai peut recouvrir les substrats de prédilection. La modification de la morphologie des rives peut altérer les régimes de débit, modifier les zones de sédimentation, réduire l’oxygénation des substrats, causer l’érosion et modifier les niveaux de turbidité. Ces changements peuvent favoriser la croissance des plantes aquatiques et modifier les teneurs en nutriments.

Le durcissement des rives peut réduire l’apport en substances organiques dans l’eau et modifier la température de l’eau, ce qui peut avoir une incidence sur la disponibilité de proies pour l’espèce.

Fraie, alevinage,
alimentation et
couvert
Zones qui soutiennent la végétation aquatique selon la saison
  • Qualité de l’eau (eaux peu profondes [< 3 m de profondeur], calmes et claires)
  • Dense végétation immergée (par exemple, vallisnérie d’Amérique, potamots, charagne commune, naïades)
  • Composition du substrat (mélange de limon, de sable et parfois de gravier)
  • Température de l’eau – eaux chaudes (la fraie a généralement lieu à une température variat de 21 à 29 °C)

Prélèvements d’eau

Modification de la période, de la durée ou de la fréquence du débit

Les prélèvements d’eau peuvent avoir une incidence sur le niveau et le débit des eaux de surface ainsi que sur les apports d’eaux souterraines dans les cours d’eau, ce qui perturbe la disponibilité de l’habitat.

Les régimes de débit modifiés peuvent avoir une incidence sur la sédimentation.

Toutes (comme ci-dessus) Tous (comme ci-dessus) Toutes (comme ci-dessus)

Libre accès du bétail aux plans d’eau

Pâturage du bétail et labourage jusqu’au bord de l’eau

Quand le bétail a un accès libre aux plans d’eau, les dommages occasionnés aux rives, aux berges et au fond des cours d’eau peuvent exacerber l’érosion et la sédimentation, perturbant ainsi l’oxygénation des substrats et la température de l’eau. Un tel accès peut également augmenter les apports en nutriments organiques dans l’eau, ce qui entraîne une charge excessive en nutriments et peut favoriser la prolifération d’algues.

Toutes (comme ci-dessus) Tous (comme ci-dessus) Toutes (comme ci-dessus)

Élimination mécanique de la végétation riveraine

L’élimination de la végétation riveraine peut entraîner l’érosion et augmenter la turbidité, ce qui peut avoir une incidence sur les substrats de prédilection et leur oxygénation. La température de l’eau peut également être perturbée par l’élimination de la végétation riveraine, et la vitesse de l’eau peut augmenter lors de crues.

Toutes (comme ci-dessus) Tous (comme ci-dessus) Toutes (comme ci-dessus)

Espèces envahissantes

Introduction délibérée d’espèces envahissantes

La carpe commune cause le déracinement de la végétation aquatique et une augmentation des niveaux de turbidité. Le roseau commun, le myriophylle à épis, le chara étoilé et le stratiote faux-aloès peuvent pousser en tapis denses, bloquer la lumière du soleil, augmenter les concentrations de phosphore et d’azote, augmenter la température et rendre l’habitat non convenable à la fraie.

Toutes (comme ci-dessus) Tous (comme ci-dessus) Toutes (comme ci-dessus)

Charge en nutriments

Application excessive d’engrais et mauvaise gestion des nutriments (par exemple, gestion des débris organiques, des eaux usées, des déchets d’origine animale, des fosses septiques, des eaux usées municipales)

Une mauvaise gestion des nutriments peut accroître la charge en nutriments des cours d’eau voisins. Les concentrations élevées de nutriments peuvent entraîner une croissance accrue des plantes aquatiques, ce qui peut modifier la température, le débit et les substrats de l’eau. La concentration d’oxygène dans les substrats peut également être perturbée.

Toutes (comme ci-dessus) Tous (comme ci-dessus) Toutes (comme ci-dessus)

Charge sédimentaire et turbidité

Modification des régimes d’écoulement entraînant l’érosion et modifiant le transport des sédiments (par exemple, canalisation des systèmes de drainage agricole, enlèvement des zones riveraines)

Travaux effectués dans l’eau et sur les rives sans que des mesures appropriées de lutte contre l’érosion et la sédimentation n’aient été mises en place (par exemple, ruissellements provenant de champs labourés, utilisation d’équipement industriel, nettoyage et entretien de ponts et d’autres structures)

Des mesures inadéquates de lutte contre la sédimentation et l’érosion peuvent entraîner une augmentation des niveaux de turbidité, une modification des substrats de prédilection et de la teneur en oxygène, une réduction potentielle du succès d’alimentation ou de la disponibilité de proies, une incidence sur la croissance de la végétation aquatique et peut-être l’exclusion des poissons de l’habitat à cause des effets des sédiments dans l’eau (par exemple., irritation des branchies).

Voir aussi : Modifications de l’habitat : Modification de la période, de la durée ou de la fréquence du débit

Toutes (comme ci-dessus) Tous (comme ci-dessus) Toutes (comme ci-dessus)

Enlèvement de la végétation aquatique

Défrichage (enlèvement mécanique et chimique de la végétation)

L’enlèvement de la végétation aquatique dont l’espèce a besoin pour frayer et s’abriter peut nuire au succès de recrutement et augmenter la prédation. La mortalité massive de plantes après les traitements chimiques et l’enlèvement du matériel végétal peut également nuire à la qualité de l’eau et avoir une incidence sur la turbidité et la température de l’eau.

Toutes (comme ci-dessus) Tous (comme ci-dessus) Toutes (comme ci-dessus)

Les obstacles, comme les digues et les barrages situés dans 3 localités (COA, secteur Sainte-Claire de la RNF de Sainte-Claire et RNF du Ruisseau-Big), maintiennent les conditions d’habitat des populations de ménés camus. Par conséquent, la perte de ces structures peut entraîner la destruction de l’habitat essentiel.

Certaines activités de gestion de l’habitat, reconnues comme étant bénéfiques pour la survie ou le rétablissement à long terme de l’espèce, peuvent être autorisées aux termes de l’article 73 de la LEP au besoin, pourvu que le MPO soit convaincu que les conditions de cet article peuvent être respectées. Ces activités peuvent comprendre, sans s’y limiter, l’enlèvement et le contrôle de la végétation aquatique ou semi-aquatique envahissante, la gestion des niveaux d’eau (y compris l’entretien des digues) et les activités de remise en état de l’habitat (par exemple, gestion des incendies). Par exemple, dans les RNF, les niveaux d’eau peuvent être gérés, et une partie de la végétation aquatique peut être enlevée pour maintenir les conditions d’hémimarais (c’est-à-dire une proportion égale de végétation émergente et d’eaux libres). Les cellules intérieures de la RNF du Ruisseau‑Big et la totalité de la RNF de Sainte-Claire ont été endiguées et font l’objet d’une gestion continue du niveau de l’eau et de la végétation aquatique depuis 25 à 60 ans (Robinson, comm. pers., 2008). Dans certains cas, des rabattements intentionnels ont été effectués; dans d’autres, des fluctuations du niveau de l’eau découlant de phénomènes météorologiques et de problèmes d’infrastructure se sont également produites. Les rabattements du niveau de l’eau à court terme améliorent les conditions d’habitat de la sauvagine et, malgré la perte évidente d’habitat à court terme, semblent également améliorer les conditions d’habitat du méné camus à long terme. Toutefois, les répercussions sur la population et sa viabilité à long terme sont inconnues et nécessitent un examen plus approfondi. De futures recherches orienteront les approches de gestion de l’eau pour réduire le plus possible les répercussions à court terme sur les populations existantes de ménés camus. De nombreuses autres activités de rétablissement qui améliorent la qualité et/ou la quantité de milieux humides disponibles pour le méné camus peuvent être nécessaires.

Il convient de noter que là où de l’habitat essentiel de plusieurs espèces est présent, comme dans les RNF, une approche écosystémique de la gestion de l’habitat est nécessaire pour maximiser les avantages pour toutes les espèces en péril cooccurrentes (par exemple, poissons, oiseaux, reptiles). Une telle approche exige une coopération entre les autorités responsables et reconnaît que les pratiques de gestion de l’habitat visant à obtenir des avantages nets globaux pour l’écosystème et les espèces en péril qu’il soutient pourraient avoir des répercussions négatives sur certaines espèces et leurs habitats. Cette approche pourrait être officialisée dans un plan de gestion des RNF concernées, qui serait élaboré par ECCC, en consultation avec le MPO.

9 Mesure des progrès

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. La réussite d’un programme de rétablissement permettra d’atteindre le but global, soit le rétablissement des populations à un état stable ou à la hausse, avec de faibles risques liés aux menaces connues. Les progrès accomplis vers l’atteinte de ces objectifs seront consignés dans le rapport sur les progrès de la mise en œuvre du premier programme de rétablissement et potentiellement la mise en œuvre d’éléments de ce programme de rétablissement modifié.

Les indicateurs de rendement sont les suivants:

  1. Présence continue du méné camus dans son aire de répartition actuelle d’ici 2025.
  2. Trajectoires de la population dans les zones où de l’habitat essentiel est désigné jugées stables ou à la hausse d’ici 2030.
  3. Situation des populations de ménés camus dans les localités où elle est inconnue (rivière Teeswater, lac Mouth, secteur Sainte-Claire de la RNF de Sainte-Claire, rivière Trent, baie Waupoos, baie Wellers, lac West, lac East) déterminée d’ici 2030.
  4. Situation de la population des localités où elle est considérée comme mauvaise (baie de la pointe Long) réévaluée, et populations précédemment regroupées pour former celle du lac Sainte-Claire et de ses affluents évaluées en tant que localités distinctes dans la mesure du possible (drain Whitebread/passage Grape, petit ruisseau Bear) d’ici 2025.
  5. Échantillonnage exploratoire dans les localités nouvelles ou soupçonnées (rivière Sainte-Claire, ruisseau Maxwell, rivière Sydenham, ruisseau Otter Ouest, littoral sud du lac Sainte-Claire, rivière Détroit, lac Saint-François) effectué d’ici 2025.

10 Énoncé sur les plans d’action

L’approche du gouvernement fédéral à l’égard de la planification du rétablissement se décline en 2 étapes, la première étant le programme de rétablissement, et la seconde, le plan d’action. Un plan d’action est un document qui décrit les mesures ou les activités de rétablissement spécifiques nécessaires à l’atteinte des objectifs définies dans le programme de rétablissement.

Les plans d’action écosystémiques qui prévoient des activités de mise en œuvre au profit du méné camus ont été élaborés par le MPO et PC. Par exemple, le « Programme de rétablissement écosystémique pour la rivière Ausable » (ARRT 2006) et le « Plan d’action pour la rivière Ausable au Canada : Une approche écosystémique » (MPO, 2020) comprend des activités de rétablissement visant le méné camus. Bien qu’il s’agisse d’un document axé sur un écosystème et plusieurs espèces, le plan d’action comprend plusieurs composantes qui mettent en œuvre spécifiquement les objectifs de rétablissement du méné camus dans le COA et le lac Mouth. Dans le même ordre d’idées, PC a publié le « Plan d’action visant des espèces multiples dans le parc national des Mille-Îles » (APC, 2016), qui décrit également des mesures de rétablissement qui profiteront au méné camus dans le parc national des Mille-Îles. Il est prévu qu'un plan d'action supplémentaire soit élaboré dans les cinq ans suivant la publication de ce programme de rétablissement modifié afin de mettre en œuvre les buts et objectifs définis dans la stratégie de rétablissement pour les populations situées en dehors du bassin hydrographique de la rivière Ausable et des zones du parc national des Mille-Îles.

11 Références

Annexe A : effets sur l’environnement et les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP), conformément la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes (2010). L’objet but de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement, et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable.

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

La possibilité que le programme de rétablissement produise par inadvertance des effets négatifs sur d’autres espèces a été envisagée. L’EES a permis de conclure que le présent programme sera clairement favorable à l’environnement et n’entraînera pas d’effets négatifs significatifs. Veuillez consulter les sections du document portant sur les besoins biologiques et les besoins en matière d’habitat, le rôle écologique et les facteurs limitatifs de l’espèce.

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