Pèlerin (Cetorhinus maximus) dans les eaux canadiennes du Pacifique programme de rétablissement : chapitre 15

7. Désignation de l’habitat essentiel

En vertu du paragraphe 2(1) de la LEP, l’habitat essentiel se définit comme suit : « habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». Qui plus est, l’habitat d’une espèce aquatique est également défini comme étant : « les frayères, aires d’alevinage, de croissance et d’alimentation et routes migratoires dont sa survie dépend, directement ou indirectement, ou aires où elle s’est déjà trouvée et où il est possible de la réintroduire ».

L’alinéa 41(1)c) de la LEP exige que le programme de rétablissement comporte « la désignation de l’habitat essentiel de l’espèce dans la mesure du possible, en se fondant sur la meilleure information accessible, notamment les informations fournies par le COSEPAC, et des exemples d’activités susceptibles d’entraîner sa destruction ».

7.1 Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

À l’heure actuelle, on ne dispose pas d’information adéquate pour désigner l’habitat essentiel. Les exigences en matière d’habitat du pèlerin dans les eaux canadiennes du Pacifique n’ont pas été étudiées, et aucun emplacement particulier n’a été relevé pour la reproduction, la mise bas ou l’élevage, même si d’autres espèces de requins migratrices s’accouplent dans des secteurs du Nord et mettent bas dans des secteurs du Sud (McFarlane et al. 2009). Qui plus est, l’habitat essentiel n’a pas été défini pour l’aire de répartition de cette population dans le sud (p. ex. aux États-Unis et au Mexique). Dans d’autres régions du monde où des recherches et des travaux scientifiques sont en cours pour cette espèce, comme au Royaume-Uni, aucune caractéristique de l’habitat de reproduction n’a été relevée. Il existe des zones, dans les eaux canadiennes du Pacifique, qui étaient autrefois fréquentées sur une base régulière par un nombre important de pèlerins (p. ex. la baie Barkley, la baie Clayoquot et le bras de mer Rivers); cependant, l’importance de ces secteurs pour l’alimentation et l’accouplement demeure inconnue. Aucune donnée historique ne vient confirmer si ces secteurs étaient les seuls utilisés par le pèlerin, ou si ces observations étaient attribuables au fait que l’homme utilisait ces secteurs ou à la variabilité naturelle de la productivité de ceux-ci. En conséquence, on ignore si un stock rétabli retournera dans ces secteurs. Certaines caractéristiques de l’habitat qui sont attrayantes pour l’espèce à certains stades de son développement, comme une forte disponibilité saisonnière des aliments, sont connues, mais ces caractéristiques varient sur des échelles temporelles et spatiales (McFarlane et al.,2009). Ainsi, les pèlerins ont tendance à se regrouper dans les zones de transition des plateaux côtiers où l’abondance du zooplancton est accrue (Sims et al., 2006). En outre, l’abondance du zooplancton (la proie de prédilection) et la structure des communautés varient sur des échelles décennales, comme l’atteste la période prolongée d’abondance relativement faible des copépodes observée dans certains secteurs du Pacifique Nord-Est de 1989 à 1997 (King, 2005). Aucune étude n’a encore été menée pour relever l’habitat, dans les eaux canadiennes, dont a besoin la population de pèlerins du Pacifique pour être durable et viable. Il est par conséquent impossible de désigner l’habitat utilisé actuellement par l’espèce, l’habitat nécessaire à sa survie ou à son rétablissement, les activités qui sont susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat ou l’étendue nécessaire pour maintenir l’effectif actuel et soutenir le rétablissement de la population.

Comme l’expose la LEP, un calendrier des études doit être élaboré si l’information disponible ne permet pas de désigner l’habitat essentiel dans le programme de rétablissement. Ce calendrier, une fois mis en œuvre, permettra d’obtenir de l’information nouvelle qui pourra contribuer à la désignation de l’habitat essentiel de l’espèce dans le futur. Le calendrier des études établi pour la population de pèlerins du Pacifique est présenté ci-après (tableau 4). On espère que lorsque ces projets seront terminés, l’information recueillie permettra à Pêches et Océans Canada et à l’Agence Parcs Canada de désigner l’habitat essentiel de l’espèce. Soulignons qu’il pourrait falloir plusieurs dizaines d’années pour régler la question de la désignation de l’habitat essentiel étant donné la nature longévive de l’espèce, l’absence d’observations récentes documentées au Canada et la portée à long terme du présent programme de rétablissement.

7.2 Calendrier des études pour désigner l’habitat essentiel

Afin de désigner l’habitat essentiel et l’habitat qui est important pour le rétablissement de la population de pèlerins du Pacifique, il faut effectuer des recherches dans les eaux canadiennes et dans d’autres parties de l’aire de répartition de l’espèce. Le tableau 4 expose les études nécessaires pour désigner l’habitat essentiel. Comme le présent programme de rétablissement s’inscrit dans la durée, les échéanciers présentent les jalons auxquels les évaluations des progrès accomplis dans la désignation de l’habitat essentiel seront entreprises.

On reconnaît que la définition de l’habitat essentiel sera une tâche ardue étant donné la rareté relative des observations et la nature dynamique de l’environnement marin, qui entraîneront probablement des changements dans l’utilisation de l’habitat sur des échelles interannuelles et interdécennales. De grands regroupements de pèlerins étaient autrefois observés dans la baie Barkley, la baie Clayoquot et le bras de mer Rivers; cependant, des observations historiques et actuelles ont également été signalées dans d’autres régions des eaux canadiennes du Pacifique. Comme le pèlerin a besoin de conditions océanographiques qui entraînent une concentration des proies et comme il préfère des températures de surface se situant entre 9 et 16 ºC (Sims et al., 2003), les conditions nécessaires peuvent changer sur des échelles spatiales et temporelles relativement petites (Sims et Quayle, 1998). Les études seront axées principalement sur les zones où les individus de l’espèce se regroupaient autrefois (mentionnées ci-devant), mais on pourra se concentrer sur d’autres zones lorsque de nouvelles données d’observation seront disponibles. Qui plus est, les études seront effectuées durant la période de migration saisonnière du pèlerin dans des eaux canadiennes du Pacifique (de mai à septembre).

Tableau 4 : Calendrier des études nécessaires à la désignation de l’habitat essentiel

Description de l’activité Résultats/justification Échéancier
1. Maintenir et promouvoir le réseau des observations de pèlerins.
Élaborer la base de données sur les observations de pèlerins (2010). Maintenir et promouvoir le réseau des observations de pèlerins. Déterminer l’étendue de l’aire de répartition de l’espèce et de son habitat potentiel dans les eaux canadiennes du Pacifique. 2010-2015
En cours9
2. Programme de marquage du pèlerin
Marquage opportuniste avec émetteur satellite de pèlerins dans les eaux canadiennes du Pacifique. Confirmer les emplacements où le pèlerin est présent dans les eaux canadiennes du Pacifique; déterminer sa répartition saisonnière, ses déplacements, son abondance et son lieu de résidence. 2010-2015
En cours
3. Programme d’échantillonnage opportuniste
Échantillonnage biologique d’individus observés et de spécimens morts. Répartition de l’espèce, structure de la population, sexe, caractéristiques biophysiques, contenus stomacaux, utilisation de l’habitat selon le stade de développement. 2010-2015
En cours
4. Relevés aériens
Utilisation de l’imagerie par satellite en temps réel pour relever les fortes proliférations de plancton en vue d’effectuer des relevés aériens ciblés (mai-septembre). Caractéristiques biophysiques et répartition de l’espèce. 2010-2015
En cours
5. Définition de l’habitat essentiel
Déterminer et caractériser l’habitat occupé et fortement utilisé et définir les régions affichant des caractéristiques similaires où peut se trouver l’habitat essentiel. Définir l’habitat occupé et fortement utilisé. À déterminer10

9 Les activités seront évaluées en 2015. Les études seront adaptées ou reconduites sur une base périodique.
10 Cette étude est essentielle à la désignation de l’habitat essentiel; cependant, sa mise en oeuvre et sa réalisation sont conditionnelles à l’achèvement des études mentionnées précédemment et aux résultats de celles-ci.

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