Programme de rétablissement du ptéléa trifolié au Canada [proposition] 2011 : Habitat essentiel

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La notion d’habitat essentiel est définie comme suit dans l’article 2(1) de la LEP(2002) : « habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». Le présent programme définit, dans la mesure du possible, l’habitat essentiel du ptéléa trifolié dans son aire de répartition canadienne afin de permettre l’atteinte des objectifs liés à la population et à la répartition de l’espèce.

L’emplacement et les caractéristiques de l’habitat essentiel ont été définis en fonction des meilleurs renseignements disponibles, notamment les données d’observation indiquant la présence d’un seul arbre ou d’un groupe d’arbres. Dans les cas où il était impossible d’établir l’emplacement précis d’un habitat, l’espèce a été associée à un type de végétation et à une propriété en particulier. Ces données ont été recueillies par des organismes régionaux, provinciaux et fédéraux et leurs contractuels, de même que par des organisations non gouvernementales et des particuliers, au fil de nombreuses années. Les emplacements géographiques connus du ptéléa trifolié ont été obtenus grâce aux renseignements fournis par les personnes et organisations suivantes : Jalava et coll. (2008), Dobbyn (2005), Centre d’information sur le patrimoine naturel (données inédites), Conservation de la nature Canada (données inédites), MRNO (données inédites) et Ontario Nature (données inédites). Les composantes additionnelles des cartes ont été fournies par l’Atlas de l’Amérique du Nord (figures 4 à 35), lnformation sur les terres de l’Ontario du MRNO (figures 4 à 14 et 16 à 35), l’Agence Parcs Canada (figures 5 à 8, 13 à 15, et 35), Conservation de la nature Canada (figures 5 à 7), Dougan & Associates (2007 – figure 8), l’Office de protection de la nature de la région d’Essex (2010 – figures 6, 14 et 15), le MRNO (figure 12), Ontario Nature (figure 6), et Parcs Ontario (figure 9).

Dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce, l’habitat essentiel du ptéléa trifolié comprend des zones dégagées et des zones à végétation modérément abondante. La plupart de ces zones subissent d’importantes perturbations naturelles ou sont soumises à des conditions environnementales rigoureuses. On trouve cet habitat essentiel dans les endroits et situations suivantes :

Figure 3 : Illustration conceptuelle de l’habitat essentiel (zone d’enracinement au rayon de 9 mètres) autour d’un ptéléa trifolié.

La figure 4 illustre les emplacements généraux de l’habitat essentiel du ptéléa trifolié. L’annexe B présente les cartes régiospécifiques de 43 parcelles d’habitat essentiel englobant 22 des 35 populations existantes et six des sept zones centrales.

Figure 4 : Emplacements généraux des parcelles d’habitat essentiel du ptéléa trifolié au Canada

Cartes des types de végétaux figurant dans la classification écologique des terres

L’habitat essentiel du ptéléa trifolié dans son aire de répartition canadienne a été déterminé au moyen de plusieurs approches fondées sur le type et la quantité d’information disponible. Dans les cas où l’on disposait des données requises pour déterminer la présence d’un ou de plusieurs ptéléa trifoliés à l’intérieur d’une ou de plusieurs unités de la classification écologique des terres (types de végétation ou écosites, lorsqu’aucune donnée sur les types de végétation n’était disponible), l’habitat essentiel a été établi en fonction des limites des unités occupées, à condition que ces dernières soient propices à la survie et au rétablissement de l’espèce :

L’habitat essentiel de tous ces endroits a été représenté sur carte, à l’exception des deux derniers, où, à l’heure actuelle, l’emplacement de tous les ptéléas trifoliés n’est pas connu.

Cartes d’autres types d’habitats

Lorsqu’aucune donnée sur la classification écologique des terres n’était disponible, la cartographie d’autres types de végétation a été utilisée pour déterminer l’habitat essentiel du ptéléa trifolié :

Zone englobante

Dans les cas où aucune carte des communautés végétales n’était disponible, une approche fondée sur les milieux occupés, plus particulièrement sur l’observation des arbres, a été utilisée. L’habitat essentiel a été délimité en fonction des coordonnées UTM (projection cartographique de Mercator transverse universelle) des arbres ou des groupes d’arbres, obtenues grâce à un GPS (système de positionnement global). Les coordonnées obtenues au moyen de cette technologie devraient être d’une précision d’au moins 10 m.

Dans ce genre de situation, la zone d’habitat essentiel (d’après les caractéristiques biophysiques) est délimitée par un rectangle s’étirant sur 150 m perpendiculairement à la ligne des eaux, pour englober l’arbre ou le groupe d’arbres, et s’étendant sur 150 m parallèlement à la rive, des deux côtés de l’arbre ou du groupe d’arbres. La valeur de 150 m a été choisie d’après les indications d’arpenteurs de la région de Niagara, selon lesquelles la plupart des populations semblent apparaître à 150 m de distance au maximum (Brant, comm. pers., 2009). Comme certains points de données représentent plus d’un arbre et que l’endroit à partir duquel les coordonnées ont été prises à l’intérieur du groupe d’arbres n’est pas clairement indiqué, une distance de 150 m a été appliquée dans les deux directions parallèles à la rive pour assurer la protection de l’habitat essentiel sur 300 m de côte. Cette approche a été utilisée dans les endroits suivants :

Île Pelée
Comté d’Essex (Centre d’information sur le patrimoine naturel, données inédites)
Comté d’Elgin (Dobbyn, comm. pers., 2011)
Municipalité régionale de Niagara (MRNO, données inédites)

Dans les cas où l’on a trouvé des arbres à plus de 150 m de la rive, l’aire dans laquelle se situe l’habitat essentiel a été délimitée à l’aide d’un cercle au rayon de 150 m à partir du tronc de chaque ptéléa trifolié vivant naturellement présent ou d’un point de données représentant un groupe d’arbres. Cette approche a été utilisée dans les endroits suivants :

Municipalité régionale de Niagara (MRNO, données inédites)

Selon la documentation produite avant la forte dégradation de toutes les couches de végétations de l’île Middle (du couvert de sol au couvert forestier) causée par la surabondance de cormorans à aigrettes nicheurs, on trouvait autrefois le ptéléa trifolié le long du rivage, ce à quoi l’on pourrait s’attendre d’une espèce ne fleurissant ou ne germant pas en présence d’ombre partielle ou complète (Rennie, 1982; Kamstra et coll., 1995; Ambrose, 2002). Des efforts sont actuellement déployés pour protéger et restaurer l’intégrité écologique de l’écosystème carolinien de l’île Middle. On travaille notamment à réduire de façon importante la perte du couvert forestier dense (sain) de l’île découlant de la présence de nids de cormorans à aigrettes, ainsi qu’à la protection des espèces en péril visées par la LEP (Dobbie, 2008). Étant donné que cet objectif lié aux conditions historiques de l’île risque, en conséquence d’une faible disponibilité, de limiter une fois de plus la zone de reproduction et de germination du ptéléa trifolié à l’interface végétation/rivage, l’habitat essentiel se définit comme suit :

Il se peut que des arbres existants continuent de pousser à l’extérieur de cette zone, mais on ne s’attend pas à ce qu’ils contribuent à la reproduction de la population une fois le couvert forestier dense et sain rétabli. Par conséquent, on ne s’attend pas non plus à ce qu’ils contribuent au rétablissement à long terme de l’espèce, même s’ils sont toujours protégés en vertu de la LEP (art. 32).

Le ptéléa trifolié est une espèce intolérante à l’ombre, connue pour être limitée dans sa capacité de fleurir et de germer sous le couvert forestier (Ambrose, 2002). Par conséquent, les forêts occupées, à l’exception de celles formant des bandes étroites entre des habitats plus ouverts ou de vastes forêts plus étendues, ont été exclues de l’habitat essentiel, car on ne peut s’attendre à ce qu’elles contribuent à l’atteinte des objectifs à court et à long terme liés à la population et à la répartition; on doit plutôt s’attendre à ce qu’elles entraînent des disparitions locales. Les plages ou barres exemptes de végétation et les zones de substrat rocheux sont exclues de l’habitat essentiel, car le ptéléa trifolié tend à s’établir dans des zones où les herbes ont commencé à stabiliser le substrat. Les étendues d’eau libre sont aussi exclues de l’habitat essentiel.

L’habitat essentiel n’a pas été précisé pour les populations de ptéléas trifoliés pour lesquelles, à l’heure actuelle, aucune coordonnée GPS d’une précision d’au moins 10 m n’est disponible (p. ex. population du territoire de la Première nation de Walpole Island). Il n’a pas non plus été précisé pour les arbres dont on sait qu’ils ont été plantés ou transplantés. Les données datant de plus de 20 ans (avant 1990) et n’ayant pas été vérifiées par des relevés de suivi ont été jugées historiques et n’ont pas été considérées dans la détermination de l’habitat essentiel. Les éléments anthropiques existants, notamment les infrastructures existantes (p. ex. les routes, les sentiers, les stationnements, les couloirs de services publics et les bâtiments), les zones cultivées (p. ex. les champs agricoles) ou les types de végétation non naturels (p. ex. les terrains de baseball, les pelouses et les champs d’épuration), sont exclus de l’habitat essentiel, car ils ne constituent pas des habitats convenant à la pérennité de l’espèce. Les zones situées à l’intérieur ou à proximité des éléments anthropiques existants (p. ex. des lignes de transport d’électricité ou des éléments situés près de chemins ou de sentiers) où la présence du ptéléa trifolié est directement liée à la présence de ces éléments (c.-à-d. dans des emplacements autres que les communautés végétales naturelles et adéquates où l’on s’attendrait à trouver l’espèce sans la présence d’éléments anthropiques) sont également exclues de l’habitat essentiel. Si les éléments anthropiques venaient à disparaître dans des zones d’habitat inadéquat (p. ex. en raison du déplacement ou du retrait de sentiers, de chemins ou de lignes de transport d’électricité), les ptéléas trifoliés se trouvant sur place pourraient y demeurer un certain temps, mais ne continueraient probablement pas à se reproduire. De plus, les semis auraient probablement de la difficulté à croître étant donné l’apparition d’un couvert forestier dense découlant de la succession naturelle. Puisqu’on ne peut garantir l’entretien continu de ces zones pour qu’elles constituent des habitats adéquats (notamment en ce qui a trait aux couloirs de services publics), à défaut de quoi ces zones deviendraient rapidement inadéquates pour le ptéléa trifolié, elles ne peuvent pas être considérées comme des éléments contribuant à l’atteinte des objectifs à court ou à long terme liés à la population et à la répartition. En outre, on ne croit pas que ces zones soient essentielles à l’atteinte de ces objectifs.

Bien que l’habitat de 22 des 35 populations existantes de ptéléas trifoliés ait été défini dans six des sept zones centrales, des études approfondies s’imposent pour préciser la définition de l’habitat essentiel. Ces travaux sont énoncés dans le tableau 4. D’autres questions pourraient être soulevées au fur et à mesure de leur progression.

Tableau 4 : Calendrier des études
Description de l’activité Objectif Échéance
Étudier les populations subsistantes pour déterminer :
  • la taille et la répartition des populations;
  • le type d’habitat adéquat, sa qualité, son étendue et les variables environnementales qui y sont liées;
  • la santé et l’état reproducteur des populations;
  • les menaces et leur gravité;
  • les données cartographiques et la réalité de terrain des communautés végétales.
Ces renseignements serviront à assurer la protection d’un nombre suffisant de parcelles d’habitat essentiel nécessaires à l’atteinte des objectifs liés à la population et à la répartition, ainsi qu’à établir le degré d’importance des parcelles advenant que la totalité des parcelles ne soit pas nécessaire à la réalisation de ces objectifs. 2011
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2015
Analyser les données recueillies pour établir les caractéristiques, la quantité et la disposition spatiale de l’habitat essentiel requis, notamment les ressources et les conditions limitatives les plus importantes. Définir l’habitat essentiel et déterminer le nombre de parcelles requises ainsi que l’endroit où elles doivent être situées à l’intérieur des zones centrales pour atteindre les objectifs liés à la population et à la répartition 2011
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2015
Modéliser et/ou définir et délimiter l’habitat essentiel en précisant la définition de l’habitat essentiel à l’aide des méthodes les plus appropriées (CET, classification supervisée de l’imagerie satellitaire, photographie aérienne, zone d’enracinement, etc.). Préciser la définition et la délimitation de l’habitat essentiel. 2011
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2016

Pour assurer la protection et la gestion de l’habitat essentiel, il est essentiel de définir ce qu’on entend par « destruction de l’habitat essentiel ». La destruction de l’habitat est évaluée au cas par cas. Il y a destruction si une partie de l’habitat essentiel est dégradée, que ce soit de façon permanente ou temporaire, d’une manière telle qu’elle ne remplit plus son rôle lorsque l’espèce en a besoin. La destruction de l’habitat essentiel peut résulter d’une ou de plusieurs activités ponctuelles ou des effets cumulatifs d’une ou de plusieurs activités dans le temps.

La destruction de l’habitat essentiel du ptéléa trifolié peut résulter d’activités provoquant les effets suivants :

Voici des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel proprement dit ou de ses environs :

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous permettent de définir et de mesurer les progrès réalisés à l’égard de l’atteinte des objectifs liés à la population et à la répartition. Les progrès relatifs à la mise en œuvre du programme de rétablissement seront mesurés en fonction d’indicateurs décrits dans des plans d’action subséquents. La mise en œuvre du présent programme sera évaluée en fonction des critères suivants dans les cinq années suivant sa publication :

Au moins un plan d’action énonçant les mesures de rétablissement précises à mettre en œuvre dans le cadre du présent programme sera complété d’ici juin 2016.


12 Les graminoïdes sont des herbes.

13 La classification écologique des terres est un système de classification des terres et des ressources qui décrit et délimite les unités d’écosystème selon des facteurs écologiques tels que la végétation, le type de sol et les conditions géologiques (Lee et coll., 1998).

14 Compte tenu du fait que le dhp maximal enregistré pour le ptéléa trifolié au Canada est de 24 cm (île Middle, Ontario [Waldron, 2003]), la zone d’enracinement essentielle maximale a donc été établie à 9 m (24 cm x 36 = 8,64 m, arrondi au mètre près). Ces chiffres sont appuyés par un rayon d’enracinement de 7,9 m reconnu pour un arbre de 18 ans appartenant à une espèce de la même famille (Rutaceae) que le ptéléa trifolié (Stone et Kalisz, 1990).

15 Le diamètre à hauteur de poitrine est le diamètre d’un arbre à 1,3 m au-dessus du sol.

16 Code de la classification écologique des terres fondé sur la version 8 du Provincial ELC Catalogue (Lee, 2004).

17 « Éolien » signifie produit ou actionné par le vent; dans ce cas, produit par le vent.

18 Étape intermédiaire de la succession écologique d’un écosystème en voie de devenir un groupement climacique.

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