Espèces sauvages 2005 : chapitre 8

Amphibiens

Amphibiens : Classe de cordés vertébrés qui comprend les grenouilles, les crapauds, les tritons et les salamandres. Les amphibiens ont évolué au cours du Dévonien (il y a environ 370 millions d'années) et sont les premiers vertébrés à avoir occupé la terre. Beaucoup de leurs caractéristiques constituent des adaptations à la vie terrestre. - Oxford Dictionary of Biology.

Photo d’une Salamandre maculée sur une feuille au sol
Photo: Salamandre maculée (Ambystoma maculatum) © Parks Canada, 1984

En bref

  • Il existe environ 5 700 espèces d'amphibiens dans le monde, dont 46 sont présentes au Canada.
  • À l'échelle nationale, plus des deux tiers (65 p. 100) des espèces d'amphibiens sont classées en sécurité, mais 20 p. 100 sont classées en péril et 15 p. 100, sensibles. Aucun amphibien n'est classé possiblement en péril, car toutes les espèces ayant reçu cette cote dans Les espèces sauvages 2000 ont depuis fait l'objet d'une évaluation détaillée de la situation par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).
  • Depuis la parution du rapport Les espèces sauvages 2000, la grenouille à queue des Rocheuses a été déclarée espèce distincte de la grenouille à queue côtière, ce qui a fait passer le nombre d'espèces canadiennes d'amphibiens à 46.
  • Comparativement aux Espèces sauvages 2000, la classification nationale de 77 p. 100 des espèces d'amphibiens est demeurée la même, 11 p. 100 des espèces sont passées dans une catégorie de niveau de risque supérieur et 11 p. 100, dans une catégorie de niveau de risque inférieur. La plupart des changements est attribuable à des évaluations du COSEPAC (80 p. 100). Aucune modification n'a eu lieu en raison de changements biologiques dans l'abondance, la répartition ou les menaces.
  • À l'échelle mondiale, de nombreuses espèces d'amphibiens présentent un degré élevé de risque de disparition. Selon les dernières données du Global Amphibian Assessment, près du tiers (32 p. 100) des amphibiens dans le monde seraient menacés, comparativement à 23 p. 100 des mammifères et à 12 p. 100 des oiseaux.
  • La grenouille des bois est l'espèce d'amphibien nord américain ayant l'aire de répartition la plus septentrionale, et la seule présente au nord du cercle polaire arctique.

Contexte

Les amphibiens canadiens comprennent les grenouilles, les crapauds, les tritons et les salamandres. Ces vertébrés à sang froid se reconnaissent par leur peau lisse et humide ne comportant pas d'écailles, de plumes ni de fourrure. Pendant la première partie de leur cycle vital, de nombreux amphibiens prennent la forme d'une larve aquatique à branchies (têtard) qui se métamorphose en adulte terrestre à respiration aérienne. Grâce à cette double vie, les ancêtres amphibiens ont été les premiers vertébrés à habiter la terre ferme, il y a plus de 300 millions d'années, et ont donné naissance aux amphibiens modernes, aux reptiles, aux oiseaux et aux mammifères.

Beaucoup connaissent le cycle de vie type des grenouilles et des crapauds, pendant lequel une larve aquatique à branchies se métamorphose en adulte terrestre à respiration aérienne. Cependant, au cours du processus d'adaptation à une vaste gamme d'habitats, les amphibiens ont élaboré différents cycles vitaux, allant de complètement aquatique [par exemple, le necture tacheté (Necturus maculosus)] à entièrement terrestre. Par exemple, la salamandre cendrée (Plethodon cinereus) pond ses oeufs sur terre et en prend soin jusqu'à ce qu'ils éclosent et produisent des juvéniles, qui ressemblent physiquement et dans leur comportement à des adultes. Le cycle vital des tritons, tels que le triton rugueux (Taricha granulosa) de la Colombie Britannique, compte une étape de plus : l'elfe. Les larves aquatiques à branchies se métamorphosent en elfes à respiration aérienne qui habitent pendant quatre années ou moins dans des habitats terrestres humides. Les elfes se métamorphosent ensuite en adultes amphibies pour être en mesure de se reproduire et de compléter le cycle de vie. Aucun autre groupe de vertébrés ne présente une telle diversité de cycles de vie.

Contrairement aux reptiles, aux oiseaux et aux mammifères, la peau des amphibiens adultes n'est pas imperméable, ce qui leur permet de respirer par la peau et les poumons, mais qui les rend vulnérables à la déshydratation. Alors, comment survivent-ils en milieu sec? De nombreux amphibiens possèdent une peau particulière sur le dessous par laquelle ils absorbent l'humidité et grâce à laquelle ils peuvent se réhydrater en s'assoyant simplement sur des sols humides ou de petites flaques. Afin de réduire les pertes d'eau, beaucoup d'amphibiens sont nocturnes. Pendant la journée, ils demeurent sous des billots et des roches; la nuit, lorsque l'air se refroidit et qu'il y a moins d'évaporation, ils sortent pour chercher de la nourriture ou un compagnon. Ces adaptations physiques et comportementales permettent aux amphibiens de survivre à distance de l'eau, où ils peuvent profiter de nombreux types d'habitats et de sources alimentaires.

À l'instar des reptiles, les amphibiens sont hétérothermes (ectothermes), ce qui signifie qu'ils ont besoin de sources de chaleur externes (comme le soleil) pour chauffer leur corps plutôt que de produire de la chaleur par l'énergie alimentaire, comme les oiseaux et les mammifères. Cependant, les amphibiens peuvent survivre beaucoup plus au nord que les reptiles. La répartition des amphibiens dans les habitats septentrionaux est étroitement liée aux températures hivernales et à la tolérance des espèces au froid. La grenouille des bois (Rana sylvatica) est l'espèce d'amphibien ou de reptile nord américain la plus tolérante au froid, et la seule présente au nord du cercle polaire arctique. Elle survit aux températures froides en hibernant dans la subsurface gelée pendant plusieurs mois. Habituellement, les cellules se brisent et meurent lorsqu'elles gèlent, mais la grenouille des bois produit un antigel particulier, appelé cryoprotecteur, qui protège ses cellules lorsqu'elles sont gelées. Les scientifiques s'intéressent vivement aux cryoprotecteurs et ont étudié le grenouille des bois afin de créer de nouvelles méthodes de congélation d'organes de mammifères, dans le but de les entreposer avant la transplantation.

État des connaissances au Canada

Les humains étudient les amphibiens depuis des siècles. Ainsi, la biologie fondamentale, la physiologie et la biologie du développement de nombreuses espèces, notamment les grenouilles, sont bien connues. L'histoire naturelle de la plupart des amphibiens du Canada est également, en règle générale, bien connue, mais on en sait peu sur la répartition ainsi que la taille et la structure des populations dans certaines régions. Cette situation est partiellement attribuable aux difficultés de surveillance des amphibiens, notamment leur comportement nocturne et secret, leur petite taille et leur apparence cryptique. Des initiatives telles que le programme Attention grenouilles, qui fait appel à des bénévoles qui surveillent les populations d'amphibiens partout au pays, fournissent des renseignements qui nous permettront d'accroître notre compréhension de la répartition des amphibiens et constitueront des données de référence afin de suivre des changements de populations.

Les outils génétiques revêtent une importance croissante dans la recherche sur les amphibiens. Par exemple, en 1997, on a fait appel à l'analyse génétique pour classer la grenouille maculée de l'Oregon (Rana pretiosa) comme espèce distincte de la grenouille maculée de Columbia (Rana luteiventris). Des outils génétiques ont également été utilisés dans l'étude de la dispersion du ouaouaron (Rana catesbeiana) en Ontario, des répercussions des coupes à blanc sur la grande salamandre (Dicamptodon tenebrosus) en Colombie Britannique et de l'évolution de nouvelles espèces de salamandres (spéciation) dans les Rocheuses.

Au cours des dernières années, les répercussions des contaminants de l'environnement sur la croissance et le développement des amphibiens partout au pays ont été étudiées. Les produits chimiques et les engrais, qui s'accumulent dans certains habitats aquatiques dont se servent les amphibiens, risquent d'entraîner un éventail d'effets négatifs, y compris des malformations, une réduction de l'activité du système immunitaire, des comportements anormaux et, dans des cas extrêmes, la mort. Toutefois, il est difficile de lier ces conséquences aux déclins de populations.

Richesse et diversité au Canada

Le Canada compte 46 espèces d'amphibiens : 1 necture tacheté, 2 tritons, 7 crapauds, 18 grenouilles et 18 salamandres. Les provinces les plus riches en espèces sont l'Ontario (25 espèces), la Colombie Britannique (22 espèces) et le Québec (21 espèces) (figure 2-7-i, tableau 2-7-i). La Colombie Britannique compte le plus grand nombre d'espèces trouvées nulle part ailleurs au pays (13 espèces). Toutes les espèces d'amphibiens présentes au Canada le sont également aux États Unis, mais la majeure partie de l'aire de répartition de plusieurs espèces, dont le crapaud du Canada (Bufo hemiophrys) et la grenouille du Nord (Rana septentrionalis), se trouve au Canada.

Plein feux sur la grenouille léopard (Rana pipiens)

La grenouille léopard (classification de la situation générale au Canada : en sécurité) est présente dans l'ensemble des provinces et des territoires à l'exception du Yukon. Cette grenouille de taille moyenne se reproduit dans des étangs chauds peu profonds et produit entre 600 et 7 000 oeufs. Les oeufs éclosent et produisent des têtards qui paissent dans des algues pendant 9 à 12 semaines, jusqu'à ce qu'ils soient prêts à se métamorphoser en adultes. Les adultes passent l'été à se nourrir loin de l'eau, mais ils retournent vers des étendues d'eau profondes et bien oxygénées pour hiberner.

La grenouille léopard a déjà été commune dans toute son aire de répartition canadienne, mais, vers la fin des années 1970, les populations ont connu un déclin rapide et généralisé en Colombie Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. En fait, l'espèce était presque disparue du Manitoba en 1976 et de l'Alberta en 1979. Il est difficile d'interpréter les tendances des populations, faute de surveillance, et les scientifiques ne connaissent toujours pas avec certitude les motifs des déclins. Depuis les années 1980, les populations de grenouille léopard se rétablissent lentement en Alberta et en Saskatchewan, alors qu'elles se sont rétablies plutôt rapidement au Manitoba. En Colombie Britannique, les populations ne se sont pas rétablies de façon importante, et elles se limitent dorénavant à une seule aire de gestion des espèces sauvages.

L'histoire de la grenouille léopard montre que même des espèces répandues et nombreuses ne sont pas à l'abri de déclins de populations catastrophiques et de la disparition à l'échelle locale. Les scientifiques se concentrent actuellement sur la reproduction en captivité et la libération de grenouilles léopards en Alberta et en Colombie Britannique ainsi que sur la surveillance des populations en Alberta et en Saskatchewan, afin de la rétablir dans son ancienne aire de répartition et d'améliorer nos connaissances sur cette espèce.

Plein feux sur la grenouille maculée de l'Oregon (Rana pretiosa)

La grenouille maculée de l'Oregon a été décrite comme une espèce distincte de la grenouille maculée de Columbia en 1997. La même année, l'espèce a été la première à être inscrite d'urgence à la liste des espèces en péril par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Cette petite grenouille se répartissait auparavant du sud ouest de la Colombie Britannique au nord ouest de la Californie, mais elle se limite maintenant à des petites populations isolées, et on estime qu'elle a disparu de 90 p. 100 de son aire de répartition historique. Les déclins de population et la réduction de l'aire de répartition ont été associés à la perte de l'habitat, aux changements survenus dans l'hydrologie, à l'introduction de prédateurs et de végétation exotiques ainsi qu'à l'isolement des populations restantes. En outre, elles sont vulnérables à la pollution et aux changements climatiques. Uniquement présente à l'heure actuelle parmi trois populations du sud ouest de la Colombie Britannique et moins de 30 populations aux États-Unis, cette espèce est classée en péril au Canada. Dans la Liste rouge de l'UICN, elle est classée « vulnérable », ce qui signifie qu'elle risque la disparition à l'échelle mondiale.

Depuis la désignation d'urgence par le COSEPAC, la grenouille maculée de l'Oregon fait l'objet d'un plan de rétablissement élaboré avec la coopération d'organismes gouvernementaux, d'universités, de groupes autochtones locaux et du grand public. La reproduction en captivité ainsi que la cartographie et la remise en état de l'habitat ont été entamées. Bien que les trois petites populations canadiennes restantes soient isolées les unes des autres et des populations américaines, l'élaboration d'un plan de rétablissement et la coopération entre les organismes et groupes laissent espérer que cette espèce pourra être préservée.

Plein feux sur le crapaud de l'Ouest (Bufo boreas)

Le crapaud de l'Ouest est la seule espèce de crapaud présente au Yukon; on le trouve également dans les Territoires du Nord Ouest, en Colombie Britannique et en Alberta. Ce crapaud de grande taille se reproduit aux extrémités peu profondes d'étangs, de lacs et de cours d'eau. La femelle produit des pontes pouvant compter jusqu'à 15 000 oeufs, mais ne reproduira peut-être qu'une seule fois dans sa vie. Les crapauds adultes errent fréquemment à de grandes distances de l'eau et sont habituellement nocturnes, en particulier à de faibles altitudes. En hiver, le crapaud de l'Ouest hiberne dans des terriers d'animaux ou sous des débris lâches. Les adultes sont carnivores et se nourrissent d'une vaste gamme d'invertébrés, notamment de vers de terre, de coléoptères, d'araignées et de fourmis. Même s'il libère un faible poison, le crapaud de l'Ouest est la proie de reptiles, de mammifères et d'oiseaux.

À la suite d'une évaluation de la situation par le COSEPAC (espèce préoccupante, 2002), la classification nationale du crapaud de l'Ouest est passée de en sécurité dans Les espèces sauvages 2000 à sensible dans le présent rapport. Dans l'évaluation du COSEPAC, on a découvert que les populations du bassin de Géorgie sur la côte boréale de la Colombie Britannique étaient préoccupantes en raison de déclins des populations et d'au moins un exemple de disparition locale. Les autres populations canadiennes étaient considérées comme « possiblement en sécurité ». Les populations canadiennes de crapauds de l'Ouest sont non seulement une composante unique de la faune de l'ouest du Canada, mais elles sont essentielles à la survie de cette espèce à l'échelle mondiale en raison du déclin des populations américaines. Une surveillance étroite et des recherches sont nécessaires au maintien de populations canadiennes saines de crapauds de l'Ouest.

Résultats des évaluations de la situation généraleNote1de bas de page

À l'échelle nationale, parmi les 46 espèces d'amphibiens présentes au Canada, neuf sont classées en péril (20 p. 100), y compris deux crapauds, trois grenouilles et quatre salamandres (figures 2-7-i et 2-7- ii, tableau 2-7-i). Ces neuf espèces possèdent une aire de répartition relativement restreinte; aucune n'est présente dans les territoires ni dans plus d'une province.

Sept espèces d'amphibiens sont classées sensibles (15 p. 100) et trente espèces, en sécurité (65 p. 100). Il n'existe aucune espèce exotique ni occasionnelle et aucune n'est classée possiblement en péril, indéterminée ni non évaluée à l'échelle nationale.

Figure 2-7-i: Résumé de la richesse en espèces et des classifications de la situation générale des espèces d'amphibiens au Canada en 2005.
diagramme à bandes (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 2-7-i

La figure 2-7-i résume la richesse en espèces et les classifications de la situation générale des espèces d'amphibiens au Canada et par région en 2005. Au Canada, 9 espèces étaient en péril, 7 sensibles et 30 en sécurité, pour un total de 46 espèces d’amphibiens. Au Yukon, 2 espèces étaient classées possiblement en péril, une sensible et une en sécurité, pour un total de 4 espèces. Dans les Territoires du Nord-Ouest, 2 espèces étaient classées possiblement en péril, une sensible et 2 en sécurité, pour un total de 5 espèces. Au Nunavut, 2 espèces étaient classées indéterminées et 6 non-évaluées, pour un total de 8 espèces. En Colombie-Britannique, 5 espèces étaient classées en péril, une possiblement en péril, 4 sensibles, 10 en sécurité et 2 exotiques, pour un total de 22 espèces. En Alberta, une espèce était classée en péril, 3 possiblement en péril, 3 sensibles et 3 en sécurité, pour un total de 10 espèces. En Saskatchewan, 2 espèces étaient classées en péril, une sensible, 4 en sécurité et une occasionnelle, pour un total de 8 espèces. Au Manitoba, une espèce était classée en péril, une possiblement en péril, 3 sensibles et 10 en sécurité, pour un total de 15 espèces. En Ontario, 2 espèces étaient classées disparues du Canada, 5 en péril et 18 en sécurité, pour un total de 25 espèces. Au Québec, une espèce était classée en péril, 4 possiblement en péril, 2 sensibles et 14 en sécurité, pour un total de 21 espèces. Au Nouveau-Brunswick, une espèce était classée sensible, 14 en sécurité et une indéterminée, pour un total de 16 espèces. En Nouvelle-Écosse, 13 espèces étaient classées en sécurité, pour un total de 13 espèces. À l’Île-du-Prince-Édouard, une espèce était classée possiblement en péril et 9 en sécurité, pour un total de 10 espèces. À Terre-Neuve et Labrador, une espèce était classée sensible, 5 en sécurité, une indéterminée et une exotique, pour un total de 8 espèces.

 

Table 2-7-i: Résumé des classifications de la situation générale des amphibiens au Canada en 2005.
Classification CA YT NT NU BC AB SK MB ON QC NB NS PE NL
Disparue au Canada 0 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0
Disparue 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
En péril 9 0 0 0 5 1 2 1 5 1 0 0 0 0
Possiblement en péril 0 2 2 0 1 3 0 1 0 4 0 0 1 0
Sensible 7 1 1 0 4 3 1 3 0 2 1 0 0 1
En sécurité 30 1 2 0 10 3 4 10 18 14 14 13 9 5
Indéterminée 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1
Non-évaluée 0 0 0 6 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Exotique 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 1
Occasionnelle 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0
Totale 46 4 5 8 22 10 8 15 25 21 16 13 10 8

 

Tableau 2-7-ii: Comparaison des classifications de la situation générale au Canada (« classification nationale ») des espèces d'amphibiens évaluées dans Les Espèces sauvages 2000 et dans Les espèces sauvages 2005.
Classification nationale Nombre et pourcentage d'espèces dans chaque classification dans Les espèces sauvages 2000 Nombre et pourcentage d'espèces dans chaque classification dans Les espèces sauvages 2005 Number and percentage of species in each rank in Wild Species 2005 Résumé du changement Justification du ou des changements
0 0 0 - a - -
0.2 Disparue     - -
0.1 Disparue au Canada     - -
1 En péril 4 (9%) 9 (20%) Évaluation du COSEPACb, changement taxinomiquec
2 Possiblement en péril 6 (13%) 0   Évaluation du COSEPACb, amélioration des connaissancesd
3 Sensible 6 (13%) 7 (15%) Évaluation du COSEPACb, amélioration des connaissancesd, changement taxinomiquec
4 En sécurité 29 (64%) 30 (65%) Évaluation du COSEPACb, amélioration des connaissancesd, erreure
5 Indéterminée 0 0 = -
6 Non-évaluée 0 0 = -
7 Exotique 0 0 = -
8 Occasionnelle 0 0 = -

a La catégorie disparue/disparue du Canada des Espèces sauvages 2000 a été scindée en deux en 2005 : disparue et disparue du Canada. Voir la section Contexte pour obtenir des précisions.

b Le COSEPAC a mené une évaluation officielle, ce qui permet d'étayer le changement de classification. Il ne s'agirait pas d'un changement biologique (relatif à la population, à la répartition ou aux menaces) depuis 2000.

c La grenouille à queue des Rocheuses (Ascaphus montanus), cotée en péril, a été déclarée espèce distincte de la grenouille à queue côtière (Ascaphus truei) après l'achèvement des classifications de Les Espèces sauvages 2000.

d De nouveaux renseignements ont été recueillis ou mis en lumière, ce qui permet d'étayer le changement de classification. Il ne s'agirait pas d'un changement biologique (relatif à la population, à la répartition ou aux menaces) depuis 2000.

e Une erreur a été détectée dans l'une des classification de Les Espèces sauvages 2000 après sa publication; le crapaud du Canada avait été signalé comme sensible, mais la classification exacte était en sécurité.

Légende : ↑Le nombre d'espèces de cette catégorie a augmenté. ↓Le nombre d'espèces de cette catégorie a diminué. ↔ Le nombre d'espèces ajoutées et d'espèces retirées est égal; aucun changement net. = Aucune espèce n'a été ajoutée ou retirée de cette catégorie.

 

Tableau 2-7-iii : Résumé des changements dans les classifications de la situation générale au Canada (« classification nationale ») des espèces d'amphibiens, entre Les espèces sauvages 2000 et 2005.
Classification Classification Nom commun Nom scientifique Justification du changementa
En péril Possiblement en Salamandre sombre des Desmognathus C
En péril Possiblement en Grande Dicamptodon C
En péril Possiblement en Salamandre de Ambystoma C
En péril Sensible Crapaud du grand Spea intermontana C
Sensible Possiblement en Crapaud des Bufo cognatus C
Sensible Possiblement en péril Salamandre pourpre Gyrinophilus porphyriticus C
Sensible Possiblement en péril Salamandre de Coeur d'Alène Plethodon idahoensis A
Sensible En sécurité Crapaud de l'Ouest Bufo boreas C
En sécurité Sensible Crapaud des plaines Spea bombifrons C
En sécurité Sensible Crapaud du Bufo hemiophrys C/A/E

a C: change due to new COSEWIC assessment. I: change due to improved knowledge of the species. E: change partially due to error in the 2000 ranks.

Comparaison avec Les espèces sauvages 2000

À la fin de 2000, la grenouille à queue des Rocheuses a été décrite comme une espèce distincte de la grenouille à queue côtière, ce qui a fait passer le nombre d'espèces canadiennes d'amphibiens à 46, soit une espèce de plus que dans Les espèces sauvages 2000. Les deux espèces ont été exclues des comparaisons avec le rapport de 2000.

Depuis Les espèces sauvages 2000, la classification nationale de 10 espèces (23 p. 100) a été modifiée (figure 2-7 iii, tableau 2-7-ii et 2-7-iii); dans la moitié des cas, les espèces ont été classées dans une catégorie de niveau de risque supérieure à la classification de 2000, et dans l'autre, dans une catégorie de niveau de risque inférieure. Les 34 autres espèces (77 p. 100) ont conservé la même. À la suite de ces modifications, le pourcentage d'espèces en péril a augmenté, celui d'espèces classées possiblement en péril a diminué et celui d'espèces sensibles et en sécurité est resté le même entre 2000 et 2005 (tableau 2-7 ii).

Les modifications des classifications nationales étaient attribuables à des évaluations de la situation par le COSEPAC (80 p. 100), à une amélioration des connaissances (10 p. 100) et à une combinaison d'évaluations officielles par le COSEPAC, d'amélioration des connaissances et de la détection d'une erreur dans le rapport de 2000 après sa publication (10 p. 100). La majorité des changements (60 p. 100) a eu lieu à la suite d'un reclassement d'espèces classées possiblement en péril dans les catégories en péril ou sensible, ce qui reflète une amélioration des connaissances plutôt que des changements biologiques dans les populations, la répartition ou les menaces depuis 2000 (figure 2-7- iii, tableau 2-7-iii). Par conséquent, l'importante augmentation du nombre d'espèces classées en péril (tableau 2-7-ii) n'illustre pas un véritable déclin de la situation générale des amphibiens depuis 2000. La réévaluation présente simplement un portrait plus clair de la véritable situation de ces espèces au Canada.

Menaces envers les amphibiens canadiens

Les déclins des populations d'amphibiens qui ont lieu à l'échelle mondiale depuis les 20 dernières années ont suscité de nombreuses discussions sur les menaces envers ces espèces. La perte et la dégradation de l'habitat, l'introduction d'espèces exotiques, la surexploitation (à des fins commerciales et récréatives), l'accroissement du rayonnement ultraviolet, la pollution, les maladies et les changements climatiques constituent les principales menaces. En outre, la mortalité attribuable à la circulation routière menace également certaines populations d'amphibiens.

La perte de l'habitat constitue l'une des principales menaces envers les amphibiens du Canada. Dans certaines régions du sud du pays, 90 p. 100 des milieux humides ont été asséchés ou autrement détruits. Les autres zones humides situées dans des paysages agricoles ou urbains risquent d'être pollués et l'abondance ainsi que la diversité des amphibiens qui s'y trouvent sont souvent réduites. En outre, la fragmentation de l'habitat restant limiterait ou empêcherait le déplacement des individus entre les populations, faisant diminuer la stabilité des populations et le flux génétique entre celles ci.

Certains déclins d'amphibiens à l'échelle mondiale ont été attribués à des maladies fongiques et virales, même dans des habitats vierges. Selon des recherches, les maladies affectent les populations en combinaison avec d'autres facteurs de stress. Par exemple, l'incidence d'une affection peut être accrue chez des populations affectées notamment par des polluants ou un rayonnement ultraviolet intense.

Conclusion

À la suite de la présente réévaluation des amphibiens du Canada, le pourcentage d'espèces classées en péril à l'échelle nationale a augmenté par rapport aux Les Espèces sauvages 2000. Cependant, ces modifications ne sont pas attribuables à des changements biologiques dans l'abondance, la répartition ou les menaces, mais plutôt, en grande partie, à de nouvelles évaluations par le COSEPAC et à une amélioration des connaissances des amphibiens canadiens. En majorité, les espèces sont passées de la catégorie possiblement en péril aux cotes en péril ou sensible, ce qui reflète essentiellement une amélioration des connaissances. Par conséquent, malgré la proportion accrue d'espèces classées en péril, le présent rapport ne reflète pas un véritable déclin sur le plan biologique de la situation générale des amphibiens depuis 2000; il brosse simplement un tableau plus exact de la situation des espèces au Canada que ce que permettaient de présenter les données connues en 2000.

Pour en savoir plus

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Attention grenouilles. (consulté le 23 septembre 2005).

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Références

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COSEPAC. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la grenouille maculée de l'Oregon Rana pretiosa au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, 2000. vi + 23 p.

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