Plan de gestion de la réserve nationale de faune de Bradwell : chapitre 2


2 Ressources écologiques

2.1 Habitats terrestres et aquatiques

La réserve nationale de faune de Bradwell (RNF) comprend des éléments modifiés de l’écorégion des prairies mixtes humides de l’écozone des Prairies (Groupe de travail sur la stratification écologique, 1995). Les écosites des milieux secs occupent 77 ha (70 %) de la RNF et sont composés de sols de loam sableux brun foncé du sous-ordre chernozem orthique dans une plaine d’épandage fluvioglaciaire. Au départ, les écosites des milieux secs étaient dominés par des prairies de stipe du Nord, d’élyme lancéolé et de stipe comateuse (Hesperostipa curtiseta - Elymus lanceolatus - Hesperostipa comata) (Thorpe, 2007). Les inventaires récents confirment qu’il reste de petits vestiges de ce type de prairies sur trois sommets de colline sans culture, avec une forte proportion de carex de milieux secs (Carex obtusata, C. filifolia, C. heliophila) et d’armoise douce (Artemisia frigida).

Au cours du dernier siècle, les écosites des milieux secs ont été modifiés par des activités humaines, délibérées ou non. Historiquement, environ la moitié (46 ha) de ces terres ont été labourées pour la production de cultures annuelles. La plus grande partie des terres est maintenant dominée par des fourrages vivaces semés d’origine européenne, surtout constitués de brome inerme, d’agropyre intermédiaire et de luzerne. De plus petites zones ont été ensemencées avec différents mélanges de légumineuses et de graminées indigènes et cultivées à titre expérimental en 1979 (Service canadien de la faune, 1985). Les inventaires de la végétation en 2012 indiquent qu’aucune des espèces indigènes semées n’a persisté, et tous les sites des milieux secs cultivés par le passé sont maintenant dominés par le brome inerme et l’agropyre intermédiaire.

Du fait des activités de suppression des incendies destinées à protéger les infrastructures et les réserves de fourrage, nombre d’habitats de prairies indigènes dans la RNF de Bradwell comprennent maintenant des parcelles grandissantes d’habitats de forêt et d’arbustes, dont le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides), le saule (Salix spp.), la symphorine de l’ouest (Symphoricarpos occidentalis), le rosier des prairies (Rosa arkansana), le chalef argenté (Elaeagnus commutata) et le groseillier du Nord (Ribes oxyacanthoides). Avec l’absence à long terme de feux, du pâturage et de la fenaison dans la RNF, le brome inerme, le chardon des champs, le laiteron des champs (Sonchus arvensis), l’armoise absinthe et le mélilot jaune ont pu produire des semences qui ont été dispersées par le vent. Ces espèces ont envahi et dominent maintenant pratiquement tous les 45 ha des vestiges de la prairie indigène et des prés humides.

Les écosites des basses terres et des étangs, qui renferment des eaux douces à salées, occupent 37 ha (30 %) de la RNF. Les sols sont composés de chernozem gleyifié brun foncé et de gleysol humide à texture loameuse. Dans les terres humides, les espèces émergentes communes comprennent l’éléocharide des marais (Eleocharis palustris), le scirpe (Scirpus spp.) et la quenouille à feuilles larges (Typha latifolia). En raison des régulations du niveau d’eau et de l’eau douce provenant des rivières par le canal, il y a également plusieurs groupes émergents de roseau commun (Phragmites communis) dans les canaux et aux entrées et aux sorties des étangs. Le myriophylle (Myriophyllum spp.) et le potamot (Potamogeton spp.) sont les plantes presque submergées dominantes. Dans les zones de prés humides, le jonc de la Baltique (Juncus balticus), le carex (Carex spp.), la calamagrostide contractée (Calamagrostis inexpansa), la beckmannie à écailles unies (Beckmannia syzigachne), le pissenlit officinal (Taraxacum officinale) et le troscart maritime (Triglochin maritima) sont les espèces communes. Dans les zones salines, le distichlis dressé (Distichlis spicata) et l’orge queue-d’écureuil (Hordeum jubatum) sont les espèces communes (Millar, 1976).

2.2 Faune

Plus de 100 espèces d’oiseaux ont été observées dans la réserve nationale de faune de Bradwell. Les principaux groupes d’oiseaux migrateurs qui utilisent actuellement la RNF sont la sauvagine, les grèbes et les oiseaux de rivage. On soupçonne qu’un effectif élevé de sauvagine observé dans la région y nichent, bien que ce ne soit confirmé que pour la Bernache du Canada (Branta Canadensis), le Canard pilet (Anas acuta), le Canard chipeau (Anas strepera) et l’Érismature rousse (Oxyura jamaicensis). De nombreux oiseaux de rivage que l’on trouve dans la région de la RNF de Bradwell y font des haltes migratoires au printemps et à l’automne; toutefois, il a été confirmé que le Pluvier kildir (Charadrius vociferous), la Barge marbrée (Limosa fedoa) et le Phalarope de Wilson (Phalaropus tricolor) nichent dans la région. Les prédateurs aviaires parfois observés dans la région sont le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), la Buse de Swainson (Buteo swainsoni), le Grand-duc d’Amérique (Bubo virginianus), le Hibou des marais (Asio flammeus), la Pie d’Amérique (Pica hudsonia) et la Corneille d’Amérique (Corvus brachyrhynchos). La plupart des espèces de passereaux sont des visiteurs réguliers pendant l’été qui nichent probablement localement (Service canadien de la faune, 1985).

Au moins 19 espèces de mammifères se trouvent sur la RNF de Bradwell. Le sol et la végétation des milieux secs sont souvent perturbés par des monticules de terre créés par le gaufre gris (Thomomys talpoides), alors que la végétation des terres humides et des milieux secs subit largement l’impact du rat musqué et du castor. D’autres espèces de mammifère présentes en grand nombre, qui sont des prédateurs importants des oiseaux, des œufs ou des oisillons comprennent le renard roux (Vulpes vulpes), le coyote (Canis latrans), le raton laveur (Procyon lotor), l’hermine (Mustela erminea), le vison d’Amérique (Neovision vision), la mouffette rayée (Mephitis mephitis), le spermophile de Franklin (Spermophilus franklinii) et le spermophile rayé (Spermophilus tridecemlineatus) (voir Pasitschinak-Arts et al., 1998). On observe souvent le cerf de Virginie (Odocoileus virginiana) se reposant dans le couvert de forêt et d’arbustes, et se nourrissant dans les cultures de fourrage vivace.

Trois amphibiens sont des habitués connus des habitats des terres humides et des milieux secs de la RNF de Bradwell, nommément la grenouille des bois (Rana sylvatica), la rainette faux-grillon (Pseudacris maculata) et le crapaud du Canada (Bufo hemiophrys). La tête-de-boule (Pimephales promelas) a été détectée dans les terres humides en 1983, probablement en provenance du réseau de canaux.

Parmi les invertébrés, plusieurs groupes aquatiques sont abondants et importants, constituant une source de nourriture pour la faune, ou servant d‘indicateurs de changement environnemental. Les groupes les mieux représentés dans la RNF de Bradwell sont les crustacés (par exemple, cladocères, Hyalella spp. , Gammarus spp.), les larves d’insectes (par exemple, Diptères, Éphéméroptères, Odonates) et les coléoptères adultes (par exemple, Dytiscidés, Chrysomélidés) (Euliss et al. 1999).

2.3 Espèces en péril

Deux espèces ont été recommandées pour l’inscription à la liste de Loi sur les espèces en péril, le Goglu des prés (Dolichonyx oryzivorus) et le Grèbe esclavon (Podiceps auritus) qui ont été observés dans la RNF de Bradwell en 2012. On sait que cinq autres espèces en péril ont été observées dans le paysage environnant (tableau 3). Le recensement international du Pluvier siffleur, effectué tous les cinq ans depuis qu’il a été amorcé en 1991, inclut le réservoir Bradwell à proximité (Elliot-Smith et al., 2009), mais on n’a recensé aucun individu sur ce site jusqu’à maintenant (M. Ranalli, communication personnelle). Aucun habitat essentiel pour des espèces en péril dans la RNF de Bradwell n’a été inscrit sur la liste en vertu de la Loi sur les espèces en péril.

Tableau 3 : Présence confirmée d’espèces en péril dans la réserve nationale de faune de Bradwell ou dans le paysage environnant
Espèce Noms communs de l’espèce Noms scientifiques de l’espèce Statut/
Canada/
Loi sur les espèces en péril (LEP)a
Statut/
Canada/
Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC)b
Statut/
Saskatchewan/
Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (LEMV)c
Présence ou potentiel de présence
Oiseaux Hirondelle rustique Hirundo rustica Aucun statut Espèce menacée S5B, S5M Potentiel
Oiseaux Goglu des prés Dolichonyx oryzivorus Aucun statut Espèce menacée S5B Confirmée
Oiseaux Grèbe esclavon Podiceps auritus Aucun statut Espèce préoccupante S5B Confirmée
Oiseaux Pluvier siffleur Charadrius melodus circumcinctus Espèce en voie de disparition Espèce en voie de disparition S3B Potentiel
Oiseaux Hibou des marais Asio flammeus Espèce préoccupante Espèce préoccupante S3B, S2N Potentiel
Oiseaux Pipit de Sprague Anthus spragueii Espèce menacée Espèce menacée S4B Potentiel
Amphibiens Grenouille léopard Lithobates pipiens (syn. Rana pipiens) Espèce préoccupante Espèce préoccupante S3 Potentiel

a Loi sur les espèces en péril : disparue, disparue du pays, en voie de disparition, menacée, préoccupante, non en péril (évaluée et jugée non à risque de disparaître) ou aucun statut (non évaluée)

b Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

c Rang provincial du Saskatchewan Conservation Data Centre (SKCDC) (PDF; 32Ko) (en anglais seulement)

2.4 Espèces envahissantes

Le chardon des champs, le laiteron des champs, l’armoise absinthe et le mélilot jaune ont envahi la plus grande partie de ce qui reste des milieux secs de la prairie indigène dans la RNF de Bradwell. La plus grande partie des milieux secs cultivés ont été ensemencés avec du brome inerme et de la luzerne et, par conséquent, le brome inerme a envahi la pente descendante de la plupart des zones en bordure des milieux humides. Le canal le long de la lisière sud de la RNF de Bradwell contient des populations importantes d’alpiste roseau (Phalaris arundinacea) et de roseau commun (Phragmites), bien qu’on ignore si cette dernière est l’espèce exotique (Phragmites australis) ou indigène (Phragmites communis).

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2017-09-10