Plan de gestion de la réserve nationale de faune de l’Île Portage : chapitre 1

Figure 1 : Sternes pierregarins volant au-dessus de la barre nord, réserve nationale de faune de l’Île Portage.
Sternes pierregarins volant au-dessus de la barre nord
Photo : C. MacKinnon © Environnement Canada, 1991

1 Description de l’aire protégée

La réserve nationale de faune (RNF) de l’Île Portage se situe dans la baie Miramichi, à l’embouchure de la rivière Miramichi (voir la figure 2), au Nouveau-Brunswick (47º 10’ N., 65º 02’ O.). L’île, d’une superficie de 348 ha, s’étend sur 5,7 km de long et 1,15 km de large, et englobe une variété d’habitats : 41 % de la superficie est couverte de forêts; 25 %, de dunes sans végétation; 12 %, de marais salés; 10 %, de dunes principalement arbustives (Myrica sp.); 9 %, de dunes dominées par des graminées (Ammophila sp.); 3 %, d’étangs saumâtres (voir la figure 3).

La RNF de l’Île Portage est une aire protégée de catégorie 1a de la classification de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) (classification de l’Union internationale pour la conservation de la nature). Cette RNF constitue une halte de repos et de migration importante pour la sauvagine et abrite une diversité d’oiseaux de rivage migrateurs. Un nombre assez important de Pluviers siffleurs (Charadrius melodus), espèce en voie de disparition, nichent sur l’île (5 nids observés en 2003). Un grand nombre de Harles huppés (Mergus serrator) et de Cormorans à aigrettes (Phalacrocorax auritus) non nicheurs sont également observés durant les mois d’été ( Barkhouse et Smith, 1981; MacKinnon, 1991 ).

L’île Portage est devenue une RNF faune le 8 novembre 1979. La RNF est administrée en vertu du Règlement sur les espèces sauvages de la Loi sur les espèces sauvages du Canada et est gérée par le Service canadien de la faune (SCF) d’Environnement Canada.

Tableau 1 : Informations sur la RNF de l’Île Portage
Categorie Information
Désignation de l’aire protégée Réserve nationale de faune
Province ou territoire Nouveau-Brunswick
Latitude et longitude 47º 10’ N., 65º 02’ O.
Superficie 451 ha (1114 acres) Remarque: En 2000, à la suite d’érosion, la superficie de l’île était de 348 ha (860 acres)
Critères de sélection de l’aire protégée ( Manuel des aires protégées ) Passé : La zone abrite, une partie de l’année, une population concentrée d’une espèce ou d’une sous-espèce ou d’un groupe d’espèces. Plus précisément, on observe dans la RNF de l’Île Portage des populations concentrées de sauvagine et d’oiseaux de rivage, dont 1 % de la population nicheuse de Pluviers siffleurs de la région de l’Atlantique. Présent : Satisfait au critère 1(a) : « La zone abrite, une partie de l’année, une population concentrée d’une espèce ou d’une sous-espèce ou d’un groupe d’espèces. » De façon plus précise, des espèces coloniales telles que le Cormoran à aigrettes et le Grand Héron utilisent les milieux humides de la RNF de l’Île Portage. Ainsi, ces oiseaux sont concentrés sur l’île durant une partie de l’année. La zone répond également au critère 2(b) : « La zone revêt une valeur particulière pour maintenir la diversité génétique et écologique d’une région à cause de la qualité et de l’unicité de sa flore et de sa faune. »
Système de classification des aires protégées Protection des espèces ou des habitats essentiels
Classification de l’Union internationale pour la conservation de la nature 1a
Numéro de décret en conseil PC 1970-1932 et PC 1979-3017
Numéro du Répertoire des biens immobiliers fédéraux (RBIF) 04618
Publication dans la Gazette du Canada 8 novembre 1979
Autres désignations
  • À l’échelle de la province, proposition de classement comme « zone critique » ( Dionne et al. 1988 )
  • Réserve écologique selon le Programme biologique international ( Wein et Jones, 1975 )
Importance faunistique et floristique Succession unique de dunes côtières
Espèces envahissantes Aucune répertoriée
Espèces en péril Pluvier siffleur
Organisme de gestion Environnement Canada, Service canadien de la faune
Accès public et utilisation publique Le public est admis sur l’île. Les plages, accessibles par bateau, servent souvent aux activités récréatives estivales. Dans la RNF, il n’y a aucune infrastructure destinée aux visiteurs.
Figure 2 : Réserve nationale de faune de l’Île Portage, baie Miramichi, Nouveau-Brunswick.
Réserve nationale de faune de l’Île Portage
Photo : © Environnement Canada, 2014
Description longue pour la figure 2

Figure 2. Une carte de l'emplacement de la réserve nationale de faune de l'île Portage au Nouveau-Brunswick, montrant des caractéristiques voisines telles que la Baie-de-Miramichi, le parc provincial de Neguac, les villes de Neguac, Basse-Neguac et de Burnt Church ainsi que les routes sur le territoire continental. L’échelle de la carte est en kilomètres. De plus amples détails se trouvent aux paragraphes précédents ou suivants.

Figure 3 : Vue aérienne de l’île Portage, 2003.
Vue aérienne de l’île Portage
Photo : © Environnement Canada, 2014
Description longue pour la figure 3

Figure 3. Une photo aérienne (prise par satekkite) de l'île Portage en 2003 dans la Baie-de-Miramichi montrant des caractéristiques de Gammon Bay, Gammon Point, et des plages de Miramichi. L’échelle de la carte est en centaines de mètres. Source: Gouvernement du Nouveau-Brunswick 2003. De plus amples détails se trouvent aux paragraphes précédents ou suivants.

1.1 Contexte régional

La RNF de l’Île Portage est située dans la baie Miramichi, à 39 km au nord-est de la ville de Miramichi, dans le comté de Northumberland, au Nouveau-Brunswick (47º 10’ N., 65º 02’ O.), et à 6 km de la terre ferme. L’île Portage a une longue histoire d’utilisation pour les pêches côtières par les collectivités de la terre ferme à l’ouest de l’île, soit celles du village de Neguac et de la Première Nation de Burnt Church ( Esgenoôpetitj; Perley, 1852; Ganong, 1904 ). À 3,7 km au nord-ouest de l’île Portage, le site généralement utilisé pour la mise à l’eau des embarcations en direction de l’île se trouve au parc provincial de l’Île-aux-Foins (voir la figure 2).

L’île Portage se trouve dans l’écozone maritime de l’Atlantique, 1 des 15 écozones terrestres du Canada. À l’intérieur de cet écozone, l’île est située à l’extrémité côtière sud-est de l’écodistrict de Caraquet ( Zelazny, 2007 ). Cet écodistrict longe la bordure côtière de la péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick, qui commence à l’embouchure de la rivière Miramichi (site de la RNF de l’Île Portage) et se termine à l’embouchure de la rivière Nepisiguit. Le bras est de cet écodistrict, entre l’île Caraquet et Bartibog Bridge, consiste en une série de dunes, de baies protégées et d’îles-barrières. L’île Portage est l’île la plus méridionale et retirée de cette chaîne linéaire d’habitat côtier.

L’île Portage fait partie d’une série de dunes et d’îles qui bordent la côte est du Nouveau-Brunswick ( McCann, 1980; O’Carroll et al., 2006 ). Directement au sud de l’île Portage se trouvent les îles Fox et Huckleberry et, au sud-est, les îles Bay du Vin et Egg. Un autre système dunaire, la barre de Neguac, se trouve au nord de l’île Portage.

Cette zone est importante pour une variété d’oiseaux aquatiques. En 1993, la plus grande colonie de Grands Hérons de la province vivait sur l’île Bay du Vin (229 nids observés; MacKinnon, 1993a). Un petit îlot isolé au bout de la pointe sud de l’île Huckleberry a également déjà abrité une importante colonie de Sternes pierregarins. De plus, une colonie de Cormorans à aigrettes vit sur l’île Egg ( MacKinnon, 1996 ) et une importante colonie de Sternes pierregarins (3 527 nids observés en 1993) s’est déjà trouvée sur la barre Neguac. Cette colonie a été délaissée vers 1994 à cause des activités humaines ( MacKinnon, 1993b ). À mesure que les colonies d’oiseaux se déplacent et se relocalisent, la RNF de l’Île Portage offre à ces espèces un habitat non perturbé important ( Boyne et Hudson, 2002; Davis et al., 2011 ).

Le réseau complet d’îles côtières, dont fait partie l’île Portage, constitue un habitat important pour le Pluvier siffleur, en voie de disparition ( Environnement Canada, 2012 ). L’habitat de nidification de cette espèce, composé de plats entre les dunes exposées et d’aires balayées par l’eau et le vent, rend la nidification précaire puisque les sites sont très susceptibles d’être inondés lors de marées hautes et de tempêtes ( Goodale et al., 2007; Cohen et al., 2009 ). L’île Portage offre à la fois une grande superficie et un habitat côtier diversifié, essentiels pour l’espèce.

1.2 Aperçu historique

Le peuple Mi’kmaq vit dans la région de l’île Portage depuis des générations. À proximité, la collectivité de la Première Nation d’Eskinuopitijk, également connue sous le nom de Première Nation de Burnt Church, a également une riche histoire de colonisation. Établi sur la rive de la rivière Miramichi, Metepenagiag est le plus vieux village du Nouveau-Brunswick puisque la présence humaine en ces lieux remonte à plus de 3 000 ans ( Allen, 1994 ).

Les peuples autochtones et les premiers colons français s’arrêtant sur l’île lors de leurs fréquentes traversées de la baie ont probablement donné son nom à l’île Portage ( Smethurst, 1774 ). Selon Perley (1852), les premiers poste de traite et établissement de pêche occupés toute l’année à proximité de la rivière Miramichi ont vu le jour sur cette île. Au début du 19e siècle, la pêche au homard s’est rapidement développée, et les revenus se sont ajoutés à l’économie locale. Une petite installation de transformation du homard avait été établie sur l’île Portage, mais l’emplacement réel de l’installation est inconnu, et le site s’est peut-être érodé depuis.

En 1867, on a divisé l’île en 31 lots (prés) réservés principalement à la récolte de graminées indigènes associés aux dunes afin de nourrir le bétail. En 1869, un phare a été construit sur l’île pour marquer la moitié nord de l’entrée principale dans la baie Miramichi. Le phare a été ensuite mis hors service et déplacé à l’Aquarium et Centre marin du Nouveau-Brunswick, à Shippegan, à des fins de préservation. Les feux d’alignement sont encore opérés par la Garde côtière canadienne. Pour une description plus complète de l’histoire de l’île Portage, veuillez consulter l’annexe 1.

1.3 Propriété des terres

Toute l’île Portage appartient au gouvernement du Canada, qui l’administre, et fait partie de la RNF. Les limites de la propriété suivent la laisse de haute mer moyenne (marée normale) autour de la périphérie de l’île, aux termes de la définition standard des terres de la Couronne au Nouveau-Brunswick.

Le gouvernement fédéral ne détient pas les droits miniers du sous-sol de la RNF de l’Île Portage.

À l’exception d’un sentier pédestre dans les bois, il n’y a aucune emprise ni clôture sur l’île, et l’utilisation de tout véhicule est interdite dans la RNF.

1.4 Installations et infrastructures

Il n’existe ni routes ni bâtiments désignés dans la RNF de l’Île Portage, ce qui réduit au minimum les exigences en matière de maintenance. Tel qu’il a été noté, un très vieux sentier pédestre non entretenu relie l’anse nord-ouest, la baie Gammon, et le côté est de l’île. L’extrémité est du sentier peut être difficile à localiser le long de la ligne de côte, qui change constamment et est remaniée lors des grandes tempêtes. Les visites du site, qui se déroulent au moins une fois tous les deux ans, incluent des inspections et des réparations ou remplacements des panneaux indicateurs

sur les règlements de la RNF (y compris des panneaux de 2 x 4 po indiquant les limites, les avis publics et la RNF; voir le tableau 2).

Tableau 2 : Installation et infrastructures dans la RNF de l’Île Portage
Type d’installation ou d’infrastructure Superficie ou longueur approximative (m, m2, km, km2 ou m linéaire) Gestionnaire (et/ou propriétaire)
Limites de la propriété 14,5 km Environnement Canada - Service canadien de la faune
(EC-SCF)
Panneaux indiquant les limites de la RNF 25 EC-SCF
Panneaux indiquant l’entrée de la RNF (anse Gammon) 1 EC-SCF
Panneaux indiquant les avis publics 4 EC-SCF
Feux d’alignement ( TPSGC, carte S-1011 ) 3 tours Ministère des Pêches et des Océans - Garde côtière canadienne
(MPO-GCC)

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