Plan de gestion de la réserve nationale de faune de Sand Pond : chapitre 2

2 Ressources écologiques

2.1 Habitats terrestres et aquatiques

Les sols de la réserve nationale de faune (RNF) de Sand Pond sont généralement composés de minces couches de sable et de gravier recouvertes de tourbe à certains endroits. Une forêt d’épinettes et de sapins occupe la plupart des sites des hautes-terres. L’épinette rouge (Picea rubens) et le sapin baumier (Abies balsamea) sont particulièrement répandus dans les zones bordant les hautes-terres couvertes d’éricacées. Le parterre forestier typique comprend le quatre-temps (Cornus canadensis), la clintonie boréale (Clintonia borealis), la trientale boréale (Trientalis borealis) et le maïanthème du Canada (Maianthemum canadense). La fougère-aigle (Pteridium aquilinum) est commune dans les zones dégagées de ces boisés. Le mélèze laricin (Larix laricina) et le pin blanc (Pinus strobus) sont aussi présents. Les feuillus, comme le bouleau à papier (Betula papyrifera) et l’érable rouge (Acer rubrum), occupent les sites mieux drainés. Le chêne rouge (Quercus rubra) et l’érable à sucre (Acer saccharum) sont présents le long de la limite nord-ouest de la réserve (Van Zoost, 1969; Barkhouse, 1986; Newell, 2002).

Parmi les éricacées, mentionnons la camarine noire (Empetrum nigrum), le raisin d'ours (Arctostaphylos uva-ursi), le kalmia à feuilles étroites (Kalmia angustifolia) et le myrique baumier (Myrica gale). La cladine rangifère (Cladonia rangiferina) et le lycopode obscur (Lycopodium obscurum) constituent les principales espèces végétales du parterre des grandes zones non boisées de la RNF de Sand Pond. Les hautes-terres couvertes d'éricacées sont bien asséchées et abritent diverses densités de couvert arbustif composé d'aulnes (Alnus spp.) et de saules (Salix spp.) (figures 4 et 5).

Le mauvais drainage a entraîné la formation de deux tourbières ombrotrophes distinctes dans le sud-est de la RNF de Sand Pond. Les deux tourbières sont caractérisées par de grands tapis de sphaignes, probablement le Sphagnum rubrum.

Le site se distingue aussi par la présence d'une grande diversité d'espèces de la flore de la plaine côtière de l'Atlantique où dix-neuf espèces ont été répertoriées (Newell, 2002). À l'intérieur de la RNF de Sand Pond, deux espèces de plantes sont désignées comme “Jaune” et les états des autres espèces désignées comme “Vertes”, ou en sécurité, ne sont pas estimées comme étant à risque (tableau 3). Des 90 espèces de la flore de la plaine côtière de l'Atlantique (FPCA) présentes en Nouvelle-Écosse, 11 de ces dernières sont désignées comme étant des espèces en péril en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral et de la Nova Scotia Endangered Species Act. Aussi, vingt-cinq espèces sont répertoriés comme étant «à risque» (classées rouges) par le Nova Scotia General Status Listing (Crowley and Beals, 2011). Au Canada, les espèces FPCA se trouvent à la limite septentrionale de leur aire de répartition; l'aire de répartition canadienne des 11 espèces FPCA désignées se limite à la province de la Nouvelle-Écosse, par contre aucune preuve de présence de ces dernières n'a été trouvée dans la RNF. Un programme de rétablissement contenant un plan d'action a été élaboré pour gérer l'ensemble des 11 espèces de la FPCA provincial et fédéral désignées à risque (Environnement Canada et l'Agence Parcs Canada, 2010). Des renseignements supplémentaires se trouvent dans le guide d'identification de la flore de la plaine côtière de l'Atlantique en Nouvelle-Écosse (Atlantic Coastal Plain Flora in Nova Scotia Identification and Information Guide).

2.1.1 Terres humides

Les terres humides d'eau douce de la RNF de Sand Pond comprennent le Sand Pond, la rivière Fresh et la rivière Back, ainsi que les étangs connexes et les marais qui les bordent. Les eaux y sont fortement colorées par les tanins, sont naturellement acides et ont été touchées par les précipitations acides (Clair et al., 2011). En 1969, Canards illimités Canada, en collaboration avec le Service canadien de la faune, installe un ouvrage de régularisation des niveaux d'eau dans la décharge du Sand Pond afin de remettre en état les 34 hectares de terres humides qui ont été asséchés par le passé aux fins de l'exploitation de la cannebergière. L'ouvrage a souvent été bloqué par les castors (Castor canadensis), et les billots qui entravaient la circulation de l'eau ont été enlevés en 1988. Le niveau du lac est de nos jours maintenu par les barrages de castors ainsi que par la sédimentation qui en résulte à la décharge du lac. Cette fluctuation naturelle des niveaux d'eau est peut-être avantageuse pour certaines espèces de la flore de la plaine côtière de l'Atlantique (Keddy et Wisheu, 1989).

Les pourtours du lac sont bordés par une étroite lisière d'aulnes (Alnus spp.), de myrique baumier (Myrica gale), de calamagrostide du Canada (Calamagrostis canadensis) et de spirée blanche (Spiraea alba). Le lac est couvert par une végétation émergente clairsemée, composée surtout de jonc militaire (Juncus militaris), de pontédérie cordée (Pontederia cordata), de duliche roseau (Dulichium arundinaceum) et d'éléocharide des marais (Eleocharis palustris). Le nymphéa odorant ou nénuphar blanc (Nymphaea odorata) et le grand nénuphar jaune (Nuphar lutea) sont communs aussi (Newell, 2002).

La rivière Fresh se jette dans le Sand Pond, du côté sud-est. Les eaux du Sand Pond coulent vers la rivière Back en empruntant un chenal aménagé par les humains. Dans le nord-ouest de la RNF, la rivière Back devient une grande zone d'eaux lentes, communément appelée « Billy Hole », et d'autres étangs situés le long des rivières Fresh et Back abritent des nymphéas odorants ou nénuphars blancs et des grands nénuphars jaunes. Ces terres humides sont bordées de vastes prés à éricacées, où dominent le kalmia à feuilles d'andromède (Kalmia polifolia) et le cassandre caliculé (Chamaedaphne calyculata).

Le mauvais drainage a mené à la formation de deux tourbières ombrotrophes distinctes dans le sud-est de la RNF de Sand Pond. La végétation des deux tourbières est dominée par les sphaignes, la linaigrette (Eriophorum sp.) et les éricacées arbustives. La plus petite des tourbières est caractérisée par la présence d'épinettes noires et de mélèzes laricins clairsemés, alors que la plus grande est presque exempte de couvert arboré.

2.1.2 Hautes terres couvertes d’éricacées

Les rives nord et est du Sand Pond sont reliées à une vaste zone de hautes-terres rocheuses, appelées « les landes », qui s’étend vers l’intérieur de la province. Cette zone abrite de grandes parcelles de couvert arbustif très bas, y compris le bleuet fausse-myrtille (Vaccinium myrtilloides), le houx glabre (Ilex glabra), le raisin d’ours, le kalmia à feuilles étroites (Kalmia angustifolia) et de grandes superficies dominées par la fougère-aigle (Pteridium aquilinum). Le bas couvert végétal est ponctué d’arbustes clairsemés de taille un peu plus grande, dont l’aulne rugueux (Alnus rugosa), le gaylussaquier à fruits bacciformes (Gaylussacia baccatta) et le mélèze laricin. La bordure de cette zone est généralement peuplée d’arbustes de grande taille comme le rhododendron du Canada (Rhododendron canadense) et le kalmia à feuilles étroites.

2.1.3 Zones boisées

Les zones boisées constituent 50 % (261 hectares) de la RNF de Sand Pond. Les zones sèches sont couvertes de peuplements mélangés de conifères et de feuillus, dans lesquels on trouve le plus souvent l'érable rouge, le sapin baumier, le mélèze laricin, l'épinette rouge et l'épinette blanche. Les espèces moins communes sont le bouleau à papier (Betula papyrifera), le bouleau gris (Betula populifolia) et le sorbier d'Amérique (Sorbus americana). Les incendies ont touché ces boisés de manière périodique durant de nombreuses années, et les zones en début de succession sont généralement colonisées par le peuplier à grandes dents (Populus grandidentata) et le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides). De nombreux marécages peuplés d'érables rouges sont épars dans la réserve. Le chêne rouge et l'érable à sucre sont présents le long de la limite nord-ouest de la RNF.

Les espèces herbacées communes du tapis forestier sont l'aralie à tige nue (Aralia nudicaulis), la savoyane (Coptis trifolia), le quatre-temps (Cornus canadensis), la linnée boréale (Linnaea borealis), le petit thé (Gaultheria hispidula), l'osmonde cannelle (Osmunda cinnamomea), le maïanthème du Canada (Maianthemum canadense), la thélyptère de New York (Thelypteris noveboracensis) et la fougère-aigle.

2.1.4 Vieux champs

Les vieux champs, délimités par les vestiges des bas murs de pierre, en sont maintenant à divers stades de la succession végétale. Les zones dégagées sont remplacées par des buissons de rosiers sauvages (Rosaspp.) et des peuplements denses d'épinettes blanches. Il ne reste aucune structure construite par les humains dans les champs, mais on trouve un petit nombre d'échappées de jardin dans la végétation entourant les vieilles maisons de ferme, y compris le panais sauvage (Pastinaca sativa), l'amourette commune (Briza media) et l'hémérocalle fauve (Hemerocallis fulva) . Parmi les autres espèces, mentionnons la centaurée noire (Centaurea nigra) , la verge d'or à dix fleurs (Solidago nemoralis), le dactyle pelotonné (Dactylis glomerata) et la fléole des prés (Phleum pratense). Les essences ligneuses de début de succession comprennent le cerisier de Virginie (Prunus virginiana), le cerisier de Pennsylvanie (Prunus pensylvanica), l'aulne crispé (Alnus crispa) et la ronce des Alléghanys (Rubus allegheniensis).

2.2 Faune

2.2.1 Oiseaux

Durant plusieurs années, le Sand Pond a été connu principalement en raison de l'utilisation qu'en faisaient les nombreux canards noirs durant la migration automnale. Selon les conditions maréales et météorologiques, les canards noirs quittent les marais salés avoisinants pour gagner ce lac d'eau douce, qui leur sert principalement d'aire de repos. Le 14 octobre 1969, environ 6 000 canards noirs auraient été observés au Sand Pond; cependant, l'effectif habituel en automne s'élève à quelques centaines de canards. D'autres oiseaux aquatiques fréquentent les terres humides et s'y reproduisent, notamment le fuligule à collier (Aythya collaris) et la sarcelle d'hiver (Anas crecca). Les hautes-terres adjacentes abritent un grand nombre de bécasses d'Amérique (Scolopax minor) et de gélinottes huppées (Bonasa umbellus).

2.2.2 Mammifères

On observe dans la RNF de Sand Pond les espèces de grands mammifères qui sont communes dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse; mentionnons entre autres le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus), le porc-épic d'Amérique (Erethizon dorsatum), le coyote de l'Est (Canis latrans), le vison (Mustela vison), l'écureuil roux (Tamiasciurus hudsonicus), le lièvre d'Amérique (Lepus americanus), le lynx roux (Lynx rufus), le rat musqué (Ondatra zibethicus) et l'hermine (Mustela erminea).

Les petits mammifères présents dans la RNF incluent la musaraigne cendrée (Sorex cinereus) et le campagnol des prés (Microtus pennsylvanicus). La musaraigne fuligineuse (Sorex fumeus), la musaraigne palustre (Sorex palustris), la grande musaraigne (Blarina brevicauda), la souris sauteuse des bois (Napaeozapus insignis) et le campagnol de Gabber (Clethrionomys gabberi) devraient aussi fréquenter la RNF (Dawe, 2004).

2.2.3 Reptiles et amphibiens

Neuf espèces de reptiles et d'amphibiens ont été observées dans la RNF de Sand Pond (tableau 4). Des parcelles d'habitat potentiel pour six autres espèces sont présentes dans la RNF. Les relevés menés à l'est et à l'ouest de la RNF de Sand Pond ont permis de signaler la présence des espèces suivantes : la grenouille des marais (Rana palustris), la couleuvre à collier (Diadophis punctatus), la couleuvre verte (Opheodrys vernalis), la couleuvre à ventre rouge (Storeria occipitomaculata), la tortue peinte (Chrysemys picta) et la chélydre serpentine (Chelydra serpentina) (Brannen, 2004).

2.2.4 Poissons

Le Sand Pond et ses étendues d’eau connexes sont des endroits prisés pour la pêche à l’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis). D’autres espèces communes de poissons y vivent, notamment la perchaude, le baret et le méné jaune (tableau 5).

2.3 Espèces en péril

Aucune espèce en péril désignée en vertu de la LEP ni aucune espèce en péril dont la situation a été révisée par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) n’ont été observées dans la RNF de Sand Pond ces dernières années (MacKinnon et Vickruck, 2014). Cependant, certaines espèces d’oiseaux, comme l’hirondelle rustique et l’engoulevent d’Amérique ont été répertoriées en 1968 et en 1974. Puisque l’habitat a resté relativement inchangé depuis, ces espèces devraient encore fréquenter la réserve (tableau 6). Bien qu’aucune espèce désignée de la flore de la plaine côtière de l’Atlantique n’ait été observée dans la RNF, il est à souligner que toutes les espèces de cette flore sont rares au Canada (Newell, 2002).

2.4 Espèces envahissantes

Aucune espèce envahissante n’a été observée à la RNF de Sand Pond.