Plan de gestion de la réserve nationale de faune de Sand Pond : chapitre 3


3 Menaces et défis relatifs à la gestion

Bon nombre des possibles problèmes qui menacent l’intégrité écologique de la réserve nationale de faune (RNF) de Sand Pond sont liés à des activités récréatives inappropriées. Une grande partie de la réserve se compose de terres humides, qui sont particulièrement sensibles et qui sont fréquemment touchées par l’utilisation illégale de véhicules hors route. Ces véhicules peuvent endommager la végétation et entraîner l’envasement des cours d’eau, et il arrive souvent que leur passage laisse des cicatrices persistantes dans le paysage. L’éloignement de la réserve fait augmenter les occasions d’activités illégales, et les inspections périodiques ne servent souvent qu’à constater les dommages déjà faits. Certains problèmes précis sont présentés aux sections suivantes.

3.1 Véhicules hors route

L'utilisation illégale de véhicules hors route (VHR), comme les vélomoteurs et les véhicules tout-terrain (VTT), en particulier dans les régions où les terres humides abondent, constitue généralement un problème pour les gestionnaires et les propriétaires d'aires protégées. L'utilisation de VHR mène à la dé gradation ou à la destruction du couvert végétal (Hosier et Eaton, 1980; Kutiel et al., 2001) et des réservoirs de graines (Wisheu et Keddy, 1991). De plus, leur passage peut entraîner la compaction du sol et l'enlèvement de la couche supérieure du sol et modifier le drainage (Prose et al., 1987), ce qui peut mener à la dégradation ou à la destruction du couvert végétal et de l'habitat de certaines espèces animales de la région. Les grands mammifères comme le wapiti (Cervus elaphus) ont peur des VHR et réagissent en fuyant sur une distance de plus d'un kilomètre (Preisler et al., 2006). L'utilisation des VHR pourrait avoir un effet semblable sur les grands ongulés de la Nouvelle-Écosse, notamment le cerf de Virginie et l'orignal.

Le passage des VHR dans les ruisseaux et les terres humides mène à la destruction de l'habitat et à la perte d'habitat. Certaines portions de la tourbière à sphaigne et des terres humides à éricacées de la RNF de Sand Pond sont marquées de cicatrices (Mitchell, 2002). Le pire dommage est souvent l'« entrelacement », qui survient lorsque les exploitants, les uns après les autres, contournent une zone humide et tracent une série de nouveaux sentiers parallèles à un sentier déjà existant (figure 8). Les VHR sont interdits dans la RNF de Sand Pond. Il faut noter toutefois que la vieille route menant à la rampe de mise à l'eau du Sand Pond est une route désignée et que son utilisation par des véhicules routiers immatriculés est permise. Cette route parcourt un terrain accidenté, et l'utilisation de véhicules à grand dégagement y est recommandée.

3.2 Tourisme

Les visites non gérées d'un grand nombre de personnes dans la RNF de Sand Pond auraient probablement une incidence négative sur son intégrité écologique. Actuellement, la réserve n'est ni utilisée ni annoncée comme une destination touristique. Bien que les visites du public y soient permises, on n'y trouve aucune installation publique, et le Service canadien de la faune n'en fera pas la promotion en tant que destination touristique ou récréative.

3.3 Élimination des déchets

Au cours des deux dernières décennies, la fermeture de décharges locales et la centralisation des activités vers des sites d'enfouissement régionaux ont mené à la décharge illégale de déchets dans certaines régions rurales. Les routes sans issue et les secteurs de l'arrière-pays deviennent souvent des sites de décharge illégale de déchets. Certaines activités limitées de décharge illégale se sont produites dans la RNF de Sand Pond, et les agents de la Division de l'application des lois sur la faune d'Environnement Canada sont intervenus de manière appropriée.

3.4 Contaminants agricoles

Dans le cadre de l'exploitation des cannebergières, le dichlorodiphényltrichloréthane (DDT) a été utilisé comme pesticide jusqu'à la fin des années 1960. Une évaluation environnementale de la RNF de Sand Pond a révélé la présence de concentrations élevées de DDT ainsi que de dichlorodiphényldichloroéthane (DDD) et de dichlorodiphényldichloroéthylène (DDE) dans un échantillon de sédiments prélevé au bord du lac, à proximité de la décharge (SNC Lavalin, 2002). Ces concentrations dépassent la concentration produisant un effet probable pour les sédiments d'eau douce établie par le Conseil canadien des ministres de l'environnement (CCME) (SNC Lavalin, 2002).

Figure 8 : Dommages causés dans l’habitat de tourbière par les véhicules hors route dans la réserve nationale de faune de Sand Pond en 2002.
Dommages causés dans l’habitat de tourbière par les véhicules hors route.
Photo: A. Kennedy © Environnement Canada

3.5 Contexte des changements climatiques prévus

Les changements climatiques prévus, y compris la tendance au réchauffement au cours du prochain siècle, auront probablement un effet sur la faune et la flore locales. Le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse étant caractérisé par une flore de plaine côtière qui est plus commune ou plus abondante sous les climats du sud, l'augmentation de la température quotidienne moyenne, ainsi que la fréquence accrue des hivers doux, seront sans doute avantageuses pour les espèces végétales composant cette flore.

Certains insectes actuellement peu communs et qui causent peut-être des dommages pourraient devenir plus abondants après des hivers doux. Il est possible que ces changements climatiques soient responsables de l'augmentation en Nouvelle-Écosse du nombre de tiques à pattes noires (Ixodes scapularis), qui transmettent la maladie de Lyme.

3.6 Niveaux d’eau du lac

Par le passé, les niveaux d'eau du Sand Pond ont été stabilisés au moyen d'un ouvrage de régularisation des eaux. Cet ouvrage n'est plus fonctionnel et, pour préserver la flore de la plaine côtière de l'Atlantique, il est souhaitable que les niveaux d'eau continuent à fluctuer selon les conditions naturelles comme les précipitations, la température et le couvert de neige.

3.7 Incendies de forêt

La région a une histoire d'incendies de forêts allumés de manière illégale qui pourraient avoir des répercussions sur les forêts environnantes, les propriétés privées et les infrastructures. L'importance de ces incendies illégaux a varié, elle allait des feux de camp aux feux de friche ayant brûlé de grandes superficies. Ainsi, une portion importante de la tourbière ombrotrophe au sud de la route Boyd a brûlé au printemps 2012. Certains de ces incendies auraient été allumés de manière intentionnelle pour favoriser la croissance des plants de bleuets.

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