Plan de gestion de la réserve nationale de faune de Vaseux–Bighorn : chapitre 1

1. Description du site

La Réserve nationale de faune (RNF) de Vaseux-Bighorn est située dans la région Okanagan- Sud - Similkameen de la Colombie-Britannique. Le Service canadien de la faune (SCF) d’Environnement Canada gère plusieurs unités de terrain distinctes qui ensemble constituent la RNF. La RNF est adjacente au lac Vaseux (un Refuge d’oiseaux migrateurs (ROM) fédéral créé en 1923), à de grandes aires protégées provinciales, à de vastes biens-fonds appartenant au Nature Trust of (British Columbia (B.C.)) et à des propriétés gérées par Land Conservancy of B.C. et Conservation de la nature Canada (figure 1).

La RNF de Vaseux-Bighorn a été créée en 1979 pour protéger l’habitat d’espèces considérées spéciales et importantes, dont le mouflon de Californie, qui était menacé de disparaître de la vallée à l’époque. Par suite de changements à l’échelle continentale dans la taille des populations et dans la qualité et la disponibilité de l’habitat, nombre des espèces présentes dans la RNF de Vaseux-Bighorn ont depuis été évaluées par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC); la plupart de ces espèces figurent maintenant sur la liste des espèces en péril en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral.

En plus d’offrir un habitat à des espèces en péril, cette RNF abrite de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs, de mammifères, de reptiles, d’insectes et de végétaux (tableau 1). Elle constitue un système naturel dynamique et est sujette à divers processus naturels, comme l’érosion, les inondations, les incendies, le broutage.

Figure 1 : Réserve nationale de faune de Vaseux-Bighorn
Réserve nationale de faune de Vaseux-Bighorn
Description longue de la figure 1

Carte de l’emplacement de de la réserve nationale de faune de Vaseux-Bighorn par rapport à la Colombie-Britannique. Le lac Vaseux est entouré de six polygones représentant la réserve nationale de faune, de six autres polygones de terres protégées privées ainsi que de nombreux polygones représentant des aires protégées provinciales. Superposé au lac Vaseux et à quelques polygones de la réserve nationale de faune, il y a le refuge d’oiseaux migratoires du lac Vaseux.

Tableau 1 : Données sur l’aire protégée
Catégorie Information
Désignation d’aire protégée Réserve nationale de faune
Province/territoire Colombie-Britannique
Latitude/longitude 49°17’ N 119°33’ O
Superficie (ha) 812 ha, formée de plusieurs parcelles distinctes
Critères de désignation d’aire protégée Historique : protection de l’aire de répartition hivernale essentielle du mouflon de Californie. Actuel : 2(a) « La zone abrite un assemblage appréciable d’espèces ou de sous-espèces animales ou végétales rares, vulnérables, menacées ou en danger de disparition ».
Système de classification des aires protégées Conservation d’une espèce de grande valeur ou d’un habitat essentiel
Catégorie de l’Union internationale pour la conservation de la nature Catégorie IV - Aire de gestion des habitats ou des espèces
Numéro de décret PC 1979 - 648
Numéro du Répertoire des biens immobiliers fédéraux 70878
Publication dans la Gazette du Canada 1979
Désignations supplémentaires Aucune
Importance sur les plans de la faune et de la flore Communautés végétales rares (inscrites sur la liste rouge ou la liste bleue par le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique) : purshie tridentée, stipe comateuse, bouleau fontinal, cornouiller stolonifère, agropyre à épi, balsamorhize à feuilles sagittées, et communautés de pins ponderosa-agropyres à épi
Espèces envahissantes Milieux rivulaires (p. ex. salicaire pourpre), milieux aquatiques ( myriophylle en épi), hautes terres (p. ex. potentille dressée, alpiste roseau, brome des toits, brome inerme, chardon vulgaire, centaurée diffuse, cynoglosse officinale, millepertuis commun)
Espèces en péril Trente espèces figurent à l’annexe I de la Loi sur les espèces en péril
Utilisation terrestre/aquatique Plateforme publique d’observation des espèces sauvages dans le Refuge d’oiseaux migrateurs
Organisme de gestion Service canadien de la faune
Accès public/utilisation Le public n’est admis que sur les sentiers désignés, dans la tour d’observation des espèces sauvages et sur le trottoir de bois

1.1 Contexte régional

La RNF de Vaseux-Bighorn couvre une superficie de 812 hectares (ha) située principalement à basse altitude dans le bassin du lac Vaseux. Un climat sec et des milieux désertiques caractérisent le bassin, qui forme la pointe nord du désert du Grand Bassin et abrite l’une des plus grandes concentrations d’espèces en péril et la plus grande diversité d’espèces au Canada. Au lac Vaseux, la vallée de la rivière Okanagan-Sud s’étrécit considérablement et s’élève abruptement, passant de petits milieux humides, marais et ravins à des prairies arbustives, des replats boisés et des forêts-parcs, puis à des affleurements rocheux et des pentes d’éboulis, et culmine finalement en de hautes falaises. Des forêts-parcs de pins ponderosa, et des forêts mélangées de pins ponderosa et de douglas taxifoliés sont les types de forêts qui prédominent dans toute la RNF. La RNF assure la connectivité de l’habitat entre les aires protégées et les pâturages situés de part et d’autre de la vallée de l’Okanagan-Sud.

Située à 25 kilomètres (km) au sud de Penticton, en Colombie-Britannique, entre Oliver et Okanagan Falls, la RNF de Vaseux-Bighorn comprend six unités de gestion distinctes :

  1. Unité de la rivière Irrigation : Cette unité englobe la rivière Irrigation, dans les flancs de colline à l’est du lac Vaseux. La partie ouest de l’unité est relativement plane et on y trouve surtout des forêts mixtes, non matures, de pins ponderosa et de douglas taxifoliés, parsemées de baissières humides et de bouleaux à papier dans les ravines. Dans la partie est de l’unité, on trouve des zones de prairie en pente raide qui débouchent sur un terrain accidenté, constitué surtout de terrasses rocheuses et de fronts de falaise abrupts (Chapman et al., 1997d).
  2. Unité des hautes terres du sud-est : Cette unité donne sur le littoral sud-est du lac Vaseux. Elle se caractérise par un sol accidenté, constitué de prairies, de falaises abruptes, d’affleurements rocheux, d’une forêt dense et d’une forêt-parc. On trouve dans cette unité des prairies où dominent la purshie tridentée, l’armoise argentée et l’agropyre à épi (Chapman et al., 1997e).
  3. Unité des hautes terres du nord-est : Cette unité surplombe la rive occidentale du lac Vaseux. En s’éloignant du plan d’eau, les zones riveraines deviennent des pentes et des replats arides, constitués principalement d’une forêt clairsemée de pins ponderosa. En hauteur, ces replats deviennent à leur tour des falaises et des affleurements rocheux, des pentes d’éboulis, des prairies à haute élévation et des forêts-parcs de pins ponderosa (Chapman et al., 1997c). Les terrains adjacents englobent un vignoble, qui court à la lisière nord-ouest de l’unité pour aller rejoindre l’unité du marais du nord-ouest.
  4. Unité de l’ouest : Cette unité surplombe la rive occidentale du lac Vaseux. Semblable à l’unité des hautes terres du sud-est, elle comprend des terres humides, des replats boisés, des forêts-parcs herbeuses, des pentes d’éboulis, et de hautes crêtes (Chapman et al., 1997b).
  5. Unité des terres humides du nord : Cette unité englobe les vastes terres humides qui entourent le système de chenaux et de digues de la rivière Okanagan à l’extrémité nord du lac Vaseux (Barnett, 2000). Ce complexe de terres humides est l’un des plus vastes qui subsiste dans la vallée de l’Okanagan. Grâce à la végétation riveraine qui y est associée, ces terres humides constituent un habitat de reproduction important pour les oiseaux migrateurs. Elles font d’ailleurs partie du ROM du lac Vaseux (Bryan et al., 1997).
  6. Unité du marais du nord-ouest : Cette unité suit le canal qui s’écoule du lac Vaseux et comprend plus de 2 km de rive. Le milieu riverain est constitué de marais et de méandres morts (anciens bassins et fossés coupés de la rivière par suite de la canalisation de la rivière Okanagan), de terrains boisés riverains, de pâturages humides et de prairies de fauche (Bryan et al., 1997).

La RNF recouvre partiellement le ROM du lac Vaseux, créé en 1923 en vertu de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs pour protéger une bande de cygnes trompettes qui hivernaient à cet endroit et qui étaient considérés en voie de disparition à l’époque (Alvo, 1996). Le lac et les milieux humides connexes constituent encore aujourd’hui une halte migratoire et un site de reproduction importants pour la sauvagine et d’autres espèces d’oiseaux migrateurs. La Zone importante pour la conservation des oiseaux du lac Vaseux comprend une partie du Refuge d’oiseaux migrateurs du lac Vaseux.

L’emprise de l’ancien chemin de fer de Kettle Valley traverse l’unité de l’ouest, mais elle ne fait pas partie de la RNF.

1.2 Contexte historique

La région Okanagan-Sud - Similkameen a d’abord été occupée par la Première nation Okanagan (Syilx), qui la considérait comme une partie du territoire traditionnel des membres de la nation Okanagan (Okanagan Nation Alliance, 2004). Les peuples des Premières nations ont eu une forte présence historique dans la zone qui englobe aujourd’hui la RNF de Vaseux-Bighorn, utilisant et gérant les ressources de la vallée.

La région du lac Vaseux comprend certains des sites archéologiques les plus diversifiés, riches et intacts de la vallée de l’Okanagan. On trouve des concentrations de ces sites à plusieurs endroits près du lac Vaseux; certains affichent des pictogrammes dessinés par les peuples autochtones de l’Okanagan. La région du lac Vaseux comprend plusieurs sites culturels d’intérêt, notamment des vestiges d’habitation, des grottes, des murs de pictogrammes, des amas coquilliers, des caches, des claies pour le séchage des poissons, des fascines, des carrières, des dépôts de débris lithiques, des lieux de sépulture et des sentiers. On trouve peu d’éléments matériels pouvant témoigner de la chasse traditionnelle et peu d’aires de rassemblement dans la RNF, mais il n’y a aucun doute que le site était (et est encore) très utilisé par les peuples des Premières nations. Outre les assertions des membres du peuple Okanagan euxmêmes, plusieurs facteurs clés ont contribué à conclure avec certitude une utilisation traditionnelle autochtone du territoire. Qu’il suffise de mentionner la proximité immédiate de ressources importantes (eau douce, bois à brûler, grottes) et des ressources fauniques abondantes, comme les ongulés, la sauvagine, le gibier à plume sédentaire, le poisson et les moules d’eau douce (Chapman et al., 1997a).

Les peuples autochtones utilisaient aussi la végétation diversifiée et abondante pour se nourrir, fabriquer des outils et se soigner (p. ex. balsamorhize à feuilles sagittées, amélanchier à feuilles d’aulne, aronie, calochorte, bigelovie, sureau, scirpe de l’ouest, etc.).

Au début du 19e siècle, les Européens ont commencé à explorer et coloniser la région, pour y faire d’abord le commerce des fourrures puis pour tirer parti de l’offre et de la demande suscitées par la ruée vers l’or dans la région de Cariboo. Dans les années 1880, la région a connu sa propre petite ruée vers l’or, mais il a fallu attendre jusqu’en 1918, lors de la mise en oeuvre du Southern Okanagan Lands Project, pour que d’importants travaux d’irrigation soient entrepris dans le cadre d’un plan d’établissement des anciens. La ville d’Oliver, en Colombie-Britannique, a été aménagée dans les années 1920, et l’irrigation servait alors à accroître le rendement de l’agriculture (Brotherton, 2004). Avec ses sols riches et ses replats herbeux, la vallée de l’Okanagan-Sud - Similkameen est vite devenue l’une des régions agricoles les plus productives du Canada. Aujourd’hui, les vergers et les vignobles de la région produisent des fruits et des vins de grande qualité. La canalisation de la rivière Okanagan et la construction d’un barrage, dans les années 1950, pour prévenir les inondations, ont profondément modifié le paysage de l’Okanagan-Sud, y compris une partie du ROM du lac Vaseux.

La première proposition d’établir une RNF dans le bassin du lac Vaseux remonte à 1970. Une étude de faisabilité et une évaluation des espèces de flore et de faune sauvages présentes dans la région ont été réalisées (Keller, 1977, 1978, 1979), après quoi les terres ont été achetées avec l’aide de la Okanagan-Similkameen Parks Society. La réserve faunique est devenue officiellement propriété du gouvernement fédéral en 1979. Le nom de la RNF fait référence au lac Vaseux et à l’espèce phare de la région, le mouflon de Californie (California Bighorn Sheep en anglais).

1.3 Propriété du terrain

Les titres de propriété des terres de surface de la RNF de Vaseux-Bighorn sont au nom du gouvernement fédéral, tandis que les droits d’exploitation du sous-sol sont détenus par la province. Les terres adjacentes sont la propriété de la province et d’intérêts privés, y compris d’organismes de conservation comme le Nature Trust of B.C., Land Conservancy of B.C. et Conservation de la nature du Canada.

Les titres comportent trois emprises :

  1. une qui longe l’unité de l’ouest de la RNF, pour l’exploitation d’un pipeline;
  2. deux qui traversent l’unité des hautes terres du sud-est de la RNF, pour l’exploitation de lignes de transport d’électricité.

L’accès à ces emprises et leur utilisation sont régis par des accords entre les entreprises et Environnement Canada, et un permis doit être obtenu pour y exécuter des travaux d’entretien et d’autres travaux.

1.4 Installations et infrastructures

Les seules installations et infrastructures que l’on trouve dans la RNF sont un trottoir de bois, une section de terrain de stationnement, une barrière et une tour d’observation des espèces sauvages. Le trottoir de bois est entretenu de concert avec le Nature Trust of B.C. Le tableau 2 donne la liste des actifs dont l’amélioration ou la gestion nécessitent un financement et qui sont la responsabilité d’Environnement Canada-SCF.

Tableau 2 : Installations et infrastructures
Type d’actifFootnote[1] Dimensions approximatives Responsabilité
Terrain de stationnement 1408 metre (m)2 SCF et province de la C.-B.
Barrière Sans object (s.o.) SCF et province de la C.-B.
Trottoir de bois 375 m2 SCF et Nature Trust of B.C.
Tour d’observation 10 m2 SCF

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