Plan de gestion de la réserve nationale de faune de Vaseux–Bighorn : chapitre 4


4. Approches de gestion

Cette section présente les approches prévues pour la gestion de la Réserves nationales de faune (RNF). Outre ces approches, des mesures de gestion spécifiques seront déterminées au cours de la planification annuelle du travail, et seront appliquées dans la limite où les ressources humaines et financières le permettront.

4.1 Gestion de l’habitat

4.1.1 Forêts

Les forêts seront gérées de manière à réduire la croissance de jeunes arbres, afin d’obtenir des forêts à canopée ouverte (moins de 25 % de fermeture), composées principalement d’arbres âgés. On limitera l’expansion forestière en procédant à des brûlages dirigés et des coupes, lorsqu’on le jugera nécessaire et réalisable.

4.1.2 Boisés riverains et habitats de peupliers

Là où il sera possible de permettre et de contrôler des inondations, les forêts riveraines et de peupliers seront maintenues, et leur croissance sera encouragée. Des ententes de partenariat avec les autorités locales et régionales responsables de la gestion de l’eau seront envisagées pour gérer l’eau de manière à inonder des milieux clés. La gestion locale de l’eau passera par la construction de puits locaux et par des projets d’irrigation et de barrages à petite échelle. Ces projets seront élaborés de concert avec des partenaires comme Canards Illimités Canada.

4.1.3 Wetlands and meadows

La gestion des terres humides et des baissières visera à :

  1. rétablir, dans la mesure du possible, le régime hydrologique historique et
  2. réduire ou éliminer les espèces non indigènes et envahissantes.

Par le passé, une mesure de gestion des terres humides a consisté à exécuter des forages d’essai dans le cadre d’une étude qui visait à faire monter l’eau à la surface afin de rendre à la baissière située dans la partie nord du lac Vaseux ses caractéristiques hydrologiques d’origine, tout en accroissant la diversité du milieu et en créant un habitat pour la Paruline polyglotte, une espèce en voie de disparition (Glenfir Resources, 2003). L’étude a révélé qu’une meilleure rétention de l’eau pouvait aussi aider à stopper temporairement la croissance d’espèces dominantes (p. ex. l’alpiste roseau et le sisymbre élevé). Le régime des sols et de l’humidité, et les niveaux des inondations seront donc gérés de manière à imiter les systèmes hydrologiques historiques, dans la mesure du possible, afin d’assurer la subsistance des espèces végétales et animales indigènes et de réduire les populations d’espèces envahissantes (J. Emery, comm. pers., 2010).

La gestion hydrologique doit se faire en étroite collaboration avec Canards Illimités Canada et doit comporter la surveillance du projet de gestion de la végétation mené sous l’égide de cet organisme dans l’unité du marais du nord-ouest. Le retrait de certaines des digues le long de la rivière permettrait aux milieux humides d’être autosuffisants et pleinement fonctionnels, mais cela pourrait nécessiter l’achat d’une ou de plusieurs parcelles de terrain en bordure de la rivière (Glenfir Resources, 2003).

4.1.4 Pentes d’éboulis et falaises

Les pentes d’éboulis et les falaises ne seront pas l’objet d’une gestion active, mais on réduira au minimum la perturbation anthropique de ces milieux par la surveillance, la signalisation, l’éducation et la promotion de la conformité, de même que par l’application de la loi et la mise en place d’avis d’interdiction.

4.1.5 Prairies et arbustaies

Les prairies et les arbustaies seront gérées de manière à préserver l’étendue actuelle de la purshie tridentée et à accroître cette étendue par des initiatives de rétablissement, là où c’est possible. Les espèces végétales non indigènes et envahissantes seront contrôlées puis, à terme, éliminées.

4.2 Qualité de l’eau

Les eaux de drainage de la route 97 sont une source probable de pollution des milieux humides adjacents à la RNF (unité des terres humides du nord). Les principaux polluants sont des sédiments, des métaux lourds et des hydrocarbures, qui sont tous des polluants persistants. Ils endommagent particulièrement les terres humides lorsque des tempêtes de pluie abondante de courte durée succèdent à de longues périodes sèches, car de forts volumes d’eau de drainage sont ainsi déversés dans l’écosystème.

Les eaux agricoles et les eaux usées peuvent aussi contribuer aux problèmes de qualité de l’eau de la rivière Okanagan et du lac Vaseux, près de la RNF.

La qualité de l’eau sera améliorée partout où cela sera possible, par la plantation de végétaux dans les zones riveraines, car la végétalisation des rives entre la route et le lac atténuera la pollution jusqu’à un certain point, ainsi que par la promotion de la conformité, si cela est jugé nécessaire. D’autres méthodes pourront aussi être envisagées.

4.3 Plantes non indigènes et plantes envahissantes

La South Okanagan-Similkameen Invasive Plant Society assure une planification de gestion stratégique pour les espèces envahissantes dans l’Okanagan-Sud, y compris la RNF. L’objectif global du plan de gestion des plantes nuisibles dans la région Okanagan-Similkameen est « (…) d’établir une collaboration pour contrôler, contenir et réduire les plantes nuisibles dans la région, et de propager les connaissances et favoriser les partenariats, pour un programme intégré et efficace de lutte contre les plantes nuisibles [traduction] (South Okanagan-Similkameen Invasive Plant Society, non daté).

Lorsqu’il existera un risque que des espèces envahissantes (en particulier des végétaux non indigènes, c.-à-d. des plantes nuisibles) perturbent des communautés de plantes indigènes ou les espèces végétales/animales indigènes qui leur sont associées, des tentatives seront faites pour contrôler ou éliminer ces espèces envahissantes. La priorité à cet égard est la potentille dressée, en raison des ses impacts écologiques connus et de son omniprésence dans la RNF (Perry, 2004). Parmi les autres espèces envahissantes qui ont une forte présence dans la RNF, figurent la linaire à feuilles larges, la centaurée diffuse, la cynoglosse officinale et le chardon vulgaire.

La gestion de ces espèces fait appel à une approche intégrée de lutte antiparasitaire, qui combine le traitement chimique, l’arrachage manuel et la lutte biologique. Des traitements continus seront nécessaires pour lutter contre ces espèces ou les éliminer de la RNF. Le cas échéant, le recours à d’autres types de traitement (autres que les traitements chimiques) sera encouragé. Pour protéger les milieux aquatiques et les espèces animales qui y sont présentes, il sera interdit d’épandre des produits chimiques à proximité de l’eau.

4.4 Gestion des espèces sauvages

La gestion des espèces sauvages dans la RNF, en particulier des espèces qui sont présentes à l’extérieur des terres fédérales et qui sont généralement gérées par la province, se fera en étroite collaboration avec la province de la Colombie-Britannique. Si une telle gestion devait avoir des répercussions plus larges, le SCF tiendra des consultations avec les propriétaires des terrains adjacents et d’autres parties intéressées.

À beaucoup d’endroits, les unités de gestion de la RNF touchent aux terres du Nature Trust of B.C. et aux parcs et aires protégées de la province. La route 97, qui longe le côté est du lac Vaseux, adjacent à l’unité des hautes terres du nord-est, et suit la rivière Okanagan à l’est de l’unité des terres humides du nord, restreint considérablement la circulation entre la RNF et les terres environnantes. Les déplacements des espèces sauvages peuvent s’en trouver grandement limités. Une autre préoccupation est l’empiétement des zones d’exploitation agricole et de développement urbain sur les corridors potentiels de circulation entre la réserve et les zones environnantes.

Gérer le déplacement des espèces sauvages signifie réduire la mortalité d’animaux sur les routes et résoudre les problèmes de l’empiétement des terres adjacentes et des corridors linéaires créés par le lit de l’ancienne voie ferrée et l’emprise du pipeline gazier. Outre la clôture à chevreuils existante, qui réduit la mortalité sur les routes, les mesures de gestion pourraient comprendre la construction d’un passage supérieur au-dessus de la route 97 pour permettre aux espèces sauvages, et en particulier aux grands mammifères, de se déplacer sans rencontrer d’obstacle. D’autres options existent, comme la pose de panneaux routiers ou d’autres dispositifs de signalisation pour réduire la vitesse des véhicules dans les zones où traversent un grand nombre d’espèces sauvages.

4.4.1 Sauvagine

Les stratégies de gestion feront en sorte de maintenir, dans les terres humides et les hautes terres, les caractéristiques naturelles existantes dont dépend la sauvagine en période de reproduction et en cours de migration. La canalisation de la rivière Okanagan entre le lac Skaha et le lac Osoyoos a non seulement modifié les valeurs hydrologiques, mais a aussi transformé les sites de reproduction et les sites où font halte la sauvagine et les autres oiseaux migrateurs. Dans le cadre d’un programme d’envergure visant à améliorer les habitats de la RNF, en cours depuis plus de deux décennies, Canards Illimités Canada procède à la remise en état du marais du lac Vaseux (la moitié sud de l’unité du marais du nordouest), aux termes d’un accord de 30 ans conclu en 1984 avec le SCF. La gestion de Canards Illimités Canada est au bénéfice de la sauvagine et l’organisme met à jour périodiquement son plan de gestion (tous les 5 à 7 ans) pour le garder pertinent (K. Johnson, comm. pers., 2009). Ses activités en cours dans cette unité consistent principalement à réduire la densité des typhas afin de créer des zones d’eau libre propices à la sauvagine (K. Johnson, comm. pers., 2009).

Les terres humides à l’intérieur de la RNF seront gérées de manière à préserver la diversité des milieux. Celles-ci ne seront manipulées que là où des perturbations auront été constatées. Les mesures de gestion comprendront l’interdiction d’accès aux animaux d’élevage, le maintien des niveaux d’eau et la limitation des activités dans les zones tampons (300 m) autour des terres humides (Chapman et al., 2004).

4.4.2 Mammifères

Dix-sept espèces de mammifères ont été consignées à l’intérieur de la RNF. De ce nombre, une a été inscrite à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril à titre d’espèce en voie de disparition (le blaireau d’Amérique), une à titre d’espèce menacée (la chauve-souris blonde) et trois à titre d’espèces préoccupantes (la Souris des moissons, l’oreillard maculé et le lapin de Nuttall). De plus, le mouflon de Californie, une espèce phare de la région, figure sur la liste bleue de la province (Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique, 2010).

À l’exception d’un inventaire effectué dans la RNF en 2003 (Dawe et al., 2004), les populations de mammifères vivant dans la RNF sont peu étudiées. Ainsi, le nombre réel d’espèces de mammifères présentes sur le site est sans doute supérieur au nombre des espèces énumérées à ce jour. Les mesures de gestion de l’habitat des grands mammifères comprendront la lutte contre les plantes envahissantes, afin d’améliorer les pâturages, et l’exclusion des animaux domestiques. Il est peu vraisemblable que l’on ait à modifier de manière importante le milieu, à moins que des circonstances rendent nécessaires de telles modifications (coupes d’éclaircie, abattage, brûlage).

Le Mouflon de Californie habite un terrain accidenté et rocheux et les zones d’alimentation adjacentes constituées de prairies et de forêts clairsemées. On le trouve principalement du côté est du lac Vaseux. Cette sous-population de mouflons de Californie est la plus importante de la métapopulation de l’Okanagan-Sud. Elle est présente dans les falaises donnant sur le sud et sur l’ouest, entre les ruisseaux Shuttleworth et Vaseux à l’est de la route 97, et entre le lac Vaseux et le Gallagher Range à l’ouest de la route. En 1965, 173 mouflons ont été recensés au sein de cette sous-population (Spalding et Bone, 1969). Les recensements effectués au cours des années 1980 et 1990 ont révélé des chiffres semblables, mais une maladie grave a décimé l’espèce à la fin des années 1990. Le décompte le plus élevé, après cette hécatombe, a été de 44 individus, en février 2000, et le déclin de la population présente à proximité du lac Vaseux s’est poursuivi jusqu’en décembre 2000 (Harper et al., 2002).

Les aires d’hivernage de la sous-population de mouflons du lac Vaseux sont généralement en mauvais état, et il en est ainsi depuis au moins les années 1960. Spalding et Bone (1969) ont observé des invasions massives de centaurée diffuse dans certains secteurs, notamment à proximité des lignes de transport d’électricité, ce qui a réduit la quantité de fourrage naturel.

On semble assister actuellement à une remontée des populations. En 2003, des brebis et des agneaux ont souvent été observés sur les falaises d’agnelage de l’unité des hautes terres du nord-est, de même que sur la propriété Emery du Nature Trust, où des hardes de mouflons ont souvent été observées au printemps et à l’été (Dawe et al., 2004). Un plan provincial de rétablissement a été mis en place (Harper et al., 2002) et la RNF concourt de manière importante à la conservation de l’habitat, en luttant contre les espèces végétales envahissantes, ce qui améliore les milieux de recherche de nourriture, et en interdisant l’accès aux animaux domestiques. La métapopulation de l’Okanagan-Sud a connu un regain depuis 2002, comme en témoigne un décompte de 205 individus effectué du haut des airs en mars 2009 (Gyug, 2009).

4.4.3 Espèces en péril

La RNF de Vaseux-Bighorn constitue l’habitat permanent ou saisonnier de 30 espèces inscrites à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril. Des programmes de rétablissement et des plans d’action propres aux espèces sont, et demeureront, les grands moteurs des activités de gestion à l’intérieur de la RNF. Les mesures de gestion seront adaptées au fur et à mesure que de nouveaux programmes de rétablissement et plans d’action seront préparés et publiés dans le Registre public de la Loi sur les espèces en péril.

Le SCF, le South Okanagan-Similkameen Conservation Program et d’autres organismes semblables élaborent actuellement des programmes de rétablissement applicables à plusieurs espèces à la 26 fois. Ces stratégies pourront aussi guider les mesures de rétablissement d’espèces en péril prises dans la zone du programme de conservation, pour de nombreuses années à venir.

L’annexe I énumère les espèces en péril pour lesquelles une gestion active de l’habitat aurait toutes les chances de procurer des avantages concrets. Les espèces en péril seront gérées d’une manière qui tiendra compte des autres espèces en péril et des autres espèces sauvages. Les besoins, semblables ou contradictoires, de chaque habitat seront évalués, et la gestion de l’habitat visera à procurer le maximum d’avantages au maximum d’espèces en péril, tout en tenant compte des espèces prioritaires (celles qui sont le plus en péril).

4.5 Surveillance

Une surveillance efficace et efficiente nécessite une planification soigneuse et une approche coordonnée. Cette surveillance sera exercée d’une manière qui contribuera à atteindre les objectifs des programmes de rétablissement et des plans d’action. Un document distinct, qui décrira l’approche de surveillance écologique et de surveillance du site pour la RNF, sera produit à une date ultérieure; il s’inspirera des programmes de rétablissement et des plans d’action visant plusieurs espèces.

Voici les éléments qui doivent faire l’objet d’une surveillance :

  1. surveiller la répartition et l’abondance d’espèces en péril comme le mormon, le portequeue de Colombie-Britannique et le Moqueur des armoises
  2. surveiller l’étendue et la répartition de l’ériogone des neiges, de l’armoise tridentée, des forêts riveraines et de peupliers, et des milieux humides permanents et saisonniers
  3. surveiller les populations de serpents et suivre la taille des populations par espèce dans le temps
  4. surveiller, à des endroits choisis, le nombre d’accès non autorisés pour des activités récréatives hors sentier
  5. surveiller la répartition et la densité d’espèces végétales non indigènes envahissantes dans la RNF
  6. surveiller la concentration de pesticides, d’herbicides, d’azote, de phosphore et de sédiments dans les eaux de surface

4.6 Recherche

Les travaux de recherche auront pour seules fins d’obtenir des résultats qui permettront ce qui suit :

  1. protéger, maintenir, remettre en état ou améliorer les milieux naturels
  2. rétablir des espèces en péril ou assurer la conservation d’oiseaux migrateurs
  3. réduire la propagation d’espèces envahissantes dans la RNF
  4. évaluer les tendances des populations d’espèces (en particulier des espèces en péril) et des habitats préoccupants
  5. maintenir les terres humides dans l’état le plus convenable possible aux espèces sauvages dépendantes des terres humides
  6. réduire les intrusions illégales du public sur les terres de la RNF

4.7 Information et sensibilisation du public

L’accès du public à la majorité de la RNF de Vaseux-Bighorn à des fins récréatives est régi par le Règlement sur les réserves d’espèces sauvages du gouvernement fédéral et est généralement interdit. De concert avec la province de la Colombie-Britannique et avec le Nature Trust of B.C., Environnement Canada a aménagé une tour d’observation des oiseaux et un terrain de stationnement dans la partie nordest du lac Vaseux. On y trouve un kiosque d’information appartenant à B.C. Parks et un trottoir de bois menant du terrain de stationnement à la tour d’observation des oiseaux. Le trottoir de bois serpente tantôt à l’intérieur tantôt à l’extérieur de la RNF. Le terrain de stationnement est situé à la limite entre la RNF et le kiosque d’information.

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