Leçons tirées du rapport annuel sur la surveillance des sables bitumineux de 2012 à 2013
2012 à 2013 : ce que nous avons appris
La région des sables bitumineux présente la difficulté particulière que beaucoup de substances dans l’environnement s’y trouvent aussi bien à l’état naturel qu’à la suite des activités d’exploitation. Pour pouvoir distinguer les effets environnementaux naturels de ceux qui tiennent à l’activité humaine, il faut une investigation scientifique sur le rapport de cause à effet. Si ce rapport ne peut être clairement établi, les mesures de gestion destinées à atténuer les impacts sur l’environnement risquent de se révéler inefficaces.
À ce jour, les données des activités de surveillance et des études scientifiques montrent des signes d’incidence de l’exploitation des sables bitumineux sur le milieu, mais ces effets ne se situeraient généralement pas à des niveaux préoccupants dans l’immédiat. Les plus grandes concentrations de substances liées aux sables bitumineux (composés aromatiques polycycliques, composés acidifiants et métaux) dans l’air, l’eau, la neige et les sédiments se trouvent à proximité des installations d’extraction et de valorisation du bitume. Les concentrations les plus fortes sont relevées dans un rayon approximatif de 50 km du confluent des rivières Steepbank et Athabasca. Elles diminuent à mesure qu’on s’éloigne des lieux d’exploitation.
Les poissons et les invertébrés exposés aux eaux souterraines et superficielles et aux sédiments situés à proximité des installations d’extraction et de valorisation ont fait voir en laboratoire des effets biologiques par exposition, mais ces mêmes effets ont aussi été relevés dans des poissons et des invertébrés exposés à des eaux et à des sédiments recueillis dans des gisements ou dépôts naturels de bitume à ciel ouvert. Les lieux d’exploitation coïncident quelque peu avec ces gisements, ce qui fait ressortir la difficulté d’établir clairement le rapport de cause à effet entre l’exploitation et les éléments d’incidence.
Voici, sous une forme schématique, quelques-unes des constatations clés qui se dégagent des données existantes. Il s’agit simplement d’observations fondées sur les données; les conséquences des éléments d’incidence ou des effets cumulatifs n’ont été ni interprétés ni évalués à fond. On trouvera des rapports et des données à l’appui dans le Portail.
Composés acidifiants
- Les concentrations atmosphériques de NO2 et de SO2 augmentent à proximité des installations d’exploitation des sables bitumineux. Elles sont comparables ou inférieures aux concentrations normalement relevées à proximité des centrales au charbon, des fonderies minières ou des régions métropolitaines comme celle d’Edmonton.
- Au cours des six dernières années, la quantité de NO2 dans l’air au-dessus de la région minière a augmenté d’environ 10 % chaque année.
Hydrocarbures et composés aromatiques polycycliques
- Les concentrations atmosphériques de composés aromatiques polycycliques (CAP) varient considérablement à travers la région. En moyenne, les concentrations à proximité des installations d’extraction et de valorisation sont de l’ordre du double des concentrations en des lieux éloignés de 50 à 100 kilomètres.
- Les dépôts atmosphériques d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ont augmenté régulièrement depuis le début de l’exploitation des sables bitumineux en 1970. Ils sont détectables jusqu’à 100 km de distance des lieux d’exploitation.
- Les concentrations d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) relevées actuellement dans les sédiments lacustres sont généralement inférieurs que ceux trouvés dans les lacs urbains ou des lacs près de centrales au charbon. Depuis le milieu des années 1980, un seul lac (sans poisson) situé immédiatement à côté d’installations d’extraction et de valorisation a dépassé les valeurs recommandées de qualité des sédiments au Canada dans le cas des HAP.
- Les concentrations de HAP antérieures à l’exploitation sont typiques de la combustion du bois (et probablement des incendies de forêt), bien que les HAP typiques de sources de pétrole ont augmenté depuis le début de l’exploitation des sables bitumineux.
Métaux
- Les charges de sédiments sont naturellement élevées au printemps et à l’été en raison de l’érosion font que les concentrations totales de métaux dans la rivière Athabasca dépassent les valeurs recommandées par le Conseil canadien des ministres de l’Environnement (CCME) pendant ces deux saisons.
- Dans presque tous les échantillons prélevés dans l’eau, les concentrations mesurées sont inférieures aux valeurs correspondantes établies par le CCME pour l’environnement. De plus, les concentrations tendent à décroître à mesure qu’on s’éloigne des installations d’extraction et de valorisation du bitume.
- Les mesures horaires moyennes du mercure gazeux total fait à Fort McMurray ne démontrent pas de changement important au fil du temps avec des concentrations similaires à celles que l’on trouve ailleurs au pays.
- Les résultats des analyses du couvert neigeux indiquent des régimes et des niveaux de dépôt rappelant ceux du passé. Les concentrations de HAP et de métaux (As, Ag, Be, Cd, Cr, Cu, Hg, Ni, Pb, Sb, Se, Tl et Zn) étaient les plus élevées à moins de 50 km des grandes installations d’extraction minière et de valorisation et diminuaient avec la distance.
- Les concentrations de fer et de cadmium dans certains échantillons d’eau dans plusieurs lieux du territoire humide dépassaient les valeurs limites d’innocuité établies par le CCME pour la vie aquatique, mais aucune tendance spatiale ne se dégageait en ce qui concerne la proximité avec les installations de valorisation des sables bitumineux.
Effets écosystémiques
- La rivière Athabasca benthiques (organismes qui vivent au fond des rivières) dont les communautés sont diverses et en santé ne semble pas manifester des signes de débilitation biologique.
- D’après les études de communautés de zooplancton (minuscules invertébrés qui flottent librement dans l’eau douce) dans les sédiments lacustres de la région des sables bitumineux, la productivité primaire de biomasse s’accroît, ce qui pourrait s’expliquer par un effet climatique d’accroissement de la lumière et de la température et/ou par un enrichissement de la charge nutritive.
- Les concentrations totales de phosphore et d’azote dépassaient les valeurs recommandées en Alberta pour la qualité des eaux de surface pendant les périodes de charge naturellement élevée de sédiments en suspension attribuable à l’érosion induite par les précipitations.