Parcours des travailleurs étrangers temporaires qualifiés d’expression française vers la résidence permanente : Provinces de l’Ouest

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Table des matières

Acronymes

IRCC
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
PMI
rogramme de mobilité internationale
PTÉT
Programme des travailleurs étrangers temporaires
TÉT
Travailleur étranger temporaire

Introduction

Ce rapport présente les données et conclusions d’un projet de recherche entrepris par Goss Gilroy Inc (GGI) et Sociopol pour Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) concernant le parcours des travailleurs étrangers temporaires (TÉT) qualifiésNote de bas de page 1 d’expression française vers la résidence permanente dans les provinces de l’Ouest (Manitoba, Saskatchewan, Alberta et Colombie-Britannique).

Mise en contexte

La sélection de résidents permanents économiques parmi d’anciens travailleurs étrangers temporaires est nommée un processus de « migration en deux étapes » et a connu une augmentation au Canada depuis le début des années 2000 (Crossman, Hou, Picot, 2021). Cette approche de l’immigration s’avère également en croissance dans d’autres pays, en particulier en Nouvelle-Zélande et en Australie. Pour faciliter le passage à la résidence permanente des résidents temporaires, plusieurs mesures et programmes ont été mis en place par le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux dans la catégorie de l’immigration économique, notamment l’introduction de la catégorie de l’expérience canadienne sous Entrée express et le programme temporaire de la voie d’accès de la résidence temporaire à la résidence permanente (qui a pris fin en novembre 2021).

Parmi les personnes admises pour travailler temporairement, on retrouve notamment les étudiants internationaux ayant obtenu un permis de travail post-diplôme, les personnes qualifiées du Programme des TÉT (PTÉT), et les personnes admises sous le Programme de mobilité internationale (PMI). Au Canada, la majorité des travailleurs étrangers temporaires sont admis dans le cadre du PTÉT et du PMI (Ci et al., 2018; Coderre & Nakache, 2021; Hou et al., 2020).

L’objectif général du PTÉT est de « combler les pénuries de main-d'œuvre à court terme » (Hou et al., 2020, p. 2) alors que le PMI « vise à promouvoir les intérêts économiques et culturels généraux du Canada » (Hou et al., 2020, p. 2). Le PTÉT comporte des filières pour les aides familiaux, les travailleurs agricoles et d'autres travailleurs étrangers temporaires qui sont divisées par catégories de compétences. Le PMI inclut aussi différents volets, dont celui de l’expérience internationale qui comprend les options vacances-travail, jeunes professionnels et stage coop international. Au sein du PMI, le volet Mobilité francophone, instauré en 2016, a pour objectif d’augmenter le recrutement de TÉT qualifiés d’expression française à l’extérieur du Québec. Pour ce faire, comme pour les autres programmes du PMI, les employeurs sont dispensés de réaliser une évaluation de l'impact sur le marché du travail. De plus, les critères d’éligibilité pour Mobilité francophone ne sont pas restreints par rapport à la nationalité et l’âge du travailleur, contrairement à d’autres programmes du PMI. Enfin, bien que la langue d’usage des personnes recrutées doive être le français, elles n’ont pas à travailler en français.

L'immigration temporaire et permanente revêt une importance particulière pour les communautés francophones hors Québec, qui doivent de plus en plus compter sur elle pour assurer leur vitalité démographique, socioculturelle et économique (Ba, 2021; Deschênes-Thériault et Forest, 2023). À ce titre, l’appui du gouvernement du Canada envers l'immigration francophone a augmenté au fil des ans (IRCC, 2019), contribuant à l’atteinte, en 2022, de la cible d’admission de 4,4 % d'immigrants d’expression française hors Québec (Deschênes-Thériault et Forest, 2023). L’Ouest canadien est la seconde région de destination des résidents permanents francophones admis au Canada hors Québec. Entre 2015 et 2021, 29,9 % de tous les résidents permanents francophones avaient le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta ou la Colombie-Britannique comme province de destination (Deschênes-Thériault et Forest, 2023).

Objectif de la recherche

L’objectif principal de cette recherche est de comprendre la transition des TÉT qualifiés d’expression française vers la résidence permanente en mettant en lumière les facteurs qui influencent cette transition dans les provinces de l’Ouest canadien. Les questions de recherche qui ont guidé ce travail sont les suivantes :

Question principale : Quels sont les facteurs qui ont influencé la transition des TÉT qualifiés d’expression française vers la résidence permanente dans les provinces de l’Ouest canadien ?

Sous-questions : Concernant les TÉT qualifiés d’expression française dans les provinces de l’Ouest canadien :

Méthodologie

Pour réaliser ce projet, l’équipe de recherche a employé une méthodologie mixte qui s’appuie sur la collecte de données primaires et secondaires. Cette méthodologie est résumée ci-dessous.

Revue de documents et état de la littérature

L’équipe a procédé à une revue de la littérature à propos des TÉT qualifiés qui a permis d’atteindre les objectifs suivants :

Analyse statistique

L’équipe de recherche a également analysé des données administratives d’IRCC tirées des dossiers des requérants pour le statut de résident temporaire et pour la résidence permanente. Trois critères ont été utilisés pour cibler les TÉT d’expression française à inclure dans le portrait statistique, soit la date d’obtention du premier permis de travail, la catégorie du niveau de compétence inscrite dans la classification nationale des professions et la langue. Les TÉT d’expression française inclus sont ceux qui ont obtenu leur premier permis de travail entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2021 et dont la classification nationale des professions est de niveau 0, A ou BNote de bas de page 2.

Pour la langue, nous avons utilisé la définition d’un immigrant d’expression française de 2006 d’IRCC. Cette définition correspond à une personne immigrante dont le français est la langue maternelle ou, si elle a une langue maternelle autre que le français ou l’anglais, dont le français est la première langue officielle canadienne d’usage. Les personnes incluses déclarent une connaissance du « français seulement ». Les réponses multiples « anglais et français » sont ainsi excluesNote de bas de page 3 (IRCC, 2016).

À noter que pour maintenir l’anonymat des personnes concernées, les valeurs inférieures à 5 n’ont pas été incluses dans l’ensemble des figures et des tableaux. Lorsqu’une personne a eu plusieurs permis de travail (par exemple, en 2013, 2015 et 2017), c’est l’année d’obtention du premier permis de travail qui est présentée (par exemple, en 2013).

Entretiens semi-dirigés

L’équipe de recherche a mené 34 entretiens avec des personnes représentant la population à l’étude. Toutes les personnes interrogées sont des adultes qui présentent ces caractéristiques :

En somme, les caractéristiques de l’échantillon sont les suivants (voir aussi l’Annexe pour plus d’informations sur les participants).

Tableau 1 : Répartition provinciale des personnes interrogées par rapport à la répartition provinciale des admissions de la population totale des TÉT qualifiés d’expression française

Répartition provinciale des admissions
Province Des répondants aux entretiens De la population totale des TÉT qualifiés d’expression française
Manitoba 29,4 % 7,9 %
Saskatchewan 14,7 % 7,0 %
Alberta 35,3 % 30,7 %
Colombie-Britannique 20,6 % 54,4 %

Tableau 2 : Situation des personnes interrogées par rapport à la résidence permanente

Situation de la personne interrogée Ancien TÉT qualifiés TÉT qualifiés actuels Total
Résidents permanents ou citoyens canadiens 19 0 19
Personnes ayant fait une demande en vue d’obtenir la résidence permanente ou ayant l’intention d’entamer des démarches pour l’obtenir 0 4 4
Personnes ne souhaitant pas ou ne souhaitant plus obtenir la résidence permanente (à la suite d’un refus, par exemple) 7 1 8
Personnes encore en réflexion concernant la résidence permanente 2 1 3
Total 28 6 34

Les entretiens semi-dirigés ont permis d’aborder le parcours migratoire et professionnel des TÉT qualifiés d’expression française résidant dans l’Ouest canadien dans le but de bien comprendre les facteurs qui contribuent à la transition vers la résidence permanente. Ils ont aussi permis d’explorer les facteurs qui ont influencé le choix des répondants à différents moments clés.

Pour recruter des volontaires souhaitant participer à des entretiens, IRCC a fait circuler une invitation par courriel aux personnes dont le profil correspondait aux différents groupes à l’étude dans sa banque de données internes. Les personnes intéressées à participer ont été invitées à remplir un court questionnaire afin de récolter les informations démographiques et de parcours nécessaires à l’échantillonnage des participants. Par ailleurs, l’équipe de recherche a aussi fait circuler une annonce de recrutement auprès des réseaux en immigration francophone et quelques répondants se sont portés volontaires à la suite de ces annonces. Tous les entretiens ont été réalisés par vidéoconférence ou au téléphone et étaient d’une durée d’environ 60 minutes.

L’équipe de recherche a également réalisé 13 entretiens semi-dirigés avec des parties prenantes pouvant fournir de l’information pertinente concernant le cheminement des TÉT qualifiés dans les provinces de l’Ouest (voir liste à l’Annexe I). L’information fournie par les parties prenantes a permis de contextualiser les données qualitatives et d’obtenir une perspective plus globale des enjeux dans les différentes régions. Ces entretiens ont aussi été utiles pour aborder les innovations, pratiques prometteuses et solutions possibles aux enjeux soulevés.

Portrait des travailleurs étrangers temporaires qualifiés d’expression française dans les provinces de l’Ouest

Caractéristiques des travailleurs étrangers temporaires qualifiés d’expression française dans les provinces de l’Ouest

Dans la région de l’Ouest canadien, 180 458 TÉT qualifiés ont obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021. De ce nombre, 4 089 étaient d’expression française, soit une proportion de 2,3 %. Plus précisément, la proportion de personnes d’expression française parmi l’ensemble des TÉT qualifiés admis a fluctué durant la période à l’étude entre un creux de 1,2 % en 2012 et un sommet de 3,3 % en 2014.

Figure 1 : Proportion des TÉT qualifiés d’expression française parmi l’ensemble des TÉT qualifiés selon l’année d’obtention du premier permis de travail, 2012 à 2021, Ouest canadien

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Figure 1
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Proportion 1,2 % 1,5 % 3,3 % 3,0 % 2,8 % 2,8 % 2,7 % 1,9 % 1,7 % 2,4 %

En ce qui concerne la répartition provinciale des admissions, un peu plus de la moitié des TÉT qualifiés d’expression française admis entre 2012 et 2021 dans l’Ouest canadien avait la Colombie-Britannique (54,4 %) comme province de destination envisagée au moment de l’obtention de leur premier permis de travail et près du tiers, l’Alberta (30,7 %). Ces proportions étaient de 7,9 % pour le Manitoba et de 7,0 % pour la Saskatchewan.

Figure 2 : Nombre de TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 par statut d’obtention de la résidence permanente, province de destination envisagée, Ouest canadien

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Figure 2
N'ayant pas effectué la transition Ayant effectué la transition
Manitoba 266 56
Saskatchewan 145 141
Alberta 959 298
Colombie-Britannique 1 615 609

La principale ville de destination envisagée dans l’Ouest canadien par les TÉT qualifiés d’expression française au moment de déposer leur demande pour un premier permis entre 2012 et 2021 est Vancouver (43,4 %). Suivent ensuite les deux plus grandes villes albertaines, Calgary (13,2 %) et Edmonton (10,1 %), puis la capitale manitobaine Winnipeg (5,8 %). Les deux plus grandes villes de la Saskatchewan, Regina (2,4 %), Saskatoon (2,2 %) arrivent respectivement au 5e et 6e rang.

En moyenne, environ 410 TÉT qualifiés d’expression française par année ont obtenu un permis de travail dans les provinces de l’Ouest entre 2012 et 2021, avec un sommet de 672 en 2014 et un creux de 159 en 2020 dans le contexte de la pandémie de la COVID-19. Au cours des premiers mois de la pandémie, des visas et permis de travail ont été délivrés exclusivement aux TÉT et aux étudiants internationaux déjà présents au Canada (Feenan et Madhany, 2021, p. 9 ; The Conference Board of Canada, 2021). De nombreuses personnes qui avaient reçu leur visa, mais qui résidaient toujours à l’extérieur du Canada n’ont pas pu entrer au pays en raison de la fermeture des frontières et des restrictions de voyage. IRCC a également « cessé temporairement de traiter les demandes [de permis d’immigration temporaire] sur une période de trois mois » (Feenan et Madhany, 2021, p. 9). À cause de ces facteurs, le nombre d’étudiants internationaux, de TÉT et de résidents permanents entrant au pays a considérablement diminué, dont dans les provinces de l’Ouest. À titre d’illustration, dans les provinces de l’Ouest, le nombre total de TÉT qualifiés ayant obtenu un premier permis de travail au Canada est passé de 22 711 en 2019 à 9 534 en 2020, une baisse de l’ordre de -58,0 %.

Programmes de résidence temporaire

La principale catégorie d’admission des TÉT qualifiés d’expression française dans l’Ouest canadien est le PMI (91,7 %), comparativement à 8,3 % pour le PTÉT (Tableau 3). Ces proportions sont de 81,3 % et de 18,7 % pour les personnes ayant effectué la transition vers la résidence permanente.

Tableau 3 : Nombre et pourcentage de TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 selon le statut d’obtention de la résidence permanente, la principale catégorie d’admission et certaines sous-catégories d’admission, Ouest canadien

Programme et sous-catégories d’admission Ayant effectué la transition N’ayant pas effectué la transition Total
Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage
Programme de mobilité internationale 898 81,3 % 2 850 95,5 % 3 748 91,7 %
Intérêts canadiens 838 75,9 % 2 776 93,0 % 3 614 88,4 %
Accords ou ententes internationaux et Autres (PMI) 60 5,4 % 74 2,5 % 134 3,3 %
Programme des travailleurs étrangers temporaires 206 18,7 % 135 4,5 % 341 8,3 %
Total 1 104 100 % 2 985 100 % 4 089 100 %

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Ces chiffres reflètent le fait que le PMI cible les TÉT qualifiés de façon particulière. La sous-catégorie des Intérêts canadiens (88,4 %) qui comprend le volet Mobilité francophone est la plus souvent utilisée. Depuis son lancement en juin 2016, la proportion annuelle de TÉT qualifiés d’expression française admis dans l’Ouest canadien à travers ce programme a augmenté d’année en année, passant de 8,8 % en 2016 à 53,5 % en 2021. Il s’agit désormais de la principale voie d’accès à la résidence temporaire pour les TÉT qualifiés d’expression française dans la région à l’étude.

Figure 3 : Proportion des TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail dans le cadre du programme Mobilité francophone, 2016 à 2021, Ouest canadien

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Figure 3
2016 2017 2018 2019 2020 2021
Mobilité francophone 8,8 % 32,5 % 34,9 % 36,1 % 50,9 % 53,5 %

Région et pays d’origine

L’Europe est la région d’origine de 84,2 % des TÉT qualifiés d’expression française qui ont obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 dans l’Ouest canadien. Le principal pays d’origine de l’ensemble des travailleurs qualifiés d’expression française durant cette période est de loin la France (76,7 %). La Suisse (3,0 %) est le second pays en importance en Europe et la Belgique (2,6 %), le troisième.

La seconde région d’origine en importance est l’Afrique (12,8 %).  Contrairement à l’Europe, les principaux pays de naissance sont plus diversifiés, incluant le Maroc (2,9 %), la Tunisie (2,2 %), l’Île Maurice (2,2 %), le Cameroun (1,1 %), l’Algérie (0,9 %), le Sénégal (0,6 %) et la Guinée (0,5 %).

Des distinctions sont à noter entre les personnes ayant effectué la transition vers la résidence permanente et celles qui ne l’ont pas fait. De fait, 71,4 % des personnes qui ont effectué une transition vers la résidence permanente sont nées en Europe et 25,2 % en Afrique. Ces proportions sont de 88,9 % et de 8,3 % pour celles qui n’ont pas effectué la transition vers la résidence permanente.

Figure 4 : Proportion des TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 selon le statut de la résidence permanente, la région de naissance, Ouest canadien

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Figure 4
Total N'ayant pas effectué la transition Ayant effectué la transition
Amériques 1,3 % 1,4 % 1,2 %
Europe 84,2 % 88,9 % 71,4 %
Afrique 12,8 % 8,3 % 25,2 %
Autres régions 1,7 % 1,5 % 2,3 %

Genre, état matrimonial et âge

Plus d’hommes (64,1 %) que de femmes (35,9 %) d’expression française ont obtenu un permis de travail à titre de TÉT qualifié durant la période de 2012 à 2021 dans les provinces de l’Ouest. Dans l’ensemble, les TÉT qualifiés d’expression française sont relativement jeunes. Pour la période de 2012 à 2021, 78,9 % d’entre eux avaient moins de 35 ans au moment de l’obtention de leur premier permis de travail, dont 39,1 % entre 18 à 24 ans.

Pour ce qui est de l’état matrimonial, la majorité des TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 n’étaient pas en couple (67,5 %).

Profil linguistique et niveau de compétence professionnelle

La très grande majorité (92,3 %) des TÉT qualifiés d’expression française qui ont obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 ont le français comme langue maternelle. Cela n’est pas surprenant considérant que la France est le premier pays de naissance en importance de ce groupe. La seconde langue maternelle la plus souvent mentionnée est l’arabe (3,6 %).

Concernant la connaissance autodéclarée des deux langues officielles du Canada, 52,5 % des TÉT qualifiés d’expression française qui ont obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 ont déclaré connaître à la fois le français et l’anglais et 34,3 % uniquement le français.

Figure 5 : Proportion des TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 selon le statut de la résidence permanente, la connaissance autodéclarée des langues officielles, Ouest canadien

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Figure 5
Total N'ayant pas effectué la transition Ayant effectué la transition
Anglais et français 52,5 % 57,5 % 39,1 %
Anglais 2,6 % 1,9 % 4,5 %
Français 34,3 % 33,4 % 36,9 %
Non déclaré 10,6 % 7,3 % 19,5 %

Au sujet du niveau de compétence professionnelle, les postes professionnels sont le principal niveau pour l’ensemble des TÉT qualifiés d’expression française (48,8 %), suivi de près par les postes techniques et spécialisés (40,3 %) et enfin, les postes en gestion (10,9 %).

Facteurs qui incitent à s’installer dans les provinces de l’Ouest

Partir pour le Canada

Presque tous nos répondants sont arrivés dans l’Ouest en ayant déjà une opportunité d’emploi ou de stage (29). Parmi les autres, trois personnes ont suivi un conjoint qui avait décroché un emploi au Canada et sans avoir elles-mêmes trouvé d’emploi avant d’arriver. Une personne est arrivée initialement au Canada avec un permis vacances-travail, une avec un permis d’étude et une autre dans le cadre d’un voyage qui s’est transformé en demande d’asile. Cela dit, les facteurs qui amènent des travailleurs qualifiés à s’installer temporairement au Canada varient considérablement, en fonction du pays d’origine, de la situation socioéconomique et du niveau d’éducation, entre autres.

Opportunités professionnelles. Les opportunités professionnelles constituent un facteur de motivation central noté dans la littérature et dans nos entretiens. Coderre et Nakache (2021) soulignent que, même parmi les travailleurs vacanciers qu’ils ont étudiés, la principale raison de s’installer temporairement au Canada était d’acquérir une expérience professionnelle, plutôt que de simplement voyager et explorer. Dans notre étude, alors que certaines personnes interrogées souhaitaient simplement bonifier leur curriculum vitae, d’autres indiquaient bénéficier de réelles opportunités de développement ou d’avancement professionnel. En parallèle, les opportunités professionnelles peu nombreuses et peu alléchantes en France ont été mentionnées à quelques reprises comme des facteurs explicatifs de leur départ. En outre, le développement ou l’avancement professionnel sont également les principales raisons évoquées par les participants à notre étude qui sont entrés au Canada avec le visa pour jeunes professionnels ou le stage coopératif, deux autres volets de la catégorie Expérience internationale Canada du PMI.

Expérience internationaleNote de bas de page 4 Plus largement, Désilets (2019) souligne l’importance d’acquérir une expérience de travail (ou d’études) internationale pour les TÉT qualifiés appartenant aux classes moyennes et qui entreprennent leurs déplacements de manière volontaire et indépendante. La mobilité de ces personnes est motivée par le désir d’« accumuler du capital culturel et du capital de mobilité » (Désilets, 2019, p. 19), le désir d’avoir une vie professionnelle épanouissante ou de trouver un bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. La migration n’est pas non plus toujours motivée par le désir de gagner plus d’argent. Ainsi, certains TÉT pourraient gagner plus ailleurs ou dans leur pays d’origine, comme c’était le cas pour certains de nos répondants.

« Mon objectif était d’abord d’acquérir une nouvelle expérience internationale. »
(R29 – AB)

Intérêts personnels. D’autres études ont souligné que des facteurs non liés à l’emploi, à l’expérience professionnelle ou aux considérations financières jouent également un rôle important pour les personnes qui décident de s’installer temporairement à l’étranger. Ces facteurs sont très divers et incluent l’attrait pour un certain mode ou niveau de vie, l’envie de voyager et de vivre une autre expérience, ou une relation amoureuse avec une personne au Canada, par exemple (Harvey et Beaverstock, 2017; Nakache et Dixon-Perera, 2016; Patzelt, 2021). Parmi les personnes interviewées dans le cadre de l’étude sur l’Ouest, les raisons de venir au Canada reflètent ces résultats. Ainsi, une majorité des personnes interrogées indiquent avoir été motivées à la fois par des opportunités professionnelles, la qualité de vie, et par des considérations personnelles, comme l’attrait du mode de vie, de la culture, et de la gentillesse des gens au Canada. La possibilité d’apprendre l’anglais, pour soi ou pour les enfants, est également un facteur important pour quelques personnes interrogées. Pour les personnes qui accompagnaient leur conjoint, les motivations familiales, incluant offrir un environnement inclusif et/ou bilingue aux enfants, apparaissaient très importantes.

« Je voulais aller en Alberta pour perfectionner mon anglais. J’avais un attrait aussi pour les paysages. Et de là, j’ai cherché des opportunités. »
(R16 – AB)

Profils particuliers. Il est également important de noter qu’une personne détenant le statut de TÉT qualifié est demandeur d’asile. Ainsi, cette personne espère que ses enfants et elle pourront échapper à une situation très difficile à l’étranger.

Identification d’opportunités professionnelles

Comme mentionné, la plupart des répondants avaient une offre d’emploi ou de stage avant leur arrivée au Canada (29). Une majorité de ces personnes ont utilisé Internet dans le cadre de leur recherche d’emploi, mais cette stratégie a mené à l’identification d’un poste pour sept personnes seulement. Le fait de vivre en France semble ouvrir des portes à certaines personnes (7) du fait de traditions de collaboration ou d’ententes entre le Canada et la France qui facilitent la diffusion de l’information et l’obtention d’un permis de travail temporaire, par exemple dans le cadre d’un échange entre deux enseignants du primaire ou d’un postdoctorat. Certaines personnes ont fait appel à des contacts personnels au Canada (2) ou à une agence de recrutement (1) pour identifier des opportunités d’emploi. Au moins cinq personnes ont eu l’occasion de rencontrer des employeurs canadiens potentiels par le biais de leur mobilité professionnelle ou académique, notamment en participant à un congrès à l’étranger ou en ayant travaillé aux États-Unis. Des personnes interrogées (5) ont parfois bénéficié du fait qu’elles travaillaient pour une grande entreprise détenant des bureaux ou des partenaires privilégiés au Canada.

Les personnes qui ont cherché un emploi après leur arrivée au Canada, soit essentiellement des conjoints qui avaient un permis de travail ouvert, ont toutes utilisé Internet et trouvé rapidement (5), sauf une personne arrivée il y a moins de six mois et qui est toujours en recherche d’emploi.

Choix de la région de destination

« J’ai trouvé une opportunité en Alberta et j’y vis depuis. […] Mon frère était déjà à Edmonton alors il m’a aidé dans les procédures et me donnait des conseils. »
(R27 – AB)

Pour la grande majorité des personnes interrogées, l’opportunité professionnelle a déterminé la province et la région où ils allaient vivre au Canada. Ainsi, les répondants ont rarement eu l’occasion de choisir une province ou une région spécifique. Les personnes qui ont trouvé un emploi par le biais de contacts professionnels ou personnels ont été influencées parfois par la perspective de ces personnes ou ont souhaité vivre près de celles-ci. Deux personnes qui ont d’abord vécu au Québec et en Ontario ont déménagé au Manitoba du fait qu’elles avaient trouvé une opportunité professionnelle plus intéressante.

« Je n’ai pas cherché pour la langue parce que je voulais être en immersion. »
(R2 – CB)
« Je voulais voir comment c’était la vie dans une communauté francophone dans une communauté anglophone. »
(R28 – SK)

Seules trois personnes ont indiqué que leur choix a été influencé positivement par la présence d’une communauté francophone. Une dizaine de personnes savaient qu’une communauté francophone existait dans leur région de résidence temporaire, sans que cet élément ait affecté leur décision. Une douzaine de personnes ne savaient pas qu’elles allaient trouver une communauté francophone ou n’avaient qu’une vague idée du bilinguisme au Canada. Près de la moitié de ces personnes ont appris tardivement l’existence d’une communauté francophone dans leur région d’établissement. Quelques personnes interrogées ont indiqué avoir délibérément cherché à demeurer loin de la communauté francophone afin de vivre une réelle immersion en anglais, mais d’autres ont regretté de ne pas avoir été informés plus tôt de l’existence d’activités communautaires et de services en français.

Les répondants vivant à Winnipeg semblaient avoir davantage été mis en contact avec la communauté francophone locale, notamment en participant à des activités et en recevant des services de l’Accueil francophone. Il importe de noter que cette communauté est aussi la plus grande communauté francophone de notre échantillon et celle qui offre des services aux résidents temporaires depuis plus de vingt ans.

Volet Mobilité francophone

Des répondants aux entretiens ont expliqué que le volet de Mobilité francophone est avantageux puisqu’il permet d’obtenir un permis temporaire rapidement, pour le demandeur principal ainsi que pour leur conjoint, s’il y a lieu. Cependant, des personnes qui ont bénéficié de ce volet et des parties prenantes ont mentionné que les employeurs ne connaissent pas nécessairement celui-ci, n’en comprennent pas forcément les paramètres, ou peuvent être intimidés par une telle démarche. Les employeurs francophones, comme un conseil scolaire ou un organisme communautaire, et les entreprises qui embauchent régulièrement des TÉT ou qui sollicitent l’appui d’avocats semblaient davantage connaître et apprécier ce programme. Des parties prenantes ont rappelé que le volet Mobilité francophone semblait peu utilisé pour l’embauche de personnes de l’Afrique francophone. Comme raison potentielle de ce phénomène, certaines personnes ont évoqué la possibilité d’attitudes discriminatoires, tantôt de la part des employeurs, tantôt de la part d’employés d’IRCC, alors que d’autres ont souligné une méconnaissance de ce programme dans une majorité de ces pays.

Ressources pour les employeurs

Certaines parties prenantes interrogées sont engagées dans le développement économique et l’employabilité des communautés francophones. Dans les dernières années, considérant la croissance de l’immigration temporaire et son impact sur l’immigration permanente, ces organismes ont développé diverses stratégies pour sensibiliser les employeurs à l’embauche de TÉT d’expression française. Ainsi, une partie prenante souligne que les employeurs anglophones connaissent très peu le volet Mobilité francophone et que les démarches de son organisme contribuent à mieux en faire connaître les avantages. Parfois, le soutien offert prend la forme d’un accompagnement des employeurs dans leurs démarches. Par exemple, un des organismes de l’Ouest a créé un poste pour accompagner les employeurs dans la navigation des démarches de recrutement et d’établissement de TÉT d’expression française. Ce poste facilite le développement de ressources générales pour tous les employeurs (par exemple, descriptions de poste, subventions accessibles, droit du travail) tout en permettant un accompagnement personnalisé de certains de ces employeurs.

Accueil et démarches d’établissement

État des lieux

Pour la plupart des personnes interrogées, l’établissement n’a pas été associé à des enjeux importants. En effet, selon ces répondants, la personne type ciblée semblait favorisée du fait qu’elle détenait un diplôme postsecondaire, des expériences de travail préalables, une offre d’emploi avant d’arriver au Canada et un niveau d’anglais avancé. Cela dit, ce sont les personnes arrivées avec un niveau d’anglais débutant ou intermédiaire qui semblaient vivre les enjeux d’intégration sociale ou professionnelle les plus importants. À noter qu’au moment de de la conduite des entretiens semi-dirigés, seule la personne arrivée depuis moins de six mois a indiqué avoir un niveau d’anglais débutant.

Facteurs favorables

Langue. La langue est un facteur important pour comprendre l’insertion des personnes. Le fait d’être très à l’aise en anglais, mais aussi de travailler dans un organisme francophone et de développer des réseaux de connaissances francophones a semblé contribuer au bienêtre des personnes lors de leur établissement. En matière d’inclusion sociale, il semble que les personnes socialisent avant tout avec leurs collègues, d’où le fait que celles qui travaillent dans un environnement francophone semblent vivre une inclusion sociale plus positive.

« C’est par le biais de la troupe de théâtre de Saskatoon que nous en avons appris plus sur la communauté francophone. La communauté locale francophone organise plusieurs évènements. Et ils s’entraident les uns les autres. Alors dès qu’une personne arrive dans la communauté, ils disent « alors, vous avez besoin de meubles? »
(R17 – SK)

Réseau. Le fait de connaître quelqu’un avant l’arrivée facilite beaucoup les démarches. Par exemple, une amie d’une personne interrogée a visité un appartement et poursuivi les démarches pour la location, alors qu’une autre personne était hébergée chez un ami du conjoint jusqu’à ce qu’elle trouve son propre logement. De même, sachant qu’une majorité des personnes interrogées provenaient de France, il semble que, pour plusieurs, la proximité culturelle avec les Français installés au Canada ait contribué à ce que des liens plus étroits se soient tissés avec eux. Par ailleurs, les personnes arrivées avec leur conjoint et des enfants vivent également une intégration sociale potentiellement plus rapide et positive, notamment du fait que les parents s’offrent un support mutuel et que les activités de leurs enfants les amènent à rencontrer de nouvelles personnes.

Facteurs défavorables

Logement. Des TÉT et parties prenantes représentant différentes provinces ont rappelé l’accès difficile au logement abordable, en particulier en Colombie-Britannique, et la difficulté croissante des TÉT qualifiés de se projeter à long terme due à ce facteur. Une partie prenante a expliqué que lorsqu’une personne arrive sans références ni historique au Canada, elle et son équipe font des démarches personnalisées pour les appuyer étant donné le problème des coûts et de la pénurie de logement.

Langue. La langue peut s’avérer également un facteur réduisant la portée du sentiment d’inclusion et l’efficacité des démarches d’établissement. Bien que des personnes aient eu envie de vivre une expérience d’immersion en anglais, d’autres, ont noté des défis plus importants à établir des contacts avec les anglophones, en comparaison des francophones. Aussi, même lorsque le niveau d’anglais était bon ou très bon et même lorsque l’établissement avait eu lieu depuis quelques années, il apparaissait difficile pour plusieurs de développer des réseaux personnels en anglais.

Relations avec la communauté francophone. Alors que divers témoignages ont été très positifs à l’égard des communautés francophones de chacune des provinces, deux personnes arrivées au Manitoba ont indiqué que la communauté francophone n’était pas aussi accueillante et accessible qu’ils l’auraient souhaité. Des personnes de Colombie-Britannique ont indiqué qu’après plusieurs années, il demeurait difficile de tisser des liens avec des personnes, qu’elles soient anglophones ou francophones, autres que celles d’origine française.

« Même encore maintenant, mes amis sont Français. Et même après 8 ans, il est difficile de se faire des amis canadiens locaux. »
(R12 – C.-B.)

Isolement. Seule une personne a mentionné avoir vécu de l’isolement à son arrivée, mais elle disait également travailler beaucoup. Toutes les personnes qui ont indiqué avoir eu de la difficulté à développer un réseau local de relations personnelles pouvaient minimalement socialiser avec des collègues qu’ils appréciaient, leur conjoint ou quelques personnes immigrantes provenant de la même région qu’elles.

Appui à l’établissement

État des lieux

« Le CANAF, ils nous ont contactés. Ils ont dû savoir qu’on était là, je ne sais pas comment, pour justement nous dire qu’ils pouvaient nous aider. Et c’est vrai qu’on aurait pu faire connaissance avec d’autres francophones qui résidaient à Calgary, mais le but ce n’était pas de fréquenter des Français. On n’a pas eu besoin d’eux au final. »
(R15 – AB)

Plusieurs personnes interrogées ont été complètement autonomes (10) dans leurs démarches d’établissement, dans le sens où elles ont compté essentiellement sur des informations trouvées sur Internet ou sur les réseaux sociaux. Deux personnes ont même mentionné savoir qu’elles pouvaient avoir accès à des services communautaires francophones, mais ne pas avoir senti le besoin de les mobiliser. Cela dit, une majorité des personnes interrogées ont bénéficié d’appuis informels de la part de leurs collègues et employeurs, soit à l’occasion (6), soit de manière importante (10). De même, environ le quart (8) des personnes interrogées ont rapidement été mises en relation avec des services communautaires à même de les appuyer dans diverses démarches liées à l’établissement, à la recherche d’emploi ou à la formation linguistique.

L’autonomie de plusieurs personnes interrogées semble avoir été construite par leurs expériences passées, sachant que plusieurs avaient déjà séjourné ailleurs que dans leur pays de naissance avant d’arriver au Canada.

Facteurs favorables

« Mon boss est venu me chercher à l’aéroport et il m’a montré la Ville. Puis, il m’a amené à la banque. »
(R6 – MB)

Employeurs. Plusieurs personnes ont pu bénéficier d’appuis significatifs de la part de leurs employeurs. Souvent, lorsque les démarches administratives liées au permis temporaire étaient prises en compte par l’employeur, ceux-ci pouvaient également appuyer les TÉT en offrant des indications quant aux premières démarches d’installation, comme trouver un logement ou obtenir une carte d’assurance maladie. À quelques reprises, un logement temporaire était fourni ou les coûts du déménagement étaient couverts par l’employeur.

Collègues. Les collègues sont souvent les premières personnes locales avec qui les TÉT socialisent. Lorsque les collègues incluent des personnes immigrantes, il semble que celles-ci deviennent rapidement de bon conseil pour comprendre diverses démarches administratives, mais aussi divers codes culturels.

Services et accueil de la communauté locale. Seules quelques personnes ont été introduites rapidement à des services d’établissement, comme le Centre d’Accueil pour Nouveaux Arrivants Francophones (Alberta) ou Accueil francophone (Manitoba). Quelques autres personnes ont bénéficié des organisations de la communauté francophone. Par exemple, une maman soulignait la qualité de l’accueil et de la formation reçus par ses enfants à l’école de langue française et la richesse des activités parascolaires. Au moins deux personnes interrogées ont obtenu des services d’établissement en anglais. Il est à noter que trois provinces de l’Ouest bénéficient de services d’établissement financés par la province et accessibles aux résidents temporaires, soit le Manitoba (depuis le début des années 2000), l’Alberta et la Saskatchewan.

« Accueil francophone m’ont aidé à trouver une maison. Je suis restée dans une de leur maison en accueil temporaire. »
(R32 – MB)

Formation. Une personne a obtenu son statut de travailleur temporaire par le biais d’un programme de « Mission de volontariat en service civique » mis en place par la France en vue de permettre aux jeunes de réaliser un stage dans quelques pays, dont le Canada. Ce programme, en plus d’offrir un accompagnement dans les démarches administratives, a mis sur pied une série de formations, incluant une formation civique où la réalité des communautés francophones est abordée. La personne qui a participé à ce programme a trouvé les partages d’informations et les appuis administratifs très utiles. Une autre personne qui a été embauchée par une grande entreprise a été heureuse de pouvoir bénéficier d’une formation pour les personnes nouvellement installées au Canada qui abordait les différences culturelles, les démarches d’établissement ainsi que les démarches d’immigration.

Facteurs défavorables et suggestions d’amélioration

« C’est même gênant de voir une personne qui vient vous demander de l’aide et, avant de lui répondre, il faut lui demander son statut alors qu’elle est déjà dans votre bureau. »
(Partie prenante)

Statut temporaire. Quelques personnes ont indiqué avoir cherché à obtenir des services de la communauté francophone sans succès, principalement du fait de leur statut temporaire. Elles ont rappelé qu’une fois leur statut de résidence permanente obtenue, ces services ne s’avèrent plus utiles. Une partie prenante a d’ailleurs souligné l’incohérence d’accueillir les enfants des personnes détenant un statut de résident temporaire dans les écoles de langue française et l’impossibilité pour les familles de recevoir des services des travailleurs d’établissement dans les écoles. Dans les faits, même si des services francophones d’établissements sont en mesure d’offrir des services aux résidents temporaires, sauf en Colombie-Britannique, des résidents temporaires ne le savent pas où n’y ont pas accès dû aux ressources limitées de certains de ces services.

Visibilité et ressources de la communauté francophone. D’autres ont mentionné avoir appris trop tard que ces organismes existaient. Une partie prenante a souligné qu’étant donné que plusieurs organisations n’ont pas l’autorisation d’offrir des services directs aux TÉT, les occasions de rencontre entre ces personnes et la communauté sont plus limitées. Ce faisant, lorsque des activités communautaires sont organisées, les TÉT sont peu présents, en comparaison aux personnes nées au Canada, mais aussi aux résidents permanents. Plusieurs répondants ont suggéré qu’il serait souhaitable que les nouveaux arrivants francophones soient informés, par le biais d’un courriel ou d’un appel, de l’existence d’une communauté francophone et de ses activités ou services. D’autres ont indiqué que plusieurs des informations nécessaires à l’établissement sont standardisées et pourraient être partagées systématiquement avec les nouveaux arrivants par le biais de guides ou de webinaires. Ces informations pourraient porter notamment sur le système de santé, les assurances, le permis de conduire, les banques et les impôts. Des activités de jumelage ou d’échange entre nouveaux arrivants ont également été suggérées.

Intégration en emploi

Recherche d’emploi

Environ la moitié des personnes interrogées ont été en recherche d’emploi, soit en arrivant au Canada (4) ou durant leur séjour temporaire (10). Différents contextes les caractérisent. Les quatre personnes arrivées comme conjointes, sans offre d’emploi et avec un permis ouvert, ont toutes apprécié avoir la chance d’être au Canada pour chercher du travail. Elles ont toutes trouvé un emploi rapidement, sauf une personne arrivée depuis moins de six mois et dont les compétences en anglais sont à un niveau débutant.

Parmi les autres personnes qui ont été en recherche d’emploi après leur arrivée au Canada, plusieurs ont attendu d’obtenir leur résidence permanente pour chercher un milieu de travail plus stimulant où les conditions de travail sont meilleures. Quelques personnes ont changé d’emploi pendant qu’elles avaient encore un permis fermé, afin d’avoir de meilleures conditions de travail. D’autres personnes ont changé d’emploi parce qu’elles changeaient de statut, par exemple lors de la fin d’un contrat de postdoctorat, d’un programme de stage de coopération ou de leurs études.

Si, pour la grande majorité des personnes, aucun défi spécifique n’a été recensé en matière de recherche d’emploi, deux obstacles ont tout de même été soulevés, soit la nécessité d’un niveau d’anglais élevé à l’embauche et des employeurs qui exigent une voiture, celles-ci étant difficile d’accès, surtout au début du séjour, pour les TÉT. Seules quelques personnes ont sollicité des services d’aide à l’emploi, principalement en anglais.

Langue. Il importe de noter que pour au moins cinq personnes, le fait de parler français s’est avéré un atout lors de l’embauche, que ce soit parce que l’emploi se déroulait en français dans une école, ou parce que le poste était classifié bilingue, ou parce que le fait d’être francophone accélérait et facilitait l’embauche (Mobilité francophone).

« Le fait que je sois francophone a été vu comme une opportunité d’accélérer l’embauche, mais ce n’était pas important d’avoir le français pour le travail en soi. »
(R26 – MB)

La langue au travail

« Ce n’était pas facile parce que durant les rencontres d’équipe matinales, il y avait des informations importantes qui étaient partagées et je devais demander aux autres de me les traduire ou j’utilisais une application de traduction. »
(R10 – AB)

En milieu de travail, la langue n’a généralement pas été un obstacle fondamental à l’intégration des personnes interrogées. Tout de même, trois personnes ont indiqué avoir vécu un stress relativement important après leur embauche du fait que leur niveau de compétences en anglais ne leur permettait pas de répondre aux attentes de leur employeur. Pour quelques autres, le niveau d’anglais n’était pas suffisant pour bien communiquer avec les collègues et bien accomplir certaines des tâches demandées. Enfin, certaines personnes ont mentionné que leur niveau d’anglais limité avait surtout réduit leurs capacités à socialiser avec leurs collègues et que ceci avait ralenti leur intégration générale aux équipes de travail.

Formation linguistique. Bien que la plupart des personnes interrogées avaient un niveau d’anglais leur permettant de répondre minimalement aux attentes de leurs employeurs, presque toutes devaient continuer d’améliorer leurs compétences en anglais pour être vraiment à l’aise dans leur emploi. Cela dit, il semble qu’une majorité de ces personnes aient amélioré leurs compétences sans l’appui de formations linguistiques, notamment du fait qu’elles n’y avaient pas accès. Seule une personne, en Alberta, a indiqué avoir eu un accès gratuit à de telles formations et être reconnaissant d’avoir pu bénéficier. Une personne interrogée a rappelé qu’il serait important de bien informer les TÉT du fait qu’ils doivent être bilingues dès leur arrivée, car ils n’auront pas nécessairement selon la province un accès facile et gratuit à des cours de langue.

« Ils m’ont recruté en sachant que je n’avais pas un bon niveau d’anglais. Leurs attentes n’étaient pas raisonnables! […] Heureusement, l’Alberta a des programmes de formation linguistique en anglais gratuits. Alors, j’allais trois fois par semaine suivre des cours de 18h à 21h. »
(R19 – AB)

Conditions de travail

Facteurs favorables

De manière générale, les personnes interrogées n’ont pas signalé d’enjeux particuliers en matière de conditions de travail. Au contraire, une dizaine de personnes, en particulier celles provenant de France, considèrent que les conditions de travail sont meilleures ici que dans leur pays d’origine. Au total, environ les deux tiers des personnes interrogées apprécient ainsi différents aspects de leurs conditions de travail, tel que la flexibilité des employeurs, le fait de pouvoir faire du télétravail, un salaire adéquat voire supérieur, une charge de travail raisonnable, un style de gestion collégial ou des interactions positives avec les collègues.

Enjeux

Au moins six personnes ont tout de même indiqué avoir vécu des conditions de travail peu optimales ou très négatives, comme un salaire trop bas ou une charge de travail trop élevée. Il semble que ces personnes ont malgré tout conservé leur poste en vue d’obtenir leur résidence permanente. Deux personnes ont spécifiquement indiqué que le « code du travailNote de bas de page 5  » n’avait pas été respecté par leur employeur, notamment en ce qui a trait aux pauses ou à la durée du travail.

« Il s’avère que la dame de la compagnie […] n’aimait pas que je parle mal anglais. Elle a été plutôt raciste. Je n’ai jamais été incluse. »
(R12 – CB)

Langue. Si quelques personnes ont jugé qu’être francophone avait permis de tisser des liens, davantage ont mentionné que leurs compétences limitées en anglais, leur accent ou le simple fait d’être francophone avaient réduit la qualité de leurs relations professionnelles et, parfois, engendré de l’isolement ou de l’exclusion.

Statut temporaire et permis de travail fermé. Plusieurs personnes ont également évoqué les conséquences négatives du permis de travail fermé et de leur statut de résident temporaire sur leurs conditions de travail. Ces enjeux ont pris plusieurs formes, comme des exigences plus grandes en termes de rendement de la part de l’employeur et, pour au moins une personne, des menaces indirectes de renvoi. De plus, quelques personnes ont indiqué avoir une faible capacité à négocier de bonnes conditions de travail. En effet, au risque de perdre leur emploi, elles ne pouvaient se permettre d’être trop exigeantes en matière de salaire ou de position professionnelle. Ce faisant, bien que l’obtention du permis de travail temporaire puisse paraitre au départ comme une opportunité professionnelle stimulante, le fait de conserver longtemps un statut temporaire et un permis fermé a semblé nuire au développement professionnel des personnes. Une personne dont le revenu était à peine plus élevé que le salaire minimum a souligné que son permis de travail fermé ne lui permettait pas d’avoir deux emplois, ce qui lui aurait permis possiblement de sortir de la pauvreté.

« L’employeur sait qu’on est pris avec lui et il en profite. »
(R7 – MB)

Intersectionnalité. Il importe de préciser que les diverses identités des personnes gagnent à être considérées à partir d’une approche intersectionnelle. En effet, certaines personnes ont jugé qu’elles recevaient un moins bon traitement dû à leur profil linguistique et à leur profil migratoire – par exemple, elles percevaient de la discrimination à la fois du fait qu’elles parlaient français et qu’elles étaient racisées. De plus, une personne a mentionné que son jeune âge et le fait d’être une femme avaient probablement également contribué à réduire la qualité de ses conditions de travail.

« Si je regarde mes autres collègues qui avaient le même niveau d’étude, ils sont maintenant dans des postes de gestionnaires. L’enjeu n’est, pas forcément parce que je suis immigrante, mais ma capacité de négo était limitée avec les permis fermés. »
(R16 – AB)

Correspondance avec les acquis et les qualifications

Presque la totalité des personnes interrogées a indiqué que l’emploi obtenu correspondait à leur formation et à leur expérience. Deux personnes ont indiqué être surqualifiées, tout en précisant qu’ils devaient perfectionner leur anglais et leur compréhension des codes culturels avant d’obtenir un emploi à la hauteur de leurs expertises. Les deux personnes les plus critiques quant à leurs capacités à trouver un emploi correspondant à leurs acquis et leurs qualifications étaient des personnes issues de minorités visibles. Une de ces personnes a mentionné qu’on ne lui donnait pas la chance de montrer ses capacités et qu’on ne lui offrait pas d’emploi correspondant à ses expertises.

Transition vers la résidence permanente

Renouvellement et durée des permis temporaires

Comme le décrivent Hou et al., (2020), l’essor du nombre de TÉT qualifiés faisant la transition vers la résidence permanente est notamment lié à l’introduction du programme des candidats des provinces et de la catégorie de l’expérience canadienne qui ont « stimulé une expansion rapide de la sélection des immigrants en deux étapes » (Hou et al. 2020, p.2). Par contre, la littérature et nos entretiens rappellent que plusieurs TÉT ont eu tout de même à renouveler leur permis de travail temporaire, à changer de catégorie de permis de travail temporaire, à obtenir un visa autre ou à retourner au pays d’origine pour quelques mois (Coderre et Nakache, 2021; Patzelt, 2021) avant d’entreprendre la démarche de résidence permanente. Si certains TÉT qualifiés d’expression française effectuent la transition vers la résidence permanente rapidement et avec facilité, d’autres conservent leur statut temporaire de nombreuses années et doivent renouveler leur permis au moins une fois avant d’obtenir leur résidence permanente.

Dans notre étude, 20 personnes ont eu à renouveler leur permis temporaire. Parmi les 19 personnes qui ont obtenu leur résidence permanente, 16 avaient renouvelé leur permis temporaire entre une et quatre fois. Quatre personnes encore TÉT au moment de l’entretien semi-dirigé avaient eu à renouveler leur statut au moins une fois, soit parce qu’elles : ne souhaitaient pas obtenir la résidence permanente, n’avaient pas réussi à l’obtenir, étaient en attente d’une réponse ou ne savaient pas encore si elles entameraient des démarches.

Les personnes qui avaient un permis temporaire de trois ans ont été avantagées en matière de tâches administratives, mais il y en avait peu dans notre échantillon. En général, surtout après un renouvèlement, la durée du permis temporaire était d’un an, mais les personnes ne pouvaient identifier la cause d’une durée plus longue ou plus courte obtenue.

Pour notre échantillon, la durée de la résidence temporaire est plus longue lorsque les personnes sont arrivées après 2017. Six personnes qui ont obtenu leur résidence permanente en un an ou moins étaient arrivées entre 2012 et 2017.

Avantage du français. Dans les dernières années, le Canada a cherché à faciliter la transition des TÉT qualifiés vers la résidence permanente pour les personnes qui parlent français. Depuis 2017, le gouvernement fédéral accorde des points supplémentaires pour la bonne connaissance du français dans le cadre du système Entrée express. Ce système mise sur le capital humain (par exemple, éducation, connaissance des langues officielles, âge) et sur la possibilité de contribuer à l’économie canadienne suivant l’obtention d’une offre d’emploi au Canada.

Parmi nos répondants détenant la résidence permanente ou cherchant à l’obtenir, la grande majorité a misé sur les programmes d’immigration faisant partie d’Entrée express, plus précisément par le biais de la catégorie de l’expérience canadienne (16), soit parce qu’on leur avait dit que ce serait plus rapide, soit parce que cette voie leur semblait plus facile ou avantageuse, notamment en regard du fait qu’ils parlaient français.

Le programme des candidats des provinces s’avère également une voie d’accès potentiellement prisée par les personnes qui parlent français. Un examen des accords fédéraux-provinciaux/territoriaux en matière d’immigration montre qu’ils contiennent tous des clauses visant à augmenter l’immigration au sein des communautés francophones et acadiennes (Deschênes-Thériault et Forest, 2022). Toutefois, les mesures mises en place pour réellement favoriser l’immigration francophone demeurent limitées. Trois personnes de notre échantillon ont mobilisé ce programme, à savoir deux au Manitoba et une en Saskatchewan. À ce sujet, une personne a mentionné que le programme des candidats de sa province d’accueil lui avait paru avantageux, car il était moins exigeant et parce que des services gouvernementaux en français étaient facilement accessibles. Pour toutes les provinces, la portée des mesures adoptées pour les francophones demeure limitée (Deschênes-Thériault et Forest, à paraître).

Nombre et catégories d’admissions des travailleurs temporaires qualifiés d’expression française à la résidence permanente dans les provinces de l’Ouest

Parmi l’ensemble des TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail durant la période de 2012 à 2021 dans l’Ouest canadien, 27 % ont effectué une transition vers la résidence permanente. Cette proportion est similaire au sein de l’ensemble des TÉT qualifiés admis dans l’une des provinces de l’Ouest canadien pendant la période (26,7 %).

Figure 6 : Proportion des TÉT qualifiés ayant effectué la transition vers la résidence permanente selon la langue et l’année d’obtention du premier permis de travail, 2012 à 2021, Ouest canadien

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Figure 6
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Travailleurs temporaires d'expression française 38,8 % 39,0 % 26,9 % 31,1 % 30,3 % 29,2 % 28,3 % 23,3 % 12,6 % 3,2 %
Travailleurs temporaires (toutes langues confondues) 26,9 % 28,4 % 27,0 % 22,7 % 25,7 % 31,5 % 35,1 % 31,7 % 25,0 % 7,1 %

Province de destination. Lorsque la province de destination est considérée, on constate que les TÉT qualifiés d’expression française en Saskatchewan (49,3 %) sont considérablement plus susceptibles d’effectuer la transition vers la résidence permanente que ceux des autres provinces, toutes proportions gardées. En comparaison, c’est un peu plus du quart (27,4 %) de l’ensemble des TÉT qualifiés ayant la Colombie-Britannique comme province de destination entre 2012 et 2021 qui ont fait la transition vers la résidence permanente. Cette proportion est de 23,7 % pour l’Alberta et de 17,4 % pour le Manitoba.

Catégorie d’admission. Concernant les personnes ayant effectué une transition vers la résidence permanente, la très grande majorité a été admise par le biais de l’un des programmes d’immigration économique (92,0 %). Pour ce qui est des sous-catégories d’admission, on constate que ce sont les programmes économiques fédéraux gérés dans le cadre d’Entrée express qui sont les plus utilisés par les TÉT qualifiés d’expression française qui ont fait la transition vers la résidence permanente. Ceux-ci incluent la catégorie de l’expérience canadienne (48,4 %), la catégorie des travailleurs qualifiés (12,2 %) et la catégorie des travailleurs de métiers spécialisés (2,4 %). Ces trois programmes fédéraux représentent 63 % des admissions à la résidence permanente pour la population à l’étude, comparativement à 27,7 % pour le programme des candidats des provinces.

Le fait que la catégorie de l’expérience canadienne soit la sous-catégorie d’admission la plus fréquente pour les personnes qui ont fait la transition vers la résidente permanente n’est pas surprenant. Cette catégorie est réservée aux personnes qui ont acquis au moins 12 mois d’expérience de travail qualifié au Canada.

Tableau 4 : Nombre et pourcentage de TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 et ayant effectué la transition vers la résidence permanente selon la catégorie d’admission à la résidence permanente et certaines sous-catégories d’admission, Ouest canadien

Catégorie et sous-catégories d’admission Ayant effectué la transition vers la résidence permanente
Nombre Pourcentage
Immigration économique 1 016 92,0 %
Catégorie de l’expérience canadienne 534 48,4 %
Catégorie des travailleurs qualifiés (fédéral) 135 12,2 %
Catégorie des travailleurs de métiers spécialisés (fédéral) 26 2,3 %
Programme des candidats des provinces 306 27,7 %
Autres programmes (catégorie économique) 15 1,4 %
Regroupement familial, réfugiés ou autres 88 8,0 %
Total 1 104 100 %

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Caractéristiques des TÉT d’expression française ayant effectué la transition vers la résidence permanente

Lorsque l’on examine les totaux séparément selon le sexe de la personne, on constate que les hommes sont légèrement plus susceptibles d’effectuer la transition vers la résidence permanente que les femmes, toutes proportions gardées. En effet, 29,9 % de l’ensemble des hommes d’expression française ayant obtenu un permis de travail à titre de travailleur qualifié entre 2012 et 2021 ont effectué la transition vers la résidence permanente comparativement à 21,8 % de l’ensemble des femmes.

Figure 7 : Proportion des TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 selon le statut de la résidence permanente et le sexe, Ouest canadien

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Figure 7
Total N'ayant pas effectué la transition Ayant effectué la transition
Women 35,9 % 38,4 % 28,9 %
Men 64,1 % 61,6 % 71,1 %

L’état matrimonial des personnes sondées – variable que nous avons colligée, mais qui n’est pas représentée dans les graphiques de ce rapport – influence également le passage vers la résidence permanente, considérant que les personnes en couple sont plus susceptibles de faire la transition vers la résidence permanente. Des distinctions importantes sont aussi à noter entre les personnes ayant effectué la transition vers la résidence permanente et celles qui ne l’ont pas fait.

Figure 8 : Proportion des TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 selon le statut de la résidence permanente et le groupe d’âge, Ouest canadien

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Figure 8
Total N'ayant pas effectué la transition Ayant effectué la transition
18 à 24 ans 39,1 % 48,4 % 14,0 %
25 à 34 ans 39,8 % 33,8 % 56,3 %
35 à 49 ans 17,0 % 13,7 % 25,9 %
50 ans et plus 4,1 % 4,1 % 3,9 %

À noter que les TÉT qualifiés d’expression française ayant effectué la transition vers la résidence permanente sont légèrement plus susceptibles d’occuper un emploi en gestion (14,5 %) que ceux qui ne l’ont pas fait (9,7 %) de même que des postes techniques et spécialisés (46,8 % versus 37,8 %). C’est l’inverse pour les postes professionnels.

Figure 9 : Proportion des TÉT qualifiés d’expression française ayant obtenu leur premier permis de travail entre 2012 et 2021 selon le statut de la résidence permanente et le niveau de compétence professionnelleNote de bas de page 6, Ouest canadien

Source : IRCC, Base des données administratives des résidents temporaires liée à celle des résidents permanents, 31 décembre 2021

Figure 9
Total N'ayant pas effectué la transition Ayant effectué la transition
0 - Gestion 11,0 % 9,7 % 14,5 %
A - Postes professionnels 48,8 % 52,5 % 38,7 %
B - Postes techniques et spécialisés 40,3 % 37,8 % 46,8 %

Raisons d’opter pour la résidence permanente

« On ne s’est jamais pensé qu’on allait devenir résidents permanents. Mais on a rencontré des personnes, on s’est senti bien dans la communauté. On aimait la qualité de vie. »
(R9 – CB)

Diverses raisons personnelles et professionnelles se combinent pour expliquer l’intérêt envers la résidence permanente, reflétant la littérature sur le sujet (Nakache et Dixon-Perera, 2016; Patzelt, 2021).

« En y repensant, on aurait pu entreprendre des démarches immédiatement à l’arrivée et ça nous aurait sauvé du temps. »
(R26 – MB)

Se projeter dans un milieu de vie. Plusieurs des personnes installées dans l’une ou l’autre des provinces de l’Ouest ont souligné qu’elles s’étaient attachées à « la vie au Canada » ou plus spécifiquement à une région donnée et qu’elles voulaient s’y installer durablement. À ce titre, l’obtention de la résidence permanente leur permettait de se projeter et de s’impliquer davantage, notamment en votant éventuellement aux élections après l’obtention de la citoyenneté. Plusieurs personnes ont également indiqué que l’obtention de la résidence permanente a facilité le développement d’un sentiment d’appartenance au Canada et dans leur province de résidence. Environ la moitié des répondants qui se sont exprimés à ce sujet ont indiqué avoir développé un sentiment d’appartenance au Canada et environ la moitié ont indiqué avoir un sentiment d’appartenance envers leur province de résidence.

Réduction des incertitudes administratives et du stress. Certaines personnes ont indiqué que l’obtention de leur résidence permanente était largement associée à une réduction du stress causé par le renouvèlement des permis temporaires, de même que la lourdeur administrative et l’incertitude qui s’y rattachent. En outre, les diverses possibilités de « blocage » d’une demande de permis – dû à un oubli, à une erreur administrative ou à une mauvaise compréhension de certaines instructions – ont suscité des préoccupations récurrentes pour plusieurs personnes. L’obtention de la résidence permanente amène donc une plus grande « paix d’esprit ». Enfin, quelques personnes ont noté avec du recul qu’elles auraient dû entamer les démarches de transition vers la résidence permanente plus tôt pour atteindre cette paix d’esprit, mais aussi pour gagner du temps et pour se développer professionnellement.

« Heureusement, [ma conjointe] avait une collègue qui savait ce qu’on devait faire et qui nous a beaucoup aidé. On a suivi les instructions à la lettre et espéré pour le mieux. Mais, honnêtement, c’était vraiment très stressant. On n’était jamais certain de faire les choses correctement. »
(R13 – AB)
« J’ai été vraiment frustrée par le processus d’IRCC, parce que j’étais motivée, engagée, mais je n’avais pas accès à l’entrepreneuriat et à d’autres opportunités comme travailleur temporaire. Je voulais un permis ouvert et la résidence permanente, pas pour toucher l’assurance-emploi : je voulais participer! Il faut trouver cet équilibre entre vouloir « tester » les gens qui arrivent et travailler à la rétention. »
(R25 – CB)

Liberté professionnelle. Tout en reconnaissant l’intérêt de l’immigration en deux étapes, plusieurs personnes ont critiqué l’ampleur et la durée des contraintes qu’occasionnent le statut de résidence temporaire et le fait de détenir un permis de travail fermé. Ce type de statut et de permis semblent autoriser davantage d’abus de la part des employeurs. Ils limitent également la liberté professionnelle de ses détenteurs. Ce faisant, l’obtention de la résidence permanente est souvent synonyme d’une liberté retrouvée, d’une liberté de changer d’employeur, de devenir entrepreneur, de changer de province, d’entreprendre des études postsecondaires, etc. Plusieurs personnes ont indiqué s’être rapidement mises à chercher un nouvel emploi dès l’obtention de leur résidence permanente. Une personne qui travaillait pour le gouvernement fédéral a souligné que la résidence permanente lui permettrait d’avoir accès à davantage d’opportunités d’emploi.

Raisons de ne pas opter pour la résidence permanente

« De retourner au Canada, ça ne s’est pas présenté. De toute façon, on aime bien partir, alors je ne suis pas sûr qu’on resterait. »
(R5 – AB)

Les personnes interrogées qui n’ont pas opté pour la transition vers la résidence permanente avaient généralement une idée claire du caractère temporaire de leur séjour au Canada. Par exemple, lorsque leur programme postdoctoral ou leur stage coopératif ont pris fin, deux personnes interrogées sont retournées dans leurs pays d’origine, ces expériences étant pensées dès le départ comme temporaires. Deux personnes ont plutôt témoigné d’un attachement à leur mobilité, attachement qui les amène à souhaiter à la fois revenir au pays d’origine, à la fois souhaiter vivre d’autres expériences à l’international. Deux autres personnes, dont les demandes de résidence permanente se sont avérées infructueuses, ont dû renoncer à celle-ci malgré leur volonté de demeurer au Canada.

Navigation du système d’immigration

État des lieux et enjeux

« Il y avait de vraiment beaucoup d’étapes pour obtenir la résidence permanente. Mais, au final, j’ai pu passer à travers seul. »
(R3 – SK)

Une majorité des personnes interrogées ont vécu l’étape de la transition vers la résidence permanente sans embuche majeure. Tout de même, les avis concernant les démarches administratives menant à la résidence permanente varient largement. D’un côté, environ la moitié des personnes ont indiqué qu’elles n’avaient pas rencontré de défis particuliers et qu’elles avaient trouvé les instructions claires et simples ou relativement claires et simples. En outre, les personnes à même de comparer divers systèmes administratifs ont trouvé le site Web et les démarches d’IRCC appropriés.

Il n’empêche que plusieurs personnes ont critiqué le système proposé par IRCC pour transitionner vers la résidence permanente :

« Le plus frustrant est qu’on ne peut jamais communiquer avec eux, alors on ne sait jamais où ils en sont avec notre dossier. »
(R13 – AB)

Ressources accessibles

« Avec les délais pour la résidence permanente, j’ai contacté des parents d’élèves qui avaient des contacts politiques, et ils sont arrivés à faire avancer le dossier. J’ai aussi pris un avocat, un anglophone. »
(R15 – AB)

Une majorité des personnes consultées n’ont pas ou n’ont pu bénéficier de ressources officielles pour compléter leurs démarches vers la résidence permanente. À l’occasion, des collègues ou des connaissances qui avaient déjà expérimenté ces démarches ont été sollicités. Quelques personnes ont tout de même reçu un appui bénéfique de la part de consultants en immigration (8), de services communautaires (3) ou d’un élu (1).

Consultant en immigration Au moins quatre personnes ont bénéficié des services d’un consultant francophone autorisé en immigration payé par leur employeur, ce qui a largement allégé leurs démarches. Quatre autres personnes ont sollicité, sur une base personnelle, ce type de service après qu’un problème se soit présenté, ce service ayant permis de résoudre ou de comprendre ledit problème. Cela dit, les coûts associés à ce type de service font qu’ils ne sont pas accessibles largement.

Accès à des ressources formelles en français Plusieurs personnes ont déploré le fait qu’il soit difficile d’avoir accès, gratuitement ou à faible coût, à des services où des professionnels peuvent les guider en français dans leurs démarches. Les services en français dans le domaine de l’établissement partagent de l’information, à l’occasion, aux résidents temporaires pour appuyer leurs démarches de transition vers la résidence permanente, mais cet appui est récent et parcellaire. De fait, comme ils reçoivent essentiellement des fonds de la part du gouvernement fédéral, ce dernier ne finance pas de services aux résidents temporaires. Ce faisant, les quelques personnes qui ont bénéficié de ressources dans le cadre de leurs démarches vers la résidence permanente ont fait appel à des ressources de leurs gouvernements provinciaux respectifs, mises à la disposition des TÉT essentiellement en anglais, sauf au Manitoba où les ressources existent en français. La littérature précise la dynamique pancanadienne de ce manque de services et de ressources en français, ainsi que les frustrations qui en découlent tant du côté des TÉT qualifiés que des fournisseurs francophones de services (Comité consultatif national en immigration francophone, 2022; Pelletier et Forest, 2021).

Ressources à développer

Les fournisseurs francophones de services d’établissement regrettent de ne pas avoir officiellement de ressources pour appuyer la transition vers la résidence permanente des résidents temporaires, d’autant que les employés de ces services sont sollicités par des TÉT qualifiés dont les dossiers sont parfois très complexes. L’embauche par ces organismes de consultants certifiés en immigration, pour offrir des services personnalisés ou en groupe, pourrait offrir un soutien fort appréciable.

« Les organismes qui offrent déjà des services d’intégration, c’est vers nous que les personnes se tournent. On devrait avoir des personnes qui ont la certification et qui ont le droit de donner des services d’accompagnement. »
(Partie prenante)

Tout de même, certaines parties prenantes interrogées ont indiqué que, peu à peu, elles ajoutent des activités à l’intention des résidents temporaires, comme des webinaires où des consultants en immigration présentent des informations utiles à la transition vers la résidence permanente.

D’autres parties prenantes ont rappelé qu’IRCC pourrait également développer des plateformes plus instinctives et simplifiées, ainsi qu’embaucher du personnel pour offrir un accès plus personnalisé aux demandeurs d’un permis temporaire ou permanent. En outre, il importerait de s’assurer que les personnes peuvent, en un endroit, bien comprendre l’ensemble des programmes d’immigration et identifier ceux qui leur conviennent le mieux.

Demeurer dans les provinces de l’Ouest

Lorsque la population des TÉT qualifiés d’expression française ayant effectué une transition vers la résidence permanente est considérée, on observe que la très grande majorité d’entre elles avaient l’intention de demeurer dans l’Ouest canadien (92,8 %) au moment de l’obtention de leur résidence permanente. Plus spécifiquement, 50,5 % envisagent de rester en Colombie-Britannique, 23,8 % en Alberta, 13,6 % en Saskatchewan, 4,8 % au Manitoba et 7,2 % ailleurs au Canada, dont 3,6 % au Québec et 3 % en Ontario.

« On est maintenant mariés et on a deux enfants. On n’a pas de plans de quitter le Canada. »
(R4 – CB)

Les personnes interrogées qui avaient leur résidence permanente ou envisageaient de l’obtenir souhaitaient vivre au Canada pour au moins une longue période, plusieurs ne souhaitent plus aller vivre ailleurs. Tout de même, quelques personnes de la Colombie-Britannique ont indiqué qu’il leur était plus difficile de se projeter à long terme dans cette province dû aux prix des logements, d’autant plus qu’avec l’obtention de la résidence permanente, plusieurs personnes envisagent désormais de devenir propriétaires plutôt que de rester locataire. De même, deux personnes d’origine française ont évoqué leur besoin de se rapprocher de la France, ce qui pourrait impliquer pour elles de déménager éventuellement au Québec, cette province étant privilégiée du fait que le français est la langue commune.

Plusieurs études ont approfondi ce désir de mobilité observé chez certains participants lors des entretiens. Ces travaux révèlent que pour les personnes qualifiées et hautement qualifiées en particulier, l’obtention de la résidence permanente renvoie plutôt à une question de commodité, car elle leur donne plus de droits et de possibilités au Canada, tout en leur permettant d’envisager diverses formes de mobilité à moyen et long terme, au Canada ou ailleurs (Traisnel et al. 2020; Bélanger et al., 2021; Nakache et Dixon-Perera, 2016; Patzelt, 2021). Ces personnes souhaitent souvent demeurer potentiellement mobiles en vue de réagir à l’évolution des opportunités, des contextes et du bienêtre (Bélanger et al., 2021; Désilets, 2019; Nakache et Dixon-Perera, 2016; Patzelt, 2021).

Conclusion

Par le biais d’une recension des écrits, d’une analyse de données quantitatives et d’entretiens semi-dirigés, cette étude a cherché à répondre à la question suivante : quels sont les facteurs qui ont influencé la transition des TÉT qualifiés d’expression française vers la résidence permanente dans les provinces de l’Ouest ? Plusieurs dimensions de notre étude permettent d’offrir des réponses qui considèrent les étapes, les profils des personnes, ainsi que leurs parcours personnels, professionnels et migratoires.

Le statut temporaire est perçu par les répondants comme une manière d’accéder à une opportunité professionnelle dans l’immédiat, avec, pour plusieurs, la possibilité éventuelle de faire la transition vers la résidence permanente. Cette étape engage des rapports au temps particuliers marqués d’abord par la possibilité d’un changement rapide. La résidence temporaire apparaît d’abord comme un moyen de valider une intention de demeurer au Canada à long terme. Si le statut temporaire est au départ associé à davantage de flexibilité, les contraintes qui accompagnent le permis sont considérables et la résidence temporaire durent bien souvent plusieurs années. Une majorité des personnes interrogées ont renouvelé leur permis de résidence temporaire d’une à quatre fois avant de se lancer dans une demande de résidence permanente ou avant de bifurquer vers un autre projet de vie. Ces temporalités longues font qu’en fin de parcours, un statut de résident temporaire s’apparente davantage à une étape imposée que voulue. De plus, ce statut peut être associé à des situations professionnelles contraignantes, voire désagréables ou abusives. La transition vers la résidence permanente permet à la fois de se libérer de ces contraintes et de stabiliser un projet de vie au Canada avec plus de confiance. Même si la mobilité à l’international demeure parfois une option à moyen ou long terme pour les personnes qui effectuent la transition, c’est avant tout pour retrouver une mobilité professionnelle, et parfois géographique, au Canada que l’obtention de la résidence permanente devient importante. En outre, elle ouvre une temporalité longue où les personnes peuvent se projeter dans une communauté, avec une famille et avec des projets de développement professionnel.

Cela dit, les dynamiques administratives menant à la résidence permanente peuvent apparaître complexes, lentes, nébuleuses et stressantes. En outre, plusieurs personnes considèrent comme incohérent en regard de la stratégie migratoire du Canada le fait qu’elles ne puissent recevoir d’appuis personnalisés et professionnels pour naviguer ces démarches transitoires. Les personnes qui ont bénéficié d’un accompagnement personnalisé, principalement par le biais de consultants en immigration, mais aussi par le biais de réseaux personnels et professionnels ont généralement vécu une expérience transitoire plus positive.

Considérant l’objet de cette étude, il importe de noter les multiples situations où la langue – anglaise ou française vient accélérer, faciliter, freiner ou pénaliser le parcours vers la résidence permanente des TÉT qualifiés d’expression française. D’une part, la maîtrise du français peut donner accès à certaines opportunités professionnelles ou accélérer les démarches migratoires, tant au moment d’obtenir un statut temporaire qu’au moment d’appliquer pour la résidence permanente. Par ailleurs, les personnes qui ont eu pu bénéficier des activités, des écoles, des services ou d’amitiés au sein de la communauté francophone apprécient généralement cette opportunité de continuer de garder vivante leur identité linguistique et culturelle.

D’autre part, cette identité linguistique est également associée à des obstacles qui se présentent à divers moments du parcours migratoire. L’intégration en emploi a été plus complexe pour les personnes interrogées dont les employeurs exigeaient des compétences linguistiques plus élevées qu’attendu. Pour d’autres, une moins bonne maîtrise de l’anglais, ou des préjugés liés à leur accent ou identité francophone, a limité leur intégration avec les collègues. Des formations linguistiques gratuites demeurent peu accessibles pour les résidents temporaires. En outre, les ressources et les services liés à l’établissement des résidents temporaires, bien qu’ils soient présents au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta, demeurent insuffisants, ceux facilitant le parcours vers la résidence permanente, demeurent quasi absents en français.

Enfin, bien que certaines personnes apprécient beaucoup leur vécu au sein de la communauté francophone, la possibilité de participer à des activités socioculturelles en français et de socialiser en français ne joue pas toujours un rôle central pour les personnes interrogées. D’ailleurs, plusieurs répondants connaissaient peu les communautés francophones, leurs services et leurs activités, surtout à l’arrivée. Si la promotion des communautés francophones est un enjeu dans nombre de régions, les communautés francophones de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique présentent la particularité d’être petites et dispersées, ce qui complique encore plus cette promotion.

Pistes d’action

Donner accès à tous les TÉT qualifiés d’expression française à des services prédépart en français. La recherche a déjà démontré l’importance des services avant l’arrivée, qui peuvent améliorer l’expérience des immigrants lors de leur établissement au Canada (Esses et al., 2013; Lodermeier, 2012). Afin de répondre aux besoins des TÉT qualifiés d’expression française, il est également important que ces services soient offerts en français (Forest, Duvivier et Hieu Truong, 2020; Le Comité consultatif national en établissement francophone, 2022). Avoir accès à une information claire, transparente et réaliste en français est largement souhaitée par les personnes candidates à la résidence permanente, mais aussi par celles qui souhaitent s’installer au Canada à titre de résidentes temporaires. Les services prédépart pourraient être offerts de manière systématique aux résidents temporaires qualifiés en vue de fournir des informations utiles à l’établissement avant leur arrivée au Canada. Comme pour les résidents permanents, il s’agirait d’identifier la langue officielle de préférence et de partager des informations précises sur plusieurs sujets dont les services de santé, les démarches administratives, les coûts à prévoir, la communauté francophone, et le transport. Un tel partage aiderait les TÉT à mieux se préparer et réduirait les déconvenues après l’arrivée. Le Programme d’immigration du Canada atlantique offre un modèle pertinent puisqu’ils donnent accès aux services prédépart aux résidents temporaires qu’ils appuient.

Offrir des ressources supplémentaires aux organismes responsables des services d’établissement en français ainsi qu’une autorisation du gouvernement fédéral de desservir les résidents temporaires. Désormais, une forte proportion des résidents permanents de la catégorie de l’immigration économique a d’abord obtenu une résidence temporaire. Toutefois, les services d’établissement financés par IRCC ne permettent pas d’offrir des services aux résidents temporaires. Lorsque les services d’établissement reçoivent un financement provincial pour cette clientèle, celui-ci ne permet pas d’appuyer l’ensemble des travailleurs temporaires et de répondre à l’ensemble de leurs besoins, comme la formation linguistique, l’aide au logement, la recherche d’emploi, les procédures migratoires. Pour les résidents temporaires, les services d’établissement leur sont le plus utiles au moment de l’arrivée au Canada, alors qu’ils détiennent toujours un statut de résident temporaire. Il importe également d’inclure un accès proactif à ces services pour soutenir les partenaires qui reçoivent un permis de travail ouvert, mais qui arrivent sans offre d’emploi au Canada. Par ailleurs, sachant que les besoins diffèrent pour certaines catégories de résidents temporaires, notamment les personnes arrivant d’Afrique, il est essentiel que les services d’établissement tiennent compte de ces besoins spécifiques et adaptent leurs services en conséquence (Comité consultatif national en établissement francophone, 2022). En particulier, la CCNÉF recommande que les activités de promotion semblables à Destination Canada, qui permettent de connecter des employeurs avec des candidats potentiels, soient augmentées en Afrique subsaharienne et en Afrique du Nord (Comité consultatif national en établissement francophone, 2022). Enfin, pour aider à résoudre les défis linguistiques que certains TÉT qualifiés d’expression française peuvent rencontrer en ce qui concerne l’anglais, il serait important d’offrir des cours d’anglais gratuits et officiels à ces personnes, à l’instar des cours de français gratuits offerts aux résidents temporaires admis à titre de travailleur temporaire non francophone au Québec (Comité consultatif national en établissement francophone, 2022).

Assurer la promotion et la visibilité des communautés et des ressources francophones auprès des résidents temporaires. À travers un partage d’information systématique, l’accès aux services prédépart en français, des mesures obligatoires d’offre active et à un système de référencement, IRCC pourrait contribuer étroitement à ce que les résidents temporaires qualifiés d’expression française connaissent les communautés francophones des régions où ils s’établiront, ainsi que leurs activités et leurs services, ce, avant et dès leur arrivée au Canada. Par exemple, le ministère pourrait partager systématiquement un courriel aux résidents temporaires francophones qui représentent les communautés francophones et leurs ressources.

Accompagner les employeurs dans l’identification et l’accueil des TÉT qualifiés d’expression française. Comme l’ont montré nos entretiens semi-dirigés, les employeurs peuvent être une source directe et efficace de soutien aux TÉT qualifiés pour l’identification des candidatures, pour les démarches d’obtention des permis temporaires, l’établissement et l’inclusion en milieu de travail ou socioculturel. IRCC pourrait offrir davantage de ressources aux organismes responsables de l’insertion économique et de l’établissement pour qu’ils engagent un parcours de recrutement et d’intégration en collaboration étroite avec les employeurs. Dans différentes provinces, des organisations francophones d’appui au développement économique collaborent déjà auprès d’employeurs de résidents temporaires, mais les règles actuelles de financement limitent leurs actions. Tout de même, à l’occasion, ces organisations offrent des formations liées aux bonnes pratiques et accompagnent étroitement les entreprises dans leurs démarches de recrutement, d’accueil et d’inclusion. Il y aurait lieu que ce type d’appui soit étendu et plus systématique.

Faciliter l’accès à des ressources-conseils en français en immigration. Les organismes en immigration sont fréquemment sollicités par des TÉT et d’autres clients immigrants qui sont à la recherche de conseils en immigration, soit pour prendre des décisions (par exemple, le choix d’un programme plutôt qu’un autre), résoudre des problèmes (par exemple, des enjeux liés au permis fermé ou à son renouvèlement, des délais prolongés du côté d’IRCC) ou pour se faire aider dans leurs démarches d’application (par exemple, avoir quelqu’un pour réviser leur dossier pour la résidence permanente avant qu’il soit soumis). Étant donné que les coûts sont élevés pour avoir recours à des consultants et des avocats spécialisés, il y aurait lieu de faciliter l’accès à de telles ressources, en particulier pour les résidents temporaires dont les ressources sont limitées, soit en soutenant les organismes de première ligne qui veulent obtenir cette expertise, soit en trouvant une manière de faciliter l’accès à ces ressources spécialisées via les organismes ou les employeurs. En Colombie-Britannique, l’implication d’un consultant certifié en immigration, parfois sur base volontaire, semble contribuer à diffuser des informations plus claires et plus étendues sur les démarches migratoires. L’embauche d’un consultant pour l’ensemble de l’Ouest pourrait réduire les coûts et augmenter l’accessibilité de ces informations, d’autant que plusieurs thèmes n’ont pas une portée directement provinciale, mais plutôt régionale (Ouest) ou pancanadienne.

Élargir le soutien et la sensibilisation en français à l’égard des droits des TÉT qualifiés d’expression française. IRCC pourrait encourager et souligner le succès des employeurs qui déploient de bonnes pratiques en matière de conditions de travail. Le ministère pourrait offrir davantage de ressources aux employeurs qui souhaitent embaucher des TÉT pour prévenir les situations d’abus. Plus encore, il s’agirait d’informer et d’accompagner davantage les TÉT pour qu’ils connaissent leurs droits et se sentent en sécurité au moment de poser des questions quant à leurs droits ou de dénoncer des situations abusives en milieu de travail. À ce jour, le manque d’information, la crainte de représailles ou la crainte de délais supplémentaire de traitement des dossiers freinent les résidents temporaires même si des canaux existent pour leur permettre de porter plainte.

Accélérer le passage de la résidence temporaire à la résidence permanente pour les travailleurs étrangers temporaires qualifiés d’expression française établis et travaillant au Canada depuis plusieurs années. Plusieurs situations de stress émergent des délais importants d’obtention de la résidence permanente. Il y aurait lieu de revisiter les programmes et les exigences pour accélérer la transition vers la résidence permanente des TÉT qualifiés d’expression française qui sont au Canada depuis un certain temps. Le fait que certaines personnes conservent un statut temporaire pendant de nombreuses années, malgré leur désir de s’établir à moyen ou long terme au Canada, engendre diverses conséquences aux plans de la santé mentale, de la vie de famille et de la carrière. Les mesures à mettre en place pourraient inclure la réévaluation de certains critères d’accessibilité à la résidence permanente, mais aussi l’accélération du traitement des demandes, ainsi qu’un accompagnement et un partage d’informations plus efficace à propos des voies d’accès à la résidence permanente à l’intention des TÉT qualifiés d’expression française, ce, dès leur arrivée au Canada.

Assurer un service à la clientèle qui privilégie une approche personnalisée et un contact humain, ainsi qu’un accès systématique, clair et aisé à l’information en français pour les résidents temporaires de la part du ministère. La plupart des personnes avec qui nous nous sommes entretenues n’ont pas eu besoin d’une aide importante dans le cadre de leurs démarches d’immigration, sauf dans le cas d’enjeux précis. Par contre, ces entretiens révèlent que la densité ou la complexité de l’information sur le site Web d’IRCC peut ralentir les démarches et susciter du stress. Plusieurs ont suggéré qu’IRCC devrait se doter de ressources humaines pouvant offrir des réponses précises à leurs questions et certains conseils au besoin. Les répondants qui auraient voulu une aide plus approfondie dans leurs démarches sont à la recherche d’un accompagnement fiable, direct et humain qui soit accessible. Il est souhaité qu’IRCC adopte une approche de gestion de cas qui puisse aider une personne à naviguer les questions d’immigration dans la durée et répondre rapidement à ses préoccupations. Certaines personnes ont suggéré une approche similaire à ce qui se fait chez Emploi et Développement Social Canada pour l’assurance emploi. Certains établissements postsecondaires, comme le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, offrent ce type de suivi personnalisé aux étudiants internationaux.

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Traisnel, C., Deschênes-Thériault, G., Pépin-Fillion, D. et Guignard Noël, J., (2020), Attirer, accueillir et retenir. La promotion, le recrutement et la rétention des nouveaux arrivants francophones en Atlantique. Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques.

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Annexe

Parties prenantes interviewées

Lors de la collecte de donnée qualitative, l’équipe de recherche a fait appel à des représentants des organisations suivantes :

Manitoba Accueil Francophone
Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba
Réseau en immigration francophone du Manitoba
Saskatchewan Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan
Réseau en immigration francophone de la Saskatchewan
Service d’accueil et d’inclusion francophone - Saskatchewan
Alberta Accès Emploi Alberta
Francophonie albertaine plurielle
Réseau en immigration francophone de l’Alberta
Colombie-Britannique Coopérative d’immigration Relais Francophone de la Colombie-Britannique
Réseau en immigration francophone
Société de développement économique de la Colombie-Britannique
Ouest Personne consultante en immigration

Informations supplémentaires sur l’échantillon qualitatif

Les tableaux suivants contiennent des informations supplémentaires à propos des 35 résidents temporaires interviewés dans le cadre du projet de recherche.

Tableau 5 : Groupe d’âge des personnes interviewées

Groupe d’âge Nombre de répondants
18 à 25 ans 3
26 à 34 ans 8
35 à 49 ans 21
50 à 59 ans 1
60 ans et plus 1
Total 34

Tableau 6 : Année d’arrivée pour le premier permis temporaire des personnes interviewées

Année d’obtention du premier permis de travail Nombre de répondants
2012 – 2015 16
2016 – 2019 12
2019 – 2023 6
Total 34

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