Capt Adelaide Sinclair : La directrice du WRCNS consacre sa vie à la fonction publique
Légende
Adelaide Sinclair a été la première directrice du Service féminin de la Marine royale du Canada.
Du milieu universitaire au service de guerre exemplaire, la capitaine de vaisseau (Capt) Adelaide Sinclair était une force redoutable.
Première femme canadienne à détenir le grade de capitaine de vaisseau, la Capt Sinclair est nommée directrice du Service féminin de la Marine royale du Canada (WRCNS) en 1943 (au grade de commandante).
Il s’agit alors d’une progression naturelle en temps de guerre pour une femme qui consacre sa vie à la fonction publique et qui veut jouer son rôle pour rendre le monde meilleur.
Née en 1900, la Capt Sinclair grandit à Toronto. Dès le début, elle défie les attentes strictes fondées sur le sexe à l’endroit des femmes et s’avère être une dirigeante dévouée et intelligente. Elle obtient un diplôme en sciences politiques à l’Université de Toronto au début des années 1920 et obtient ensuite une maîtrise en économie peu de temps après.
Après avoir obtenu son diplôme, elle part en Europe pour effectuer des travaux de cycles supérieurs à la London School of Economics et à l’Université de Berlin. En 1929, elle revient à Toronto et épouse un avocat, Donald Black Sinclair, qui décède en 1938.
Elle passe du milieu universitaire à un travail sans but lucratif, et la Capt Sinclair occupe alors un poste au Bureau central des bénévoles et devient présidente du Comité des femmes pour la récupération.
Cependant, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale a une incidence considérable sur le travail des hommes et des femmes. D’une certaine façon, il donne à de nombreuses femmes l’occasion de s’intégrer et d’assumer des rôles qui leur sont refusés avant la guerre.
La Capt Sinclair profite de cette occasion pour contribuer à l’effort de guerre.
Presque immédiatement, elle se joint à la Commission des prix et du commerce en temps de guerre à Ottawa. En mars 1943, elle s’enrôle dans le WRCNS, également connu sous le nom des Wrens canadiennes. En septembre, elle est nommée directrice après avoir passé quatre mois en Angleterre à étudier les méthodes qui y sont utilisées par les Wrens anglaises.
Selon Ruth Markowitz, une des femmes qui a travaillé avec elle, la Capt Sinclair est une dirigeante exemplaire qui gagne rapidement le respect des femmes sous son commandement.
« Très peu d’entre nous étaient proches d’Adelaide Sinclair, pourtant elle était à nous, notre directrice, en qui nous avions une sorte de fierté féroce, et à qui nous donnions notre affection et notre loyauté, a déclaré Mme Markowitz. Nous avons eu la chance incroyable de servir sous les ordres de cette grande dame canadienne, qui incarnait toutes les qualités remarquables attendues d’un véritable officier de marine canadien. »
Dans une entrevue accordée à un journal en 1944, la Capt Sinclair explique le rôle de ses Wrens. « Nous n’existons que pour remplacer les hommes dans leurs fonctions en mer. Aujourd’hui, quelque 3 000 Wrens canadiennes remplacent des marins pour des tâches plus ardues. Certaines sont à l’étranger, tandis que 1 000 sont à Halifax où elles sont proches des actions navales quotidiennes. »
Les femmes travaillent alors comme administratrices et comme traceuses de cartes, et assument également des fonctions essentielles dans le domaine du renseignement naval. Au cours de la guerre, plus de 7 000 femmes servent dans le WRCNS.
Légende
Un buste d’Adelaide Sinclair créé par Christian Corbet, sculpteur en résidence de la MRC.
La Capt Sinclair a des idées bien arrêtées sur la façon dont elle veut que ces Wrens soient entraînées jusqu’à leur libération après la guerre.
« Nous voulons qu’elles quittent le service avec une connaissance complète des affaires mondiales et de leur responsabilité en tant que citoyennes. »
En 1945, la Capt Sinclair est accueillie dans l’Ordre de l’Empire britannique pour son « zèle infatigable et ses capacités exceptionnelles, son tact et son jugement dans l’organisation du WRCNS en une unité très efficace et bien disciplinée ».
En 1946, elle est promue capitaine de vaisseau, une première pour les femmes canadiennes.
Après la guerre, la Capt Sinclair continue de consacrer ses talents à la fonction publique. Elle est adjointe exécutive du sous-ministre de la Santé nationale et du Bien-être social de 1946 à 1957. Elle se joint également au Fonds international des Nations Unies pour le secours de l’enfance (UNICEF), nouvellement créé, en tant que déléguée canadienne. Elle gravit rapidement les échelons de l’organisation, et devient directrice adjointe des programmes de l’UNICEF, poste qu’elle occupe pendant près d’une décennie.
Grâce à ses services dévoués, elle devient l’une des femmes détenant le grade le plus élevé et les plus puissantes des Nations Unies à l’époque.
En 1967, la Capt Sinclair est accueillie au sein de l’Ordre du Canada pour ses « contributions au Canada en tant qu’ancienne directrice du WRCNS et plus tard en tant que directrice adjointe de l’UNICEF ».
Un an plus tard, elle reçoit un doctorat honorifique en droit de l’Université de la Colombie-Britannique.
Un buste commémorant ses services exceptionnels rendus au Canada créé par Christian Corbet, sculpteur en résidence de la Marine royale canadienne, a été dévoilé au Musée naval d’Halifax en 2012 à l’occasion du 70e anniversaire de la création du WRCNS.
Après la mort de la Capt Sinclair en 1982, Mme Markowitz a déclaré « Rarement avons-nous vu au Canada le niveau et le dévouement dont Adelaide Sinclair a fait preuve dans l’accomplissement de tâches visant à améliorer la vie au Canada et dans d’autres parties du monde ».
Sources
Adelaide Sinclair, 1900-1982, Une appréciation, par Ruth Markowitz
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