Déclaration de l’honorable Chrystia Freeland lors de la 106e réunion du Comité de développement
Déclaration
Déclaration de l’honorable Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Finances du Canada, pour le compte d’Antigua-et-Barbuda, des Bahamas, de la Barbade, du Belize, du Canada, de la Dominique, de la Grenade, du Guyana, de l’Irlande, de la Jamaïque, de Saint-Kitts-et-Nevis, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines
La pandémie et l'invasion de l'Ukraine par la Russie ont mis en évidence l'interdépendance et la fragilité de nos systèmes alimentaires mondiaux. En raison de la guerre, nous subissons le plus grand choc du système alimentaire mondial depuis la crise des prix alimentaires de 2008-2009. L'inflation des prix alimentaires a une incidence importante sur la sécurité alimentaire dans le monde. Nous encourageons la Banque à continuer d'aider à bâtir des systèmes alimentaires résilients en soutenant l'intensification de l'agriculture adaptée au climat, l'amélioration de l'utilisation de l'énergie dans les systèmes alimentaires, des chaînes de valeur agroalimentaires durables et une meilleure gouvernance globale des systèmes alimentaires.
Le Canada et les pays membres de son groupe saluent l'intervention rapide et globale du Groupe de la Banque mondiale pour soutenir l'Ukraine. Depuis l'invasion russe, et en plus de l'important soutien bilatéral fourni par un certain nombre de pays, dont le Canada, la Banque a mobilisé près de 13 milliards de dollars américains en financement pour aider l'Ukraine à continuer de fournir des services gouvernementaux et sociaux pour répondre aux besoins humanitaires. Nous félicitons également le Groupe de la Banque mondiale d'avoir collaboré avec le gouvernement ukrainien et la Commission européenne pour élaborer l'Évaluation rapide des dommages et des besoins en Ukraine, qui évalue le coût de la destruction par la Russie en Ukraine des bâtiments, des infrastructures sociales et construites et de l'économie.
Le Canada et les pays membres de son groupe sont fermement résolus à soutenir le gouvernement et le peuple ukrainiens dans leur lutte contre la Russie et pour leur vie, leur souveraineté et leur démocratie. Le Canada a engagé plus de 3,4 milliards de dollars en aide militaire, humanitaire et autre pour l'Ukraine jusqu'à présent cette année, dont 1,95 milliard de dollars en prêts qui ont été entièrement décaissés. Le Canada continuera de travailler avec ses partenaires et alliés pour défendre la paix, la sécurité, les droits de la personne et l'ordre international fondé sur des règles.
Les changements climatiques et la perte de biodiversité comptent parmi les plus grands défis auxquels l'humanité est confrontée et nécessitent une action urgente, d'autant plus que les pays en développement sont touchés de manière disproportionnée. Malgré la volatilité actuelle du marché de l'énergie, nous ne devons pas perdre de vue les objectifs à moyen et long terme pour favoriser un développement à faibles émissions de carbone, résilient face aux changements climatiques et favorable à la nature. Nous encourageons la Banque à accroître son ambition à l'égard du climat et de la biodiversité, à mobiliser des niveaux plus importants de financements privés pour porter les investissements climatiques à grande échelle, à devancer les échéanciers afin de protéger la nature, à atteindre les objectifs climatiques mondiaux et à aligner son portefeuille sur l'Accord de Paris. Nous saluons les efforts de la Banque pour réduire la fragmentation et accroître le ciblage approprié des subventions et du financement climatique axé sur les résultats.
Pour lutter efficacement contre les changements climatiques, des investissements dans l'adaptation sont également nécessaires. Nous encourageons la Banque à poursuivre ses investissements ambitieux pour aider les pays membres à renforcer leur résilience face aux changements climatiques, en particulier dans les petits États insulaires en développement, qui sont très vulnérables aux catastrophes liées au climat.
Nous reconnaissons le travail substantiel que la Banque a accompli pour faire face aux effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19, notamment la création d'un nouveau fonds d'intermédiaires financiers pour la prévention, la préparation et la réponse liées aux pandémies. Nous soutenons cet effort mondial sans précédent pour tirer des leçons de la pandémie de COVID-19 et mobiliser des ressources supplémentaires pour aider à garantir que les pays en développement sont mieux préparés aux futures crises de santé publique.
Les niveaux de la dette souveraine augmentent partout dans le monde, y compris dans les petits États insulaires en développement, qui ont été touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques et la pandémie, ainsi que par les crises alimentaire et énergétique résultant de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Une dette insoutenable compromet la stabilité macroéconomique et pourrait menacer la reprise mondiale en cours après la pandémie. Pour y remédier, notre groupe invite tous les créanciers à fournir des traitements de la dette opportuns, coordonnés et ordonnés aux pays dans le besoin. L'amélioration de la transparence de la dette sera également essentielle pour remédier aux vulnérabilités croissantes liées à la dette. La transparence de la dette est la pierre angulaire d'une bonne gestion de la dette et nous saluons tous les efforts déployés par les institutions financières internationales, les emprunteurs et les créanciers pour favoriser la transparence de la dette à l'échelle internationale.
Des efforts et un financement soutenus seront nécessaires pour répondre à la nature multiple et imbriquée de ces crises. À ce titre, il est essentiel que le Groupe de la Banque mondiale utilise son capital aussi efficacement que possible, tout en maintenant sa cote de crédit AAA. Nous demandons au Groupe de la Banque mondiale de présenter aux actionnaires un plan dans les semaines à venir sur la manière dont il analysera, puis mettra en œuvre les recommandations découlant de l'examen indépendant du G20 des cadres d'adéquation des fonds propres des banques multilatérales de développement. Cette feuille de route devrait comprendre des détails sur la manière dont le conseil d'administration participera à l'analyse de toutes les recommandations. Nous invitons en outre le Groupe de la Banque mondiale à présenter des domaines de réforme potentiels pour sa vision, ses mesures incitatives, son approche opérationnelle et son modèle financier afin de mieux répondre aux défis mondiaux, tout en continuant de mettre l'accent sur la réduction de la pauvreté et la prospérité partagée.