L’immigration des pionniers noirs en Alberta et en Saskatchewan

Document d'information

Entre 1908 et 1911, plus de 1 000 Afro‑Américains ont quitté l’Oklahoma et les États voisins pour s’installer en Saskatchewan et dans le nord de l’Alberta, en quête de liberté et de perspectives économiques. Épisode important de l’histoire de l’immigration au Canada, ce mouvement était une première pour le nouveau Dominion du Canada, qui n’avait jamais connu de mouvement d’immigration de masse de populations noires. Ces courageux pionniers ont dû franchir de nombreux obstacles pour fonder des communautés agricoles dynamiques, créer leurs propres institutions et vivre une vie sociale épanouie, essentiellement à l’écart de la société des colons blancs, à l’image de ce qu’ils avaient connu aux États‑Unis. Leur arrivée et leur installation ont toutefois provoqué une vague de racisme appuyée par certains groupes de la presse et du monde des affaires, laquelle s’est traduite par une politique non officielle d’exclusion. On observa alors une baisse marquée du nombre de Noirs venant s’installer au Canada, jusqu’à l’assouplissement, dans les années 1960, des restrictions en matière d’immigration.

 

Cherchant à échapper à l’application des lois Jim Crow qui sévissaient dans les États du Sud, ces pionniers noirs faisaient partie de la grande vague d’immigration d’Américains venus refaire leur vie au Canada à l’ère Laurier. À leur arrivée, ils ont choisi des zones isolées des provinces des Prairies pour fonder leurs communautés, espérant échapper au racisme qui plombait la vie sociale, politique et économique aux États‑Unis. Beaucoup sont venus en famille, avec leur bétail et leurs biens, prêts à s’établir sur leurs terres. C’est ainsi que furent fondées sept communautés de taille respectable, la plus grande étant Amber Valley, à 160 kilomètres au nord d’Edmonton. Malgré la volonté des colons noirs d’éviter tout conflit, certains pionniers blancs des Prairies s’organisèrent pour empêcher l’arrivée d’autres migrants noirs. De nombreuses pétitions furent lancées à cet effet depuis les villes de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba. En réaction, le gouvernement fédéral émit un décret visant à interdire l’immigration des Noirs, décret qu’il mit en veilleuse pour mettre en place d’autres mesures concrètes destinées à juguler le flux de migrants.

 

C’est donc un groupe de colons noirs petit, mais solidaire, qui est venu vivre une nouvelle vie et fonder de nouvelles communautés dans les régions rurales de l’Alberta et de la Saskatchewan. Globalement, ces nouvelles communautés survécurent telles quelles jusqu’à la fin des années 1930, avant de connaître un déclin régulier rythmé par le départ des jeunes générations, qui allèrent jeter les bases d’une présence durable de populations noires dans les villes de l’Ouest canadien. Bien que victimes d’une discrimination non officielle, et parfois privés d’accès aux services publics et aux institutions, les Noirs de l’Ouest survécurent à l’oppression naturelle caractéristique de la société nord‑américaine et parvinrent à fonder des communautés fortes, qui ont laissé un héritage durable dans l’Ouest du Canada.

 

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2017-05-10