3.5 Le fossé : Ce que révèle l'analyse de l'écart entre les compétences en technologie requises pour les emplois dans un musée et les compétences en technologie offertes par les établissements d'enseignement donnant des cours axés sur la technologie
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3.5.1 Écart ou fossé ?
En raison de ce que nous avions constaté dans la documentation et au cours des nombreuses entrevues avec des professionnels de musée de l'Amérique du Nord, nous nous attendions, avant même d'entreprendre l'analyse du contenu des avis de postes vacants, à ce qu'il y ait un écart entre les types de formations en technologie de l'information offertes dans les programmes d'études en muséologie et les compétences en TI requises pour combler des postes dans ce domaine. En fait, nous avons constaté au cours de l'analyse qu'il ne s'agissait pas d'un écart mais d'un fossé évident. Les compétences en TI requises qui ressortent dans l'échantillon de 190 avis de postes vacants pouvaient être considérées comme modestes et portaient principalement sur un niveau élémentaire de compétences en informatique (c.-à-d., logiciels de traitement de textes, de tableurs, de présentation et de courriels d'Office Suite). Certains avis précisaient qu'une préférence serait accordée aux candidats possédant une connaissance d'Internet et du Web, de logiciels de gestion de bases de données ou, dans certains cas, de logiciels spécialisés de création de graphiques ou d'images, ou encore d'applications de la TI propres au domaine muséal.
Une lecture « attentive » des avis de postes vacants courants semble indiquer que les musées continuent d'embaucher des professionnels pour combler en grande partie des postes traditionnels – conservation, expositions, programmes et éducation, gestion des collections – et ont des attentes modestes concernant les candidats qui ont démontré leurs connaissances des nouveaux outils et applications numériques. À moins que les postes de musée requérant un degré élevé de compétences en TI ne soient annoncés dans d'autres sites que ceux que nous avons examinés – et nous n'avons aucune raison de présumer que c'est le cas – les avis de postes vacants ne décrivent pas un domaine où l'on prévoit un besoin croissant de technologies ou de compétences en technologie. Il est probable que les professionnels qui cherchent un poste dans des domaines requérant des compétences poussées en TI (p. ex., Creative Suite, logiciel d'édition numérique, DVD Studio Pro, etc.) ont suivi cette formation dans le cadre de programmes autres que ceux de muséologie puisque ces derniers sont habituellement plus généraux et ne préparent pas les étudiants en vue de carrières spécialisées, comme celle de concepteur d'expositions. Bon nombre des professionnels que nous avons interviewés laissent entendre que, lorsque des compétences spécialisées en médias numériques sont requises, notamment en conception de sites Web, en imagerie numérique ou en création de contenu pour les appareils mobiles, les musées font appel à des sous-traitants ou recrutent des spécialistes de programmes autres que ceux d'études en muséologie.
Les personnes qui entrevoient l'émergence d'une nouvelle vague dans le domaine muséal – commentaires tirés de l'examen de la documentation ou des entrevues – estiment qu'il est essentiel pour les professionnels de musée d'acquérir des compétences en TI, que ce soit dans le domaine des collections numériques (conservation et préservation), du réseautage social et du Web 2.0, en vue de mobiliser la population, des expositions interactives à l'aide de technologies mobiles ou des services d'archives interculturels avec des métadonnées interopérables. Cette dernière perspective peut laisser supposer qu'il y a un écart qui doit être comblé entre les programmes d'études en muséologie et l'orientation des musées en matière d'utilisation de la technologie. C'est cet écart que nous avions prévu; il s'agit d'un fossé entre les compétences que les musées disent rechercher à l'heure actuelle et, selon les résultats de notre analyse du contenu de la documentation et des entrevues avec certains professionnels, les compétences dont ont besoin les musées aujourd'hui.
En mettant de côté la nature du problème, nous proposons deux approches immédiates pour combler ce fossé ou cet écart. D'abord, il est essentiel d'établir un dialogue plus efficace entre les professionnels travaillant dans les musées et leurs homologues des programmes universitaires d'études en muséologie afin de mieux prévoir les besoins futurs des musées et de la profession. Cette communication pourrait être favorisée par la mise en place de conseils consultatifs et par la promotion de consultations continues entre les professionnels du domaine muséal et les responsables de programmes universitaires. Les besoins particuliers doivent être clairs et facilement intégrés dans un programme de formation en compétences en TI appropriées, dont certaines pourraient être offertes dans le cadre d'études en muséologie tandis que d'autres pourraient être mieux offertes dans un autre contexte (p. ex., formation sur des logiciels particuliers, éducation permanente, cours d'associations professionnelles). Ensuite, les professionnels de musée et ceux qui travaillent pour les programmes d'études en muséologie doivent collaborer afin de mieux prévoir et de bien comprendre les besoins en matière de technologie et les avantages que ces technologies offrent aux musées. Les universitaires pourraient tirer parti de cette possibilité afin de rendre leurs études dans le domaine plus proactives que réactives dans la planification des programmes en matière de TI dans les musées. Pour certaines personnes l'avenir est maintenant, et l'interconnectivité doit s'opérer dans l'immédiat.
3.5.2 Domaines d'amélioration pour les professionnels de musée
Les entrevues que nous avons menées auprès de professionnels de musée de l'Amérique du Nord, tous chevronnés, ont révélé un consensus général à l'effet que la capacité d'évaluer les avantages et les limites de certaines technologies est une compétence essentielle pour les nouveaux venus dans le domaine muséal. La capacité de communiquer tout résultat à la direction est une compétence tout aussi importante. Un esprit critique et des compétences en communication sont essentiels pour bien gérer un musée. Néanmoins, plusieurs personnes interviewées ont signalé que, à l'heure actuelle, il y a une lacune à cet égard dans le domaine muséal et que ces compétences doivent être améliorées si les technologies de Web 2.0 et de réseautage social seront utilisées dans la profession afin d'éviter de rater des occasions et de prendre des décisions hâtives concernant les tendances.
En outre, les personnes interviewées ont également indiqué qu'il est de plus en plus important de savoir comment traiter les biens numériques et, plus précisément, comment manipuler les images numériques et les vidéos. Alors que de plus en plus de musées commencent à utiliser des systèmes auteurs multimédias pour produire des guides en ligne ou d'autres produits d'interprétation pour le Web, il est de plus en plus essentiel de comprendre comment les histoires s'élaborent et se négocient sur le Web. Aucune de ces tâches n'est possible sans une compréhension élémentaire de la gestion de l'information et de projets, deux compétences qui pourraient nécessiter une formation supplémentaire.
Enfin, un grand nombre de répondants ont signalé la nécessité de posséder des compétences en gestion de l'information. Delphine Bishop a fait remarquer que même si les gens utilisent les courriels pour effectuer des tâches quotidiennes, peu d'entre eux savent comment les gérer efficacement. Certains suppriment simplement leurs courriels, alors que d'autres les impriment tous. Une meilleure gestion à l'aide d'un système de classification des courriels et d'autres documents électroniques augmenterait l'efficacité au travail.
3.5.3 Importance des compétences en TI pour les nouveaux professionnels de musée
Une majorité de gens croient que les nouveaux diplômés qui entament une carrière dans le domaine muséal ont une expertise en technologie et possèdent un certain degré de compétences en technologie de l'information. Plusieurs répondants ont indiqué que l'on s'attend à ce que les nouveaux diplômés embauchés possèdent non seulement des compétences particulières en technologie, mais aient également une compréhension générale de la technologie de l'information et de son incidence sur leur vie. Les musées n'ont pas seulement pour mandat de faire connaître leurs collections à la population; ils procurent également une interprétation et des connaissances sur ces collections. Les nouveaux venus dans la profession doivent comprendre l'importance de maintenir et d'améliorer la crédibilité des musées non seulement en sachant utiliser la technologie mais aussi en en faisant un meilleur usage. Fait intéressant, les personnes interviewées indiquent également que les nouveaux diplômés de programmes dont la teneur en TI est moindre ne peuvent concurrencer avec les diplômés qui ont suivi une formation en technologie. Une expérience en TI est par conséquent une priorité pour les nouveaux diplômés. Au Canada, des programmes comme Cybermuséologie, de l'École multidisciplinaire de l'image à l'Université du Québec en Outaouais, ouvrent la voie dans ce domaine.
Les répondants laissent entendre que les professionnels œuvrant dans le domaine doivent savoir décrire aux autres les avantages et les limites des nouvelles technologies. En outre, les professionnels de musée doivent comprendre que la société évolue en raison de la plus grande prolifération de la TI et, par conséquent, que les gens qui visitent aujourd'hui les musées ont des attentes différentes du public d'autrefois. Kelly McKinley, par exemple, décrit les musées comme un carrefour de connectivité où le public peut apprendre, collaborer et socialiser avec les autres. Les gens voient encore les musées comme une source d'information officielle et exacte, mais souhaitent avoir la possibilité de créer de nouvelles interprétations. Par conséquent, il est essentiel que les professionnels suivent des cours de perfectionnement ou des ateliers intensifs qui offrent une introduction aux nouvelles technologies afin de les aider à formuler des idées sur la façon dont ces technologies peuvent être intégrées dans les musées en vue de répondre aux besoins changeants du public. Les professionnels qui œuvrent dans le domaine depuis plus de dix ans pourraient également bénéficier de possibilités de formation sur des compétences élémentaires en informatique, lesquelles font désormais partie des programmes courants de muséologie.
Parmi les autres besoins de formation, mentionnons la conservation et la préservation des dossiers créés en format numérique, comme les arts médiatiques et les images numériques, et une introduction à la conception et au maintien de bases de données pour les gestionnaires qui ne possèdent pas de compétences en technologie. La nécessité de prendre des cours sur les possibilités de Web 2.0 a également été signalée par certains répondants. D'autres ont indiqué que des cours de recyclage en informatique dans le contexte muséal, de gestion de projets et de gestion de l'information seraient utiles pour les professionnels œuvrant dans le domaine.
3.5.4 Environnements idéaux pour la formation
On a obtenu différentes réponses lorsqu'on a demandé aux répondants de proposer des composants intégraux d'un programme de formation idéal en muséologie. Une personne a indiqué que le programme en ligne d'études de deuxième cycle en muséologie de la Johns Hopkins University offre un environnement d'apprentissage idéal parce qu'il met l'accent sur la technologie et son incidence sur les musées. Par ailleurs, le programme procure la théorie générale en muséologie. Un autre répondant a indiqué que le programme d'études de deuxième cycle en muséologie de la New York University est bénéfique puisqu'il inclut deux cours portant tout particulièrement sur les musées et les technologies interactives. La liste suivante énumère les compétences et les cours supplémentaires qui ont été proposés par les répondants comme des concepts que les nouveaux venus dans le domaine muséal doivent comprendre :
- organisation et classification de l'information;
- introduction aux technologies numériques et aux nouveaux médias;
- technologie et culture;
- visualisation de l'information;
- imagerie numérique, modélisation tridimensionnelle et autres progiciels;
- élaboration d'une infrastructure de technologie de l'information;
- connaissance des concepts et compétences élémentaires en réseautage;
- informatique propre aux musées;
- conservation numérique;
- introduction à AutoCAD;
- interprétation et narration dans le Web;
- programmes d'animation extérieure et d'éducation;
- normes pour les métadonnées;
- production de vidéo.
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